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syndicom magazine No.17

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

Depuis longtemps déjà, nous nous engageons pour les droits du travail dans les domaines Logistique, Télécommunication et Médias. De bonnes conditions de travail résultent de succès communs. Joins notre mouvement et construis ton avenir avec nous. L’union fait la force!

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<strong>syndicom</strong><br />

N o 17 juin-juillet 2020<br />

<strong>magazine</strong><br />

Apprentis<br />

en temps<br />

de crise


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MOINS DE PRESSION. PLUS D’ENFANCE.<br />

La pression et le surmenage pèsent sur le quotidien<br />

de nombreux enfants. Avec parfois des conséquences<br />

graves pour l’évolution de leur santé. Les enfants ont<br />

besoin de moins de stress, mais de plus de temps libre<br />

à gérer de manière autonome.<br />

Laissons les enfants profiter de leur enfance.<br />

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Sommaire<br />

4 Une fine équipe<br />

5 Brèves<br />

6 Du côté des employeurs<br />

7 L’invité<br />

8 Dossier : les apprentis<br />

de la volée COVID-19<br />

Nous apprenons beaucoup de cette pandémie<br />

16 Au cœur de nos métiers<br />

18 Conditions-cadres à<br />

définir pour le télétravail<br />

22 CCT Poste 2021<br />

25 Droit au but<br />

26 Suggestions<br />

27 1000 mots<br />

28 Evènements<br />

30 Tranches de vie<br />

31 Mots croisés<br />

32 <strong>syndicom</strong> social<br />

Tout d’abord, nous avons dû apprendre à gérer<br />

la peur. La peur pour la santé, la nôtre ou celle<br />

de nos proches. Se retrouver devant la douleur<br />

de la (menace de) perte. Parallèlement, nous<br />

avons mis en place de nouvelles règles au<br />

travail : des mesures d’hygiène en partie fastidieuses<br />

mais essentielles au bureau, à l’atelier,<br />

en magasin, sur le chantier ; la limitation du<br />

télétravail à la maison, l’organisation constante<br />

de la garde des enfants.<br />

Ce que la pandémie nous enseigne : on peut<br />

compter sur les syndicats, surtout en temps de<br />

crise ! Avec notre organisation faîtière, l’Union<br />

syndicale suisse, nous sommes la force motrice<br />

qui fait avancer les mesures de soutien aux actifs<br />

: extension du chômage partiel, augmentation<br />

du revenu de remplacement pour les employés<br />

directement et indirectement affectés<br />

et les travailleurs indépendants, mesures de<br />

sécurité strictes sur le lieu de travail.<br />

Maintenant, nous allons passer à une autre<br />

phase. Nous devons intégrer et contrôler la<br />

santé et la sécurité au travail, défendre l’emploi<br />

contre la réduction des effectifs, sécuriser nos<br />

systèmes de protection sociale, augmenter les<br />

salaires les plus bas, garantir le pouvoir d’achat<br />

de tous les salariés, investir dans la réforme<br />

écologique de notre économie.<br />

Grâce à vous et avec vous, les syndicats ont<br />

le pouvoir d’être l’acteur qui influence le plus le<br />

monde économique et du travail.<br />

4<br />

8<br />

22<br />

Stephanie Vonarburg,<br />

vice-présidente de <strong>syndicom</strong>


4<br />

Une fine équipe<br />

Les signatures se collectent toutes seules<br />

Mujo Mujagic (34 ans)<br />

En Suisse depuis trois ans, il s’est retrouvé<br />

à la Poste via une agence de<br />

placement, notamment grâce à ses<br />

bonnes connaissances en allemand.<br />

Depuis plus d’un an, il est distributeur<br />

de colis titulaire.<br />

Davide Ramundo (29 ans)<br />

Après un apprentissage de logisticien à<br />

la Poste de Bülach, il est ensuite entré<br />

à Oerlikon, où il travaille comme distributeur<br />

de colis. Il est considéré comme<br />

le « moteur » du groupe. Il joue au football<br />

avec Mujo et Andreas durant ses<br />

loisirs.<br />

Andreas Käser (28 ans)<br />

Il a commencé comme distributeur de<br />

colis, a ensuite découvert qu’il aimait<br />

ce travail et s’est retrouvé « coincé »<br />

à la Poste. Pendant son temps libre,<br />

il bricole sa Mitsubishi Lancer.<br />

Marwan Ismail (34 ans)<br />

Après un apprentissage de bureau à la<br />

Poste, il a rejoint Coursier Suisse en<br />

2007. Il a travaillé comme distributeur<br />

à domicile pour de grandes entreprises.<br />

Lorsque ces emplois sont devenus<br />

moins nombreux, il est passé au service<br />

colis en 2012.<br />

Une pétition pour que<br />

cesse l’externalisation<br />

des tournées et pour<br />

la CoPe.<br />

Tout a commencé lorsque Davide a<br />

voulu quitter <strong>syndicom</strong>. Chez nous,<br />

sur la base de distribution Post Logistics<br />

à Zurich Oerlikon, beaucoup<br />

de choses vont mal et nous trouvions<br />

que le syndicat ne s’était pas assez<br />

impliqué. Mais nos secrétaires régionaux<br />

Senol Kilic et Dominik Dietrich<br />

ont convaincu Davide que nous devions<br />

agir maintenant. Nous avons<br />

ensuite uni nos forces dans les plus<br />

brefs délais, recruté dix nouveaux<br />

membres et nous nous sommes engagés<br />

à ce qu’une commission du<br />

personnel (CoPe) soit enfin élue.<br />

Nous avons déposé cette demande<br />

auprès de notre responsable de base.<br />

Le problème est le suivant : dans<br />

notre base de distribution, nous sentons<br />

particulièrement la pression sur<br />

les prix et les marges. Elle s’exerce<br />

sur les salaires, sur la comptabilisation<br />

du temps de travail et nous<br />

sommes censés faire face à un volume<br />

de travail toujours croissant<br />

avec des ressources stagnantes. Pendant<br />

la crise du coronavirus, davantage<br />

de service postaux centraux ont<br />

été externalisés à des privés. La qualité<br />

y est inférieure, comme le<br />

montre le taux élevé de réclamations,<br />

et les conditions de travail sont bien<br />

pires, parce qu’ils ne sont soumis à<br />

aucune CCT ou à une CCT moins<br />

bonne que celle de La Poste.<br />

Cela est allé si loin que des collègues<br />

qui appartiennent à des<br />

groupes à risques et doivent pour<br />

cela rester à la maison durent<br />

craindre que leur tournée soit donnée<br />

à quelqu’un d’autre. Il faut que<br />

cela cesse ! Nous voulons protéger la<br />

bonne image de la Poste et continuer<br />

à faire notre travail du mieux possible,<br />

mais nous demandons de<br />

bonnes conditions de travail et de la<br />

reconnaissance pour notre engagement.<br />

C’est pourquoi nous avons lancé<br />

une pétition, dans laquelle nous<br />

demandons la mise en place immédiate<br />

de la CoPe, l’arrêt de l’externalisation<br />

des tournées de distribution<br />

à des tiers au mépris de la CCT, une<br />

augmentation des effectifs afin que<br />

les tournées externalisées puissent<br />

être récupérées et un traitement<br />

respectueux. Les signatures se collectent<br />

pratiquement d’elles-mêmes,<br />

tellement les gens sont heureux que<br />

nous, les quatre gars multiculturels,<br />

et <strong>syndicom</strong> fassions entendre la voix<br />

de la base.<br />

Texte : Philippe Wenger<br />

Photo : Tom Kawara


Brèves<br />

Rédacteur licencié par le CdT \ Reprise des signatures pour<br />

AVSX13 \ On votera sur l’initiative Multinationales responsables \<br />

Solidarité internationale des syndicats \ Micro et Le Régional<br />

disparaissent \ Fonds exigé pour les employé(e)s précaires<br />

5<br />

Malade, mais congédié malgré<br />

tout<br />

Le Corriere del Ticino a licencié un journaliste<br />

en congé de maladie, malgré le<br />

certificat médical et l’attestation de<br />

l’expert en assurance. Après 25 ans de<br />

travail auprès de l’entreprise, le rédacteur<br />

(59 ans avec deux fils aux études,<br />

délégué syndical et président du comité<br />

Presse de <strong>syndicom</strong> Tessin) a été<br />

congédié par e-mail, juste au lendemain<br />

des 180 jours de protection contre le<br />

licenciement. <strong>syndicom</strong> prendra toutes<br />

les mesures nécessaires pour prouver<br />

le caractère abusif du licenciement et<br />

défendre le journaliste, « coupable »<br />

d’avoir publié un texte qui a déplu à<br />

l’éditeur (voir notre dernier numéro).<br />

AVSx13 – la collecte de<br />

signatures reprend<br />

Interrompue pour cause de pandémie, la<br />

récolte de signatures en faveur de l’initiative<br />

pour une 13 e rente AVS reprend.<br />

Elle avait été lancée en novembre dernier<br />

par l’Union syndicale suisse (USS).<br />

Informations : https://www.avsx13.ch/<br />

Multinationales responsables<br />

en votation<br />

L’initiative pour des multinationales responsables<br />

exige que les multinationales<br />

dont le siège est en Suisse soient légalement<br />

tenues de respecter les droits<br />

de l’homme et de protéger l’environnement<br />

– dans toutes leurs filiales, partout<br />

dans le monde. Les 120 organisations<br />

syndicales (dont <strong>syndicom</strong>),<br />

religieuses, de défense des droits de<br />

l’homme, de coopération internationale<br />

et environnementales qui soutiennent<br />

l’initiative ne se contentent pas du<br />

contre-projet (qui permettait aux<br />

entre prises telles que Glencore et<br />

Syngenta de s’en sortir avec une<br />

simple brochure publiée une fois par<br />

an). Pour cette raison, la votation aura<br />

probablement lieu en novembre.<br />

Infos sur :<br />

https://initiative-multi nationales.ch/<br />

Solidarité internationale des<br />

syndicats suisses<br />

Les effets de la pandémie sont visibles<br />

de façon exemplaire dans l’industrie<br />

textile en Asie du Sud. Lorsque les pays<br />

européens ont déclaré l’état d’urgence<br />

et fermé leurs magasins, des millions<br />

de travailleurs du textile se sont retrouvés<br />

dans les rues d’Asie du Sud du<br />

jour au lendemain et n’ont pas eu de<br />

revenus.<br />

En tant que fonds de solidarité internationale<br />

des syndicats suisses, le<br />

SOLIFONDS soutient divers syndicats et<br />

mouvements sociaux du Sud qui leur<br />

viennent en aide. www.solifonds.ch<br />

Micro et Le Régional,<br />

victimes de la crise<br />

La crise du coronavirus fait des victimes<br />

dans la presse romande. Après<br />

Le Régional, Micro est le deuxième titre<br />

qui disparaît, alors que L’Illustré supprime<br />

huit postes de travail. La fermeture<br />

des établissements publics et les<br />

recommandations sanitaires au sujet<br />

des objets partagés par les clients ont<br />

eu raison de Micro, paru le 30 mai pour<br />

l’ultime fois. Pour <strong>syndicom</strong>, « il est<br />

urgent que de nouvelles recommandations<br />

invitent à respecter les normes<br />

sanitaires au moment de lire un journal<br />

plutôt que de déconseiller leur mise à<br />

disposition » dans les cafés. Des alternatives<br />

et un plan social doivent être<br />

trouvées pour L’Illustré.<br />

Fonds de transition pour les<br />

employé(e)s précaires<br />

Unia et une vingtaine d’organisations,<br />

dont <strong>syndicom</strong>, demandent à la Confédération<br />

et aux cantons les moyens<br />

nécessaires pour créer un fonds de<br />

transition COVID-19. Il vise à garantir<br />

une protection sociale et économique<br />

aux travailleurs qui ne peuvent pas<br />

bénéficier des mesures de soutien<br />

actuelles.<br />

Agenda<br />

Juillet<br />

1<br />

Nature et industrie<br />

Jusqu’au 25 octobre 2020, découvrir<br />

une trentaine d’artistes lors d’une balade<br />

dans le paysage typique de la vallée<br />

de Joux, mêlant nature préservée,<br />

intense développement industriel et<br />

terrains agricoles.<br />

Du 7 au 12<br />

Aux confins de la Cité<br />

A Lausanne, l’annulation du Festival de<br />

la Cité fait place Aux confins de la Cité,<br />

une série de balades, concerts, spectacles,<br />

projets pour enfants offerts<br />

dans le respect des normes sanitaires<br />

à un public prêt à tenter sa chance, car<br />

les places limitées seront tirées au<br />

sort.<br />

Août<br />

7<br />

Histoire de la bière<br />

A Fribourg, l’association « Les Merveilles<br />

du Patrimoine » propose une<br />

visite guidée sur les débuts de la<br />

brasserie au XVIII e siècle, en passant<br />

par Cardinal et son empreinte laissée<br />

dans le paysage fribourgeois,<br />

jusqu’au retour des microbrasseries.<br />

Avec dégustation !<br />

Septembre<br />

29<br />

Rassemblement contre le<br />

Commodities Global Summit<br />

La Suisse occupe une place centrale<br />

dans l’agrobusiness mondial et le financement<br />

de la destruction du climat.<br />

Un rassemblement et un forum convivial,<br />

musical, revendicateur et pacifique<br />

auront lieu à l’occasion du sommet<br />

mondial des matières premières.<br />

Infos sur https://stop-speculation.ch/<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/agenda


6 Du côté des<br />

Reto Graf (36 ans, M.A. HSG) est directeur financier et<br />

employeurs<br />

membre du comité directeur de notime SA. notime SA, ce<br />

sont les coursiers à vélo vert fluo qui façonnent l’image de<br />

plusieurs villes suisses. Cette société est une start-up<br />

fondée en 2014 qui appartient désormais à La Poste Suisse.<br />

1<br />

La nouvelle CCT d’entreprise de<br />

notime SA s’appliquera à partir<br />

d’octobre 2020. Quels avantages vos<br />

employés vont-ils en tirer ?<br />

La nouvelle CCT offre une sécurité<br />

supplémentaire, notamment pour les<br />

employés à temps partiel : grâce à<br />

elle, les employés ont désormais droit<br />

à des heures de travail garanties, à<br />

condition qu’ils aient atteint un<br />

volume de travail moyen d’au moins<br />

40 % sur une période de six mois. notime<br />

offre également une majoration<br />

de 5 % pour le travail du dimanche régulier,<br />

en plus d’autres avantages.<br />

2<br />

Une CCT représente-t-elle pour vous<br />

une opportunité ou principalement<br />

une restriction ?<br />

Une CCT est une opportunité pour<br />

toutes les parties concernées : les employés<br />

de notime constituent la base<br />

d’un avenir prospère. La CCT est un<br />

engagement supplémentaire de<br />

notime en faveur de conditions de<br />

travail durables et équitables.<br />

3<br />

Un an et demi après la conclusion de<br />

la CCT de branche des entreprises de<br />

coursiers vélo, une CCT d’entreprise<br />

avec notime se greffe. Quels effets<br />

attendez-vous pour votre entreprise et<br />

pour la branche ?<br />

En raison de sa taille, notime joue un<br />

rôle important dans la branche. La<br />

CCT est un label de qualité supplémentaire<br />

pour notime et nous aide à<br />

apparaître sur le marché comme un<br />

employeur encore plus attractif.<br />

4<br />

Quels changements le confinement<br />

dû au coronavirus a-t-il apporté pour<br />

les conducteurs ?<br />

Nos conducteurs font un travail exceptionnel<br />

en ces temps difficiles. La<br />

mise en œuvre rapide des concepts de<br />

sécurité (distance sociale, livraison<br />

sans contact), associée à une communication<br />

régulière, nous a aidés à<br />

maîtriser ensemble le confinement.<br />

Texte : M. Loosli<br />

Photo : A. Egger<br />

5<br />

En seulement quelques années,<br />

notime est présente dans toutes les<br />

grandes villes, quelle est la clé du<br />

succès ?<br />

notime s’est positionnée dans une<br />

niche en tant qu’entreprise technologique<br />

et logistique. L’utilisation de la<br />

technologie permet à notime de distribuer,<br />

de manière particulièrement<br />

efficace, les colis et les repas le même<br />

jour dans les zones urbaines, créant<br />

ainsi une expérience client unique.<br />

6<br />

Comment va évoluer le marché des<br />

coursiers à l’avenir et comment<br />

comptez-vous coexister avec Uber-<br />

Eats ?<br />

Nous sommes sur un marché en<br />

croissance, tant pour les repas que<br />

pour les colis. La concurrence est stimulante,<br />

mais nous ne faisons pas de<br />

commentaires sur nos concurrents.<br />

Selon moi, tout le monde devrait se<br />

battre à armes égales. Il est inacceptable<br />

que des prestataires régionaux<br />

comme notime soient désavantagés<br />

si leurs concurrents ne sont pas tenus<br />

de respecter les mêmes normes.


