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MANUEL
UNIVERSELLE,
aiisaari n~iso~rsl DES FAITS ET ~V$NEXENS LES PLUS nt-
PORTARS; DES INVEITlOKS LES PLUS UTILES
DES HOJlNES LES PLUS EEJIABQUABLHS
DEPUIS LE COYhlERCENENT
DU MOXDE JUSQU'IT~
1856;
PAR S. CASEN
!*
TRADUCTEITR DE L A B1Bl.E.
PARIS,
-4 LA LIBRAIRIE E~CYCLOPEDIQVEDE RORFIT,
RUE HAUTEPEUILLE, ;YD IO ElS.
1836.
INTRODUCTION.
Si l'histoire a pour objet de faire connaître
ce qiii est arrivd , iine histoire universelle
ou générale devra riécessairement
offrir le tableau complet de tous les faits
qui ont eu lieil depuis que le monde existe.
L'univers rcnferine clans son ensemble ce
que nos sens et notre raison y aperqoi\ieiit
en detail. Mais la Giiblesse de l'esprit
humain ne lui permet même pas de
niesilrer l'espace et le temps, ces deux
bases esseri tielles des fai ts ;saisir l'en~emble
dails son inimensité est une tAche trop difficile
pour la conception bornée de l'homme.
011 peut avoir sur cet ensemble des pressenlimens
confus; mais pressentir n'est pas
savoir, et l'histoire est de la science.
Considérée sous un point de vue plus
a
(2)
restreint, l'histoire générale est une Con.
naissance autlienti que, un tableau exact
des époqiics les plus importantes de la
terre et du genre lirimain , des temps les
plus anciens jusqu'aiix plus rapprochés de
iious. Rlais s'il est difficile de décrire les 60
ou 80 ans d'un individu, la dilIiculté est
bieii plus grande quand il s'agit des 6,000
ans qu'on attribiie à l'liuinanilé entikrc.
tiussi l'histoire ne donne, et avec
beaucoup-d'efforts et avec des lacunes considérables,
qiie ce qu'il y a de plus général,
de plus important; elle ne préteilcl pas dérouler
miriutieusement le tableau des faits
d'une moindre importance et descendre
ailx détails .de l'inclividn. 11 s'agit ici des.
sommit&s historiques ; là des individus figurent
quelquefois au premier plan, tandis
que des peuples entiers resteiit dans l'ombre.
C'est lorsque ces individus cnrnctériscnt
Urie époque, un siécle.,Tout ce qiii ne s'dléve
pas .à cette hauteur, petit bien etre
historique, mais ,-n'est pas du doniailie
cl'uii~histoire générale. . '
:. Aprés ces consid4raf ions,-il parait presque
superflu d'insister siir la graiideiir.ei. l'blévatioii
de 13 scie~ice hisiorique. Siins elle
l'homrrie rrcqriiert peii {le culture ,.+ peu,de
sa\ oir, peu tic caiiiiriissaiice de soi-mcine
et clt: s:i p~isit ion dans le ruoride; il n'apprendra
ni à coricevoir lc présent, ni a1)prkcier
les actious de ses semblables. L'histoire
(3)
forme le cœur et l'esprit; elle prémui~it
contre le mal dont elle iiidiqiie , l'origine
et le chiîtitnent; elle entraîne vers le bien
dont les ,effets bienfaisanq traversent des
siécles ; et ,pli~s qir'aucune autre science,
à l'exception de 1.1 religion, l'btude dc l'liistoire
prorluit et alimente la croyance consolalite
d'u~ie providence &terriclle. .
- Mais cette Ptiide est aiissi p ~A~le qu'elle
est riche mi heureux rdsultats, ct un fiiit
rel)rt!sci~thvec clarté ci, simplici16, fririt
-d'i ~ivest içafioiis les plas lnhorieiises, peut
etre coinpüré à une pièce de rnoanaie . qui
n'est .deveniie ce qii'elle est que par des
travaux et üprc's des dangers innoint)riibl~s.
L'historieu a besoin de coiinniire les lmgues,
IYcriture, la gdographie, l'iiiitiquité,
la clironologie, la nlythologie , la r\iiritismatiqne,
gl'hkraldique et uiie foule d'autres
coni~;iissances. Souvent iin petit li\re d'histoire
est le résultat de ylusieiirs ariiiees de
recherches Car sans ces diffCreiites connaissciiiccs
préparatoires, les nionurnens,
les itiscriptions, les parclicmiiis, les rnanuscrits,
Lcs nio~?~~aies, les m&daillcs et
tant d'autres tt!n~oins des temps anciens,
seraient et rcsteraieii t lettre close. L'histnrien
s'appuie sur l'érudition, à layrielle il
s'est luiFmênie livré, et il traiisniet les bdrités
historiyues d'une manière claire et lucide
A ceux qiii, poussés par l',irdeur d'apprendre,
affroutent niénle des pCrils .pour
(4,) .
se rendre compte de l'origine des choses ct
de leur transfarmation successive.
Qi~etout se présentc avec ordre : pay divisions
principales d'abord, par siibdivisions
de peuples et d'époques ensuite ;c'est
la manihre la pliis convenable d'eiiseigner
l'histoire. C'est en ces termes à peu prks
.que s'exprime lin historien allemand, Bœttiger
( Histoire gdnérale à l'usage des
ecoles, 6mebditioii , Erlangen, i 854) ,,q!le
nous avons souve~it siiivi, siirtout polir 1 Histoire
aricieriiie, et c'est imbu de ces idées
qiie nous avoiis entrepi-is notre travai!. Airisi
.nolis avons divise l'histoire g6nérale en trois
livres :l'Histoire ancienne qui corninencc avec
le moxide et finit l'an 476 de J.-C. à la chiite
de l'Empire romain d'occident ;l'Histoire du
moyen ûge qui se termine ii la découverte
de L'Amérique, l'aii 1492, et l'Histoire maderne,
qui va jiisclu'iii~s jours.
Premier Livre.
L'Histoire ancienne se subdivise eii 4 chapitres
:
, ier.Des temps les plus anciens, jusqu'h
la fondation dc l'empire de Perses par Çyrus,
depuis 4004 avaiit J .-C.,jusclu'à 560.
2=" d iisqu'à ~lexandre-le-Grand, Depuis
560 jus(~i"'à556 avant J .-C.
- 50". Jusqri'ii Octave-Aiigustc. Depuis 336
.jusyu'à 30.
4" Jusqu'à la chute de L'Empire d'ocîi-
, ,.: ( 5.)
dent. Depuis 30 ans avant J, C. jusqu'6
476 aprbs J .4. , . . .
Deuxième Llvrc. . .
Celle du nzoyen ûge est subdiviséc- en 3
chapitres :
ier. Commence A la chute de l'Empire
d'occideii t et va jusqu'h Charlcmagne, 476
jusqu'à 768.
zm*.Jusqu'aux Croisades. Depuis 768 jusqu'à
1096. .
-
Po.Jusqu'à la ddcouverte de l'Amérique,
1096 à 849%.'
Troisidme Livre.
\ L'Histoire moderne a trois .chapitres:
ter. Depiiis la découverte de l'Amérique
jusqu'à la paix de Westphalie, 1492à i 648.
2". Jusqu'à la révolution francaise, 1648
à ïiS9,
3me.Ji~sqii'à nos jours, I 789 ii 1S55.
Nous nous somnies*fait une loi de ne citer
aucun fait douteux; ainsi, par exeiiiple,
clails l'&poque qui comprerid l'histoire des
dcriiiers quara~te ails où tant de points restent
encore à kclaircir, nous rivoris eu soin
de confërer des opiiiions opposees dans l'espoir
de trouver la vkrité dails le milieu. Nous
avons tâclié de ne combattre'ni.ne défendre
aucurie opinion religieuse ou politique,
mais de les faire coiiilaître avec jimpartialité.
( 6
Ayant en vue d'être 'surtout de quelque
utilité à la jeunesse .française, nous avons
eusoin de faireconnaître lesgrands hommes
de la France; les inventions et les trsvniix
qui l'honorent et qui doivent rendre fier de
porter le noIn de [fraiiçais.,filais nous n'avons
pas eu ce patriotisme étroit qui ferme
sur les yeux sur les hommes célébres et les
travaux qui ont illustré d'autres pays. La
grande famille des hommes s'énorgileillit
de tout ce qiii est conçu de grand par l'esprit
humain. . .
Nous ne croyons avoir néglig.6 de rapporter
aucun évknement i~nportür~t, mais
nous avons dQsoiivent viser à la concision ;
c'dtait une coridition indispensable de notre
en treprisc. L'oiivrage est termin4 par ilne
cloiiblo table, chronologique et de matikres,
et nous nous flattons que, malgrk d'estimables
travaux qui existent dkjà eii ce genre, le
nôtre paraîtra un secours utile, offert à la
jeuriesse studieuse. el . ,
LIVRE PREMIER.
.> : ' .
DU MONDE ANCIEN
* l .
Depu" Z'antiguitL: la plus reculée jusbr'à
la migratiori des peuples et la chute de
PEmpire +ornain, environ 4000 ans
avant J.-C.,jtrsydà 47 6 de tIèevulgaire.
---de--
CHAPITRE PREMIER.
De l'arztiqiiite' la pZirs recuit%' jiisqu fi Zn findation
du royairme de Per-se, par Cyrus ;560
avant J.-C.
(Création, 4004 avant J.-C. - ieràge du monde, ireannée.)
La Bible commence par la crkation qu'elle rerésente
d'iine manière à la fois siinplc et sii-
Lime. Dieii cr6a d'abord Ic ciel et le terre ,
ensuite la liimière, puis il sépara l'eau d'avec la
.terre, peixla l'une et l'autre d'animaux de toute
(8)
espèce, orna la terre de plantes diverses, et
créa l'l~omme et la femme lorsque lotit fiit préparé
poiw les recevoir. Il les placa dans une
contrée fertile et ti'iine ~iroduction" en qiielque
sorte spontanée. Maître (le la terre corrime Diert
l'est de l'univers, l'liomme fut doué de raison;
telle est la donnée biblicliie. Quand et où la
création s'est-elle effectuée? conibien de temps
a-t-elle duré? c'est ce qri'il est difficile de déterminer.
Mais si la conjecture peiit ici remplacer la
vérité, on peut admeltre qii'un long temps s'est
écoulé avant qiie les lois de la nature, celles de
la cliale~ir, de la pesanteiir, de la lumit're, de
la' cristallisation, etc. , eussent produit iin sol
convenable et propre à recevoir I'lioinine; de
manière que ies six joi~rs de la création signifient
peut être autant de périodes de la nature. Tl est
proljable aussi qiie c'est dans les vallées da nord
des Indes, dans les confirées I~eiireiises cle Cacliemire
où l'on trouve encore aiijouril'hui dans
l'état sarivage les animatix :ippi.ivoise's chez noris,
ainsi qrie nos espt'ces cle blé, qu'il faut clie!.clier
le berceau du genre Iiiimain et non ilans le pays
qui a vil s'&lever Bahylolie en Rl~so~~otainié,
yii'on ne parvint B renclie liabitable (jii'aii moyen.
e 1"fïydraiilicliie. C'est clriils ces contrées de
l'Inde que le peiiple de cc pays, ~~eiiple
~)lirs
aucien ci11 nioiitle, place le siége de 1'6ti e primitif;
de la boiiclie, des bras, dii corps et (les pieds
diiyiiel sont, seloii lui, venues les (lilfe'rentes
cspeces d'liornmes ; (le 1h s'é1:incent les fictives
sacrés, 1'Indtis et le Gange, se dirigeant vers le
sud, et d'autres fleuves allant ver; l'oiiest. .
Adam OLI l'lioiiime de la terre, et Eue, celle qui
enfantait, ou simplement l'liomme et la femme ;
vivaient dans le lieu de leur création, d'abord dans
le plus simple, et par consdquent lw~lieureux
(9
état clenattire; c'étaitdans l'Eden ou Parsadis,nom
qiie les Orientaiix donuent i leurs jardins de plaisance.
Le premier Iiomme est repre'senté comme
vivant dans un jardin. Rlais cet état de. nature
devait. cesser qi~and l'liomme parvint à avoir la
conscience de sa raison et de son libre arbitre ;
lorsqne le genre Iiiiinain s'étant accru, les passions
eiirent produit la discorde et le crime. L
Paradis et l'innoccnce disl,arul.ent avec la transgression
de la parole Je Dieii (cliute de l'liomme
par le péché) et lorsclue Ca'in ti~a son fdre Abel
ie sang coinmenca à coiiler ; depuis il n'a pas
cessé de coiiler. Le preinicr homine vit le premier
cadavre !
Les premiers Iiomiiic~s et leurs enfans vécurent
long-temps; de cette maniére le geiire l~iimain
s'accrut rapideinent. Les hoinmes s'étendirent ,
peut être en suivaiit le cours des fleuves (guides
natiirels à catise du besoin d'eati). Blais comme
la nature n'est pas partout d'uneégalt! libéralité,
commc elle refuse à unendroit ce ii'elle accorde
à llaiitre, que le climat est plus Qoux daus an
endroit que dans un autre, I'extérietir de
l'liomme ,sa couleiir , sa taille, sa iiianih-e de
vivre, totit se diversifia comme son inte'rieiir ;
l'esprit etit plus ou moins besoin de s'exercer,
les articiilations servant à la commtinication se
mriltipliérent: de là les dialectes; puis leslangiies
se séparérent ; il y eut dcs inventions ; les fairiilles
formèrent des liordes ,(les tribus et des peuples
; alors le plos &$, oii le plus brave, Ie plus
sageou lepliis riche, eut Ic plus de considération.
L'liistoi, e est sobre rie détails sur ces circonstances,
mais il doit en avoir été ainsi.
Arissi , nous n'y trouvons qtle qtielqiies inventions
cles .premiers temps ; par exemple, celle
des instriaap à cordes par Jubaf,celle de travailler
les m%tauxpar Tubal, mais ces invention
( l0 1
en supposent cl'aiiires. Les yren~iAi*es doivent
avoir servi à satisfaire les besoi~s de I'liomnie ,
tels qiie les vêtemens, la noiirritrire et le
Les arbres et les cavernes lui foiiriiireiit iine demeure,
rnais en in6ine temps aussi le nioyen
d'erercerson industrie, en fiiisaiit des séltnratioris
ail moyen de branches et cie poteaux :les novaux
totnbér dti friiit ou (les branches courb6es'vcrs
la terre, ~)roduisircnt de noiivelles planles et
d'autres arbres ;de là la preiiiiAre itlee de I'agricriltrire
et cle la plantation, et même celle dc
doniier de l'engrais ni1 sol. Quelqiies aniiiiairx
qii'on noirime d'aprhs leurs cris, s'etnnt plus facilement
Iiabitirés & vivre avec l'lioinine ,celiiici
eut l'idée de sonqcr à leur CO servation et à
en pcryétrier l'espèce; On en trollva le lait nourrissant
eL la cliair siicc~ilente; letir periii servit
de coiivertiire. Lü masstie (coiip dl1 poing renforcé)
servit à se clébdrrasser des bites féroces;
la pierre Iiin~ée ( Io fronde), servit au même
usage. Les osseinens des nniinatix furent em -
ployés à rendre pliis aignë la pointe des ~jerclies
converties ainsi en lances, et lin boyaii séciié, attaclié
aux cleiix boiits d'iin bois pliant, servit à
faire entendre un son et en même temps aussi à
doiinei. du ressort uii bâton point11 qui y était
fixé. Dans la fente des rocl~ers ou soiis les racines
des arbres, on trouva cies pierres brillantes
(les rne'taux) qii'on parvint à étendre ou à rendre
pointues nii inoyen cie grosses pi~rres. L'éclair
ou le frottement fortuit de plusieiirs morceaux
de bois produisit le feu dont on recnnnpt bientôt
l'ritilité; aussi l'estima-t-on beaiicoup , on
l'adora mGme ;l'on institua des gardicns particuliers
polir l'entretenir. Ce fiit peiit-dire lh cc
ri (lonua lieu à L'institution des prêtres cliargt!s
e l'entretien du feu sacré.
. TI y eut des !iommes qui se dirigjs~tvers des
l1 )
landes désertes' , qui n'offrirent de noui*r;liipd
qu'aux troupeaux, et par là la vie nomade peut
avoir commencé. Des peaux tendries siir des
perclies fo'ormhrent les premihres tentes. Il y en
a qui l~abitérent les forêts et trouvèrent letir
nourriture dans la cliasse ; d'autres s'établirent
près des riviéres et troiivérent le moyen d'apaiser
leur hiin en se livrant à la pecl~e. Qrielqiies-titis
parvinreiit jiisqu'à la mer ; des troiics d'arbres
attacliés ensenible devinrent des radeaiir ; creusés,
ces in6mes troncs servirent de canots. L'art
dii potier peut avoir pris naissance dans la calcination
<le quelque vase grossièrement Gbaticlié.
