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syndicom magazine No 4 - Rendez-nous notre temps

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat et de ses organisations affiliées.

Le magazine syndicom aborde des thèmes syndicaux et politiques avec des explications de fond, sans oublier les domaines de la culture et du divertissement. Il entretient le dialogue au travers des médias sociaux et informe surles prestations, événements et offres de formation du syndicat
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l’idée de s’approprier de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> : ils veulent décloisonner<br />

le <strong>temps</strong> de travail. Pendant 150 ans, la tendance<br />

consistait à réduire les horaires de travail et à augmenter<br />

les jours de vacances. Aujourd’hui, <strong>nous</strong> travaillons en<br />

moyenne 40 heures par semaine. Dans la théorie. Dans la<br />

pratique, le <strong>temps</strong> de travail effectif augmente à nouveau.<br />

L’Union suisse des arts et métiers exige la semaine de<br />

50 heures comme norme légale. Les radicaux veulent<br />

supprimer la mesure et le contrôle du <strong>temps</strong> de travail. Les<br />

entrepreneurs numériques attaquent les conventions<br />

collectives et les dispositions protectrices du droit du travail.<br />

Ils tendent à engager de plus en plus de personnes<br />

travaillant à domicile et à recourir au crowdworking.<br />

Si les employeurs devaient gagner ce combat, <strong>nous</strong><br />

assisterions à une rupture historique. Il devient dès lors<br />

clair que l’autonomie du <strong>temps</strong> n’est pas un luxe individuel,<br />

mais un projet collectif.<br />

Dans les discussions actuelles sur les tentatives des<br />

employeurs visant à rallonger le <strong>temps</strong> de travail – avec<br />

plus d’heures travaillées la semaine, les samedis, les dimanches<br />

et de nuit –, un aspect élémentaire est souvent<br />

oublié : l’autonomie du <strong>temps</strong> est la condition pour la paix<br />

sociale, le progrès et la science.<br />

La question cruciale à se poser est la suivante : ne travaillons-<strong>nous</strong><br />

que pour <strong>notre</strong> salaire et <strong>notre</strong> subsistance,<br />

ou sommes-<strong>nous</strong> civilisés ? Au-delà de la maîtrise d’un<br />

problème économique banal (production suffisante),<br />

chaque civilisation de l’histoire a veillé à produire suffisamment<br />

de loisirs et de <strong>temps</strong> pour ce dont a vraiment<br />

besoin une société après avoir mangé et disposer d’un toit<br />

sur la tête.<br />

La vraie histoire des syndicats<br />

Presque partout dans le monde, la capacité de disposer de<br />

son <strong>temps</strong> était réservée à une minorité, qui ne devait pas<br />

se plier à des contraintes économiques. L’histoire du<br />

mouvement ouvrier et des syndicats débute par leur lutte<br />

pour émanciper l’humanité. Il s’agit d’une émancipation<br />

à double titre. Elle passe par la libération de la pénurie et<br />

des contraintes économiques. Et donc aussi par la libération<br />

d’un système qui <strong>nous</strong> vole du <strong>temps</strong>.<br />

Des centaines de grèves et de nombreux conflits de<br />

travail dans les entreprises ont été nécessaires pour abolir<br />

la semaine de six jours et demi et imposer celle de cinq<br />

jours. La grève générale de 1918, qui exigeait la journée de<br />

huit heures, a débouché en 1930 sur la semaine de<br />

48 heures. Elle a été introduite dans la plupart des entreprises.<br />

Ce fut un énorme progrès contre les longs et<br />

pénibles horaires de travail (aussi pour les enfants) en<br />

usage au 19e siècle. Les lois sur les fabriques à Glaris et<br />

Zurich n’étaient parvenues à réduire les heures de travail<br />

que de manière limitée. <strong>No</strong>tre graphique à la page 15<br />

illustre en accéléré l’histoire du <strong>temps</strong> de travail en Suisse.<br />

De manière générale, aussi bien la législation que les<br />

conventions collectives ont permis de réduire le <strong>temps</strong> de<br />

travail, mais les lois sont aujourd’hui toujours bien à la<br />

traîne sur les CCT (voir page 14). Les employeurs se sont<br />

défendus bec et ongles contre la réduction des horaires de<br />

travail ou le prolongement des vacances. Alors que le salaire<br />

était relevé sans discussion certaines années, chaque<br />

minute de <strong>temps</strong> libre devait être négociée durement avec<br />

les propriétaires de l’entreprise.<br />

La raison à cela réside moins dans des chiffres économiques<br />

objectifs que dans le rapport fondamental entre<br />

travail et capital : les employeurs entendent pouvoir disposer<br />

de <strong>notre</strong> <strong>temps</strong> de vie. Le <strong>temps</strong> de travail illustre de<br />

manière précise le rapport de forces entre les travailleurs<br />

et les employeurs.<br />

L’augmentation de la productivité est le levier des<br />

syndicats, un argument économique solide pour la réduction<br />

des horaires. Si les employé·e·s fabriquent plus de<br />

produits ou fournissent plus de prestations en moins de<br />

<strong>temps</strong>, des journées de travail plus courtes ou davantage<br />

de vacances sont justifiés. Moult données économiques le<br />

prouvent : les réductions de <strong>temps</strong> de travail entraînent<br />

régulièrement une augmentation de la productivité.<br />

L’intensification étouffante du travail<br />

Productivité croissante ou pas : depuis 2002, les citoyennes<br />

et citoyens ont refusé la semaine de 36 heures, la retraite<br />

anticipée flexible et l’initiative pour six semaines de vacances<br />

– parfois avec une forte majorité de non. Que se

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