L’invité<br />

Le solutionnisme technologique est<br />

une tentation à laquelle tout dirigeant peut céder<br />

en période de pandémie. Il consiste à croire<br />

que tous les problèmes peuvent être résolus de<br />

manière simple et rapide grâce aux nouvelles<br />

technologies. Ainsi que l’a démontré Evgeny<br />

Morozov dans son ouvrage Pour tout résoudre,<br />

cliquez ici, aucune application ne peut toutefois<br />

répondre à tous les enjeux sociétaux, ni même<br />

à nos problèmes individuels. Les applications de<br />

tracking en sont la preuve. Que ne sommesnous<br />

pas prêts à accepter pour éviter un nouveau<br />

confinement ?<br />

Les autorités le savent bien. Pour qu’un résultat<br />

puisse être obtenu, il est toutefois nécessaire<br />

que le nombre d’adhérents dépasse 60 %, une<br />

véritable gageure. Aussi le Conseil fédéral va-t-il<br />

investir 1950 000 francs suisses pour la diffusion<br />

et la publication d’annonces, de spots télévisés<br />

et de bannières électroniques pour<br />

convaincre les récalcitrants.<br />

Du point de vue de la protection des données,<br />

différents garde-fous ont été implémentés. Une<br />

base légale expresse et formelle a été édictée<br />

(modification de la Loi fédérale sur la lutte<br />

contre les maladies transmissibles de l’homme)<br />

et devait être soumise au Parlement lors de la<br />

session de juin. Le message relatif à cette modification<br />

liste les mesures de protection et de<br />

sécurité des données prises, lesquelles assureraient<br />

un niveau approprié. Le hic et il est de<br />

taille, c’est que les experts qui nous garantissent<br />

cet état de fait sont contredits par<br />

d’autres experts qui travaillent au sein de la<br />

même école polytechnique fédérale, respectivement<br />

dont la renommée internationale n’est<br />

plus à faire. Qui croire ? Dans le doute, j’ai fait le<br />

choix, en application du principe de précaution,<br />

de ne pas installer une application qui dépend<br />

de surcroît d’Apple et de Google. Les données<br />

collectées ont une trop grande valeur pour<br />

prendre le moindre risque.<br />

Tracking pour des motifs<br />

de santé publique ?<br />

Sébastien Fanti est un avocat spécialisé<br />

en matière de technologies avancées<br />

et de droit des affaires. Il a été élu en<br />

qualité de préposé cantonal à la protection<br />

des données et à la transparence<br />

du Canton du Valais. A ce titre, il est le<br />

garant du respect des normes cantonales<br />

et doit conseiller les autorités<br />

publiques, voire émettre une recommandation<br />

en cas de violation démontrée<br />

des règles.<br />

7


Apprentis<br />

<br />

volée


Examens supprimés et valeur du diplôme à long terme<br />

Imprimerie : difficile de trouver des candidats qualifiés<br />

La crise, une occasion de se montrer créatif chez Swisscom<br />

Europe, la double peine des travailleurs sans expérience<br />

Dossier 9<br />

COVID-19


10 Dossier<br />

Temps difficiles pour les apprentis : des<br />

places de formation pourraient manquer<br />

Des apprentis, formateurs ou des entreprises<br />

qui utilisent les vidéoconférences de manière<br />

créative, souffrent de l’isolement ou accueillent<br />

favorablement le home schooling :<br />

le COVID-19 a des effets très variables sur la<br />

formation professionnelle.<br />

Texte : Philippe Wenger<br />

Photos : Sandro Mahler<br />

La science a déjà commencé à aborder les conséquences<br />

de la pandémie sur le marché suisse de la formation professionnelle.<br />

C’est probablement une étude de Samuel<br />

Lüthi et Stefan Wolter du Centre suisse de coordination<br />

pour la recherche en éducation qui a fait le plus de bruit :<br />

en se basant sur les données économiques officielles, les<br />

deux économistes prévoient qu’il faudra attendre 2025<br />

pour que les effets du marasme économique sur le marché<br />

des places d’apprentissage ne soient compensés. Dans le<br />

pire des cas, cela signifie que jusqu’à 20 000 places<br />

d’apprentissage de moins seraient créées à cause du<br />

COVID-19.<br />

Bien que ce nombre dépende d’une grande variété de<br />

facteurs, une autre enquête confirme également que le<br />

nombre de places d’apprentissage disponibles diminuera<br />

: un groupe de chercheurs du Centre de recherches<br />

conjoncturelles de l’EPF et la plateforme d’apprentissage<br />

en ligne Yousty sondent actuellement des milliers d’entreprises<br />

de toutes tailles, dans toutes les parties du territoire<br />

et dans toutes les branches, pour connaître les effets<br />

du COVID-19 sur la formation en entreprise. Il apparaît<br />

qu’un faible pourcentage des places d’apprentissage seront<br />

perdues, soit parce que les entreprises concernées<br />

n’en n’ont tout simplement plus les moyens, soit parce<br />

que les incertitudes quant à l’évolution de la pandémie ne<br />

permettent pas une planification fiable. On constate également<br />

que, pendant le confinement, la formation en entreprise<br />

a été fortement réduite pour presque un tiers des<br />

apprenants. Ils n’ont reçu que des devoirs, voire même aucune<br />

formation.<br />

Le Gouvernement fédéral a, sous le nom de «Task Force<br />

Perspectives Apprentissage 2020», réuni les partenaires<br />

sociaux, l’Administration fédérale et les cantons autour<br />

d’une table pour analyser les effets de la crise du corona et<br />

pour planifier des mesures afin de s’assurer que le plus<br />

grand nombre de jeunes possible trouvera un apprentissage<br />

d’ici fin août 2020. <strong>syndicom</strong> y participe par le biais<br />

de l’Union syndicale suisse. Les premiers résultats de<br />

cette task force sont annoncés après notre délai rédactionnel,<br />

mais devraient être disponibles au moment de la publication<br />

de ce <strong>magazine</strong>.<br />

Insécurité et valeur du diplôme<br />

Le mot insécurité est prononcé à plusieurs reprises lors de<br />

notre entretien avec Zoe Sutter. La jeune femme terminera<br />

son apprentissage de libraire cet été, sans passer d’examen<br />

final en entreprise ou à l’école. Cette année, l’examen<br />

scolaire final a été supprimé pour tous les apprentissages<br />

en Suisse et l’examen en entreprise a été abandonné dans<br />

certaines branches. Dans d’autres, des examens numériques<br />

en entreprise ont été maintenus et certaines ont<br />

procédé aux examens dans les conditions habituelles.<br />

« J’ai peur des conséquences négatives à long terme. Que<br />

se passera-t-il si, dans deux ans, je dois me présenter dans<br />

une procédure de candidature face à une personne qui a<br />

obtenu un diplôme ‹ normal › avec un examen ? S’agira-t-il<br />

alors d’un désavantage de ne pas avoir passé d’examen ? »,<br />

s’interroge Zoe Sutter.<br />

Cette crainte semble être très répandue chez les jeunes<br />

professionnels. Jarina Renz, qui passera son diplôme de<br />

polygraphe cet été, déclare : « Certains collègues prétendent<br />

que la suppression des examens finaux est injuste<br />

vis-à-vis de ceux qui ont passé leur diplôme l’année dernière.<br />

» Toutefois, Renz souligne que l’examen n’a aucune<br />

incidence sur la qualité de son travail : « Les gens oublient<br />

que j’ai passé les trois dernières années en apprentissage.<br />

»<br />

Pour Zoe Sutter, la libraire, la valeur de son diplôme<br />

n’est pas la seule chose déplaisante dans cette situation :<br />

« Le confinement a été difficile à supporter psychologiquement.<br />

J’avais certes beaucoup de temps pour étudier<br />

en vue de mon examen d’admission à la maturité professionnelle,<br />

mais je n’avais pas grand-chose d’autre à faire,<br />

ce qui a réduit ma motivation à entreprendre quelque<br />

chose par moi-même. Puis j’ai quitté ma maison en avril,<br />

ce qui n’était pas vraiment le meilleur moment. Lorsque<br />

nous avons pu rouvrir la librairie, j’avais hâte de travailler.<br />

Mais c’est inquiétant de constater à quel point les personnes<br />

dans les trains et les clients dans les magasins se<br />

soucient peu des distances à observer. » Après un certain<br />

temps, elle a également pu profiter de la crise pour<br />

convaincre sa hiérarchie d’ouvrir un compte sur les réseaux<br />

sociaux, qu’elle a immédiatement mis en place ellemême<br />

pour sa librairie.<br />

L’expression « home schooling » a également gagné de<br />

nombreux porte-paroles parmi les apprentis. C’est précisément<br />

lorsque l’on sonde les apprentis de dernière année<br />

ou les étudiants que l’on entend souvent une phrase<br />

du style « je pourrais m’imaginer que l’on continue ainsi ».<br />

Certains soulignent cependant que cela dépend beaucoup<br />

de la personnalité de chacun et que l’enseignement<br />

présentiel est toujours plus efficace dans certaines unités<br />

d’enseignement.<br />

« Nous avons trop peu de spécialistes »<br />

Depuis des années, les imprimeries luttent contre la<br />

baisse des chiffres d’affaires et de nombreux emplois sont<br />

Jusqu’à<br />

20 000 places<br />

d’apprentissage<br />

en moins à cause<br />

du virus.