Les premiers alimens furent mangés crus ; mais
le feu et des vases cle terre contluisirent à l'idée
de IPS faire cuire, de rôtir, etc., et d2s les temps
bibliques, il est ciiiestion de moulins à bras pour
écraser le grain, ail lieu cle'le piler dans lin
inoi.tier. En général, l'usage d,i feu donna naissance
à une foule d'inventions. La fre'qiieutation
des animsiix qiii, malades, se sonlaçenf avec des
plantes, donna la première indication de l'art
dc gi~érir.La propriété introdriisi t des contestalions
et aiissi les premiéres notions dii droit. Li
où la force brutale ne domina pas, les plus anciens
et les yliis sages devinrent juges. Le séjorir
clans la Cam ague provoqria l'observation
des astres. Le soPeil avec sa chaleur bienfaisante
. les élémcns avec 1ciii.s effets terribles,
excitc'rent la frayeur et I'élonnement. Comme
l'liomnie le plus gi-ossier a uu sentiment confus
(le qiielqiie cliose de supérieur, ces 616-
mens frirent regardés cornine des êtres supérieiirs
et piiissans dont la col2re voulait être apaisée
par l'offrande de ce qri'on rivait de mieux. Bientôt
des rinixpaiia devinrent des symboles de
certaines qualités respectables et furent aussi res-
( 12)
pectés. Il y eut des Iiommes qui se vouèrent ail
service ile ces êtres adorés. On attribua le bien
au soleil, oit en général à quelque hon ge'nie;
le mal fut attribiié à la nuit ou à quelclrie génie
malfaisant ; le premier devint 1 eniblême de la
creation et dc la conservation, l'autre celui de
la destruction.
( Déluge , 2348 avant J.4. -Du monde 1656;se Lge.)
Tout cela servit h développer la raison des
liomnies , mais non leiir piété, .ni à les rcnthe
ineilleurs ;c'est pourqiioi ,dit I'Ecritrire-Sainte,
Dieii re'solut de faire disparaître de la terre par
iinc grande inondation (le déluge) tous les
Iiomrries, i I'exce tion d'iine seule tamille pieuse
(celle [le Noé). $06 eut ordre de fuir avec les
siens et beaucoup d'aiiiinaus dans un f;rand vnisseaii
appelé Ar-che, qui , lorsque l'inondation
eut cessé, s'arrêta sur la montagne d'Ararat, daus
l'ancienne petite ArmGnie, à l'entrée de l'Asie.
Pliisietirs peiiples ont conservé la tradition de
grandes inoridations, et même chez les Arne'ricalns
;ii existe, selon Rf. de Humboldt, cllez les
naturels, une trarliiion d'une inoudatiori , et
d'iin vaisseau protecteur qui s'est arreté sur iine
mont agne.
Par le daiuge, 'Noédevint i son totir le père
dii genre humain, qui, ar les fils de Noé,
Sein, Ham et Japhet, et Lurs descendans, s'étendit
en Asie, en Afrique et en Europe. Noé
couserva les arts nécessaires au soutien de la
vie ;il s'occupa ct'agriciilture, et, le prcinier, il
'one et s'enivra du vin qii'il en tira.
fanLa In
es descendans de Noé ne pouvant plus, à caiise
dc leur grand nozrlbre, rester ensemble, soiigerent
à se séparer, mais ils voiiliirent avant leur
séparation former lin point de réunion ct biti-
( 13 )
rent tine tour, connue soiis le nom de abe et,
moi qui signifie confusior? ,parce que Dieu cohfontlit
ce projet, diversifia leur langage; ce qui
les mit clans I'impossibilitc' dc continuer leur.
entreprise. Il entrait dans les vues de la Providence
cjiic les liommes se re'pandissent siir la
terre; c'est là l'origine de la formation des peii-
,les. L3 où i'agriciilture pourvut aux besoins de
l'liomme, les états prospbrèrent le plus rapide-.
ment, parce que cllaciin eut intérêtà s'attaclier ail
sol. La cabane s'y transforma en maison qu'cntourèrent
des cliamps. Polir se garantir coutre
les animaux et contre les Iiommes qiii ious ne
voulaient pas travailler, mais qui toiis voulaient
vivre, on entoiira les propriétes de fossés et de
palissades ; plusieurs familles viitren t s'établir
clans le même voisinage et fond6reiit des villages
que des besoins commiins et la sociabilité accrurent
.s~iccessivement ;ces villages n'eurent plils
besoin que d'iine défense pllis étendiie poiir devenir
des villes. Ces villes ont donné iiaissance
aiil premiers e'tats qui, se développant, finirent
par fornier des empires. Ces empires furent ordinairement
fontlés par des conqiiérans qiii cummencèrent
par l'oppression cle leur propre tribu.
C'est le despotisme qui fondait et entretenait
ces états jiisqii'à l'apparition d'iin conqudrant
plus puissant.
Les tribus del'Inde, entre l'Indus et le Gange,
restkrent le plils long-ten~ps fideles aux mœrirs
qui avaient dominé dans leur pays, berceau
du genre hirinain. Aujourd'hiii encore une parlie
de ces peiiplades se noiirrissent de plantes,
ycmière noiirriiiire des liommes Dis la pius
iatite anticluilé ces peiiples parvinrent à une
civilimti~n avancec, eurent un antique s s-
téme religierix avec l'id6e d'un être primitiret
2
( 14)
d'une divinité conservatrice et destrtit!trice :
Parabrama, Brama, Visclinri, Scliiven; d'esprit
devenii corps (iiicarnation) , de transformation'
des dieux , de mdLe~nl>sycose, d'éinnnation
(toutes choses venant de Dieii); ils eurent
des poésies (rliii en partie existent encore)
et iine cla~sificûtion sévkre eu quatre tribus ou'
castes : Bran~ines (prêtres et snvans), Ksclieti-yas
( perriers) , Vaiscliyas ou Bûnisnes , ( iudbstriels)
,et des Sudros ou servans; parmi ces castes,
celles des prctres et des soldats commsn-
daient ;apparemment que c'élaicnt les premiers
coriquéraiil; di1 pnyç. Des pop~ilations enti6res
paraissent avoir bat1 pendant des siècles ces pcigddes
immeases et ces gi-oltes servarit de teinples,
telles qti'on eii trouve à Carli , à Ellore ,
a Elél)liante et à Salselte; l'arrliitecture ct la re-'
ligion sc sont prêtés lin mutuel ap~~ii. L'éloignement
(les origines et le iiiorcellenient despeuples
dans ces temps anciens rendent à peine possible
la recherche (le qiielclues faits liistoriqiies.
Le peilple de la Cliine offre encore iin spectacle
plris bizarre. Parvenii (le bonne Iieure à
iine certaine ciilture, il possède l'écriture, h la
vt:rité n~onosvllabiqiie . signe d'[:ne liaute anti-
qiiiie; 1.1 lioissole, la conuaissniice des astres et.
celle de la constitation des empires, qu'on apersoit
chez eiix clés les premiers temps; ce peuple
est reste' stationnaire, et dans une séparation
complète de$ autres peiiples ,et aiijoiiril'liiii en-
'core, aprèspliisieiirs milliers d'années, les Bonzes
observeiit In religion de leur 7'011, et les maximes
simples du Iégislnteiir cliinois, COIL-Firtsee (Confucius,
550 avant J.-C.) Toute, civilisation et
toute influence étrangère vinrent écliouer contre
l'esprit glacé de ce peiiple et contre ce contenteinent
de lui-mhne qiii le caractérise. Cette im-
( 15
passibilité le prot6ge pliis que la muraille de près
de trois milles de lon~ieur ,élevée 200 ans avant
J.-C. pour le garantir des liordes noiriades du
nol'd, c. .
Entre 1'Iudus et le Tigre s'e'levèi-ent successivement
divers états dont celiii de Médie devint
coxisidérablz dans les derniers siécles de' cettp
époque, et ln Bactrianie au nord de la Médie de;
vint célAbre par le fameux le'gislateur Zerdusclit
(Zoroastre, 600 ans avant J.-C.). Sa loi de
liimiCre, conservée dans les livres di1 Zend ,dérivait
toutes les clioscs cle 1'6ii.e primitif, dit
temps sans borncs , Zeriiani-Akcreric , qu'Orinii.d,
oit le génie (III bien, et Alirimûn 011
génie clil irial ont crée'. Tous les deiix, appele's
aussi la luniiére et les te'nkbres, étaient eiltourés
ci'iine cour nombr.eiise de bons esprits et de
mauvais esprits. Le combat entre ces deux piiis-
.sances Cuit au bout de 12000 ans par la victoire
de la lumière et du bien. Zerdusclit connaissait
l'irhmortaiitc' de l'Aine et la réniiinération & la
suite de la re'surrection. Sn le'gislation fondée sur
la .religion était l'ide'al du despotisme, seule
forme de gouvernement quc connaisse le Levantin.
Les royaumes d'Assyrie et tle Babylone nous
a PI
>araisseut entre le Tigrz et llEiiyllrate, etbientot
s'étendent au-delh de ces fleiiues. L'l~istoire
de ces deux emy;resestrestreinte h celle de leiirs
capitales, Babylone et Ninive dont la prcnii2rc
fut bâtie par Belus ou Neinrorl, l'autre par Niniis
,descendant d'Assiir et de Sein. L'Hyclraiilique
qui servait h resserrer dans letir lit les
fleuves et i former des caoaiis polir fertiliser le
pays et le rendre liabitable, 1'Hvclrüuliqrie est
pliis importante que I'iiistoire de plusieiirs rois
de ces deux empires. La tour de Babylone,
temple du soleil et lieu de réunion class des val-
le
( 16
lées immenses, et la tradition de la confiision
des langues qti'oti croit avoir eii lieu dans cet
endroit, indiquent les relations d'affaires cornmer*
ciales et yolitiqiies de divors peiiplcs et la première
constriiction d'liabitations sure; et solides.
Les édifices de Babylone, siirtout ses miirs de
-cent coutlées de liaiit et d'uue*grande largcur ,
pourvus de cent portes, étaient constr~iits de
tuiles et de re'sine terrestre, seuls matériaux
dont on se servait porir bâtir dans cette contrée.
Des traditioiis vagues se rattachent aux noiris des
rois Pv'iniiis, I'l'iriias, S6iiliramis, Sarda naple
(888). Ce dernier monarque eflëininé s'éiant
b:-hl6 (larisson palais,, qtielcliies empires se formèrent
(le I'aucien etat reconquis :Babylone
(630) prise par-les Cl1ülr16ens et piiissante soiis
les rois Nabopolassar, Nabiicadnezar, Naboiinedus
; la noiivelle Assyrie (Pfolil , Tiglatpilesar ,
Salmnnassar , Assarliadon, Sanlierib , etc.) ,
et la &ledie ( Ecbatane, capitale, et la tribii des
mages dominant ; Dejoces ,Pliraortes, Cyaxares,
Ast'jages, rois), jusqii'à la soumission de tous à
la domination persane.
Outre le commerce, la filature, le tissage, la
teiiittrre étaient célèbres ü Babylone, et les prêtres
(Ctialrléens) etaient tris-versés dans l'astronomie,
dans l'astrologie , dans la medecine et
dans la connaissance des lois.
(Voc~iion d'Abraham, igzi arPnt J.-C. - 3e âge, no83
Ju inonde.)
L'histoire des H4brciix aiissi est trés-ancienne.
En peu de temps 1eur.constit~i tion ,leiir religion
et leiirs mœiirç eurent quelque chose cle particiilier.
Un émir uoinatlc , Abraliam ,passa l'Euphrate,
se dirigea vers le sud avec ses tr0ti.r
yesux et devint, par !;ou61s Isrriael, lq s~ucije
( 17)
Arabes; par 1s:tac et Jacob (qui forment avec lui
les trois patriarches) et par les doiize fils dii
dernier, Abratlain devint la souclie du euple
israélite oit jiiif. La faniine condiiisit en ggYl,te
Jacob avec ses enfanç; là. ils piirent vivrc coinine
noinatles dans la contrL:e de Gosen , .rire à la
protection de Josepl~, ainene ~>réceciemment
dans ce pays comme escl:ive et pitl.veilu, par sa
sagesse, à la dignité tie grand-visir.
(3loi'~, OIJ fa loi écrite, ikvr; du rnonrle 2513. - 4' âge. -
Sal<imon,6" le temple arlirvc, zoo$ pvarii 1 -C ;dtt monde 3000.
- Prise de Trute, 8 i84 avant J.-C.; du monde 2820; jeage)
Toiitefois les ctescentlans de Jacob en Iiorreiir
niix Egvptiens E cause tle !eiir état de bergers,
état abhorré par les E;ypiiens , les desceudaus
de Jat ob fureut bientôi exposés ii iine çrnticle
perséct~tion qiri diira 400 ans ; ait bout de ce
temps , il s'éleva ltoiir eux un saiivciir clri niilieil
d'etix. Moïse (dont la jeunesse etiioui*ée (le iniracles
ressrn~ble à celle d'aiiti*es héros des nations
) parvint, a rès une lonqiie r6sistniice et la
ruine ciii roi oii pRaiaoii de I'Ç,, * 1>te,à fiiire sortir
de ce pajs son peiiple. fort de tleux inillioiisct
demi de persoulies, à liii faire p:isser la riter roiiçe;
de lh, il le contliiisit dans le de'sert au nord cle
l'Arabie, liii tlouila iine coil~titiition sitr le mont
Siiliii. Pentlant 12s 40 ans qiie ce peiiple piassa dans
le désert, RIoïse liii donna iine consiitcition politico-religieiise,
fondée siir la croyance d'lin Dieri
iinilue,protégeant son peuple,et.ayant porir objet
la transformation de ses nomades en rio peiiple
d'agriciilteiirs. Le décn!ogiic est lin monrrment
respectable de la législation mosaïqiie. Eofiii,
lorsqa'une génération l)l~is forte eut oiiblié l'iclolâtrie
et les pots (le viiinde (le l'Egypte, Josiie la
condiiisit contre Canaan (nommé .eilsuile Palestiue),où
avait autrefois vécu Abraliam, etque de-
( 1s >
puis long-temps on considerait comme le pays
promis de Dieu, comme la Terre-Sainte. Apres
lusieurs combats contre les habitans,dii pays,
Tes douze tribus se partagétent la Palestine. Un
sacerdoce fut constitué et distribué dans toutes
les iribus; le grand pontife représentait le peuple
aiiprGs de son roi invisible, le Dieu, Jeliovali. Ce
peuple israélite fiit souvent mallieureiix dans la
guerre u'il faisait à ses ennemis ;entouré d'idclatres,1oilbliait
frequemment le Dieu unique.
Alors des juges, des prophètes s'élevaient et saiivaient
le peuple. Ainsi le fort Samson, l'hercule
juif battit les Philistins ;Jephté, les Ammonites.
Enfin, le peuple demanda un toi visible au
grand pontife Samuel ; il voulut, comme les autres
peuples , avoir.un roi et il eut pour roi le
brave et beau Saül, fils de Kis ;ce roi se brouilla
avec Samuel, et après un combat malheureiix
contre les Pliilistin; , il se tiia et fut remplacé
dails la royauté par David ( 1055). David, roi et
psalmiste, fut également un heureux général ;
11 conquit J&rusaleni avec le bourg de Sion, et
prépara la constriiction du temple, destiné à renfermer
le sanctiiaire national, l'arche d'alliance.
Après niaint trouble de famille, causé à David
pal- sa polygamie, son fils, Salomon, homme à
la fois sage et porté au luxe, commenca j: régner
en 1015; il bitit le célèbre temple et la ville de
Palmyre; mais son goin-ernemcnt de sérail, gouvernement
dispenclieux et oppresseur ,mtna le
royaume dont la cliute date du régne de Salomon.
Car après sa mort (en g 5) ,deux tribus
seules rest6rent BdGles à son ds, le despoti ue
Heliabearne ,et formèrent le royaume de ~uga ,
tandis que les io autres tribus choisirent pour
roi Jéroboam, et fondèrent le royaiinie J'Israel
avec Saniarie pour capitale. Après plusieurs éud-
( 19 1
Bemens mallieurcux, que même le petit nombre
de bons rois, que des prophètes, tels qii'Elie ,
Isaïe, Jérémie ne purent d6toiirner en vivifiant
l'idée du Messie ,Israel en 722 et Juda en, 588
avant J.-C., devinrent la proie des royaumes
d'Ass rie et de Babylone. La meilleure partie di1
l>eupL fut transportée pendant 70 ans i Baby.
one, jusqu'i ce que Cyrus lui permit de retoiirner
dans sa patrie.
Au nord de la Palestine, dans une contrée peu
étendue, près de la côte de la Syrie, demeuraient
les Phéniciens. Le pays de ce peuple ne donna
pas naissance à (les royaumes considérables ou à
des religions qui gouvernassent le monde , mais
le commerce, I'écliange des prodiictions de l'Asie,
de l'Afrique et de IJEiirope furent son paistage.
