4 ionismag #19 - Automne 2012 <strong>en</strong>treti<strong>en</strong> avec marC seLLam Présid<strong>en</strong>t-directeur général de <strong>IONIS</strong> Education Group Nous sommes très att<strong>en</strong>tifs à la gestion afin que nos dép<strong>en</strong>ses n’handicap<strong>en</strong>t pas <strong>le</strong> coût des études. © B<strong>en</strong>jamin Taguemount
Quel bilan tirez-vous de l’année scolaire qui s’est achevée ? Dans ce contexte économique diffici<strong>le</strong>, nous nous estimons heureux de nos résultats. Nous pouvons l’être d’autant plus que la concurr<strong>en</strong>ce des universités et des Grandes éco<strong>le</strong>s a énormém<strong>en</strong>t évolué ces derniers temps. Ce qui fait la force d’un modè<strong>le</strong> éducatif, c’est sa multidisciplinarité : c’est une dynamique que nous avons mise <strong>en</strong> place il y a un mom<strong>en</strong>t avec nos campus urbains, qui regroup<strong>en</strong>t plusieurs éco<strong>le</strong>s et institutions <strong>en</strong> un même lieu. Or cela devi<strong>en</strong>t aussi désormais la marque des autres groupes d’éco<strong>le</strong>s privées et des Grandes éco<strong>le</strong>s, et a fortiori des universités. Malgré ce contexte, nous sommes <strong>en</strong> progression dans la plupart de nos domaines d’<strong>en</strong>seignem<strong>en</strong>t, que ce soit dans <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s technologies, l’ingénierie, <strong>le</strong> business ou la création. Comm<strong>en</strong>t appréh<strong>en</strong>dez-vous la crise actuel<strong>le</strong> ? La situation de crise va incontestab<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t s’amplifier et nous allons connaître des années diffici<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> plan économique. Le coût de la vie de l’étudiant, à comm<strong>en</strong>cer par celui de son logem<strong>en</strong>t, va peser davantage dans <strong>le</strong> portefeuil<strong>le</strong> des ménages et des par<strong>en</strong>ts. Nous ne pouvons donc pas raisonner <strong>en</strong> ignorant ce paramètre. Aujourd’hui, plus <strong>en</strong>core qu’hier, on ne choisit pas une éco<strong>le</strong> par hasard : <strong>le</strong>s étudiants s’y inscriv<strong>en</strong>t par choix, car ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t une formation de qualité, des opportunités professionnel<strong>le</strong>s, une vie étudiante riche, animée et développée. Nous t<strong>en</strong>tons vraim<strong>en</strong>t de limiter la hausse des coûts de scolarité qui semb<strong>le</strong>nt littéra<strong>le</strong>m<strong>en</strong>t s’<strong>en</strong>vo<strong>le</strong>r ail<strong>le</strong>urs. Oui, nous sommes très att<strong>en</strong>tifs à la gestion afin que nos dép<strong>en</strong>ses n’handicap<strong>en</strong>t pas <strong>le</strong> coût des études. Quel<strong>le</strong> est l'incid<strong>en</strong>ce de la crise sur la dernière promotion ? Dans nos éco<strong>le</strong>s, comme ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s chiffres montr<strong>en</strong>t que la durée globa<strong>le</strong> de recherche d’un premier emploi augm<strong>en</strong>te. Cette t<strong>en</strong>dance risque de perdurer, mais il faut nuancer <strong>en</strong> fonction des domaines. Nos éco<strong>le</strong>s évolu<strong>en</strong>t dans des secteurs porteurs qui, malgré <strong>le</strong> contexte de crise, sont un peu plus épargnés, comme celui des nouvel<strong>le</strong>s technologies. Et puis une partie non négligeab<strong>le</strong> de nos diplômés fait aussi <strong>le</strong> choix de se lancer dans la création d’activité. Dans l’éducation, nous sommes par définition <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>tissage perman<strong>en</strong>t. Vous répétez souv<strong>en</strong>t que la remise <strong>en</strong> cause perman<strong>en</strong>te est une va<strong>le</strong>ur à laquel<strong>le</strong> vous êtes très attaché. Pour vous, ri<strong>en</strong> n’est jamais acquis ? C’est quelque chose d’inscrit génétiquem<strong>en</strong>t dans notre histoire. Si, à chaque r<strong>en</strong>trée, nous n’avions pas fait ce choix de tout revoir, de nous interroger, nous n’occuperions pas la place qui est la nôtre aujourd’hui. Nous avons la chance chaque année d’accueillir une nouvel<strong>le</strong> génération. Et si l’on ne veut pas rater des trains <strong>en</strong> marche, il faut <strong>le</strong>s anticiper. La seu<strong>le</strong> façon de ne pas se laisser dépasser, c’est d’être toujours <strong>en</strong> mouvem<strong>en</strong>t