considérés comme précaires. La crise du corona a entraîné<br />

une nouvelle chute des commandes, comme c’est le cas<br />

pour l’imprimerie de taille moyenne Kromer Print AG<br />

dans le canton d’Argovie, dont les commandes ont diminué<br />

de moitié environ. Toutefois, cela n’a pas encore d’influence<br />

sur le nombre de nouveaux contrats d’apprentissage<br />

: « Si nous trouvons suffisamment de candidats<br />

qualifiés, nous engagerons autant d’apprentis que l’année<br />

dernière », déclare le directeur général Andy Amrein.<br />

Quatre postes étaient encore ouverts au moment de<br />

mettre sous presses. Les problèmes de recrutement sont<br />

moins liés à l’effondrement actuel des commandes qu’à<br />

la difficulté de trouver des candidats qualifiés pour les<br />

emplois « difficiles » (chez Kromer, par exemple, assistant<br />

en médias imprimés ou technologue en médias). Le corona<br />

n’a également aucune influence sur le recrutement des<br />

apprentis qui passent leur diplôme cette année, il y en<br />

aura plusieurs. « Nous formons des spécialistes dont nous<br />

disposons trop peu », dit Amrein.<br />

Appel à la solidarité des employés<br />

Michel Haueter, chef adjoint de la formation professionnelle<br />

chez Swisscom, travaille dans d’autres conditions.<br />

Son entreprise a récemment communiqué le cours des affaires<br />

pour le premier trimestre 2020 et n’y a pas trouvé de<br />

chiffres pour décrire un possible « effet corona ». Il ne fait<br />

donc aucun doute que le 3 août, les 278 apprentis, dont le<br />

nombre a été fixé il y a un an, commenceront leur formation<br />

professionnelle chez Swisscom.<br />

Le modèle de formation chez Swisscom se base sur des<br />

projets auxquels les quelque 900 apprenants au total<br />

doivent postuler. Les nouveaux apprentis seront uniquement<br />

assignés au premier projet : « Nous sommes actuellement<br />

très occupés à trouver des projets pour le début de<br />

l’apprentissage. Nous publions des nouvelles sur l’intranet,<br />

les apprentis réalisent des vidéos sur le sujet et nous<br />

faisons appel à la solidarité des employés. Chaque année,<br />

ce n’est pas évident de trouver un nombre suffisant de projets,<br />

mais cette année, c’est particulièrement difficile »,<br />

déclare Haueter.<br />

« Lorsque le confinement est arrivé, nous avons renvoyé<br />

tous les apprentis et les avons mis en télétravail à domicile.<br />

Puis est venue la question : et maintenant ? » Haueter<br />

décrit les premiers jours qui ont suivi le début de la<br />

situation exceptionnelle : « De nombreux apprentis, en<br />

particulier ceux impliqués dans les projets TIC, ont pu<br />

continuer à travailler depuis leur domicile. Nous ne voulions<br />

toutefois pas nous contenter de proposer une ergothérapie<br />

aux autres, mais leur rappeler leurs points forts<br />

et les encourager à utiliser la crise comme une occasion de<br />

se montrer créatifs. » L’un des résultats de cette démarche<br />

a été la création de live streams en télétravail à domicile,<br />

dans lesquels les apprentis ont fait part du déroulement<br />

de leur journée ou ont présenté leurs intérêts et leurs<br />

points forts. « C’est devenu une évidence », dit Haueter, et<br />

ça a contribué à ce que l’entreprise reste debout. « De manière<br />

générale, les apprentis vont bien, mais il existe bien<br />

sûr des différences. Certains d’entre eux ont désormais<br />

vécu depuis neuf semaines avec leurs parents et leurs<br />

frères et sœurs dans un espace très confiné, ce qui peut<br />

s’avérer pénible. »<br />

Dans l’ensemble, lors de ses entretiens avec les apprentis,<br />

Haueter constate qu’ils réagissent bien face au<br />

défi : « Dans le milieu informatique, il faut constamment<br />

agir de manière ‹ flexible › face aux changements sociaux.<br />

Nous ne nous attendions pas à ce que ce changement se<br />

produise de cette façon, mais les apprentis ont relevé le<br />

défi. » C’est également dû au fait que la plupart suivent<br />

une formation chez Swisscom, qui est très demandée sur<br />

le marché du travail.<br />

Pas de baisse dans le journalisme<br />

Les journalistes sont actuellement moins sollicités : étroitement<br />

liées à la branche de l’imprimerie, les grandes<br />

rédactions de NZZ, TX Group (anciennement Tamedia),<br />

Ringier et ch media font parler d’elles en termes de sup-


12<br />

Dossier<br />

Neuf semaines en<br />

famille dans un<br />

espace confiné peut<br />

s’avérer pénible.<br />

pression de postes et de mesures de réduction des coûts.<br />

La formation est également concernée : ce n’est qu’en<br />

2019 que le Tages-Anzeiger a supprimé l’un des deux postes<br />

de volontariat, qui continuera quand même d’exister malgré<br />

le coronavirus. D’une manière générale, la crise du corona<br />

ne semble pourtant pas avoir entraîné de suppression<br />

directe de places de formation en journalisme. Ces<br />

dernières semaines, on a ainsi eu l’impression que les<br />

stages au sein des rédactions étaient les seuls postes proposés<br />

sur la plateforme d’emploi concernée. A la NZZ, le<br />

rédacteur en chef adjoint responsable de la formation, Daniel<br />

Wechlin, déclare que la crise du corona n’aurait pas<br />

d’influence sur le recrutement en cours de nouveaux volontaires<br />

: « Le nombre de places de volontaires que nous<br />

allons finalement attribuer dépend uniquement de la<br />

qualité des candidats. »<br />

Pour savoir dans quelle mesure la formation est influencée<br />

par la crise du coronavirus, il faut procéder à une<br />

analyse par branche et par entreprise. Alors que les apprentis<br />

effectuent des heures supplémentaires dans la<br />

distribution des colis de La Poste et sont dispensés d’école<br />

dans certains endroits, d’autres doivent faire face à une<br />

baisse accrue de l’activité.<br />

Effets de la pandémie sur l’apprentissage : https://panorama.ch/<br />

dyn/1147.aspx?id_news=14097<br />

Effectuer le même travail depuis<br />

chez soi<br />

L’urgence de santé publique a surpris Filippo Giumelli<br />

(média maticien en quatrième année d’apprentissage chez<br />

Swisscom) à Lausanne, où il travaillait sur un projet. Le<br />

10 mars, il est rentré chez ses parents au Tessin. Durant la<br />

période de crise, Filippo a toutefois saisi la chance de réaliser<br />

une vidéo dans laquelle il explique comment l’école et<br />

ses camarades de classe se sont adaptés aux cours à distance<br />

et aux projets en ligne. Malgré l’absence d’examens<br />

finaux, il présentera néanmoins cette vidéo à son formateur.<br />

En revanche, les examens pratiques auront lieu, bien que<br />

dans un format réduit, auprès de PostLogistics.<br />

Là aussi souffle un vent de changement. « Avant, nous travaillions<br />

le matin », explique Tanja Delbiaggio, apprentie en<br />

logistique au centre des colis de Cadenazzo, « de 6h à 15h,<br />

en effectuant la tournée avec un collègue dans les fourgons.<br />

Maintenant, ce n’est plus possible et cela me manque. Après<br />

avoir effectué une formation en interne, je travaille maintenant<br />

au tri des colis de 13h à 20h ; cela a été un défi pour<br />

toute l’équipe. » Le nombre de colis a en effet atteint des<br />

chiffres records, 17 millions (2 millions de plus qu’en période<br />

de Noël) et ils sont d’ailleurs très volumineux. La partie scolaire<br />

s’est déroulée à distance, au moyen de cours en vidéo<br />

(enregistrés par les enseignants ou en direct) et de devoirs<br />

à effectuer de manière autonome.<br />

Il en a été de même pour Marco Foresti, apprenti informaticien<br />

en troisième année. Au lieu de se rendre en entreprise,<br />

il a effectué le même travail depuis chez lui, s’évitant de<br />

longs trajets en transports publics. Il est à espérer que la<br />

formation tirera elle aussi des leçons de cette expérience.<br />

Giovanni Valerio


Dossier<br />

La jeunesse européenne paie<br />

le prix de la crise économique<br />

13<br />

Le chômage des jeunes était, bien avant le<br />

coronavirus et la crise mondiale économique,<br />

le problème le plus grave en Europe.<br />

Aujourd’hui, il explose. Plus encore, le crash de<br />

la formation professionnelle prive les jeunes<br />

de leur avenir.<br />

Texte : Oliver Fahrni<br />

Photos : Sandro Mahler<br />

L’OM, le club de l’Olympique de Marseille, c’est son truc.<br />

Elle porte du blanc et du bleu ciel. Son autre passion, ce<br />

sont les conteneurs. En particulier les petits conteneurs<br />

d’1 EVP, 20 pieds de long (6,1 mètres), avec lesquels elle a<br />

décoré ses vœux du Nouvel An pour 2020. Parfois, lorsqu’elle<br />

traîne dans le port de marchandises, elle essaie<br />

d’estimer le nombre d’EVP qu’elle pourrait charger dans<br />

la péniche là-bas. Nadia, 17 ans, aurait aimé devenir gestionnaire<br />

des affaires logistiques.<br />

D’ailleurs, elle dit souvent : « Dans quelques minutes,<br />

l’Atlantique Ouest, en provenance de La Spezia sous pavillon<br />

libérien, arrivera à Fos-Marseille. » Elle le sait grâce au<br />

site internet Live Map sur marinetraffic.com. Mais le rêve<br />

de Nadia s’est brisé. Elle n’arrive plus à imaginer ce qu’elle<br />

va devenir. L’épidémie du coronavirus l’a déviée de sa trajectoire.<br />

Les bateaux continuent leur chemin, beaucoup de bateaux.<br />

Et non, elle n’est pas contaminée. Mais pour suivre<br />

une formation de gestionnaire des opérations logistiques,<br />

il lui faudrait d’abord le « bac », l’équivalent de la maturité.<br />

Puis, deux années d’université technique. Enfin, 18 mois<br />

de formation sous contrat d’apprentissage en entreprise.<br />

Elle pourra désormais difficilement passer la maturité<br />

en juin. Son lycée est fermé depuis mi-mars. Elle a tout<br />

d’abord continué à se connecter à l’enseignement à distance.<br />

Mais ses parents, qui subviennent à peine aux besoins<br />

de la famille de cinq personnes avec leur salaire, ont<br />

eu besoin de l’ordinateur portable de Nadia pour le télétravail<br />

à domicile, le seul ordinateur de la maison. Lorsque<br />

le professeur de français a envoyé 42 pages de matériel pédagogique<br />

par e-mail à imprimer, Nadia a mis fin à sa tentative<br />

de suivre les leçons avec son iPhone.<br />

Elèves sortis du radar<br />

Maintenant, il lui manque la note de « présence », le bonus<br />

pour tous ceux qui se sont régulièrement connectés. Dans<br />

sa classe, 6 sur 17 l’ont fait. Quoi qu’il en soit, l’inscription<br />

à l’université était déjà en cours. Pour cela, elle aurait dû<br />

passer des heures sur une plateforme internet, choisir dix<br />

facultés et remplir dix dossiers de candidature. Et même<br />

si elle l’avait fait, cela aurait peut-être été vain, la plateforme<br />

Parcoursup ayant laissé 2 72 000 candidats sans<br />

avoir reçu de réponse jusqu’à la mi-mai.<br />

En à peine trois mois de quarantaine, le système éducatif<br />

français a perdu de vue un cinquième à un quart des<br />

élèves. Ils sont tout simplement sortis du radar. Certains<br />

temporairement, d’autres, comme Nadia, définitivement.<br />

Elle devrait rapidement venir augmenter le nombre des<br />

jeunes chômeurs. Un désastre.<br />

Le ministre de l’éducation essaie de minimiser la situation.<br />

Mais la vérité, c’est qu’une bombe sociale à retardement<br />

s’amorce et grossit. La plupart des laissés pour<br />

La génération Covid,<br />

première victime de<br />

la pandémie<br />

compte viennent des couches inférieures de la société, où<br />

les ordinateurs, les imprimantes et les abonnements à<br />

l’internet haut débit ne vont pas de soi. C’est ce que les<br />

sociologues appellent la fracture numérique. Dans le<br />

passé, le système français d’éducation et de formation<br />

professionnelle se vantait de promouvoir l’égalité des<br />

chances. Le démantèlement néolibéral du service public<br />

en a fait une machine qui produit de la discrimination.<br />

Aujourd’hui, le coronavirus prive ces jeunes de la dernière<br />

opportunité de vivre de manière indépendante. Le ressentiment<br />

grandit. La psychiatrie d’urgence et les Renseignements<br />

généraux tirent la sonnette d’alarme.<br />

Ce qui est vrai pour la France se déroule dans la plupart<br />

des pays européens. La génération Covid est la première<br />

victime de la pandémie. Les millions de jeunes qui vont se<br />

lancer sur le marché du travail cet automne seront doublement<br />

pénalisés : leur droit à la formation a été coupé. Et<br />

même s’ils parviennent à obtenir leur qualification, ils auront<br />

du mal à lancer leur carrière. Une économie qui procède<br />

actuellement à des licenciements massifs n’embauchera<br />

pas de travailleurs sans expérience.<br />

Selon Eurostat, 3,21 millions de personnes de moins<br />

de 25 ans dans l’UE étaient déjà à la recherche d’un gagnepain<br />

en Europe avant le virus. En Italie : 31,4 %. En Espagne,<br />

un sur trois. Presque 40 % en Grèce. En France, au<br />

Portugal, en Belgique, en Suisse, en Finlande, environ


14<br />

Dossier<br />

Rien qu’en Allemagne, selon une étude, près de 100 000 places<br />

d’apprentissage seront perdues.<br />

20 %. Seuls l’Allemagne (5,3 %), la République tchèque et<br />

les Pays-Bas s’en sortaient mieux.<br />

Le problème n’est pas nouveau. En 2009, la Commission<br />

européenne écrivait : « L’avenir de l’Europe dépend<br />

de sa jeunesse. Mais les perspectives d’avenir de beaucoup<br />

de jeunes s’assombrissent. »<br />

Désormais, l’urgence est à son comble. Les chiffres actuels<br />

ne sont pas encore connus, mais les premiers indicateurs<br />

laissent penser que la pandémie sera suivie par<br />

une maladie bien pire : une épidémie de chômage des<br />

jeunes.<br />

Jungle des systèmes de formation professionnelle<br />

Sachant à quel point il est dangereux de voler l’avenir des<br />

jeunes, de nombreux gouvernements ont essayé de réformer<br />

leurs systèmes de formation professionnelle au cours<br />

de la dernière décennie. Chaque pays a ses propres pratiques,<br />

souvent même un système différent pour chaque<br />

branche, et quiconque essaie de s’y retrouver dans cette<br />

jungle échoue rapidement.<br />

Dans la plupart des pays de l’UE, les jeunes apprennent<br />

leur métier, y compris les métiers artisanaux, à l’école. En<br />

France, 77 % des personnes qui terminent leur formation<br />

sont titulaires d’une maturité provenant de l’école, d’une<br />

« maturité générale » ou d’une maturité professionnelle.<br />

Les jeunes suédois apprennent leur métier dans des « programmes<br />

de formation professionnelle » également à<br />

l’école, tout comme en Italie. Il y est possible d’acquérir<br />

un savoir-faire lors d’un apprentissage en entreprise,<br />

mais jusqu’à une période récente, l’« apprendistato » ne<br />

délivrait pas de qualifications et de diplômes officiellement<br />

reconnus. C’est pourquoi cette forme de formation<br />

reste minoritaire à ce jour. Et comme presque tous les<br />

pays européens, le système italien de formation professionnelle<br />

opère une restructuration constante, appelée<br />

« processus de Copenhague ». En 2002, l’UE a commencé à<br />

chercher un meilleur système de formation professionnelle,<br />

et c’est en Suisse qu’elle l’a trouvé. La formation<br />

duale apprentissage en entreprise-école est depuis lors<br />

considéré comme le meilleur modèle.<br />

Le niveau élevé d’employabilité des jeunes sur le marché<br />

du travail a été déterminant, les pays dotés d’un système<br />

dual de formation comme la Suisse ou l’Allemagne<br />

le montrent. Ils veillent à ce que les jeunes arrivant sur le<br />

marché du travail après une formation professionnelle<br />

initiale soient immédiatement productifs et qu’ils fournissent<br />

une main-d’œuvre bon marché même pendant<br />

leur apprentissage. Mais les lacunes dans la formation générale<br />

restent un problème, ce qui représente un handicap<br />

en cette période de révolution numérique.<br />

L’UE a trouvé en<br />

Suisse le meilleur<br />

système de formation<br />

professionnelle.<br />

S’appuyant sur le modèle dual, les réformes de la formation<br />

professionnelle se succèdent depuis lors du Portugal<br />

au Cap Nord. La crise économique mondiale a désormais<br />

fortement accéléré cette tendance. Avec des milliards<br />

investis dans des programmes élaborés à la hâte, l’enseignement<br />

est mis en avant. Et les diplômes scolaires et de<br />

fin d’études sont délivrés au rabais et sous la forme d’examens<br />

à distance. En Italie, les parents et les enseignants<br />

appellent à de grandes manifestations pour que les hautes<br />

écoles ouvrent avant les vacances d’été. Mais comme en<br />

France, le gouvernement ne leur a jusqu’à présent promis<br />

qu’un bref examen oral.<br />

Aussi différents que ces plans de sauvetage puissent<br />

être, ils partagent un double fardeau. Les graves tendances<br />

de la crise, la numérisation, la banqueroute de<br />

nombreuses PME et la dégradation des acquis sociaux par<br />

les employeurs ont anéanti les efforts. Et les places<br />

d’apprentissage deviennent rares : rien qu’en Allemagne,<br />

selon une étude de l’Institut fédéral pour la formation<br />

professionnelle, près de 100 000 places d’apprentissage<br />

seront perdues.<br />

Photos<br />

Pour ce reportage, le photographe luganais Sandro Mahler a<br />

suivi trois apprentis sur leur poste de travail (notamment<br />

au Centre PostLogistics de Cadenazzo) et lieu d’étude qui,<br />

durant le confinement, a souvent été leur propre domicile.<br />

Il dit à ce sujet : « Les jeunes ont vécu cette situation pendant<br />

un certain temps et se sont bien adaptés au télétravail,<br />

mais ils ont aussi souffert de l’absence de contacts sociaux :<br />

les collègues, l’école, se lever le matin pour quitter leur<br />

domicile et y retourner le soir, tout cela leur a manqué.<br />

Certains d’entre eux ont pu continuer des projets ou en<br />

commencer de nouveaux. Tous sont toutefois restés actifs.<br />

J’espère qu’on tiendra compte dans le futur de leurs efforts<br />

et de leur capacité d’adaptation. »<br />

Outre sa profession de photographe qu’il exerce depuis 1994,<br />

Sandro Mahler enseigne aussi aux apprentis photographes à<br />

Lugano : il a donc vécu lui-même l’expérience de la formation<br />

à distance avec ses élèves. Son site : www.fotomiller.ch


Formation professionnelle en temps d’épidémie:<br />

jusqu’à 20 000 places<br />

d’apprentissage en moins<br />

L’état d’une société et d’une économie dépend entre autres de<br />

savoir si la jeunesse a un futur professionnel – et si elle voit des<br />

possibilités d’entreprendre de façon concrète quelque chose<br />

pour son propre avenir. Des indicateurs concernant cette question<br />

sont, d’un côté, le chômage des moins de 25 ans, et de l’autre, le<br />

nombre des places d’apprentissage. Si, pendant la grande crise<br />

économique mondiale qui s’amorce, le chômage des jeunes atteint<br />

20 % dans nos pays voisins et ailleurs, comme en Italie, bientôt<br />

35 %, cela aura des conséquences sociales et politiques extrêmes.<br />

Comment se présente la situation en Suisse? Les faits ne sont<br />

pas faciles à saisir car les statistiques ont environ un mois de<br />

retard. C’est un inconvénient en période de coronavirus, car la<br />

crise évolue très rapidement. Et parce que presque personne ne<br />

peut émettre de prévisions raisonnables sur son issue.<br />

Un exemple: Si le «Pouls des places d’apprentissage», qui est<br />

présenté sur cette page, montre début mai que 92 % des places<br />

d’apprentissage proposées pour l’automne sont encore disponibles,<br />

il règne sur cette question une grande incertitude. Si, comme<br />

le supposent les économistes, des dizaines de milliers de PME<br />

vont disparaître, ce chiffre n’a plus de valeur.<br />

Les grandes tendances<br />

La formation professionnelle<br />

sous pression<br />

+ 61,3 %<br />

Chômage juvénile<br />

en avril<br />

(Comparaison<br />

avec le mois de<br />

l’année dernière)<br />

–20 000<br />

Places d’apprentissage<br />

menacées<br />

par la crise<br />

(jusqu’en 2025)<br />

Demandes de<br />

nouveaux<br />

apprentissage<br />

dans les 5 années<br />

à venir<br />

Sources: Seco/ étude Uni<br />

Berne, Uni Zurich<br />

Places d’apprentissage occupées<br />

l’automne 2020<br />

81 % des places d’apprentissage prévues en août sont déjà occupées.<br />

Cela n’indique pas si ces apprentissages vont vraiment commencer.<br />

Restauration, hôtellerie<br />

Vente, achat<br />

Techniques du bâtiment<br />

Transport, logistique, sécurité<br />

Santé<br />

Education, social<br />

Electrotechnique<br />

Construction<br />

Métal, machines, montres<br />

Bois, aménagements intérieurs<br />

Informatique<br />

0 % 50 %<br />

100 %<br />

Source: Pouls des places d’apprentissage, EPFZ (Zurich)<br />

Maintien de l’emploi des apprentis<br />

En conclusion, l’étude de l’EPFZ estime que le nombre de jeunes<br />

qui ne peuvent pas rester dans leur entreprise formatrice pourrait<br />

augmenter de 18 % en 2020.<br />

14<br />

21<br />

4<br />

%<br />

2<br />

59<br />

Nous gardons autant<br />

d’apprentis<br />

Cela dépend de la marche<br />

des affaires<br />

Comme d’habitude, nous<br />

ne gardons pas d’apprentis<br />

Nous gardons moins<br />

d’apprentis<br />

Nous gardons plus<br />

d’apprentis<br />

Source: Pouls des places d’apprentissage, EPFZ<br />

221 000 75 000 2,8 %<br />

jeunes suivaient en 2019 une formation<br />

professionnelle de base<br />

5,5 %<br />

La situation des apprentis pendant le confinement<br />

Sondage d’avril de l’EPFZ<br />

apprentis devraient passer leur examen<br />

de fin d’apprentissage cet été<br />

des places d’apprentissage seront probablement<br />

perdues, ont déclaré les entreprises<br />

de formation à la fin du mois d’avril<br />

des places d’apprentissage sont déjà<br />

définitivement perdues pour 2020<br />

Travail normal<br />

avec mesures de<br />

protection<br />

Travail modifié<br />

(p.ex. dans un autre<br />

département)<br />

Télétravail à<br />

domicile<br />

Pas de formation<br />

en entreprise<br />

Restauration, hôtellerie<br />

Vente, achat<br />

Techniques du bâtiment<br />

Transport, logistique, sécurité<br />

Santé<br />

Education, social<br />

Electrotechnique<br />

Construction<br />

Métal, machines, montres<br />

Bois, aménagements intérieurs<br />

Informatique<br />

59 % 12 % 11 % 20 %<br />

72 % 59 % 17 % 18 %<br />

91 % 4 % 12 % 16 %<br />

80 % 12 % 4 % 14 %<br />

85 % 34 % 11 % 13 %<br />

90 % 10 % 5 % 9 %<br />

53 % 40 % 37 % 10 %<br />

76 % 28 % 14 % 8 %<br />

80 % 27 % 15 % 7 %<br />

96 % 5 % 2 % 2 %<br />

24 % 18 % 87 % 1 %<br />

Source: Pouls des places d’apprentissage, EPFZ (Zurich)