Le Liban fournit ails Pliériiciens le bois nécessaire
àla iiavigation, qui ,clicz ciix , conilne
presque partont, comineuca par la piraterie. Si-
.don et Tyr, les villes les plus importantes de la
Phénicie, fondkrent , dans les lieux les plus fnvorables
des côtes de la ?<léditeri.anée, (les colonies
(en Afrique , en Sicile , en Espagne ,en
Gr&, etc.). Les Phéniciens cotoyèrent m61ile une
partie de L'Afrique ct de l'Europe, dans cles vaisseaux
ue les premiers ils constririsircnt. On attribue
Y a ce peiiyle actif L'invention préciegse (le
l'écriture par Thaut la sagesse), du calcul, de la
gravurc des métaux, 611tissage, de la teinture par
la pourpre et de la fabrication du verre. Il etait
eii relations d'affaires, nioyennant leurs caravnnes,
avec l'intérieur de l'Asie. Agenor, dans le i 7.
siècle ( 1640) avant J.-C'., est regarcle' comme le
fondateur des PliCniciens. Quand Alexandrie, en
Egypte ,attira par la suite le commerce du inonde,
celui des Phéniciens périt. Dans l'Asie mineure
se formèrent plusieurs petits états, suïto~it
(20)
ce!& de la Phrygie (le nœud gordien lie trancha
plus tard Alexandre avec son épée; Jidasavec
ses oreilles d'âne et ses mains qui transformaient
toiit en or) : celui (le la Lydie qiii fiit riiiné par
Cyriis et celui de Troie, oii Teucer, Dardanus,
Tros, Ilus, donnèrent le nom à 1s ville et au
peiiple.
En I 180, Troie péïit sous Priain (yère de Pâris,
de Hector), dans une guerre vindicative
faite par les Grecs réunis. Des tribtis grecques
en peuplèrent les côtes situées le plus vers le sud.
Voilà les états les plus importans (le l'Asie, avant
560.
Dans l'an tiquitd on ne conniit - de I'Afriqne
que la partie septentrionale, où probablement
avait pénétré la ciiltui-e indienne , en traversant
l'Arabie. Les Etliiopiens étaient tantôt bergers ,'
cliassei~rs, pêcheurs , tantôi agriciilteiirs et conimercans.
De Bleroé , I'iin de leurs pliis anciens
éttits, sortirent des colonizs qui s'établirent, en y
transportaiit leiir religion et leur sacerdoce, dans
la terre classiqiie dit miracle, clails la vieille Egypte
en siiivant la cGte OII en exercant iine piiissaute
i~ifliiencesur le caracthe grave di1 peuple.
La vie et 11 inoit se rencontrent dans la (lélicieiise
valle'e du n'il , dans les rocbers escarpés
dii golfe arabirpc et dnris les déserts immenses
qiii régnent vers l'ouest. Par suite de la migration
(les tribus et de leurs triomplies sur celles
qui les avaient précedées dans le ays , niais qui
étairnt yliis sauvages, cles castes Tleléditaires se
formèrent, parmi lesquelles, comme dans les indes,
les prêtres et les giierriers $ont les prernièrcs
;les industriels, les marins et les bergers
font partie des derriihres. Ou s'établit près des
temples , et insensiblement ces petits établissemens
s'accruren t et finireut par foi.rnei0des etats,
( 21
dont Tliibcs, aux ceiit portes , dans 1s Iiaute
Egypte,, 9hleml>his, dans le midi de ce meme
pays, etaient les pliis considérables. La partie
1nf6riein-e de I'Bgypte, le Delta, ftit cultivée
plilstarcl. Des ténèbres enveloppent les premiers
ages de 1'Egypte dont on ne trouve des traces
que siir les moniirnens antiques ; il en est dc
merne de I'liistoirc de ses premiers rois ( Pliaraons),
dont le premier, Rienhs ,a vécu, à ce
qu'on croit, 2,300 avant J.-C. On conipte 330
rois après lui; mais leur piiissance était born6e
par celle des pritres, cliii ont cherclié à se rendre
immoi tels par des moniimens d'al cliitecture
, tels qiie le temple de Pvtlia ou Viilcain,
à blrmpliis. Une partie de ceimonumens existe
encore. Dans le nonibre de ces inonuiiiens ou
compte , outre des temples immenses pourvus
de colosses, le lac hlceris, le labyrinthe, les cavernes
sépulcrales, les pyramides, liautes de
500 à 800 pieds (servaut probablement aussi à
la sépiilture) , les obélisqiies, des colonnes cliiadi-angulaires
d'uiie seule pièce, linutes de 50 à
180 picds ; c'étaient petit-être des cadrans solaires.
C'est sur ces monumens qii'on tro~ive l'écriture
figurée et sacre'e ( les Iiie'roglyphes), dont
l'explication occilpe maintenant tant de savûns.
Mais ces ii.onaineiis antiqiies , quelle masse de
connaissances, niécaniques, gdoniétriques et as-
tronomiqries , ils siipposen t ! Les E~yytiens se
Grent aiissi reinarqiier par leiir excliision de tous
les étrangers, par letir manière cl'embniimer les
morts qii'ils placèrent prés d'eus, coinine momies,
dans leurs repas et festins ;par les Iiounetirs
divins clri'ils accord4rent à divers animatix
utiles et même niiisibles ;le bœuf Apis, 1'Iclinerimon,
l'Ibis et le crocodile, etc, ; par leur jiigement
des m~rts, leur croyance dans Ir, inét~i~t-
ysvcliose et dans le purgatoire ;enfin ,.par leurs
pdoti~res, leiirs sciilptiires ,par leur invention
du papier, formé di1 Papyrus. Leur religion avait
poiir base la conteqplation de la nature ;ils adoraient
des effets naturels personnifiés ;Typhon
et Osiris étaient polir eux, l'un le génie du bien
et l'autre le ge'nie di1 mal ;Isis était la nature et
la lune, et Pytlia, le feu. La religion des prêtres,
plus 6purae que celle du pcuplz, consistait en
mystères, en coosécrations et f6tes secrètes.*Déjà,
di; temps d'Ab,-aliam et de Moïse, Mempliisavait
une constitution. Par Sésostris ( 1500) qui divisa
le pays en cantons (nomes) et qui fit de graudes
-~on~~uêtes, commence l'importance politique et
.le temps liéroique de l'Egpyte; mais peu de rois
(le ce pays ont légué leiirs noms à la postérité.
Vers 630, l'empire fut partagé entre douze princes,
que Psamrnétiphe, aidé de mercenaires grecs,
parvint à se soumettre ; il ouvrit le p~ysaux
étrangers; par suite de cette mesure, le commerce
maritime devint très-florissant. Enfin, en
525, cet état devint aussi tributaire de i'empire
universel de ln Perse.
A l'ouest de 1'Egypte ,des plaines toujours vertes,
s'étendaient comme des îles ,à travers une
mer de sable ;ces plaines devinrent des stations
pour les caravanes; là , le voyageur altéré, le
chameau qui supporte la soif et qui mérite le
nom de vaisseau du désert, troiivent de l'eau
fraiclie et de l'ombre. Ces oasis devinrent aussi
le siége de ctiviniiés adorées en ces lieux. En
polissant vers le nord ,on rencontre Cyrène et
Barka ;ail sucl-oiiest , le pays des Garamantes ;
au nord-ouest ,Cartliage , la plils célèbre colonie
tyro-plidnicienne ,fondée par Didon (888).
Quoi qu'il en soit, de la tradition plus ou nioins
fabuleuse d'une pedu de b~eufdecoupée et de la
( 23 )
visite diEnke auprès de IR fondatrice de cette
colonie, celle-ci, grâce à sa situation favorable et
l'anti rie esprit merca~tile de ses hdbitans ,continrta
Y a s'élever ;la pros
Périté et l'étendue de cet
état lui permirent Lientot de former à son tour de
nouvelles colonies. Cet e'tnt porissa le coinmerce
maritime jriçqri'aiix Cani~riennes, jusqiie dans le
voisinage de l'Angleterre et vers les côtes de la
mer Baltiqrie. Le commerce (le terre de Carthage
n.e fiit pas moins considérable, ail moyen.de ses
caravanes qui ponsmieerit jiisqiie clans le pays de
Garamans et en Egypte, où. e retrorivaicnt les produits
(le l'Arabie et de l'Inde. Deux siifites
(jri~es), noirimés j. vie nr le petiple,'étaient investis
de la suprême Jgnitd de l'état. Dans la
guerre, les générails nommés pour la conduire,
étaient assistës par des conseillei*s.Les autres c6-
tes de I'Afriqae ,alors coniiries, Ctaient remplies
de colonies grecqiies, phéniciennes et cartliaginoises.
A cette'époqiie, 1'Eiirope n'était connu qu'en
partie ;c'était du côté du sud ; car ,le noin de
Scythes, était une' ex ression vague poiir désigner
les peuples du bord
P
de la Mer-Noire et de
~'emboucl~rire du Daniibe ; la connaissance du
Nord reposait sur ,des traditions et des fables
miraculecises que la jaloi~sie de commerce des
Cartliaginois et des Pliéniciens se plaisait à entretenir.
Le Siid-Oriest de l'Europe attire bientat
l'attention, par son voisinage de deiix autres
prties de la terre ; il est (lastint!, par Ia nature
même, à développer iine civilisation remarqiia -
Ide. Le commencement de l'histoire grecque est
enveloppé dans des traditions contriiilieloir~s
d'origine égyptietine et asiatiqiie. Cela n'empeclia
pas les Grecs (le les acciieillir avidement et
d'en faire ilne histoire nntioriale, soiirce de Icuç
t 24
c:vli:sation et de leur religion. Des tribiiç primitives
, telles 'que les Tliessaliens. les Hellènes,
les Pelasges se m4lèrent à des tribus veniies de
l'Asie-Mineure , à des tribris pliéniciennes qrii
leur donnèrent le commencement de la civilisation,
des lois et des sciences, ou sticcomb&rent.
Cécrops et Danaüs, ces cliefs de colonie venus
de 17Egypte, Cadmus de la Pliénicie, Pelops de
la Mysie ( entre 1550 et 1400) et pliisietirs de
leiirs sriccesserirs n'offrent encore auciine donnée
liistoriqrie. Mais l'histoire s'y rattache et se
rattache encore à d'autres he'ros nationaiix ,et i!
est certain qiie les Grecs ont connu de trènbonne
heure le mnr,i!ge, I'agricultere , la plan-
tation de l'olivier, 1 ecritiire ,le travail des métaux,
l'exploitation des inines, les oracles, la
navigation, le commerce et ies mystères. Atliènes
, Sparte, Tlièbes ,Argos, Mycènes étaient
d'anciennes villes, ou d'aucieris empires, sous
des rois que l'extraction mytliique rendit plus
respectables. La religion des Grecs aussi, fut
un niélange. Mais, si les éle'inens en soht c'trangers,
inêlée à la tradition et à l'liisioire, et
devenue populaire, elle devin! grecque implantée
siir le sol dc ln Grèce. Les Grecs se représentèrent
leiirs dieux d'une inaiiière liiirnaine
110ur en etre 11111s près, et ,de cette manière, ils
n'eurent pas besoin d'un sacertloce niédiaterir
intéressé. Les héros tenaient le milieii entre :es
diciix et les liommcs; ces liéros sont : Di9nys,
Hercule, Castor et Pollux ; Minos , Deucalion,
Jasoti ,Promethde,Tliésée , PersGe, Ampliictyon
ne ~~araisssut pas moins fabilleux. Le voyage
i Colchis , cnirepris vers 1250, siir le vaisseau
Arço ,voyage que la poésie a orné des couleurs
les plus variées, et qui avait pour but la toison
d'or (peut-dtre qu'il y avait, dans cette contrée
des an:maux dont la peau se chergoit de
d'or, quand ils se baignaient dans certains fleiives)
:le combat cles sept princes contre Thèbes,
dont la prise eut lieu entre I 225 et 1215 ; et même
la première assemblée na tionnle contre Troie;
tous ces ctifférens exploits ne seraient que ceiix
de quelque pirate heureux, sans les chants divins
d'Homère qiii en ont éternisé la mémoire.
Les dieux et les Iiommcs se combattent, s'insultent,
se poursiiivent à coiips de pierre et sotivent
à coups de massue. Il a fallii l'esprit poétiqiie
des Grecs pour faire d'Achille, d'odyssée, d'Ajax,
d'Agamemnon, (le Rilénélas , de Nestor ,
(le Diomède, et de tant cl'aii tres, des héros accomplis
d'après uiie conception idéale. Après un
long yélerinage entrepris par iine tribu grecque
des Doriens, soiis les Héraclides ou descendans
d'Hercule (en 1100) , marchant en conciiiérans
daus le PéloponEse (la Morée) ,l'liistoire grecque
prend qiielque consistance; les tribus éparses
(les Eoliens, Etolieiis, Joniens , Doriens) et
les contrées dissémin6~se dessinent plus nettement.
Ai1 nord de la Grèce, se fait remarquer la
Tliessalie ; ail midi, c'est la B6otie ( Thébes),
l'Atticriie (Atlihes); dans le Péloponèse , c'est,
entr'aiitres, Corintlie, Elis, 1'Orcadie , Messine
et Lacçnique ( Sparte ). Les îles de Crète, de
qliypi.e, (le Rliodes, de Salamis, d'Eubée, dlEgine
,de Delos, de Paros, etc. ,font partie de
la Grèce. Mais parmi tous ces états de la Grèce,
Aihèues et Sparte, s'élhvent et représentent des
constitiitions différentes, la démocratie et l'aristocratie,
selon l'esyri t de doiiceiir , qui prédomine
indme daus le dialecte ionien , bu de rudesse,
qui se fait remarqiier dans le dorien. Oiitre
cela, aucun peuple de I'iinivers n'a établi autant
de colouies, n'a été aussi influent sur la
4
c;~ilisat:on des autres peuples que je peuple
Grec. L'Asie-Mineure présente sur 'les cotes de
l'oliest les villes magnifiques de Smyrne, d'Epllèse
et de Milet: tolite L'Italie (appelée pour
cette raison la grande Grhce avec Tarente, Sybaris
,Néayolis,etc.); la Sicile (Messine, Syra-
, étaient peiiplées de colouies grecci'se
ques ;les recs avaient atissi des établissemens
en Sardsigne ,en Corse, dalis les Gaules et près
des côtes d'Espagne (Massilia oii Marseille, Srigonte)
; en Afriqiie ( Cyrène), près de la mer
Noire ;(Byzouce) ,.prés de la côte macédonienne
et tllracienne. Mais malgré cette dispersion des
Grecs par tribus, en difl érens dlats et pays, la
langue, les oracles (Delplie, Dodone, qui exercSrent
bientôt une influence immense c0rnrr.e
étant la voix des dieux) ,les qandes fetes natio-
nales, les jeux olyinpiqiies ,isthmic~iies, deNé-
xnésis et de Pyt Iin), les inystéres ( d'Eleiisis) ,les
amphictvons , lui servirent cle points de ralliement
et ae liens généraux. La législation de Ly-.
ciirgue (%O), a Sparte, qui avait pour objet 1'6-
galité de fortune , d'éducation et de ciiltrire
d'homnies robustes ,s'opposait ? par ce motif,
à la mollesse et au luxe, et, inspirait dii respect
pour 13 vieillesse, l'obéissance à la loi et la bravoure
militaire (des villes sans enceinte, de la
monnaie en fer, et le brouet); la législation dc
Solon (590) en faveur d'Atliènes, qui ~oulait
placer le: poiivoir dans les mains des lus éclairés
et des plus riîlies ,pour s'opposer, à% fois, à l'anarchie
et à l'aristocratie ;cependant, l'exemple
de Pisistrate est là, pour moutrcr qu'avec du talent
et aidé du peuple, on poiivait ,méme dans
une pal-eilie constitution ,se faire usur ateur ;
la législation de Seleiicus (660) et de {barondas,
après lui, dans la grande Grècc ;l'ûlliancq
( 27 !
secrète que Pytliagorus le Samien fit à Crotone de
540 à 5IO ,.polir former des hommes d'état ;'
toutes ces diverses constitutions et ces diff'érens
essais, indiquent, chez les Grecs, une niasse d'idées
politiques et des essais de constitutions diverses.
Sparte avait un gouvernement coinposé
de deiix rois, avec un se'nat ,et, plus tard encore,
des éphores. A Athènes, il y eut des rois
jrisclu'à Codriis ,en 1068; ensuite des arcliontes
avec des coinices et des assemblées populaires;
les constitutions des autres états de la Gréce ressemblaient
plus oii moins aux deux précédentes.
Déjà, cette dpoqiie de l'liistoire grecque montre
qrielques bons poètes et de grands sages. Car,
quoiciii'on n'ait rien conservé et qii'on n'ait rieu
pu conserver de Rlus3eus, de Liné , d'Orphée,
on a les travaux immortels de poésie épique
d'Homère (en goo), de l'Asie-Minebre ;(les travaux
d'Homère, dit un moderne, existent, mais
Homère lui-même est encore à trouver); ceux
d'Hésiode, qui a vécu ?eu de temps après ;les
odes et les tiymnes d'A ctieus, d'Eriunn, de Sa-
@IO, d'Aiiaeréon et de Phdare ;les chants Suerrlers
de Tyrtée se sont conservés en toiit ou eu
partie; !a fin de cette période offre les sept Sages
de la Grèce :Solon, Tlialès ,Périandre , Pittacus
,Bias ,Cliilon , Cléobule, et les premiers
fundaieiirs de la philosophie grecque, ainsi que
les gcrmes de cette splendeur iiite!lectuelle qui
a fait des Grecs le premier peuple de i'ancien
monde. .
