Journal asmac No 1 - février 2021
Réserve - Du stock obligatoire à la réserve de globules rouges Pneumologie - Fibrose pulmonaire – diagnostic et nouveaux traitements Gériatrie - Le patient âgé «récalcitrant» Politique - L’admission – un labyrinthe
Réserve - Du stock obligatoire à la réserve de globules rouges
Pneumologie - Fibrose pulmonaire – diagnostic et nouveaux traitements
Gériatrie - Le patient âgé «récalcitrant»
Politique - L’admission – un labyrinthe
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<strong>Journal</strong><br />
N o 1, <strong>février</strong> <strong>2021</strong><br />
<strong>asmac</strong><br />
Le journal de l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />
Réserve<br />
Du stock obligatoire<br />
à la réserve de globules<br />
rouges<br />
Page 22<br />
Pneumologie<br />
Fibrose pulmonaire – diagnostic et<br />
nouveaux traitements<br />
Page 45<br />
Gériatrie<br />
Le patient âgé «récalcitrant»<br />
Page 49<br />
Politique<br />
L’admission – un labyrinthe<br />
Page 6
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Sommaire<br />
Réserve<br />
Du stock obligatoire à la réserve<br />
de globules rouges<br />
Illustration de la page<br />
de couverture: Till Lauer<br />
Editorial<br />
5 Sauvegarder, accumuler, conserver<br />
Politique<br />
6 Un labyrinthe à l’issue inconnue<br />
9 L’essentiel en bref<br />
Formation postgraduée/<br />
Conditions de travail<br />
10 «Maintenant, nous voulons vivre<br />
encore une fois»<br />
15 Apprendre à chercher<br />
16 Le regard d’une sous-assistante<br />
<strong>asmac</strong><br />
17 <strong>No</strong>uvelles des sections<br />
18 <strong>asmac</strong>-Inside<br />
19 Conseil juridique de l’<strong>asmac</strong><br />
Point de mire: Réserve<br />
22 Les réserves suisses<br />
26 Un regard animal sur les érythrocytes<br />
29 Antipsychotiques d’action prolongée<br />
32 La peau de donneur comme substitut<br />
temporaire<br />
35 Plantes vivrières sur glace<br />
37 Un syndrome complexe<br />
41 Quand les cellules sont surchargées<br />
Perspectives<br />
45 Actualités en pneumologie – Fibrose<br />
pulmonaire – diagnostic et nouvelles<br />
approches thérapeutiques: La détresse<br />
respiratoire n’est pas une exclusivité du<br />
COVID-19<br />
49 Aus der «Praxis» : Die körperliche Untersuchung<br />
des «unkooperativen» älteren<br />
Patienten<br />
58 Les artistes de la médecine<br />
mediservice<br />
61 Honneur à mediservice vsao-<strong>asmac</strong><br />
63 Boîte aux lettres<br />
Medpension<br />
65 <strong>No</strong>uveau nom pour l’ASMAC Fondation<br />
pour indépendants<br />
66 Impressum<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 3
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Editorial<br />
Sauvegarder,<br />
accumuler,<br />
conserver<br />
Catherine Aeschbacher<br />
Rédactrice en chef<br />
du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
Cette idée avait déjà trouvé son application dans la Bible: sur<br />
ordre de Joseph, le pharaon avait fait construire d’immenses<br />
greniers pour permettre à l’Egypte de traverser les<br />
sept années maigres. Aujourd’hui, on conserve les semences<br />
du monde entier dans le Grand <strong>No</strong>rd. La réserve sur l’île de Spitzberg<br />
sert de coffre-fort pour toutes les banques de gènes nationales, tout<br />
cela dans le but d’assurer la sécurité alimentaire. Depuis le début de la<br />
pandémie, nous savons à quel point il est important de constituer des<br />
réserves – p. ex. pour ne pas être confronté à une rupture de stock,<br />
comme pour les masques. Dans notre Point de mire, nous ne parlons<br />
pas seulement des stocks obligatoires ou des banques de gènes, mais<br />
aussi des maladies de surcharge lysosomale ou du centre européen<br />
pour les dons de peau. Les animaux aussi constituent des réserves,<br />
même endogènes. Ils stockent p. ex. de la graisse pour surmonter les<br />
périodes «maigres». Mais certaines espèces vont encore plus loin. Elles<br />
sont capables de faire du «dopage sanguin». Quant au slogan «des<br />
provisions providentielles», il n’a rien perdu de son actualité. Pourtant,<br />
si cela devient une manie, on parle d’«accumulation pathologique».<br />
Vous lirez également à la rubrique Point de mire ce qui se cache derrière<br />
ce trouble et comment il est classé. Entre les différents articles<br />
figurent des photos des réfrigérateurs de nombreux membres de la<br />
rédaction. Une chose est sûre: que ce soit dans un appartement en<br />
collocation ou familial, en Suisse ou à l’étranger – les réfrigérateurs ne<br />
témoignent pas d’achats de précaution.<br />
<strong>No</strong>s chroniques sont en pleine mutation. Depuis quelque temps déjà,<br />
Lukas Staub nous a appris ce dont il fallait tenir compte en lisant des<br />
études. Maintenant, il se consacre à la pratique. «Apprendre à lire»<br />
change de nom pour devenir «Apprendre à chercher». Vous découvrirez<br />
dès à présent à la rubrique «Formation postgraduée/Conditions de<br />
travail» des conseils et astuces pour structurer et réaliser des études.<br />
Dans cette même rubrique, l’étudiante en médecine Camille Bertossa<br />
nous parle de ses expériences de sous-assistante pendant l’année<br />
d’étude à option. Dans notre dernier numéro, nous avons pris congé de<br />
Bernd Schildger qui nous a parlé de ses patients très particuliers. <strong>No</strong>us<br />
allons maintenant présenter sous le titre «Les artistes de la médecine»<br />
une nouvelle série de portraits de la peintre Bettina Reichl. Pour<br />
commencer, nous présentons l’artiste à la rubrique «Perspectives».<br />
La politique de la santé nous oblige hélas à nous pencher sur un sujet<br />
pas vraiment nouveau. Le pilotage des admissions occupe l’<strong>asmac</strong><br />
depuis des années. Il est prévu que la nouvelle ordonnance entre en<br />
vigueur au milieu de cette année. Le titre «Un labyrinthe à l’issue<br />
inconnue» nous laisse présager de la complexité du futur chemin<br />
menant à l’ouverture d’un cabinet.<br />
L’identité de mediservice vsao-<strong>asmac</strong> fait par contre peau neuve.<br />
L’organisation de services s’est offert un nouveau site web et un nouveau<br />
logo. Avec l’écriture minuscule qui concerne aussi le <strong>Journal</strong><br />
<strong>asmac</strong>, mediservice se rapproche des autres organisations de l’<strong>asmac</strong><br />
et souligne ainsi les points communs et la cohésion.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 5
Politique<br />
Un labyrinthe à<br />
l’issue inconnue<br />
Il s’agit de faire preuve d’intuition: le futur chemin menant<br />
à l’admission des médecins à l’activité ambulatoire s’avère tortueux – et où<br />
nous conduira-t-il? L’<strong>asmac</strong> à la recherche d’indices.<br />
Marcel Marti, responsable politique et communication/directeur adjoint de l’<strong>asmac</strong><br />
Compte tenu d’un échec imminent,<br />
le Parlement a finalement<br />
réussi à se mettre d’accord cet<br />
été sur les règles d’admission<br />
applicables à compter du milieu de cette<br />
année. Elément-clé de la solution: les<br />
fournisseurs de prestations ne peuvent<br />
travailler à la charge de l’assurance obligatoire<br />
des soins que s’ils bénéficient d’une<br />
autorisation du canton sur le territoire<br />
duquel ils exercent.<br />
«<strong>No</strong>us avons donc une procédure formelle<br />
et complexe pour laquelle la Confédération<br />
formule des exigences claires<br />
pour les 26 cantons, tout en leur laissant<br />
une certaine marge de manœuvre», explique<br />
Sarina Keller, juriste et responsable<br />
du département formation postgraduée et<br />
droit à l’<strong>asmac</strong>. En effet, comme toujours<br />
quand les discussions sont difficiles au Palais<br />
fédéral, le résultat est un compromis,<br />
qui, dans le cas présent, est globalement<br />
acceptable pour l’association. «Même si<br />
sur le principe, nous étions toujours opposés<br />
à un pilotage étatique.»<br />
Deux succès importants<br />
A ce principe s’opposait cependant un<br />
autre bien plus fort: la volonté politique de<br />
réduire les coûts de la santé et d’établir des<br />
garde-fous plus restrictifs que par le passé.<br />
Mais heureusement pas restrictifs au point<br />
d’empêcher les deux revendications principales<br />
de l’<strong>asmac</strong> et de la FMH d’y trouver<br />
une place. D’une part les trois ans de formation<br />
médicale postgraduée suivis dans<br />
un établissement de formation postgraduée<br />
reconnu, mais avec le complément<br />
«dans la discipline faisant l’objet de la demande<br />
d’admission». Et d’autre part, une<br />
compétence linguistique élevée qui doit<br />
être attestée par un examen passé en<br />
Suisse, et ce, avant de pratiquer. Des exceptions<br />
s’appliquant pour les personnes<br />
en possession d’une maturité gymnasiale<br />
suisse ou ayant passé leur examen fédéral<br />
dans la langue officielle de la région où<br />
elles exercent.<br />
«Grâce à ces deux critères, les médecins<br />
étrangers peuvent se familiariser avec<br />
notre système de santé», résume Sarina<br />
Keller. «Ils sont en mesure de communiquer<br />
clairement dans leur travail, sont capables<br />
d’effectuer une anamnèse complète<br />
et de comprendre et reproduire des textes<br />
et discussions techniques.»<br />
Deux ombres au tableau<br />
L’appel de l’association de maintenir le<br />
libre choix du médecin, liberté à laquelle<br />
la population attache une grande importance,<br />
a aussi été entendu par les Chambres<br />
fédérales, même s’il a fallu insister. Par ailleurs,<br />
les cantons pourront eux-mêmes<br />
décider s’ils veulent stopper les nouvelles<br />
admissions de fournisseurs de prestations<br />
au cas où les coûts augmentent plus que la<br />
moyenne. Par contre, les médecins qui<br />
peuvent prouver au moins trois ans d’activité<br />
dans un établissement de formation<br />
postgraduée suisse reconnu (voir ci-dessus)<br />
ne sont désormais plus exemptés du<br />
pilotage des admissions. «Un point qui<br />
avait été clairement défini comme non négociable<br />
dès le début du processus politique»,<br />
souligne la juriste de l’<strong>asmac</strong>.<br />
Le deuxième point négatif concerne<br />
les nombres maximaux. Les cantons sont<br />
tenus de limiter le nombre de médecins<br />
qui fournissent des prestations ambulatoires<br />
dans une ou plusieurs disciplines ou<br />
dans certaines régions. C’est pourquoi l’association<br />
s’est focalisée sur ce thème décisif<br />
dans sa prise de position récemment<br />
publiée au sujet des différentes modifications<br />
d’ordonnances nécessaires.<br />
Un sujet brûlant<br />
Mais revenons à l’essentiel. La mise en<br />
œuvre des futures règles d’admission est<br />
divisée en trois projets partiels. Ils visent à<br />
clarifier les conditions d’admission, à<br />
créer un registre et à définir les critères et<br />
principes méthodologiques pour fixer les<br />
nombres maximaux de fournisseurs de<br />
prestations dans le domaine ambulatoire.<br />
Sur ce dernier point, il est essentiel de souligner<br />
que les nombres maximaux s’appliquent<br />
à tous les médecins travaillant<br />
dans le secteur ambulatoire et pas seulement<br />
à ceux qui exercent en cabinet.<br />
«Pour nous en tant qu’association dont<br />
les membres travaillent majoritairement<br />
dans les hôpitaux, la question fondamentale<br />
porte donc sur la manière de gérer le<br />
secteur ambulatoire des hôpitaux», explique<br />
Sarina Keller. «Le problème commence<br />
déjà au niveau de la base de données<br />
qui est insuffisante pour établir un tableau<br />
représentatif de la situation en ce qui<br />
concerne les taux d’occupation et le nombre<br />
d’employés.» La Confédération l’admet aussi<br />
et veut donc s’appuyer sur des estimations.<br />
«Pourtant, les estimations ne reflètent<br />
pas la complexité dans les hôpitaux – le cabinet<br />
médical et un hôpital universitaire<br />
Photo: freshidea/Adobe Stock<br />
6<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Politique<br />
Les propositions pour la mise en œuvre du nouveau pilotage des admissions ressemblent à un labyrinthe. Suivant leur interprétation, le résultat<br />
– c’est-à-dire la réalité – pourrait être tout différent.<br />
sont deux univers fondamentalement différents.»<br />
Même pour des prestations ambulatoires<br />
comparables, il faut tenir compte du<br />
contexte totalement différent dans lequel<br />
celles-ci sont fournies, notamment pour ce<br />
qui concerne la formation médicale<br />
postgraduée qui se déroule principalement<br />
dans les hôpitaux. Sarina Keller: «Comment<br />
peut-on précisément définir l’offre du secteur<br />
ambulatoire des hôpitaux, alors que les<br />
jeunes médecins qui suivent leur formation<br />
de spécialiste passent, dans les hôpitaux,<br />
d’un département à l’autre et aussi du secteur<br />
ambulatoire au secteur stationnaire?<br />
Qui fournit des chiffres à ce sujet? Et quelle<br />
charge administrative supplémentaire résulte<br />
s’il faut attribuer à chaque prestation<br />
un médecin responsable?»<br />
Dans le vide<br />
La question de savoir si un médecin-chef(fe)<br />
devra à l’avenir par exemple<br />
demander l’autorisation du canton avant<br />
de (re)pourvoir un poste d’assistant(e)<br />
reste également ouverte. «Comment les<br />
médecins-assistant(e)s peuvent-ils planifier<br />
leur formation postgraduée s’ils ne<br />
savent pas s’ils obtiendront les postes de<br />
formation postgraduée nécessaires pour<br />
leur cursus ou si ceux-ci existeront encore<br />
dans deux ou trois ans?» A cela vient<br />
s’ajouter qu’un grand nombre de médecins<br />
dans les hôpitaux sont engagés à durée déterminée.<br />
«S’ils exercent en partie aussi<br />
une activité ambulatoire, l’incertitude<br />
augmentera encore davantage pour les<br />
médecins concernés compte tenu des critères<br />
peu clairs ou changeant constamment.»<br />
Sarina Keller souligne qu’il ne s’agit ici<br />
que de quelques exemples. «<strong>No</strong>tre réponse<br />
à la consultation en comporte bien<br />
d’autres. <strong>No</strong>us critiquons notamment le<br />
surcroît de bureaucratie que cela engendre<br />
– avec toutes les conséquences en termes<br />
de temps et de coûts pour les employeurs<br />
et les employés. Par ailleurs, nous attendons<br />
une coordination maximale au niveau<br />
suisse pour les critères d’évaluation.»<br />
Il ne faut pas non plus oublier le déplacement<br />
des prestations stationnaires vers le<br />
secteur ambulatoire. «Le besoin en capacités<br />
ambulatoires va continuer de croître.<br />
Pour nos membres, cela implique qu’ils ne<br />
peuvent, dans le cadre de la formation médicale<br />
postgraduée en vue de l’obtention<br />
du titre de spécialiste, acquérir une grande<br />
partie de leurs connaissances plus que<br />
dans les services hospitaliers ambulatoires<br />
– raison pour laquelle il est urgent<br />
de renforcer les capacités dans ce domaine.»<br />
En seront-ils capables ...?<br />
A tout cela vient s’ajouter un problème<br />
fondamental: l’<strong>asmac</strong> se demande si tous<br />
les cantons seront en mesure de répondre<br />
aux exigences posées. Et cela de manière à<br />
ce que tous les médecins qui demandent<br />
une autorisation de pratiquer soient traités<br />
sur un pied d’égalité. Il est donc indispensable<br />
que les associations des fournisseurs<br />
de prestations soient, comme l’exige<br />
la loi, entendues avant la fixation des<br />
nombres maximaux, notamment les sociétés<br />
cantonales de médecine et les sections<br />
de l’<strong>asmac</strong>.<br />
Ces dernières sont déjà en contact<br />
avec les services cantonaux compétents<br />
ou le seront bientôt. <strong>No</strong>n pas en guise de<br />
menace, mais dans un esprit constructif<br />
pour trouver des solutions communes<br />
dans l’intérêt de toutes les parties impliquées.<br />
Vous trouverez d’autres informations<br />
sur http://www.vsao.ch/fr/politique/<br />
prises-de-position<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1 /21 7
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Politique<br />
L’autre immunité<br />
En temps de coronavirus, l’immunité est un terme<br />
souvent employé. Il s’agit ici évidemment de la résistance<br />
vis-à-vis d’un agent pathogène. Pourtant, ce mot<br />
m’est plusieurs fois venu à l’esprit également dans un<br />
autre contexte au cours des derniers mois.<br />
Je ne sais pas si nous avons déjà une fois communiqué<br />
autant qu’en 2020. Pas seulement avec les nouvelles sur notre<br />
nouveau site web et les posts dans les médias sociaux. <strong>No</strong>us<br />
nous sommes maintes fois exprimés dans des newsletters, des<br />
articles du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>, des communiqués de presse, des<br />
articles dans les journaux ou avec des lettres<br />
adressées aux autorités et instances pour<br />
rendre attentif à la situation difficile dans<br />
laquelle nos membres se trouvent depuis<br />
le début de la pandémie. <strong>No</strong>us avons<br />
lancé et soutenu – seuls et avec des<br />
partenaires sociaux – des initiatives<br />
au niveau politique et dans l’administration<br />
pour protéger le personnel.<br />
Et quelle a été la réaction?<br />
Honnêtement, j’ai plus d’une fois<br />
eu l’impression que les destinataires<br />
présentaient une certaine<br />
immunité vis-à-vis de nos appels et<br />
revendications. C’est une chose que<br />
les réponses aux lettres se fassent<br />
attendre des mois durant cette période<br />
difficile. C’en est une autre lorsque les<br />
réponses et surtout les actes des autorités<br />
nous donnent l’impression que nos revendications<br />
ne sont pas prises au sérieux. Que ce soit le<br />
manque de matériel de protection, la suspension soudaine des<br />
dispositions de la loi sur le travail visant à protéger le personnel<br />
ou le fait d’ignorer que les conditions de travail étaient et restent<br />
inacceptables. Certes, le personnel a régulièrement eu droit aux<br />
remerciements d’usage pour son engagement. Mais quand il<br />
s’agissait d’obtenir un engagement concret de la politique ou de<br />
l’OFSP pour les préoccupations du personnel, pas de réaction,<br />
rien. Et je ne parle pas d’argent.<br />
Je dois cependant évoquer l’argent dans un autre contexte,<br />
en dehors de la question des salaires et suppléments. En effet, la<br />
politique n’a toujours pas abordé ni résolu la question du<br />
financement dans cette situation difficile pour les hôpitaux. Il<br />
s’agit là hélas d’un nouvel exemple d’immunité ou d’indifférence<br />
envers le personnel de la santé. Le contexte est pourtant<br />
simple. La pression financière sur les hôpitaux – notamment de<br />
L’essentiel<br />
en bref<br />
la part de la politique et des autorités – était déjà grande avant la<br />
crise du coronavirus. Depuis lors, les interventions doivent être<br />
repoussées, le personnel réaffecté ou envoyé en quarantaine et<br />
des services fermés ou réorganisés. Quant à la question de savoir<br />
s’il y aura une indemnité et de quel montant celle-ci sera, elle<br />
sera réglée plus tard. Pour un hôpital, cela signifie assurer une<br />
exploitation la plus normale possible en parallèle à la prise en<br />
charge des patients atteints du coronavirus. Cette double<br />
contrainte n’est possible que grâce aux efforts du personnel de<br />
la santé. Et une fois de plus, cette réalité est ignorée.<br />
Je ne sais pas s’il s’agit d’un phénomène d’indifférence<br />
croissante du fait que les conditions de<br />
travail des médecins sont un sujet récurrent.<br />
Car déjà avant la pandémie, la loi<br />
sur le travail n’était pas respectée dans<br />
de nombreux hôpitaux. Peut-être que<br />
le fait de l’ignorer a trop longtemps<br />
fonctionné. Peut-être qu’il s’agit<br />
aussi d’une méfiance générale de la<br />
politique et des autorités envers le<br />
corps médical qui ne s’intéresse<br />
prétendument qu’à l’argent. Il<br />
s’agirait alors de polémique et non<br />
pas de politique! Le fait est que la<br />
situation du personnel de la santé et<br />
les conséquences de la surcharge qu’il<br />
subit ne sont pas assez prises au sérieux.<br />
C’est fatal, car cela ne pourra pas être<br />
corrigé après coup, même avec de l’argent.<br />
Quant au prix de tout cela, ce n’est pas seulement<br />
le personnel, mais nous tous qui le paieront au final – au<br />
plus tard lorsque nous serons nous-même patiente ou patient ...<br />
Simon Stettler<br />
Directeur de<br />
l’<strong>asmac</strong><br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1 /21 9
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
«Maintenant,<br />
nous voulons vivre<br />
encore une fois»<br />
<strong>No</strong>n, cette époque ne reviendra pas, mais elle est toujours présente en lui.<br />
«En Afrique, je suis devenu celui que je voulais être.» Rencontre avec<br />
Herbert Aschwanden, médecin philanthrope et philosophe, dans son «petit coin».<br />
Marcel Marti, responsable politique et communication/directeur adjoint de l’<strong>asmac</strong><br />
Il est riche. Très riche. Tellement<br />
riche que la place ne suffit pas pour<br />
énumérer tout ce qu’il possède. Par<br />
exemple, d’innombrables souvenirs<br />
et expériences qui s’accumulent inévitablement<br />
en 87 ans de vie, mais qui,<br />
dans son cas, dépassent largement une<br />
telle période, tant du point de vue de la diversité<br />
que de la profondeur. C’est l’héritage<br />
des 32 années qu’il a passées en<br />
Afrique du Sud et en sud de la Rhodésie<br />
(aujourd’hui Zimbabwe). Elles ont été importantes<br />
et le sont restées au point de lui<br />
faire dire: «Si je pouvais choisir, je retournerai<br />
dans la brousse.» Ou «mon parcours<br />
serait aujourd’hui exactement le même».<br />
Où faut-il donc commencer et où s’arrêter<br />
pour dresser le portrait d’Herbert<br />
Aschwanden et aborder sa biographie?<br />
Une tentative de rapprochement – avec un<br />
point de départ dans le présent.<br />
Lorsque tu jettes un regard sur ta vie,<br />
Herbert: comment te perçois-tu?<br />
Comme un homme qui avait une mission<br />
qu’il pouvait au mieux accomplir dans le<br />
rôle du médecin.<br />
«Le mal n’a pas d’autre pouvoir que l’impuissance de la bonté»: la devise d’Herbert Aschwanden lors<br />
de son long engagement de médecin en Afrique australe.<br />
Quelle était ta mission?<br />
Ma jeunesse en Suisse orientale a été marquée<br />
par la détresse matérielle et notre famille<br />
éclatée. Je souffrais de ne pas pouvoir<br />
aider ma mère dans la souffrance qu’elle<br />
subissait par son mariage. En même temps,<br />
son catholicisme faisait de moi un jeune<br />
homme profondément croyant. Compte te-<br />
Photos: màd<br />
10<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
nu de ces deux expériences, je pensais avoir<br />
découvert ma vocation voulue par Dieu: aider<br />
les autres. Et ce désir est finalement devenu<br />
réalité.<br />
Le chemin pour y parvenir s’est toutefois<br />
avéré tortueux et douloureux. Il a conduit<br />
d’une première tentative infructueuse au<br />
gymnase des capucins d’Appenzell vers un<br />
emploi d’auxiliaire chez un sérigraphiste<br />
de Winterthour. Prochaine étape Frauenfeld:<br />
échec aux examens d’admission pour<br />
l’école cantonale. En contrepartie, début<br />
d’une carrière de manœuvre dans la<br />
construction. En parallèle, il réussit son<br />
entrée à l’école pallotine à Ebikon. «<strong>No</strong>us<br />
étions tous d’anciens travailleurs qui voulaient<br />
rattraper la maturité.» Et ensuite<br />
l’école cantonale à Lucerne et enfin le diplôme<br />
tant convoité!<br />
Les études étaient à portée de main ...<br />
Tu as choisi la médecine. N’aurait-il pas<br />
été plus logique d’embrasser la carrière<br />
de prêtre?<br />
C’est vrai, je le voulais d’abord, aussi parce<br />
que je voyais le sacerdoce comme une opportunité<br />
pour vivre mon idéalisme. Après<br />
deux ans, ma conviction a commencé à se<br />
fissurer, car je voulais me marier plus tard.<br />
Le métier de prêtre était donc une solution<br />
impossible à mes yeux. Au lieu de cela, j’ai<br />
décidé de devenir médecin et de m’engager à<br />
fond pour les malades dans le tiers-monde.<br />
Ce nouvel idéal m’a libéré et rendu heureux.<br />
En automne 1954, Herbert Aschwanden<br />
a donc commencé ses études de médecine<br />
à l’Université de Zurich. Pour cela, il a<br />
dû surmonter deux obstacles importants:<br />
le premier, l’examen propédeutique en<br />
sciences naturelles et le deuxième en anatomie<br />
et physiologie. Il les a réussis – les<br />
jalons pour la suite étaient donc posés.<br />
Aussi par Rita.<br />
Parle-moi de ton épouse.<br />
Elle est une de mes cousines et a grandi dans<br />
des conditions très semblables aux miennes.<br />
<strong>No</strong>tre première rencontre chez ma mère<br />
s’était déroulée dans une ambiance plutôt<br />
froide. Mais malgré cela, nous nous rencontrions<br />
de temps à autre chez d’autres<br />
membres de la famille. Et ensuite à deux.<br />
L’amour a germé lentement et véritablement<br />
au moment où nous avons réalisé que<br />
nos objectifs de vie concordaient. Ruth aurait<br />
aimé devenir médecin, ce qui n’était pas<br />
possible à cette époque. Elle a donc suivi la<br />
formation de secrétaire et ensuite, nous<br />
étions déjà un couple, celle d’assistante médicale.<br />
Pendant que j’étudiais, elle travaillait<br />
dans un cabinet médical à Zurich.<br />
Rita m’a formé. Sans elle, j’aurais probablement<br />
tôt ou tard plongé à cause de mon<br />
triste passé. Et sans elle, je n’aurais rien<br />
réussi de ce que je voulais faire.<br />
Comment faut-il se représenter ta situation<br />
pendant les études?<br />
Pendant les premières années, j’ai continué<br />
de travailler sur des chantiers routiers pour<br />
financer mes études. Après un stage de six<br />
mois à l’hôpital de Lachen (SZ), j’ai pu faire<br />
pendant six mois des remplacements dans<br />
des cabinets médicaux à la campagne. Cela<br />
m’a permis de gagner de l’argent, ce qui m’a<br />
grandement facilité les choses jusqu’à l’examen<br />
fédéral en 1962.<br />
Et ensuite l’Afrique!<br />
C’est ce que nous pensions. Rita et moi<br />
avions vu une annonce: une société missionnaire<br />
cherchait un médecin pour un<br />
hôpital en Afrique. J’ai pris contact; l’intérêt<br />
a été mutuel. J’ai écrit au médecin-chef,<br />
un Zurichois, que j’étais prêt à m’engager à<br />
condition de pouvoir suivre une formation<br />
en chirurgie. Je trouvais plus utile de travailler<br />
dans un hôpital en Afrique et d’être<br />
là pour les malades que d’attendre pendant<br />
cinq ans mon titre de spécialiste en Suisse<br />
où il y avait suffisamment de médecins. Les<br />
titres ne m’intéressaient pas, je préférais<br />
acquérir un solide savoir-faire dans la pratique.<br />
Mais un autre problème se posait encore:<br />
sans titre de docteur, l’Etat sud-africain<br />
ne voulait pas reconnaître Herbert<br />
Aschwanden comme médecin. Bon, ce<br />
problème pouvait être résolu avec une<br />
thèse de 20 pages intitulée «Onze cas de<br />
papillome malin de la glande thyroïde». Et<br />
encore un problème: son pays d’accueil<br />
exigeait un stage d’une année pour qu’il<br />
soit autorisé à travailler comme médecin.<br />
Les jeunes mariés – ils s’étaient mariés en<br />
1961 – passèrent cette année à l’hôpital de<br />
Wattwil dans le canton de St-Gall.<br />
Et donc Wattwil!<br />
Une belle expérience! Pas de médecine spécialisée,<br />
mais un peu de toutes les disciplines.<br />
Mon salaire était de 1200 francs par<br />
mois, celui de Rita comme infirmière de 250<br />
francs. Cela nous a permis de faire quelques<br />
économies pour financer notre émigration.<br />
Quelle était la charge de travail à<br />
l’époque?<br />