16<br />

Au cœur de<br />

nos métiers<br />

S’occuper des<br />

problèmes de fond<br />

Notre enquête sur les pertes de gain<br />

subies par les freelances et les travailleurs<br />

indépendants a reçu un immense<br />

écho et les réactions à nos<br />

appels téléphoniques ont été impressionnantes<br />

et souvent même touchantes.<br />

Toutes les personnes étaient<br />

contentes de pouvoir parler de leur situation<br />

avec quelqu’un. Elles étaient<br />

également soulagées de ne pas être<br />

seules face à leurs problèmes. Cependant,<br />

ces problèmes restent toujours<br />

aussi importants. Une collègue de la<br />

communication visuelle le dit à juste<br />

titre : « Les problèmes existaient avant<br />

le corona, ils se sont aggravés pendant<br />

le corona et ils subsisteront après le<br />

corona. Il est inacceptable que nous<br />

n’ayons pas accès à l’assurance-chômage<br />

et que nous ayons des craintes<br />

quant à notre existence pendant la retraite.<br />

» Les contacts que nous avons<br />

pu nouer avec cette enquête nous renforceront<br />

considérablement et nous<br />

permettront de lutter également pour<br />

la protection sociale de ces collègues.<br />

Elisabeth Fannin<br />

Seuls 15 % des indépendants sondés par <strong>syndicom</strong> estiment l’aide fédérale suffisante. (© Burst)<br />

www.<strong>syndicom</strong>.ch/corona/independant<br />

5G : preuves<br />

scientifiques exigées<br />

Franz Schori, secrétaire central secteur TIC<br />

Vers 1850, beaucoup de personnes<br />

croyaient qu’on étouffait dans les<br />

trains parce que l’oxygène en était expulsé.<br />

Nous en rions aujourd’hui. Il en<br />

va autrement de l’énergie nucléaire.<br />

Le monde économique et politique<br />

prêchait que tout était sous contrôle.<br />

Tchernobyl et Fukushima nous ont<br />

ouvert les yeux. Pas étonnant que<br />

nombre d’entre nous craignent le progrès<br />

technologique.<br />

La politique et l’économie ont<br />

longtemps sous-estimé la peur liée à la<br />

technologie de radiocommunication<br />

mobile. Fin 2019, un rapport commandé<br />

par le Conseil fédéral présente<br />

pour la première fois une compilation<br />

de tous les faits sur le sujet – y compris<br />

d’éventuels effets sur la santé. Sur<br />

cette base, il décide en avril de poursuivre<br />

le monitoring de l’exposition<br />

aux radiations. En outre, un nouveau<br />

centre de conseil en médecine environnementale<br />

est créé, la recherche<br />

est intensifiée et la population mieux<br />

informée.<br />

La Confédération a gagné 380 millions<br />

grâce à la mise aux enchères des<br />

licences de radiocommunication mobile<br />

5G. Assez pour mettre en œuvre<br />

ces mesures et d’autres. Car l’importance<br />

de l’infrastructure du réseau<br />

nous saute aux yeux, en particulier<br />

pendant le confinement. L’expansion<br />

accélérée du réseau doit toutefois bénéficier<br />

au préalable de la confiance<br />

de la population. Si cette confiance<br />

fait défaut, les blocages se succèderont.<br />

Et au final, cela pourrait coûter<br />

plus cher que le revenu des licences de<br />

mise aux enchères de la 5G.<br />

https://bit.ly/2zpC7gT


« Le soutien financier aux maisons d’édition profitera en fin<br />

de compte à de nombreux emplois dans le journalisme. » Stephanie Vonarburg<br />

17<br />

Enfin une aide financière de crise<br />

pour les médias<br />

Le Parlement soutient les médias avec une aide transitoire et<br />

répond ainsi aux principales revendications de <strong>syndicom</strong>.<br />

Mais ce qui importe, c’est une aide à long terme.<br />

Les recettes publicitaires s’effondrent,<br />

dans certains cas, jusqu’à 80 %.<br />

Les grandes maisons d’édition comme<br />

TX Group (anciennement Tamedia),<br />

CH Media ou NZZ demandent du chômage<br />

partiel. Le journal local vaudois<br />

Le Régional fait faillite, Micro disparaît.<br />

Une chose est certaine : la crise du<br />

coronavirus crée des problèmes supplémentaires<br />

pour les médias, déjà en<br />

crise depuis des années. Même si la<br />

demande a augmenté massivement<br />

depuis le début de la pandémie, des<br />

recettes importantes manquent soudainement.<br />

Paquet d’aide aux médias<br />

Les responsables politiques ont également<br />

reconnu ce problème : le Conseil<br />

national et le Conseil des Etats sont<br />

unanimes quant à la nécessité d’un<br />

paquet d’aide pour les médias. Début<br />

mai, les Chambres ont adopté à une<br />

large majorité deux motions de la<br />

Commission des transports et des<br />

télécommunications (CTT). Concrètement,<br />

le Parlement demande à la<br />

Confédération de contribuer à hauteur<br />

de 35 millions de francs pour couvrir<br />

les coûts de l’agence de presse<br />

Keystone-ATS et de la distribution de<br />

journaux imprimés, et de soutenir les<br />

stations de radio et de télévision privées<br />

à hauteur de 30 millions de francs.<br />

Le Parlement adopte les<br />

revendications syndicales<br />

Les Chambres suivent ainsi trois des<br />

quatre revendications soumises par<br />

<strong>syndicom</strong> avec sept autres organisations<br />

de branche. Le Conseil des Etats<br />

n’est pas intervenu sur la quatrième<br />

demande de fonds d’urgence pour<br />

soutenir les reportages journalistiques.<br />

Néanmoins, Stephanie Vonarburg,<br />

vice-présidente de <strong>syndicom</strong> et<br />

responsable du secteur Médias, tire<br />

un bilan positif : « Ce paquet d’aide est<br />

nécessaire, car la crise du coronavirus<br />

a montré le rôle important des médias<br />

et la crédibilité dont ils jouissent. »<br />

Le publiciste et spécialiste des médias,<br />

Matthias Zehnder, voit les choses<br />

différemment. Il critique cette aide :<br />

« le Parlement soutient une industrie<br />

du passé avec des tarifs postaux réduits.<br />

» La tendance passe clairement<br />

des journaux imprimés aux médias en<br />

ligne, mais ces derniers ne seraient<br />

pas pris en compte par cette aide. Au<br />

lieu de financer la distribution ou certains<br />

modèles d’organisation, il serait<br />

préférable de soutenir les professionnels<br />

des médias eux-mêmes, car au<br />

moment où les médias subissent un<br />

changement structurel, ils sont la<br />

seule constante.<br />

Stephanie Vonarburg critique également<br />

le fait que les médias en ligne<br />

soient oubliés : « Ce n’est certainement<br />

pas dans l’air du temps . Mais<br />

au moins, les médias en ligne sont-ils<br />

un peu soulagés par les dépêches<br />

gratuites. Et un soutien financier aux<br />

maisons d’édition profitera en fin de<br />

compte à de nombreux emplois dans<br />

le journalisme. »<br />

« Le journal imprimé ne mourra pas »<br />

L’amortissement des coûts de distribution<br />

postale est primordial, car tout<br />

le monde ne lit pas encore exclusivement<br />

la presse en ligne. « Le journal<br />

imprimé ne mourra pas », déclare Vonarburg.<br />

Les outils de promotion des<br />

médias en ligne font également défaut<br />

; en ce qui concerne la radio et la<br />

télévision en revanche, nous avons la<br />

base juridique pour l’aide financière<br />

d’urgence, basée sur la réserve pour<br />

fluctuation de valeurs des redevances<br />

LRTV, ce qui simplifie la situation. »<br />

Si cette aide transitoire soulage la<br />

détresse de certains médias, au moins<br />

à court terme, elle ne résoudra pas la<br />

crise générale des médias, estiment<br />

Vonarburg et Zehnder.<br />

A long terme<br />

La réorganisation de l’aide aux médias<br />

au moyen d’un vaste paquet de mesures<br />

à long terme sera donc décisive.<br />

Fin avril, le Conseil fédéral a présenté<br />

sa proposition de développement de<br />

l’aide aux médias. Pour la première<br />

fois, ce paquet de mesures mentionne,<br />

entre autres, les subventions aux médias<br />

en ligne de manière explicite. Le<br />

projet devait être discuté par le Parlement<br />

lors de la session de juin. « Toutefois,<br />

comme ces mesures nécessitent<br />

une modification de la loi, elles<br />

n’entreront pas en vigueur, au plus tôt,<br />

avant le début de l’année prochaine.<br />

C’est pourquoi l’aide transitoire actuelle<br />

revêt une grande importance »,<br />

selon Stephanie Vonarburg.<br />

Eva Hirschi<br />

Le paquet de mesures mentionne pour la première fois les subventions aux médias en ligne<br />

explicitement. (© Matthew Henry Burst)<br />

Les revendications de <strong>syndicom</strong> :<br />

https://bit.ly/2Ag7g6R


18<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Les conditions-cadres du télétravail ne doivent pas être<br />

dictées unilatéralement. » Christian Capacoel<br />

Le partenariat social doit définir<br />

les conditions du télétravail<br />

Près de 90 % des sondé(e)s estiment que le travail à distance<br />

doit être autorisé en complément au travail dans l’entreprise.<br />

Pendant le confinement, l’institut de<br />

recherche gfs.bern a réalisé un sondage<br />

sur le télétravail pour le compte<br />

de <strong>syndicom</strong>. Des personnes âgées de<br />

18 ans et plus ayant travaillé au moins<br />

un jour par semaine à domicile en<br />

mars/avril ont été interrogées. Le télétravail<br />

est sur le point de réussir sa percée.<br />

Tout dépendra de savoir si les<br />

entreprises créeront de bonnes conditions-cadres<br />

en y associant les salarié(e)s.<br />

Près de 90 % des sondé(e)s estiment<br />

que le travail à distance doit être<br />

autorisé en plus du travail dans l’entreprise.<br />

La majorité des employé(e)s<br />

considèrent que le télétravail améliore<br />

leur qualité de vie. Le temps de<br />

déplacement économisé y contribue<br />

aussi : 78 % peuvent en faire usage à<br />

des fins privées et 68 % à des fins professionnelles.<br />

Et pour 61 % des personnes<br />

interrogées, le télétravail permet<br />

de mieux concilier la vie privée et<br />

la vie professionnelle.<br />

Des règles adaptées au présent<br />

Les entreprises qui se veulent attrayantes<br />

ont donc l’obligation de proposer<br />

des réglementations de télétravail<br />

adaptées à notre temps. Pour<br />

<strong>syndicom</strong>, en tant que partenaire social,<br />

cela signifie que l’employeur doit<br />

prendre en compte les droits de participation<br />

du personnel. Les conditions-cadres<br />

ne doivent pas être dictées<br />

unilatéralement. Il faut trouver<br />

des solutions entre partenaires sociaux,<br />

en particulier concernant le financement<br />

du poste de travail, la protection<br />

de la santé en home office et le<br />

temps de travail, mais aussi au sujet<br />

d’une limitation possible du travail.<br />

Participation aux frais<br />

Au moins deux tiers des personnes<br />

interrogées indiquent qu’elles souhaitent<br />

que les employeurs participent<br />

aux frais induits par le travail<br />

à domicile. A l’heure actuelle, les<br />

pratiques sont très différentes.<br />

45 % d’entre eux ne prennent pas en<br />

charge les frais occasionnés. Seules<br />

9 % des entreprises en assument la<br />

totalité. Une autre zone d’ombre est<br />

constituée par l’absence de contacts<br />

informels dont se plaignent 71 % des<br />

sondé(e)s. En ce qui concerne la protection<br />

de la santé, la moitié des personnes<br />

interrogées disposent d’une<br />

ergonomie insuffisante. Vu que les<br />

contacts informels assurent la cohésion<br />

et que les employeurs sont responsables<br />

de la bonne ergonomie des<br />

postes de travail et de la sécurité au<br />

travail, il ne peut être dans l’intérêt<br />

des entreprises d’ordonner en permanence<br />

le télétravail pour économiser<br />

des frais d’infrastructure et de déplacement.<br />

Il faut au contraire un mélange<br />

sain, dont les conditions-cadres<br />

doivent être convenues entre les<br />

partenaires sociaux. Nous initions ce<br />

processus chez Swisscom, où des<br />

négociations sur les règles du home<br />

office commenceront sous peu.<br />

Christian Capacoel<br />

Les contacts informels entre collègues sont regrettés par 71 % des sondés. (© Burst)<br />