(Fondation de Rome 754 avant J.-C.; du monde, 3250.
Sous lc rapport politique, l'Italie était destintre
à offrir le premier. peuple de cette même
époque. D'anciennes migrations de peuples primitifs,
tels que les O&uotes, les Ausonie~s, les
( 28 )
Sabelles, les Tyrrliéniens, les dmbres, les Sicules,
y sont difficiles à démeler, ci les traces des premiers
âges de l'histoire roniaine, se trouvent
dans Ia fable et dans la poésie. Au iiioins la poésie
nationale traduite en prose et en Ilistoire,
peut-elle aider i decouvrir les événemens de cette
eyoque de I'liistoirc des Romains. Le peuple le
plus civilise et le plus puissant avant les véritables
Romains, fut celiii des Tyrrlréuicns, nommés
ensuite Etriisques. Letir religion, leur constitiition
et, en général, leiir civilisation, influèrent
piiissamnient SUI' Ronie, qui fil t regcirde'e
elle-même, comme iinc colonie d'Albe; celle-ci
doit son origine à Lavinium et à EnCe. On aime
à oriblier Amrilius et Nrimitor, rois d'Albe;
Hliea Sylvia, la vestale; l'aventiire iniraciileiise
de Romiilus' et de Remils , ses fils, sauvés par
ilne louve, pour ne s'occuper que de I'importance
dont frit par la sciite 1'Etat romuiti qui,
différent de tout aiitre état avec un coiiiirieiicemeut
pres iie imperceptible, s'est dévelol)pc' au
point de Qominer le monde ancien ; en eret
d'un espace qiii avait à peine deux milles can-és
et 4000 d'llabitans, il a atteiut l14nornie étendiie
de 130,ooo milles carrés et prés de ioo,ooo,oco
J~abitans répandus dans trois parties dii monde.
Rome depiiis sa fondation (734),3t gouvernée
endant 245 . ans, ar sept rois.: I\oiririlus,
Kuma PonipiIiris, Tufius ~ostilius, Ancus MWtius,
Tarquin-l'Ancien, Servius Tulluis et Tarqitip-le-Superbe.
Durant cette période eurent
lieu prescliie tous les combats, ayant pour objet
I'açrandisseinent de I'Etat, l'iiistitution du sénat,
celle des patriciens, des cllevdliers, des plébéieiis,
la dis~ribution clit peilple en tribus et en curies
ppur les assemblées d,u peuple, en centiiries,
quant à la fortupe ; ;ilors eut lieu aussil'iqstitii-
( 29 )
tion d'une religion de l'état, de la faciilté d'hériter,
la constriiction des cloaques, des aquédiics,
dii forum, dii cirque, et déjà à la fin (le
cette pdriode, la ville ailx Sept-Collines fut con:
sidérable, et du liai~t di1 capitale il ne fut 1:liis
possil~le tlc iiiesurer l'étendiie de toiit le territoire
roniain. Le rapt des Sabines, lecombat des
Horaces et (!es Ciiriaces, la destriiction d'Albe,
la longiie, et en général la ferme volontd de faire
régner le droit dii plus fort, aiclèrent l'état naissant
à fonder on existence et à la maintenir victorieiisement.
Ainsi .(.ette preinière p6riocle de l'liistoire iiniversellc,
présriite déjà l'imege dii nioiivemeiilsocial.
(lu tl&veloppt~irient siiccessif et vai-id auxqiiels
le geiire Iii~main cst appelé.
Des ét:its >e fondent, il se fait {les inventions ;
on essaie toiites sortes de nianières devivr e, qiiantl
le nioude p;iriiît être encore dans I'eiifanc'e. *Et
poiirtünt Ir déveioppemc~:t rapitie de cr qiii a
précétlé, fair coiicliire ce qiii arrivera dans la
ia suite. To'iitr les forces intellectitelles. celle;
(le I'iiidivitlii comine celles de la géiiéralité. seront
employr'es pour atteindre le biit (le l'liiiiiiaiiité
eii~iGi.e ,le conil~lzt dt:vciopoeinent (le
toutes les faciff~&s (le l'lioiiiiiie. Et qiie serait devenii
le genre Iiriirinin sans le moteiir puissant, le
plus efficace, l't sprit , l'intelli;;ence?
DU MONDE
.. ANCFEN. ,
i . l
CHAPITRE II.
De la fondation' de l'Empire persan jus u'à
Alexandre-le-Grand. (560 à 356 avant J.-GI.) .
Le chaos dit monde ancien se débroriille ;les
élémens de l'histoire deviennent plils distincts
et se lient plus facilement; les sources hisloriues
deviennent arissi plus claires et plus abonlantes.
Les circonstances s'agrandissent ; il y a
un royaume universel dans les trois parties du
inonde ;les Grecs sont à leur époque la plus brillante
; Rome marche 5 pas de géans dans la carrière
des conqu4tes. Mais l'Asie est encore le
théiitre principal de l'histoire,
(Cyrus ou les ;luifs rétablis; Se âme du monda; Sr5 ans orant
J.-c., du mon%=3468 1. ' *
Au sud de la Médie, très puihnte aii commencement
de cette période. se trouve le pays
montagiieux de la Perse que la Rlédie avait conquise.
Astiages, roi de Médie, ayant donné sa
fille 5 rixi liornme de cette province, ordonna siir
l'avertissement d'lin mauvais songe , de faire
mourir Cyrris issu de ce mariage. Sauvé miracu-
1eii;ement (commencement ortliiiaire d'hommes
devenus par la suite célèbres, de fondateurs d'états),
Cyrus grandit, devint le plris hardi de ses
camarades et vit avec douleur ses compatriotes
persans sous le joug des Mèdes. Il n'avait peut-être
méme pas besoin de donner à ses, compatriotes
nomades le choix entre le jour du défrichement
pénible d'un champ et celui du lendemain, csnsacré
un festin jo eux, pour inspirer à ces coiirageiia
montagnarjs, le désir de s'affranchir. En
560, Astyages succomba dans la bataille de Pasargada
, et la Médie. reconnut Cyrus
chef. Celui-ci se toprna ensuite vers la
plus grand état de L'Asie-Mineure, sous la domination
de Crésus, beau frkre d'bstiages. La folle
confiance de Crésus en ses trésors, dont n'avait
PU le guérir le sage avertissement de Solon, et la
foi aveugle qu'il ajouta à l'oracle ambig9 de Delplies,
ne se dissipèrent que lorsqu'il fut vaincu et
lie, prisonnier, il allait expirer sur un bûcher à
lardes. Cyrus ilors lui fit grilce de la vie. Par la
cliiite de la Lydie, les Grecs de l'Asie-Minetire
fssèi-ent ausci sous la doniinaiion persane. Les
hocée~iseuls s'exilèrent et passèrent à Massilia
( Marseille ), où ils transportèrent l'olivier et
la vigne. La prudence inspiré2 par ilne politique
mercantile, porta les villes p léi~iciennesà se
soumettre volontairement. Babylone fut prise
par le détournement de 1'Euplircite qni la traversait
( 556) et tous les pays de la partie antérieure
de l'Asie,. jusqri'i l'Arabie, tombèrent an
ouvoir de la Perse. Alors se termina aussi l'exil
Eabylonien de; J iiifs,qui avait duré 70 ans ;mais
les lus pauvres d'entr'eux seulement profitèrent
de k permission de Cyrus pour retourner dans
leur patrie. Toiitefois le dominateur del'Oxus et
de 1'Iiidus jrisqu9à la Méditerranée n'était pas
encore satisfait. Les peuples nomades du centre
de l'Asie, enricllis par 11: commerce des caravanes,
fixèrent l'esprit con uérant de Cyrus.
biais il succomba à la perfilie d'une reine des
( 32 1
Mcssagktes, nomm'ée Tomyris;qiii, à ce qu'on
dit, lui fit tranclier la tête et la fit niettre dans
ilne oiitre rem lie de sang, en disant que la tête
(le cet insatiabre de sang, s'en assolivisse ( 529 ).
Canibyse, son fils, régna après Iiri jiisqil'en 522.
Conqtiéraiit comme son père, il fut le meurtrier
de son frère Sniei-dis, roi (le la Bûctrie, dont il
convoitait la possession. L'Egypte devint sous la
domination de Psanimenit une j)rovincr persane.
et la caste des prêtres, soiltien de 1'Egypte.y fut
le plils mnlti-aitée ( niissi représenta-t-elle pliis
tard Cambyse à HP1 odote sous les coiileuru les
pliis désavan tagciises) ;TIihht!s frit dr'trriite, mais
son plan contre la Lvbie et llEtiiiopie &L~IO~I~
complèteiricnt. Une téutative de? Rlages (le plncer
siir le trône (111 roi trés éloigné, iiu iàiix
Smerdis et de rappeler de noiiveaii ail limoii des
affaires les Rlèdes et siirtoiit lem propre caste,
obligea le roi à revenir bien vite sur ses \)as.
Mais );ir iml)riidei:c-e il s'riifonca sa propre ép6e
dans le corps et rnoilrut. (i'eptlnilaiit 19inspeetii>n
des oreilles coiipécs dii fails Sinerdis fit bientôt
décoiivrii. I;i foiirl,e, et des sept Per3es qiii le renvcrsèreiit
il y en eut tin qiii. par Ir Iiennissenient
de son clirvel (1). inonta siir le trôrie (le Ciiinbyse
; ce frit Dariiis, fils d'Hystas1)c:s ( ,331 ); il
donna une constittition à vcAt ilrimeuse état; il le
divisa en vingt Satraliies, le ~)otii:vi~t (le revtBnus
régidiers, In pliipart en inetaiix ))réc.ieirx lion
tr:ivaillés et en tl';tiltres protliictions riiicipales
des provinces et fit ailssi fraplier (lel>a niouniiie
d'or ( Dnriques ). Diirius iiussi étendit l'empire
(i) Il fut convenu entre lrs 7 Perses que celui dant
Ic cheval hennirait le premier deviendrait roi,
.(S3) *
en y ajoutant la Tlirace et la Riacédoine : son
entreprise contre les Scythes manqiia; il ajouta
6.galement aiissi à son empire une partie (Ili pilys
situé vers 1'Iiidris et il cliâtia les Grecs de l'Asie-
Mineure qtii soupirai~ut 11prl.s l'indépendance,
el qiii, sou tenirs par lc!irs co~iipatriotes (I'Eiirope,
avaient rléjj bi-ûle Sardes. Poiir- se-veii;5far
de cet appui prGtC contre lui, il envoya Rlnr(10-
niiis avec irne flotte et iine arriiée cSontre Iü Grèce
(49a ); mais M;irdoniiis arrêté pqr les tt.mlbGtes
el par les Scvtlies, ne JII IL :tlleinclre In Gréce. Une
set*on(le expédition socis In roniliiite cl5 Datis et
(l'Artapliernes et coiiiiiiand(:e par Hippias. Grec
erild, ~~arvint à I:i \rerite ( 490) à tlétruire Eretrea
dans l'île d'Etibée, i>i:iis ii fut J~a~tii eii retv-aite
près (le Mirrat\ion par les Xlli6iiiens sous la conduite
de Blil tiatles. t'etidiint de nouveSiiiu préparatif..
coutre la Grèce, 0;irius moiiriit, et Xerrès
sot1 fils Iili siiccédn (486 à 465 >.A la giierre nationale
contre les Grecs, coucoiii~irrent envitson
deux niillions de combattans de pliis de einqtiaate
~~eti~les, dont les noms ont dispürii desr
cartes niotlerries: iiiiiis i'exj>étlition fiit ari.êtée
près des Tliermop~ les et dlArtéiriise et empêcliée
d'agir par terre coinine siir mer. Les Perses parvinrent
bien à brUler Atliènes (lélaissée par ses
liabitans, mais ils éclioaèrent dans la cornbat
naval de Salamis (fait d'arines brillant de Thé-
~ilistoclesen 480); alors le roi inquiet du pont
qti'il avait fait jeter sur I'Hellespoiit, prit la fuite
l)récipitninmeiit. Les trotipes laissées sous le
commandement de Mardonius, fiirent battues le
meme jotir par terre et sur mer, par Pausanias
et Aristides (479). près de Platée et de Mycale.
Celte guerre inallielireuse, ce règne faible et le
règne aussi faible qiii le suivit, la succession 3rreplière
au trbne, même I'éteiidtre de l'empire,
( 34
où les gouvernelirs éloignés des capitÛles commencèrent
à se regarder comme de petits rois et
à se! révolter, enfin la mauvaise organisatioti des
troupes, tout cela contribua visiblement à 1i3tt.r
la décadence et la chute de l'empire qui avait
bien quatre villes capitales, .Ecbatane; S~ise, Babylone
et Perse]>olis, mais où il n'y avait ni unité,
ni obéissdnce, ni bonne constitution, ni sage administration,
quatre conditions nécessaires à la
prospérité de tout état. Ajoutons que Persepolis
etait le lieu de la sél~ulture royale et que l'éloi-
gnement des quatre capitales donnait à la cour
qui y séjournait alternativement ilne véritable
existence nomade. Xercès tomba sous le fer
d'un assassin, et les règnes suivans ne firent
qu'accroître la décadence de l'en1 ire. On fut
obligé d'adopter un système de Béfense et de
corruption'poiir se narantir d'un pays aussi-peu
considérable que ceyui de la Grèce: la Perse fut
> peine capable de maintenir dans le respect
l'Egyp te et quelques autres satrapies, et dans la
guerre entre les deux frères, Artaxercès II
contre Cyrus le jeune ( roi ) , il y eut même
lo,ooo Grecs qui combattaient pour ce dernier
à Kunaxa et qui sous Xenophon se retirèrent
presque sans perte, .par un trajet de 300 milles
au milieu d'ennemis victorieux. Un peu pliis
tard un roi de Sparte, Agésilaüs, allait détruire
tout l'empire perse, si des guerres, suscitées
dans la Grèce par l'or des Perces ne l'eussent
fait rétropder. Déjà plas d'un roi persan ne sut
se maintenir qiie par le massacre de toute la famille
royale, et plusierirs de ces rois moururent
de mort violente. Mais l'heure suprême sonna
pour la Perse d&s que la Grèce n'obéit plus qu'à
un seul chef.
L9Inde,la Chine, laPhénicie, l'Arabie par
I t 35 )
kduCuè par des hordes nomades et habitée seulement
du côté du Sud, aucune de ces diverses
contrées n'offre un intérêt quelconque pendant
toute cette période. Les Juifs seuls, sous la do*
rnination persane, méritent d'être mentionnés.
Leur état dsjà faible, fut encore déchiré par
leurs clisputcs contre les Samaritains, disputes
qu'entretenait l'intolérance religeuse. Ils parvinrent
enfin à bâtir un temple a Jérusalem ;le
grand pontife qui le deservait devint en même
temps chef du pays. Esdras et Nehemie renouvelérent
la constitiition mosaïqiie. Dans des situations
s0uver.t désespérées, ils n'a~tendirent
pas avec moins (le confiance le Messie annoncé
par les prophètes, qui mtmc dans l'exil continuérent
à l'annoncer. L'Egypte ne cessait pas
de faire des efforts, souvent heoreiix, polir se
rentire intlépendante des Perses. Cependant
Carthage, éloignée des conquérans persam qui
p'otilurent en vain envoyer ilne flotte contre cette
colonie, gagna eii étendue territoriale, et comme
le commerce des Pliéniciens soiiffrait beaucoup
du joii;. persan, les Cartliaginois s'en emparèrent.
Iis s'&Mirent en Espagne, livrèrent en.
530 aiix Phocéens'la première bataille dont parle
l'histoire, firent en 509 un traité de commerce
avec Rome et devinrent les maîtres de la Sar-
,daigne, de l'Afrique et d'une partie de ln Sicile.
biais roulant s'emparer de la Sicile entière, ils
commencèi ent dès 480 des guerres qiii continuèrent
long-temps contre les Syi-aciisains et notamment
contre Gelon, Dionys I et Dionys II
(lui leurs ripostèrent vigoureuseinent. Timoléon
le corintliien qiii avait sacrifié son propre frère
la liberté de Syracuse sa ville natale, protéqea
cette ville à h fois contre le deSpatirme de Ihonys
II et coutre les Cartt~aginois.Le tribunat
( 3s )
des cent veilla dans Carthage 'po~ir , le main tien
de la constitution aristo~ratiq~ie.