J’étais en service presque 24 heures sur 24.<br />
Les loisirs étaient limités au week-end, s’il y<br />
en avait. On ne connaissait rien d’autre et<br />
prenait les choses au fur et à mesure.<br />
Comme nous logions dans la maison du personnel,<br />
le lien avec le lieu de travail était<br />
encore plus fort.<br />
Finalement, en juillet 1963, le moment<br />
tant attendu est enfin arrivé: le contrat de<br />
deux ans avec l’association calviniste de la<br />
«Mission Suisse dans l’Afrique du Sud» en<br />
poche, ils sont partis vers l’hôpital Masana,<br />
à 100 kilomètres au nord de la capitale provinciale<br />
Nelspruit (aujourd’hui Mbombela).<br />
Tu avais écrit au médecin-chef que tu<br />
voulais devenir chirurgien. Comment<br />
se présentait ta formation?<br />
Toute simple, parfois bizarre. Le quatrième<br />
jour, la première césarienne et il me montrait<br />
ce qu’il fallait faire. Peu après, je devais<br />
déjà le faire seul. C’est ainsi que cela se<br />
passait. Au fil du temps, les maladies oculaires<br />
sont devenues ma spécialité, en particulier<br />
les cataractes. Je faisais beaucoup<br />
d’opérations avec mon chef qui venait une<br />
fois par mois nous voir depuis Nelspruit.<br />
<strong>No</strong>s rapports étaient un peu «anglais»: chaleureux,<br />
légèrement réservés et on se vouvoyait.<br />
Les rapports d’Herbert et Rita<br />
Aschwanden avec d’autres blancs étaient<br />
moins bons. Comme ils rejetaient le système<br />
de l’apartheid et son racisme souvent<br />
teinté de piété et qu’ils traitaient les employés<br />
noirs de l’hôpital non seulement<br />
sur un pied d’égalité, mais qu’ils entretenaient<br />
aussi des relations amicales avec<br />
eux, les conflits se multipliaient. Menaces<br />
comprises. C’est pour cette raison que le<br />
couple a décidé de partir en sud de la Rhodésie<br />
en 1965, accompagné de leur première<br />
fille. L’hôpital Musiso de la mission<br />
catholique St-Anthony, dirigé par les pères<br />
de Bethléem d’Immensee (SZ), était leur<br />
nouveau port d’attache.<br />
«Là-bas, j’étais désormais seul responsable.<br />
Ce qui signifiait inversement que je<br />
devais assumer toute la responsabilité médicale.»<br />
Tous les aspects de la médecine<br />
étaient requis. Dans ce contexte, les<br />
connaissances sur les maladies tropicales<br />
telles que la schistosomiase, l’amibiase et<br />
la malaria acquises en Suisse lui ont été<br />
d’un grand secours.<br />
1971, prochain tournant: retour en<br />
Suisse à cause des problèmes rencontrés<br />
pour la scolarisation de la fille aînée et le<br />
début de l’insurrection populaire contre le<br />
pouvoir colonial britannique. Rita a tout<br />
organisé. Tout signifiait redémarrer à zéro<br />
comme médecin de famille à Stein am<br />
Rhein (SH).<br />
18 ans plus tard – les cinq enfants<br />
étaient maintenant autonomes et les deux<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 11
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anonyme votre ancien employeur.<br />
Vous aidez ainsi les autres et profitez<br />
de leurs expériences.<br />
Quelle est la qualité de la formation<br />
postgraduée dans les cliniques?<br />
Les visites se penchent en détail<br />
sur cette question. Il y a toujours un<br />
membre de l’<strong>asmac</strong> qui fait partie<br />
de l’équipe d’experts. Les visites<br />
sur place permettent d’identifier les<br />
possibilités d’amélioration. Car en<br />
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vous puissiez profiter d’une formation<br />
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réalisons régulièrement des sondages<br />
à ce sujet auprès de notre<br />
base. Grâce au Feedback-Pool,<br />
nous pouvons orienter notre travail<br />
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Profession de<br />
médecin et famille<br />
• Comment puis-je concilier famille, loisirs et<br />
profession?<br />
• Comment puis-je reprendre mon travail<br />
après mon congé maternité?<br />
• Comment puis-je surmonter les défis<br />
quotidiens?<br />
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des réponses à ces questions avec notre<br />
coaching gratuit. Le conseil téléphonique est<br />
assuré par le Bureau UND.<br />
044 462 71 23<br />
info@und-online.ch<br />
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Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Ce natif de Suisse orientale – à l’époque déjà<br />
âgé de plus de 70 ans – au travail à l’hôpital au<br />
Zimbabwe. «En Afrique, on vit une joie de vivre<br />
et une compassion qui me fascinent encore<br />
aujourd’hui.»<br />
enfants noirs recueillis étaient restés en<br />
Afrique – les époux sont repartis au Zimbabwe:<br />
à l’hôpital Matibi, qui se situe également<br />
dans le sud du pays.<br />
A Stein am Rhein, l’incompréhension<br />
était générale.<br />
On n’a pas compris votre décision?<br />
<strong>No</strong>n, pour beaucoup, elle n’était pas compréhensible.<br />
<strong>No</strong>us avions une belle maison,<br />
une famille et nous gagnions bien notre vie.<br />
Renoncer à tout cela – mais pourquoi donc?<br />
La réponse de Rita a beaucoup irrité les<br />
gens: «Parce que nous voulons vivre encore<br />
une fois.»<br />
Ce qui demande une explication ...<br />
Il faut avoir vécu en Afrique. Dans la<br />
brousse, tu assistes à la joie de vivre et à la<br />
compassion autour de toi, malgré la misère.<br />
Une chose qui n’est plus possible dans notre<br />
culture. Cela m’a fasciné. Je ne me suis jamais<br />
senti vraiment à l’aise en Suisse, malgré<br />
toute la reconnaissance que j’éprouve<br />
d’être né et de pouvoir vivre ici. C’est un paradis<br />
que j’admire, par exemple pour son<br />
système politique. C’est un aspect. Mais il y<br />
en a aussi un autre. On a tout, mais les gens<br />
sont tout de même mécontents. J’estime que<br />
nous ne méritons pas toute cette richesse, si<br />
nous ne voulons pas davantage la partager.<br />
On pourrait te répondre que tu as évidemment<br />
fait beaucoup de bien avec ton travail<br />
dans le tiers-monde, mais que la misère<br />
est restée. Et peut-être que l’aide humanitaire<br />
ne fait que cimenter les inégalités<br />
et l’exploitation des pauvres, parce<br />
qu’elle stabilise une situation précaire.<br />
Mon travail avait toujours deux aspects qui<br />
sont hélas d’importance égale et indissociables:<br />
d’une part l’engagement quotidien<br />
à l’hôpital, lors de famines et pour les orphelins,<br />
d’autre part l’influence destructrice<br />
de l’extérieur. C’est-à-dire l’apartheid,<br />
les chicaneries des autorités, la soif de pouvoir<br />
de l’église et bien d’autres choses qui<br />
entravaient mon engagement. Je ne pouvais<br />
pas le changer et devais apprendre à<br />
vivre avec. Mais je me suis dit que je l’aménagerais<br />
comme je le voulais dans mon espace<br />
de vie et compte tenu de mes possibilités.<br />
Une citation de Gertrud von Le Fort m’a<br />
aidé dans mon entreprise: «Le mal n’a pas<br />
d’autre pouvoir que l’impuissance de la<br />
bonté.»<br />
Cette citation figure sur un des nombreux<br />
bouts de papier dans son bureau. Il<br />
l’appelle d’ailleurs son «petit coin», son<br />
refuge dans la petite grange près de<br />
Bischofszell (TG). Il y habite avec Rita et sa<br />
fille ainée à côté d’une ferme. Dans des<br />
conditions modestes en location. Il aime<br />
être seul dans son «petit coin». Il passe la<br />
matinée à lire des livres ou derrière son<br />
ordinateur, médite sur des thèmes importants<br />
de la vie et couche ses idées sur le<br />
papier (voir encadré).<br />
La petite grange est devenue sa maison<br />
en 2013 lorsqu’il est rentré en Suisse à<br />
l’âge de 80 ans. Epuisé, malade, amaigri.<br />
Sa demeure définitive: le chapitre de<br />
l’Afrique est clos. Seules quelques photos<br />
au mur rappellent le continent noir. «Les<br />
adieux ont été difficiles, le nouveau départ<br />
ici aussi. Il faut pourtant reconnaître<br />
ses limites.»<br />
Pour cette dernière phrase, il faut<br />
bien tendre l’oreille. Comme lorsqu’il<br />
parle de son petit coin. Les deux ne correspondent<br />
pas à l’impression que donne<br />
Herbert Aschwanden. On réalise vite qu’il<br />
a une forte personnalité qui a très vite été<br />
obligée de devenir indépendante pour<br />
s’imposer. Qu’il avait probablement une<br />
énergie effrénée. Encore aujourd’hui à<br />
son âge, il paraît agile, fait les commissions<br />
avec sa vieille Opel et se promène<br />
chaque jour. La cigarette après le repas<br />
fait aussi partie des rituels. Il réfléchit et<br />
répond ensuite avec précision aux questions.<br />
Il analyse son interlocuteur avec un<br />
regard éveillé et un mélange d’amabilité<br />
et de curiosité. Il attend avec intérêt sa réaction<br />
à ce que celui-ci entend. S’il l’entend:<br />
l’ouïe a baissé, sa mémoire aussi.<br />
L’avant-dernière question boucle la<br />
boucle. Lorsque tu jettes un regard sur<br />
ta vie, Herbert: qu’en reste-t-il?<br />
Un jour assurément un peu de cendres.<br />
J’ai fait mon travail, j’ai pu aider et rendre<br />
des gens heureux. Cela m’a procuré une<br />
grande joie au point que je n’ai jamais douté<br />
de ma profession ou disons plutôt de ma<br />
vocation.<br />
Ce qui nous amène à la conclusion. Je te<br />
prie de terminer la phrase:<br />
... je voulais partager mes connaissances et<br />
mon savoir-faire avec mes semblables souffrants<br />
– car le partage va au-delà de l’aide.<br />
Auteur et chercheur<br />
Dans sa jeunesse, Herbert Aschwanden<br />
s’intéresse aux rêves et questions<br />
de conscience. A la recherche de<br />
réponses, il a réalisé des études ethnologiques<br />
sur les traditions et rites de la<br />
population noire. Les résultats de la<br />
recherche sont publiés dans plusieurs<br />
livres. Il y a quelques mois est par<br />
ailleurs paru l’ouvrage «Armut und<br />
Reichtum des Lebens: Das Spinngewebe<br />
der Symbolik einer bewusstseins<br />
analytischen Autobiografie».<br />
Les recettes de la vente seront reversées<br />
aux orphelins au Zimbabwe.<br />
Le travail humanitaire d’Herbert<br />
Aschwanden s’y poursuit et est soutenu<br />
par l’association suisse Hilfe<br />
für Simbabwe. Son engagement a été<br />
récompensé en 1994 avec le Schaffhauser<br />
Preis für Entwicklungszusammenarbeit<br />
et en 1999 le «Merit Award»<br />
de la Zimbabwe Medical Association.<br />
«Moi,<br />
médecin-assistant ...»<br />
Dans sa série, le <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong> donne<br />
la parole à des médecins-assistant(e)s<br />
– anciens et contemporains, avec différentes<br />
biographies et de toute la<br />
Suisse. L’article veut dresser une<br />
image multidimensionnelle et personnelle<br />
de la formation postgraduée et<br />
du parcours professionnel. Déjà paru:<br />
Dina-Maria Jakob (n° 5/2018), Lisa<br />
Bircher (n° 1/2019), Jürg Schlup<br />
(n° 3/2019), Christoph Jans (n° 5/2019)<br />
et Agathe Evain (n° 4/2020). Vous<br />
souhaitez y participer?<br />
Alors, écrivez à marti@<strong>asmac</strong>.ch.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 13
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Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Apprendre à chercher<br />
La structure et les<br />
fonctions de la<br />
recherche clinique<br />
Après les articles théoriques<br />
parus dans ma série «Apprendre<br />
à lire», j’aimerais<br />
orienter la série à venir sur<br />
les questions pratiques de la recherche<br />
clinique. Le but n’est pas de créer un<br />
manuel, mais de rassembler des conseils<br />
et astuces compte tenu de mon expérience<br />
dans la recherche académique.<br />
Ils sont le reflet de mon expérience<br />
personnelle et ne correspondront donc<br />
pas toujours à celle des lecteurs.<br />
Le tableau présente la structure générale<br />
avec laquelle je conceptualise les études<br />
cliniques. Elles sont structurées à travers<br />
différents éléments en commençant par<br />
la formulation de la question sur laquelle<br />
porte l’étude et en terminant avec la pu -<br />
bli cation des résultats. Chaque élément<br />
remplit différentes fonctions. Le tableau<br />
ne prétend pas être exhaustif et les<br />
fonctions (p. ex. choix du design d’étude<br />
optimal) peuvent être pertinentes dans<br />
différentes phases de l’étude.<br />
Je vais apporter un éclairage sur différents<br />
aspects du tableau en fonction du<br />
cours de l’étude. De plus, je vous invite à<br />
m’adresser vos questions portant sur<br />
votre projet de recherche auxquelles je<br />
répondrai volontiers dans un futur<br />
article.<br />
Structure<br />
Question de l’étude<br />
Protocole de l’étude/demande<br />
d’évaluation éthique<br />
Financement (bourse)<br />
Collecte de données<br />
Analyse des données<br />
Présentation lors de conférences<br />
Rédaction du rapport d’étude<br />
Publication<br />
Fonctions<br />
• Reconnaître et décrire le projet<br />
• Définir la population<br />
• Décrire les connaissances existantes sur le thème<br />
• Définir les objectifs de l’étude<br />
• Déterminer le design de l’étude<br />
• Estimer la taille de l’échantillon<br />
• Garantir la faisabilité de l’étude<br />
• Convaincre les bailleurs de l’utilité de l’étude<br />
• Assurer le financement de l’étude<br />
• Obtenir la reconnaissance comme groupe<br />
de recherche<br />
• Garantir une collecte de données efficace<br />
• Optimiser la structure des données pour<br />
l’analyse<br />
• Assurer une analyse indépendante<br />
• Appliquer des méthodes statistiques correctes<br />
• Interpréter correctement les résultats<br />
• Communiquer les résultats de l’étude<br />
• Obtenir un premier retour de la part de collègues<br />
• Lancer le réseautage/la collaboration<br />
• Rédaction scientifique<br />
• Utilisation optimale des tableaux et graphiques<br />
• Interpréter correctement les résultats et les<br />
placer dans le contexte<br />
• Choisir un journal approprié<br />
• Formater le texte et les graphiques<br />
• Rédiger une lettre d’accompagnement<br />
• Répondre aux commentaires des experts<br />
Lukas Staub,<br />
spécialiste en<br />
épidémiologie<br />
clinique, membre<br />
de la rédaction<br />
du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong><br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 15
Formation postgraduée / Conditions de travail<br />
Le regard d’une sous-assistante<br />
7h30: rapport<br />
J’ai longtemps attendu cet instant:<br />
le premier jour dans ma<br />
carrière de sous-assistante.<br />
Après quatre années d’apprentissage<br />
intensif et au maximum trois<br />
contacts de dix minutes chacun avec des<br />
patients (accompagnée de quatre collègues<br />
étudiants pour interroger le patient<br />
avec nos questions apprises par cœur), les<br />
choses sérieuses commencent. Enfin, les<br />
vrais patients avec de vraies pathologies,<br />
de vrais collègues médecins dans un vrai<br />
hôpital avec de vrais médicaments et<br />
évidemment un vrai système informatique<br />
(ma relation ambivalente avec les<br />
ordinateurs est donc aussi mise à rude<br />
épreuve).<br />
C’est avec la boule au ventre qu’à<br />
7h29 je suis transférée au sous-sol avec<br />
deux collègues. Une dame nous court<br />
après et nous chuchote: «A 7h30, c’est<br />
l’heure du rapport!» <strong>No</strong>us entrons dans<br />
un local sombre. Dix personnes vêtues<br />
de blanc sont assises à une table rectangulaire.<br />
Une radiographie est projetée<br />
au mur. Lorsque nous entrons, tous les<br />
regards semblent se porter sur nous<br />
pendant une fraction de seconde, mais<br />
se détournent rapidement vers la projection.<br />
Et un monsieur en blouse blanche<br />
nous explique avec un accent autrichien<br />
où l’on peut apparemment voir la fracture<br />
sur l’image. «Là, où il y a la petite boule.»<br />
Je laisse mon regard balayer le local<br />
et découvre au bout de la table un<br />
monsieur, sans blouse blanche, dont je<br />
pense qu’il fait partie des personnes les<br />
plus âgées présentes dans le local et qui<br />
est sur le point de s’assoupir. La jeune<br />
génération présente continue de regarder<br />
attentivement l’écran. Au bout de la table,<br />
avec une parfaite vue d’ensemble, trône<br />
la médecin-cheffe. Lorsqu’elle fait un<br />
commentaire, l’assemblée acquiesce,<br />
quand elle rit, tout le monde rit (même si<br />
de toute évidence de loin pas tous n’en<br />
saisissent la raison).<br />
Soudain, deux tiers des personnes<br />
présentes quittent le local. Silence. De<br />
temps à autre, un regard se porte sur<br />
l’écran, bien que celui-ci n’affiche plus<br />
rien. Ce n’est que lorsque la médecin-cheffe<br />
prononce le mot libérateur<br />
«café?» que les autres médecins se lèvent.<br />
J’apprends bientôt que pour les assistant(e)s<br />
c’est le mot-clé pour «préparer la<br />
visite», mais que pour les médecinscadres,<br />
cela signifie «café et croissants<br />
pour passer le temps jusqu’à ce que les<br />
assistant(e)s soient enfin prêts».<br />
Youpi! Je peux participer à la visite<br />
en tant que secrétaire, équipée de la liste<br />
des patients, du stéthoscope, de la liste<br />
téléphonique et du téléphone dans ma<br />
poche ainsi que d’un ordinateur sur une<br />
table mobile. – Me serais-je trompée?<br />
Ne s’agissait-il pas d’un poste de sousassistante?<br />
Camille Bertossa,<br />
étudiante en médecine<br />
de 5 e année<br />
16<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
<strong>asmac</strong><br />
<strong>No</strong>uvelles<br />
des sections<br />
Berne<br />
Assemblée générale et fête<br />
du jubilé <strong>2021</strong><br />
L’assemblée générale ordinaire <strong>2021</strong> est<br />
prévue le jeudi 22 avril à 19 h à la Maison<br />
des générations de Berne. <strong>No</strong>us vous informerons<br />
en temps voulu de sa tenue ou<br />
d’une éventuelle alternative.<br />
La fête à l’occasion de notre jubilé des<br />
75 ans a été reportée au 12 juin <strong>2021</strong> à cause<br />
de la crise du coronavirus. <strong>No</strong>us vous tiendrons<br />
également au courant à ce sujet.<br />
Janine Junker, directrice de l’ASMAC Berne<br />
Zurich/<br />
Schaffhouse<br />
Lifting à l’ASMAC Zurich<br />
L’année 2020 a été marquée par de nombreux<br />
défis. Dans le contexte du coronavirus,<br />
la numérisation n’a pas non plus<br />
épargné le comité de l’ASMAC Zurich. Les<br />
séances virtuelles à cadence accélérée<br />
nous ont certes rapprochés mais aussi<br />
d’une certaine manière éloignés les uns<br />
des autres. <strong>No</strong>us sommes donc impatients<br />
de nous asseoir tous autour de la même<br />
table, de mener des discussions animées<br />
et de nous couper la parole.<br />
La situation exceptionnelle nous a<br />
aussi montré que la proximité avec nos<br />
membres est plus importante que jamais<br />
et que nous, en tant que médecins, devons<br />
assumer un rôle actif dans la politique de<br />
la santé. Pour pouvoir efficacement porter<br />
votre opinion vers l’extérieur, nous avons<br />
profité du temps disponible pour remanier<br />
notre site Internet et activer les canaux<br />
dans les médias sociaux. Vous nous trouverez<br />
désormais sur LinkedIn et Instagram.<br />
Parallèlement, nous avons révisé<br />
notre calculateur des salaires. Il est dès à<br />
présent accessible sur notre nouveau site<br />
Internet. La principale fonction permet de<br />
vérifier les salaires de base des médecins-assistant(e)s<br />
et chef(fe)s de clinique<br />
dans le canton de Zurich. Grâce à notre<br />
sondage réalisé parmi nos membres, nous<br />
sommes également en mesure de fournir<br />
aux chef(fe)s de clinique une estimation<br />
du salaire global attendu en tenant compte<br />
des participations aux honoraires supplémentaires<br />
suivant les disciplines. <strong>No</strong>us<br />
tentons donc aussi d’établir plus de transparence<br />
pour les salaires des chef(fe)s de<br />
clinique. <strong>No</strong>us avons besoin de votre aide<br />
pour continuellement mettre à jour les<br />
données salariales dans le canton de Zurich.<br />
Toute information, tout contrat de<br />
travail ou autre indication de salaire sont<br />
donc les bienvenus!<br />
Outre la communication améliorée,<br />
nous avons fixé les priorités suivantes en<br />
<strong>2021</strong>: encouragement de la relève, conditions<br />
de travail et une formation postgraduée<br />
modernes à tous les niveaux. La première<br />
manifestation prévue en <strong>2021</strong> est le<br />
séminaire Coach my Career pour la relève<br />
sur le thème «Plötzlich Ärztin*Arzt!» –<br />
SAVE THE DATE 20 mars 2020!<br />
Vous trouverez le flyer SAVE THE<br />
DATE:<br />
https://www.vsao-zh.ch/wp-content/<br />
uploads/2020/12/cmc_savethedate<strong>2021</strong>_<br />
flyer.pdf<br />
Anna Wang, présidente,<br />
et Susanne Hasse, directrice<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 17
<strong>asmac</strong><br />
<strong>asmac</strong>-Inside<br />
Michael Burkhardt<br />
Lieu de domicile: Berne et Fribourg<br />
A l’<strong>asmac</strong> depuis: 2019<br />
L’<strong>asmac</strong> en trois mots:<br />
solidaire, novatrice et tournée vers<br />
l’avenir<br />
Il est quelqu’un qui veut bien faire<br />
les choses. Vraiment bien. Pas<br />
seulement pour lui-même, mais<br />
aussi pour les autres. Et quand il<br />
veut bien faire sous les yeux attentifs de<br />
l’assemblée, il est vraiment très tendu.<br />
Comme lors de la dernière séance de la<br />
Chambre médicale qui s’est déroulée<br />
virtuellement à cause du coronavirus.<br />
Michael Burkhard devait présenter dans<br />
une salle d’exposition à Berne la prise de<br />
«position du corps médical suisse sur le<br />
thème du climat et de la santé» déposée<br />
par la swimsa et l’<strong>asmac</strong>. Devant l’œil de<br />
la caméra et sous les regards attentifs du<br />
Comité central de la FMH:<br />
Quelques minutes et d’innombrables<br />
gouttes de sueur plus tard, tout allait (de<br />
nouveau) bien. Le jeune homme de 27 ans<br />
s’était comme toujours bien préparé et<br />
avait parfaitement accompli sa mission.<br />
«Pour moi, c’était une expérience intéressante<br />
et même un peu amusante de me<br />
retrouver sur un podium dans une grande<br />
salle dans laquelle il y avait plus d’infrastructure<br />
technique que de gens»,<br />
résume-t-il. «J’ai considéré ma courte<br />
intervention comme un magnifique défi<br />
pour lequel je suis reconnaissant.»<br />
Les défis ne devraient d’ailleurs pas<br />
manquer sur son futur parcours. Michael<br />
Burkhard est en quatrième année de ses<br />
études de médecine. «A l’heure actuelle,<br />
la psychiatrie et l’urologie m’intéressent<br />
le plus – même si je suis presque sûr que<br />
ces préférences changeront encore<br />
plusieurs fois à l’avenir.» Le présent est<br />
plus important. Celui-ci comprend<br />
depuis le printemps dernier son rôle de<br />
représentant de la swimsa, l’organisation<br />
des étudiants en médecine, au Comité<br />
directeur de l’<strong>asmac</strong>. «J’assure la communication<br />
entre les associations et coordonne<br />
les affaires qui concernent les<br />
deux.»<br />
Pourquoi s’engage-t-il? La prochaine<br />
étape importante dans sa formation est<br />
l’engagement comme médecin-assistant.<br />
«Je considère donc qu’il est important<br />
d’aborder déjà maintenant les responsabilités<br />
et obstacles qui jalonneront ma<br />
future profession.» L’<strong>asmac</strong> lui permet<br />
d’affiner l’image qu’il s’en fait et de<br />
contribuer aux changements. «De plus,<br />
j’ai l’opportunité de faire mes premiers<br />
pas en politique de la santé.» Et malgré<br />
ses bas-fonds, il sait déjà: «Après les<br />
études et mon engagement de délégué de<br />
la swimsa, je souhaite rester actif à<br />
l’<strong>asmac</strong> et dans la politique professionnelle.»<br />
La vie de Michael Burkhardt ne<br />
tourne cependant pas seulement autour<br />
des études et de son engagement pour<br />
l’association. Les activités avec sa<br />
compagne et ses amis y trouvent aussi<br />
leur place. «Actuellement, mon petit chat<br />
Kuro, que j’ai trouvé fin octobre devant<br />
chez moi et qui nécessitait quelques<br />
soins, me tient en haleine. Autrement,<br />
j’aime passer ma soirée avec un livre, faire<br />
du footing ou plonger dans l’univers de<br />
Netflix.»<br />
18<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
<strong>asmac</strong><br />
Conseil juridique de l’<strong>asmac</strong><br />
Conciliation entre<br />
activité professionnelle<br />
et impératifs liés à<br />
la vie fami-liale:<br />
nouveautés législatives<br />
en droit du travail<br />
PePendant longtemps, le législateur<br />
suisse n’a pas voulu régler<br />
les questions relevant de la<br />
con-ciliation entre activité<br />
professionnelle et vie familiale, considérant<br />
qu’elles relevaient de la sphère<br />
privée. En la matière, l’assurance-maternité,<br />
introduite en 2005, a été jusqu’à<br />
aujourd’hui la seule avancée législative<br />
notable. Dans de nombreuses conventions<br />
collectives, des progrès ont été<br />
constatés. Ces derniers temps, le mouvement<br />
législatif s’est toutefois accéléré,<br />
sous la pression d’initiatives populaires<br />
ou parlementaires. Ainsi, suite à la votation<br />
du 27 septembre 2020, un congé<br />
paternité de deux semaines est entré en<br />
vigueur le 1er janvier <strong>2021</strong>. En outre, la loi<br />
fédérale sur l’amélioration de la conciliation<br />
entre activité professionnelle et prise<br />
en charge de proches, adoptée le 20 décembre<br />
2019, entraîne l’entrée en vigueur,<br />
le 1er janvier <strong>2021</strong>, d’un congé pour la<br />
prise en charge de proches, puis, le 1er<br />
juillet <strong>2021</strong>, d’une réglementation sur le<br />
congé de prise en charge d’un enfant<br />
gravement atteint dans sa santé. Enfin, en<br />
date du 18 décembre 2020, les Chambres<br />
fédérales ont accepté de prolonger la<br />
durée du congé maternité et des prestations<br />
d’assurance correspondantes en cas<br />
d’hospitalisation du nouveau-né; la date<br />
d’entrée en vigueur de cette dernière<br />
modification n’est pas encore fixée. Dans<br />
cet article, ces nouvelles réglementations<br />
légales seront présentées dans les grandes<br />
lignes.<br />
Congé paternité<br />
La nouvelle réglementation introduit,<br />
dans le Code des obligations (dont<br />
relèvent les rapports de travail de la<br />
majorité des médecins-assistant(e)s et<br />
chef(fe)s de cliniques), un congé paternité<br />
de deux semaines à prendre dans les six<br />
mois qui suivent la naissance de l’enfant.<br />
Ce droit est accordé à celui qui est le père<br />
légal au moment de la naissance de<br />
l’en fant (du fait de son mariage avec la<br />
mère) ou à celui qui le devient au cours<br />
des six mois qui suivent (du fait de sa<br />
reconnaissance de l’enfant). Contrairement<br />
au congé maternité de 14 semaines,<br />
qui doit être pris d’un trait dès le jour de<br />
l’accouchement (art. 329f CO), le congé<br />
paternité peut être pris de manière<br />
fractionnée, sous la forme de semaines ou<br />
de journées (art. 329g al. 3 CO). Les régle -<br />
mentations contractuelles ou découlant<br />
de conventions collectives déjà existantes,<br />
lorsqu’elles sont plus généreuses, restent<br />
applicables.<br />
Selon un système identique à celui<br />
appliqué pendant le congé maternité, la<br />
nouvelle loi prévoit, pendant les jours<br />
de congé paternité, le versement par le<br />
régime des allocations pour perte de gain<br />
(LAPG) d’une allocation de paternité<br />
équivalente à 80% du salaire (plafonnée à<br />
196 francs par jour calendaire). Comme<br />
pour le congé maternité, les réglementations<br />
contractuelles ou les conventions<br />
collectives peuvent évidemment prévoir<br />
le maintien du salaire entier pendant les<br />
