Psychologie Positive n°33

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PORTRAITS MIEUX SANS SMARTPHONE « Quand j’aurai 80 ans, je ne veux pas me souvenir d’une vie où j’aurai surtout regardé celle des autres », déclare Fleur (17 ans). Elle fait partie de ces rares adolescents qui ont choisi de ne pas utiliser de smartphone. Témoignages. Texte : Charlotte van Drimmelen // Photos : Rolinda Windhorst // Stylisme : Nicole de Werk PSYCHOLOGIE POSITIVE 77
" JE SAIS MAINTENANT QUE LES CHOSES PEUVENT ATTENDRE. " EBE (19 ans) fait du théâtre et travaille dans la restauration. Il a perdu son smartphone et utilise depuis un vieux portable. Je trouve que je ne rate rien, mais que les gens qui ont un smartphone ratent beaucoup de choses. Dans le train, je regarde le paysage, lis un livre, entre en contact avec les autres voyageurs ou dessine. Peu m’importe que certaines choses demandent un peu plus d’efforts, comme trouver son chemin sans GPS. Je prends mon temps et me renseigne à l’avance. Si je ne trouve toujours pas, je demande de l’aide à un passant. J’ai perdu mon smartphone pendant une randonnée, mais j’ai tout de même réussi à trouver mon chemin. Ça a été une expérience précieuse pour quelqu’un qui était tout le temps scotché à son portable. Une fois rentré, j’ai acheté un très vieux portable et, depuis, je suis davantage maître de ma vie. Je ne me sens plus obligé de répondre tout de suite à mes messages. Comme je prends le temps de répondre par SMS, ma communication est plus authentique. Je sais maintenant que les choses peuvent attendre. Mes amis s’y sont depuis habitués. Si quelque chose est important ou urgent, je sais qu’ils feront de leur mieux pour me contacter. J’ai une amie qui est elle aussi comédienne et nous nous appelons quand nous avons une bonne nouvelle, après une audition par exemple. Pour le reste, je ne téléphone presque pas. Les gens sont impressionnés lorsqu’ils voient mon “dinosaure”. Ils me demandent alors : « Comment peux-tu vivre sans smartphone ? » Et je réponds : « C’est tout naturel. » La peur de rater quelque chose est humaine, mais sans fondement. Je me privais de choses importantes en restant sans cesse scotché à mon écran. Mes nuits étaient de plus en plus courtes ; au lit, je passais des heures à regarder des photos de personnes qui ne m’intéressaient pas. Ou je visionnais des vidéos qui passaient en boucle. Mais étaient-elles vraiment drôles ou est-ce que je riais automatiquement ? Je trouve Facebook ennuyeux, mais je me connecte depuis l’ordinateur de mes parents, pour répondre aux messages professionnels. Je pense que nous sommes dans une période de transition et qu’il ne faudra pas longtemps pour que davantage de jeunes se lassent de leur téléphone. Je n’exclus pas la possibilité d’avoir à nouveau un smartphone dans quelques années, mais je saurai alors comment doser. PORTRAIT : KATRIEN VAN ENGELAND 78 PSYCHOLOGIE POSITIVE
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