Le periplc grec s'offre à nous dans ses nombreux
petits états, pendant cette période, soiis
un aspect beaucoiip pllis brillant ii'aiicrin autre
peiiple de la même époque. biioiqiie son
pays fiit benucoiip plus petit qrie la moindre
satrapie persane, il avait glorieiisement combattu
l'immense ariliée persane, et niontré ce dont est
capable le patriotisine ilni à rine graiide stipériorité
intellectiielle. Les Grecs souvent désunis
entre eux, envisageant diffGreminent la constitution
qui convenait à leur ,pays; Atlitnes et
Sparte étant toiijoiirs en riva ité et voulant cliacnne
Gtre h la tête de la Grèce ;ces mêmes Grecs
Ctûient cependant toujours iinis contre l'ennemi
sommun, contre l'ennemi (le leur atrie. Ifs
étaient dignes de vaincre, car ils ne clercliaieut
pas alors sciilement à comb;itti.e l'ennenii, rniiis
iIs savaient encore dompter letirs propres passions,
et c'est à tort qii'on ne nomme qiie qitelqiies-uiis
de leurs Iiéros; c'était lin peiiple de
jiéros, ct c'est l'esprit cle tous qiii protl~iisit la
victoire. Aiissi hliltiade, Tliémiçtoclcs, Aristides,
Cimon, Léonidas, et Pniisanins avant clii'il n'eût
trahi sa patrie. furent-ilsplti tôt les coryphées de
l!liéi.oï+me i,ational qr!e des Iiéros pi-oprement
nits. Ces mots : (C Va, voyagerir, dirc à Sparte,
qsie noils sorrimes inorts ici pour avoir obéi à la
n, devraient encore niljoitrcl'lilii , aprBs
vingt-deiir siL:cles, retentir daiis l'espr!t de toiit
grierrier et de cliaqrie citoyen. Rlais de mènie
c ue la véritable grandetir ne se manifeste tjue
Jans ie mallietir, I'esprit de l'indiviilu, cornnie
celui des e1iple.s entiers, se porte, dans le bon-
Iieiir, beircrncnt i l'orgueil. En effet, la jalousie
entre Sparte et Athènes devint, après la conclu-
( 37 )
sion de la pix, dé plils en plus envenimée'. CIIBciin
de ces deux éiats votilait s'arroger la siiprématie
siir la Grèce entière ;et si Ailièiles pouvait
mettre dans la balance ses flottes, sa fine
politique, ses, ricliesses et sa .civilisation pius
avancée, Sparte, de sonocôté, avait à faire vnloir
ses troupes 1,1ris aguerries, sa fermeté et sa politique
droite et conséciiientc. Car comme à
Athènes c'était le periple qiii goiivernait, l'esprit
piiblic fut dnns une fluctriation continuellc, et
c'est cet esprit changeant qiii fit souvent condamner
I mort oii exiler par l'ostracisme, conime
dangereiia h la liberté, les ineilleurs généraux et
les politiques les plus ( onsommzs ;et l'approbation
popillaire eut souvent pliis de part à ces
décisions importantes, qii'un véritable avantage
nation;,l. Les Athéniens agirent aiissi souvent
arbitrairement avec leur; alliés. Aiissi la fin de
ces diffërens frottenleng entre Atliénes et Sparte
fut une giierre sanglante où presqtie toiis les
Grecs prirent part pour l'iinc ou ~~~~~~~~e partie.
Li~_~rrerre de 27 ans ou la giierre du Péloponèsc
(431à 404)~h la sriite de *légères coniestations
entre Coi:iiitlie et Corcyre, n'&tait ail fond qri'itn
combat entre l'aristocratie et la démocratie, partis
criii s'étaient formes dans presque toute la
Grice, et ce combat se termina, contre toute atlente,
l)ar l'anéantissement de la démocratie et
la ruine d'Ath6nes; l'opinion parut se confirmer
(lue le gouvernement popiilairc cst moins stable
(lue celui q~ii est dirige' par les hommes les plus
(clairés et les pltis considér6s. Au commencement
de cctte guerre, AtllGnes avait toritefois
encore PériclZs, véritable modèle d'homme POliticlne
d'ime r&publiqiie, embrassant dnns sa
vaste conception jrisqii'a~ix moindres détails des
affairesde l'état, réfléchi dans la bonne foi tiinc,
4
ine'branlable dans la mauvaise et-cachant au pètia
ple. le dessein de le dominer, niais remettant
sans cesse aux yeux de ce m4me peuple lc degré
d'élévation oh il l'avait amené. Rlallieureuse~
ment, ce profond politique devenu vieux, donna,
au commencement de la guerre du Péloponèsc,
le, cocseil d'adopter un système de défeuse sur
terre, et d'attaquer sur mer. Alors pres(jile tolite
la population du plat f?ys de l'Attique se pressa
dans Athènes et dans intervalle des longs murs
di1 port, parce que 1esSpartiates ravageaient r4-
gulièrement tous les ans le plat pays. De là, trop
grande açglomeration de peuple, et partout fitpiine,
et enfin une effroyable peste i1nqiiellcPéi.iclès
lui-meme succomba; il mourut en 429. Un
tanneur, uonimé Cldon, parvint, bientôt au
moyen de sa voix clesleutor, à coacluérir l'infliience
qu'avait eueP4riclc's ;il s'en servit pour porter
le peiiplc aux mesures les pllis acerbes coutre
des alliés devenus infidéles; cependant, dans un
cornbat yr&s d'Ainphipolis, il eut le bonheur
de tenir t4te au géne'ral spartiate Brasidas. On
conclut ilne aix dç cincjuante ans , mais
Atlsoes eiit afors pour elief Alcibiade, favori
et disciple de Socrate ; ce chef employa ses
grands talens
us à sa propre éIévûtion que
dans l'iutérit $ l'état; il ne croyait pouvoir
avoir de l'importance c[ue dans la guerre. Par
son éloqiience , Alcibiade parvint à engager
les Athéniens d'envoyer di1 secoure aux SGgestiens,
en Sicile, contre les S raciisains, ou l lu tôt
conquérir la Sicile. Une Hotte hien équipée se
rendit à cette destination sous la conduite d'Alcibiade,
de Lamaclius et du prudent Nicias.
Mais Alcibiade, accusé bientôt apr& par ses
ennemis d'avoir nuclacieiiscment mutilé cles sta-
$lies des Jicur ,fut rappelé; il se rgfuçia a~ipres
(39) .
des Spartiates qu'il excita à rompre la paix
cemment conclue avec les Athéniens. Alors les
Spartiates à leur tour se pourvilrent d'une force
navale et détruisirent complètement l'armée
athénienne en Sicile. Ils fortifihrcnt en mime
teins Decelea, bourg voisin &Atli&nes, et négocièrent
gnêrne iine alliance avec les Perses qili
n'eurent pas i'liibileté de profiter de la sanglante
désunion des Grecs poiir tirer vengeance de leiirs
précédentes (léfaites. Cependant Alcibiade parvenu
à. passer aiiprès des Perses, vint à bout &?
se faire nommer chef de l'armée athénicnne~
Avec son retour
cette armc'e le bonheur y retoiirna
@alement, et ce filt niaintenant aux $partiates
à demander la paix ailx Athéniens qui,
énorgueillis par In victoire, ne la leur accordérelit
as (4 i O). Comme pendant l'absence d'Alcibiade
% floite atliénienne avait été battue par I'ysan-
dre, Alcibiade, poiir acliapper à la frlreur di1
peuple, se vit obligé de se c~ndamner à un exil
volontaire, et les Athéniens, malgré cjiielcjues victoires
partielles, virent cnfin leur force navale
anéantie par Lysandre dans une victoire qiie ce
dernier reinporta sur eux aiiprès ti'Bgos-Potamos
(fleul-e des Clièvres) près de l'Hellespont
(44. Les alliés d'Athènes fiirent snbjugués ;
Atliènes fiit assiégée en 405, et se rendit parcapilulntion
aiix Spartiates (404) qui, non-setilelneiit
abattirent les miirs dlAtliènes et emmenèrent
~oiis les vaisseaux de guerre à doiize prhs,
inais ils reinplacèrent aussi la démocratie qii'ils
avaient en haine par une oli~~rcliie de trente
tyrans ; le go~iveriieinent tyrannique de ces der-.
niers fut renversé l'anne'e sriivnnte par Tlirasybrile,
et la constitiition foudée par Solon en
~l*it la place. Mais on ne put rendrc à l'état que
Son apçiease forme, inais ilonlui rendre son as-
-(40)
-cien esprit. La plus belle périocle d'Athènes ful
à sa fin; cet 6tat cessa de fleurir et n'a p11isdeiiis
cette époque joué de rôle important dans
histoire. Jetons donc encore un coup-d'oeil siir
la période florissante d'dtliènes sous Périclés.
Athenes ne voulut pas seulement, comme Sparte
et Rome, primer par les arnies; elle connut et
voiilut avoir une gloire plus brillatite: iine civilisation
plus avancée. Aussi parvint-elle par là à
iine supériorité d'esprit qui survécut loug-temps
à sa piiissancc politique, puisque même Nérou
frit jaloux de l'approbation du pciiplé artiste
d'Atlihnes. Comine toute l'rxistciice y fiit piibiique,
c'est i la viz publique aiissi qu'on y
donna le plus la splendeur la plus éclatante. Les
liaiics, les péristyles, les théâtres qiii contenaient
30,ooo âmes; Ic botq avec ses aradius
et ses propylées ;le Partlienon ou le temple d'Atlihnes,
voilà ce qiii excita l'adniiration cle l'étranger;
et la statue colossale de Minerve s'c'levait
majestueusement aii-dessus de la mer et dc
tout le pays, comme pour indiquer la suprématie
du peiiple atliénien. Mais Atliènes possédait
aiissi Pliitlias qui savait sculpter des statiics telles
q!ie celle de Minerve ct celle de Jupiter olynipien;
cette dcrnihre était liaute de 50 pieds et
faite d'ivoire et d'or ;il y eut Polygnote, Praxiitles,
Lysippe, Polycfbte, Zeuxis, Apellcs, Pari-liasius,
qui alors produisaient des cliefs-d'cieiivre de
sculpt~ireet (le peinture: c'e'taieut des Grecs,
c~tioiqu'ilsne fussent pas toiis d'dtlitnes et c;ii'ils
n'existassent pas toiis a la mGme époc~iie.Les trage'tlies
d'Escliylc, de Sopliocle et d'Eiiripitles faisaient
accourir en foule le peuple au théitre à
peine assez grand pour le contenir ;les comédies
coiniqiies OL~mordantes ii'Aristopliane produisirent
le m2me effet, La tribune atliénienneprd-
( 41 1
sente avec orgiieil Périclès, ciont l'6loquence fut
foudroyante ; Nicias, Lysiac, Isocrate, Escliine
et Déiiostliènes parlèreut devant le peuple souverniil,
devant qui He'rodote, dit-on, eiit la permission
de lire son ciief-d'œiivre d'liistoire, He'-
rodote, le premier de ce grand triumvirat cl'liistorieiis
qiic cornposèrent avec lui Tliucyditles et
Xénoplion. Ainsi I'Athériien vit devant et aritour
de lui cc qu'il y avait de pliis grand, et apprit
à vivre pour sa patrie pendant que le Spartiate
apprit à peine à mourir pour elle.
La pl~ilosophie des Grecs, commentant par
Tlialés et les Ioniens, occupée de la coiite~iiplatioii
de ln nature cliii, cliez les pytliagoriciens
dansla grande Grèce, avait pris une consistance
plus fixe et pliis de'terininee, cette pliilosopliie
est encore ertime'e aiijoiird'iirii par les moyens
~i'elle offre d'esplicper la cature cles clioses et
18 troi~ver le bien siipréine des Iioinines. Si les
ropliistes se permirent des c'carts, Socrc~ie sauva
la pLilosopliie coLniiie Tlirasvbrile avait saur4
l'état. Socrate, le plus parfait des lioinines, dont
la vie fiit niissi piire que la mort fiit ~rancle ,
etit l'art de cl6velopper oit jilutôt (le laisser sc
(16velopl,cr les facultt.'~ de chaciiii de ses disciples,
et c'est ainsi que les di;Téreiis systèmes
~Iiilo~o~iii<~iies yiirent se faire joiir. C'est cet
ioiniilc stiyérieiir que le 1>eiilile, toujoiirs Facile
;exciter, sédiiit par les enneniis et les cnvieiix
dii grand homme, foi-$3 en l'an 400 à toii-e la
cigu~. Le paiivrc Aniistliénes, chef des cyniqiies
dont fit partie aussi DiogGne de Sinope, cliercha
le souverain horilieiir dans ln privatioii et
dans l'impossible dessein de n'avoir pas cle besoins;
Aristippe le riche, ainsi que l'ecole cyré-
?laïque,clicrclin ari contraire le lionlieiir tlans la
Io11issance; Zénoa le stoïclue, daps l'inseniibi,
( 43
lité contre la douleur; Pyrrllon le sceptiqiiep~it
traiiquillemcnt voir Anaxarqiie enfoncé dans un
marais, parce que ce fait ne lui paraissait pas
certain; E«c4ide, avec ceiix de Mégare, ne pnriit
pouvoir exister qu'en combattant comme dialecticien;
Epiciire, qiii valait mieux que sa morale,
crut trouver la f6licité clans l'absence de la douleur
et dans l'illusion du plaisir erte'rieiir. hlnis
c'cst Socrate qui, dans la personne dii divin Platon,
attira le pliis de disciples; Platon qui, dans
son école Je l'académie, et appelé par cette raison
l'académiqire, sut ramener I'liomme, à trnvers
tolites les vicissitrides des clioses, à Dieri,
source de tont bien, de la vérité et de la beauté.
Socrate fut encore lionoré dans la personne d'Aristate,
fondateur dc l'école péripate'ticiennc ,
qui fit beaucoup dc cas de l'expérience, comine
soiirce exclusive de la connaissance, et qui fit de
grandes reclierclies sur 1:i nature, siIr l'esprit
Ilumain et sur la répiiblique , recherclics qui
existeut encore en partie.
Sparte se trouva pendant qiielquc temps à In
tête des Grecs; maispendant qu'Agésilas, un dc
ses rois, combattait vaillamment en Perse, Sparte
fut à son' toiir attaquée par queic[iies états grecs
et forcée d'accorder, par l'entremise d'Antalcidas,
en 387, une paix avantageuse atir Perses.
BientOt après aussi, Sparte, qui avait injiislement
envahi le bourg des Thébains, fut contrainte (le
1e11r cCder la domination dans la Béotie. Deus
lionimes de Thébes, Pélopidas et Epaminondas,
~)arvinrenten 378, non-seulement k (le'livrer leiir
ville natale, mais à l'élever à iinc haiiteur remai.q~iable.Les
batailles de Leuctre et de Mantinc'e,
conduites d'après une tactique noiivclle,
en 371 et 562, reiiverskreut Sparte (le.la haiiteur
P lac~uelielle s'étai1 Clerée ; mais ThCbes iirissi
( 43 >
fut entsaîn6e dam In chiile dcs Iiommes qui l'ad
vaicnt élevée ; car I'c'lopidas succomba en Thessalie,
et Epainiuondas prCs de Mantinée. L'inipuissauce
des partics belligérantes produisit la
paix et la liberté. Rlais l>ientôî celte liberté impuissante
devait faire place à lin esclavage général
qll'allait imposer à la Grèce un liomme irioitié
çrec lui-mêiiie.
Au nord de la Tliessalie, la RIacédoine s'était
peu à peu formée (813); faible à SR naissance,
deveiiiie libre di1 joug persan par suite
de la bataille cle Platée, la Macédoine parvint
après le déclin de la grandeur de Thèbes à
avoir I son tour un roi; c'est Philippe (550 à
356). Pliilip~e, poussé par l'ambition, ne dédaigna
aucun inoyeii d'étendre son état et de le
rendre plus puissant ; il soumit les Illyriens, les
Paconiens et les Thessaliens, grigna les riches mines
d'or de la Tlirace, et dirigea ensui te sa politique
à sotirnettre les Grecs. II ne xii,l'g -lr 1 ea rien
pur s'immiscer daas leurs affdires; il opéra d'aord
par la corruption, et il disait orclinairemeut:
a Il n'y a pas clc mur trop &levé polir qu'iin $ne
chargé &or ne fuisse passer par-dessus. r Nallieiiretisen~ent
cs Grecs l'attirksent cun-mêmes
dans leurs üff'tires, en coinmeu~ant(357) les
guerres sacrées contre la Pliocille et puis contre
les Locriens 3 cause des clinmps et des trésors
@Apollon de Delphes. Envain Déinostliènes, dans
sespliilippiclt~es, tonnait du liant de la tribune nationale
polir avertir les Grecs de se preserver de
l'intcrvsntion de ~1iilil)pe ; ses atlvers:iires, corrompiis
par l'or dii roi macédonien, s'a pliqukreut
i maintenir Atlii.oes dans iiue rnalteiii.eirse
illusion. Et quand les Grecs virent le danger de
leur position, il fut trop tard. Philippe avec sa
formidable phalange macédonienne arraclln en
( 44 1
338 la victoire c!e Cliéronnée sur les Grecs re'unis,
et parvint à se faire noinmer à Corinthe, sinon
le chef, du iiioins le géneral en chef de toiis
Jes Grecs contre les Perses. Assassiiié, il fit place à
un pliis grand despote (336),i son fils Alexandre.