Les résultats en détail : <strong>syndicom</strong>.ch/<br />

barometreteletravail<br />

61 % des libraires<br />

s’inquiètent pour<br />

l’avenir<br />

Avec la fermeture des librairies, les libraires<br />

ont été l’un des groupes professionnels<br />

les plus directement touchés<br />

au sein des branches de <strong>syndicom</strong>.<br />

L’enquête de <strong>syndicom</strong>, spécifiquement<br />

adaptée à leur situation, a confirmé<br />

cet état de fait : 81 % des personnes<br />

interrogées ont déclaré être actuellement<br />

au chômage partiel. Pour 50 %<br />

d’entre elles, le chômage partiel était<br />

même de 100 %, les empêchant donc<br />

complètement de travailler pendant le<br />

confinement et les obligeant à rester<br />

chez elles.<br />

36 % se sont vu confier d’autres<br />

tâches par leur employeur et 21 % ont<br />

même dû faire des heures supplémentaires.<br />

Seuls 27 % ont pu travailler en<br />

home office. Seulement 4 % n’ont pas<br />

pu respecter les gestes barrière du<br />

SECO, alors que 87 % déclarent avoir<br />

été en mesure de le faire.<br />

Il est préoccupant que 61 % des libraires<br />

interrogés se fassent du souci<br />

pour l’avenir du commerce du livre,<br />

même si 33 % d’entre eux sont toujours<br />

confiants.<br />

Baisse du chiffre d’affaires<br />

Une première analyse réalisée par GfK<br />

pour le compte de l’association des libraires<br />

et éditeurs alémaniques SBVV<br />

montre une baisse du chiffre d’affaire<br />

de 28,2 % pendant la période de confinement.<br />

L’étendue des dommages varie<br />

cependant d’une quasi stabilité à<br />

une perte de 2/3. Depuis le 11 mai, les<br />

librairies sont de nouveau ouvertes et<br />

les premières réactions sont positives.<br />

Les prochaines semaines seront<br />

cependant essentielles pour l’avenir<br />

de la branche. D’un commun accord,<br />

les négociations en cours sur la CCT<br />

ont été suspendues jusqu’à l’automne.<br />

Michael Moser


« Il s’agit d’une étape importante vers l’égalité<br />

des conducteurs et conductrices de cars postaux » Sheila Winkler<br />

19<br />

Accord LDT : tout chauffeur d’un<br />

car postal obtient 500 francs<br />

Cet accord s’applique sans égard au contrat et à l’employeur.<br />

La loi sur la durée du travail (LDT) prévoit<br />

une flexibilité qui doit être convenue<br />

avec le personnel. Chez CarPostal,<br />

cette flexibilité des employés a rarement<br />

été convenue conjointement par<br />

le passé et n’a guère été compensée.<br />

Afin de sensibiliser les conducteurs<br />

sur leurs droits, nous avons lancé un<br />

accord <strong>syndicom</strong>. Il prévoit une compensation<br />

sous forme de temps libre<br />

pour toute flexibilité consentie par les<br />

conducteurs. Ce qui devrait générer<br />

des jours de congé supplémentaires<br />

et, par conséquent, du temps libre<br />

supplémentaire.<br />

Il s’ensuit que les commissions du<br />

personnel de 30 sites dans toute la<br />

Suisse ont refusé de signer l’accord<br />

présenté par CarPostal. Peu avant le<br />

changement horaire, en décembre<br />

2018, nous avons convenu avec Car-<br />

Postal de négocier l’accord LDT. Pour<br />

le changement horaire 2019, nous<br />

avons obtenu une compensation pour<br />

les conducteurs, dans le cadre de la<br />

convention collective du travail (CCT)<br />

et de la réglementation ECP. Sans la<br />

résistance collective des 30 sites, cela<br />

n’aurait pas été possible.<br />

Dans le cadre des négociations<br />

CCT, les négociations LDT se poursuivent<br />

aujourd’hui. L’objectif est de<br />

définir dans la CCT une compensation<br />

pour les flexibilités de la LDT, applicable<br />

dans toute la Suisse, que les commissions<br />

du personnel des sites<br />

peuvent accepter ou refuser par accord.<br />

Forfait unique versé dès juin<br />

Pour le changement horaire 2020,<br />

nous avons convenu d’un forfait<br />

unique de 500 francs avec CarPostal,<br />

en fonction du taux d’occupation. Le<br />

versement est effectué aux chauffeurs<br />

de la régie avec le salaire de juin et un<br />

peu plus tard avec ceux des entrepreneurs<br />

CarPostal.<br />

C’est la première fois que tous les<br />

conducteurs et conductrices des entrepreneurs<br />

CarPostal bénéficient<br />

d’un résultat de négociations fondé<br />

sur le partenariat social. En effet, les<br />

conducteurs relevant de l’EC-I et les<br />

partenaires de transport ainsi que<br />

tous les salariés payés à l’heure relevant<br />

de l’EC-P sont exclus du champ<br />

d’application de la réglementation et<br />

n’ont jusqu’à présent bénéficié ni des<br />

négociations salariales annuelles ni<br />

des nombreux autres avantages du<br />

partenariat social.<br />

En résumé : les chauffeurs et<br />

conductrices de cars postaux obtiennent<br />

jusqu’à 500 francs, indépendamment<br />

du contrat de travail et de<br />

l’employeur.<br />

Il s’agit d’une étape importante<br />

vers l’égalité des conducteurs de cars<br />

postaux et un signe de reconnaissance<br />

de leur travail. Les négociations<br />

concernant le renouvellement de la<br />

CCT CarPostal et les réglementations<br />

EC 2021 sont toujours en cours. Les<br />

premières discussions sur une CCT<br />

pour les entrepreneurs de CarPostal<br />

ont été entamées avec l’association<br />

patronale BUS CH.<br />

Sheila Winkler<br />

https://bit.ly/2XVP5LR<br />

Un signe de reconnaissance pour tous les conducteurs de cars postaux. (© Christian Capacoel)<br />

Un 1 er mai numérique<br />

Depuis 130 ans, c’est la première fois<br />

que les travailleuses et travailleurs<br />

n’ont pas pu remplir les rues le 1 er mai.<br />

Le coronavirus a bouleversé la vie sociale<br />

et le monde du travail, mais aussi<br />

la Fête du travail. Malgré tout, le<br />

1 er mai a eu lieu cette année. Il a juste<br />

été un peu différent, puisqu’organisé<br />

sur le plan numérique.<br />

Les syndicats et les partis de gauche<br />

ont élaboré ensemble un programme<br />

national sous forme de discussions<br />

en ligne – accessibles en un seul clic.<br />

<strong>syndicom</strong> a utilisé la journée pour<br />

consacrer une plateforme aux préoccupations<br />

rencontrées dans nos différentes<br />

branches. Nous avons parlé des<br />

coursiers à vélo en Suisse et de l’économie<br />

de plateforme qui y est associée,<br />

ainsi que de la première convention<br />

collective de travail pour les<br />

coursiers en Europe, la nôtre.<br />

En outre, nous avons abordé le partenariat<br />

social en temps de crise, notamment<br />

la politique du personnel et<br />

les droits de participation chez<br />

Swisscom. Il a aussi été question de la<br />

situation des travailleurs indépendants<br />

et des free-lances pendant,<br />

avant et après la crise. Des représentants<br />

des employeurs et des représentants<br />

de la branche ont participé aux<br />

discussions. Le chat en direct a conféré<br />

un caractère participatif aux événements<br />

et permis à tous les spectateurs<br />

de poser des questions aux intervenant(e)s.<br />

En moyenne, près de 130 personnes<br />

ont participé aux différents<br />

événements. Ce 1 er mai passionnant a<br />

été placé sous le signe de la solidarité.<br />

Mais l’aspect social, la convivialité et<br />

le partage ne peuvent être remplacés<br />

par cette forme d’événements. C’est<br />

pourquoi nous espérons que nous<br />

pourrons l’année prochaine à nouveau<br />

descendre dans les rues pour le<br />

1 er mai.<br />

Lena Allenspach<br />

Pour revoir les débats (en allemand) :<br />

https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/themes/1ermai2020/


20<br />

Le monde<br />

du travail<br />

« Il ne fait aucune doute que les chauffeurs jurassiens<br />

soutiendront leurs collègues en Valais. » Christian Capacoel<br />

Chauffeurs de CarPostal du Jura :<br />

une victoire sur toute la ligne.<br />

L’attente a valu la peine. CarPostal se voit attribuer le mandat<br />

d’exploiter toutes les lignes de bus soumises à une concession.<br />

L’heure était au soulagement et à la<br />

joie lorsque la décision est tombée, le<br />

4 mai dernier. Les collègues concernés<br />

et les chauffeurs présents ont pu la<br />

suivre en direct sur notre page Facebook.<br />

Ils abordent désormais à nouveau<br />

l’avenir avec leurs familles avec<br />

confiance. Leurs emplois et donc leurs<br />

bonnes conditions de travail, garanties<br />

par la CCT CarPostal, sont préservés.<br />

La première euphorie retombée,<br />

ils partagent toutefois des sentiments<br />

d’amertume et de colère.<br />

Amertume et colère<br />

Les chauffeurs du Jura ont certes remporté<br />

une victoire, mais leur affrontement<br />

avec le gouvernement a montré<br />

les failles du système. Ces failles subsistent.<br />

Il suffit qu’ils pensent à leurs<br />

collègues du Valais, menacés de subir<br />

le même destin à l’issue incertaine : le<br />

Valais mettra au concours ses lignes<br />

de bus en automne.<br />

Ce sont notamment deux expériences<br />

qui ont gâché la joie des chauffeurs.<br />

Ils avaient exigé du gouvernement<br />

des garanties pour leurs emplois<br />

et conditions de travail. « Je n’arrive<br />

pas à me faire à l’idée que lorsque les<br />

lignes de bus passent à une nouvelle<br />

entreprise, celle-ci doive certes reprendre<br />

les véhicules, mais sans que<br />

le personnel de conduite ne bénéficie<br />

Près de trois ans de<br />

peur existentielle,<br />

de lutte syndicale et<br />

d’affrontements avec<br />

le Gouvernement<br />

jurassien ont précédé<br />

cette victoire.<br />

(© <strong>syndicom</strong>)<br />

de cette protection », déclare un chauffeur<br />

présent. Par ailleurs, les chauffeurs<br />

avaient exigé d’être entendus. En<br />

tant que premiers concernés, ils voulaient<br />

défendre leurs intérêts directement<br />

auprès du ministre responsable.<br />

Là aussi, ils étaient soutenus par le<br />

Parlement jurassien, qui a adopté une<br />

motion urgente pour demander que le<br />

syndicat soit entendu. Le gouvernement<br />

a rejeté les deux revendications<br />

au motif qu’elles constituaient une<br />

violation des exigences posées par la<br />

Confédération. Lors de l’audition, le<br />

ministre des transports David Eray a<br />

même soutenu qu’une audition était<br />

illégale.<br />

Avec le relâchement de la tension,<br />

on pourrait penser que la fatigue va<br />

s’installer. Or il n’en est rien : au prochain<br />

apéro agendé pour fêter la victoire,<br />

les chauffeurs comptent planifier<br />

les étapes à venir. Il ne fait aucun<br />

doute qu’ils soutiendront leurs collègues<br />

en Valais. Ils discutent de former<br />

une délégation pour visiter et conseiller<br />

ces collègues. Et il est clair qu’ils se<br />

rendront en Valais pour assister à des<br />

manifestations ou actions. « Sans la<br />

lutte syndicale, sans nos mobilisations,<br />

la décision aurait pris une tournure<br />

différente. J’en suis sûr », ajoute<br />

un chauffeur. Mais pour changer le<br />

système, <strong>syndicom</strong> doit agir au niveau<br />

politique. D’ici là, nous défendrons<br />

nos collègues avec tous les moyens<br />

syndicaux disponibles. Comme nous<br />

l’avons fait avec succès dans le canton<br />

du Jura.<br />

Christian Capacoel<br />

Toute l’histoire sur : <strong>syndicom</strong>.ch/<br />

stopaudumping<br />

Garanties politiques<br />

exigées pour La<br />

Poste de demain<br />

Matteo Antonini, responsable du secteur<br />

Logistique et membre du comité directeur<br />

Au cours des dernières semaines, la<br />

stratégie pour La Poste du futur de Roberto<br />

Cirillo, le nouveau CEO, a été<br />

présentée. Il s’agit plutôt d’un pari<br />

que d’une révolution.<br />

C’est en particulier le cas pour<br />

PostNetz SA qui, en s’ouvrant au-delà<br />

des services traditionnels de La Poste,<br />

gagne en indépendance. Comme tout<br />

pari, celui-ci comporte des risques<br />

pour les 800 offices de poste restants,<br />

d’où la nécessité d’obtenir des garanties<br />

politiques.<br />

La fusion entre PostMail (PM) et<br />

PostLogistics (PL) était palpable et<br />

suit une évolution logique. Pour éviter<br />

de sombrer, il sera primordial d’harmoniser<br />

les conditions de travail des<br />

deux unités. La nouvelle composition<br />

de la direction du groupe, avec les<br />

postes vacants résultant de cette réforme,<br />

sera également un signal clair<br />

pour connaître la ligne hiérarchique<br />

et la culture d’entreprise que le géant<br />

jaune adoptera.<br />

Quoi qu’il en soit, la fusion de<br />

toutes les fonctions de direction de<br />

PM et de PL envoie immédiatement un<br />

premier signal aux 1000 personnes<br />

concernées, et ne se contente pas<br />

d’amorcer une phase de réflexion et<br />

d’incertitude.<br />

Matteo Antonini<br />

https://bit.ly/2Xc6h0l


« Les personnes dont le revenu imposable était faible doivent<br />

parfois se contenter de 1.60 franc par jour. » Lena Allenspach<br />

21<br />

La sécurité sociale, enfin aussi<br />

pour les indépendant(e)s<br />

Le droit aux prestations complémentaires par le biais des allocations<br />

pour perte de gain (APG) n’est qu’une victoire d’étape.<br />

Le 17 mars, la vie a changé d’un coup<br />

en Suisse. Alors que, pour certaines<br />

personnes, les mesures prises par le<br />

Conseil fédéral se sont pratiquement<br />

soldées par une interdiction d’exercer,<br />

d’autres se sont retrouvées sans<br />

travail. C’était notamment le cas des<br />

indépendant(e)s et des freelances<br />

dans les branches créatives. Lorsque<br />

la vie économique se bloque, les commandes<br />

se font rares. Sur le plan financier,<br />

les conséquences sont les<br />

mêmes que pour une interdiction<br />

d’emploi. Dans le cadre des mesures<br />

de soutien de la Confédération, indépendant(e)s<br />

et freelances sont longtemps<br />

passés entre les mailles du filet.<br />

Mesures pour tous les indépendants<br />

Après un mois de lutte politico-syndicale<br />

à différents niveaux, le message<br />

salvateur est enfin arrivé : les mesures<br />

de soutien s’étendent désormais à<br />

tous les indépendant(e)s. Autrement<br />

dit, tous les indépendants ayant un revenu<br />

compris entre 10 000 et<br />

90 000 francs soumis à l’AVS reçoivent<br />

des prestations complémentaires par<br />

le biais des allocations pour perte de<br />

gain (APG). C’est une victoire d’étape<br />

Il faut réviser le statut des assurances sociales des indépendants et freelances pour mieux les protéger.<br />

<br />

(© Burst Sarah Pflug)<br />

importante. Mais une victoire d’étape<br />

seulement.<br />

Un montant minimum de 98 francs<br />

par jour est nécessaire<br />

Les mesures de soutien continuent<br />

d’ignorer la réalité des personnes<br />

touchées. Ce qui constitue une partie<br />

normale de l’APG dans l’armée est explicitement<br />

omis ici : un montant minimum<br />

pour remplacer la perte de<br />

gain. Les conséquences de cette décision<br />

sont frappantes : les personnes<br />

dont le revenu imposable était faible<br />

l’an dernier doivent parfois même se<br />

contenter d’un montant de 1.60 franc<br />

par jour. Il n’est pas rare que des indépendant(e)s<br />

disposent d’un revenu<br />

imposable compris entre 10 000 et<br />

30 000 francs par an, une fois les frais<br />

déduits des revenus. Le Conseil fédéral<br />

a ainsi institutionnalisé la précarisation<br />

de tout un groupe professionnel.<br />

Il est urgent de fixer un montant<br />

minimum de 98 francs par jour –<br />

même si cela n’apporte que des améliorations<br />

à court terme.<br />

La situation actuelle des indépendant(e)s<br />

et des freelances en Suisse<br />

montre à quel point ces travailleurs<br />

sont mal protégés contre des pertes de<br />

revenus. Il convient donc de réviser le<br />

statut des assurances sociales des indépendant(e)s<br />

afin de garantir qu’ils<br />

soient eux aussi mieux protégés contre<br />

la perte de revenus et par la prévoyance<br />

vieillesse – par analogie avec les protections<br />

dont jouissent les salarié(e)s.<br />

Avec ses membres, <strong>syndicom</strong> continuera<br />

à s’engager pour des améliorations<br />

durables dans la branche – avant,<br />

pendant et après la crise.<br />

Lena Allenspach<br />

Notre page sur le soutien aux indépendants :<br />

https://bit.ly/3boXM5Q<br />

La CCT de La Poste se<br />

teinte de violet<br />

Plus d’un demi-million de personnes<br />

ont participé à la grève des femmes le<br />

14 juin 2019, le plus grand rassemblement<br />

jamais organisé en Suisse. Le<br />

personnel de guichet portait nos foulards<br />

<strong>syndicom</strong> violets, et <strong>syndicom</strong>,<br />

en collaboration avec La Poste, a présenté<br />

une exposition itinérante montrant<br />

les étapes de l’égalité en Suisse,<br />

accompagné du géant jaune. C’est<br />

avec cette énergie que nos revendications<br />

se sont également reflétées dans<br />

la nouvelle CCT de La Poste. La Poste<br />

Suisse déclare expressément qu’elle a<br />

pour objectif de ne pas autoriser de<br />

différences de salaire injustifiables<br />

entre les sexes, qu’elle procédera à des<br />

analyses régulières et qu’elle mettra à<br />

disposition un bureau de communication<br />

neutre pour le contrôle des écarts<br />

de salaire. De plus, elle garantit la<br />

transparence des salaires dans les<br />

offres d’emploi.<br />

En plus du congé de maternité payé<br />

(CM) de 18 semaines, il existe désormais<br />

un CM non rémunéré de six semaines.<br />

Le congé de paternité de<br />

quatre semaines est complété par un<br />

congé non rémunéré de quatre semaines.<br />

Les parents qui travaillent<br />

tous les deux à La Poste ont désormais<br />

droit à un congé parental, payé au minimum<br />

durant 14 semaines pour la<br />

mère et au moins deux semaines pour<br />

l’autre parent, et six semaines, que les<br />

parents peuvent se partager librement.<br />

Un élargissement à d’autres<br />

sociétés est en cours de discussion.<br />

Des progrès ont été accomplis concernant<br />

la garantie de retour après les<br />

congés, la fixation des salaires, les<br />

soins aux proches, la formation continue<br />

et les dispositions concernant le<br />

harcèlement sexuel.<br />

Patrizia Mordini, responsable Egalité<br />

et membre du comité directeur<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/cctposte2021