jours de congé paternité.<br />
La loi ne contient aucune règle<br />
expresse relative aux modalités de<br />
fixation des dates du congé de paternité.<br />
En prévoyant que ce congé doit être pris<br />
dans les six mois qui suivent la naissance<br />
de l’enfant et qu’il peut être pris sous la<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 19
<strong>asmac</strong><br />
forme de semaines ou de journées, le<br />
législateur a toutefois voulu permettre<br />
aux familles de moduler ce congé selon<br />
leurs besoins. La possibilité de fractionner<br />
ce congé en jours isolés, de prendre<br />
l’essentiel de ce congé au moment de<br />
la naissance ou, au contraire, après le<br />
congé maternité de la mère doit ainsi être<br />
garantie dans tous les cas. Dans la mesure<br />
du possible, il conviendra de tenir compte<br />
des besoins de l’employeur, notamment<br />
en annonçant les dates envisagées de<br />
congé suffisamment tôt pour permettre<br />
l’organisation du travail et les remplacements.<br />
Contrairement à ce qui est prévu<br />
pour la fixation des vacances (art. 329c al.<br />
2 CO), il faut toutefois considérer qu’en<br />
cas de désaccord avec l’employeur sur les<br />
dates de prise du congé paternité, ce<br />
dernier ne peut pas imposer unilatéralement<br />
sa volonté.<br />
Comme le congé maternité, le congé<br />
paternité ne peut pas entraîner de<br />
réduction du droit aux vacances (art. 329b<br />
al. 3 let. c CO). Aucune protection contre<br />
les licenciements n’est en revanche liée<br />
au congé paternité. Toutefois, si, au<br />
moment de la résiliation du contrat de<br />
travail par l’employeur, le congé paternité<br />
n’a pas été entièrement pris, le délai de<br />
congé est prolongé du nombre de jours de<br />
congé restant à prendre (art. 335c al. 3<br />
CO); cette règle permet ainsi au père<br />
licencié de pouvoir bénéficier de la durée<br />
entière de son délai de congé pour la<br />
recherche d’un nouvel emploi. A titre<br />
d’exemple, si le père d’un enfant, né le 20<br />
janvier <strong>2021</strong>, est licencié à la fin mars <strong>2021</strong><br />
avec effet au 31 mai <strong>2021</strong> et qu’il lui reste,<br />
au moment de son licenciement, un solde<br />
de sept jours de congé paternité à<br />
prendre, son contrat de travail sera pro<br />
longé jusqu’au 7 juin <strong>2021</strong>.<br />
Congé pour la prise en charge de<br />
proches<br />
Le nouvel article 329h CO introduit un<br />
droit à un congé payé pour la prise en<br />
charge d’un membre de la famille ou du<br />
partenaire atteint dans sa santé. Ce congé<br />
payé est limité au temps nécessaire pour<br />
la prise en charge, mais ne doit pas<br />
dépasser trois jours par cas et dix jours<br />
par an au total. Ce nouvel article prévoit,<br />
dans ces limites, un droit à un congé payé<br />
par l’employeur indépendant des règles<br />
sur le droit au salaire en cas d’empêchement<br />
de travailler (art. 324a CO). Ce<br />
nouvel article va ainsi plus loin que<br />
l’article 36 al. 3 LTr, dans sa version en<br />
vigueur jusqu’au 31 décembre 2020,<br />
puisque cette ancienne disposition<br />
concernait uniquement les enfants<br />
jusqu’à l’âge de 15 ans, à l’exclusion des<br />
autres membres de la famille et du<br />
partenaire, et ne prévoyait pas de droit au<br />
salaire pendant le congé.<br />
Lorsque la prise en charge d’un<br />
proche entraîne pour la personne salariée<br />
un empêchement de travailler d’une<br />
durée excédant les trois jours par cas ou<br />
les dix jours par an, l’article 324a CO peut<br />
CERTIFIÉ<br />
HAUTE QUALITÉ:<br />
<strong>Journal</strong><br />
<strong>asmac</strong><br />
N o 1, <strong>février</strong> <strong>2021</strong><br />
Le journal de l’Association suisse des médecins-assistant(e)s et chef(fe)s de clinique<br />
Réserve<br />
Du stock obligatoire<br />
à la réserve de globules<br />
rouges<br />
Page 22<br />
Publication<strong>2021</strong><br />
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Pneumologie<br />
Fibrose pulmonaire – diagnostic et<br />
nouveaux traitements<br />
Page 45<br />
Gériatrie<br />
Le patient âgé «récalcitrant»<br />
Page 49<br />
Politique<br />
L’admission – un labyrinthe<br />
Page 6<br />
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20<br />
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1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
<strong>asmac</strong><br />
alors encore trouver application et, selon<br />
les circonstances, lui faire bénéficier d’un<br />
droit au salaire d’une plus longue durée.<br />
Indépendamment d’un droit à un<br />
congé payé fondé sur le nouvel article<br />
329h CO ou d’un empêchement de travailler<br />
au sens de l’article 324a CO, il découle<br />
du nouvel article 36 al. 4 LTr, également<br />
entré en vigueur le 1er janvier <strong>2021</strong>, que la<br />
prise en charge d’enfants atteints dans<br />
leur santé peut justifier un congé dépassant<br />
dix jours par an; au-delà de dix jours<br />
par an, ce congé ne sera toutefois pas<br />
nécessairement payé.<br />
Congé pour la prise en charge d’un<br />
enfant gravement atteint dans la santé<br />
La nouvelle réglementation, qui relève<br />
également du régime des allocations pour<br />
perte de gain (LAPG) et qui entrera en<br />
vigueur le 1er juillet <strong>2021</strong>, permettra aux<br />
parents d’un enfant mineur gravement<br />
atteint dans sa santé en raison d’une<br />
maladie ou d’un accident de bénéficier<br />
d’allo-cations de prise en charge pendant<br />
l’interruption de l’activité lucrative que la<br />
prise en charge de l’enfant nécessite.<br />
Lorsque les conditions du droit à cette<br />
prestation, détaillées dans la loi (art. 16i<br />
et 16j LAPG), sont remplies, il est prévu<br />
que, pendant un délai-cadre de 18 mois,<br />
les parents bénéficieront de 98 indemnités<br />
journalières au plus (14 semaines),<br />
couvrant le 80% du revenu de l’activité<br />
lucrative (avec un plafond à 196 francs<br />
par indemnité) (art. 16k à 16n LAPG);<br />
lorsque les deux parents exercent une<br />
activité lucrative, ces 98 indemnités<br />
devront être réparties entre eux, en<br />
principe par moitiés (art. 16l al. 4 LAPG).<br />
Lorsqu’une personne salariée aura<br />
droit à une telle allocation de prise en<br />
charge, elle aura simultanément le droit<br />
d’obtenir de son employeur un congé de<br />
prise en charge correspondant d’une<br />
durée totale de 14 semaines au plus, qui<br />
peut être pris en une fois ou sous forme<br />
de journées (art. 329i CO). Si les deux<br />
parents travaillent, chacun a droit en<br />
principe au total à un congé de sept<br />
semaines au plus; les parents peuvent<br />
toutefois convenir de se partager le congé<br />
de manière différente (art. 329i al. 3 CO).<br />
Lorsque l’allocation de prise en charge,<br />
du fait de son montant maximal fixé à 196<br />
francs par jour calendaire, n’atteindra pas<br />
le 80% du salaire du parent bénéficiaire,<br />
l’employeur pourra, selon les circonstances,<br />
être amené à verser la différence<br />
entre l’allocation de prise en charge et le<br />
80% du salaire (art. 324b al. 2 CO); les<br />
réglementations contractuelles ou<br />
prévues par conventions collectives<br />
peuvent évidemment prévoir le maintien<br />
du salaire entier pendant le congé de<br />
prise en charge.<br />
La prise de ce congé de prise en charge<br />
n’entraînera en outre aucune réduction des<br />
vacances (art. 329b al. 3 let. d CO). Enfin,<br />
les parents concernés bénéficieront d’une<br />
protection contre les licenciements, liée à<br />
ce congé de prise en charge, pour une<br />
période maximale de six mois à compter<br />
du jour où le délai-cadre a commencé à<br />
courir (art. 336c al. 1 let. c bis CO).<br />
Prolongation du congé maternité en<br />
cas d’hospitalisation du nouveau-né<br />
Actuellement, le congé maternité de 14<br />
semaines, durant lequel la mère bénéficie<br />
de l’allocation de maternité (couvrant<br />
80% du salaire, avec un plafond fixé à 196<br />
francs par jour calendaire), débute le jour<br />
de la naissance de l’enfant (art. 329f CO).<br />
En cas d’hospitalisation du nouveau-né<br />
de façon ininterrompue durant trois<br />
semaines au moins depuis sa naissance,<br />
le début de ce congé maternité de 14 semaines,<br />
et de l’allocation de maternité<br />
correspondante, peut être reporté<br />
jusqu’au moment où l’enfant quitte<br />
l’hôpital (art. 16c al. 2 LAPG). Durant la<br />
période de report, aucune allocation de<br />
maternité n’est toutefois versée. Etant<br />
donné que la mère doit s’occuper de son<br />
enfant et qu’elle a de toute façon l’interdiction<br />
de travailler durant les huit<br />
semaines suivant l’accouchement (art.<br />
35a al. 3 LTr), l’article 324a CO sur le<br />
salaire en cas d’empêchement de travailler<br />
trouve application durant cette<br />
période; lorsque la mère a peu d’ancienneté<br />
et qu’elle a eu un arrêt maladie de<br />
longue durée pendant sa grossesse, les<br />
prétentions en paiement du salaire<br />
fondées sur l’article 324a CO – qui sont<br />
limitées dans leur durée – peuvent être<br />
déjà épuisées au moment de l’accouchement,<br />
de sorte qu’elle peut se retrouver<br />
sans revenu en cas de demande<br />
de report du congé maternité.<br />
Selon la révision législative adoptée<br />
le 18 décembre 2020, dont l’entrée en<br />
vigueur n’est pas encore fixée, ce système<br />
de report du congé maternité sera<br />
remplacé par une prolongation du congé<br />
maternité et du versement de l’allo -<br />
cation d’une durée équivalente à la durée<br />
de l’hospi-talisation du nouveau-né (mais<br />
au maximum de 56 jours); la durée totale<br />
du congé maternité et du versement de<br />
l’allocation, prolongation comprise,<br />
pourra ainsi atteindre au maximum 22<br />
semaines à partir du jour de l’accouchement.<br />
La prolongation du congé maternité<br />
prévue par le nouveau régime est<br />
conditionnée à une hospitalisation du<br />
nouveau-né immédiatement après sa<br />
naissance d’une durée ininterrompue de<br />
deux semaines au moins (au lieu des trois<br />
semaines actuellement exigées pour<br />
obtenir le report du congé maternité).<br />
Elle suppose également que la mère<br />
apporte la preuve qu’au moment de son<br />
accouchement, elle prévoyait de reprendre<br />
une activité lucrative à la fin de<br />
son congé maternité; cette preuve doit<br />
notamment être considérée comme<br />
apportée lorsque la salariée n’a pas résilié<br />
son contrat de travail avant son accouchement.<br />
Lorsque l’allocation de maternité<br />
versée à la mère pendant la durée d’hospitalisation<br />
du nou-veau-né, du fait de<br />
son montant maximal fixé à 196 francs<br />
par jour calendaire, n’atteindra pas le 80%<br />
du salaire, l’employeur pourra,<br />
selon les circonstances, être amené à<br />
verser la différence entre l’allocation de<br />
maternité et le 80% du salaire (art. 324b<br />
al. 2 CO); les réglementations contractuelles<br />
ou prévues par conventions<br />
collectives peuvent évidemment prévoir<br />
le maintien du salaire entier pendant<br />
cette période, comme pendant le restant<br />
du congé maternité.<br />
Selon l’article 336c al. 1 let. c CO, l’employeur<br />
ne peut pas licencier une travailleuse<br />
pendant sa grossesse ainsi que<br />
pendant les 16 semaines suivant l’accouchement.<br />
Selon le nouvel article 336c al. 1<br />
let. c bis CO, introduit par cette même<br />
réforme, il ne sera pas non plus possible<br />
de licencier une travailleuse pendant un<br />
congé maternité prolongé en raison de<br />
l’hospitalisation du nouveau-né; en<br />
fonction de la durée d’hospitalisation du<br />
nouveau-né, la protection contre les<br />
licenciements à compter de l’accouchement<br />
pourra ainsi durer jusqu’à<br />
22 semaines.<br />
Christian Bruchez<br />
avocat, section Genève<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 21
Point de mire<br />
Les réserves<br />
suisses<br />
La brochure de recommandations actuelle pour les ménages privés<br />
s’intitule «Des provisions providentielles». Mais les entreprises aussi<br />
doivent stocker des marchandises sur mandat de la Confédération –<br />
du café en passant par l’engrais jusqu’aux médicaments.<br />
Stefan Menzi, chef suppléant section stockage,<br />
Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE)<br />
Les provisions en cas d’urgence: la Confédération stocke différentes marchandises au cas où une pénurie ou interruption de la chaîne de livraison<br />
devrait survenir. Comme par exemple dans ce dépôt de carburant.<br />
Photos: màd<br />
22<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
En mars et avril 2020, la demande<br />
pour certains médicaments<br />
a augmenté de façon<br />
spectaculaire compte tenu du<br />
nombre croissant de patients atteints du<br />
COVID-19 qu’il fallait traiter. Les hôpitaux<br />
se sont donc efforcés de constituer des<br />
stocks plus importants. Quant aux fabricants,<br />
ils se sont concentrés sur la production<br />
de produits spécifiquement nécessaires<br />
pour le COVID-19, ce qui a entravé<br />
l’approvisionnement d’autres médicaments.<br />
Cela a entraîné des problèmes de<br />
livraison dans les soins médicaux de base.<br />
La Suisse a donc dû mobiliser ses stocks<br />
obligatoires. De mars à avril 2020, les<br />
stocks obligatoires ont été libérés à 27 reprises.<br />
Cela concernait 19 produits, le plus<br />
souvent des antibiotiques. Déjà en <strong>février</strong><br />
2020, la Confédération avait donné son<br />
feu vert pour la vente d’environ 170 000<br />
masques FFP2/3. Les trois entreprises qui<br />
tenaient les stocks obligatoires ont vendu<br />
les masques à la pharmacie de l’armée qui<br />
les a ensuite livrés aux cantons.<br />
Stocks obligatoires indispensables<br />
Les stocks obligatoires ne comprennent<br />
pas seulement des masques et des médicaments.<br />
La Confédération fait en sorte que<br />
des stocks obligatoires d’aliments de base,<br />
de carburant et d’engrais soient tenus en<br />
Suisse pour pallier une éventuelle pénurie.<br />
Ils permettent de remédier aux difficultés<br />
temporaires lorsque les chaînes<br />
d’approvisionnement sont interrompues.<br />
Constituer des stocks est une mesure de<br />
prévention capitale pour la Suisse, tributaire<br />
des importations. Si le marché ne<br />
peut plus satisfaire la demande de biens<br />
vitaux, suite à une perturbation de l’approvisionnement,<br />
on peut libérer les réserves<br />
de produits convoités: le stockage est donc<br />
un moyen d’action précieux d’approvisionnement<br />
économique du pays. La<br />
Confédération ne gère pas elle-même ces<br />
stocks, mais délègue cette tâche aux entreprises<br />
qui n’exploitent pas seulement les<br />
stocks, mais qui produisent ou font le<br />
commerce des marchandises qui doivent<br />
être stockées. Les stocks sont donc intégrés<br />
dans les réseaux de distribution habituels<br />
et peuvent être rapidement mobilisés<br />
en cas de besoin.<br />
La Confédération définit quelles marchandises<br />
doivent être obligatoirement<br />
stockées. De plus, elle spécifie pour combien<br />
de temps les stocks doivent couvrir<br />
les besoins moyens de la population<br />
suisse. Toutes les entreprises qui importent<br />
ces biens en quantité dépassant<br />
Produit Besoins à couvrir 1<br />
Alimentation<br />
Sucre<br />
3 mois<br />
Riz<br />
4 mois<br />
Huiles et corps gras<br />
4 mois<br />
Café<br />
3 mois<br />
Blé tendre destiné aux humains<br />
4 mois<br />
Blé dur destiné aux humains<br />
4 mois<br />
Blé tendre à double destination<br />
3 à 4 mois<br />
Céréales fourragères<br />
2 mois<br />
(Oléo)protéagineux<br />
2 mois<br />
Engrais azotés<br />
1/3 des besoins sur une période<br />
de végétation 2<br />
Energie<br />
Essence<br />
4,5 mois<br />
Kérosène<br />
3 mois<br />
Diesel<br />
4,5 mois<br />
Mazout<br />
4,5 mois<br />
Mazout extraléger stocké à la place du gaz 3 4,5 mois<br />
Barres d’uranium Pour recharger une fois 2 réacteurs 4<br />
Produits thérapeutiques<br />
Anti-infectieux à usage humain<br />
− dosés pour la vente<br />
− Principes actifs<br />
Inhibiteur de la neuraminidase<br />
Analgésiques et opiacés puissants<br />
Vaccins<br />
Anti-infectieux en médecine vétérinaire<br />
Kits pour don du sang<br />
Masques de protection FFP2 et FFP3<br />
Biens industriels<br />
Polyéthylène (PE) et additifs<br />
un certain seuil ou sont les premières à les<br />
commercialiser en Suisse doivent conclure<br />
un contrat de stockage avec l’Office fédéral<br />
pour l’approvisionnement économique du<br />
pays (OFAE). Ces contrats définissent les<br />
marchandises, la quantité, la qualité et le<br />
3 mois<br />
2 à 3 mois<br />
Thérapie pour 25% de la population<br />
+ prophylaxie pour le personnel de<br />
santé pendant 40 jours<br />
3 mois<br />
4 mois<br />
2 mois<br />
3 mois<br />
168 400 pce<br />
81 tonnes<br />
1<br />
Les besoins à couvrir sont la période (en mois) pendant laquelle les quantités stockées doivent couvrir<br />
les besoins moyens de la population suisse. Dans certains cas, les quantités sont exprimées en chiffres<br />
absolus.<br />
2<br />
Les deux tiers restants sont couverts par les stocks existants chez les producteurs, importateurs,<br />
commerçants, etc. et par l’azote disponible dans le sol.<br />
3<br />
Le mazout extraléger est stocké à titre supplétif pour le gaz naturel. Les consommateurs de gaz naturel<br />
équipés d’une installation mixte peuvent être approvisionnés pendant 4,5 mois.<br />
4<br />
On stocke respectivement une recharge pour deux des quatre réacteurs nucléaires suisses.<br />
lieu du stockage. A l’heure actuelle, ce sont<br />
environ 300 entreprises qui gèrent des<br />
stocks obligatoires. La valeur des stocks<br />
suit les fluctuations du marché et se situe<br />
actuellement à environ 2,5 milliards de<br />
francs.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 23
Point de mire<br />
Dans le cadre du stockage obligatoire, les<br />
branches économiques concernées<br />
peuvent fonder des organisations de droit<br />
privé, chargées de ces réserves. Cinq organisations<br />
chargées des réserves obligatoires<br />
existent actuellement. Elles<br />
couvrent presque tous les domaines du<br />
stockage obligatoire. Ces organisations<br />
gèrent des fonds de garantie qui servent à<br />
couvrir les coûts liés au stockage. Les<br />
fonds sont alimentés par les contributions<br />
des importateurs ou des premiers à commercialiser<br />
les biens relevant du stockage<br />
obligatoire en Suisse. De plus, les organisations<br />
chargées des réserves obligatoires<br />
contrôlent sur mandat de la Confédération<br />
si les entreprises chargées du stockage<br />
respectent leurs obligations en la matière.<br />
L’activité des organisations chargées<br />
des réserves obligatoires est surveillée par<br />
l’OFAE.<br />
Outre le stockage obligatoire ordonné<br />
par la Confédération, l’OFAE peut convenir<br />
sur une base volontaire avec certaines<br />
entreprises du stockage d’autres biens essentiels.<br />
Grâce à cela, il est possible de<br />
constituer des stocks pour des biens essentiels<br />
pour l’approvisionnement pour<br />
lesquels la demande est faible en temps<br />
normal ou qui ne sont proposés que par un<br />
nombre limité de fournisseurs (p. ex., granules<br />
de plastique). Même si dans ce cas de<br />
figure, il n’y a pas d’obligation de stockage,<br />
les entreprises prennent les mêmes engagements<br />
que ceux applicables au stockage<br />
obligatoire.<br />
L’assortiment actuel des marchandises<br />
stockées ainsi que la couverture des<br />
besoins sont résumés dans le tableau<br />
page 23.<br />
Plus de savon, mais des<br />
médicaments<br />
L’assortiment des marchandises stockées<br />
obligatoirement a fortement évolué depuis<br />
les années 1990. La Suisse stocke aujourd’hui<br />
nettement moins de produits<br />
pétroliers et alimentaires. Le stockage<br />
obligatoire a été supprimé pour différentes<br />
marchandises comme les métaux, les textiles<br />
ainsi que les savons et lessives. Dans<br />
le même temps, les produits thérapeutiques<br />
ont gagné en importance. La Confédération<br />
a notamment introduit un stockage<br />
obligatoire pour certains virostatiques,<br />
analgésiques et vaccins. Compte<br />
tenu des expériences acquises pendant la<br />
pandémie de COVID-19, il a également décidé<br />
d’établir des stocks d’éthanol nécessaire<br />
à la fabrication de produits désinfectants<br />
et médicaments.<br />
Pour de nombreux médicaments, les ruptures<br />
de stock ont été de plus en plus fréquentes<br />
au cours des dernières années, ce<br />
qui a nécessité la libération de stocks obligatoires.<br />
Cela ne concerne généralement<br />
pas les produits novateurs et onéreux,<br />
mais les principes actifs et produits finis<br />
pour l’approvisionnement médical de<br />
base. Ces problèmes d’approvisionnement<br />
sont provoqués par une concentration de<br />
la production des principes actifs et médicaments<br />
en Asie ainsi que par des chaînes<br />
logistiques fortement segmentées et donc<br />
vulnérables. Par ailleurs, les possibilités<br />
de compenser des ruptures de stock en<br />
s’approvisionnant sur le marché sont quasi<br />
inexistantes. Les médicaments plus anciens<br />
qui sont retirés du marché et le<br />
nombre d’autorisations de mise sur le<br />
marché relativement faible en Suisse en<br />
comparaison internationale restreignent<br />
davantage l’assortiment. Finalement, les<br />
entreprises industrielles suisses et les hôpitaux<br />
ont fortement réduit les infrastructures<br />
pour transformer les matières premières<br />
en produits thérapeutiques commercialisables.<br />
La libération plus fréquente<br />
des réserves obligatoires est<br />
symptomatique du développement de<br />
l’approvisionnement en médicaments,<br />
mais ne permet pas d’éliminer les risques<br />
fondamentaux en matière d’approvisionnement.<br />
Outre le fait d’assurer le stockage obligatoire,<br />
la Confédération recommande<br />
aux ménages privés de constituer des provisions.<br />
Cela comprend en premier lieu<br />
des denrées alimentaires qui se prêtent au<br />
stockage pour une durée d’une semaine et<br />
9 litres d’eau par personne. Les provisions<br />
doivent correspondre aux habitudes alimentaires<br />
et inclure ce que l’on consomme<br />
normalement au quotidien. Sans oublier<br />
les médicaments essentiels. Vous trouverez<br />
d’autres informations sur les provisions<br />
domestiques sur https://www.bwl.<br />
admin.ch/bwl/fr/home/themen/notvorrat.html.<br />
24<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 25
Parfaitement adaptés à la vie en altitude<br />
grâce aux érythrocytes fusiformes:<br />
les lamas à Machu Picchu (Pérou)<br />
Un regard animal<br />
sur les<br />
érythrocytes<br />
Augmenter l’hématocrite à court terme? Certains animaux en sont<br />
capables. Ils disposent d’un réservoir d’érythrocytes et donc d’une sorte<br />
d’outil de dopage intégré.<br />
Prof. Prof. h.c. D r Max Gassmann, directeur de l’Institut de physiologie vétérinaire, Faculté Vetsuisse, et du<br />
Zurich Center for Integrative Human Physiology (ZIHP), Université de Zurich<br />
Photos: © Max Gassmann / màd<br />
26<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
Vous le savez depuis vos études<br />
en médecine humaine: l’hémoglobine<br />
est emballée dans<br />
les érythrocytes. Ceux-ci ont<br />
une durée de vie de 120 jours. En cas de<br />
manque d’oxygène, l’hormone érythropoïétine<br />
(EPO) assure une maturation accélérée<br />
afin que le taux d’hématocrite<br />
d’une personne en bonne santé, qui se situe<br />
dans des conditions normales entre 35<br />
et 52%, puisse être atteint. Vous êtes-vous<br />
déjà demandé pourquoi l’hémoglobine<br />
doit être emballée dans des érythrocytes,<br />
pourquoi sa durée de vie est fixée à quatre<br />
mois et pourquoi au cours de l’évolution,<br />
le taux d’hématocrite physiologique n’a<br />
pas été fixé à une valeur plus élevée pour<br />
obtenir des performances physiques<br />
maximales grâce à l’augmentation de l’apport<br />
en oxygène que cela engendre?<br />
Le taux d’hématocrite moyen chez les<br />
mammifères se situe à un niveau similaire<br />
de celui des humains. Chez certaines espèces<br />
animales, la durée de vie des érythrocytes<br />
est cependant de 60 à 160 jours.<br />
Il n’y a pas de corrélation entre la taille<br />
corporelle et le volume des érythrocytes.<br />
L’éléphant et la souris ont des globules<br />
rouges de la même taille. Les chèvres de<br />
montagne possèdent de très petits érythrocytes.<br />
Leur nombre est en conséquence<br />
plus élevé. Les érythrocytes des<br />
mammifères sont ronds, à l’exception des<br />
camélidés. Chez le chameau et aussi le lama,<br />
l’alpaga, la vigogne et le guanaco, ils<br />
sont fusiformes. Cette forme fusiforme<br />
chez le chameau s’explique probablement<br />
par le fait que les érythrocytes fusiformes<br />
présentent une grande résistance osmotique,<br />
ce qui est nécessaire lorsque le chameau<br />
n’absorbe pas de liquide pendant<br />
plusieurs jours et qu’il boit soudain de<br />
l’eau en grande quantité. Chez les camélidés<br />
du <strong>No</strong>uveau Monde, qui vivent à haute<br />
altitude, on s’explique la forme fusiforme<br />
avec le meilleur passage du plus grand<br />
nombre d’érythrocytes par les capillaires.<br />
Sang bleu et cuivre<br />
Contrairement au mammifère, les érythrocytes<br />
des reptiles, des oiseaux, des<br />
amphibiens et des poissons sont nucléés.<br />
<strong>No</strong>us ne savons pas pourquoi. Alors que<br />
tous les vertébrés emballent l’hémoglobine<br />
dans les érythrocytes, un grand<br />
nombre d’invertébrés transportent l’oxygène<br />
soit sous forme dissoute ou liée dans<br />
l’hémolymphe. L’hémoglobine n’est qu’un<br />
colorant sanguin parmi de nombreux<br />
autres capable d’absorber l’oxygène. De<br />
plus, la molécule d’oxygène ne doit pas<br />
obligatoirement être liée à un atome de<br />
fer: l’hémocyanine, le colorant sanguin<br />
bleu des arthropodes, se sert d’un atome<br />
de cuivre. Par ailleurs, l’hémocyanine<br />
flotte librement dans le plasma. Pourquoi<br />
nous, les vertébrés, emballons-nous le colorant<br />
sanguin dans les érythrocytes? Les<br />
bonnes réponses seraient probablement<br />
parce que l’hémoglobine libre en grande<br />
quantité est toxique ou parce que l’hémoglobine<br />
ne fonctionne pas parfaitement<br />
sans le microenvironnement dans l’érythrocyte<br />
(p. ex. oxydation incontrôlée de<br />
l’hémoglobine ou absence de la liaison à<br />
l’oxygène régulée par le 2,3-bisphosphoglycérate)<br />
ou parce que l’hémoglobine libre<br />
serait beaucoup trop visqueuse comparativement<br />
à celle emballée dans les érythrocytes.<br />
Pourtant, plus le taux d’hématocrite<br />
augmente, plus la viscosité du sang sera<br />
élevée. C’est probablement ce qui explique<br />
pourquoi les humains et mammifères ne<br />
présentent pas le taux d’hématocrite le<br />
plus élevé possible qui permettrait une<br />
performance physique maximale. Un sang<br />
trop visqueux entraîne une dégradation<br />
cardiovasculaire importante. Souvenons-nous<br />
des jeunes cyclistes qui mouraient<br />
d’un arrêt cardiaque soudain à<br />
l’époque où le doping à l’EPO en était à ses<br />
débuts.<br />
Doping intégré<br />
Mais comme il peut être judicieux de pouvoir<br />
obtenir temporairement un hématocrite<br />
plus élevé en cas de besoin (p. ex.<br />
pour le combat ou la fuite), la nature a eu<br />
l’idée de l’érythrocytose dite de travail. Le<br />
cheval possède par exemple une rate capable<br />
de stocker une réserve d’érythrocytes.<br />
S’il doit fournir une performance de<br />
travail, p. ex. galoper, le système nerveux<br />