I'endaii t que la liberté grecque succombait
ainsi, ln liber16 roninine se développait. A cette
époqae le Soiiverneinent de Tai.qiiin-le-Siiperbe
fit uaître à Rome, siii-Lou t cliez les Patriciens, nne
haine implacable contre lui ct sa faniille; et
lorsqiie son fils Sextiis eiit désl~onoré la chaste
Lticréce, que celle-ci se fut tiiée pour nc pas s~irvivre
à son de'stioiinerir, le signal fut ciouné pour
la décliéance absolrie dii roi et poiir l'expiilsioii
de ça fainille. Lucius Jiinius Erutiis ,et Caj~is
!i?arcl~~iiliiisColIatin~is, remplace' bientôt par
P. Valéi-iiis Poplicolû , devinrent alors consuls,
et frirent revCtiis du pouvoir exécritif. Ce
por~oir &tait figiird pr,r 12 licteurs qui pre'céclnient
les consiils ct qiii portaic~it des f3isceaus7
des verges avec une Iiachc. Lcs Tnrq~iiiis tentErcnt
vaiiieinentl~lrisieiirs cssnis poar rentrer dans
llonie ct pour s'emparer (le norivean dc la (10-
ininntioii, eii ç'ap~iiyant de peiiples voisins ;Rrutris
liii-ni6nien1li&sita 113s à fairemourir ses deus
fils, coinproinis tlaiis iine corispiriition de ce genre,
et sriccoiiiba Iiii-m6iiie dans un combat contre
les Tarquins. Lcs lloinains étaient dignes de
In liberté parce ciit'ils savaient la défeiitlre. Aiiisi
Porsenna, roi de Clrihiriin, se rit arrêté nu pont
du l'ibrc et eiiiy%cilc' cl'eiitrer dans Rome pas
Horatiiis Cocles seirl, josqi~'à ce cjue pont fit
abaltri ; ainsi Rlr~cius Scérola risqua sa vie polir
trier Porsenna dans son propre camp, et en brûlant
avcc sang-froid sa main droite, il montra le
pen de cas qii'il faisait Je brûler sou corps entier,
De gqreiIs traits prouvent I'en\hausiasm(:
( 45
des Romains polir leur r6piiblique nristocratiqiie
nouvellement conq~iise. Car le sénat en tete
duqiicl se trouvaient les consuls patriciens, clioisis
tous les ans dans son propre sein, gouvernait
seiil; cepeiitlant dans les grands clarigers on noinmait
lin dictnteiir pour 6 inois; ce dictateur
avait droit de vie et de mort, et poiivait in&iiie
se mettre ail-dessus des lois. Ahsi leselatins fiirent
battus dans la mémorable bataille prés clii
lac Régilliis (501 ou 4 ~~6) par le dic tateur Aiilus
P~s~hriiiiius, et furent lorc6s (jerentrer dans l'alliance
des Roniains.
De seinblables coinbats se scnouvelnicnt toris
les mais, soiivent tolites les semaines ; les froutiércs
étant encore trop rapprochées, le désir
des conquêtes toujolirs égalelnent grand, et il
restait peri de tenips aii .palivre plébéien pour
se livrer b la ciillure de son cliainp dont le produit
devait yoiirtnut le faire vivre. C'est polir-
( uoi le piiis grand nonibre frit souvent contraint
de contracter des dettes huormes envers les patriciens
plus riches ;ceux-ci traitérent souvent
avec (lui-eté leurs de'biteiirs ;il letir arriva meme
~[uelquefoisde les séduire à l'esclavage. Soiivent
lc peuple se scfusa de se laisser enrôler et se Xetira
enfin tout-à-fait siir le mont sacré oii il init
:l contribulion le bien dcs pntricicns. oIeoenicis
AgripI>a, nii moyen d'une prirabole de l'csto-
Iuac üuc~uel les niembres araietit refiisc' lciir secorirs
et qiii avaient péri avec lui, parvint, à la
vérité à obtenir le retoiir du peiiple 5 Rome ;
mais il n'obtint ce résiiliat qne moyennant deux
et ensuite plusieiirs tribuns du peiiple inviolables,
clinrge's de défendre les intérêts popuiaircs
dans le Sénat, qui ftirent accorde's aux plébéiens
comme contrepoids constitutir~nnel contre I'infliicnoe
dc l'aristocratie. An moyen du veto L la
orte de la citrie, ces tribuns potlvaierit iiiva-
Eder tout sénatus-consulte prijiidiciahle nü peuple.
Les trièuns dri peuple contestèrent ensuite
à leur tour les prc'rogatives de la noblesse
et c~uelques succès lerir doiinèrent le COLIrase
d'insister peu à peu sur la cessation de
toute disiinctioia .entre le peuple et la noblcsse,
et même Sur les mariages entre ces cteiix classcs.
C'est aiiisi qu'ils citérent devant leur tribunal
Coriolan, le hardi conquérant de Corioli ,le patricien
C. Rlarciiu qiii n'avait voiilii clonner (111
pain au yeiiple affamé que contre l't2loigneinent
des tribuns; ils le contlauiiièrcnt b iiiort ; niais
s'étant retiré cliez les Volsques et les ayant
amenés devant Rome, il consentit à la prière de
sa m6re et (le sa feinnie, i les faire partir ùe li,
et trouva cliez les Volsrlries la mort 3 laqiiellc I'avaient
condainné les tribuns. Ceux-ci parvilirent
enfin 5 faire passer une constitution écrite, qui,
à la vérité, encore très-aristocratique , s'établit
p?r dix pairicieiis muriis d'lin pouvoir dic tatorial,
polivoir qu'ils prolonghent et dont ils abusèrent,
siirtorat l'iiii d'entre eus, Appius Claudius
(Virginia) (44 ). Cetteconstitution ftit écrite sui.
12 tables de cléne d'abord, et dc bronze ensuiie.
Cependant iine loi qui Vasa alors donna iin
graiid pouvoir ail parti popii!aire : cc fut ccilti
qrii eut pour objet de donner force entière :I
toute décision (lu peuple par tribiis et devait
par conséqiierit lier également le shnt et les patriciens.
La fin de cette longue contestation enlre
le peiipte et les patriciens fut que bientôt après
toutes les dignités de I'Etat plirerit Gtre remplies
p;w les plébéiens; le consulat y passa en 556, 13
dictature en 556, 1.1 censure en 331, la préturc
en 337, et le pontificat en 300. Déjh eu 445 les
corznubia patrûnr ÇUIJ~plebe avgient été obtenus*
i47 1
Les oiieti-es à l'extérieur cont;nua;ent tdribiirs.
$&es, ville étrusque, fut conquise en 395.
nu bo:~t de io ans, par le diciateur RI. Filrios
f am il le; là seulement les Romains se familiaris~rentarec
la vraie tactiqiie indispensable à faire
'des siéçcs; il; apprirent ce que c'est que des
campagnes d'hiver et accordèrent aussi une solde
aux çrierriers. Mais Rome elle-même fut bientôt
inenacc'e d'un grand danger par les @rilois du
riord de l'Italie, peuple valeiireiix qui sons
Breoniis, son gc'néral, avait attaqiié Clusiuin,
ville étriisque, et, provoqué par les Roinains soiis
les Fabius, se dirigea même sur Rome après la
clefaite complète d'une armée romaine près de
l'Allia (389). Il n'y avait pas de nouvelle armée
:iopposer aux Gaulois ; Crimille, accuse d'avoir
rnoxitré de l'orgueil dans son triomplie de Véies,
sc troiivait en exil, et presque tout le monde
fuyait Rome ou se rélugin dans le Capitole.
(21iatre-vingts vieillards restés à Rome frirent les
premi~res 1-ictimes 'sacrifie'c; par les Gaiilois
lors de leur entrée dans la ville. Les oies sacrées
de Junon ct RIaulius Capitolinus ayant fait
ninnqiier une surprise srir le Capitole, les Gaulois
~oiilurent, prendre par la faim ceux qui s'y étaient
féfii.gi6.s. Dans ce danger extrême, et lorsclu'on
allait acheter avec l'or In retraite d'un enuenii
!si redoiiinble, Camille s'approclia avec une ar-
InCe et battit avec une 'telle impetuosité les
'Gai1Iois, c~u'ils se sauvèrent en toute hite. Rome
avait &té brÛl6e par les Gaulois: le peuple voulliit
se retirer à Véies, mais Camille parvint h
[faireabandonner ce plan et Rome fut rebâtie.
RInllieureusement avec le rétablissement de la
ville revinrent aussi les anciennes contestations
entre le peuple et la noblesse ; ces contestations
finirent celiendant par pi-oduire l'égalit6 enire
( 48 )
cttir. 11 y avait un point sur lequel tout Ie mohde
il Rome fut toujours d'accord, savoir qiie I'Etat
devait conserver sa constitution répiiblicaine.
Manlius Capitoliniis qui avait contrib:ié à sauver
le Capitole ayant été accusé d'avoir reclierclié
pour lui-même la royauté, fiit précipité de la
rocfie tarpéimne (383), non loin de la demeore
cl'honneiir qu'on lui avait désignée sur le Capitole.
C'est alors qri'on proposa pour la preiriière
fois des lois sur Ic partage des terres publiques
et siir les dettes. Les exemples d'abnégation
patriotique furent commiins à cette 6po -
que. Un pre'cipice prodilit dans le forum par
suite d'il11 tremblement de terre, ue pouvant
Gtre comblé qii'nii moyen du dévouement de
quelqii'un, le chevalier. RI. Curtius s'y précipita
avec son clieval. Dans iine guerre contre les
latins, RI. Decius Mils, consiil, se d6voiia ?a la
inort, parce qiie, selon uii soiige qu'il avait en,
la victoire devait être le partage du peuple dont
le ~Ciie'ral niourrnit : corribattant avec acliarnement,
il s'élanca au milieii"de l'ennemi où il
périt, et il donna ainsi la victoire aux lloinains.
La constitrition cl'abord aristocratique et oppressive
devint iiisensiblemcnt iine d6mocraiie
tempérée et les oiivoirs furent convenableinent
clistribués. PenLnt In guerre où l'unit6 du cominandement
était nécessaire, c'était une monnrchie
; au sennt, poiir In direction des relations
ext&rieiires et les finances, c'était l'aristocratie;
dans les élections et pour la législation ,c'était
la .démocratie. Le tribunal était c0mpos6 de
consiils, après lesquels siégeaient les préteurs récernnient
nommés. Les questeurs, élus parmi les
plébéiens depuis 418, avaient le soin cie tenir
et de srirveiller les comptes du trésor public;
les Cdilesplébéiens et les censeurs étaient cliargés
( 49 l
dela police. Vers l'ab 400 unc légion était colri-
OS& (le 4200 fantassiils et de 300 cavaliers; il
y avait yne discipline sévérc. La rcligion c'tait
étroiteinent unie à la 'constitiition de 1'Etat , et
l'on ne poiivait 'cornincncer aucune entreprise
sans qii'on consultA~ les dicrix qiii inanifestttient
leiir volonté par le vol des oiseaux, par les entrailles
des animaux, etc. (aiispiciurn, hariispiciiim,
extispici~irn). Lcs dicux des Ronioins, la
pliipart ernpriintés aiir Grecs et :lux E~rusqiies,
araieut été latinisés : Jiipiter, .Trinon, Neptiine,
Minerve, Diaue, Afars, Vdniis, etc. O11 ne hisait
encore lc coinmerce que siir tcrrc ,mais l'agricuitiire
restait toujoiirs la preinièie sorirce
des ricliesses, et l'on alla clierclicr pour dictaleur
Cincinnakiis, qiii se trouvait derriEre sa
cliarrue. Les femmes romaines faionient ellesmbrnes
cuire leiir pain; dl1 vin était encore
qi~elquechose de rare, et JIecezie tua sa leinine,
qui avait bu do vin saus sa perriiission. Les étli-
fices piibli~s avaient seiils de I'crppareuce; les
habitations des particiiliers étaient encore cliétives
et soiiventn'étaicnt qiic de simples ccibanes.
On eut h Rome la preinicre rhoniiaie en 01. en
484 ; elle fiit appelée peciinin, de peau, parce
qu'on avait aiiparavaiit estimé In valeur des objets
d'n11rL.s la valeiii des animaux. Le prcmier
méridien fut invcnté en 461 ; auparavant un
lionune était chargé d'annoncer I'lieurc c1'al)ri.s
la projection cle 1'onibie:Les ~~reniières cornc'rlies
fiirent jouées par des coiriédicns étriisqiies polir
se concilier les dieiix npiès iine grande peste.
Les Ilornains alors pre'fc'raieut eiicarc faire des
actions que de passer le teinps :i écoiiter et b
regarder.
DU MONDE ANCIEN.
CHAPITBE III.
Depltis A2exand.e - le- Grand jttsqu'd Oclaotr
Auguste. (536 à 30 avant J.-C.)
Dans cette importante périodeliisioriquel'Europe
apparaît srir In scèiie (Ili nionde, et en
qiiclque sorte siir le premier plan <le l'liistoire,
lion-seulement , parce que depuis lors l'empire
d'Alexandre s'étend sur les autres parties connues
dit inonde; mais parce qiic Rome aussi
s'avance toiijours plus à devenir' lin état er;valiisseiir
, et aussi parce que dans les pays du
nord de l'Europe une vi8ouretise genération s'élève
;ghération qui liérite ensiiitt: Lie la civilisation
et de IR puissance de celle ciu sud. Alors s'élèvent
et s'éteignent des étais et de'jà semanifeste
doublemeiit cette~grande ve'riié, que des royaunies
précipitainineut re'uiiis par la conquete sans
lien central et sans Gtre agernlis par quelque
chose, ne formelit pas un ét:it ou un tcut complet;
une telle agglomériiti~n est de courte
durée, et les états qui la coinposent doivent
bientôt se de'siinir.
Dans la même nriit oii la fatale ambition porla
Erostibateà incendier le maguifiqiie temple de
Diaiie j. Ephgse, afin de reiidre son nom immortel
(et il l'est, mais couvert d'une éterudle
lionte) iiaqiiit (356) ~lesn:tdre-le-Grand,filsjde
Philippe ; Alexandre qui devint disciple d'Aristote,
qu'il Iionora pliis qiie son père, parce
que celui-ci ne lui avait donné quc lCt vie, tasdis
( 51
;jue celui-lh lai avait enseignd l'art de vivre.
e grand.s qualités signalèrent la jeanesse d'Alexandre;
il montra aussi dès-lors iiile ainhition
démesurée qui devait bientôt se trouver à l'élroit
clans le petit pays dc Rlacc'doine. Ayint dompté
Buc~~hale, lc jetinc liornme se larricntait de ce
l e son pérc ne lrii laissait ricn à coticluérir.
Mais son pére dii moins lui avait trb-bieii préparé
les voies, et déjà dans sa vin~tihine année il
devint héritier de la piiissnncc de son père et de
ses plans qui avaient siirto:~t poiir objet la Joinination
sur les Grecs et les Pcrscs. filais il fiillait
d'abord a niser son propre pays, souniettrc
de noilveau fcs Tlirnces, les Illyriens et les
Grecs, lescluels, après Ic terrible châtinient qii'il
avait inflisé à Tliebes, dont il ne laissa subsister
que la maison de Pindare, fiireut obligés de le
reconnaître aiissi poiii* général cil clief contre les
Perses. Toiitefois se irouvan t devant DiogSne le
cyniqiie qui était dans son touneau, il ne pu1
s'empGclier de dire ces paroles remarquables :
Sije n'c'tais Alezardrcje voudrais&ireDiog2ne ;
car le vrai meiidiant est souvent le vrai roi !
Alexandre ouvrit la campagne contre les
Tliraces (534), avec Ciaooo 1:omines ;In Tlirace
lui fournit la cavalerie, et il passa l'Hellespont
pour se diriger vers l'Asie-Rliiieure. La victoire
qu'il remporta prbs c l Grariiqiiefiit ~ ~ dc bon aiigure
pour le restant de la cainprigne et celle
qu'il reinporta prcs de 1'Issiis sur Dariiis Codonian
lui-inerne, roi puri digne d'dtrc le ilcrilier
roi de Perse, lui oiivrit I'Asic eotiére ( .!j?).
