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Yelena Mazour-Matusevich<br />
convulsifs. Il y avait aussi ceux, des insensés, qui<br />
tentaient de les éteindre avec des manteaux ou des<br />
couvertures.<br />
Puis, personne ne sautait plus des wagons qui<br />
brûlaient d’un feu lent et paresseux. Des camions et des<br />
chariots vinrent pour ramasser les survivants du<br />
bombardement du train destinée au péril certain de<br />
Stalingrad. Samuel demandait sa mère et on lui<br />
répondait qu’il fallait se patienter. On le mit dans un<br />
camion avec d’autres enfants « non identifiés ».<br />
Heureusement pour lui, sa mère lui bien fit apprendre<br />
son nom et son adresse qu’il dit sans faute à l’infirmière<br />
de l’orphelinat.<br />
Il était juste fatigué. Il n’avait pas de<br />
cauchemars, il ne criait pas la nuit. Il se tenait bien sage,<br />
étendu sur son petit lit. Il ne voulait qu’une chose: voir<br />
sa mère. Au début il ne posait qu’une question, toujours<br />
la même, à tous les adultes: quand est-ce que sa maman<br />
viendrait le chercher. On lui mentait, on lui racontait des<br />
histoires, il le comprit bien. Il n’en était pas fâché,<br />
seulement, il ne mangeait plus. Il conclut que ce n’était<br />
pas si mauvais de cesser de vivre, ça faisait certainement<br />
moins mal. Mais ce n’était pas encore fini. On allait le<br />
nourrir de force.<br />
Oh, c’était une torture cruelle et abominable !<br />
Qu’est-ce qu’il détestait ces infirmières robustes à la<br />
poigne de fer qui s’emparaient de lui comme des<br />
vautours de leur victime mourante. Elles le piquaient et<br />
le bousculaient car il fallait le réveiller en le pinçant,<br />
histoire de le nourrir. Cela lui était déjà arrivé, il en avait<br />
un vague souvenir. On le forçait de nouveau à vivre. Il<br />
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