sympathique est activé, ce qui provoque<br />
une contraction de la rate et donc une vidange<br />
du dépôt d’érythrocytes. Cela permet<br />
au cheval d’augmenter très rapidement<br />
son hématocrite (et donc la capacité<br />
de transport de l’oxygène) d’environ 50%.<br />
On retrouve également cette propriété<br />
chez les grands chiens, les phoques et probablement<br />
bien d’autres espèces animales<br />
qui n’ont pas (encore) fait l’objet d’analyses<br />
dans ce sens.<br />
Quel est le taux d’hématocrite optimal<br />
qui permet une performance maximale?<br />
Pour répondre à cette question, nous<br />
avons modifié génétiquement une souris<br />
de façon à ce qu’elle exprime de l’érythropoïétine<br />
humaine de manière incontrôlée.<br />
Et voyez le résultat: la lignée de souris en<br />
résultant atteint un taux d’hématocrite de<br />
80%! Le sang coule comme du miel liquide,<br />
mais la production accrue de monoxyde<br />
d’azote (NO) provoque une forte<br />
vasodilatation et empêche en même temps<br />
les complications thromboemboliques.<br />
S’agit-il d’un modèle trop artificiel? Pas du<br />
tout. Les taux d’hématocrite les plus élevés<br />
jamais enregistrés chez l’homme<br />
étaient ceux de trois Péruviens habitant<br />
les côtes qui s’étaient rendus directement<br />
dans une mine située à une altitude de<br />
5400 m sans prendre le temps de s’acclimater.<br />
On a alors mesuré des taux d’hématocrite<br />
atteignant jusqu’à 91%! La saignée<br />
immédiatement effectuée leur a sauvé la<br />
vie. Mais revenons-en à la souris EPO: la<br />
réduction progressive de l’hématocrite<br />
sous mesure de la performance de travail a<br />
montré que le taux d’hématocrite optimal<br />
se situait à 68%. Il existe d’anciennes données<br />
d’un fondeur finlandais qui avait dominé<br />
la discipline dans les années 60 et<br />
possédait un taux d’hématocrite constant<br />
de 68%. Eero Mäntyranta (1937–2013) ne<br />
s’était pas dopé comme on l’a longtemps<br />
pensé, mais présentait une mutation du<br />
gène récepteur de l’EPO qui le rendait hypersensible<br />
à l’EPO endogène. Comme il<br />
était adapté à cette viscosité sanguine accrue<br />
depuis la naissance, il ne présentait<br />
pas de symptômes cardiovasculaires. Il<br />
était donc un mutant. Imaginez que vous<br />
apparteniez à un jury sportif et que vous<br />
deviez décider s’il a le droit de prendre le<br />
départ. Quelle serait votre décision?<br />
L’athlète d’exception Eero Mäntyranta faisait<br />
vraiment exception: une mutation génétique lui<br />
procurait un avantage<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 27
Point de mire<br />
Antipsychotiques<br />
d’action prolongée<br />
Malgré leur mauvaise réputation, les médicaments d’action prolongée<br />
sont intéressants, en particulier dans le traitement de la schizophrénie.<br />
<strong>No</strong>tamment compte tenu de l’observance insuffisante. Ils ne doivent<br />
cependant être administrés qu’en accord avec le patient.<br />
Jérémie Gauch, Centre Hospitalier Universitaire de Clermont-Ferrand;<br />
Nicolas Franck, Centre Hospitalier Le Vinatier Bron<br />
Ala suite de la découverte de la<br />
chlorpromazine [1], des<br />
formes retard (dites antipsychotiques<br />
dépôt) ont été commercialisées<br />
à partir de 1966. Leur indication<br />
principale a longtemps été le refus de<br />
traitement, dans un contexte de soins<br />
contraints. Les pratiques tendent à changer<br />
et à placer le patient en tant qu’acteur<br />
de ses soins [2, 3], interrogeant le recours<br />
à cette modalité d’administration.<br />
Classification des neuroleptiques<br />
Plusieurs classifications cliniques se sont<br />
succédé, celle de Bobon et al. [4] différencie<br />
les effets antidélirant, antiautistique,<br />
ataraxique (sédatif), antimaniaque, adrénolytique<br />
et extrapyramidal.<br />
Une approche pharmacologique distingue<br />
quatre classes principales d’antipsychotiques<br />
de première génération<br />
(APG) et six classes pour les antipsychotiques<br />
de seconde génération actuellement<br />
commercialisés en Suisse. Les antipsychotiques<br />
de seconde génération ont un<br />
moindre impact extrapyramidal et un effet<br />
dit antidéficitaire, du fait d’un mode d’action<br />
plus spécifique, mais ces effets restent<br />
variables d’une molécule à l’autre [5].<br />
Les antipsychotiques disponibles<br />
sous forme dépôt en Suisse sont reportés<br />
dans le tableau suivant.<br />
Le pamoate d’olanzapine (Zypadhera,<br />
forme retard de l’olanzapine) est disponible<br />
en France, mais n’est pas commercialisé<br />
en Suisse.<br />
Les trois objectifs principaux d’un traitement<br />
par antipsychotiques sont:<br />
– la réduction des symptômes afin de limiter<br />
la souffrance directe engendrée et le<br />
risque auto ou hétéroagressif;<br />
– l’amélioration de la qualité de vie et du<br />
niveau de fonctionnement favorisant le<br />
rétablissement;<br />
– une limitation des effets indésirables.<br />
Observance<br />
L’étude CATIE a montré que l’observance<br />
n’est pas bonne chez les patients atteints<br />
de schizophrénie. Au mieux, le taux d’arrêt<br />
est de 64% à 18 mois avec l’olanzapine,<br />
au prix d’une mauvaise tolérance métabolique.<br />
Le taux d’arrêt de certains antipsychotiques<br />
atteint 80% [6, 7, 8]. L’observance<br />
dans le trouble bipolaire est meilleure<br />
que dans la schizophrénie. Environ 60%<br />
des patients restent observants après deux<br />
ans [9].<br />
Les outils de la réhabilitation psychosociale,<br />
dont la psychoéducation, augmentent<br />
l’insight. L’amélioration de l’insight<br />
est favorable à l’observance. Elle est<br />
corrélée avec une réduction du recours à<br />
l’hospitalisation et avec une meilleure<br />
qualité de vie.<br />
Spécificités des antipsychotiques<br />
retard<br />
L’indication des formes d’action prolongée<br />
ne diffère pas de celle des formes orales.<br />
Les formes retard ne jouissent pas d’une<br />
bonne réputation du fait de leur utilisation<br />
antérieure à haute dose chez des patients<br />
non observants [10]; 96% des cliniciens les<br />
réservent aux schizophrénies au long<br />
cours, seuls 40% les utilisant pour traiter<br />
les premiers épisodes psychotiques [11].<br />
Le tableau suivant (adapté de [10]) résume<br />
les avantages et les inconvénients<br />
des traitements d’action prolongée.<br />
Schizophrénie et premier épisode<br />
psychotique<br />
Suite à un premier épisode psychotique, la<br />
WFSBP (2013) recommande la poursuite<br />
pendant au moins six mois de l’antipsychotique<br />
ayant permis le traitement de la<br />
phase aiguë. Les rechutes ont principalement<br />
lieu pendant la première année [12].<br />
En lien avec une inobservance, elles sont<br />
constatées pour 78% des cas au cours de la<br />
première année et 96% durant la seconde<br />
[13].<br />
Une analyse de la cohorte nationale<br />
finlandaise a mis en évidence une diminution<br />
significative du taux de réhospitalisation<br />
avec les antipsychotiques retard par<br />
rapport à la forme orale [14]. La forme retard<br />
semble aussi permettre un meilleur<br />
contrôle des symptômes [15]. Il est possible<br />
que les formes retard présentent une<br />
meilleure tolérance globale [16].<br />
Traitement au long cours<br />
La schizophrénie se caractérise par la persistance<br />
de symptômes au-delà de six mois<br />
après un premier épisode psychotique<br />
traité (DSM-5).<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 29
Point de mire<br />
DCI Forme orale Spécialité Posologies<br />
disponibles<br />
Décanoate de<br />
zuclopenthixol<br />
Décanoate de<br />
flupentixol<br />
Décanoate<br />
d’halopéridol<br />
Tableau 1<br />
Fréquence d’injection<br />
Indikation<br />
Zuclopenthixol Clopixol dépôt 200 mg/ml mensuelle Troubles psychotiques et<br />
agitation psychotique<br />
Flupentixol Fluanxol dépôt 20 mg/ml,<br />
100 mg/ml<br />
Haloperidol Haldol décanoas 50 mg/ml,<br />
100 mg/ml<br />
Rispéridone Rispéridone Risperdal Consta 25 mg, 37,5 mg,<br />
50 mg<br />
Palipéridone<br />
Palipéridone<br />
Aripiprazole<br />
Palipéridone/<br />
Rispéridone<br />
Palipéridone/<br />
Rispéridone<br />
Palipéridone/<br />
Aripiprazole<br />
Xeplion<br />
Trevicta<br />
25 mg, 50 mg,<br />
75 mg, 100 mg,<br />
125 mg, 150 mg<br />
175 mg, 263 mg,<br />
350 mg, 525 mg<br />
mensuelle<br />
mensuelle<br />
toutes les deux<br />
semaines<br />
mensuelle<br />
trimestrielle<br />
Troubles psychotiques aigus<br />
et traitement d’entretien<br />
Episode maniaque aigu<br />
Schizophrénies et autres<br />
troubles psychotiques<br />
Episodes maniaques aigus<br />
Certains troubles du<br />
comportement chez l’enfant<br />
ou l’adolescent<br />
Abilify Maintena 300 mg, 400 mg mensuelle Episodes maniaques aigus<br />
du trouble bipolaire de type I<br />
Schizophrénie<br />
Il n’existe pas dans la schizophrénie en général<br />
de preuve robuste d’une supériorité<br />
de la forme retard des antipsychotiques<br />
par rapport à la forme orale, que ce soit en<br />
termes de tolérance, d’efficacité, d’arrêt<br />
des soins, de syndrome extrapyramidal,<br />
d’augmentation de la prolactinémie, de<br />
prise de poids ou de taux de rechute [17].<br />
Les formes injectables sont associées à<br />
une moindre fréquence des consultations<br />
[18] et à une réduction de l’alliance thérapeutique<br />
[19].<br />
Trouble bipolaire<br />
Deux antipsychotiques disponibles sous<br />
forme retard (rispéridone et aripiprazole)<br />
ont une faible efficacité ou un faible niveau<br />
de preuve dans la protection primaire<br />
des épisodes dépressifs (WFSBP, [20]). La<br />
rispéridone semble intéressante dans les<br />
troubles bipolaires à cycles rapides qui ont<br />
résisté à la bithérapie [20]. Lorsque l’observance<br />
est favorable, un traitement injectable<br />
n’a pas d’intérêt particulier [21].<br />
Conclusion<br />
Les traitements injectables font partie de<br />
l’arsenal thérapeutique. Ils ne jouissent<br />
pas d’une réputation unanimement favorable.<br />
Leur utilisation présuppose un<br />
choix actif de la personne concernée quant<br />
au recours à cette forme galénique. Ils ont<br />
un intérêt pour prévenir partiellement<br />
l’inobservance au cours des années qui<br />
suivent un premier épisode psychotique.<br />
Dans la schizophrénie, ils ne sont pas supérieurs<br />
au traitement per os en termes<br />
d’efficacité. Leur indication dans le trouble<br />
bipolaire est marginale.<br />
Imposer une forme de traitement ou<br />
une autre nuit tant à l’alliance thérapeutique<br />
qu’à l’investissement dans les soins.<br />
Il faut inclure le patient dans les décisions<br />
qui le concernent en s’appuyant sur une<br />
information claire et complète et sur des<br />
séances de psychoéducation.<br />
Bibliographie<br />
1 Laborit H, Huguenard P,<br />
Alluaume R. Un stabilisateur<br />
neurovégétatif, le 4560RP. Presse<br />
Médicale. 1952; 60: 206–208.<br />
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schizophrénie, 2e édition,<br />
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3 Franck N. Traité de réhabilitation<br />
psychosociale, Elsevier-<br />
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4 Bobon J, Pinchard A, Collard<br />
J, Bobon DP. Clinical classification of<br />
neuroleptics, with special reference<br />
to their antimanic, antiautistic, and<br />
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Psychiatry 1972; 13: 123–31.<br />
5 Kapur S, Zipursky RB,<br />
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Theoretical Implications of 5-HT2<br />
and D2 Receptor Occupancy of<br />
Clozapine, Risperidone, and<br />
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1999; 156(2): 286–293. doi:10.1176/<br />
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Medications? PS. 2007; 58(4):<br />
437–437. doi:10.1176/<br />
ps.2007.58.4.437<br />
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Effectiveness of interventions to<br />
improve medication adherence in<br />
bipolar disorder: Australian & New<br />
30<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
Avantages<br />
Pas de prise quotidienne<br />
Observance connue avec sécurité de l’administration<br />
Permet aux professionnels de santé d’être alertés et<br />
d’intervenir<br />
Moins d’effet rebond ou de rechute rapide<br />
Répond au problème d’observance partielle<br />
S’il y a une rechute, elle est due à une autre cause que<br />
l’inobservance<br />
Diminution du risque de surdosage (délibéré ou non)<br />
Diminution du taux de rechute<br />
Inconvénients<br />
Titration lente<br />
Augmentation des délais pour arriver à l’équilibre<br />
(taux plasmatiques)<br />
Moins de flexibilité pour l’ajustement des doses<br />
Apparition retardée des effets indésirables<br />
Douleur au point d’injection<br />
Charge du déplacement régulier des patients ou des soignants<br />
pour l’administration<br />
Nécessité de refroidir la forme injectable de la rispéridone<br />
Stigmatisation des injections<br />
Diminution des effets indésirables gastro-intestinaux et<br />
absence de premier passage hépatique<br />
Biodisponibilité plus stable<br />
Corrélation plus stable entre dosages et niveaux plasmatiques<br />
Diminution des pics plasmatiques<br />
Amélioration de l’évolution des troubles<br />
Amélioration de la satisfaction du patient et du clinicien<br />
Contact régulier entre patient et soignant<br />
Tableau 2<br />
Bibliographie (suite)<br />
Zealand <strong>Journal</strong> of Psychiatry.<br />
Published online January 5, 2012.<br />
doi:10.1177/0004867411428101<br />
10 Brissos S, Veguilla MR,<br />
Taylor D, Balanzá-Martinez V. The<br />
role of long-acting injectable<br />
antipsychotics in schizophrenia: a<br />
critical appraisal. Therapeutic<br />
Advances in Psychopharmacology.<br />
2014; 4(5): 198–219.<br />
doi:10.1177/2045125314540297<br />
11 Geerts P, Martinez G,<br />
Schreiner A. Attitudes towards the<br />
administration of long-acting<br />
antipsychotics: a survey of<br />
physicians and nurses. BMC<br />
Psychiatry. 2013; 13: 58.<br />
doi:10.1186/1471-244X-13-58<br />
12 Alvarez-Jimenez M, Wade<br />
D, Cotton S, et al. Enhancing<br />
treatment fidelity in psychotherapy<br />
research: novel approach to<br />
measure the components of<br />
cognitive behavioural therapy for<br />
relapse prevention in first-episode<br />
psychosis. Aust N Z J Psychiatry.<br />
2008; 42(12): 1013–1020.<br />
doi:10.1080/00048670802512057<br />
13 Gitlin MJ. Treatment-resistant<br />
bipolar disorder. Bull<br />
Menninger Clin. 2001; 65(1): 26–40.<br />
doi:10.1521/bumc.65.1.26.18709<br />
14 Tiihonen J, Haukka J,<br />
Taylor M, Haddad PM, Patel MX,<br />
Korhonen P. A Nationwide Cohort<br />
Study of Oral and Depot Antipsychotics<br />
After First Hospitalization<br />
for Schizophrenia. AJP. 2011;<br />
168(6): 603–609. doi:10.1176/appi.<br />
ajp.2011.10081224<br />
15 Taylor M, Ng KYB. Should<br />
long-acting (depot) antipsychotics<br />
be used in early schizophrenia? A<br />
systematic review. Aust N Z J<br />
Psychiatry. 2013; 47(7): 624–630.<br />
doi:10.1177/0004867412470010<br />
16 Taylor D. Psychopharmacology<br />
and adverse effects of<br />
antipsychotic long-acting<br />
injections: a review. Br J Psychiatry<br />
Suppl. 2009; 52: S13–19. doi:10.1192/<br />
bjp.195.52.s13<br />
17 Ostuzzi G, Bighelli I, So R,<br />
Furukawa TA, Barbui C. Does<br />
formulation matter? A systematic<br />
review and meta-analysis of oral<br />
versus long-acting antipsychotic<br />
studies. Schizophrenia Research.<br />
2017; 183: 10–21. doi:10.1016/j.<br />
schres.2016.11.010<br />
18 Aguilar M, Malcolm B.<br />
Effect of long-acting aripiprazole<br />
monohydrate on inpatient<br />
encounters: A retrospective mirror<br />
image study. Ment Health Clin.<br />
2019; 9(4): 258–262. doi:10.9740/<br />
mhc.2019.07.258<br />
19 Da Costa H, Martin B,<br />
Franck N. Determinants of<br />
therapeutic alliance with people<br />
with psychotic disorders: a<br />
systematic literature review.<br />
<strong>Journal</strong> of Nervous an++d Mental<br />
Disease 2020, 208, 329–339.<br />
20 Boyce P, Irwin L, Morris G,<br />
et al. Long-acting injectable<br />
antipsychotics as maintenance<br />
treatments for bipolar disorder-A<br />
critical review of the evidence.<br />
Bipolar Disorders. 2018; 20: 25–36.<br />
doi:10.1111/bdi.12698<br />
21 Malhi GS, Bassett D, Boyce<br />
P, et al. Royal Australian and New<br />
Zealand College of Psychiatrists<br />
clinical practice guidelines for<br />
mood disorders. Aust N Z J<br />
Psychiatry. 2015; 49(12): 1087–1206.<br />
doi:10.1177/0004867415617657<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 31
Point de mire<br />
La peau de<br />
donneur<br />
comme substitut<br />
temporaire<br />
Chaque année, la peau d’environ 500 donneurs atterrit à Beverwijk aux<br />
Pays-Bas. Elle y est traitée et stockée pour être distribuée aux patients<br />
dans toute l’Europe.<br />
L’interview avec Bert Mensink, Operational Manager Skin Department ETB-BISLIFE Multi Tissue Center,<br />
a été conduite par Anna Wang, membre de la rédaction du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>.<br />
Qu’est-ce que la peau de donneur?<br />
Bert Mensink: La peau de donneur<br />
est une couverture idéale<br />
sous laquelle la brûlure ou la plaie peut<br />
guérir. Cela est dû à l’effet angiogénique<br />
ou de granulation de la peau de donneur.<br />
Grâce à cette propriété, la peau de donneur<br />
est aussi parfaitement adaptée pour le<br />
traitement de plaies chroniques ou<br />
d’autres plaies à problème. Plus de 45 années<br />
d’expérience avec la peau de donneur<br />
dans des centres des grands brûlés ont<br />
montré qu’elle était efficace comme pansement<br />
temporaire en cas de brûlures.<br />
Qu’est-ce que l’ETB-BISLIFE Multi<br />
Tissue Center?<br />
L’ETB-BISLIFE Multi Tissue Center (anciennement<br />
Euro Skin Bank) traite et<br />
conserve la peau de donneur humaine qui<br />
est utilisée pour traiter les patients souffrant<br />
de brûlures ou d’autres plaies complexes<br />
ou chroniques.<br />
En plus de la peau, nous conservons et<br />
stockons du tissu oculaire, du tissu cardiovasculaire<br />
et du tissu musculosquelettique.<br />
Tous proviennent de donneurs humains.<br />
<strong>No</strong>us sommes une organisation<br />
d’utilité publique qui s’engage pour que les<br />
tissus puissent être mis à disposition des<br />
médecins à des fins de transplantation.<br />
A Beverwijk, on ne stocke pas seulement de la peau de donneur, mais aussi d’autres tissus qui sont<br />
mis à disposition pour des transplantations dans toute l’Europe.<br />
Photos: màd<br />
32<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
Comment traite-t-on de la peau de<br />
donneur humaine?<br />
En moyenne, nous obtenons 3500 cm 2 de<br />
peau d’un donneur humain. La peau est<br />
amenée dans notre usine de Beverwijk et<br />
conservée dans une solution de glycérine à<br />
85%. Ensuite, dès que la fondation néerlandaise<br />
des transplantations a donné son<br />
feu vert, elle est emballée. Celle-ci procède<br />
préalablement à une vérification minutieuse<br />
du contexte médical et social ainsi<br />
que de la sérologie. Cela dans le but de garantir<br />
la sécurité de la peau de donneur.<br />
Si tous les résultats sont positifs, la<br />
peau est retirée de la solution de glycérine,<br />
nettoyée des bords irréguliers et coupée en<br />
bandes propres de 50 à 300 cm 2 . La quasi-totalité<br />
de la peau est ensuite cisaillée<br />
pour obtenir une plus grande surface et<br />
permettre à l’exsudat de la plaie de la traverser.<br />
Ensuite, la peau est enroulée et déposée<br />
dans un conteneur qui est à nouveau<br />
rempli avec une solution de glycérine à<br />
85%, étiquetée et stockée dans un réfrigérateur.<br />
La solution de glycérine a des propriétés<br />
antibactériennes et antivirales, ce qui<br />
offre une durée de stockage de trois ans.<br />
Les restes de peau sont envoyés pour<br />
un examen microbiologique. Si ces résultats<br />
sont négatifs, la peau peut être distribuée.<br />
Tout ce processus dure cinq à six mois.<br />
En moyenne, nous traitons la peau<br />
d’environ 500 donneurs par année. Elle<br />
est traitée et conservée, puis distribuée<br />
dans toute l’Europe, y compris en Suisse.<br />
Réduit la douleur, assure une guérison rapide et réduit le risque de cicatrice: la peau de donneur<br />
comme pansement biologique en cas de brûlures.<br />
Comment est-elle utilisée pour<br />
des brûlures?<br />
La peau de donneur peut être utilisée pour<br />
des brûlures de deuxième ou troisième degré.<br />
Elle sert de pansement biologique<br />
pour traiter les brûlures de deuxième degré.<br />
La peau de donneur permet de considérablement<br />
réduire les douleurs et sert de<br />
substitut temporaire pour la peau endommagée.<br />
Elle forme une croûte qui permet à<br />
la peau ainsi protégée de se régénérer.<br />
Cette croûte sèche et tombe ensuite. Le<br />
traitement réduit fortement le risque de<br />
formation de cicatrices hypertrophiques.<br />
Une autre application est le recouvrement<br />
double en cas de brûlures de troisième<br />
degré («Sandwich Grafting»). Après<br />
avoir retiré la peau nécrotique, un greffon<br />
de peau (autologue) est transplanté sur la<br />
plaie. La peau de donneur est ensuite<br />
posée par-dessus comme protection. Le<br />
greffon de peau autologue peut ainsi<br />
croître sans être perturbé. La peau de<br />
donneur peut aussi servir à améliorer le<br />
lit de la plaie lors de brûlures de troisième<br />
degré et servir de traitement préliminaire<br />
pour une transplantation autologue ultérieure.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 33
Point de mire<br />
Plantes vivrières<br />
sur glace<br />
Dans le Grand <strong>No</strong>rd se trouve la banque de semences qui est le<br />
dépositaire de toutes les banques de gènes du monde. L’objectif est de<br />
contrecarrer le déclin de la diversité des cultures.<br />
Jeffrey Walter, responsable de la communication, Crop Trust<br />
Photo: màd<br />
La diversité des plantes vivrières<br />
constitue la base de notre agriculture.<br />
Au cours des 10 000<br />
dernières années, les agriculteurs<br />
(plus tard avec le soutien des cultivateurs)<br />
ont créé une diversité de plantes<br />
vivrières d’apparence infinie. Dans le processus<br />
d’adaptation aux importantes<br />
contraintes et variations écologiques, des<br />
milliers de variétés ont émergé à partir des<br />
différentes plantes vivrières, chacune dotée<br />
de caractéristiques génétiques et physiques<br />
uniques. Outre les variétés de<br />
plantes que l’on trouve sur les champs<br />
agricoles dans le monde entier, il existe<br />
d’innombrables variétés sauvages qui ont<br />
survécu dans la nature et se sont adaptées<br />
à des environnements plus rudes.<br />
Cette diversité peut sembler infinie.<br />
Elle ne l’est cependant de loin pas. Un grand<br />
nombre de ces plantes ont disparu au cours<br />
des 50 dernières années. Et la tendance se<br />
confirme à cadence accélérée. Au fil du<br />
temps, la pression résultant du changement<br />
climatique, les pratiques agricoles<br />
modernes et nuisibles ainsi qu’une mauvaise<br />
gestion des sols ont contribué à réduire<br />
la diversité de nos plantes vivrières.<br />
Même si ce recul passe souvent inaperçu,<br />
de nombreuses plantes vivrières essentielles<br />
sur la planète sont menacées d’extinction<br />
en raison de la perte de diversité<br />
génétique.<br />
La nourriture de demain<br />
La diversité des plantes vivrières constitue<br />
la base de nos systèmes alimentaires. Sans<br />
accès libre et complet à cette diversité, les<br />
scientifiques et agriculteurs ne disposeront<br />
plus de la matière première nécessaire<br />
pour garantir que nos systèmes alimentaires<br />
soient en mesure de s’adapter à<br />
un changement climatique rapide à l’avenir.<br />
Compte tenu de la population mondiale<br />
qui devrait avoisiner les 9 milliards<br />
d’humains jusqu’en 2050, la diversité des<br />
plantes vivrières est décisive pour la sécurité<br />
alimentaire. Elle protège également<br />
nos aliments contre le changement climatique<br />
du fait que nos plantes vivrières<br />
peuvent s’adapter aux futures contraintes<br />
et conditions climatiques. Elle est aussi la<br />
clé pour créer des variétés qui réduisent la<br />
destruction de l’environnement, présentent<br />
une meilleure valeur nutritive et<br />
rendent les systèmes agricoles plus durables.<br />
Au-delà de ça, elle est aussi un instrument<br />
pour combattre l’extrême pauvreté,<br />
étant donné que la croissance économique<br />
dans les pays en développement<br />
dépend de la croissance de l’agriculture. Et<br />
la diversité des plantes permet aux cultivateurs<br />
de développer des plantes à plus<br />
grand rendement qui sont de meilleure<br />
qualité et plus profitables.<br />
Compte tenu de ces effets de grande<br />
portée, nous ne pouvons rester passifs face<br />
au recul de la diversité des plantes. Le Crop<br />
Trust est la seule organisation au monde<br />
qui a pour tâche de conserver la diversité<br />
des plantes du monde entier dans un système<br />
efficace et global pour garantir la sécurité<br />
alimentaire à l’avenir. Il a été fondé<br />
en 2004 par le Traité international sur les<br />
ressources phytogénétiques pour l’alimentation<br />
et l’agriculture (ITPGRFA), sur mandat<br />
du CGIAR (Consultative Group on International<br />
Agricultural Research), le plus<br />
grand réseau mondial des instituts de recherche<br />
agronomique. Initialement, le<br />
Crop Trust avait son siège à Rome aux côtés<br />
de l’Organisation des Nations Unies pour<br />
l’alimentation et l’agriculture (FAO). En<br />
2012, il a déménagé à Bonn. Il est actuellement<br />
dirigé par Stefan Schmitz qui a été<br />
nommé directeur exécutif en janvier 2020.<br />
Banques de gènes nationales<br />
et internationales<br />
Les banques de gènes constituent le cœur<br />
du travail du Crop Trust. Une banque de<br />
gènes permet de conserver ex situ des<br />
échantillons des variétés de plantes. C’està-dire<br />
qu’elles sont stockées de façon systématique<br />
et pour une viabilité à long<br />
terme. Elles contiennent des milliers<br />
d’échantillons, ou accessions, dans des<br />
installations de pointe sous la garde de<br />
spécialistes qui soignent chacune des accessions.<br />
Aujourd’hui, presque chaque<br />
pays entretient une banque de gènes nationale.<br />
En outre, il existe une série de<br />
banques de gènes internationales, comme<br />
p. ex. celle sous la direction des centres<br />
CGIAR qui assurent et distribuent ensemble<br />
la plus grande collection de variétés<br />
de plantes vivrières du monde. La FAO<br />
estime que ce sont entre-temps plus de<br />
7,4 millions d’accessions qui sont conservées<br />
ex situ dans plus de 1750 établissements<br />
dans le monde. Pour les plantes<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 35
Point de mire<br />
Plus qu’un grenier arctique: la banque de semences à Spitzberg est le symbole de la conservation de la diversité des plantes et de la collaboration<br />
internationale.<br />
vivrières capables de résister à un monde<br />
en mutation, le chemin vers des variétés<br />
perfectionnées commence dans la banque<br />
de gènes.<br />
Le Crop Trust a été fondé pour renforcer<br />
un système de conservation global rationnel,<br />
efficace et financièrement stable<br />
pour protéger la diversité des plantes<br />
vivrières par le biais du réseau mondial de<br />
banques de gènes. Le Crop Diversity Endowment<br />
Fund, qui est géré par le Crop<br />
Trust, constitue le cœur du système global.<br />
Chaque année, une partie de la fortune<br />
de la fondation est versée pour soutenir<br />
la conservation et la gestion de collections<br />
importantes de diversité végétale<br />
