Dumas Volume 3

Yelena Mazour-Matusevich
retentissaient dans le vide de la salle et dans le vide de sa
tête, ils s’approchaient. Puis, on se pencha sur lui, très
proche. Il entendit : « C’est lui. Il connaissait bien son
nom et son adresse. Veuillez regarder, madame. »
Ensuite un autre visage se pencha sur lui, et le monde
éclata en mille éclats, et le plafond tomba, et il eut une
peur terrible de mourir. C’était sa mère. Il cria « maman,
maman » mais on ne l’entendit pas. Sa mère se retourna
en arrière, puis se pencha de nouveau. Elle le regardait,
toujours penchée, indécise, tendue. Elle se penchait de
plus en plus bas, si près qu’il sentit son odeur et sa
respiration. Elle le regardait avec une attention
douloureuse et son visage était dévasté par la terreur.
Avant même qu’il ait compris, avant qu’un atroce
soupçon ait atteint sa conscience, la terreur de ce visage
se communiqua à lui. Alors, il ouvrit ses yeux autant
qu’il put, les exorbitant et en y mettant tout ce qui lui
restait de la vie, comme s’il comprenait que ses yeux,
ces énormes yeux bleus d’un extra-terrestre, étaient
maintenant son seul salut. Devant ces yeux, elle recula.
Un frisson nerveux lui traversa le corps. Elle ne pouvait
pas se méprendre : c’était lui.
* * *
Tout ce qui arriva après n’avait plus tant
d’importance. Il y aura des années d’études brillantes, de
l’argent, du pouvoir, du luxe et un bon mariage avec une
fille de bonne famille choisie pour plaire à maman. Il y
aura le divorce, la trahison, la condamnation et des
années de taule. Elle n’aura rien remarqué, ni son
triomphe, ni sa chute. Pour elle n'y aura que Eugène :
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