Fanzine n°1 - 1740

plus exactement un blockbuster. Tout manifeste, que ce soit celui du
parti communiste ou n’importe quel autre, est une fiction qui cherche
à affronter une autre fiction. Je soutiens que cela ne mènera à rien.
J’affirme que la fiction est le capitalisme, parce que le capitalisme est
une fiction. Et que la fiction est aujourd’hui l’outil du capitalisme. Et
que pour sortir du capitalisme, il faudra sortir de la fiction.
À la manière de la fiction, ou à son image, le capitalisme se réinvente
sans cesse, il accélère, mais sans aucune invention, confondant comme
lui accélération, production et créativité, confondant la quantité et la
variation avec l’imaginaire. La fiction aura immuablement un début,
un milieu et une fin, et ce schéma se répétera sans fin. Et cette forme,
parce qu’elle s’attache à se sertir dans notre conscience, ne pourra
jamais changer le réel, ou notre condition humaine. Le capitalisme
s’invente un début, se construit une fin et s’annonce comme une vérité
sans alternative. «Il n’y a pas d’alternative», c’est cela, cette forme – la
fiction – qui est figée à jamais.
Dans The invention of Lying, Ricky Gervais dépeint une dystopie où
le mensonge est inconnu, et donc la fiction, son propos d’athéisme
militant est de démontrer la dimension mensongère et fictionelle de
la religion. Mark Bellison, le héros, travaille pour la télévision, qui ne
présente que des lectures de faits historiques. Malheureusement il a
choisi la peste noire comme domaine et ce sujet ne rencontre aucun
succès tant il ne porte aucun espoir.
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Et tu penses que le réel, le vrai, celui qui n’est pas la fiction, est
perceptible par nos esprits normalisés ?
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Le réel est à jamais – pour nous – insaisissable et terrifiant.
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…
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Parce que ce n’est qu’un effet.
On ne manquera pas de faire une fiction des actes du médecin sportif
Larry Nassar qui a agressé sexuellement au moins 265 gymnastes, et
même si celle-ci présente in extenso les 265 témoignages des victimes,
ce ne sera rien d’autre qu’une reductio ad absurdum tentant d’intégrer
l’innommable dans le régime rassurant de l’effet et de la cause. Il nous
est intolérable que quoi que ce soit échappe à notre entendement.
Que reste-t-il de l’affaire Dutroux, que reste-t-il de ce réel qui nous a
frappé ? Que reste-t-il de nos larmes ? De la nostalgie ?
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Je propose que tu n’ailles pas dans cette direction. C’est
indécent.
Le lemming qui se jette de la falaise en entraînant ces congénères
pourrait-il simplement avoir eu un instant de lucidité ? Quelle est
la fiction, cette histoire de suicide collectif qui serait un mythe, ou
l’impossible conscience supérieure de ce petit rongeur, “so kawai” ?
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Tu devrais créer une peluche, un doudou, à l’image du lemming.
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