des banques de gènes dans le monde. Les<br />
moyens soutiennent le système global par<br />
trois piliers: banques de gènes nationales,<br />
banques de gènes internationales et le<br />
Svalbard Global Seed Vault.<br />
Les plantes sauvages doivent<br />
aussi être conservées<br />
La banque de semences qui se trouve sur<br />
l’île de Spitzberg dans l’archipel du Svalbard<br />
est le coffre-fort pour les banques de<br />
gènes du monde entier. Des milliers d’accessions<br />
sont reproduites chaque année et<br />
envoyées dans la banque de semences pour<br />
y être conservées durablement. La banque<br />
de semences qui est gérée dans le cadre<br />
d’une convention tripartite entre le Crop<br />
Trust, le <strong>No</strong>rdic Genetic Resource Center<br />
(<strong>No</strong>rdGen) et le ministère norvégien de<br />
l’agriculture n’est pas seulement un grenier<br />
arctique pour la diversité végétale mondiale,<br />
elle est aussi un symbole de l’importance<br />
de la diversité végétale et des possibilités<br />
de la collaboration internationale.<br />
Outre le soutien financier des banques<br />
de gènes par le fonds de dotation, le Crop<br />
Trust gère dans le monde entier des projets<br />
pour assurer la diversité des plantes<br />
vivrières. Par exemple le Crop Wild Relatives<br />
Project, un projet global d’une durée<br />
de dix ans, qui a été lancé en 2011. Il collabore<br />
avec des partenaires dans le monde<br />
entier pour rassembler, conserver et exploiter<br />
des espèces apparentées de plantes<br />
vivrières. Le but est de redonner une base<br />
solide à nos plantes vivrières un peu gâtées,<br />
cela grâce aux propriétés de leurs<br />
cousines sauvages habituées à la sécheresse.<br />
Le projet «Seeds for Resilience» a été<br />
récemment lancé. Il soutient cinq banques<br />
de gènes nationales en Afrique qui<br />
conservent leurs collections de semences<br />
et les partagent avec les agriculteurs et<br />
scientifiques pour améliorer la sécurité<br />
alimentaire dans leurs régions. Le Crop<br />
Trust abrite aussi la plate-forme Genesys<br />
PGR, une base de données en ligne librement<br />
accessible et contenant des informations<br />
sur plus de 4,1 millions d’accessions<br />
dans les banques de gènes du monde entier.<br />
Une fois que la diversité végétale est<br />
perdue, elle l’est pour toujours. Au vu des<br />
tendances actuelles, nous ne pouvons pas<br />
rester les bras croisés face à l’appauvrissement<br />
de la diversité biologique. La protection<br />
de la diversité des plantes vivrières est<br />
une entreprise globale qui requiert l’appui<br />
des particuliers, gouvernements et entreprises.<br />
C’est la seule manière de garantir<br />
notre sécurité alimentaire à l’avenir – de la<br />
banque de gènes jusque sur la table.<br />
36<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Fokus<br />
Point de mire<br />
Un syndrome<br />
complexe<br />
Certains individus tendent à accumuler des objets en tout genre.<br />
Ce comportement pathologique s’accompagne souvent<br />
d’autres troubles. D’après notre recherche, il trouve son origine dans<br />
un traumatisme de la petite enfance.<br />
Jean-Claude Monfort, psychiatre, psychogériatrie, directeur pédagogique de l’AFAR, Paris<br />
Photo: © Adobe<br />
Le syndrome de Diogène est l’appellation<br />
donnée aux situations<br />
d’entassement, de négligence<br />
corporelle et de réclusion à domicile.<br />
Les risques d’incendie et de décès,<br />
de la personne comme des voisins,<br />
peuvent conduire à des signalements aux<br />
autorités. Ces risques et ces signalements<br />
exercent une pression sur les professionnels.<br />
Leurs interventions immédiates<br />
peuvent paradoxalement aggraver les<br />
risques.<br />
Une signification<br />
Avant d’aller plus loin dans la connaissance<br />
de ce syndrome, il faut comprendre<br />
son nom. Un syndrome est l’association de<br />
plusieurs symptômes et Diogène est un<br />
prénom. Diogène de Sinope est un philosophe<br />
de l’antiquité grecque, né dans la<br />
ville de Sinope, connu pour vivre avec un<br />
minimum d’objets.<br />
La philosophie des cyniques grecs<br />
Diogène de Sinope est l’un des 300 élèves<br />
d’une école de philosophie desservie par<br />
son nom: la philosophie cynique [1]. Ils<br />
s’appelaient cyniques, en référence au mot<br />
«chien», car l’une de leurs valeurs est l’authenticité:<br />
ils mordent avec les paroles.<br />
Les cyniques grecs affichent et agissent<br />
une philosophie du zéro objet, du zéro vêtement,<br />
du zéro domicile, du zéro esclave.<br />
Ils se détachent des objets, des possessions<br />
et des propriétés. Ils s’abritent dans des<br />
amphores (et non pas dans des tonneaux<br />
dont l’invention est attribuée aux Gallo-Romains).<br />
Ils s’allègent pour s’élever à<br />
la recherche du divin dans l’humain: «Je<br />
cherche un Homme.»<br />
Une appellation paradoxale<br />
Le prénom de ce philosophe ayant prôné le<br />
vide a été posé sur du plein. L’auteur de<br />
cette apparente absurdité est un Anglais,<br />
Antony Clark. Dans un article intitulé<br />
«Diogenes Syndrome», publié en 1975 dans<br />
le journal The Lancet, ce médecin-gériatre<br />
de Brighton a décrit 30 situations de personnes<br />
âgées hospitalisées en urgence et<br />
dont les domiciles étaient sales, avec une<br />
odeur suffocante et encombrés [2].<br />
<strong>No</strong>tre définition<br />
<strong>No</strong>us avons défini le syndrome de Diogène<br />
comme un mode de vie comportant un critère<br />
obligatoire et trois critères optionnels<br />
[3]. Le point commun des syndromes de<br />
Diogène signalés aux autorités est d’apparaître<br />
comme «ayant besoin de tout» mais<br />
sans aucune demande, c’est «la demande<br />
de rien». Ce socle déconcertant est associé<br />
à trois options, trois détachements ou trois<br />
attachements extrêmes sur trois dimensions:<br />
• la relation aux objets<br />
(des entassements à risques),<br />
• la relation au corps<br />
(une négligence corporelle à risques) et<br />
• la relation aux autres (l’effondrement<br />
social du reclus médiéval ou du Hikikomori<br />
japonais).<br />
Des données étayées et validées<br />
En matière de syndrome de Diogène, dans<br />
un petit livre intitulé «La Psychogériatrie»<br />
et portant le numéro 3333 de la collection<br />
des «Que sais-je?» [4], j’ai dit tout et l’inverse<br />
de tout au fil de ses six éditions. Neurologue,<br />
j’attribuais les syndromes de Diogène<br />
à la maladie d’Alzheimer. Devenu<br />
psychiatre, je pensais que les maladies<br />
psychiatriques étaient la cause de ces syndromes.<br />
Gériatre, j’ai attribué les diogénisations<br />
à une accumulation de maladies.<br />
Déconcerté et confus, j’ai décidé d’arrêter<br />
de faire la girouette. Il était devenu urgent<br />
de se poser et de réfléchir. Ce qui a suivi,<br />
nous le devons à l’expérience acquise dans<br />
notre petite unité de psychogériatrie au<br />
Centre Sainte-Anne, à Paris sur la rive<br />
gauche. Ouvert en 2003, ce dispositif territorial<br />
a été dédié aux situations hors<br />
normes, avec zéro solution, dont personne<br />
ne veut, trop psychiatriques pour les gériatres,<br />
trop gériatriques pour les psychiatres.<br />
Dès la première année de fonctionnement,<br />
nous avons eu la surprise de<br />
constater la fréquence des situations Diogène.<br />
Elles représentaient 13% des situations<br />
qui nous étaient adressées. C’est là<br />
que nous avons construit nos critères opérationnels<br />
du syndrome de Diogène.<br />
Pour éviter les morts, nous avons dû<br />
changer notre regard et notre approche<br />
des situations Diogène. Cette expérience<br />
nous a amenés vers la réalisation de deux<br />
études conduites sur un territoire délimité<br />
de la ville de Paris. La première, rétrospec-<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 37
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Point de mire<br />
tive sur 120 dossiers, a été publiée en français<br />
en 2010 [3]. La deuxième, prospective<br />
concernant 50 personnes vues consécutivement,<br />
a été publiée en anglais en 2017<br />
[5].<br />
Le syndrome de Diogène n’est pas<br />
une maladie<br />
<strong>No</strong>s deux études ont donné les mêmes résultats.<br />
Une personne sur deux n’a pas de<br />
maladie qui pourrait expliquer la situation.<br />
Ce syndrome est un mode de vie appartenant<br />
à la condition humaine. Il a été<br />
décrit dans la bible, les mythes, les légendes.<br />
Les artistes l’ont mis en image<br />
sous forme de tableaux et de sculptures.<br />
Les écrivains en ont fait des personnages<br />
de romans. Plus près de nous, et encore actuellement,<br />
les journalistes et les médias<br />
nous les restituent dans la rubrique des<br />
faits divers.<br />
Les interactions entre le génome<br />
et les traumatismes<br />
Universel, transculturel et parfois transgénérationnel,<br />
le syndrome de Diogène est<br />
expliqué aujourd’hui par la complexité de<br />
l’exposome [6]. <strong>No</strong>us avons développé<br />
l’hypothèse que la genèse de ce syndrome<br />
aurait pour dénominateur commun un<br />
psychotraumatisme inattendu: une naissance<br />
au paradis suivie d’un passage en<br />
enfer. Cette condition est nécessaire pour<br />
qu’un adulte puisse se diogéniser, mais<br />
bien évidemment tous les enfants ayant<br />
traversé cette période traumatique ne sont<br />
pas destinés à se diogéniser. Si notre hypothèse<br />
devait se vérifier, les professionnels<br />
qui accompagnent les situations Diogène<br />
pourraient se considérer comme des experts<br />
en psychotraumatologie de la toute<br />
petite enfance.<br />
Plus de place pour vivre: le syndrome de Diogène désigne les situations d’entassement, d’isolement<br />
social et de négligence corporelle.<br />
Les maladies associées au<br />
syndrome de Diogène<br />
Ces maladies sont des maladies neurologiques<br />
(baisses des performances cognitives<br />
apparentées aux maladies d’Alzheimer)<br />
et des troubles de la santé mentale<br />
(dissociation schizophrénique, phobie sociale,<br />
TOC). La cause de ces maladies?<br />
Elles pourraient être l’une des conséquences<br />
des interactions entre le génome<br />
et ce passé psychotraumatique très particulier.<br />
Faudrait-il parler de maladies d’apparition<br />
tardive (late onset disease)? <strong>No</strong>tre<br />
préférence va à l’idée de maladies de «révélation<br />
tardive». Réputées irréversibles,<br />
neurologiques ou psychiatriques, l’évolution<br />
de ces maladies peut se révéler réversible<br />
au point de poser de nouvelles questions.<br />
Ces évolutions et le concept d’exposome<br />
sont des incitations à revisiter la légitimité<br />
de la dénomination de «maladie».<br />
Au-delà du syndrome de Diogène, il serait<br />
probablement judicieux de remplacer le<br />
vocable «maladie d’Alzheimer» par celui<br />
de «syndromes Alzheimer». Il y aurait ainsi<br />
plus de place pour voir la personne derrière<br />
le syndrome. Plus d’espace aussi pour<br />
retrouver sa capacité de penser et comprendre<br />
la diversité des causes, des interactions<br />
et des approches thérapeutiques<br />
[7].<br />
Les interventions auprès des<br />
personnes ayant un syndrome de<br />
Diogène<br />
Elles nous exposent à d’autant moins de<br />
risques qu’elles ont été précédées d’une<br />
réflexion collective visant d’abord à préciser<br />
la description de la situation. Viendront<br />
ensuite la compréhension et l’évaluation<br />
suivies d’une diversité d’actions,<br />
dont l’absence d’action.<br />
Les syndromes de Diogène sont les<br />
situations les plus difficiles à<br />
dénouer<br />
Sur un territoire donné, si un collectif de<br />
professionnels a réussi à dénouer une situation<br />
Diogène, alors il est probable qu’il<br />
puisse résoudre les autres situations complexes<br />
comme les maltraitances à enfant,<br />
les violences sexuelles, les incestes ou les<br />
conflits de voisinage ... Sur un territoire<br />
géographique bien délimité, celui d’une<br />
ville ou d’un canton, les situations Diogène<br />
sont des chances pour apprendre à se<br />
connaître et à mieux travailler ensemble.<br />
Bibliographie<br />
1. Paquet L. Les Cyniques Grecs: Le<br />
livre de poche; 1992. 352 p.<br />
2. Clark A N G, Mankikar G D, Gray I.<br />
Diogenes syndrome. A clinical study of<br />
gross neglect in old age. Lancet. 1975;15:<br />
366–8.<br />
2. Monfort J, Hugonot Diener L, Wong<br />
C, Péan I, Devouche E. Le syndrome de<br />
Diogène et les situations apparentées<br />
d’auto-exclusion sociale. Enquête<br />
descriptive. Psychologie et Neuro<br />
Psychiatrie du Vieillissement 2010;8(2):<br />
141–53.<br />
4. Monfort J C. La psychogériatrie (1re<br />
édition). Paris: P.U.F. (Collection Que sais-je<br />
?); 1998. 128 p.<br />
5. Monfort J-C, Devouche E, Wong C,<br />
Péan I, Hugonot Diener L. Diogenes<br />
syndrome: a prospective observational<br />
study. journal of Aging Research & Clinical<br />
Practice. 2017(6): 153–7.<br />
6. Tamayo-Uria I, Maitre L, Thomsen<br />
C, Nieuwenhuijsen M J, Chatzi L, Siroux V,<br />
et al. The early-life exposome: Description<br />
and patterns in six European countries.<br />
Environ Int. 2019;123: 189–200.<br />
7. Monfort J-C. Vieillir, risques et<br />
chances: petit traité de psychogérontologie.<br />
Paris: Lavoisier; 2015. 666 p.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 39
Point de mire<br />
Quand les<br />
cellules sont<br />
surchargées<br />
Les maladies de surcharge lysosomale sont un groupe de<br />
maladies rares et complexes qui sont incurables, mais que l’on peut<br />
en partie traiter. Plus leur détection est précoce, meilleures sont<br />
les perspectives thérapeutiques.<br />
Bianca Link 1,2 , Albina <strong>No</strong>wak 3,4 , Marianne Rohrbach 1 , Laura Roose 3 , Georg Stettner 5<br />
(Liste alphabétique des auteurs)<br />
Les composants complexes des<br />
cellules traversent des processus<br />
physiologiques de stockage<br />
et de recyclage. Plus de 40 enzymes<br />
lysosomiaux y participent. Si ces<br />
processus de recyclage ne fonctionnent<br />
pas en raison de déficiences des enzymes,<br />
il se produit une accumulation et un stockage<br />
pathologiques de ces composants<br />
cellulaires dans les lysosomes de certains<br />
organes. Ces maladies de surcharge lysosomale<br />
sont causées par des mutations<br />
dans les gènes responsables des enzymes<br />
lysosomiaux.<br />
A quelques exceptions près, les maladies<br />
de surcharge lysosomale sont à transmission<br />
autosomique récessive (AR). Sur<br />
le plan clinique, on trouve un tableau très<br />
hétérogène tant en ce qui concerne l’âge<br />
au début des symptômes (intra-utérin à<br />
adulte) que les systèmes d’organes touchés<br />
(p. ex. avec ou sans implication du<br />
SNC). L’évolution clinique de ces maladies<br />
rares que l’on peut en partie traiter est toujours<br />
progressive et s’accompagne d’une<br />
espérance de vie réduite. Le degré de gravité<br />
dépend directement de la base moléculaire<br />
génétique. Les options thérapeutiques<br />
incluent, d’une part, les traitements<br />
enzymatiques substitutifs (TES; administration<br />
intraveineuse d’enzymes fabriqués<br />
par des procédés biotechnologiques), la<br />
transplantation de cellules souches hématopoïétiques<br />
(TCSH, traitement enzyma-<br />
tique substitutif endogène) et, d’autre<br />
part, les traitements oraux de réduction<br />
du substrat (TRS) et les traitements chaperons.<br />
A ce jour, on dispose de huit produits<br />
TES autorisés (FDA, EMEA et Swissmedic)<br />
ainsi que de deux TRS et traitements<br />
chaperons. Le mode d’administration<br />
hebdomadaire ou toutes les deux semaines<br />
à vie et les coûts élevés du traitement<br />
sont les principaux inconvénients<br />
des TES. La TCSH est le traitement de<br />
choix pour au moins une maladie de surcharge<br />
lysosomale. Comme ni les TES ni<br />
les TRS sont en mesure de passer la barrière<br />
hémato-encéphalique, il n’est pas<br />
possible de traiter efficacement les maladies<br />
de surcharge lysosomale principalement<br />
associées à des symptômes émanant<br />
du système nerveux central. A ce titre, les<br />
études sur la thérapie génique actuellement<br />
en cours sont une source d’espoir. Le<br />
suivi de patients atteints d’une maladie de<br />
surcharge lysosomale est toujours interdisciplinaire<br />
et relève, compte tenu de la<br />
complexité, de la médecine hautement<br />
spécialisée dans les centres universitaires.<br />
Dans cet article, nous présentons les<br />
quatre maladies de surcharge lysosomale<br />
les plus fréquentes (tableau 1) dans le but<br />
de sensibiliser les médecins, étant donné<br />
que le succès du traitement dépend de la<br />
détection précoce au cabinet, d’un diagnostic<br />
et traitement rapides.<br />
La maladie de Pompe<br />
La glycogénose de type 2 (maladie de<br />
Pompe) est une maladie de surcharge lysosomale<br />
avec des symptômes principalement<br />
musculaires. Les mutations sur le<br />
gène GAA entraînent un déficit en enzyme<br />
-glucosidase acide. Par la suite, le glycogène<br />
intracellulaire ne peut être dégradé<br />
en quantité suffisante et s’accumule. La<br />
maladie de Pompe est une maladie très<br />
rare qui touche moins de 1/40 000 personnes.<br />
L’activité enzymatique résiduelle de l’<br />
-glucosidase détermine le degré de gravité<br />
de la maladie. En cas de déficience complète<br />
de l’enzyme ou d’activité résiduelle<br />
de moins de 1 à 2%, elle survient déjà pendant<br />
la période néonatale ou du nourrisson<br />
(jusqu’à 12 mois) et provoque une cardiomyopathie<br />
hypertrophique (voir illustration<br />
1.A) potentiellement mortelle si<br />
1<br />
Département métabolisme et centre de recherche<br />
pour l’enfant, Hôpital pédiatrique universitaire<br />
Zurich<br />
2<br />
Clinique universitaire Balgrist, consultation<br />
spécialisée interdisciplinaire pour les maladies<br />
rares du squelette et du tissu conjonctif, Zurich<br />
3<br />
Clinique d’endocrinologie et de nutrition<br />
clinique, Hôpital universitaire de Zurich<br />
4<br />
Service de médecine interne, Clinique psychiatrique<br />
universitaire de Zurich<br />
5<br />
Centre neuromusculaire de Zurich et département<br />
de neurologie pédiatrique, Hôpital<br />
pédiatrique universitaire Zurich<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 41
Point de mire<br />
Maladie Enzyme(s) Diagnostic Hérédité Traitement spécifique<br />
Pompe -glucosidase CK, analyse enzymatique,<br />
génétique moléculaire<br />
Fabry -galactosidase A Lyso-Gb3, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
MPS I -L-iduronidase Urine GAG, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
MPS II Iduronate-sulfatase Urine GAG, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
MPS III<br />
MPS IV<br />
MPS VI<br />
Sulfamidase, alpha-Nacétylglucosaminidase<br />
ou N-acétyltransférase<br />
N-acétylglucosamine-6-<br />
sulfatase ou N-acétylgalactosamine-6-sulfatase<br />
-galactosidase ou<br />
arylsulfatase B<br />
Urine GAG, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
Urine GAG, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
Urine GAG, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
MPS VII -glucuronidase Urine GAG, analyse<br />
enzymatique, génétique<br />
moléculaire<br />
Gaucher<br />
-glucocérébrosidase<br />
acide<br />
Cellules de Gaucher dans<br />
la ponction de liquide<br />
céphalo-rachidien,<br />
Chitinase, CCL18/PARK<br />
analyse enzymatique,<br />
génétique moléculaire<br />
AR<br />
XR<br />
AR<br />
XR<br />
AR<br />
AR<br />
AR<br />
AR<br />
AR<br />
TES (Myozyme®, alglucosidase alfa)<br />
TES (Fabrazyme® Replagal®)<br />
Chaperon (Galafold®, miglastat)<br />
TES (Aldurazyme®, laronidase)<br />
TCSH (uniquement chez des patients sans<br />
symptômes SNC et de moins de 18 mois)<br />
TES (Elaprase®, idursulfase)<br />
TCSH (uniquement sur décision individuelle)<br />
Essais cliniques<br />
TES (Vimizim®, elosulfase alfa)<br />
TES (Naglazyme®, galsulfase)<br />
TES (MEPSEVII®, vestronidase)<br />
TES (VPRIV®, velaglucerase et Cerezyme®, imiglucérase)<br />
TRS (Zavesca®, miglustat et Cerdelga®, éliglustat)<br />
Tableau 1: Diagnostic et traitement des maladies de surcharge lysosomale<br />
AR, autosomique récessive; XR, x-chromosomique récessif; TES, traitement enzymatique substitutif; TCSH, transplantation de cellules souches<br />
hématopoïétiques; TRS, traitements de réduction du substrat; GAG, glycosaminoglycane; Gb3, globotriaosylcéramide.<br />
elle n’est pas traitée. De plus, on constate<br />
une hypotonie musculaire sévère (syndrome<br />
du «floppy baby») et une faiblesse<br />
musculaire qui touche aussi les muscles<br />
respiratoires. Une faiblesse oropharyngée<br />
entraîne souvent un trouble de croissance.<br />
Contrairement à cette manifestation<br />
précoce (infantile-onset Pompe disease),<br />
la maladie se manifeste après l’âge de 1 an<br />
en cas d’activité enzymatique résiduelle<br />
plus élevée (2 à 40%), souvent aussi à<br />
l’adolescence ou à l’âge adulte (late-onset<br />
Pompe disease). Une augmentation de<br />
l’activité de la créatinine kinase (CK, une<br />
enzyme musculaire) à l’analyse sanguine<br />
et une faiblesse musculaire proximale<br />
marquée peuvent être des indices. Pour la<br />
forme tardive, les muscles respiratoires<br />
sont aussi touchés. La faiblesse respiratoire<br />
est souvent le premier symptôme de<br />
la maladie et peut provoquer un trouble<br />
respiratoire du sommeil. En cas de manifestation<br />
tardive, le cœur n’est généralement<br />
pas touché.<br />
Un traitement enzymatique substitutif<br />
(TES) a été développé pour traiter la maladie<br />
de Pompe. Il ralentit la progression<br />
de la maladie et permet, pour les formes<br />
précoces, une régression rapide de la myopathie<br />
hypertrophique. Cependant, le TES<br />
ne guérit pas la maladie. Malgré le traitement,<br />
les patients dont la maladie est survenue<br />
précocement décèdent généralement<br />
durant la première ou deuxième décennie<br />
des suites de l’insuffisance respiratoire<br />
et présentent, outre les symptômes<br />
musculaires (hypotonie, faiblesse progressive,<br />
dysfonctionnement bulbaire),<br />
également une baisse des facultés cognitives<br />
et une surdité neurosensorielle. Les<br />
limites de l’efficacité du TES ont animé les<br />
spécialistes à développer des TES de deuxième<br />
génération plus efficaces ainsi<br />
qu’une thérapie de substitution génique.<br />
Ils se trouvent encore au stade des études<br />
cliniques.<br />
La maladie de Fabry<br />
La maladie de Fabry a une incidence d’environ<br />
1/40 000. Les variantes génétiques<br />
pathogènes touchent le gène GLA qui code<br />
pour l’-galactosidase A. L’absence ou l’activité<br />
déficiente de l’enzyme provoque une<br />
accumulation des gylcosphingolipides et<br />
en particulier du globotriaosylcéramide<br />
(Gb3). Le dépôt de Gb3 dans les cellules endothéliales<br />
et parenchymateuses des reins,<br />
du cœur et du système nerveux conduit à<br />
un dysfonctionnement organique progressif<br />
qui réduit l’espérance de vie. Les<br />
troubles du rythme cardiaque constituent<br />
la première cause de mortalité dans le<br />
cadre de la cardiomyopathie de Fabry.<br />
On distingue deux phénotypes cliniques:<br />
1) Chez le phénotype classique, l’activité<br />
enzymatique est totalement absente ou<br />
42<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Point de mire<br />
Maladie MPS I et MPS II MPS III MPS IV MPS VI<br />
Habitus<br />
Neurologique<br />
Musculosquelettique<br />
Viscéral<br />
Cardiaque<br />
Pulmonaire<br />
ORL<br />
Yeux<br />
Traits grossiers du visage,<br />
retard de croissance<br />
Sténose spinale, hydrocéphalie,<br />
syndrome du<br />
tunnel carpien bilatéral,<br />
évent. retard/aphasie<br />
Cyphose/scoliose, contractures,<br />
dysplasie et luxation<br />
de la hanche, genua valga,<br />
élargissement métatarsien/<br />
métacarpien<br />
Hépatosplénomégalie,<br />
hernies (aine, nombril)<br />
Epaississement des valves/<br />
valvulopathies, troubles du<br />
rythme<br />
Troubles de la ventilation<br />
obstructifs et/ou restrictifs,<br />
trachéomalacie, infections<br />
trachéobronchiques<br />
récidivantes<br />
Otite moyenne récidivante,<br />
hypertrophie amygdalienne,<br />
macroglossie, perte<br />
de l’ouïe neurosensorielle<br />
et combinée<br />
Opacification cornéenne,<br />
dégénérescence rétinienne,<br />
atrophie du nerf<br />
optique, glaucome<br />
Chevelure dense Nanisme Nanisme<br />
Retard/aphasie, hyperactivité,<br />
agressivité, troubles<br />
du rythme jour/nuit,<br />
épilepsie, dysphagie<br />
Contractures<br />
Diarrhées récidivantes,<br />
hépatosplénomégalie<br />
modérée<br />
Sténose spinale, hydrocéphalie,<br />
syndrome du<br />
tunnel carpien bilatéral<br />
Cyphose/scoliose, pectus<br />
carinatum, instabilité,<br />
luxation de la hanche,<br />
genua valga, élargissement<br />
métatarsien<br />
Comme MPS I<br />
Sténose spinale, hydrocéphalie,<br />
syndrome du<br />
tunnel carpien bilatéral,<br />
évent. retard/aphasie<br />
Cyphose/scoliose, contractures,<br />
dysplasie et luxation<br />
de la hanche, genua valga,<br />
élargissement métatarsien/<br />
métacarpien<br />
Comme MPS I<br />
Aucune anomalie connue Comme MPS I Comme MPS I<br />
Infections trachéobronchiques<br />
récidivantes<br />
Otite moyenne récidivante,<br />
perte de l’ouïe neurosensorielle<br />
et combinée<br />
Comme MPS I<br />
Comme MPS I<br />
Comme MPS I Comme MPS I<br />
Aucune anomalie connue Comme MPS I Comme MPS I<br />
Tableau 2: Eventail des caractéristiques cliniques des mucopolysaccharidoses<br />
très fortement réduite chez les individus<br />
de sexe masculin (
Point de mire<br />
1.A: Cardiomégalie hypertrophique chez le nourrisson avec infantile-onset Pompe. 1.B: Angiokératomes groupés au niveau du nombril chez un homme<br />
atteint de la maladie de Fabry. 1.C: Garçon de 8 ans avec MPS I après TCSH. 1.D: Hépatosplénomégalie chez un garçon atteint de la maladie de Gaucher<br />
avant le début du traitement enzymatique substitutif.<br />
matiques (p. ex. physiothérapie, ergothérapie,<br />
logopédie, orthèses, corsets, chaussures<br />
orthopédiques) et traitements chirurgicaux<br />
(contrôle de la croissance, correction<br />
de l’axe, stabilisation de la colonne<br />
vertébrale).<br />
Un monitorage coordonné est nécessaire<br />
chez les patients présentant un<br />
risque élevé de difficultés pour l’intubation<br />
et l’extubation, de compression de la<br />
moelle épinière et d’évènements cardiaques.<br />
Maladie de Gaucher<br />
La maladie de Gaucher est déclenchée par<br />
des variantes pathogènes dans le gène codant<br />
la -glucocérébrosidase (GBA). L’incidence<br />
générale est d’environ 1/40 000.<br />
Celle-ci est cependant beaucoup plus élevée<br />
chez la population juive ashkénaze avec<br />
une incidence de 1/450 à 1/900. La GBA déficiente<br />
provoque une accumulation de<br />
glucocérébrosides dans les lysosomes de<br />
macrophages, notamment dans la rate, le<br />
foie et la moelle osseuse. Les manifestations<br />
cliniques typiques couvrent un large<br />
éventail et incluent l’hépatosplénomégalie<br />
(voir illustration 1. D) et l’ostéonécrose, l’ostéoporose<br />
et la cytopénie. Plus rarement<br />
survient une neurodégénérescence progressive.<br />
On distingue trois formes de la<br />
maladie: le type 1 non neuropathique avec<br />
manifestation viscérale et osseuse est le<br />
plus fréquent (>90%). Les formes aiguës<br />
(type 2) et chroniques-neuropathiques<br />
(type 3) sont nettement plus rares. Elles se<br />
caractérisent par une paralysie du regard<br />
verticale, une spasticité, des crises convulsives<br />
et une neurodégénérescence.<br />
Les biomarqueurs chitinase, CCL18/<br />
