Fanzine n°1 - 1740

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Wendell Pierce et Dominic West dans «The Wire» de David Simon etEd Burns (2002-2008) Ian McShane, Timothy Olyphant et W. Earl Brown dans «Deadwood» de David Milch (2004-2006)
-- La fiction est une absolution. Le pardon de nos culpabilités. Le mot absolution. Absolution vient du verbe absoudre et signifie être pardonné de ses fautes. Notre intenable responsabilité collective dans tout ce qui nous entoure. La fiction est un aménagement avec le réel. -- Tu entends ? Un aménagement, un bricolage. -- Tu blasphèmes… -- Je constate. Il faut à Sydney Pollack 117 minutes pour raconter Les Trois Jours du Condor (Three Days of the Condor), il faut ± 676 minutes à Jason Horwitch pour raconter – somme toute – la même histoire dans Rubicon. Si 123 minutes suffi à John Frankenheimer pour faire The Manchurian Candidate, il faut 5 saisons et ± 3.770 minutes pour Joe Weisberg pour raconter la même histoire ou presque dans The Americans. Si Westworld est un film de 88 minutes réalisé par Michael Crichton, qu’il a déjà été adapté deux fois en série, la dernière en date réalisée par Jonathan Nolan (après avoir scénarisé les film de son frère Christopher) fait 623 minutes (pour la première saison). Si, comme le défend Vincent Colonna, la série est la forme d’art la plus aboutie du XXI e siècle, doit-on la considérer comme un divertissement et seulement comme tel? Le théâtre, le cinéma, l’opéra, la série partagent ce qualificatif de divertissement. Divertissement, du latin divertere (« détourner »). -- Le divertissement nous détourne. Il nous détourne du réel. Comme si pour donner plus de valeur à sa vérité la fiction se comportait comme un Marcel Proust tentaculaire opérant par des corrections additives, un approfondissement infernal et expansif de la cause des mêmes effets. Sans résultat qu’un autre constat sisyphéen: “reprenons”. Et il y a de la fiction partout, elle occupe le terrain comme la renouée du Japon envahit nos jardins. “Je suis partout” dit-elle. Mais pourquoi ? -- Elle nous divertit. Ce n’est pas rien. Blaise Pascal a affirmé et défini : “Divertissement. Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés pour se rendre heureux de n’y point penser.” (Les Pensées, Laf. 133). Si j’avais le temps, je pourrais comme Frazer réincarné dans une sorte d’Hercule Poirot, faire la topologie des mythes du XXI e siècle à travers les séries. -- Ne remets pas ça à plus tard. Je soutiens que le rôle effectif de la fiction est un substitut au paradis terrestre. Elle n’a comme but que de nous faire accepter notre condition, et dans le cas spécifique du capitalisme, notre soumission. Et comme un reflet dans un miroir, je défends que le paradis terrestre est comme tous ses avatars, un artefact spécifique de la fiction, ou 25
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