22 Politique<br />

CCT Poste : moderne et<br />

favorable à la famille<br />

La Poste, <strong>syndicom</strong> et transfair<br />

ont négocié avec succès<br />

la nouvelle convention collective<br />

de travail faîtière et la<br />

convention collective de<br />

travail d’entreprise (CCT) de<br />

Poste CH SA. Tour d’horizon<br />

des nouveautés qu’elle prévoit<br />

avant son entrée en<br />

vigueur, le 1 er janvier 2021.<br />

Texte : Matteo Antonini<br />

Photo : <strong>syndicom</strong><br />

Au terme de 18 mois de préparation<br />

(de la première enquête à la dernière<br />

date de négociation), la nouvelle<br />

convention collective de travail<br />

de La Poste est enfin prête. Elle a été<br />

ratifiée fin avril 2020 par les organes<br />

de <strong>syndicom</strong> et entrera en vigueur le<br />

1 er janvier 2021.<br />

Entre-temps, le monde et La<br />

Poste Suisse ont été frappés par<br />

l’état d’urgence lié au COVID-19, et<br />

le géant jaune a annoncé, mi-mai,<br />

une réforme complète de son organisation.<br />

Le nouveau contrat de travail<br />

s’applique également dans son<br />

intégralité aux nouvelles unités du<br />

groupe Poste CH SA, PN SA, Services<br />

de logistique SA et Services de communication.<br />

La nouvelle structure<br />

contractuelle prévoit également un<br />

toit commun pour les grandes unités<br />

du groupe de La Poste Suisse<br />

comme CarPostal ou PostFinance.<br />

Cette partie régit l’accès des syndicats<br />

aux lieux de travail, les relations<br />

entre les partenaires sociaux et le<br />

degré de participation de <strong>syndicom</strong><br />

dans les unités du groupe.<br />

Le plan social, négocié séparément,<br />

est un autre volet important de<br />

la convention collective de travail :<br />

il prévoit une nouvelle partie pour<br />

l’orientation professionnelle et la formation<br />

et maintient la garantie de<br />

l’emploi de sept ans, avec une clause<br />

transitoire pour la génération des<br />

« baby boomers » en cas de restructuration.<br />

La retraite est désormais<br />

volontaire et non plus contraignante.<br />

Les dépenses d’investissement destinées<br />

à soutenir la rente transitoire<br />

sont maintenues à un niveau élevé,<br />

tout comme les éventuels financements<br />

compensatoires. La convention<br />

collective de travail de La Poste<br />

Suisse, sa CCT faîtière et le plan social<br />

créent une base pour les négociations<br />

sur les conventions collectives<br />

de travail de PostFinance (voir l’encadré<br />

de David Roth) et de CarPostal.<br />

Méthode participative<br />

Outre le résultat global, qui ne devrait<br />

pas se dégrader, nous sommes<br />

particulièrement fiers du processus<br />

de ratification. La large majorité obtenue<br />

ne fait que couronner le résultat<br />

final. J’aimerais, à cet égard,<br />

remercier les représentants de la<br />

délégation chargée de négocier qui<br />

ont fait preuve d’un grand engagement<br />

avant et pendant les négociations.<br />

Je suis également très satisfait<br />

de la participation de mes collègues<br />

en postes qui, tout au long de cette<br />

période, nous ont permis d’orienter<br />

les négociations en répondant à nos<br />

enquêtes. Cette méthode participative<br />

marque un tournant et s’imposera.<br />

Triste constat : la participation<br />

lors de la ratification consultative a<br />

été inférieure aux attentes. Mais<br />

quels résultats découvrirez-vous à<br />

partir du 1 er janvier, quels seront les<br />

principaux changements ? Vous<br />

trouverez ici un bref aperçu des nouveautés<br />

contractuelles.<br />

Plus de droits pour les travailleurs à<br />

temps partiel et plus de protection<br />

L’amélioration de la prime de fidélité est une des revendications satisfaites par la nouvelle CCT.<br />

Souvent utilisés à tort comme du<br />

personnel flexible, les travailleurs à


Les quatre semaines de congé de paternité et le congé de prise en charge des proches pour les parents<br />

constituent des avancées sociales qui font figure de modèle pour d’autres secteurs. D’autres améliorations<br />

touchent la protection des travailleurs qui s’engagent pour leurs collègues, les employés à temps<br />

partiel et la compensation des heures supplémentaires. Pour la première fois, la CCT s’applique aussi<br />

aux temporaires et aux sous-traitants.<br />

23<br />

temps partiel (taux d’occupation inférieur<br />

à 90 %) obtiennent, s’ils le<br />

souhaitent, plus de droits et de jours<br />

de congé fixes. Ce nouveau modèle<br />

conduira à un système de planification<br />

du travail davantage axé sur la<br />

participation et la compensation,<br />

prenant ainsi en compte les différents<br />

besoins des employés et de<br />

l’entreprise.<br />

Grâce à l’introduction de deux<br />

dates annuelles pour le règlement<br />

des heures supplémentaires, tous<br />

les employés seront en mesure, indépendamment<br />

du taux d’occupation,<br />

de planifier plus facilement la<br />

compensation de 50 % de ces<br />

heures. En bref, la flexibilité est également<br />

attendue de la part de l’entreprise,<br />

et plus uniquement de la<br />

part des salariés. Un autre droit important<br />

que nous avons pu mettre<br />

en application est la reconnaissance<br />

du travail des employés par le doublement<br />

des primes de fidélité après<br />

20 années de service. La nouvelle<br />

convention collective de travail<br />

place clairement le droit de s’impliquer<br />

dans l’entreprise comme un pilier<br />

de la relation entre l’employeur<br />

et le salarié.<br />

Ces progrès comprennent une<br />

composante supplémentaire essentielle,<br />

à savoir la protection contre le<br />

licenciement pour raisons économiques.<br />

Ce droit est désormais ancré<br />

non seulement pour les<br />

membres des comités d’entreprise,<br />

mais aussi pour les membres des organes<br />

de base de <strong>syndicom</strong> au niveau<br />

national, protégeant ainsi ceux<br />

qui s’exposent dans l’intérêt du bien<br />

commun.<br />

Congé parental flexible<br />

La séparation entre la vie professionnelle<br />

et la vie privée est inscrite<br />

dans la nouvelle convention collective<br />

de travail. Cette composante<br />

concerne principalement (mais pas<br />

uniquement) les personnes qui travaillent<br />

au bureau ou sur des projets<br />

et qui disposent désormais d’un<br />

droit à la déconnexion. Du côté des<br />

jeunes employés, les congés de maternité<br />

et de paternité échangeables<br />

et le congé parental flexible font de<br />

La Poste un employeur moderne.<br />

Dans ce contexte, toutes les questions<br />

relatives à l’égalité et la<br />

non-discrimination ont également<br />

été complètement reformulées (lire<br />

l’article de Patrizia Mordini à ce sujet<br />

en page 21) et trouvent leur<br />

propre place dans la convention.<br />

Aussi pour les temporaires et<br />

sous-traitants<br />

Les coûts des primes de l’assurance<br />

maladie doivent enfin être considérés<br />

comme un élément fondamental<br />

des négociations salariales. Pour<br />

conclure, la nouvelle convention<br />

collective de travail s’applique non<br />

seulement aux employés de La<br />

Poste, mais aussi au personnel temporaire<br />

et aux sous-traitants. Elle<br />

offre en effet aux salariés prêtés par<br />

des entreprises tierces plus de<br />

droits et de garanties quant à leur<br />

avenir professionnel. Pour la première<br />

fois, La Poste fixera des salaires<br />

minimums pour les employés<br />

des sous-traitants et assumera également<br />

sa responsabilité à ce niveau.<br />

Je voudrais conclure ce bref<br />

aperçu, qui n’est certainement pas<br />

exhaustif, en soulignant qu’à l’avenir,<br />

la cotisation de solidarité sera<br />

calculée proportionnellement au salaire<br />

et sera donc plus solidaire. Il<br />

est de notre devoir de profiter de ce<br />

renouvellement de convention pour<br />

renforcer la position du syndicat au<br />

sein de La Poste et d’utiliser les nouvelles<br />

possibilités contractuelles<br />

pour offrir davantage de formation<br />

professionnelle (avec les cours Movendo)<br />

et en améliorer la mise en<br />

œuvre. C’est le prochain grand défi<br />

que nous devrons relever. Le fait que<br />

nous puissions vous présenter personnellement<br />

la nouvelle convention<br />

sur votre lieu de travail et/ou<br />

dans le cadre de certains cours nous<br />

motive pour le reste de l’année.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/cctposte2021<br />