PARK oxystérole et glucosylsphingosine<br />
(Lyso-Gb1) dans le sérum peuvent servir<br />
au dépistage.<br />
Grâce à la très bonne accessibilité des<br />
macrophages dans le sang, le TES disponible<br />
depuis 1990 est très efficace pour la<br />
maladie de Gaucher de type 1, ce qui permet<br />
aux patients d’avoir une vie quasiment<br />
normale. Le TRS oral n’a jusqu’ici<br />
pas été utilisé en raison des effets secondaires<br />
importants. Une préparation de la<br />
deuxième génération présente une meilleure<br />
tolérance. Son utilisation est cependant<br />
limitée par les interactions avec<br />
d’autres médicaments, étant donné que la<br />
dégradation de la préparation s’effectue<br />
par le système du cytochrome P450 (CY-<br />
P2D6). C’est pourquoi il faut procéder à<br />
une analyse génétique du métabolisme du<br />
CYP2D6 avant de commencer le traitement<br />
et, le cas échéant, adapter la posologie.<br />
Jusqu’ici, il n’existe hélas pas de traitement<br />
efficace pour les formes neuropathiques<br />
de la maladie.<br />
Message à retenir<br />
Les maladies de surcharge lysosomale<br />
sont complexes et touchent différents systèmes<br />
d’organes et les personnes de tous<br />
âges. Pour un grand nombre de ces maladies,<br />
on dispose de traitements qui influencent<br />
favorablement leur cours. Afin<br />
d’assurer le traitement causal et symptomatique,<br />
il est impératif d’adopter une approche<br />
interdisciplinaire, que ce soit en<br />
pédiatrie ou dans la médecine adulte, sans<br />
oublier de bien planifier la transition.<br />
44<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Actualités en pneumologie:<br />
Fibrose pulmonaire – diagnostic et nouvelles approches thérapeutiques<br />
La détresse respiratoire<br />
n’est pas une exclusivité<br />
du COVID-19<br />
Le tableau clinique et les conséquences des différentes fibroses pulmonaires se<br />
ressemblent, mais pas les causes, le pronostic<br />
et le traitement. Un traitement personnalisé nécessite un diagnostic précis et<br />
une collaboration interdisciplinaire.<br />
D r méd. Cristina Vital 1,2 , Prof. D r méd. Thomas Geiser 1 , D r méd. Sabina Guler 1<br />
Photo: màd<br />
Les fibroses pulmonaires ou<br />
pneumopathies interstitielles<br />
fibrosantes (interstitial lung disease,<br />
ILD) comprennent un<br />
groupe hétérogène de pathologies qui<br />
provoquent des modifications inflammatoires<br />
et fibreuses du parenchyme pulmonaire.<br />
Malgré les similitudes cliniques et<br />
morphologiques des différentes ILD, elles<br />
présentent des différences significatives<br />
en termes de cause, de pronostic et de<br />
thérapie [1–3].<br />
Environ 98 habitants sur 100 000 sont<br />
touchés par une ILD, l’incidence tendant à<br />
augmenter au cours des dernières années.<br />
La fibrose pulmonaire idiopathique (idiopathic<br />
pulmonary fibrosis, IPF) est la<br />
pneumopathie interstitielle la plus fréquente,<br />
mais compte malgré tout parmi les<br />
maladies rares [4, 5].<br />
Les différents sous-types d’ILD sont<br />
représentés dans l’illustration 1. Les entités<br />
surlignées peuvent évoluer comme<br />
phénotype fibrosant progressif [6, 7].<br />
Clinique et diagnostic<br />
Un diagnostic précoce et correct est crucial<br />
d’un point de vue pronostique et thérapeutique<br />
pour les patients atteints d’une<br />
ILD. Les patients présentent souvent des<br />
symptômes non spécifiques. En cas de<br />
dyspnée progressive et de toux sèche persistante,<br />
il faut toujours envisager une ILD.<br />
En plus des symptômes pulmonaires, il<br />
faut rechercher des indices extrapulmonaires<br />
d’une maladie rhumatologique (arthralgies,<br />
arthrites, myalgies, altérations<br />
cutanées, phénomène de Raynaud ou syndrome<br />
de Sicca). Parmi les facteurs à<br />
risque figurent le tabagisme, la prise de<br />
certains médicaments (par exemple, la nitrofurantoïne,<br />
le méthotrexate et l’amiodarone<br />
[voir également www.pneumotox.<br />
com]), l’exposition aux poussières inorganiques<br />
et à l’amiante, et les expositions<br />
organiques (par exemple, l’infestation de<br />
moisissures, l’aviculture, l’agriculture),<br />
qui peuvent provoquer une pneumonie<br />
d’hypersensibilité.<br />
A l’auscultation, on entend souvent<br />
un crépitement basal, qui rappelle l’ouverture<br />
d’une fermeture velcro (sclérosiphonie,<br />
velcro crackles). Dans la fibrose<br />
pulmonaire avancée avec hypoxémie<br />
chronique, on constate parfois un hippocratisme<br />
digital. La radiographie conventionnelle<br />
du thorax peut également<br />
fournir des indications quant à une ILD,<br />
mais ne permet pas de l’exclure. La tomodensitométrie<br />
thoracique haute résolu-<br />
tion (TDM-HR) occupe une place importante<br />
dans le diagnostic de l’ILD. La TDM-<br />
HR permet de confirmer la fibrose pulmonaire<br />
et de la classer en fonction de la<br />
répartition des signes (réticulations, aspect<br />
en verre dépoli, bronchectasie de<br />
traction, aspect en nid d’abeille) [2, 3, 9,<br />
10].<br />
La pléthysmographie met généralement<br />
en évidence un trouble obstructif de<br />
la ventilation et une capacité de diffusion<br />
du CO typiquement restreinte. Déjà lors<br />
du test de marche de six minutes ou à la<br />
spiroergométrie, il peut résulter une hypoxémie<br />
à l’effort. Outre la gazométrie artérielle<br />
(recherche d’une hypoxémie de<br />
repos), la détermination de l’hémogramme,<br />
de la CRP ou de la vitesse de sédimentation,<br />
des paramètres rénaux et<br />
hépatiques et une recherche sérologique<br />
de la connectivite et des maladies auto-immunes<br />
font partie du diagnostic de<br />
1<br />
Clinique universitaire de pneumologie, Hôpital<br />
de l’île Berne<br />
2<br />
Clinique universitaire de médecine interne<br />
générale, Hôpital de l’île Berne<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 45
Perspectives<br />
Pneumopathies interstitielles<br />
(Interstitial lung disease, ILD)<br />
Pneumopathie<br />
interstitielle<br />
idiopathique (PII)<br />
Pneumonie<br />
d’hypersensibilité<br />
ILD auto-immune Sarcoïdose Autres ILD<br />
Fibrose pulmonaire<br />
idiopathique (FPI)<br />
Pneumonie interstitielle<br />
non-spécifique<br />
idiopathique (PINS<br />
Bronchiolite respiratoire<br />
avec ILD<br />
Pneumopathie interstitielle<br />
desquamative<br />
Pneumopathie organisée<br />
cryptogénique<br />
(POC)<br />
Pneumopathie<br />
interstitielle aiguë<br />
ILD avec polyarthrite<br />
rhumatoïde (RA-ILD)<br />
ILD avec sclérose<br />
systémique<br />
ILD avec composantes<br />
auto-immunes<br />
ILD avec polymyosite<br />
et dermatomyosite<br />
ILD avec connectivite<br />
mixte<br />
Autres ILD avec<br />
connectivite<br />
– ILD médicamenteuse<br />
– ILD d’exposition<br />
– Lymphangioléiomyomatose<br />
– Histiocytose cellulaire<br />
de Langerhans<br />
– ILD associée à une<br />
vascularite<br />
– Autres ILD rares<br />
ILD inclassable<br />
Illustration 1, selon [8]: Classification des pneumopathies interstitielles (en gras avec potentiel de phénotype fibrosant progressif)<br />
l’ILD, même si les signes cliniques de<br />
connectivite sont absents.<br />
La bronchoscopie avec lavage bronchoalvéolaire<br />
(LBA) peut exclure les<br />
causes infectieuses et fournir des informations<br />
précieuses sur le sous-type de la maladie<br />
par une analyse de la différenciation<br />
des cellules. Souvent, un examen histopathologique<br />
du parenchyme pulmonaire<br />
est nécessaire. Les échantillons peuvent<br />
être obtenus par bronchoscopie, par cryobiopsie<br />
transbronchique ou par chirurgie.<br />
La norme de référence pour le diagnostic<br />
de la fibrose pulmonaire est la présentation<br />
devant un comité multidisciplinaire<br />
de l’ILD, avec une discussion de cas<br />
par des experts en pneumologie, radiologie,<br />
pathologie et, si nécessaire, rhumatologie<br />
[3, 11].<br />
Approches thérapeutiques<br />
Traitements non médicamenteux<br />
Si un agent potentiellement déclencheur<br />
peut être identifié comme étant la cause<br />
de la pneumopathie (par exemple le tabagisme,<br />
les médicaments pneumotoxiques,<br />
l’antigène organique), il est impératif de<br />
respecter une période de carence.<br />
En cas d’hypoxémie de repos (p a<br />
O 2<br />
≤55 mmHg (7,33 kPa) ou p a<br />
O 2<br />
≤60 mmHg<br />
(8 kPa) en cas d’hypertension pulmonaire<br />
ou de polyglobulie), une oxygénothérapie<br />
au long cours est indiquée. Certains patients<br />
peuvent profiter d’une supplémentation<br />
en oxygène à l’effort ou la nuit. Un<br />
entraînement physique sous oxygénothérapie<br />
peut par ailleurs aider à améliorer les<br />
performances physiques. Une réadaptation<br />
pulmonaire permet de contrôler les<br />
symptômes et d’améliorer la qualité de vie.<br />
Chez les jeunes patients ne présentant<br />
pas de comorbidités pertinentes, la<br />
transplantation pulmonaire est une option<br />
qui doit être discutée en cas d’absence<br />
de contre-indications et de progression<br />
de la maladie. Advanced care et les<br />
approches de la médecine palliative<br />
peuvent également apporter un soutien<br />
essentiel aux personnes concernées et à<br />
leurs proches.<br />
Traitement médicamenteux<br />
Les ILD inflammatoires telles que les ILD<br />
associées à la connectivite, les pneumonies<br />
d’hypersensibilité et les sarcoïdoses<br />
font généralement l’objet d’un traitement<br />
immunomodulateur (par exemple avec des<br />
glucocorticoïdes, du cyclophosphamide,<br />
du mycophénolate mofétil, de l’azathioprine,<br />
du rituximab ou du tocilizumab).<br />
Contrairement aux ILD inflammatoires,<br />
les immunosuppresseurs sont potentiellement<br />
nuisibles pour les patients<br />
atteints d’IPF. Au cours des dernières années,<br />
le traitement de l’IPF avec les substances<br />
antifibrotiques pirfenidon (Esbriet®)<br />
et nintédanib (Ofev®) a fait ses<br />
preuves. Les deux médicaments freinent<br />
la détérioration de la fonction pulmonaire<br />
(CVF) d’environ 50% chez les patients atteints<br />
d’IPF. Les analyses post hoc des<br />
études d’autorisation de mise sur le marché<br />
ont par ailleurs mis en évidence un<br />
avantage en termes de survie et un risque<br />
réduit d’exacerbations chez les patients<br />
atteints d’IPF sous antifibrotiques [12–16].<br />
46<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Illustration 2: TDM du thorax chez une patiente<br />
atteinte d’une fibrose pulmonaire associée à<br />
une arthrite rhumatoïde<br />
Images axiales apicales (A) et basales (B) avec<br />
réticulations, bronchectasie de traction et<br />
modifications en nid d’abeille<br />
Les principaux effets secondaires du pirfenidon<br />
sont les nausées, les vomissements<br />
et la photosensibilité. Le traitement par<br />
nintédanib s’accompagne souvent de diarrhées<br />
qui peuvent généralement être<br />
contrôlées par une adaptation du régime<br />
alimentaire et un traitement symptomatique.<br />
De plus, les paramètres hépatiques<br />
doivent être régulièrement contrôlés chez<br />
les patients sous traitement antifibrotique<br />
[17, 18].<br />
Depuis l’été 2020, le nintédanib est<br />
aussi autorisé pour l’ILD en cas de sclérose<br />
systémique. Les résultats d’études récentes<br />
ont montré pour le nintédanib une<br />
efficacité comparable à celle pour l’IPF<br />
chez les patients atteints d’ILD progressive<br />
fibrotique de type non-IPF [18–20].<br />
Défis actuels et perspectives<br />
Depuis le début de la pandémie de CO-<br />
VID-19, nous constatons des modifications<br />
fibrotiques du parenchyme pulmonaire et<br />
une entrave de la fonction pulmonaire<br />
plusieurs mois après une maladie aiguë<br />
due au COVID-19 chez des patients ayant<br />
été gravement atteints [21]. Une étude de<br />
cohorte prospective dans toute la Suisse<br />
continuera d’analyser les séquelles pulmonaires<br />
tardives après une infection au<br />
COVID-19 afin de pouvoir à l’avenir proposer<br />
un traitement aux patients souffrant<br />
de séquelles à long terme après une infection<br />
au COVID-19.<br />
Pour résumer, les différents soustypes<br />
d’ILD se distinguent par leur évolu-<br />
Suspicion de pneumopathie interstitielle<br />
– Dyspnée à l’effort à progression lente<br />
– Toux sèche<br />
– Crépitement basal<br />
Examens pneumologiques<br />
– Anamnèse détaillée<br />
– Pléthysmographie, mesure de la capacité de diffusion<br />
– Test d’effort (test de marche 6 min. / spiroergométrie)<br />
– Laboratoire, y compris sérologies auto-immunes<br />
TDM thoracique<br />
Bronchoscopie avec LBA<br />
évent. cryobiopsie transbronchique<br />
évent. EBUS TBNA ganglions lymphatiques<br />
Biopsie pulmonaire chirurgicale<br />
Comité interdisciplinaire ILD<br />
Illustration 3 selon [3]: Du symptôme au diagnostic d’une ILD. LBA: lavage bronchoalvéolaire, EBUS TBNA: cytoponction transbronchique guidée par<br />
ultrasons<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 47
Perspectives<br />
tion et notamment l’indication thérapeutique.<br />
Les immunosuppresseurs sont le<br />
traitement de choix pour de nombreuses<br />
ILD. Ceux-ci peuvent cependant nuire aux<br />
patients atteints d’IPF, ce qui souligne<br />
l’importance d’un diagnostic différentiel<br />
dans le cadre du comité multidisciplinaire<br />
de l’ILD. Les nouvelles données relatives à<br />
l’efficacité d’antifibrotiques chez les sousgroupes<br />
de patients atteints d’ILD de type<br />
non-IPF ouvrent de nouvelles options thérapeutiques.<br />
Grâce à l’arsenal médicamenteux<br />
élargi, les patients atteints de fibrose<br />
pulmonaire pourront, nous l’espérons, bénéficier<br />
d’un traitement personnalisé permettant<br />
d’éviter une perte de la fonction<br />
pulmonaire, de la condition physique et de<br />
la qualité de vie.<br />
<strong>No</strong>us remercions le PD Dr méd.<br />
Alexander Pöllinger, Institut universitaire<br />
de radiologie diagnostique, interventionnelle<br />
et pédiatrique, Hôpital de l’île, Hôpital<br />
universitaire de Berne, pour les images<br />
radiologiques.<br />
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national prospective observational Swiss<br />
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publication), 2020.<br />
48<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Aus der «Praxis» *<br />
Die körperliche<br />
Untersuchung des<br />
«unkooperativen»<br />
älteren Patienten<br />
The Physical Examination of an ‘Uncooperative’ Elderly Patient<br />
Mathias Schlögl 1,2 , Simeon Schietzel 1,2 , Roland Kunz 3 , Egemen Savaskan 2 , Reto W. Kressig 4 und Florian Riese 2<br />
Zusammen mit der Anamnese<br />
bildet die körperliche Untersuchung<br />
die Grundlage ärztlichen<br />
Handelns. Dabei gibt es einen<br />
unverzichtbaren Kern an Informationen<br />
über den körperlichen Zustand eines Patienten,<br />
ohne den eine valide ärztliche Einschätzung<br />
darüber, ob Handlungsbedarfs<br />
besteht, überhaupt nicht möglich ist. Diesen<br />
Kernbedarf an Informationen muss<br />
ein behandelnder Arzt auch bei «unkooperativen»<br />
älteren Patienten decken,<br />
was jedoch äusserst anspruchsvoll ist [1].<br />
Während diese Patientengruppe in<br />
der medizinischen Ausbildung und in<br />
Lehrbüchern kaum Erwähnung findet,<br />
stellt sie uns in der Praxis, im Spital oder<br />
im Pflegeheim regelmässig vor grosse Herausforderungen.<br />
Der unkooperative ältere<br />
Patient ist dabei oft ein Patient mit Demenz,<br />
Delir oder einer anderen psychischen<br />
Störung. Dass er nicht oder nur<br />
mangelhaft kooperiert, ist dabei unter<br />
Umständen das Indexsymptom, das auf<br />
eine unterliegende medizinische Problematik<br />
hinweist. In solchen Fällen ist eine<br />
Untersuchung einerseits besonders notwendig,<br />
andererseits ist sie nur schwierig<br />
umzusetzen, was die Gefahr der Unterversorgung<br />
dieser vulnerablen Patientengruppen<br />
mit sich bringt [2, 3].<br />
Das Ziel dieses Artikels ist es zum einen,<br />
Denkanstös se zu geben, um bisherige<br />
Haltungen, Verhaltens- und Vorgehensweisen<br />
zu reflektieren. Zum anderen soll<br />
er Wege aufzeigen, über die sich die Kooperation<br />
verbessern lässt (erster Teil) sowie<br />
solche, über die sich körperliche Befunde<br />
trotz eingeschränkter Kooperation<br />
(zweiter Teil) erheben lassen. Darüber hinaus<br />
gilt es, geriatrische Syndrome zu erkennen,<br />
akute krankheitsrelevante Befunde<br />
auszuschliessen und neue Krankheitszeichen<br />
nicht vorschnell altbekannten<br />
medizinischen Störungen zuzuordnen<br />
[4, 5].<br />
Folgende Besonderheiten sind bei der<br />
Anamneseerhebung älterer Patienten zu<br />
beachten:<br />
• Erkrankungen können sich bei Älteren<br />
lediglich in Form von funktionellem<br />
Abbau äussern, sodass diag <br />
nostische Standardfragen teilweise<br />
weniger funktionieren: Es kann zum<br />
Beispiel sein, dass Pa tienten mit schwerer<br />
Arthritis auf die Frage nach Gelenkbeschwerden<br />
nicht über Schmerzen,<br />
Schwellungen oder Steifheit berichten,<br />
dass sie aber, wenn sie nach Veränderungen<br />
und Schwierigkeiten bei der Ausführung<br />
der grundlegenden Aktivitäten des<br />
täglichen Lebens (ADL) [6] oder der instrumentellen<br />
ADL (IADL) [7] befragt werden,<br />
erzählen, dass sie nicht mehr spazieren<br />
gehen [8].<br />
• Patienten präsentieren ihre Krankheit<br />
auf atypische Weise: Bei akuten Ereignissen<br />
wie z.B. einem frischen Herzinfarkt<br />
besteht vielfach eine Symptomarmut<br />
[4]. Ältere Menschen präsentieren<br />
Im Artikel verwendete Abkürzungen<br />
ADL Aktivitäten des täglichen Lebens (ADL)<br />
CANE Camberwell Assessment of Need for the<br />
Elderly<br />
COPD Chronisch obstruktive Lungenerkrankung<br />
FB Gezielte Fremdbeobachtung durch<br />
Angehörige oder Pflegende/andere<br />
medizinische Fachpersonen<br />
IADL Instrumentelle Aktivitäten des täglichen<br />
Lebens<br />
1<br />
Klinik für Geriatrie, Universitätsspital Zürich<br />
2<br />
Klinik für Alterspsychiatrie, Psychiatrische<br />
Universitätsklinik Zürich<br />
3<br />
Universitäre Klinik für Akutgeriatrie, Stadtspital<br />
Waid, Zürich<br />
4<br />
Universitäre Altersmedizin Basel, Felix<br />
Platter-Spital, Klinische Professur für Geriatrie,<br />
Universität Basel<br />
* Der Artikel erschien ursprünglich in der «Praxis»<br />
2018; 107 (19): 1021–1030). mediservice vsao-Mitglieder<br />
können die «Praxis» zu äusserst günstigen<br />
Konditionen abonnieren. Details siehe unter<br />
www.hogrefe.ch/downloads/vsao.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 49
Perspectives<br />
Zeit und Geduld<br />
Bei unkooperativen Patienten ist für die<br />
Erhebung des Befundes eine Aufteilung<br />
auf mehrere Konsultationen günstig (z.B.<br />
Wiederkommen nach dem Essen mit dann<br />
oft deutlicher Beruhigung, Warten auf den<br />
Angehörigen oder auf eine ruhige Umgebung,<br />
pro Visite Konzentration nur auf einen<br />
Aspekt etc.). Dies benötigt objektiv<br />
mehr Zeit und subjektiv die Geduld des<br />
Untersuchers, da er einen Befund unter<br />
Umständen nicht so schnell erreichen<br />
kann wie gewünscht. Selbstverständlich<br />
muss eine Einschätzung akut behanddann<br />
häufig allgemeine Symptome wie<br />
z.B. Müdigkeit, Verwirrtheit oder Appetitverlust.<br />
• Sensorische Defizite erschweren die<br />
Kommunika tion: Werden normalerweise<br />
Zahnersatz, Brillen oder Hörgeräte<br />
eingesetzt, so sollten sie auch getragen<br />
werden, um die Kommunikation während<br />
der Evaluation zu erleichtern. Ausreichende<br />
Beleuchtung und die Beseitigung<br />
von visueller oder auditiver Ablenkung<br />
sind ebenfalls von Nutzen.<br />
• Auch bei voller Kooperation erwähnen<br />
ältere Pa tienten oftmals Symptome<br />
nicht, weil sie glauben, diese seien<br />
Teil des normalen Alterungsprozesses:<br />
Dies gilt zum Beispiel für Schmerzen,<br />
Dyspnoe, Schwindel, Stürze, eingeschränktes<br />
Hör- oder Sehvermögen, Gedächtnisprobleme<br />
und Inkontinenz<br />
(Tab. 1). Als altersspezifisches «Underreporting»<br />
wird der Umstand bezeichnet,<br />
dass körperliche, psychische und soziale<br />
Probleme von älteren Patienten oftmals<br />
nicht geäussert werden. Die Anamnese<br />
sollte daher gezielte Fragen enthalten<br />
und unbedingt durch eine Fremdanamnese<br />
ergänzt werden [33].<br />
Wege zur besseren Kooperation:<br />
Kooperation als Prozess<br />
Aus unserer Sicht ist Kooperation als ein<br />
Prozess zu verstehen, für dessen Zustandekommen<br />
wir Ärzte in hohem Masse mitverantwortlich<br />
sind. Im Umkehrschluss<br />
sollte mangelnde Kooperation – vor allem<br />
wenn sie neu aufgetreten ist – als Indexsymptom,<br />
d.h. als wichtiger Hinweis auf<br />
eine unterliegende medizinische Problematik<br />
verstanden werden. Für das Auftreten<br />
von «Unkooperativität» sind Ärzte und<br />
andere medizinische Fachpersonen demnach<br />
mitverantwortlich, wenn sie selbstverständlich<br />
davon ausgehen, dass ein<br />
kognitiv beeinträchtigter Patient in einer<br />
fremden, komplexen Umgebung mit hohem<br />
Tempo nach äusseren Vorgaben<br />
funktionieren muss. Von einem «unkooperativen<br />
Patienten» zu sprechen, ist aus<br />
dieser Sichtweise letztlich nicht zielführend.<br />
Vielmehr kann Kooperation gefördert<br />
werden, wenn der Arzt verschiedene<br />
Faktoren beachtet (Tab. 2). Auf einige dieser<br />
Faktoren soll im Folgenden eingegangen<br />
werden.<br />
Sicherstellung von Grundbedürfnissen<br />
Nicht selten geht dem Arztkontakt eines<br />
älteren Patienten eine stunden- oder tagelange<br />
Odyssee durch verschiedene Institutionen<br />
voraus, in denen seine Grundbe-<br />
dürfnisse nicht adäquat erfüllt wurden.<br />
Dies gilt insbesondere für Patienten, die<br />
ihre Grundbedürfnisse, z.B. aufgrund von<br />
Demenz, nicht hinreichend selbst äussern<br />
können. Ein Sandwich und ein Getränk<br />
sind deswegen manchmal der Schlüssel zu<br />
einer besseren Kooperation. Ebenso sollte<br />
ein WC-Gang angeboten werden. Informationen<br />
zu Ort und Situation können helfen,<br />
den Patienten die Angst zu nehmen<br />
(z.B. «Sie sind hier bei uns vorübergehend<br />
im Spital XY. Sie sind in Sicherheit, wir<br />
kümmern uns um Sie.»). Weitere Details<br />
hierzu werden im Abschnitt über das Denken<br />
in geriatrischen Syndromen und Bedürfnissen<br />
beschrieben.<br />
Körperliche Probleme<br />
Nichtwahrnehmen eines langsam, aber stetig voranschreitenden Funktionsverlustes<br />
Akzeptanz der Erkrankung als «normales» Alterungszeichen ohne Krankheitswert<br />
Frage des Untersuchers nicht verstanden<br />
Soziale Probleme<br />
Scheu oder falscher Stolz bei Inanspruchnahme medizinischer und sozialer Dienste<br />
Vermutung, dass Krankheiten nicht behandelbar sind<br />
Psychische/kognitive Probleme<br />
Angst vor den Konsequenzen von eingreifender Diagnostik und Therapie (z.B. vor<br />
Darmspiegelung und Operation bei Blut im Stuhl) sowie sozialen Folgen (z.B. Umzug<br />
ins Pflegeheim)<br />
Scham, z.B. bei Inkontinenz, kognitiven Defiziten<br />
Vergessen der Beschwerden<br />
Tabelle 1. Mögliche Ursachen des altersspezifischen «Underreportings»<br />
Umgebungsfaktoren Patientenfaktoren Arztfaktoren<br />
Lautstärke Umgebungsgeräusche<br />
Brille, Hörgerät<br />
Zeit und Geduld<br />
Allgemeines Reizniveau Erschöpfung Adäquate Sprache und<br />
Sprechweise<br />
Unterbrüche der<br />
Untersuchung (z.B. durch<br />
Telefonate, Sucher)<br />
Altersgerechte Einrichtung<br />
der Institution<br />
Hunger und Durst<br />
Schmerz<br />
Höflichkeit<br />
Innere Einstellung gegenüber<br />
«schwierigen» P atienten<br />
Kooperation mit dem Arzt Angst Fähigkeit, mit unvollständigen<br />
Informationen, d.h. diagnostischer<br />
Unsicherheit zu leben<br />
Angst vor Medikalisierung<br />
und Einschränkung<br />
der Autonomie<br />
Teamfähigkeit<br />
Tabelle 2. Potenziell modifizierbare Faktoren mit Einfluss auf die Kooperativität bei der Befunderhebung<br />
älterer Patienten<br />
50<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
lungsbedürftiger Zustände wie z.B. akuter<br />
Schmerzen oder Atemnot immer sofort<br />
erfolgen.<br />
Adäquate Kommunikation<br />
Kommunikation mit dem Patienten erfolgt<br />
verbal und nonverbal. Es ist hilfreich,<br />
auch dem unkooperativen älteren Patienten<br />
auf beiden Kanälen die Botschaft zu<br />
senden: «Ich bin Ihr Arzt. Ich bin hier, um<br />
Ihnen zu helfen. Ich tue das gern. Sie sind<br />
hier willkommen.» Möglicherweise müssen<br />
diese und andere Botschaften mehrfach<br />
wiederholt werden. Die Sprechweise<br />
sollte laut, deutlich, langsam, einfach und<br />
höflich sein. Für Patienten mit Presbyakusis<br />
kann der Arzt deutlich besser verständlich<br />
sein, wenn er in einer etwas niederfrequenteren<br />
Stimmlage spricht. Die Reflexion<br />
über die vielfältigen Asymmetrien in<br />
der Kommunikation mit älteren Patienten<br />
kann dabei helfen, deren kommunikative<br />
Bedürfnisse zu erkennen (Experte – Laie;<br />
gesund – krank, selbständig – abhängig,<br />
kognitiv gesund – kognitiv beeinträchtigt,<br />
jung – alt). Eine besondere Herausforderung<br />
stellt die Kommunikation mit Patienten<br />
mit (fortgeschrittenen) Demenzerkrankungen<br />
dar [9]. Adäquate Kommunikation<br />
kann hier bedeuten, sich in die<br />
Stimmungslage des Patienten zu versetzen,<br />
seine Situation und Nöte zu erfassen<br />
und von sich aus passende Themen anzusprechen<br />
[10]. Die verbale Kommunikation<br />
sollte möglichst einfach und positiv<br />
sein, da zum Beispiel Negativformulierungen<br />
den Patienten möglichweise nur noch<br />
mehr verwirren. Der Sprechrhythmus, die<br />
Sprachmelodie sowie der Sprachaufbau<br />
sollten sich am Patienten orientieren. Dabei<br />
kann es hilfreich sein, Äusserungen<br />
exakt zu wiederholen, statt zu variieren<br />
sowie Informationen einfliessen zu lassen<br />
und nicht «abzufragen» oder mehrere Sinneskanäle<br />
gleichzeitig anzusprechen, indem<br />
man zum Beispiel auf Gegenstände<br />
oder Körperzonen zeigt und diese zur<br />
Hand nimmt und befühlen lässt, wie dies<br />
bei der Basalen Stimulation gemacht wird.<br />
Zudem darf nicht vergessen werden, dass<br />
der Demenzkranke bis ins Endstadium<br />
noch über viele Ressourcen in nonverbaler<br />
Kommunikation verfügt. Das Gespräch<br />
mit dem Demenzkranken wird daher nur<br />
dann für beide Seiten informativ und bedeutsam,<br />
wenn es gelingt, sich in die Stimmungslage<br />
des Patienten zu versetzen,<br />
seine Situation und Nöte zu erfassen und<br />
von sich aus passende Themen anzusprechen<br />
[10]. Dabei gilt es, daran zu denken,<br />
dass Kommunikation bidirektional ist:<br />
Wenn die Körpersprache des Untersuchers<br />
Eile und Ungeduld ausdrückt, kann<br />
sich dies auf den Patienten übertragen.<br />
Zudem ist es entscheidend, sich durch aktives<br />
Nachfragen zu versichern, was der<br />
Patient verstanden hat. In der Praxis kann<br />
dies z.B. gut getestet werden, indem man<br />
den Patienten bittet, die wesentlichsten<br />
Punkte des Gespräches nochmals zusammenzufassen<br />
[11, 12].<br />
Zusammenarbeit mit den Angehörigen<br />
Bei der Untersuchung von Kindern ist es<br />
gang und gäbe, die Kooperation durch die<br />
Anwesenheit und den Körperkontakt zu<br />
den Eltern zu verbessern. An diese Möglichkeit<br />
sollte auch beim älteren Patienten<br />
gedacht werden. Selbst ein kurzer Telefonkontakt<br />
mit einer vertrauten Person<br />
kann manchmal die Kooperation entscheidend<br />
verbessern, obgleich die Anwesenheit<br />
eines Angehörigen den Patienten<br />
manchmal auch verstummen lassen und<br />
er alle Antworten den Angehörigen überlässt.<br />
Körperliche Befunderhebung trotz<br />
eingeschränkter Kooperation<br />
Die körperliche Untersuchung ist kein<br />
Selbstzweck, sondern ein Instrument zur<br />
Informationsgewinnung. Sie dient der diagnostischen<br />