et de se demander : « Et demain ? ». Nos li<strong>en</strong>s avec <strong>le</strong>s <strong>en</strong>treprises sont primordiaux. Eh bi<strong>en</strong> demain, c’est un jeune qui, lorsqu’il s’inscrit dans une éco<strong>le</strong>, veut être acteur de sa formation. Il ne veut plus être isolé dans son éco<strong>le</strong>, il aspire à se créer un réseau professionnel, par<strong>le</strong>r anglais, voyager et s’épanouir, créer des li<strong>en</strong>s. Son av<strong>en</strong>ir est <strong>en</strong> jeu. Il doit appr<strong>en</strong>dre à appr<strong>en</strong>dre autrem<strong>en</strong>t, à réfléchir. L’éco<strong>le</strong> n’est pas faite que pour emmagasiner un savoir. On n’<strong>en</strong> sort pas formaté. C’est pourquoi nous devons anticiper <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce et innover, <strong>en</strong> imaginant <strong>le</strong> futur. Nos li<strong>en</strong>s avec <strong>le</strong>s <strong>en</strong>treprises qui accueil<strong>le</strong>ront demain nos diplômés sont primordiaux et nous aid<strong>en</strong>t dans cette démarche. Ils sont au cœur de nos va<strong>le</strong>urs depuis nos débuts ; c'est une volonté <strong>en</strong>core plus forte aujourd'hui. Je n’accepte jamais l’évid<strong>en</strong>ce. Mais je ne fais pas cela par plaisir, je ne suis pas une girouette et je veil<strong>le</strong> bi<strong>en</strong> évidemm<strong>en</strong>t aux fondam<strong>en</strong>taux. Dans l’éducation, nous sommes par définition <strong>en</strong> appr<strong>en</strong>tissage perman<strong>en</strong>t. Comm<strong>en</strong>t pourrions-nous <strong>en</strong>seigner des va<strong>le</strong>urs sans nous <strong>le</strong>s appliquer à nous-mêmes ? Interview Ces dernières années, on assiste à un fort déploiem<strong>en</strong>t de vos éco<strong>le</strong>s <strong>en</strong> province. Pourquoi ? Cette logique remonte à des années. L’ISEG Group a comm<strong>en</strong>cé son implantation régiona<strong>le</strong> dès 1986. Nous avons suivi un modè<strong>le</strong> particulier : être multip<strong>le</strong>s, prés<strong>en</strong>ts dans plusieurs vil<strong>le</strong>s et déc<strong>en</strong>tralisés. Puis nous avons souhaité offrir différ<strong>en</strong>tes formations rassemblées au sein d’un même campus, au cœur des vil<strong>le</strong>s. C’est un choix que nous avons fait pour insuff<strong>le</strong>r une dynamique à notre Groupe. Nous p<strong>en</strong>sons qu’il existe une tail<strong>le</strong> « norma<strong>le</strong> » pour une éco<strong>le</strong>, avec des promotions de 150 à 200 étudiants maximum, sauf dans certains cas. Le gigantisme n’est pas du tout un objectif pour nous, loin s’<strong>en</strong> faut. Aujourd’hui, un étudiant de province ne peut pas forcém<strong>en</strong>t faire cinq ans d’études à Paris. C’est <strong>en</strong> quelque sorte une « doub<strong>le</strong> peine » pour lui, car son logem<strong>en</strong>t lui coûte aussi cher que sa formation, voire plus. Toutefois la mobilité est aujourd’hui naturel<strong>le</strong> et nécessaire. C’est aussi ce à quoi aspir<strong>en</strong>t <strong>le</strong>s étudiants. Nous voulons p<strong>en</strong>dant <strong>le</strong>urs cinq ans d’études qu’ils soi<strong>en</strong>t confrontés à une trip<strong>le</strong> expéri<strong>en</strong>ce, à la fois régiona<strong>le</strong>, nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong>. Et <strong>le</strong>s moy<strong>en</strong>s technologiques actuels nous accompagn<strong>en</strong>t dans cette mobilité, physique et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. Nous voulons qu’<strong>en</strong> cinq ans d’études l’étudiant soit confronté à une trip<strong>le</strong> expéri<strong>en</strong>ce, à la fois régiona<strong>le</strong>, nationa<strong>le</strong> et internationa<strong>le</strong>. En 2012, vous avez créé <strong>le</strong> concours Advance qui réunit vos trois éco<strong>le</strong>s d’ingénieurs (EPITA, ESME Sudria et IPSA) et s’inscrit dans la procédure Admission Post Bac (APB). Quel bilan <strong>en</strong> tirez-vous ? Aujourd’hui, <strong>le</strong> portail APB est dev<strong>en</strong>u un passage quasi obligatoire pour un élève <strong>en</strong> termina<strong>le</strong>. Nos trois éco<strong>le</strong>s d’ingénieurs habilitées par la Commission des Titres d’Ingénieur (CTI) devai<strong>en</strong>t donc nécessairem<strong>en</strong>t y figurer. Pour qu’el<strong>le</strong>s y soi<strong>en</strong>t visib<strong>le</strong>s, nous avons souhaité <strong>le</strong>s re- ionismag #19 - Automne 2012 5