Alors le jeune héros se diriçe;t \.ers la Plienicie
où le siége et la conqii6te de Tyr l'arrêta se t
mois. Lors de son entrée cn Egypte par a
Syrie et la Jiidée qii'ilavait facilemelit soumises,
il assigna nii couiinerce de Tyr lin si6ge plils
. (5%)
consid&raùle,à Alexandrie qu'il venait de bltir,
Il se fit .ensiiite proclanier fils de Dieu par les
prêtres de Jupiter Ainmon, et se fit depuis lors
repi-ésenter avec l'attribut de celte divinité, la
corne, svmbole de la force. Après la concluête
facile de-I'Egyptc, il poussa plus loin dans I'inté*
rierzr de l'Asie, et n'ayant guére avec lui qiie
40000 lromiiies , il se trouva Arbelles ou Gaiigainela,
en 531, en pré'seiice de l'armée de
Darius, forte (le plus cle 5ooooo liomines. La
@alange macéclonierinq remporla encore ici la
victoire. Darius vaincu courut se réfugier vers les
frontibres les plus reculées de l'Asie. Babylone,
Suse, et menle I'ersepolis tombèrent au pouvoir
d'Alexandre clai conqiiit cn même temps des
trc'sors immenses. L'incendie. de Persepolis
éclaira la cliute de la Perse, car le malheui.eur
Darius succomba sous la perfidie de BeSsris, satrape
de la Bactrie; riiais Alexandre récoinpeusa
ar la mort la honteuse action di1 satrape re4
!elle ( 530). c4nce tnontent le Jaxartes forma la
frontière de la Macédoine. Mais si l'armce crut
la campagne termiliée, il n'en fut pas de même
d'Alexandre; car les pays aux mines d'or, situés
clans l'Inde, tentèrent son ambition. II croyait
aussi arriver jusqri'auxsources rlu Nil ;son entreprise
roinantiqueavait enoutrr:pour objet de 301~
Der pour liinite à son pays la Mer-Baltique. Biais
c'est préciséineut clans le nord de l'Inde qii'il
rencontra les guerriers les plus braves de cette
contrée : par exemple, Poriis et soli peuple ; et
malgré ses victoires continuelles sur ces redoutables
ennemis, iine insurrecliou qui éclata
parmi ses troupes près de l'Hypl~asis, entre
l'Inclus et le Gaiige, le forcn de rétrograder
Dooze autels très-élevés et des jeiis solcnnel~
institues en cet endroit, furent destinésà marqiie~
( 55 )
la frontière éloignée de 600 milles de la Mac&
doine. La retraite ne fiit passans danger ; il y
eut encore des enliemis à combattre et des bancs
(le sable à passer. Une partie de l'armée fit le
trajet en batearix, de 1'Hyclaspcs dans 1'Acésines,
entrant de la dans 1'Ind~s et gagiiant la
Mer, suivant [es einboiic1~11i.e~ de 1'Euplirate et
fernontant ce flerive jusqii'i Babylone (oct. 326
a f6v. 323). Depuis ce temps-là il y eut des 1-elations
immédi:ites d':iffnires entre l'Inde et Babylone,
particiiliéremei~t par le inoy en des nouvelles
colonies londet'es A cetie époque, et il y en eut
aussi avec Alexaiidrie e t la Grèce. La géograpliie,
I'liistoire natiirelle et I'etiiuo-apliie profilkrent
infiniineut de ces co~nin~~uicatioris; et Alexantlre
cherclla à gagner le cceur de ses sujets (le pliis eii
pliis, en respectaut leur religio:i ,en les rii6lant
avec les BIac&doniens, eii prenant les goiiver-
Ueurs civils parmi les naturels d:i pays, cl en ne
réservant aux 'nI;icétloiiie~is qiie le comm;iiidement
militaire. 11 entrait sans cloiite tians le 1)l:in
d'Alexatitlre (le joindre 1'Ai.nbie son empire et
de faire (le Baby:one la capitale tle tocit cet itnincnsc
einpire. Riais la iiiort vint srirpreudi.e
Alexandre ilii milieii. (le se.; phils giganiésqiics ;
il morlriit le 21 avril 325, bcûiicoup trop 16t
pour l'üff erixiissc~neiit d'un enipire arissi vaste,
alais presque ti-op inrd oiii. sa gloire. Le cont:tgieitr
despotisine ile hrieiit, ses ~inssioiis vives,
son irascibilité l'avaient porté à cies nctcs ct
à une manière de vivre prti couforincs ;iiix pïéceptesd'Aristote
et ii la siinplicilé macétloiiienne.
Ou connaît I'liistoire de I'liilotas et de Parinenion,
celle de Clilus, la inort d'Hcyliestioii; in cl&-
hariche avait pris cliez lui uu eiiil)ire pernicieiix ;
qnarr;inte convives btircut jusqii'it la uiorL dans
!tn fçstig, Et pourtant sa perte fut irréparabfe ;
1
( 54 )
de l'Indus au Wil, il y erit un monde en riiines,
sans qu'il se trouvit personne pour remplacer le
grand arcliitecte d'iin édifice niissi colossal! C'est
~i'il faut faire l'importante distincti~n d'Alexan-
Ire comme Iiomnie et rl'Alexai:dre coinrne politique:
comme lionime on peut lui adresser de
graves reproches ; il montra iiiie ambition insatiable
et une cruauté rdflécliie ;niais comme politique
il indrite de grands éloges :il a fait faire
des proçrès à la civilisation, et la mêine main
ui abattait des armées établit des colonies,
Ionna de sages lois, rutosouvent niaîtriser ses
passions et accorda une lionoral>le protection au
coinmerce, à l'industrie et aux lettres.
L'héritier (l'Alexandre, et par conséquent de
son einpire, ne naquit qile trois inois après sa
mort ; aussi en résulta-t-il entre ses nombreux
~énéraux,Perdicas, Léonnatus, BIeleager ,Antipater,
Craterus , Cassander, Polysperclion,
Antisonus et son fils Deinetrius Poliorketes,
Eumenea. Seleticus, Ptoleinée, Lysimaq~ie, etc.,
d'abord des clisisio_ns et ensuite des guerres'sanglantes
jiisqii'en 301, et conime Némdsis se
venge ordinairement des couquérans, clans ces
f~iiiestcs divisions périt non-seulement toute la
famille d'Alexandre, mais encore la plupart de
ses rivaux, et tolite cetle vaste monarchie finit
par. ne plus former qiiz des états plus ou moins
gi-antls, dont quatre ou cinq seulement ont iine
ini~o~.tance liistoi-iqiie.
Le preinier de ces états etnit celui des Scleii -
cicles, sous Seleucris Bicator ,fondé en 312,ayant
Babylone pour capitale. Il s'&tendait entre l'E~iplirate,
i'Indus et l'Oxiis, coniprenait la Syrie
où fiirent fondc'es Antioclie et deiis villes nppe-
Ides Seleucie. Cependant plusieiirs nvs, tels qiie
18 Bactrie, le pays des Partlies ,lk-ménie, se
( 55 )
détachérent plus tard de cet état; la Plienicie,
la Celesyrie, roisius dangereux, s'étaient déj:
jointes aux Lagides oii Ptoleméens d'1'Egyple:
Il ac uit le pliis d'importance sous Aiitio-
CI~US II?, al> el6 le Grand, de 224 à
P
187 ;CO*-
temporain d Annibal, il n'écliappa riiix entrepi.ises
decelui-ci cjtii marcliait sur fiorne qued'iin$
manière particuliere et par conséquent dangereuse
pour lai-mi2ine. Lesinonarqiies qui régnèrent
aprhs Antioclius surcet c'tat ont acquis ilne
triste celebrité par In persécution qu'ils firent
endurer au peuple juif qui se tronvait sous leur
domination. Depuis cette epoqiie leiir pouvoir
alla toujours en diiiiinuaut, et lors n'enfin pliisieurs
autres provinces s'en furent %3acliées, la
Syrie cleviiit sous Poilipée (64) province romaine :
et tel fut le sort de jresqae toiis les autres e'tats.
L'Eg te, la ~!i&nicie, I'Ile (le Cliypre et Ii
Lylie jevinrent le partage de Ptolemée 1 Lagusoii
Soter, et i'Egypte, comme siégc da commerce
du monde et centre de l'érridition grecojudaïque,
joua iin très-grand rôle. Toutefois,
Soter , Pliiladelplie, Evergetès , ces trois seuls,
constituent le sihcle célèbre des Ptolemécs.
Mempliis resta l'ancienne capitale et Alcsanclrie
rlevint In rc'sidence. Les cinq ports (le ce pays
sertirent !I l'expéditioi: des marcliaticlises de trois
arties du .monde, et le cglébre phare e'ciaira
Pentrée et ln sortie de pliisieiirs milIlers de vaissraux.
Il y avait dans le Briicliiuin et clans le
Serapeum des bibliotlièqiies irnmenses c?e rouleaux
de papyrus ;des trésors précieiix de l'anli-
[]iiité classicjiie'y ont trotive' iiri refuge, mais y
bnt c'té aussi dans la suite la proie dbOS flammes.
Lé musée Btait le siége (Pune importante ncaddie.
Il est triste cjrie la célèbre inscri ~tion dc
gosette (de l'an 197, maintenant eu ~nhetern),
( 56
date déjà du temps de la dc'cadence de l'empire.
La faiblesse des autres Ptolemées leur fit chercher
rin appiii à Rorne, et sous Cléopatre (30) 1'Egypte
aussi devint province roinaine.
Le troisième royauipe considérable fut celiii
de Macédoine; plus petit que les précédens, il
frit ,coinme siége priiicipa de !a rnonarcllie, le
premier d'entre eux; il n une autre importance,
c'est d'être tris-étroitement lié à l'liistoire de la
Grèce. Antipater qri'Alexandre avait chargé du
cornihandement des troiipes laissées dans la Rlacécloine
, avait sii lion-seilleinent inaintenir daus
l'ob6issance les Grecs, qui, après la mort d'Alexailclre,
voulaient reconquérir la liberté, mais
il avait si1 aussi se iriaintetiir contre Olvnipias ,
inère d'Alexaridrc. Cassandre, fils d'Aitipater,
fit (le inême; il sut niêine, par Demetriiis Plia-
Iére, qiii avait acquis une grande autorité à
Alliénes , conserver son influence siir cette ville.
Eii 302 seiileinerit Cassandre se fit noininer roi de
Biacc'cloine aiix depeils de la ficinillc d'Alexandre;
]nais sa propre fainille fiit bientôt de'truiie, et Deineîriiis
Poliorcetes, fils d'Antigone, monta siir le
trône qiie conserv6rent enfin après pliisiears &réneinens
les descendans de ce dernier. Il s'agissait
nv;int tout de soiimettre tle nouveau Ia Grèce, où
Atliènes ,par ses forces navales, dorini lie, par sa
yositioi~ et par soi1 coriiiiicrcc coi:se~.v~rent une
grande iiifliience. Cans la Grthe une fiii glorieuse
devait s~~ccetlcr à des oragei si noiiibreua, et
deux fit]-autles conleclérations se présentereut, la
coiif&clérntion Etolienne (284), et i'nncieune conf&cl&ratioii
Acliriïc1iie, à l~qrrelle se joignit en 281
seulemeut , Sicyone, piiis.Coriritl~e, et Atliènes
se ranima égaleinent, Danç cette dernière alliance
il se troiiva, en 213 Arntiis, et en 183
P)lilopoemes, Jiornines qui eiisscst ((6 dipilep
( 57 1
des nieilleiires &poques de la liberté grecque.
Les rois macédoniens qui suivirent Dcrnetrius TI,
Antigone II ,Pliilippe II, ne clierchèrent c~ri'à
exciter iine conf6dération contre l'autre, afin dé se
yeudre maîtres dc tciites les dciix. Le rilçue clc
Pliilippe II correspoiid au temps de l'agrandisseiiieiit
de Ronie ct ail temps d'hunibal clui s'allia
avec ce roi iriace'donien; ce qiii portflome
à mettre les Etoliens daris ses iute'rêts. Les
Achéens seuls tinrent yoiir le roi niacédoiiien.
Mais Quiutius Flaminiiis lui enleva ces ailies ,
en reconnaissant ûus Grecs, au nonides Romains
(I~S),la liberté et l'indépend;~nce, et la batn'ille
près decynos-Cépliales ( 197) brisa ln puissance
macédonienne. Aiusi ,ln siipr6inatie de la Grkc
et de la Macédoine passa à Iloine. Cependant
Persée, le dernier inonarque de ce royaume,
tira iine fois encore le glaive contre Rornc, niais
d'iine manière si niallieiireuse que Ic roinniii Paril-
Einile mit fin cet einpire par In bataille dc
Pydna ( 19, etRIetellus fit (148) de la Rlacédoinc
une province romaine. Les deus conf6cléralious
grecqiies finirent égnleinent par se dissoiidre ;
celle des Etolicns se (1Ctriiisit elle-méiiie et celle
des Acliéens f(it affaiblie, parce qiie les meille~irs
hommes d'entre cllcs, entre aiitres Polybe, fiirent
transfërés à Rome; Rliiiiiinius clci'triiisit cnsiiitc
d'une manihre liorriblc Coriritlie, et c'est ainsi
que fut anéanti le reste de la libci.tt! Srcccliic.
Des autres roynuiries qui s'étaiciit formés de
la monarcliie iiniverselle d'hlcxnntlre , nieutioiinons
encore ici Pcrpme, dans l'Asie-Jliiieiire,
qui se distingiia soiis les Eiii;ièries et les Attaliis
par sa litterature floriss3nte, petidaut peu tle
temps à la vérité, par scs bibliotIiéques et l'inventicn
du parclieinin; le Pont soiis les Rlitliri-
Qtes fiit c&lébre soiis le sisicme de ce nosi
( 58
( i 2 i à Gh) ,ce terrible mais ixallieureux ndversaire
de Rome, et Ic royaume Partlie des Arascidcs
est remanjuable par sa durée jusqu'en 226
a rès J.-C. Pendant cc temps il restait roujo~irs
litre, f orrnait la frontière dii grand Empire romain
et absorbait ln Bactrianie. Rfais la Bylhinie,
la Cappadoce, la ~aphlagonie,l'Arménie, ainsi
que la Juclée ,ces faibles restes de l'Empire d'&
lexandre devinrent provinces romaines.
La Judée faisait partie dc la Macédoine, puis
dc la monarcliie des Suleoci(1cs et ensuite de
celle des Ptolcine'es jusqu'en 203 ; elle revint
après aux Seleiicidés. Les grands-prGtres ct un
conseil supérieiir ,le Syneclriiim (le Sanhcdrin)
el même ses propres Etlinarques goilvernaient
cet état. Mais bientôt les rois Syrieus,
avides de s'emparer des trésors du temple, appesantirent
leur joug sur ce petit état qu'ils vouliirent
gréciser et ils vendirent !CS fonctions de
grand-prêtre. Enfin, lcs Juifs se révolthent avec
siiccès soiis la condiiite des braves niIacliabées
en 167, surtoiit sous Jiidas, contrc Antiochus IV
qui avait soriillé le sanctuaire avec de la graisse
de porc ; ils parvinrent pen i peu , non-seulement
à recouqiiérir la liberté, mais ils aggrandirent
le~irs pays par l'acijonction de Samarie et
de 1'Illuinée. filais des sectes religieuses qui s'y
forincrent devinrent des partis politiques : c'étaien
t cellcs de; Pharisiens, comme Ortliodores,
et celle des Saducéens qui étaient des novateurs ;
ces sectes occasionèreni uiic foule de contestntioiis
ni1 sujet de la domination ;lesRomains
intervinrent bientdt coiiimc arbitres et en l'an
30 ils établirent siir la Jiidée iin Iduméen, Herodes-le-Grand
,39 ù 1 après J.-C., et en 70 ils
détruisirent Jérusa'lein et alors la Judée cessa da
former un empire,
( 59 )
Les Romains, tonjours les Romains, finisseiit
par absorber les autres états connus, même Cartliage
et la Sicile, comme nolis verrons bientôt.
11s étaient parvenus ar leurs giierres conlinuelles
à s'emparer $:une grande partie de
l'Asie centrale, et à cause du commerce inari-
:inle ils avaient, dès 343, conclii une nouvelle
convention avec Carthage. L'e'galite' des citoyexis
était obtenue, mais les ricliesses également acguises
par les nobles, qui par 1; gagnèrent en
influence, firent naître ilne scission entre les nobles
et les plébéiens. Il est firobablc que dès-lors
déjà des combats sanglans cntrc ces ileiix partis
eussent eii lieii, sans les giierres longues q?i
se renoiivelaienl fr6qiiemmcnt et qiii occupaient
les Romains, (le manière qiie le moindre d'entre
eux put se proinettre cles avantages considérables
que ne lui offrait pas In paix. Ce fut surtout
la guerre des Samnites qui f~-a a à Rome le
cliemin dç l'asservissement de 1.1tafie'; les Samnites
la mirent à la vérite' soiivent en (langer,
mais ils Iiii furent nn pre'texte dont slit profiter
l'ambition romaine (343 2 %go);c'était la véritable
époque Iiér6iqiie de Eome ; alors brillèrent
Valère , Corvus Ciirius Dentetus, Decius
BIUS, le pèrc et le fils, Papirius ~iirsor , Fabius
, Maximus, etc. En 358 eut lieu aiissi la
soiimission du Latium, après un combal dans
Iec~tiel nfanlins Torquatus s'&tait signalé comme
ère sévère et général distingnc'. Quoique pendant
guerre des Samnites (322) une armée romaine
frisonniire fut obligde (le passer d'une nianière
ionteuse sous les Foiirclies Caudines, Rome tependant
fut dans ce inornent le pliis terrible ;
ne respirant alors que la vengeance il eut la
graride masime de ne jamais faire 1s paix dans
de pareilles circonstances mallieureuses. II eut
( 60
à conlbattre ilne foiile d'aiitres ennemis ; les
Etriisqi~es, les Umbres ,les Gaulois inais ne les
frappant pas d'iiii se111 coiiy et d'après un plan
uni ue il rie put aisément en trionipher. Enfiii,
les Iomains eurent pour la premiére fois afElire à
iin ennemi non italien ; car les Tarentins qu'ils
avaient attaqiie's à cniise de la cynique offense
hite aiix ambassadeurs roiqains , appelèrent à
leiir secoiirs P -rrllus d'Epire, ce roi aventurier
B l'ouest de la klncCiioine ( 280). Pyrrlius gagna
aii moyen de sa plia!ange et de ses 20 tiléplians
(le guerre pliisierirs Liatailles ; inais il n'en d6si~a
pas moins faire la pais avec Rome, pour n'être
pis r6duit t retoiii.iier setrl dans sa patrie y annoncer
ses victoires. Rltiis le sénat, qu'un anibiissadenr
coinpara 3 unc asseirible'c de rois, refusa
lri paix avec Pyrrli~is. Le sénat alors, ans! l
bien que Fabriciiis, son général, était incorrupl
tible [et inébranlable. Pyrrllus SC dirigea ensuite
vers la Sicile sans y obtenir lin anntage qnelconque,
et i son r,otorii. il f11t tellement Battit
par Curius Dentatiis qri'il sr: retira en toute liâte
dans sa patric. Ce siicci.s vnliit aiix Romains le
plaisir dc voir quatre e'léplians amenés en triomplie
dans Rome. Tarente se soiiniit en 272 et
cette soiimissioii procura aux Romains celle de
toiite ln Basse-Italie.