Rémunération<br />

à la<br />

performance :<br />

<strong>syndicom</strong> doit<br />

être entendu<br />

Les négociations sur la CCT Poste<br />

CH à peine terminées, voilà déjà<br />

les négociations suivantes. Il est<br />

important de souligner que les<br />

préoccupations des employé(e)s<br />

de PostFinance avaient déjà fait<br />

partie des négociations de la CCT<br />

Poste CH. Un exemple : dans<br />

aucun autre domaine du groupe<br />

Poste, la disponibilité permanente<br />

n’a été jugée si stressante<br />

que par les employés de PostFinance.<br />

L’ancrage du droit à ne pas<br />

être disponible a donc aussi fait<br />

l’objet des négociations menées<br />

sur la CCT Poste CH. Car dès le<br />

début, il a été clair que ces deux<br />

CCT se développeront en parallèle<br />

et que nous pourrons reprendre<br />

plusieurs éléments de la CCT<br />

Poste CH. Dès lors, les nombreuses<br />

améliorations obtenues<br />

profitent également aux<br />

employé(e)s de PostFinance.<br />

Par ailleurs, PostFinance veut<br />

réviser le système concernant la<br />

rémunération basée sur la performance<br />

dans la vente. Nous avons<br />

convenu que <strong>syndicom</strong> soit entendu<br />

au sujet de cette révision et<br />

qu’il puisse se prononcer avant<br />

son introduction. Nous donnerons<br />

aux personnes concernées la<br />

possibilité de participer à cette<br />

décision.<br />

Les employé(e)s classé(e)s<br />

dans l’échelon de fonction 10<br />

peuvent désormais travailler à<br />

nouveau sous le régime de la CCT.<br />

En 2021, ils recevront une proposition<br />

en ce sens.<br />

Lors du vote consultatif auprès<br />

des membres, l’écrasante<br />

majorité a accepté le résultat. Par<br />

la suite, les délégués l’ont eux aussi<br />

adopté à l’unanimité. Le 15 mai,<br />

le conseil d’administration de<br />

PostFinance a également donné<br />

son accord. Ainsi, la CCT entrera<br />

en vigueur dès le 1 er janvier 2021.<br />

David Roth


24<br />

Large appel des femmes aux<br />

responsables politiques<br />

Un an après la grève des<br />

femmes*, une alliance de<br />

près de 70 organisations de<br />

femmes a lancé un appel aux<br />

responsables politiques lors<br />

de la crise du coronavirus.<br />

Nous voulons participer à la<br />

table des négociations.<br />

Voici nos revendications.<br />

Texte : Patrizia Mordini<br />

Responsable de l’Egalité,<br />

membre du comité directeur<br />

Photo : <strong>syndicom</strong><br />

Il y a un an, nous nous sommes battus<br />

pour les droits des femmes et<br />

l’égalité avec des affiches colorées,<br />

des vêtements violets, des pin’s et<br />

des foulards et ce, avec un demimillion<br />

de femmes* et d’hommes<br />

solidaires. Nos revendications <strong>syndicom</strong><br />

: égalité salariale et salaires<br />

équitables pour toutes, des règles<br />

adaptées en matière de garde<br />

d’enfants, un congé de paternité<br />

pro longé et des dispositions claires<br />

instituant une tolérance zéro concernant<br />

les agressions sexuelles au<br />

travail !<br />

Les femmes font fonctionner<br />

le système<br />

Le 14 juin 2019 est entré dans l’histoire<br />

comme la plus grande manifestation<br />

de Suisse. Nous commémorons<br />

aujourd’hui cette date et le<br />

monde a complètement changé. Les<br />

grandes manifestations sont impossibles.<br />

Les femmes jouent un rôle essentiel<br />

dans la crise du coronavirus,<br />

en faisant plus que jamais fonctionner<br />

le système. Elles ont une « importance<br />

systémique ». Ne l’avons-nous<br />

pas toujours su ? La garde des enfants<br />

et la prise en charge des<br />

proches, le home schooling, le travail<br />

domestique et l’activité professionnelle<br />

en télétravail à domicile caractérisent<br />

une nouvelle forme étendue<br />

du cumul des charges déjà bien<br />

connu des femmes*. Les femmes<br />

présentes sur le terrain dans les<br />

crèches et les écoles, dans les<br />

hôpitaux et dans la vente, dans les<br />

centres de tri et au guichet postal ont<br />

maintenu et continuent de maintenir<br />

le mandat de desserte de base.<br />

Néanmoins, un an après la<br />

grève des femmes*, ces revendications<br />

risquent d’être reléguées à<br />

l’arrière-plan. Nous avons appris<br />

des crises et récessions précédentes<br />

que les prestations du service public,<br />

telles que le système de santé,<br />

l’éducation, la garde d’enfants et<br />

les soins aux personnes âgées, sont<br />

souvent réduits et que de grands pas<br />

en arrière, appelés « backlash », se<br />

sont produits dans le domaine de<br />

l’égalité. Le financement de telles<br />

crises a eu lieu sur le dos des<br />

femmes*.<br />

« Conseil fédéral et Parlement,<br />

n’oubliez pas les femmes ! »<br />

Afin d’éviter que l’histoire ne se répète,<br />

une large alliance d’organisations<br />

de femmes* s’est réunie et a<br />

formulé un appel urgent, qui représente<br />

le dénominateur commun des<br />

organisations les plus diverses.<br />

Les femmes socialistes, les organisations<br />

faîtières de femmes telles<br />

qu’Alliance F, la Ligue des femmes<br />

catholiques, divers collectifs de la<br />

grève des femmes*, l’Association<br />

Business & Professional Women<br />

(BPW) et <strong>syndicom</strong> en sont les<br />

auteurs.<br />

Cette alliance regroupe aujourd’hui<br />

près de 70 organisations et représente<br />

des millions de femmes* !<br />

L’appel urgent est adressé au<br />

Conseil fédéral et au Parlement et<br />

leur a été remis le 30 mai, car ce<br />

sont eux qui décident du soutien<br />

financier à apporter dans la crise du<br />

coronavirus.<br />

Les revendications sont les<br />

suivantes :<br />

1. Nous voulons participer à la table<br />

des négociations !<br />

2. Les mesures de relance de l’économie<br />

doivent tenir compte de la situation<br />

réelle de toutes les femmes*<br />

en Suisse (notamment par le gender<br />

budgeting, l’égalité salariale).<br />

3. L’équilibre travail-vie privée doit<br />

être assuré (en établissant une politique<br />

familiale moderne).<br />

4. Les conditions de travail dans les<br />

emplois d’importance systémique<br />

doivent être améliorées (notamment<br />

les augmentations de salaire<br />

dans le secteur des soins, des<br />

crèches, de la vente).<br />

5. Des mesures contre la violence à<br />

l’égard des femmes* (développement<br />

des centres de conseil, des<br />

foyers pour femmes*).<br />

6. Un soutien spécifique est nécessaire<br />

pour les migrantes*, car elles<br />

supportent doublement les coûts de<br />

la crise.<br />

7. Le financement de la crise ne doit<br />

pas se faire sur le dos des femmes*<br />

(entre autres pas de réduction du<br />

service public).<br />

Que va-t-il se passer à présent ?<br />

L’alliance poursuivra la campagne<br />

et la diffusion de l’appel et le fera<br />

connaître en ligne, pour que ces<br />

revendications ne puissent être<br />

ignorées lors des décisions prises<br />

dans la capitale fédérale !<br />

L’appel complet sur <strong>syndicom</strong>.ch/frauen/


Droit au but !<br />

25<br />

L’apprentissage au temps du coronavirus :<br />

Je suis formée en tant que polygraphe CFC<br />

dans une entreprise de médias et vais terminer<br />

ma formation cette année. En raison<br />

du coronavirus, le travail s’est compliqué<br />

ces dernières semaines. Au début de la<br />

pandémie, j’ai dû travailler en partie à domicile.<br />

Puis le travail est venu à manquer,<br />

et l’entreprise a annoncé le chômage<br />

partiel – également pour les apprenti(e)s.<br />

Je crains que la qualité de la formation en<br />

souffre et que je rate l’examen final.<br />

Les discussions vont actuellement bon<br />

train sur les examens à venir et j’ai des<br />

doutes. Dans quels domaines dois-je<br />

passer un travail d’examen ? Qu’est-ce qui<br />

s’applique ensuite ?<br />

Ai-je droit à un certificat de travail après<br />

l’achèvement de la formation et peut-il<br />

contenir des indications selon lesquelles<br />

j’ai terminé ma formation durant l’année de<br />

la pandémie du coronavirus ?<br />

La réponse du service juridique de <strong>syndicom</strong> :<br />

En droit du travail, le contrat d’apprentissage est un<br />

contrat de travail individuel assorti de quelques particularités.<br />

Ce n’est par exemple pas le salaire qui prévaut,<br />

mais la formation professionnelle. Même en période de<br />

pandémie, l’employeur doit remplir ses obligations<br />

contractuelles. Il doit entreprendre tout son possible pour<br />

satisfaire à son obligation de former les apprenti(e)s de<br />

manière appropriée. Il doit donc prendre des mesures de<br />

soutien. Parles-en à ton/ta responsable de formation afin<br />

que les lacunes puissent être comblées par des exercices<br />

pratiques.<br />

Le travail d’examen pratique prévu pour la profession de<br />

polygraphe CFC est annulé dans toute la Suisse. La procédure<br />

de qualification pratique est remplacée par une<br />

grille d’évaluation uniforme, spécifique à la profession, et<br />

complétée par l’entreprise formatrice. La partie théorique<br />

de l’examen, l’examen portant sur les connaissances<br />

professionnelles, est supprimée. Au lieu de cette note<br />

d’examen, ce sont les notes semestrielles obtenues à la<br />

fin du premier semestre 2019/2020 qui comptent et sont<br />

incluses dans l’évaluation globale. Quant aux examens<br />

des branches de culture générale, ils n’ont pas lieu non<br />

plus. Ici aussi, les notes obtenues jusqu’à la fin du premier<br />

semestre s’appliquent. Le travail personnel d’approfondissement<br />

est en général terminé. La note pour<br />

l’enseignement de la culture générale se compose pour<br />

moitié du travail personnel d’approfondissement, et pour<br />

l’autre moitié de la note d’expérience (1 er -7 e semestre).<br />

L’entreprise formatrice doit délivrer un certificat de travail<br />

ou une attestation de travail après l’achèvement de la<br />

formation de base. L’attestation de travail donne uniquement<br />

des indications sur la durée de l’engagement et la<br />

fonction. C’est pourquoi un certificat de travail est préférable.<br />

Il doit contenir les données personnelles de l’employé(e),<br />

le nom et l’adresse de l’entreprise, la durée de<br />

l’engagement, une description complète des tâches et des<br />

obligations, ainsi qu’une évaluation des compétences,<br />

des prestations de travail, du comportement au sein de<br />

l’équipe et vis-à-vis des supérieu(e)s hiérarchiques.<br />

L’employeur doit rédiger le certificat de manière véridique<br />

mais bienveillante. Le certificat ne doit contenir<br />

aucun message caché ni aucune information sur la santé,<br />

les absences et la vie privée. Par conséquent, aucune<br />

référence à la pandémie. Si tu n’es pas d’accord avec le<br />

certificat, tu peux demander une correction. <strong>syndicom</strong> te<br />

soutiendra volontiers dans cette démarche.<br />

<strong>syndicom</strong>.ch/droitaubut


26 Loisirs<br />

Suggestions<br />

La formation continue<br />

reprend dès le 8 juin<br />

Depuis la mi-mars, Movendo, l’institut<br />

de formation des syndicats, n’a<br />

pas pu organiser de cours en présentiel<br />

en raison des mesures liées à la<br />

pandémie de COVID-19. Les dernières<br />

semaines ont été marquées<br />

par des annulations et des reports.<br />

Aussi, nous nous réjouissons de<br />

pouvoir reprendre notre programme<br />

dès le 8 juin. Nous respecterons<br />

scrupuleusement les règles d’hygiène<br />

et de distance selon le concept<br />

de protection de l’Organisation<br />

faîtière de la formation continue<br />

(FSEA).<br />

Pendant la période de confinement,<br />

nous avons pu organiser<br />

quelques formations en ligne.<br />

Toutefois, beaucoup de personnes<br />

ont dû renoncer au cours Movendo<br />

qu’elles avaient réservé. Nous voulons<br />

donner au plus grand nombre<br />

d’entre vous la possibilité d’un remplacement<br />

et organisons des cours<br />

supplémentaires cette année et l’année<br />

prochaine. Les participant(e)s<br />

seront contacté(e)s dès que possible.<br />

D’autre part, les inscriptions à<br />

l’ensemble de nos cours 2020 se<br />

poursuivent. Nous nous réjouissons<br />

de les recevoir !<br />

Michael Herzka et Emiliana Della<br />

Torre, Direction de l’institut<br />

Prochains cours organisés : « J’organise<br />

mes projets et je prends des<br />

notes de façon efficace », un cours<br />

Helias mis sur pied le 2 septembre à<br />

l’Ecole-club Migros de Fribourg,<br />

gratuit pour la catégorie 1, et « Qui<br />

gouverne en Suisse ? Comprendre<br />

les enjeux politiques », un cours<br />

Movendo sur le fonctionnement des<br />

institutions politiques et l’influence<br />

des syndicats avec Jean Christophe<br />

Schwaab. Il sera organisé du 3 au<br />

4 septembre à Chexbres, Hotel<br />

Préalpina.<br />

https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/service-desmembres/offresdeformation/<br />

Nous, un livre photo<br />

retraçant la grève des<br />

femmes<br />

Le 14 juin 2019, plus d’un demimillion<br />

de personnes ont manifesté<br />

dans les rues du pays pour réclamer<br />

plus d’égalité. A Berne, la photographe<br />

Yoshiko Kusano a une idée :<br />

réunir ses collègues photographes<br />

femmes pour documenter cette<br />

journée. Avec enthousiasme, un<br />

collectif de 32 professionnelles se<br />

forme sur l’ensemble du territoire<br />

suisse. Lidée est de mettre à disposition<br />

des médias les photos prises<br />

par les femmes par le biais de<br />

l’agence de presse freshfocus.swiss.<br />

Malheureusement, peu de ces<br />

images ont été publiées. Ce livre<br />

répare en quelque sorte ce défaut<br />

en donnant à voir des dizaines d’actions<br />

à travers le pays, des moments<br />

de complicité et de révolte, des<br />

situations inédites et beaucoup<br />

d’inventivité.<br />

Intitulé Nous. Au cæur de la grève<br />

féministe, cet ouvrage illustre des<br />

scènes mémorables, comme ces<br />

deux femmes âgées manifestant<br />

dans un petit village de l’Oberland<br />

zurichois avec la banderole : « Egalité<br />

des droits. Point. Amen. » Il comporte<br />

83 photographies de la grève<br />

et rappelle les revendications que la<br />

situation actuelle a rendu encore<br />

plus cruciales : plus d’argent pour<br />

les soins, pour la garde des enfants,<br />

plus de reconnaissance du travail<br />

accompli par les femmes et moins<br />

d’inégalités dans le domaine professionnel<br />

et la société. Ce 14 juin restera<br />

une date historique par la force<br />

de mobilisation démontrée par les<br />

manifestantes, dont ces images sont<br />

le reflet. Sous le titre Wir, le livre est<br />

également publié en allemand par<br />

les Editions Christoph Merian.<br />

Ed.Frauenstreikfotografinnen, juin<br />

2020, 140 pages, 34 francs<br />

https://wir-nous.ch/<br />

© DR<br />

Le Festival de Locarno<br />

se fera en ligne<br />

Le coronavirus a constitué un<br />

énorme laboratoire économique et<br />

social dans tous les secteurs – du<br />

monde du travail à la vie quotidienne.<br />

Même les festivals de cinéma<br />

ont dû se réinventer sur la Toile.<br />

L’édition 2020 du Festival de Locarno<br />

se déroulera en ligne. La compétition<br />

est dédiée aux films interrompus<br />

en raison de la pandémie, qui a<br />

mis en difficulté de nombreux professionnel(le)s<br />

du secteur. Les sections<br />

Pardi di domani et les Open<br />

Doors – sur les productions de films<br />

des pays du Sud – se tiendront eux<br />

aussi sous différentes formes. Après<br />

l’été (et, espérons-le, une fois le coronavirus<br />

disparu), le Film Festival<br />

Diritti Umani Lugano (FFDUL – Festival<br />

du film des droits de l’homme)<br />

aura bel et bien lieu du 14 au 18 octobre.<br />

Pour l’occasion, on pourra<br />

voir, en salle, quelques films de la<br />

dernière édition du Festival du film<br />

et forum international sur les droits<br />

humains de Genève, qui a été diffusé<br />

uniquement en ligne à cause de<br />

la crise sanitaire. Le FFDUL, avec<br />

lequel <strong>syndicom</strong> collabore depuis<br />

plusieurs années, a en outre été le<br />

protagoniste d’une initiative à but<br />

caritatif qui mériterait d’être imitée<br />

par d’autres festivals. Ces derniers<br />

mois, en collaboration avec plusieurs<br />

distributeurs cinématographiques,<br />

le FFDUL a proposé en<br />

ligne quelques-uns des films sélectionnés<br />

(et primés, comme Eldorado<br />

sur la photo) lors des précédentes<br />

éditions. Les fonds sont alloués à<br />

Casa Astra, un centre d’accueil à<br />

Mendrisio, qui héberge des personnes<br />

sans domicile fixe depuis<br />

plusieurs années. (GioVi)<br />

Festival de Locarno : pardo.ch<br />

FFDUL : festivaldirittiumani.ch<br />

© Frenetic Films


1000 mots<br />

Ruedi Widmer<br />

27


28 Evènements En mai 2020, <strong>syndicom</strong> était présent avec les participants des débats en ligne du<br />

1 er mai, par des banderoles ou en soutenant les manifestants, avec les chauffeurs<br />

pétitionnaires de Winkel et Embrach et en ligne avec le comité Ticino e Moesano.<br />

2<br />

1<br />

3<br />

4<br />

5


1. Le débat du 1 er mai sur les indépendants a réuni le photographe<br />

indépendant Markus Forte, Michael Moser, secrétaire central<br />

<strong>syndicom</strong>, et l’illustratrice indépendante Rina Jost. Il était animé par<br />

Lena Allenspach, responsable suppléante de la communication<br />

<strong>syndicom</strong>. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

2. Le débat sur la politique du personnel de Swisscom et les droits de<br />

participation réunissait Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC,<br />

et Hans Werner, CPO Swisscom. Il était animé par Miriam Berger,<br />

secrétaire centrale <strong>syndicom</strong>. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

3. Les employées de maison ont réclamé des salaires dignes à Genève lors<br />

du 1 er mai. (© Eric Roset)<br />

4. A Lucerne, de petits groupes ont manifesté le 1 er mai en gardant la<br />

distance nécessaire, comme ces membres d’un groupe chrétien.<br />

(© Urs Häner)<br />

5. A Genève, les banderoles réclamaient la protection des<br />

travailleurs contre le coronavirus. (© Demir Sönmez)<br />

6. Les chauffeurs de CarPostal de Winkel et Embrach ont lancé une<br />

pétition pour réclamer le paiement des frais et suppléments de<br />

salaires dûs. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

7. Le troisième débat de <strong>syndicom</strong> portait sur les coursiers à vélo et<br />

l’action de <strong>syndicom</strong>. Participaient David Roth, secrétaire central<br />

<strong>syndicom</strong> et Gilles Rosset, coprésident du comité de la branche<br />

Coursiers. Il était aussi animé par Lena Allenspach. (© <strong>syndicom</strong>)<br />

