Dumas Volume 3

Elle ne l’a pas voulu
ne faisait rien, ni pour, ni contre. La résistance serait
inutile, la coopération fatigante.
Cependant, même les infirmières se lassaient
peu à peu de leur combat. Elles éprouvaient presque de
la honte à déranger encore et encore ce petit corps qui
semblait éprouver du plaisir à se laisser glisser dans la
mort. Plus d’une fois, l’enfant les surprit à se regarder, à
hésiter les bras baissés. Mais elles ne se décidaient pas
encore, elles luttaient par habitude, par routine, par
obligation mais sans acharnement. Elles perdaient la
bataille: le petit corps se confondait de plus en plus avec
sa couverture grise. Les autres enfants jouaient autour de
son lit, criaient, se bousculaient, se battaient. Au début,
on les grondait, on les renvoyait. Maintenant on ne disait
plus rien. Pourtant le bruit de leurs voix troublait son
sommeil proche de l’inconscience et l’irritait. Il n’y
pouvait rien: il y a longtemps qu’il avait perdu la force
de parler. Ces enfants étaient des survivants d’enfer et
par leur instinct de bête, ils ressentaient de la
répugnance, du dégoût naturel envers ce demi-mort
placée au milieu de leurs jeux, et le désir joyeux de
meurtre leur chatouillait les narines. Seule la vieille
surveillante chassait encore ces petits vautours du chevet
du petit mourant. S’il était plus éveillé, plus conscient du
danger qu’il courait, il serait effrayé car, sans jamais être
attaché à l’existence, il avait toujours horreur de la
brutalité. Il aurait pu se forcer à vivre juste pour éviter
les coups. Mais il ne savait plus rien, il ne sentait plus
rien hormis sa propre faiblesse.
Cependant ce n’était pas encore fini. Un aprèsmidi,
oublié de tous, seul dans la salle vide remplis de
lits vides, il entendit des voix et des pas. Les pas
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