Eingrenzung von Akutpathologien<br />
und der Bestimmung weiterer<br />
medizinischer Handlungsfelder. Wenn<br />
aufgrund eingeschränkter Kooperation<br />
keine körperliche Untersuchung in herkömmlicher<br />
Art und Weise möglich ist,<br />
gilt es, sich die notwendigen Informationen<br />
möglichst auf anderem Weg zu verschaffen.<br />
Dazu sind drei Strategien hilfreich:<br />
1) Die gezielte Beobachtung, 2) Das<br />
Denken in geriatrischen Syndromen und<br />
Bedürfnissen, 3) Die Zusammenarbeit mit<br />
Angehörigen und anderen Fachpersonen.<br />
Die gezielte Beobachtung<br />
Um den Blick seiner Studenten auf ihre<br />
Patienten zu verbessern, begann Irwin<br />
Braverman, Professor für Dermatologie an<br />
der Yale University, vor mehr als 20 Jahren,<br />
sie zur Bildbetrachtung ins Museum<br />
zu schicken [13]. Die Studenten sollten dabei<br />
vor allem figurative Werke analysieren<br />
und auf Körperhaltung, Mimik, Gestik<br />
und weitere Merkmale der abgebildeten<br />
Personen achten. Die Studenten lernten<br />
«die Kunst des Sehens», d.h. ihre Patienten<br />
genau und aufmerksam zu beobachten,<br />
kleinste Signale zu erkennen und in<br />
die Diagnose mit einzubeziehen, anstatt<br />
sich etwa zu sehr auf Laborwerte zu verlassen<br />
oder aus der isolierten Betrachtung<br />
einzelner, besonders auffälliger Merkmale<br />
falsche Schlüsse zu ziehen. Im Verständnis<br />
der Autoren ist die gezielte Beobachtung<br />
ein fortdauernder interprofessioneller<br />
und interdisziplinärer Prozess (siehe<br />
auch Abschnitt «Zusammenarbeit mit Angehörigen<br />
und anderen medizinischen<br />
Fachpersonen») unter dem Leitgedanken<br />
«Was fehlt diesem Patienten?». Es handelt<br />
sich um einen vom Patienten ausgehenden<br />
Prozess, der, sobald sich eine mögliche<br />
Antwort anbietet, gezielt vertieft werden<br />
muss. Gezielte, vertiefte Beobachtung<br />
kann auch bedeuten, bestimmte Situationen,<br />
die eine Befunderhebung ermöglichen,<br />
gezielt herbeizuführen (z.B. Anbieten<br />
eines Wassers zur orientierenden Prüfung<br />
bzgl. Schluckstörung). Insgesamt<br />
folgt daraus, dass es keine universale Standarduntersuchung<br />
gibt, sondern jeder Patient<br />
seine massgeschneiderte Befunderhebung<br />
verdient [14]. In Tabelle 3 findet<br />
sich eine Synthese der verschiedenen Befunddomänen<br />
und ihrer möglichen Quellen.<br />
In Kasten 1 findet sich ein Beispiel, wo<br />
keine herkömmliche körperliche Untersuchung<br />
zugelassen wurde.<br />
In der Tabelle sind auch Untersuchungsergebnisse<br />
aufgezeigt, die sich<br />
selbst bei minimaler Kooperation noch erzielen<br />
lassen, z.B. durch das einmalige<br />
Drücken auf den Bauch zum Ausschluss<br />
einer Abwehrspannung oder kurzes Anheben<br />
eines Hosenbeins zur Einschätzung<br />
von Unterschenkel-Ödemen.<br />
Das Denken in geriatrischen<br />
Syndromen und Bedürfnissen<br />
Wir können nur das erkennen, was wir<br />
kennen, d.h. ein einzelnes Symptom oder<br />
ein Symptommuster wird nur dann erkennbar,<br />
wenn wir darauf vorbereitet<br />
sind, es zu finden. Unerlässliche Vorbereitung<br />
für die Befunderhebung bei älteren<br />
Patienten ist dementsprechend die Vertrautheit<br />
mit den typischen geriatrischen<br />
Syndromen (Tab. 4). Diese geriatrischen<br />
Syndrome sind als zusätzlich zu suchende<br />
diagnostische Muster zu verstehen – in Ergänzung<br />
zu den natürlich beim älteren Patienten<br />
gehäuft auftretenden Einzelerkrankungen.<br />
<strong>No</strong>ch weiter geht das Denken<br />
in sog. Bedürfnissen als Leitkategorien<br />
zum Verständnis der Patientensituation,<br />
indem der Arzt die Perspektive des Patienten<br />
einnimmt und nicht-medizinische Bereiche<br />
berücksichtigt. Ältere Menschen<br />
weisen oft eine Kombination psychischer,<br />
körperlicher und sozialer Bedürfnisse auf<br />
(Tab. 5). Bedürfnisse können in diesem<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 51
Perspectives<br />
Befunddomäne<br />
Herz<br />
Lunge<br />
Gefässe<br />
Bauch<br />
Haut<br />
Urogenital<br />
Gesicht<br />
Mund<br />
Hals<br />
Ernährung<br />
Sensorik<br />
Leitfragen, beobachtbare Symptome und alternative Informationswege<br />
Dyspnoe, Tachypnoe, Zyanose, Abgeschlagenheit, Malaise, körperliche Schonung, Pausen, Unterschenkel-<br />
Ödeme, gestaute Halsvenen, erhöhtes Kopfteil, schlafen nur im Liegestuhl, Nykturie, nächtliche Unruhe; bei<br />
Lungenödem Angst, pulmonales Rasseln und (end-)expiratorische Spastik; Mobilität (FB), periphere Endokarditis-Stigmata,<br />
eingipflige Jugularvenenpulsation (hoch bei Tikuspidalinsuffizienz, unregelmässig bei Vorhofflimmern)<br />
Dyspnoe, Atemfrequenz, Zyanose, ohne Stethoskop hörbare Atemgeräusche, Stridor, Thoraxform, Lippenbremse,<br />
verlängertes Expirium, Gebrauch der Atemhilfsmuskulatur, paradoxe Atembewegungen; Mobilität (FB),<br />
Husten, Raucherstigmata an den Fingern, Aspiration<br />
Pausen beim Gehen, blasse Füsse, bläuliche Zehen; typische Zeichen der chronisch venösen Insuffizienz, des<br />
post-thrombotischen Syndroms<br />
Schonhaltung, Bauchform, Abwehrspannung; Dysphagie, Odynophagie, Regurgigation, Erbrechen, fehlender<br />
Hunger/Appetit, letzter Stuhlgang (FB bzgl. Frequenz, Konsistenz, Farbe, Blut etc.), Meteorismus, hörbare<br />
Darmgeräusche, Flatulenz; Urin, Blut, Stuhl in der Unterhose sowie Prolapsvorkommen (versuchen beim<br />
WC-Gang zu kontrollieren)<br />
Einsehbare Hautpartien Fingernägel, Haupthaar (bei Frauen lässt sich Dauer einer Gesundheitsverschlechterung<br />
zuweilen an der Länge des ungefärbten Haaransatzes ablesen); Intertrigo (FB bei Intimpflege, dabei auch<br />
Info zu allenfalls sichtbaren gynäkologischen, urologischen oder proktologischen Problemen); Dekubitalulzera<br />
(FB), Hämatome (FB), Zoster, Anämie, Zyanose, Eintrittspforten, (alte) Hämatome, Petechien, Kratzspuren,<br />
OP-Narben, Injektionsstellen (Diabetes?), Alkoholstigmata, Leberhautzeichen; Trommelschlägelfinger, Uhrglasnägel<br />
Geruch (Kontinenz? Harnwegsinfekt?), Verwendung Inkontinenzmaterial; letzte Urinausscheidung<br />
(Harnverhalt? ggf. kurzer gezielter Griff auf die Blasenregion)<br />
Ausdruck/Mimik (Angst, Stress, Dysphorie, Verlorensein etc.), Masken-/Salbengesicht, Neglect, Asymmetrien,<br />
Hypersalivation, trockene Schleimhäute, Schwachsichtigkeit, Lidödeme, Rötung der Konjunktiven,<br />
seniles Ektro pium/Entropium, Ptosis, Abschätzung Augenmotilität, Xerophthalmie, Rötung, Schwitzen<br />
Xerostomie, Status einsehbare Zähne; Essverhalten (FB); Druckstellen Prothese oder andere Schmerzquellen,<br />
sonstiger Mundstatus (FB bei Mundpflege, Zahnhygiene), Rhagaden<br />
Grosser Halsumfang (Schlafapnoe), gestaute Halsvene, Jugularvenenpuls, Struma, Lymphknoten<br />
Ernährungszustand, Gewichtsabschätzung, Kachexie/Sarkopenie, abgebildete Knochen im Bereich Rippen,<br />
Skapula, Schläfen; Hautfalte über Trizeps; Durchmesser Ober-Unterschenkel; Essverhalten, Schlucken (FB)<br />
Brille oder Hörgeräte vorhanden? Wie orientiert sich Patient in Raum und Situation? Reagiert er auf entsprechende<br />
Stimuli?<br />
Mobilität<br />
Bewegungsapparat<br />
Gangstörung, Gleichgewicht, Transfers, Schwungholen beim Aufstehen, «plumpsendes» Hinsetzen, Sturzgefahr,<br />
welche Hilfsmittel? (Gehstützen, Rollator, Rollstuhl). Posturale Reflexe, Schonhaltungen, Asymmetrien,<br />
Hypotrophien, Gelenkschwellungen/Rötungen, Nicht-Gebrauch, Hyperkyphose, Tannenbaum<br />
Neurologie<br />
Gesichtsasymmetrie (z.B. einseitig verstrichene Nasolabial-Falten), Pupillenform (z.B. nach Katarakt-OPs),<br />
Dysarthrie, Schluckstörung (Getränk anbieten), Rigor (orientierender Eindruck durch darauf ausgelegtes<br />
Händeschütteln), Tremor, Spontanbewegungen (Gezielt? Alle Extremitäten?), langsames Aufstehen und<br />
Gangunsicherheit bei Orthostase, Hyperkeratosen am Fuss bei (diabetischer) Neuropathie; V.a. Schlafapnoe:<br />
Müdigkeit, Schnarchen, Atempausen, Adipositas, Halsumfang, behinderte Nasenatmung; Augenmotilität,<br />
Pupillen, schlaffe/spastische Paresen, spontaner Babinski<br />
Schmerz Verhaltensindikatoren gemäss Tabelle 6<br />
Kognition<br />
Psyche<br />
Vigilanz, Aufmerksamkeit, Auffassung, Praxie (Was macht der Patient mit einem angebotenen Kaffee?), allg.<br />
Körper hygiene, Orientierung<br />
Beobachtbare Affektäusserungen (z.B. Frustration oder Angst) und Psychomotorik (z.B. Agitation), Scheint der<br />
Patient auf innere Stimuli (z.B. Halluzinationen) zu reagieren?, allgemeine Körperhygiene<br />
Tabelle 3. Befunddomänen und alternative Wege zur Erhebung ohne körperliche Untersuchung. FB: gezielte Fremdbeobachtung durch Angehörige oder<br />
Pflegende/andere medizinische Fachpersonen<br />
52<br />
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Perspectives<br />
Zusammenhang als ein Motor verstanden<br />
werden, einen Spannungszustand, der<br />
durch einen Mangel entstanden ist, zu beheben.<br />
Durch die Erfüllung eines Bedürfnisses<br />
kann es möglich sein, den Mangelzustand<br />
aufzuheben, sodass wieder ein<br />
Gleichgewicht entsteht. Dabei ist zu beachten,<br />
dass zu jedem Zeitpunkt mehrere<br />
Bedürfnisse gleichzeitig bestehen können,<br />
die unterschiedlich stark in Erscheinung<br />
treten.<br />
Die «Camberwell Assessment of Need<br />
for the Elderly»(CANE)-Skala ermöglicht<br />
dabei eine effektive Evaluation der vielfältigen<br />
Bedürfnisse von multimorbiden älteren<br />
Patienten [15–17, 20]. In einer Studie<br />
aus 24 Altenheimen mit insgesamt 238<br />
Personen über 60 mit einer Demenz waren<br />
die häufigsten unerfüllten Bedürfnisse im<br />
Bereich Alltagsaktivitäten, soziale Kontakte,<br />
Gedächtnis, Seh- und Hörvermögen<br />
und psychologischer Stress zu finden [19].<br />
Kennt der Arzt die Bedürfnisse und (mutmasslichen)<br />
Behandlungsprioritäten eines<br />
Patienten, kann dies einerseits Vertrauen<br />
schaffen, andererseits helfen, eine<br />
für den Patienten tatsächlich relevante<br />
Verbesserung zu erreichen. Oft haben Interventionen<br />
bei geriatrischen Patienten<br />
auch präventiven Charakter, sodass ein<br />
Erfolg im Nicht-Eintreten einer Komplikation<br />
bestehen kann, z.B. sturzprophylaktische<br />
Massnahmen. In der Folge soll nun<br />
exemplarisch auf die Bereiche Mobilität,<br />
Schmerzen, Kognition und Psyche sowie<br />
die Grenzen der gezielten Beobachtung<br />
am Beispiel der Dyspnoe im Alter eingegangenen<br />
werden.<br />
Mobilität<br />
Um den Mobilitätsgrad, die Transferleistungen<br />
und letztlich die Funktionsfähigkeit<br />
der Patienten zu beurteilen [6, 7] kann<br />
der aufmerksame Beobachter wertvolle<br />
Informationen z.B. dadurch erhalten, wie<br />
die Patienten in den Untersuchungsraum<br />
kommen, wie sie sitzen oder von einem<br />
Stuhl aufstehen, wie sie auf eine Untersuchungsliege<br />
und wieder herunter gelangen,<br />
wie sie ihre Strümpfe und Schuhe<br />
aus- und anziehen. Sofern keine medizini-<br />
Geriatrische Syndrome<br />
Definition:<br />
Klassische, Alterungs-assoziierte klinische Erscheinungsbilder syndromalen Charakters,<br />
weniger passend in Einzelorgan-basierte Diagnosekategorien und meist multifaktorieller<br />
resp. multidimensionaler Ätiologie.<br />
(Multidimensional: Alterungsprozesse und Dysfunktionen aus den Bereichen Somatik, Psyche,<br />
Funktionalität, soziales Umfeld, häusliche Situation, Finanzen, Verhalten)<br />
Beispiele:<br />
Delir<br />
Gangunsicherheit und Sturz<br />
Malnutrition<br />
Inkontinenz<br />
Schlafstörung<br />
Druckulzera<br />
Gebrechlichkeit<br />
Schwindel<br />
Fatigue<br />
Tabelle 4. Geriatrische Syndrome<br />
Bedürfnisse Defizitzustand Mögliche Lösungsvorschläge<br />
Psychologische Bedürfnisse Unsicherheit, Angst, Orientierungslosigkeit Ruhiges (Untersuchungs-) Zimmer<br />
Geschützte Atmosphäre<br />
Freundlicher Umgangston<br />
Anwesenheit Vertrauensperson<br />
Bezugspflege<br />
Physiologische<br />
Bedürfnisse<br />
Soziale<br />
Bedürfnisse<br />
Reduziertes Hörvermögen<br />
Reduziertes Sehvermögen<br />
Hunger<br />
Durst<br />
Erschöpfung<br />
Inkontinenz<br />
Obstipation<br />
Hilflosigkeit, Einsamkeit<br />
Hörgerät einsetzen/einschalten<br />
Geladene Batterien<br />
TV/Radio ausschalten<br />
Ausreichende Beleuchtung<br />
Brille aufsetzen<br />
Essen anbieten<br />
Trinken anbieten<br />
Geschützte Umgebung und Ruhepausen aktiv<br />
schaffen, Schlaf sichern<br />
Toilettengang regelmässig und aktiv ermöglichen<br />
Gut dokumentieren und bei Bedarf abführen<br />
Validierende Gesprächsführung<br />
Behutsamer Körperkontakt<br />
Einbezug von Vertrauenspersonen<br />
Ermöglichung sozialer Stimulation<br />
Tabelle 5. Mögliche unerfüllte Bedürfnisse älterer unkooperativer Patienten<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 53
Perspectives<br />
schen Gründe oder anamnestischen Informationen<br />
gegen diese Untersuchung sprechen,<br />
ist es sinnvoll, dem Patienten dabei<br />
zunächst nicht zu helfen, auch wenn dies<br />
unhöflich erscheinen mag. Es ist jedoch<br />
wichtig, sich während dieses Untersuchungsteils<br />
in unmittelbarer und äusserst<br />
aufmerksamer Bereitschaft zur Hilfestellung<br />
zu befinden. Ein besonderes Augenmerk<br />
liegt dabei auf Immobilität und Instabilität<br />
(= Sturztendenz) als mögliche<br />
Hinweise für Gebrechlichkeit [18]. Der sog.<br />
«Dual Tasking»-Test kann in der Praxis<br />
54<br />
Fallbeispiel<br />
hilfreich sein, um das Sturzrisiko einzuschätzen:<br />
So kann der Arzt mit seinem Patienten<br />
einige Schritte gehen und ihn in<br />
ein Gespräch verwickeln. Bleibt der Patient<br />
beim Sprechen immer wieder stehen<br />
(«stop-walking-by-talking»), so ist das ein<br />
Hinweis für eine Gangunsicherheit und<br />
ein erhöhtes Sturzrisiko [21, 22].<br />
Die 87 jährige Frau M. ist seit Eintritt stark agitiert. Sie läuft angetrieben umher und<br />
lehnt jede Kommunikation vehement ab. Die Pflegefachfrau schliesst sich ihr an und<br />
begleitet sie mehrere grosse Runden über die Station. Bei bestehender Gangunsicherheit<br />
beginnt Frau M. dabei sich hin und wieder bei der Pflegenden abzustützen, sodass<br />
im Verlauf ein Geleiten aufs WC und anschliessend in ein ruhiges Zimmer möglich wird<br />
(löst spontan viel Urin in WC-Topf, Urin-Status wird abgenommen). Eine bereitgestellte<br />
kleine Brotmahlzeit und ein Getränk führen nach weiteren 30 min. zu einer nochmaligen<br />
Kooperationssteigerung, sodass kurze Berührungen (Stethoskop, Unterschenkel)<br />
möglich werden.<br />
➝ Kooperationssteigerung durch Geduld, schrittweisen Beziehungsaufbau, Erfüllung<br />
«unmet needs» wie Bewegung, Orientierung, Ausscheidung, Nahrung und Rückzug/<br />
Reizabschirmung<br />
Frau M. ist eine schlanke, vornüber gebeugte Patientin mit zu grosser Kleidung und nur<br />
locker geschlossenen Klettverschlussschuhen. Ihr ungefärbter Haaransatz beträgt etwa<br />
2 cm, unter den Nägeln ist Schmutz und unterhalb der linken Orbita imponiert eine<br />
schwache gelbliche Verfärbung eines in Abheilung befindlichen Hämatoms. Sie wirkt<br />
verloren, kramt ohne erkennbares Ziel in ihren Sachen und bricht begonnene Tätigkeiten<br />
rasch wieder ab. Ihre Mimik wirkt gestresst, einzige Äusserungen sind repetitive,<br />
dysphorische verbale Vokalisationen. Gelegentlich blickt sie plötzlich in die oberen<br />
Ecken des Zimmers oder wischt mit der Hand über die leere Tischplatte. Beim Absitzen<br />
«plumpst» die Patientin auf den Stuhl. Das Gangbild imponiert bzgl. Schrittlänge und<br />
Spurbreite unregelmässig mit einer dezent und a.e. schmerzbedingt verkürzten Standzeit<br />
links. Die Atemfrequenz scheint prima vista normal, beträgt jedoch 24/min. Die<br />
Ausatmung ist leicht verlängert mit geringer endexpiratorischer Spastik.<br />
➝ Ersichtliche Problemfelder:<br />
• Selbsthilfefähigkeit: Progrediente Defizite, aktuell alle iADLs u. 3/5 bADLs.<br />
(Grund: Kognition/Mobilität)<br />
• Mobilität: V.a. Störung Gang/Balance, Stürze, Knie-/Hüftproblem links, Osteoporose,<br />
Sarkopenie<br />
• Kognition: V.a. hyperaktives Delir, (Auslöser Infekt, Schmerzen? etc.) DD Verhaltensstörung<br />
bei Demenz<br />
• Nutrition: V.a. chronische Malnutrition<br />
• Psyche: Ängste, psychomotorische Aktivierung, halluzinatorisches oder wahnhaftes<br />
Erleben<br />
• Tachypnoe: DD COPD, Infekt, Angst/Stress, kardiale Dekompensation<br />
• Fremdanamnese notwendig (Tochter, Hausarzt)<br />
Am Abend ist die Patientin sehr müde, es gelingt die Einnahme der empirischen antibiotischen<br />
Therapie bei HWI. Am nächsten Morgen besteht bessere Kooperation. Die<br />
Diagnostik wird vervollständigt und Therapien der multiplen Probleme sowie simultane<br />
Rehabilitationsmassnahmen werden eingeleitet. Nach 14 Tagen tritt die Patientin<br />
mit deutlich ausgebauten formellen und informellen Hilfen nach Hause aus.<br />
Schmerzen<br />
Im klinischen Alltag können auffällige<br />
Verhaltensweisen oder Symptome wie Unruhe,<br />
Aggression und/oder sozialer Rückzug<br />
atypische Anzeichen von Schmerzen<br />
sein [23]. Demenzkranke oder unkooperative<br />
Patienten werden analgetisch vergleichsweise<br />
deutlich unterversorgt [24].<br />
Die American Geriatric Society hat 2002<br />
eine Leitlinie der verhaltensbezogenen<br />
Schmerzindikatoren herausgegeben, welche<br />
vor allem für die Schmerzbeurteilung<br />
bei kognitiv eingeschränkten Personen<br />
angewendet werden kann, wobei ein breites<br />
Spektrum verbaler und nonverbaler<br />
sowie verhaltensbezogener Kriterien abgedeckt<br />
wird (Tab. 6) [25]. Um ein umfassendes<br />
Abbild der individuellen Schmerzsituation<br />
zu erhalten, ist es von Vorteil,<br />
während mehrerer Tage zu unterschiedlichen<br />
Tagesszeiten und in verschiedenen<br />
Pflege- und Alltagssituationen den<br />
Schmerz zu beurteilen. So zeigt sich, ob<br />
immer Schmerzen vorhanden sind, ob er<br />
in bestimmten Situationen, wie z.B. bei<br />
der Mobilisation, häufiger auftritt oder ob<br />
sich seine Intensität im Tagesverlauf verändert<br />
[23, 25].<br />
Kognition und Psyche<br />
Die Evaluation des Bewusstseinszustandes<br />
(quantitativ, qualitativ), wichtige verhaltensneurologische<br />
Elemente und Befunde<br />
(v.a. Antrieb, Stimmung) sowie die<br />
Erfassung von peripheren motorischen<br />
Paresen bereitet bei nicht kooperativen älteren<br />
Patienten in der Regel keine grösseren<br />
Schwierigkeiten [14]. Dabei ist zu erwähnen,<br />
dass Patienten mit Demenz oder<br />
anderen kognitiven Störungen nicht zwingend<br />
an Orientierungsschwierigkeiten leiden.<br />
Somit kann die Evaluierung Fragen<br />
erfordern, die Anomalien identifizieren in<br />
Bezug auf Bewusstsein, Urteilsvermögen,<br />
Rechnen, Sprechen, Sprache, Praxie, Exekutivfunktionen<br />
oder Gedächtnis. Anomalien<br />
in diesen Bereichen lassen sich<br />
nicht allein auf das Alter zurückführen,<br />
und wenn Auffälligkeiten festgestellt werden,<br />
sind weitergehende Untersuchungen,<br />
einschliesslich einer formalen Prüfung<br />
des mentalen Status erforderlich [12].<br />
Ein besonderer Fokus liegt auf dem Delirium<br />
im Alter. Der Begriff Delir umschreibt<br />
ein neuropsychiatrisches Syndrom, definiert<br />
als Störung des Bewusstseins und der<br />
Aufmerksamkeit, einhergehend mit Beeinträchtigungen<br />
kognitiver Funktionen<br />
und Wahrnehmungsveränderungen, das<br />
typischerweise innerhalb weniger Stunden<br />
oder Tage auftritt und während des<br />
Tagesverlaufs fluktuiert [26]. Da die Beurteilung<br />
von fluktuierenden Symptomen<br />
wie der Aufmerksamkeitsstörung (reduzierte<br />
Fähigkeit, die Aufmerksamkeit zu<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
Indikator<br />
Gesichtsausdruck<br />
Vokalisation<br />
Körpersprache<br />
Verhaltensveränderungen<br />
Veränderungen der Tagesstruktur/<br />
Alltagsaktivitäten<br />
Veränderungen der Stimmung<br />
Gesicht verziehen, Grimassieren<br />
Stöhnen, Weinen, Seufzen<br />
Körperhaltung, Schutzhaltung<br />
Aggressionen,<br />
Widerstand gegen die Pflege, Rückzug<br />
Abnahme der Mobilität, Schlafstörungen,<br />
Ablehnen der üblichen Routine<br />
Tabelle 6. Verhaltensbezogene Schmerzindikatoren [modifiziert nach [25])<br />
fokussieren, aufrechtzuerhalten und umzustellen<br />
z.B. beim Rückwärtszählen der<br />
Monate) zum Zeitpunkt der Untersuchung<br />
eine Herausforderung darstellt, gilt allgemein,<br />
dass bei der Diagnostik ein 24-Stunden-Zeitraum<br />
berücksichtigt werden soll.<br />
Dabei soll die stärkste Ausprägung eines<br />
Symptoms zur Bewertung herangezogen<br />
werden [26].<br />
Die Grenzen der Beobachtung<br />
am Beispiel der Dyspnoe<br />
Dyspnoe, das subjektive Empfinden vermehrter<br />
Atemarbeit sowie Tachypnoe, die<br />
erhöhte Atemfrequenz, stellen akut wie<br />
chronisch beim älteren Menschen häufige<br />
Symptome dar. Neben Erkrankungen der<br />
Lunge und des kardiovaskulären Systems,<br />
einer Sepsis, Anämie oder Hyperglykämie,<br />
sind Schmerzen, halluzinatorisch-wahnhaftes<br />
Erleben (z.B. Delir, Demenz),<br />
jede Form der psychischen Belastung<br />
(Ängste, Reizüberflutung, Relokations-Stress<br />
bei orientierungslosen<br />
dementen Patienten etc.) aber auch<br />
schlicht eine Dekonditionierung zu bedenken.<br />
Dabei sind häufig mehrere Ätiologien<br />
präsent. In rund 20–30 % der Fälle<br />
weisen Patienten mit einer COPD eine<br />
akute Herzinsuffizienz auf, die oftmals<br />
nicht oder verspätet diagnostiziert und<br />
damit nicht adäquat therapiert wird [27].<br />
Die Hypoxie ist keine Voraussetzung für<br />
die Dyspnoe, und umgekehrt müssen hypoxische<br />
Patienten nicht immer eine Dyspnoe<br />
verspüren. Im Alter sind die dezente<br />
Belastungsdys- oder tachypnoe (sowie<br />
Müdigkeit und Adynamie!) nicht selten<br />
die entscheidenden observatorischen<br />
Hinweise auf ein unbehandeltes Grundleiden,<br />
welches Lebensqualität und Selbsthilfefähigkeit<br />
bereits seit längerer Zeit<br />
Traurigkeit, Unruhe<br />
chronisch einschränkt. Aufgrund der fehlenden<br />
körperlichen Aktivität ist die Symptomatik<br />
sowohl während der Untersuchungssituation<br />
als auch fremdanamnestisch<br />
häufig wenig eindrucksvoll. Da Dyspnoe,<br />
Tachypnoe und Hypoxie wichtige<br />
Wegweiser in der differenzialdiagnostischen<br />
Evaluation unkooperativer Zustandsbilder<br />
sind, sollten aus der Distanz<br />
beobachtbare klinische Zeichen oben genannter<br />
Ätiologien standardmässig und<br />
explizit evaluiert werden [28, 29]. Zudem<br />
ist zu bedenken, dass Kachexie und schwere<br />
Sarkopenie zu einer muskulären Hypopnoe<br />
führen können, welche häufig<br />
übersehen werden kann. Ein weites Öffnen<br />
der Fenster oder der Einsatz eines<br />
Ventilators zur Gesichtsbelüftung kann<br />
helfen, das Kooperationslevel zur Akzeptanz<br />
weiterer Massnahmen zu erhöhen.<br />
Zusammenarbeit mit Angehörigen und<br />
anderen medizinischen Fachpersonen<br />
Eine enge Zusammenarbeit sowie eine gute<br />
Kommunikation mit den Angehörigen und<br />
den beteiligten medizi nischen Fachpersonen<br />
ist eine unabdingbare Voraus setzung<br />
für den Umgang mit unkooperativen älteren<br />
Patienten. Im Sinne der Befunderhebung<br />
können v.a. pflegende Angehörige<br />
und die zuständigen professionellen Pflegepersonen<br />
(v.a. auch Spitex oder stationär<br />
tätige Pflegepersonen inklusive Pflegedokumentation)<br />
wichtige Hinweise geben:<br />
• Quantifizierte Informationen über den<br />
funktionellen Vorzustand und den Verlauf<br />
des Allgemein- und Ernährungszustandes<br />
(v.a. auch die Dynamik der<br />
Verschlechterung), Vorerkrankungen,<br />
Medikamente, Vitalparameter, basale<br />
und instrumentelle ADLs, Mobilität, Kognition,<br />
Psyche, Ernährung sowie über<br />
Key messages<br />
• Der Mangel an Kooperation selbst<br />
kann ein wichtiger Hinweis auf eine<br />
unterliegende medizinische Problematik<br />
sein.<br />
• Unerfüllte Grundbedürfnisse («unmet<br />
needs») müssen als typische<br />
Auslöser regelmässig evaluiert werden.<br />
• Die körperliche Untersuchung kann<br />
mehrere Anläufe benötigen, wobei<br />
eine gute Zusammenarbeit mit<br />
Angehörigen und anderen medizinischen<br />
Fachpersonen unerlässlich ist.<br />
• Wertvolle Informationen über die<br />
Funktionsfähigkeit eines Patienten<br />
lassen sich durch die gezielte Beobachtung<br />
des Patienten gewinnen.<br />
• Pathologische Befunde sind Indikatoren<br />
für gestörte Organ- und Funktionssysteme<br />
und müssen unbedingt<br />
durch eine Detailuntersuchung<br />
ergänzt werden.<br />
Lernfragen<br />
1. Was trifft für das sog. «Underreporting»<br />
im höheren Lebensalter nicht<br />
zu? (Einfachauswahl)<br />
a) Viele Patienten halten Schmerz für<br />
ein normales Phänomen des Alters<br />
und berichten nicht spontan darüber.<br />
b) Ältere Patienten nehmen medizinische<br />
und soziale Dienste gerne in<br />
Anspruch.<br />
c) Sensorische Defizite können eine<br />
Ursache sein.<br />
d) Die Anamnese sollte gezielte Fragen<br />
enthalten und unbedingt durch<br />
eine Fremdanamnese ergänzt<br />
werden.<br />
e) Viele Patienten haben Angst vor den<br />
Konsequenzen eingreifender Diagnostik<br />
und Therapie.<br />
2. Was sind häufige Fehlerquellen bei<br />
der körperlichen Untersuchung von<br />
unkooperativen älteren Patienten?<br />
(Mehrfachauswahl)<br />
a) Das Nichtbeachten von sensorischen<br />
Defiziten.<br />
b) Das Verkennen von Müdigkeit als<br />
eine «typische Alterserscheinung».<br />
c) Die vorschnelle Zuordnung neuer<br />
Krankheitszeichen zu altbekannten<br />
medizinischen Störungen.<br />
d) Das Nichtbeachten von nonverbalen<br />
Signalen.<br />
e) Eine fehlende Einschätzung des<br />
Sturzrisikos (Mobilitätsgrad, Transferleistungen,<br />
Funktionsfähigkeit).<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 55
Perspectives<br />
soziale Lebens-, Wohn- und Betreuungssituation<br />
sind oftmals ein hocheffizientes<br />
diagnostisches Werkzeug. Um den<br />
Aufwand zu minimieren, kann es hilfreich<br />
sein, Angehörigen Fragen zur<br />
Anamnese und zum geriatrischen Assessment<br />
auch schriftlich z.B. per E-Mail<br />
zu stellen. Studien haben klar gezeigt,<br />
dass Einschränkungen in den ADLs sowie<br />
z.B. Beeinträchtigungen des Gehvermögens<br />
nicht nur zu erhöhtem Bedarf an<br />
Pflege- und Hilfsleistungen führen, sondern<br />
auch mit einer deutlich erhöhten<br />
Mortalität vergesellschaftet sind [30, 31].<br />
• Oftmals lässt sich ein unkooperativer älterer<br />
Patient bei der körperlichen Untersuchung<br />
nicht entkleiden. Relevante Befunde<br />
wie entzündlich angeschwollene<br />
Gelenke, Hämatome oder Abrasionen als<br />
Hinweise auf einen Sturz oder Misshandlung<br />
sowie Dekubiti vor allem im Bereich<br />
des Sakrums, des Trochanters und/oder<br />
der Fersen werden somit erst im Verlauf<br />
z.B. am kommenden Morgen im Rahmen<br />
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56<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
der morgendlichen Körperpflege registriert.<br />
• Informationen zur Ernährungssituation<br />
werden nicht nur von Ärzten erhoben,<br />
sondern oft sind Krankenpflegekräfte die<br />
Ersten, die sich um Fragen der Nahrungsund<br />
Flüssigkeitszufuhr kümmern. Hinweise<br />
über die Mundgesundheit, einen<br />
schlecht sitzenden Zahnersatz oder einer<br />
Dysphagie müssen schnellstens erkannt<br />
und entsprechende Therapiedienste umgehend<br />
hinzugezogen werden [32]. Beobachtete<br />
Verhaltensweisen unkooperativer<br />
Patienten sowie getroffene Massnahmen<br />
sollten in Ausprägungsschwere respektive<br />
Wirkungsgrad von allen<br />
Mitgliedern des Behandlungsteams gerade<br />
am Anfang systematisch protokolliert<br />
und kommuniziert werden. Erfahrungsgemäss<br />
kommt nämlich rasch eine Fülle<br />
an diagnostisch und therapeutisch essenziellen<br />
Informationen zusammen,<br />
wenn viele Augen aus unterschiedlichen<br />
Disziplinen sie wahrnehmen.<br />
Fazit<br />
