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L’AUTRE REGARD<br />
CE FILM VAUT LE COUP D’ŒIL<br />
C’est ça l’amour<br />
LE DEUXIÈME LONG-MÉTRAGE DE CLAIRE BURGER (PARTY GIRL)<br />
EST UNE DÉCLARATION D’AMOUR À LA PATERNITÉ<br />
INCARNÉE PAR LE BOULEVERSANT BOULI LANNERS.<br />
PAR FRANÇOIS CHAMPY<br />
Justine Lacroix<br />
et Bouli Lanners.<br />
Depuis Forbach, son premier court-métrage, Claire<br />
Burger, issue de la Femis, a mis au point un<br />
dispositif de mise en scène imparable consistant<br />
à prendre des acteurs amateurs à qui elle fait<br />
jouer plus ou moins leurs propres rôles pour un résultat<br />
désarmant de naturel. Dans son premier film, Party Girl,<br />
coréalisé avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis, elle<br />
poussait le concept assez loin puisqu’il s’agissait pour<br />
« l’actrice » principale de rejouer sa vie d’entraîneuse et<br />
de renouer fictivement avec ses quatre enfants qu’elle<br />
n’avait jamais élevés dans la vraie vie… Dans C’est ça l’amour,<br />
son premier long en solo, Claire Burger fait une entorse à<br />
ses principes : elle a donné le rôle principal à Bouli Lanners,<br />
le formidable comédien belge (vu chez Albert Dupontel,<br />
Gustave Kervern et Benoît Delépine ou encore Dany Boon),<br />
qui est un peu comme le Vincent Lindon de La Loi du marché,<br />
lâché au milieu d’acteurs non professionnels… Il est<br />
incroyable dans ce film qui dresse le portrait d’un père<br />
élevant seul ses deux filles depuis le départ soudain de la<br />
mère du domicile familial. Dépressif, paumé, incapable de<br />
comprendre ses filles (Frida, 14 ans et Niki, 17 ans), en plein<br />
âge ingrat. Mario parviendra-t-il à surmonter ses angoisses ?<br />
<strong><strong>Le</strong>s</strong> débutantes Justine Lacroix (Frida) et Sarah Henochsberg<br />
(Niki) forment avec Bouli Lanners un trio familial d’une<br />
tendresse infinie, entre maladresses, non-dits, incompréhensions<br />
et élans d’affection. Claire Burger déjoue le<br />
schéma patriarcal classique en montrant notamment une<br />
épouse et mère lassée de la vie de famille, sans toutefois la<br />
condamner. C’est ça l’amour apparaît en définitive comme<br />
une étude des rapports amoureux et filiaux dont la complexité<br />
est restituée avec une justesse qui évoque les<br />
meilleurs films des frères Dardenne ou de Maurice Pialat.<br />
3<br />
bonnes raisons d’y aller<br />
1. Pour le regard aimant<br />
<strong>Le</strong> titre du film évoque<br />
autant une famille secouée<br />
par la séparation parentale<br />
qu’il décrit le regard de Claire<br />
Burger sur ses protagonistes.<br />
Dans les trajectoires de chacun,<br />
la cinéaste filme le chemin<br />
de la reconstruction avec une<br />
tendresse infinie et sincère.<br />
2. Pour Bouli Lanners<br />
L’acteur est bouleversant de<br />
pudeur dans le rôle de Mario,<br />
un homme déboussolé par le<br />
départ de sa femme. Lanners<br />
utilise avec force son corps<br />
massif, tantôt raide dans son<br />
incapacité à communiquer,<br />
tantôt enveloppant lorsqu’il<br />
doit s’occuper de ses filles<br />
en pleine quête identitaire.<br />
3. Pour la force poétique<br />
Tout au long du film, Claire<br />
Burger insiste sur les bienfaits<br />
de la culture (le musée,<br />
le théâtre). C’est d’ailleurs<br />
un choc artistique qui enclenche<br />
le processus réparateur<br />
lorsque Mario découvre avec<br />
émerveillement un pas de deux<br />
dansé sur du Mozart, extrait du<br />
ballet <strong>Le</strong> Parc d’Angelin Preljocaj.<br />
C’EST ÇA L’AMOUR<br />
De : Claire Burger<br />
Avec : Bouli Lanners, Justine Lacroix,<br />
Sarah Henochsberg…<br />
Durée : 1 h 38<br />
Genre : Comédie dramatique<br />
SORTIE : 27 MARS<br />
24<br />
LES CINÉMAS PATHÉ ET GAUMONT