syndicom magazine No.17

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18 Le monde du travail « Les conditions-cadres du télétravail ne doivent pas être dictées unilatéralement. » Christian Capacoel Le partenariat social doit définir les conditions du télétravail Près de 90 % des sondé(e)s estiment que le travail à distance doit être autorisé en complément au travail dans l’entreprise. Pendant le confinement, l’institut de recherche gfs.bern a réalisé un sondage sur le télétravail pour le compte de syndicom. Des personnes âgées de 18 ans et plus ayant travaillé au moins un jour par semaine à domicile en mars/avril ont été interrogées. Le télétravail est sur le point de réussir sa percée. Tout dépendra de savoir si les entreprises créeront de bonnes conditions-cadres en y associant les salarié(e)s. Près de 90 % des sondé(e)s estiment que le travail à distance doit être autorisé en plus du travail dans l’entreprise. La majorité des employé(e)s considèrent que le télétravail améliore leur qualité de vie. Le temps de déplacement économisé y contribue aussi : 78 % peuvent en faire usage à des fins privées et 68 % à des fins professionnelles. Et pour 61 % des personnes interrogées, le télétravail permet de mieux concilier la vie privée et la vie professionnelle. Des règles adaptées au présent Les entreprises qui se veulent attrayantes ont donc l’obligation de proposer des réglementations de télétravail adaptées à notre temps. Pour syndicom, en tant que partenaire social, cela signifie que l’employeur doit prendre en compte les droits de participation du personnel. Les conditions-cadres ne doivent pas être dictées unilatéralement. Il faut trouver des solutions entre partenaires sociaux, en particulier concernant le financement du poste de travail, la protection de la santé en home office et le temps de travail, mais aussi au sujet d’une limitation possible du travail. Participation aux frais Au moins deux tiers des personnes interrogées indiquent qu’elles souhaitent que les employeurs participent aux frais induits par le travail à domicile. A l’heure actuelle, les pratiques sont très différentes. 45 % d’entre eux ne prennent pas en charge les frais occasionnés. Seules 9 % des entreprises en assument la totalité. Une autre zone d’ombre est constituée par l’absence de contacts informels dont se plaignent 71 % des sondé(e)s. En ce qui concerne la protection de la santé, la moitié des personnes interrogées disposent d’une ergonomie insuffisante. Vu que les contacts informels assurent la cohésion et que les employeurs sont responsables de la bonne ergonomie des postes de travail et de la sécurité au travail, il ne peut être dans l’intérêt des entreprises d’ordonner en permanence le télétravail pour économiser des frais d’infrastructure et de déplacement. Il faut au contraire un mélange sain, dont les conditions-cadres doivent être convenues entre les partenaires sociaux. Nous initions ce processus chez Swisscom, où des négociations sur les règles du home office commenceront sous peu. Christian Capacoel Les contacts informels entre collègues sont regrettés par 71 % des sondés. (© Burst) Les résultats en détail : syndicom.ch/ barometreteletravail 61 % des libraires s’inquiètent pour l’avenir Avec la fermeture des librairies, les libraires ont été l’un des groupes professionnels les plus directement touchés au sein des branches de syndicom. L’enquête de syndicom, spécifiquement adaptée à leur situation, a confirmé cet état de fait : 81 % des personnes interrogées ont déclaré être actuellement au chômage partiel. Pour 50 % d’entre elles, le chômage partiel était même de 100 %, les empêchant donc complètement de travailler pendant le confinement et les obligeant à rester chez elles. 36 % se sont vu confier d’autres tâches par leur employeur et 21 % ont même dû faire des heures supplémentaires. Seuls 27 % ont pu travailler en home office. Seulement 4 % n’ont pas pu respecter les gestes barrière du SECO, alors que 87 % déclarent avoir été en mesure de le faire. Il est préoccupant que 61 % des libraires interrogés se fassent du souci pour l’avenir du commerce du livre, même si 33 % d’entre eux sont toujours confiants. Baisse du chiffre d’affaires Une première analyse réalisée par GfK pour le compte de l’association des libraires et éditeurs alémaniques SBVV montre une baisse du chiffre d’affaire de 28,2 % pendant la période de confinement. L’étendue des dommages varie cependant d’une quasi stabilité à une perte de 2/3. Depuis le 11 mai, les librairies sont de nouveau ouvertes et les premières réactions sont positives. Les prochaines semaines seront cependant essentielles pour l’avenir de la branche. D’un commun accord, les négociations en cours sur la CCT ont été suspendues jusqu’à l’automne. Michael Moser
