ZESO_04-19_F

L’encouragement précoce, tâche invisible
de l’aide sociale ?
Les familles bénéficiaires de l’aide sociale échappent souvent au dépistage de l’encouragement
précoce. Telle est la conclusion d’une étude de la Haute école spécialisée de Lucerne et de
l’Université de Graz. Les besoins des familles défavorisées étant trop peu connus, un manque de
soutien spécifique est à déplorer.
Même en Suisse, l’égalité des chances n’est pas encore garantie
pour tous les enfants. On le constate, avant tout, chez les enfants
issus de la migration, de familles défavorisées ou à faible niveau de
formation. Les milieux spécialisés ne contestent pas la nécessité
d’un encouragement précoce. Par ailleurs, le consensus prévaut
que les offres d’encouragement précoce revêtent une grande importance
pour les enfants issus de familles défavorisées et devraient
dès lors leur être accessibles. Cependant, ce sont souvent ceux qui
ont le plus besoin d’un soutien préventif qui passent entre les
mailles du filet.
L’étude «Angebote der Frühen Förderung in Schweizer Städten
AFFIS» (Offres d’encouragement précoce en Suisse) a examiné
l’utilisation et l’utilité des offres d’encouragement précoce du
point de vue des parents, ainsi que l’efficacité de ces offres sur
le long terme. Près de 500 familles de neuf villes et communes
suisses ont été l’objet d’un questionnaire. Sur une période de
deux ans, l’étude de cohorte a permis de recenser la vie d’enfants
âgés de 0 à 5 ans. Des entretiens personnels approfondis ont été
menés, prioritairement avec les mères, parfois aussi avec les deux
parents. Outre l’intégration de parents de la population globale,
l’étude innove en incluant, dans une large mesure, les groupes
dits à risque. L’accès, l’utilité et l’utilisation des offres diffèrent
nettement entre les trois groupes interrogés, dont les conditions
de vie se caractérisent par des ressources et des contraintes spécifiques:
Parents de la population globale : ils possèdent, pour la plupart,
une bonne formation, ont un emploi régulier et peu de problèmes
financiers. Subjectivement, ils signalent un stress élevé dû à la
pression temporelle, à la fatigue ou à l’épuisement.
Parents défavorisés issus de la migration : la majorité ne possède
pas de formation professionnelle et seules 30 % des mères
exercent une activité lucrative hors du foyer. Les problèmes financiers
et le souci de ne pouvoir offrir aux enfants ce dont profitent
les autres constituent, subjectivement, les plus grands fardeaux.
Parents bénéficiaires de l'aide sociale : ils possèdent un niveau
de formation plutôt faible et seules 50 % des mères interrogées
sont actives – la plupart d’entre elles ont un emploi précaire. Subjectivement,
ces parents souffrent, le plus souvent, de problèmes
financiers, de conditions de logement insatisfaisantes et de l’absence
de réseaux sociaux.
Dans l’intérêt du développement des enfants, l’encouragement
précoce prévoit un soutien familial complet sur les plans de
la santé, social et cognitif. Il débute donc bien en amont de l’entrée
dans le système éducatif, autrement dit pendant la grossesse,
l’accouchement et la période post-partum. Ces offres garantissent
une égalité d’accès à toutes les familles, pour autant que les soins
soient dispensés dans le cadre du système médical. Les parents
bénéficiaires de l’aide sociale recourent aux examens prénataux
au même titre que les autres groupes de parents interrogés. Cette
Accès aux offres d’encouragement précoce
Population globale Familles bénéficiaires de l’aide sociale Familles issues de la migration
100 %
90 %
86 % 89 % 89 % 82 % 82 %
80 %
75 %
70 %
64 %
64 %
60 %
57 %
50 %
40 %
35 %
30 %
28 % 29 % 28 %
20 %
8 %
10 %
7 %
4 %
0 %
examens prénataux
Source : AFFIS (2019)
Sage-femme à domicile conseil aux mères et pères crèche groupe de jeu programmes de visites à domicile
22 ZESO 4/19 DOSSIER