8. L’Union syndicale bernoise a réclamé plus de solidarité sur la place<br />

Fédérale. (© GSB)<br />

9. Le 6 mai, la réunion du comité Ticino e Moesano s’est faite en ligne.<br />

(© <strong>syndicom</strong>)<br />

29<br />

6<br />

7<br />

8<br />

9


30<br />

Tranches<br />

de vie<br />

Martin Beu : un bon réseautage est la<br />

base d’un travail syndical réussi<br />

Martin Beu est né en 1969 à Rüti (ZH)<br />

et y a grandi. Après son apprentissage<br />

d’employé postal en uniforme, au cours<br />

duquel il a notamment travaillé dans la<br />

Langstrasse à Zurich, il a suivi un apprentissage<br />

d’électricien. Plusieurs séjours<br />

linguistiques, une visite à l’école<br />

de commerce et une formation continue<br />

en finance et comptabilité ont<br />

suivi. Martin vit aujourd’hui à Hinwil<br />

avec sa compagne Sandra et leurs<br />

deux chiens et deux chats. En plus de<br />

son travail en tant que distributeur de<br />

journaux chez Presto, il travaille à plein<br />

temps dans le département de comptabilité<br />

financière d’un groupe japonais<br />

basé à Zurich. Depuis dix ans, il est<br />

membre de <strong>syndicom</strong>, président de<br />

la commission du personnel et<br />

coprésident du comité d’entreprise<br />

de Presto.<br />

« J’aime m’engager<br />

pour mes collègues. »<br />

Je suis une personne pleine d’humour,<br />

ouverte et serviable qui prend<br />

ses semblables comme ils sont. C’est<br />

pourquoi il m’est très naturel de défendre<br />

les préoccupations des syndicats.<br />

En tant que président de la<br />

commission du personnel de Presto<br />

à Wetzikon, j’aime m’engager pour<br />

mes collègues.<br />

Le réseautage est essentiel, ce qui<br />

n’est pas si facile chez Presto :<br />

nous, en tant que distributeurs, ne<br />

sommes jamais sur notre site. Nous<br />

récupérons les journaux et <strong>magazine</strong>s<br />

tôt le matin aux dépôts, qui<br />

se comptent par centaines. Il est<br />

donc presque impossible de prendre<br />

contact avec les collègues d’autres<br />

dépôts.<br />

C’était difficile au début. Grâce à<br />

mes engagements dans différents<br />

clubs et institutions, j’ai pu nouer<br />

quelques contacts en privé. Etant<br />

donné que mon frère et sa compagne<br />

sont également distributeurs de journaux,<br />

j’ai pu élargir constamment<br />

mes contacts.<br />

Ma compagne me soutient également<br />

beaucoup en parlant ouvertement<br />

de mon engagement syndical<br />

dans son cercle d’amis. Elle revient<br />

donc toujours à la maison avec de<br />

nouveaux numéros de téléphone,<br />

avec des demandes de contact. Grâce<br />

aux brunchs pour les distributeurs<br />

que nous organisons avec <strong>syndicom</strong>,<br />

j’ai réussi à tisser des liens avec de<br />

nombreux collègues.<br />

Avec persévérance, j’ai construit<br />

et cultivé mon réseau de contacts<br />

au cours des dernières années.<br />

Aujourd’hui, je peux dire que non<br />

seulement j’ai un large réseau de<br />

contacts sur mon site, mais je<br />

connais également des distributeurs<br />

et distributrices des six sites Presto.<br />

Je suis en contact régulier avec<br />

toutes les commissions du personnel.<br />

A l’aide de WhatsApp et d’un<br />

groupe Facebook fermé que j’ai moimême<br />

créé pour les distributeurs et<br />

distributrices Presto, je favorise<br />

l’échange d’informations et d’expériences<br />

entre les distributeurs et<br />

entre les sites. Je suis actuellement<br />

en train de créer un site web pour les<br />

commissions du personnel afin que<br />

nos collègues de travail aient à tout<br />

moment nos coordonnées à portée<br />

de main.<br />

Tout cela coûte du temps, que je<br />

prends volontiers. Pour les négociations<br />

sur le renouvellement de la<br />

CCT Presto, j’ai utilisé des congés et<br />

des heures supplémentaires pris sur<br />

mon emploi principal. C’était une<br />

évidence pour moi.<br />

C’est pourquoi je souhaite remercier<br />

ma compagne Sandra. Soutenir<br />

cela et aider activement ne va pas de<br />

soi. Merci chérie !<br />

Texte : Sheila Winkler<br />

Photo : Alexander Egger<br />

Accès au groupe Facebook Distributeurs de<br />

journaux Presto Suisse ? Inscris-toi à l’adresse<br />

logistik@<strong>syndicom</strong>.ch


Mots-croisés Impressum Syndicom juin 2020<br />

Rédaction : Sylvie Fischer, Giovanni Valerio<br />

Changements d’adresse : <strong>syndicom</strong>, gestion<br />

Editeur : <strong>syndicom</strong> – syndicat des médias<br />

Courriel : redaction@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

des adresses, Monbijoustrasse 33, case postale, et de la communication, Monbijoustr. 33,<br />

Traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser 3001 Berne. Tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 case postale, 3001 Berne<br />

Illustrations, dessins de portrait : Katja Leudolph Annonces : priska.zuercher@<strong>syndicom</strong>.ch<br />

Mot Images mystère sans : © : mises à disposition<br />

Commande d’abonnements : info@<strong>syndicom</strong>.ch Le <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> paraît six fois par an.<br />

Layout, correction, imprimerie : Stämpfli AG,<br />

Le prix de l’abonnement est inclus dans la cotisation Le numéro 18 paraîtra le 4 septembre 2020.<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21<br />

Wölflistrasse 1, 3001 Berne<br />

22 23<br />

I<br />

II<br />

III<br />

IV<br />

juin 2020<br />

V<br />

VI<br />

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

4 13 7<br />

11 10<br />

2 3<br />

VII<br />

5 6 7 8 9 12 10 11 12 1314<br />

14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23<br />

de membre. Non-membres : Fr. 50.– (Suisse),<br />

Fr. 70.– (étranger)<br />

8<br />

Délai rédactionnel pour le prochain numéro :<br />

le 27 juillet 2020.<br />

DÉFINITIONS<br />

Horizontalement : I. Tête à queue. Ultime<br />

assurance. II. Très recherché. Premier.<br />

C-à-d. III. Cuite annuelle. Connu. Admets.<br />

IV. Morales. Petit matin. Rembourses. V.<br />

Payé en amour. 576 m. VI. Déambulons.<br />

Avec ou sans fil. VII. Attachas. Bouton<br />

pression. Dans un cercle, de la traversée au<br />

tour. Précède le moment. VIII. Reçue.<br />

Raisonnables. IX. Aigrefin. Guide. Demisommeil.<br />

X. Voies. Assemblées.<br />

Verticalement : 1. Pré carré. Un des trois<br />

suisses à la retraite. 2. Reluquer.<br />

Inconscient. 3. Sous le matelas. 4. Presque<br />

drôle. Oui. Distribues. 5. Calibré. Appel.<br />

Oxymore sur la rose. 6. Petit pontife.<br />

Allégea. Avant moi. 7. Otto de la retraite. 8.<br />

Pompette. Atome divin. Trente centimètres.<br />

9. Top départ ! Joints botaniques. 10. Tas.<br />

Le reste. 11. On s'en lave les mains. Tient<br />

sur Les la mots route croisés comme au ventre. 12. Faisais<br />

VIII<br />

7 8 9 10 11 12 13 14 15<br />

DÉFINITIONS<br />

IX<br />

15 6 1 Horizontalement : I. Tête à queue. Ultime<br />

Mots-croisés<br />

X<br />

Syndicom juin 2020 assurance. II. Très recherché. Premier.<br />

13 7<br />

C-à-d. 9 III. Cuite annuelle. Connu. 5 Admets.<br />

comme les grands ducs. 13. Vieille clé. Fut<br />

IV. Morales. Petit matin. Rembourses. V.<br />

Le·la gagnant·e, dont le nom paraîtra<br />

chaud. 14. Ennemie de Corneille. 15.<br />

Payé en amour. 576 m. VI. Déambulons. dans le prochain <strong>magazine</strong>, recevra un<br />

Période. Spécialiste.<br />

Mot mystère :<br />

Avec ou sans fil. VII. Attachas. Bouton bon coop de 40 francs, offert par notre<br />

10<br />

1 2 3 4 5 6 7 pression. 8 9 Dans 10 un cercle, 11 12 de la 13 traversée 14 15 au 16 partenaire 17 18 Coop. 19 Prière 20 21 d’envoyer 22 23 votre<br />

tour. Précède le moment. VIII. Reçue. solution (le mot-mystère seulement)<br />

3<br />

Raisonnables. IX. Aigrefin. Guide.<br />

DÉFINITIONS<br />

Demisommeil.<br />

9 10 X. 11 Voies. 12 Assemblées.<br />

13 14 15<br />

DÉFINITIONS 1 2 3 4 5 6 7 8<br />

jusqu’au 27 juillet 2020 à Rédaction<br />

15<br />

8<br />

<strong>syndicom</strong>, Monbijoustrasse 33,<br />

Horizontalement : I. Tête à queue. Ultime<br />

Horizontalement I<br />

: I. Tête à queue. Ultime Verticalement : 1. Pré carré. Un des assurance. trois case II. Très postale, recherché. 3001 Berne, Premier. ou par mail :<br />

4 13 7<br />

assurance. II. Très recherché. Premier. suisses à la retraite. 2. Reluquer. C-à-d. III. admin@<strong>syndicom</strong>.ch.<br />

Cuite annuelle. Connu. Admets.<br />

C-à-d. II III. Cuite annuelle. Connu. Admets. Inconscient. 3. Sous le matelas. 4. Presque IV. Morales. Petit matin. Rembourses. V.<br />

IV. Morales. Petit matin. Rembourses. V.<br />

Payé en amour. 576 m. VI. Déambulons.<br />

14<br />

drôle. Oui. Distribues. 5. Calibré. Appel.<br />

Payé<br />

III<br />

en amour. 576 m. VI. Déambulons.<br />

Avec ou sans Le gagnant fil. VII. du Attachas. dernier Bouton mots croisés<br />

Oxymore sur la rose. 6. Petit pontife.<br />

11 10<br />

Avec ou sans fil. VII. Attachas. Bouton Allégea. Avant moi. 7. Otto de la retraite. pression. 8. Dans La solution un cercle, du de mots la traversée croisés au du<br />

10<br />

pression.<br />

IV<br />

Dans un cercle, de la traversée au<br />

tour. Précède le moment. VIII. Reçue.<br />

Pompette. Atome divin. Trente centimètres. <strong>magazine</strong> <strong>syndicom</strong> 16/2020 était<br />

2 3<br />

Raisonnables. IX. Aigrefin. Guide. Demisommeil.<br />

X. « salaire Voies. Assemblées. minimal ».<br />

tour. Précède le moment. VIII. Reçue. 9. Top départ ! Joints botaniques. 10. Tas.<br />

V 1<br />

Raisonnables. IX. Aigrefin. Guide. Demisommeil.<br />

X. Voies. Assemblées.<br />

sur la route comme au ventre. 12. Faisais Verticalement : 1. Pré carré. Un des trois<br />

Le reste. 11. On s'en lave les mains. Tient<br />

8<br />

Le gagnant est Monsieur Jacques Borella<br />

VI 9 5<br />

à Sion. Il recevra une Hotelcard de notre<br />

comme les grands ducs. 13. Vieille clé. suisses Fut à la retraite. 2. Reluquer.<br />

Verticalement : 1. Pré carré. Un des trois chaud. 14. Ennemie de Corneille. Inconscient. 15. partenaire 3. Sous le matelas. Hotelcard. 4. Presque<br />

VII<br />

suisses à la<br />

12<br />

retraite. 2. Reluquer.<br />

14 Période. Spécialiste.<br />

drôle. Oui. Chaleureuses Distribues. 5. félicitations Calibré. Appel. !<br />

Inconscient. 3. Sous le matelas. 4. Presque<br />

Oxymore sur la rose. 6. Petit pontife.<br />

VIII<br />

drôle. Oui. Distribues. 5. Calibré. Appel.<br />

Allégea. Avant moi. 7. Otto de la retraite. 8.<br />

Oxymore sur la rose. 6. Petit pontife.<br />

Pompette. Atome divin. Trente centimètres.<br />

IX<br />

Allégea.<br />

9. Top départ ! Joints botaniques. 10. Tas.<br />

15 Avant moi. 7. 6 Otto de la retraite. 8. 1<br />

Le reste. 11. On s'en lave les mains. Tient<br />

Pompette. Atome divin. Trente centimètres.<br />

X<br />

sur la route comme au ventre. 12. Faisais<br />

9. Top départ ! Joints botaniques. 10. Tas. 9 5<br />

comme les grands ducs. 13. Vieille clé. Fut<br />

Le Annonce reste. 11. On s'en lave les mains. Tient<br />

chaud. 14. Ennemie de Corneille. 15.<br />

sur la route comme au ventre. 12. Faisais<br />

Période. Spécialiste.<br />

comme les grands ducs. 13. Vieille clé. Fut<br />

chaud. 14. Ennemie de Corneille. 15.<br />

Période. Spécialiste.<br />

Affichez dès maintenant votre soutien à l’initiative :<br />

Commandez gratuitement<br />

un drapeau !<br />

31<br />

L’initiative pour des multinationales responsables<br />

vise une évidence : lorsque des multinationales comme<br />

Glencore empoisonnent des rivières ou expulsent des<br />

personnes de leurs terres, elles doivent répondre de<br />

leurs actes.<br />

www.initiative-multinationales.ch/drapeau


32 Interactifs<br />

<strong>syndicom</strong> social<br />

La vague du corona influence aussi<br />

la consommation des médias15.5.20<br />

En mars, pratiquement tous les médias<br />

en ligne ont enregistré des trafics<br />

historiquement élevés. Mais la consommation des<br />

médias a de nouveau baissé en avril, d’environ 20 % en<br />

moyenne. Seuls la WOZ, Annabelle, Glückspost<br />

et Schweizer Illustrierte ont de nouveau enregistré une<br />

hausse en avril.<br />

Source : www.net-metrix.ch/sites/default/files/<br />

NMP_2020-1_Medienmitteilung_DE_1.pdf<br />

Les livestreams du 1 er mai<br />

de <strong>syndicom</strong> bien suivis 1.5.20<br />

Les trois séries d’entretiens que<br />

<strong>syndicom</strong> a diffusées sur YouTube et<br />

Facebook live ont bien été regardées et commentées. Aux<br />

heures de pointe, jusqu’à 170 internautes regardaient simultanément,<br />

ils étaient en moyenne plus de 100 pour les<br />

trois débats. Au total, Facebook, YouTube et <strong>syndicom</strong>.ch<br />

ont permis d’atteindre près de 5000 personnes.<br />

Source : https://www.youtube.com/user/<strong>syndicom</strong>CH<br />

L’IA accomplira-t-elle prochainement<br />

notre travail ? 30.4.20<br />

Selon une nouvelle étude Mercer.com, 34 % des<br />

employés sont convaincus que leur emploi sera<br />

remplacé par l’intelligence artificielle et l’automatisation<br />

au cours des trois prochaines années. 61 %<br />

estiment tout de même que leur employeur les<br />

prépare bien à l’avenir du travail et 55 % font<br />

confiance à leur entreprise pour les former si leur<br />

emploi changeait en raison de l’automatisation.<br />

Source : www.mercer.com/our-thinking/career/<br />

global-talent-hr-trends.html<br />

Les Suisses aiment le télétravail à domicile26.5.20<br />

Une étude gfs menée pour le compte de <strong>syndicom</strong><br />

montre que plupart des Suisses aiment le télétravail à<br />

domicile. 60 % affirment qu’il réduit le stress au travail.<br />

Cependant, la moitié (49 %) des personnes interrogées<br />

pensent que l’ergonomie du poste de travail est mauvaise.<br />

41 % d’entre elles déclarent que le télétravail à<br />

domicile n’était pas compatible avec la garde d’enfants.<br />

Il est donc nécessaire d’agir et de créer désormais des<br />

conditions-cadres contraignantes pour le télétravail à<br />

domicile.<br />

Source : https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/themes/dossier/<br />

barometreduteletravailadomicile2020/<br />

A propos des paquets d’aide<br />

du Conseil fédéral1.5.2000<br />

Franziska Ruth Hulliger : « Autre chose se<br />

prépare. L’écart ne continue pas seulement<br />

de se creuser entre les riches et les pauvres, mais désormais<br />

aussi entre les petites et les grandes entreprises.<br />

Les grandes entreprises sont soutenues ; les plus petites<br />

peuvent regarder où elles en sont et se limiter au minimum.<br />

C’est n’importe quoi. Tout le monde devrait être<br />

traité de la même façon, qu’il s’agisse de grandes ou de<br />

petites entreprises. Alors que les grandes entreprises<br />

sont soutenues et que leurs bonus et leurs dividendes<br />

sont gaiement distribués, les petites entreprises sont<br />

lésées. Il faut que cela cesse. »<br />

www.facebook.com/pg/<strong>syndicom</strong><br />

Rina Jost, illustratrice indépendante1.5.20<br />

« Je souhaite que la solidarité dans le domaine<br />

artistique se poursuive après la crise. »<br />

Source : Entretien du 1 er mai sur les freelances<br />

pendant la crise<br />

Concernant le paiement unique de<br />

500 francs pour tous les<br />

conducteurs(trices) de CarPostal<br />

René Hänggi : « Cela montre une nouvelle<br />

fois à quel point le syndicat est important pour nous,<br />

les conducteurs. Pour les conducteurs qui ne l’ont pas<br />

encore fait, il est temps d’adhérer. »<br />

Source : www.facebook.com/pg/<strong>syndicom</strong><br />

Intelligence sociale<br />

Capacité à (ré)agir de manière appropriée dans<br />

un groupe humain, comme reconnaître un état<br />

d’esprit ou influencer de manière constructive,<br />

par exemple l’esprit d’équipe. Jusqu’à présent,<br />

la machine n’a rien pu faire dans ce domaine.<br />

C’est l’une des 52 entrées de notre lexique IA :<br />

https://<strong>syndicom</strong>.ch/fr/themes/dossier/<br />

intelligenceartificielleia/lexiqueia/<br />

Markus Forte, photographe freelance :1.5.20<br />

« La crise a montré ce que font réellement les<br />

syndicats et les groupes d’intérêt, et je m’en<br />

réjouis. »<br />

Source : Entretien du 1 er mai sur le thème des<br />

freelances pendant la crise

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