Aufgrund der zunehmenden Alterung unserer<br />
Gesellschaft sind gute Kenntnisse<br />
und das Wissen um die medizinische Versorgung<br />
älterer Menschen essenziell. Dabei<br />
ist es wichtig, zu verstehen, dass jedes<br />
Verhalten eines Patienten einen Grund hat<br />
und als ein wichtiger Hinweis für diagnostische<br />
und therapeutische Schritte verstanden<br />
werden kann. Ein «schwieriges»<br />
Verhalten darf daher nicht als bewusste,<br />
gegen den Arzt gerichtete Provokation<br />
wahrgenommen werden. Vielmehr sollte<br />
er diese Handlungen als Aufforderung verstehen<br />
und anstatt der Frage, was er «gegen»<br />
ein Symptom tun kann, vielmehr fragen,<br />
was er «dafür» tun kann. Auffälligkeiten<br />
während der Untersuchung sind dabei<br />
als Indikatoren für gestörte Organ- oder<br />
Funktionssysteme zu verstehen, welche<br />
eine gründliche Untersuchung im Verlauf<br />
der Hospitalisation erfordern. Mit einer offenen<br />
und freundlichen Haltung sowie mit<br />
einem Bewusstsein für die Schwierigkeiten,<br />
mit denen ältere Menschen konfrontiert<br />
sind, lassen sich schliesslich Ressentiments<br />
minimieren und therapeutische<br />
Fortschritte erzielen.<br />
Anmerkungen<br />
In der vorliegenden Arbeit wird aus Gründen<br />
der gebotenen Kürze und Lesbarkeit<br />
zur Bezeichnung gemischt-geschlechtlicher<br />
Gruppen die männliche Form verwendet.<br />
Gemeint sind stets beide Geschlechter,<br />
hier z.B. Arzt und Ärztin.<br />
Dr. med. Mathias Schlögl, MPH<br />
Oberarzt Akutgeriatrie<br />
Universitäre Klinik für Akutgeriatrie<br />
StadtSpital Waid<br />
Tièchestrasse 99<br />
8037 Zürich<br />
Mathias.Schloegl@waid.zuerich.ch<br />
Zusammenfassung<br />
Die körperliche Untersuchung unkooperativer älterer Patienten stellt Ärzte in der<br />
Praxis, im Spital oder im Pflegeheim regelmässig vor grosse Herausforderungen. Der<br />
Mangel an Kooperation selbst kann dabei ein wichtiger Hinweis auf eine unterliegende<br />
medizinische Problematik sein. Wichtige Elemente, um die Kooperation des Patienten<br />
zu verbessern, beinhalten das Sicherstellen von Grundbedürfnissen, ausreichend Zeit<br />
und Geduld, eine adäquate Kommunikation sowie eine gute Zusammenarbeit mit den<br />
Angehörigen und den anderen medizinischen Fachpersonen. Eine gezielte klinische<br />
Beobachtung sowie das Denken in geriatrischen Syndromen und Bedürfnissen kann<br />
helfen, körperliche Befunde trotz eingeschränkter Kooperation zu erheben. Pathologische<br />
Befunde sind dabei Indikatoren für gestörte Organ- und Funktionssysteme und<br />
müssen unbedingt durch eine Detailuntersuchung ergänzt werden.<br />
Schlüsselwörter: Körperliche Untersuchung, interprofessionelle Zusammenarbeit,<br />
Underreporting, Kommunikation, Delir<br />
Abstract<br />
The physical examination of uncooperative elderly patients regularly presents physicians<br />
in the private practice, in the hospital or nursing home with great challenges. The<br />
lack of cooperation itself can be an important indication of an underlying medical<br />
problem. Important elements to improve the patient’s cooperation include ensuring<br />
basic needs, sufficient time and patience, adequate communication and good cooperation<br />
with relatives and other healthcare professionals. Targeted clinical observation as<br />
well as thinking in geriatric syndromes and unmet needs can help to raise physical<br />
findings despite limited cooperation. Pathological findings are indicators of impaired<br />
organ and functional systems and must be supplemented by a detailed examination.<br />
Keywords: Physical examination, interprofessional collaboration, underreporting,<br />
communication, delirium<br />
Résumé<br />
Manuskript eingereicht: 17.05.2018<br />
Manuskript nach Revision angenommen:<br />
22.05.2018<br />
Interessenskonflikt: Die Autoren erklären,<br />
dass kein Interessenskonflikt besteht.<br />
Antworten zu den Lernfragen:<br />
1. Antwort b) ist richtig.<br />
2. Antwort a) bis e) sind richtig.<br />
L’examen physique de patients âgés non coopératifs représente souvent un grand défi<br />
pour les médecins dans les cabinets privés, les hôpitaux et les homes. Le manque de<br />
coopération en soi peut être révélateur d’un problème médical sous-jacent. S’assurer de<br />
la satisfaction des besoins primaires, prendre suffisamment de temps et se montrer<br />
patient, communiquer de manière adéquate et s’assurer d’une bonne coopération avec<br />
les proches et les autres professionnels de la santé sont des éléments importants qui<br />
favorisent et améliorent la coopération des patients. Une observation clinique ciblée<br />
ainsi qu’une réflexion centrée sur les syndromes gériatriques et les besoins spécifiques<br />
peuvent aider à mettre en lumière des problèmes physiques malgré le manque de<br />
coopération. Les problèmes pathologiques sont des indicateurs d’une dysfonction des<br />
organes et des systèmes et doivent impérativement être complétés par un examen plus<br />
approfondi.<br />
Mots-clés: Examen physique, collaboration interprofessionnelle, underreporting,<br />
communication, délire<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 57
Perspectives<br />
Les artistes de la médecine<br />
Une histoire d’amour en<br />
texte et en image<br />
Bettina Reichl navigue entre peinture et médecine. Elle a créé une série de portraits<br />
«Les artistes de la médecine» que nous allons présenter à partir du prochain numéro.<br />
Catherine Aeschbacher, rédactrice en chef du <strong>Journal</strong> <strong>asmac</strong>. Photo: Rodrigo Lopes<br />
Quand avez-vous découvert<br />
votre amour de la peinture?<br />
Déjà lorsque j’étais enfant,<br />
j’aimais peindre et m’exprimer<br />
par mes images.<br />
Vous êtes-vous perfectionnée en<br />
autodidacte ou avez-vous été encouragée<br />
ou suivi une formation, etc.?<br />
Mon père est maître menuisier et restaurateur<br />
et m’a appris à considérer le travail<br />
manuel minutieux, les formes des<br />
époques, les schémas de style et matériels.<br />
De plus, ses esquisses et plans ont été une<br />
source d’inspiration pour l’architecture et<br />
l’aménagement intérieur. Je suis aussi très<br />
reconnaissante à ma mère pour le choix<br />
des couleurs et l’harmonie qu’elle a mis en<br />
œuvre pour transformer la maison et le<br />
jardin en paradis. C’est au gymnase que<br />
mon professeur d’art, M. Roehrig, a pour<br />
la première fois remarqué et encouragé<br />
mon talent d’artiste. Mes amis sont ma<br />
richesse. Ils sont à découvrir dans la salle<br />
du trésor de mes portraits.<br />
Vous avez tout d’abord suivi une<br />
formation d’infirmière pédiatrique.<br />
Qu’est-ce qui vous a conduit à faire ce<br />
choix?<br />
Un film avec Audrey Hepburn dans le rôle<br />
de l’infirmière et ma mère qui avait exercé<br />
sa profession avec joie et qui y avait<br />
renoncé pour satisfaire au désir de mon<br />
grand-père, avec ma tante Witta (représentée<br />
sur le tableau «Roswitha Kamm»),<br />
Légère comme une plume, mais très concentrée: Bettina Reichl en train de peindre<br />
58<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
Perspectives<br />
de pouvoir vivre dans sa maison tout en<br />
étant entouré et soigné. Elles y ont<br />
répandu une ambiance tellement<br />
agréable que je considère cette profession<br />
comme une tâche précieuse et satisfaisante.<br />
J’ai donc suivi l’exemple. Comme<br />
j’aime les enfants, j’ai pu nourrir ma<br />
compétence sociale dans le domaine de la<br />
néonatalogie.<br />
Ensuite, vous avez étudié l’anglais,<br />
l’histoire et l’allemand. Comment en<br />
êtes-vous arrivée là?<br />
A l’époque, j’étais amoureuse d’un<br />
Américain. C’est ce qui m’a incitée à<br />
apprendre cette langue et cet amour de la<br />
langue anglaise est resté intact. Quant à<br />
l’histoire et aux histoires, j’ai toujours<br />
trouvé cela intéressant. La diplomatie, les<br />
liens, la sagesse, l’art, la culture, les gens,<br />
les modes de pensée dans les pays et les<br />
époques et la littérature me fascinent.<br />
Vous avez vécu pendant une certaine<br />
période en Californie où vous avez<br />
enseigné l’allemand. Ensuite, vous êtes<br />
retournée en Allemagne et à votre<br />
ancienne profession. Pourquoi?<br />
J’ai habité à Santa Cruz et South Lake<br />
Tahoe et traité ces lieux dans mes<br />
tableaux. La soif de retrouver mes racines<br />
m’a ramenée en Bavière.<br />
Quelle place la peinture a-t-elle occupée<br />
tout au long de ses années?<br />
La peinture a toujours occupé une place<br />
importante dans mon cœur et les couleurs<br />
dans mon âme.<br />
Votre série «légère comme une plume»<br />
(Federleicht) comprend une série de<br />
portraits de poules. Comment en<br />
êtes-vous venue aux poules?<br />
Je me sens légère comme une plume et<br />
tout ce que je peins est léger comme une<br />
plume.<br />
Actuellement, vous vivez à Zurich et<br />
travaillez comme gestionnaire des<br />
hospitalisations à la clinique de<br />
chirurgie plastique de l’Hôpital<br />
universitaire. Qu’est-ce qui a motivé ce<br />
changement?<br />
J’aime les gens qui s’engagent avec<br />
responsabilité pour le bien-être des<br />
autres.<br />
La série que nous allons présenter dans<br />
les prochains numéros du <strong>Journal</strong><br />
s’appelle «Les artistes de la médecine».<br />
Il s’agit d’une série de portraits de<br />
médecins. Quelle a été votre source<br />
d’inspiration?<br />
Je considère l’œuvre des médecins<br />
comme de l’art et souhaite, dans cette<br />
série, donner à ces médecins l’espace et la<br />
reconnaissance qu’ils méritent.<br />
Et comment avez-vous procédé? Les<br />
personnes dont vous avez fait le<br />
portrait ont-elles posé pour vous?<br />
Les médecins me donnent une photo<br />
d’eux qui leur plaît. De plus, je leur<br />
demande quelle couleur ils seraient s’ils<br />
étaient une couleur. C’est dans cette<br />
couleur que je peins leur mélodie sur la<br />
toile.<br />
Quels sont vos prochains projets?<br />
Je vais faire de ma vie une histoire<br />
d’amour que je vais partager en texte et en<br />
image.<br />
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Voila ce qui définit le Service Croix-Rouge.<br />
Vous aussi, vous souhaitez faire bénéficier le Service Croix-Rouge<br />
de vos compétences techniques et de votre sens de l’engagement?<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 59
Du rire et du rêve pour nos<br />
enfants hospitalisés<br />
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Grâce à vos dons, les enfants hospitalisés reçoivent<br />
chaque semaine la visite des docteurs Rêves.<br />
Merci pour votre soutien.<br />
CCP 10-61645-5<br />
theodora.org
mediservice<br />
Honneur à<br />
mediservice<br />
vsao-<strong>asmac</strong><br />
Après une année de travail intensif, le moment<br />
tant attendu est arrivé: l’organisation de services<br />
mediservice vsao-<strong>asmac</strong> lance son nouveau<br />
site Internet et son nouveau logo.<br />
Marc Schällebaum, directeur de mediservice vsao-<strong>asmac</strong><br />
«J’ai eu beaucoup de plaisir»<br />
Pour réaliser son univers visuel, Claus<br />
Geiss a dû trouver un lieu adapté. Les locaux<br />
devaient être grands et hauts, si possible<br />
neutres et disponibles pour une certaine<br />
durée. Il n’a pas été facile de trouver<br />
un endroit adéquat à Berne et environs.<br />
Mais le «Mystery-Park» désaffecté à Interlaken<br />
a finalement permis de répondre<br />
aux attentes de Claus Geiss.<br />
A la question de savoir comment s’est<br />
déroulé le travail avec des «modèles» médecins,<br />
Claus Geiss n’a pas tari d’éloges. Ils<br />
se sont montrés très aimables, patients,<br />
mais aussi concentrés et assidus. Bien que<br />
la disponibilité des médecins constitue<br />
toujours un problème, on a pu créer les<br />
photos selon le calendrier prévu. «J’ai eu<br />
beaucoup de plaisir», résume Claus Geiss.<br />
<strong>No</strong>n seulement beau,<br />
mais aussi pratique<br />
Le nouvel univers visuel doit rendre le site<br />
Internet plus attrayant et inimitable,<br />
même si la priorité est accordée à la convivialité.<br />
En effet, il est essentiel de pouvoir<br />
obtenir les informations souhaitées rapidement<br />
et sans détour. Parcourir notre site<br />
Internet sans difficulté et indépendamment<br />
de l’appareil que l’on utilise doit être<br />
une expérience agréable. Il doit être simple<br />
et clair. <strong>No</strong>us avons éliminé le superflu qui<br />
constituait un obstacle entre vous et nous.<br />
Les membres de mediservice doivent recevoir<br />
des réponses directes à leurs questions,<br />
si possible par un contact personnel<br />
avec nous.<br />
Photo: màd<br />
«Voir la personne derrière le médecin». Clauss Geiss au travail dans le Mystery-Park désaffecté à<br />
Interlaken<br />
Le désir d’un remaniement n’était<br />
pas nouveau: il y a déjà quelque<br />
temps que nous voulions mettre<br />
à jour notre site Internet. L’année<br />
dernière, le projet est donc devenu réalité.<br />
<strong>No</strong>us y avons travaillé avec détermination<br />
pour atteindre notre objectif de le<br />
moderniser, de le rendre plus convivial,<br />
mais aussi de le réduire à l’essentiel en lui<br />
conférant une note particulière.<br />
L’univers visuel attire les regards. Il a<br />
été développé et réalisé par le célèbre photographe<br />
allemand Claus Geiss. L’artiste<br />
spécialiste du portrait voulait montrer «la<br />
personne derrière le médecin». S’éloi-<br />
gnant du stéréotype de la blouse blanche<br />
et du stéthoscope, il a placé ses modèles,<br />
tous des médecins, dans un environnement<br />
avec des objets inhabituels. Ils sont<br />
censés représenter les individus et leurs<br />
idées, valeurs et conceptions de la profession.<br />
«Le monde des médecins est multicolore,<br />
multiple et courageux», résume<br />
Claus Geiss. Les sujets se fondent sur des<br />
thèmes qui préoccupent les personnes<br />
photographiées, mais qui sont aussi adaptés<br />
à la rubrique du site Internet dans laquelle<br />
ils figurent. Ces thèmes et images<br />
sont mis en exergue avec trois mots-clés<br />
appropriés.<br />
<strong>No</strong>uveau logo<br />
Quant à notre logo, nous l’avons rapproché<br />
des autres organisations de l’<strong>asmac</strong> pour<br />
souligner les points communs et la cohésion.<br />
Il en va de même pour notre nom qui<br />
est maintenant écrit en minuscule.<br />
<strong>No</strong>us espérons avoir pu mettre en<br />
œuvre nos objectifs avec cette refonte et<br />
nous réjouissons de vos retours positifs et<br />
également critiques.<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 61
<strong>No</strong>us conseillons les médecins, parce que nous les comprenons bien.<br />
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mediservice<br />
Boîte aux lettres<br />
Lorsque votre animal<br />
domestique devient un<br />
cas de litige<br />
Bild: zvg<br />
Dois-je payer si mon chiot<br />
fait des ravages dans le<br />
jardin des voisins? Qui est<br />
responsable si mon hamster<br />
ronge la moquette? Détenir des<br />
animaux domestiques est certes un<br />
plaisir, mais cela soulève aussi de<br />
nombreuses questions d’ordre juridique.<br />
.<br />
Détenir des animaux domestiques dans<br />
un appartement locatif n’est pas toujours<br />
autorisé. Commencez donc par vérifier les<br />
clauses de votre contrat de bail et du<br />
règlement intérieur. Sauf réglementation<br />
spéciale, les animaux domestiques sont<br />
généralement autorisés. Toutefois, votre<br />
bailleur peut refuser de donner son<br />
accord et vous interdire de détenir des<br />
animaux domestiques de grande taille,<br />
comme des chiens. Si vous ne respectez<br />
pas cette injonction, votre bail peut être<br />
résilié.<br />
En règle générale, il vous appartient,<br />
en tant que locataire, de prendre en<br />
charge les dommages causés au logement<br />
de location par vos animaux domestiques<br />
ou d’autres membres de votre foyer.<br />
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à des conditions avantageuses. Vous<br />
avez d’autres questions? N’hésitez pas<br />
à vous adresser à votre interlocuteur<br />
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téléphone au 031 350 44 22, ou par<br />
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Toutefois, seule la valeur résiduelle de<br />
l’objet concerné peut vous être facturée.<br />
Une moquette a une durée de vie d’environ<br />
huit à dix ans. Une fois ce délai<br />
expiré, le bailleur ne peut plus vous<br />
facturer le coût de remplacement si, par<br />
exemple, votre hamster laissé en liberté<br />
ronge cette moquette et l’utilise pour<br />
faire son nid. En revanche, celle-ci est<br />
entièrement à votre charge si la moquette<br />
est neuve.<br />
Si votre chiot terrier a déchiqueté la<br />
pataugeoire des enfants de votre voisin,<br />
vous êtes responsable du dommage en<br />
tant que propriétaire de l’animal. Seule<br />
exception à cette règle: si vous pouvez<br />
prouver que vous avez surveillé l’animal<br />
de près ou que vous avez fait tout le<br />
nécessaire pour éviter les dommages,<br />
vous êtes déchargé de votre responsabilité.<br />
Mais dans la pratique, il est très<br />
difficile d’apporter cette preuve libératoire:<br />
en l’occurrence, il est manifeste que<br />
vous n’aviez pas attaché votre chien et<br />
que vous n’aviez donc pas pris toutes les<br />
mesures nécessaires pour éviter les<br />
dommages.<br />
Il arrive par exemple que des lapins<br />
mettent au monde des petits. Est-il<br />
autorisé de les vendre sur Internet? En<br />
principe, la vente sur Internet est autorisée.<br />
Mais attention: en tant que vendeur,<br />
vous avez l’obligation de vous assurer que<br />
l’acheteur ne reçoive pas de «produits»<br />
défectueux. Ainsi, si vous vendez un lapin<br />
malade, vous serez responsable même si<br />
vous n’en aviez absolument pas connaissance.<br />
Vous pouvez contourner cette<br />
obligation en convenant d’une exclusion<br />
de la garantie. Veillez toutefois à bien<br />
utiliser la formulation adéquate: le simple<br />
fait de mentionner que le vendeur n’offre<br />
aucune garantie ne constitue pas à<br />
l’exclure.<br />
Et si votre animal domestique vient à<br />
mourir? La loi vous autorise-t-elle à<br />
l’enterrer dans votre jardin, comme le<br />
souhaitent vos enfants? Cela dépend si<br />
vous êtes locataire ou propriétaire. Si<br />
vous êtes le propriétaire unique du jardin,<br />
votre fils a le droit d’y enterrer l’animal.<br />
En revanche, si vous êtes locataire, vous<br />
devez demander à votre bailleur. Enfin, si<br />
vous êtes propriétaire par étage, le jardin<br />
appartient à l’ensemble des propriétaires,<br />
même si vous jouissez d’un droit d’usage<br />
exclusif. Par conséquent, nous vous<br />
conseillons de leur demander l’autorisation<br />
avant d’enterrer l’animal.<br />
Isabelle Näf<br />
juriste chez<br />
AXA-ARAG<br />
vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 63
<strong>No</strong>us mettons le cap sur<br />
les meilleurs résultats pour nos clients.<br />
Même si le vent souffle où bon lui semble,<br />
nous pouvons choisir un cap. Toutes voiles<br />
dehors, Medpension élabore une offre de<br />
prévoyance qui tient ses promesses. Il nous<br />
tient à cœur d’assurer l’avenir financier<br />
des prestataires médicaux.<br />
<strong>No</strong>s compétences élevées en matière de<br />
prévoyance sont mises à l’honneur dans<br />
notre nouvelle identité. Depuis 1986,<br />
nous nous sommes engagés sous le nom<br />
« ASMAC Fondation pour indépendants »<br />
à fournir des plans de prévoyance sur<br />
mesure aux médecins, propriétaires de<br />
cabinet et employeurs du secteur médical.<br />
De l’ouverture du cabinet à la retraite.<br />
Taux d’intérêt supérieurs à la moyenne,<br />
participation aux résultats et degré de<br />
couverture idéal : les avantages sont nombreux<br />
avec Medpension. <strong>No</strong>s excellents<br />
chiffres-clés en témoignent année après<br />
année. Chaque cabinet se distinguant par<br />
des attentes particulières, Medpension<br />
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Medpension est une organisation partenaire<br />
de l’Association suisse des médecins assistant(e)s<br />
et chef(fe)s de clinique (<strong>asmac</strong>).
Medpension<br />
<strong>No</strong>uveau nom pour<br />
l’ASMAC Fondation pour<br />
indépendants<br />
A compter du 1er janvier <strong>2021</strong>, l’institution de prévoyance<br />
«ASMAC Fondation pour indé-pendants» s’appellera Medpension.<br />
Heinz Wullschläger, directeur de Medpension<br />
Photo: màd<br />
«<strong>No</strong>s compétences élevées en matière de prévoyance sont mises à l’honneur dans notre nouvelle<br />
identité», dit Heinz Wullschläger, directeur de Medpension.<br />
Medpension propose des solutions<br />
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mesure aux médecins et<br />
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Suisse. Plus de 9000 assurés accordent<br />
leur confiance à la prévoyance professionnelle<br />
de Medpension. Ce nouveau nom<br />
remplace la dénomination «ASMAC Fondation<br />
pour indépendants» après 35 années<br />
de réussite en matière de prévoyance.<br />
Le directeur Heinz Wullschläger est à<br />
l’origine de ce changement: «<strong>No</strong>s compétences<br />
élevées en matière de prévoyance<br />
sont mises à l’honneur dans notre nouvelle<br />
identité, qui souligne la richesse de<br />
notre expérience comme de notre expertise<br />
à titre de caisse de pension pour le secteur<br />
médical.»<br />
Changer de nom, c’est aussi l’occasion<br />
de changer d’image et de lancer le nouveau<br />
site Internet www.medpension.ch en<br />
janvier <strong>2021</strong>.<br />
La forme juridique éprouvée de la fondation<br />
et le conseil de fondation en tant<br />
qu’organe supérieur de la caisse de pension<br />
demeurent inchangés sous le nouveau<br />
nom.<br />
Institution de prévoyance, Medpension<br />
fait toujours partie intégrante de l’association<br />
professionnelle <strong>asmac</strong>, l’association<br />
suisse des médecins-assistant(e)s et<br />
chef(fe)s de clinique.<br />
Les assurés continuent ainsi de bénéficier<br />
des avantages d’une organisation associative<br />
solide.<br />
En outre, l’ASMAC Fondation pour indépendants<br />
a perpétué en 2020 la croissance<br />
florissante des années précédentes.<br />
Son succès a profité à ses assurés, qui ont<br />
bénéficié d’un taux d’intérêt supérieur à la<br />
moyenne à hauteur de 3%.<br />
Au 30 novembre 2020, elle a ainsi réalisé<br />
un rendement d’environ 1,43% sur ses<br />
placements en capitaux. A la même date,<br />
le degré de couverture s’élevait à 116,7%.<br />
Contact pour plus<br />
d’informations:<br />
Medpension vsao <strong>asmac</strong><br />
Brunnhofweg 37, case postale 319,<br />
3000 Berne 14, Tél. 031 560 77 77,<br />
info@medpension.ch<br />
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vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong> 1/21 65
Impressum<br />
Adresses de contact des sections<br />
N o 1 • 40 e année • Février <strong>2021</strong><br />
Editeur<br />
AG<br />
VSAO Sektion Aargau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier, Auf der<br />
Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch, tél. 044 250 43 23,<br />
fax 044 250 43 20<br />
mediservice vsao-<strong>asmac</strong><br />
Bollwerk 10, case postale, 3001 Berne<br />
Téléphone 031 350 44 88<br />
journal@<strong>asmac</strong>.ch, journal@vsao.ch<br />
www.<strong>asmac</strong>.ch, www.vsao.ch<br />
Sur mandat de l’<strong>asmac</strong><br />
Rédaction<br />
Catherine Aeschbacher (rédactrice en chef),<br />
Giacomo Branger, Franziska Holzner- Arnold,<br />
Kerstin Jost, Fabian Kraxner, Léo Pavlopoulos,<br />
Lukas Staub, Anna Wang, Sophie Yammine<br />
Comité directeur <strong>asmac</strong><br />
Angelo Barrile ( président), <strong>No</strong>ra Bienz<br />
(co-vice- présidente), Patrizia Kündig<br />
(co-vice- présidente), Christoph Bosshard<br />
(invité permanent), Marius Grädel, Dina-<br />
Maria Jakob (invitée permanente), Helen<br />
Manser, Gert Printzen, Svenja Ravioli,<br />
Patrizia Rölli, Martin Sailer, Miodrag Savic<br />
(invité permanent), Jana Siroka, Michael<br />
Burkhardt (swimsa)<br />
Impression et expédition<br />
Stämpfli AG, Wölflistrasse 1, CH-3001 Bern<br />
Téléphone +41 31 300 66 66,<br />
info@staempfli.com, www.staempfli.com<br />
Maquette<br />
Tom Wegner<br />
Illustration de la page de couverture<br />
Till Lauer<br />
Annonces<br />
Zürichsee Werbe AG, Fachmedien,<br />
Markus Haas, Laubisrütistrasse 44, 8712 Stäfa<br />
Telefon 044 928 56 53<br />
E-Mail vsao@fachmedien.ch<br />
Tirage<br />
Exemplaires imprimés: 22 200<br />
Certification des tirages par la REMP/FRP<br />
2020: 21 829 exemplaires<br />
Fréquence de parution: 6 numéros par année<br />
L’abonnement est inclus dans la contribution<br />
annuelle pour les membres de l’<strong>asmac</strong><br />
ISSN 1422-2086<br />
L’édition n o 2/<strong>2021</strong> paraîtra en avril <strong>2021</strong>.<br />
Sujet: Erreur<br />
© <strong>2021</strong> by <strong>asmac</strong>, 3001 Berne<br />
Printed in Switzerland<br />
BL/BS<br />
VSAO Sektion beider Basel, Geschäftsleiterin und Sekretariat:<br />
lic. iur. Claudia von Wartburg, Advokatin, Hauptstrasse 104,<br />
4102 Binningen, tél. 061 421 05 95, fax 061 421 25 60,<br />
sekretariat@vsao-basel.ch, www.vsao-basel.ch<br />
BE VSAO Sektion Bern, Schwarztorstrasse 7, 3007 Berne, tél. 031 381 39 39,<br />
info@vsao-bern.ch, www.vsao-bern.ch<br />
FR<br />
ASMAC section fribourgeoise, Gabriela Kaufmann-Hostettler,<br />
Wattenwylweg 21, 3006 Berne, tél. 031 332 41 10, fax 031 332 41 12,<br />
info@gkaufmann.ch<br />
GE Associations des Médecins d’Institutions de Genève, case postale 23,<br />
Rue Gabrielle-Perret-Gentil 4, 1211 Genève 14, amig@amig.ch, www.amig.ch<br />
GR<br />
JU<br />
NE<br />
VSAO Sektion Graubünden, 7000 Chur, Samuel B. Nadig, lic. iur. HSG,<br />
RA Geschäftsführer/Sektionsjurist, tél. 078 880 81 64, info@vsao-gr.ch,<br />
www.vsao-gr.ch<br />
ASMAC Jura, 6, chemin des Fontaines, 2800 Delémont,<br />
marie.maulini@h-ju.ch<br />
ASMAC section neuchâteloise, Joël Vuilleumier,<br />
avocat, Rue du Musée 6, case postale 2247, 2001 Neuchâtel,<br />
tél. 032 725 10 11, vuilleumier@valegal.ch<br />
SG/AI/AR VSAO Sektion St. Gallen-Appenzell, Bettina Surber, Oberer Graben 44,<br />
9000 St. Gallen, tél. 071 228 41 11, fax 071 228 41 12,<br />
Surber@anwaelte44.ch<br />
SO<br />
TI<br />
TG<br />
VD<br />
VS<br />
VSAO Sektion Solothurn, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier, Auf der<br />
Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch, tél. 044 250 43 23,<br />
fax 044 250 43 20<br />
ASMAC Ticino, Via Cantonale 8-Stabile Qi, 6805 Mezzovico-Vira,<br />
segretariato@<strong>asmac</strong>t.ch<br />
VSAO Sektion Thurgau, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier, Auf der<br />
Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch, tél. 044 250 43 23,<br />
fax 044 250 43 20<br />
ASMAV, case postale 9, 1011 Lausanne-CHUV,<br />
asmav@asmav.ch, www.asmav.ch<br />
ASMAVal, p.a. Maître Valentine Gétaz Kunz,<br />
Ruelle du Temple 4, CP 20, 1096 Cully, contact@asmaval.ch<br />
Suisse centrale (LU, ZG, SZ, GL, OW, NW, UR)<br />
VSAO Sektion Zentralschweiz, Geschäftsstelle: lic. iur. Eric Vultier,<br />
Auf der Mauer 2, 8001 Zurich, vultier@schai-vultier.ch,<br />
tél. 044 250 43 23, fax 044 250 43 20<br />
ZH/SH<br />
VSAO ZH/SH, RA lic. iur. Susanne Hasse,<br />
Geschäftsführerin, <strong>No</strong>rdstrasse 15, 8006 Zurich, tél. 044 941 46 78,<br />
susanne.hasse@vsao-zh.ch, www.vsao.zh.ch<br />
Label de qualité Q-publication<br />
de l’association média suisses<br />
66<br />
1/21 vsao /<strong>asmac</strong> <strong>Journal</strong>
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