« Il s’agit d’une étape importante vers l’égalité des conducteurs et conductrices de cars postaux » Sheila Winkler 19 Accord LDT : tout chauffeur d’un car postal obtient 500 francs Cet accord s’applique sans égard au contrat et à l’employeur. La loi sur la durée du travail (LDT) prévoit une flexibilité qui doit être convenue avec le personnel. Chez CarPostal, cette flexibilité des employés a rarement été convenue conjointement par le passé et n’a guère été compensée. Afin de sensibiliser les conducteurs sur leurs droits, nous avons lancé un accord syndicom. Il prévoit une compensation sous forme de temps libre pour toute flexibilité consentie par les conducteurs. Ce qui devrait générer des jours de congé supplémentaires et, par conséquent, du temps libre supplémentaire. Il s’ensuit que les commissions du personnel de 30 sites dans toute la Suisse ont refusé de signer l’accord présenté par CarPostal. Peu avant le changement horaire, en décembre 2018, nous avons convenu avec Car- Postal de négocier l’accord LDT. Pour le changement horaire 2019, nous avons obtenu une compensation pour les conducteurs, dans le cadre de la convention collective du travail (CCT) et de la réglementation ECP. Sans la résistance collective des 30 sites, cela n’aurait pas été possible. Dans le cadre des négociations CCT, les négociations LDT se poursuivent aujourd’hui. L’objectif est de définir dans la CCT une compensation pour les flexibilités de la LDT, applicable dans toute la Suisse, que les commissions du personnel des sites peuvent accepter ou refuser par accord. Forfait unique versé dès juin Pour le changement horaire 2020, nous avons convenu d’un forfait unique de 500 francs avec CarPostal, en fonction du taux d’occupation. Le versement est effectué aux chauffeurs de la régie avec le salaire de juin et un peu plus tard avec ceux des entrepreneurs CarPostal. C’est la première fois que tous les conducteurs et conductrices des entrepreneurs CarPostal bénéficient d’un résultat de négociations fondé sur le partenariat social. En effet, les conducteurs relevant de l’EC-I et les partenaires de transport ainsi que tous les salariés payés à l’heure relevant de l’EC-P sont exclus du champ d’application de la réglementation et n’ont jusqu’à présent bénéficié ni des négociations salariales annuelles ni des nombreux autres avantages du partenariat social. En résumé : les chauffeurs et conductrices de cars postaux obtiennent jusqu’à 500 francs, indépendamment du contrat de travail et de l’employeur. Il s’agit d’une étape importante vers l’égalité des conducteurs de cars postaux et un signe de reconnaissance de leur travail. Les négociations concernant le renouvellement de la CCT CarPostal et les réglementations EC 2021 sont toujours en cours. Les premières discussions sur une CCT pour les entrepreneurs de CarPostal ont été entamées avec l’association patronale BUS CH. Sheila Winkler https://bit.ly/2XVP5LR Un signe de reconnaissance pour tous les conducteurs de cars postaux. (© Christian Capacoel) Un 1 er mai numérique Depuis 130 ans, c’est la première fois que les travailleuses et travailleurs n’ont pas pu remplir les rues le 1 er mai. Le coronavirus a bouleversé la vie sociale et le monde du travail, mais aussi la Fête du travail. Malgré tout, le 1 er mai a eu lieu cette année. Il a juste été un peu différent, puisqu’organisé sur le plan numérique. Les syndicats et les partis de gauche ont élaboré ensemble un programme national sous forme de discussions en ligne – accessibles en un seul clic. syndicom a utilisé la journée pour consacrer une plateforme aux préoccupations rencontrées dans nos différentes branches. Nous avons parlé des coursiers à vélo en Suisse et de l’économie de plateforme qui y est associée, ainsi que de la première convention collective de travail pour les coursiers en Europe, la nôtre. En outre, nous avons abordé le partenariat social en temps de crise, notamment la politique du personnel et les droits de participation chez Swisscom. Il a aussi été question de la situation des travailleurs indépendants et des free-lances pendant, avant et après la crise. Des représentants des employeurs et des représentants de la branche ont participé aux discussions. Le chat en direct a conféré un caractère participatif aux événements et permis à tous les spectateurs de poser des questions aux intervenant(e)s. En moyenne, près de 130 personnes ont participé aux différents événements. Ce 1 er mai passionnant a été placé sous le signe de la solidarité. Mais l’aspect social, la convivialité et le partage ne peuvent être remplacés par cette forme d’événements. C’est pourquoi nous espérons que nous pourrons l’année prochaine à nouveau descendre dans les rues pour le 1 er mai. Lena Allenspach Pour revoir les débats (en allemand) : https://syndicom.ch/fr/themes/1ermai2020/
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