Pyrrliiis avait pense' avec i.aison qiie la Sicile
deviendrait pour les Roniai9s et les Cartliaginois
ilne véri~ablcpomme de discorde. Il était iinpossiblc
qiie deux grandes répiibliques se rap ro:
cliasseiit sans fraitement et se rcnçontrassent $ans
leiirs plans. Mais Roinc, dCjh maîtresse de 1'1-
talie depuis la Gaule cisalpine jnsqu'ati srtd,
pouvait sc inestirer avec sa puissante rivale, laciuelle
(le son côté poiivait avoir ses vues sur la
Basse-1tali.e pour la conquête de la Sicile, Alors
(61 )
corninencepar la Sicile la première guerre punique
qui dura 24 ans (264 à 241). Carthage était
iiiaîtresse de la mer, avait un trésor bicli garni
et des mercenaires autant qu'elle en voulait ;
Roine n'avait que son propre territoire et ses
armes victorieuses ;c'était LIU état g~ierrier oppose'
à un état marcliand.
Les Carthaginois étaient parvenus après de
longs combats à frendre pied dans ilne partie
de l';le; Syracuse es bravait toujours avec bonlieur
1or;qu'ils cliercliaient à pénétrer plus avant.
Après avoir été vigoiireuseinent repoussés par
Timoléon, le plus beau caractère de répiibiicain
(lue présente Iliistoire ,les Cartllaginois elireut
d'abord dii siiccès , qiiaud le liardi avcntiirier
Agatocles s'empara dri gouvernement dc Syracuse;
celui-ci transporta bientôt la guerre en Afriqiie
(on iiilita lus tard cette tactique) et imposa la
P
paix aux Cartliaginois. Après sa mort ses mercenaires
(les blamertins) prirent Rlessana ,apqe-
Iée arijourd'liui Rfessine, et les Cartliaginois s a-
vnncèreut (le nou\*eaii devadl Sy racuse. Le succès
dc Pyrrhris contre Carthage ne fut qrie passa6er,
maisBierou qui battit les Mamertins devint rot de
Syracuse, en 269, et.au commeiicement de la
guerre punique, après avoir favorisé les Curthaginois
coutre les Komains, il ftit forcé par ces
derniers dc passer de leur cOté. Les amert tins
ayaient 'laissé entrer dans leur ville les Cartliaginois;
mais mécontens bientSt de ces hOtes, ils
ft~rentobligés d'invoquer le secours des Romains
qui, uon-seulement s'emparèrent de blessana,
mais forcèrent aussi Hieron de Syi.aciise à faire In
paix et même à contracter une alliance avec eux.
Cependant, pour expulser compléternent du pays
l'enuerni ,les Romains firent leur première flotte
de guerre, d'après le modèle d'une galère car-
6
( 62 )
tliaginoise qiii avait écliou6, et ~uiliiis inventa
les grappins d'abordage, afin qiie les Romains
tissent combattre comme s ils étaient siir terre.
BieniBt les eolunzna rostrata embellirent la preniière
victoire navale remportée (2Go) par les
Homains sur les Cartliaginois ;une seconde victoire
suivit bierilôt, et Attilius Regriliis put ti'ansporler
ensuite la guerre en Afrique. Mais Xantippe
le Spartiate ainena à temps des secours en
lionirues aux Cartliaginois qui battirent Regulys
et le firent prisonnier. L'éqiiilibre fiit qinsi retabli,
mais la guerre sur iiier eifdevint plus vive.
Metellus y battit As(lruba1; les Romains à leiir
tour sou@rircut aiissi plusieurs défaites ; enfin,
Luctatius Catiilus parvint, par ilne nouvelle victoire
navale sur AmilcarRacras, à im oser eu 241
la paix aiir Cartliaginois. Par siiite d>e cette pair
les Cartliaginois abandonnèrent la Sicile et q~elqries
petites îles, et oiitre d'aiitres conclitions ils
se soumirent encore à payer 2,200 tdens, euvirou
trois millions &écus. Amilcar doit avoir rdyanclii
des larmes en soi~s.crivant à une pais aiissi
onéreusc ; le séuat romain s'est sans doiite réjoui
d'avoir siiivi le conseil patriotique de Rcgul~is
prisonnier, de ne pas fairella pais dans l'adversité,
c iioique le nialheureiix liegiilus pay,$t ce
conseif sage par une cruelle mort à Gai-tllage.
Cartliage perdit par celle paix non-seiilement
la Sicile, niais encore la domination sur la Médi
terrane'e , puisque Roice aussi avait maintenant
une force navale formidable. Les finances
de la république marchande se trouvèrent épuise'es;il
en résulta une re'voke parini les troupes
mercenaires, et comrrie les liabitans ne poiivaient
supporter le joug qui pesait sur eux, il y
eut iine guerre civile; cnfin, les Romains enlevèrent
la Sardaigne aux Carthaginois en pleine
( 63 >
paix. Des dissentions intérieiires entre le parti
r pi il aire ét celui du sénat, oii entre Amilcar et
hannon-le-üraiid vinrent eon~pliqi~er les eirconstances
critiques dans lesqiielles se trouvait
Carthage. Le parti
eut le dessus;
et le projet tlc la conyiiête de l'Espagne ails
riclies mines d'argent , comme coin1)ensation
pour la Sicile et la Sardaigne, petit-être polir
devenir la propriété d'Amilcar et de son parti,
ce projet passa ; mais ce devait aiissi 4~re +une
occajior d'iine nouvelle guerre avec Roine dont
le pre'texie ctcvait se présenter tôt oii tard. Aniilcar
avait mené it la guerre d'Espagne son fils
Annibal, apr6s lui avoir fait jurer iiile Ilaine dternelle
ails liomains. Amilcar et Asdrubal parvinrent
A soiimettre le srid de 1'Espagiie ,]ilSqu'k
l'Ebre ; les nomaiiis avaient stipiilé dsns leur
traité avec Cartilage que cette province, de
mente que Sagonte, serait respectée, et Annibal,
dans la inaison cliicjuel la giierre contre Rome
était en quelque sorte une politique héréditaire,
fonda Carthagène. Il succéda à Asdrubal dans
le coininandernent de l'arme'e victorieuse en
Espagne.
Rome, aprtis avoir fermé en 236, pour la première
fois depuis 437 ans, le temple de Janus,
toujours ouvertpendant les guerres, Rome avec sa
iiissante nrntéc liavale, avait, pendant ce temps
RiIrnilie I'Illyrie, cet Btat de pirates, et'fai~ ilne
nouvelle perle glorieuse à ses voisins du nord,
les Gaiilois, les Bojers , les Insitbres, el avait
foiid6 des colonies dans le pays conqiiis (Gallia
yogata), telles que Creinone , Placentia. La
conqiiGte de l'Istrie (221) assura compléteineiit
la doinination romaine dans le nord de l'Italie.
niais voilà qii'Anniba1, iîgé de 25 ans, se lhve
pour enlever au? Romains toutes ces con quêtes et
(64) -
pour effacer la honte qu'avait imprimée àsa patrie
le preinière guerre punique ;c'était iiu jeune lion
q~ii lie tarda pas i faire tremble: Roine. Annib?l
avait déjà coinbaltu avec succes avec ses Aî'ricain;,
avait, malgrc' le traite avec Rome, pris
Sagonte et avait passé 1'Ibère. Rome, indignée de
cette infraction aux traités, envoie une d6piitntion
à Cartliage. Sapporle ici la paix 'ort id
grterre, dit Fabius , chef de l'ambassade ,levalit
lin. pau de sa robe, choisisses! Choisissez vousi~zê~~ze,
réponcli t le se'na t cartilaginois par l'organe
de son prc'sicleiit ; Eh bien! rel-evei ln
guerre, réplicjua le Romain, eu secouant sa robe,
et Roine déclara ainsi la guerre i Cartliage:
La deuxihine guerre l~unic~uc (218 201) transporla
le tliéitre de la guerre à ln foin en Italie 2t
en Espagne d'abord, et en Afrique seulemerit
en 203. Cette fois les Romains furent eu partie
rédiiits 3 la ùCfensive ; cette maniére de faire la
guerre letir ftit moins avanttigeilse qiie la giicrre
offensive. Annibal se mit en marclie pour passer
les Pyrénées et se rendre dans les Gaules
avec une arniée de go,ooo hommes et 12,000
clievaiix , armée qu'il avait forinc'e et cpi'il pouvait
nommer sienne; il alla jiisqii'à 1'Ebr.e sans
trouver d'obstacles, et de là jiisc~u'aiia Pyrtt'ne'es
où il eut 1 combattre les naturels du pays. Lorsqu'il
descendit les Pyrénées, son armée se troiivn
réduite i 50,000 liommeç (le pied, 9,000 cavnliers
et 37 élél~lians.II évitait iin conilxit avec
les Iioinains sous Pabli~is Corneliiis Scipioii,
arvint presque sans coiip fe'rir au Rl~ône et de
Fa :i gravir les Hautes-Alpes (le pctit Dlont-
St.-Bernard), d'où il put montrer scs soldats
les riches plaines arrosées par le Pô. Il y parvint
non sans une peine inexprimable et après avoir
perdii plus de 30,000Iiommes arec In plul'arl
( 65 )
des éléphans et des clievailx, pour lesquels il
fallait &abord percer des roiites, et il pariit en
218, pour la terreur de Rome, avec 26,000 Iiommes
dan; la laine de la Hnutc-Italie. Ti.oi8 bntailles,
près fe,Ticinus, près TreLia et près dii
lac de TrasiinGne firent périr (218, 2 i 7) un égal
nombre de troupes consiilaires et ouvrirent à
Aiinibal le cl~erriiii (le Boine. Nais sricllruit combien
sa propre arince était affaiblie et que, saris
instriimens de siége il ne po:ivait vaincre dans
Ieiir ville les Romains qiii se battaient eu désespErés,
Ar~nibal préfëra de passer dans,.ia Basse-
Italie par Apiilie , pendant que les i\o~iîains
avaient iiomriié proilictateiir Fabius Rfaxiilius
(Ciinctator), qtii, seinblable à iin nuage sur les
montngncs accompagnait priideinrncn t I'arixiée
d'Annibal et qu'il fajliit inêiiie prendre sans
IP l)récaiition qu'eut Annibal rle tromper l'ennemi
par des t:iiirenux auxqiicls il attticlia des
Lr.:incloris. Aunibal, tout en ravagea~iles terres
(les Romains, avait sagement fait respecter les
biens (le Fûbiiis , c'es, pourquoi le sén:it soupe
conneus qiii ne pouvait pénélrer la sage lenteur
de FaLiris tlonila la moitié de l'arme'e avec une
~xiissancc dictato;iaie à Minuciii~, gétiéral de la
cavalerie (inagister eqriilrirn); cclrii-ci fiit aussirôt
b;ittii par Annibal, et sans Fabius il aurait
été anéanti. Les consiils uoiivellemciil entrés en
fonctioiis ( 2 16), Palil E~iiile et snrtoiit l'ardent
et imprurlent Terentius Varro, vouliirent terminer
la guerre par iin combat de'cisif, mais ils
furcnt terribleinent battiis près de Cannes. Paul
Einiie périt, Varron parvint à fiiir avec un petit
noi~ibre; arrivé à Rome, le se'nat le remercia viveinent,
malgré la mall~eureuse issue du combat,
de ce qri'il n'avait pas désespéré du saliit de la
patrie, 7uod de reyubliecr nu!& des1~er~s$et, Ap.
hibal n'alla pas. encore à Rome, mais il réunit
ses forces à Capoue dans la Basse-Italie, négocia
avec Pliilippe de Macédoine , parvint à. mettre
le aoiiveaii roi de Syracuse dans les intérGts dc
Carthage. C'est ce cjtii engagea Rome à envoyer
une aririée en Sicile soiis la conduite dc Rlai-cellus
; après un siége de trois ans (214 à 2 r2),
cette armée pai-vint , malgr6 les machines inventées
contre elle 1)ar le grand mathc'maticien
Arcliimèdc ,à prendre Syracuse ; lh tlessiis toute
l'île et indme la Sardaigne devinrent des provinces
romaines.
De Capoiie, Annibal pénetra en 21I jnsq~ie
dans les environs de Rome, mais après l'rivoir
vue (le loin, il fiit obligé par un orage melé de
grêle de revenir srir ses pas ;de manière qiie les
Romains en frirent qiiiitt~spour la peur cllie leur
insy irèrent ces mots : Hncnibal arrte portas.
Mais Annibal perdit aiissi Capoue, ct ce qu'il y
e:it de plus iiial1leureu)r pour lui. il perdit l'espoir
dont il se flattait, clui &tait l'arrive'e de son
frère Asririibn1 avec de inoiivelles forces venant
de l'Espagne; Asdrubal avait été complétemeut
battu pc&s de Sena ( 207 ) et sa tête coiipée parvint
setile à Annibal. Celui-ci vovant claireinent
le sort qiii liii était rclscrvé h Cartlrage, ne songea
plus qu'A se retircr dans la coliti.de ln plus
recijlée, ail sii(! de l'Italie, et de se teiiir cntièrement
sur la tléfensive ; car en Espagne aussi les
Roinains après bien cles cle'f?ites, avaient appris
à vaincre sous le jeune P. Coi.ncliiis Scipiori.
Scipion doiit le génie giierrier est gc'iiéralenieiil
reconnu, conquit de 210 à 206 toute l'Espagne
carthaginoise jusqii'à Gades, et sut se ménager
en Aîri ue des inrelligences avec les ennemis
de car;fiage ; ces intelligences fiirent d'une
grande Importance pour lui, lorsqu'il parvint
( 67
ii engager Rome ù lui permettre de transporter
en Africliie même, la guerre avec Cartliage. On
ne convoit pas comnlent les Cartliaginois qui
dans la siiite eiirent encore 500 vaisseaux h livrer,
ont laissé trancluillement Scipion faire
voile onr l'Afrique et y aborder, et ce ne fut
qiie %os le retoiir précipitd d'Annibal pour
llAfriqiie, retour <fiii a dû être pénible- polir lui,
priiscju'il quittait e théitre de ses succès jeridaot
16 ans; c'est dans ce retoiir que carJiage
trouva le seul mnyen de salut. Annibal l>tant revenu
eut avec son cdlébre adversaire une copféreoce
qui n'eut point de rhltat, et il Ait forcé
d'accepter près cle Zama (202) iine bataille qiil
décida en faveur de Home. Les Cartliaginois se vireui.contraints
d'accepter 1a paix aux conditions
]'rescrites par les fiers Romains. Par suite de cette
aix Cartl~agc reoonca à toutes ses possessions
lors de L'AErirliie, livra toiis ses éic'phans et ses
vaisseaux, à dis trirGinesprCs, et proniit de payer
10,ooo talens, environ trente millions, à: des e'po-
(pies fixes; sans le' consentenient de Rome, Car-
[linge lie devait pas poiivoir eutamer iine guerre
t rendre ail roi nuniide RIasinissa les possessions
Ipii avaient a pparienu à lui ou 3 ses nnci2ti.e~.
Ilorne se trouva siiflisamment dédomiiia$e
$orir ses sacrifices et ses efforts Jar l'einpire assoi.&
stir I'ltalic, de la Gaule disalpine, par ln
~onqucte dc la Sicile, de la Sardaig~ie, de in
corse ct de l'opulente Espagne. Cette grand(:
r<p;~l;li~nemilitaire élait fh terrible ; pliis ter-
'ible encore fut, au rriiliea cl'elle, le sénat eseravec
persévérance iinc yolitiqiie de fer, poque
les victoires des armes romaines rcnencore
pliis ine'branlable. Un tel état derait
devenir l'ennenii naturcl de tous ies dlats
rocore indépeiidans.
( 68 1
Comme c'était la maxime dri sénat d'attaqtier
l'ennemi dans son propre pays, et qrie ce fut le
tour de cliâtier Philippe de RIacédoiiîe, à catise
de I'iniyrudence [l'il avait eii de faire une alliance
arec Auniba 9, une armée romaine serendit
en Epire et comrnenca la guerre ( aoo i 197)
La batciille prCs de Cynosceplialz se décida en
faveur de Qiiintius Flaniininus et des Romailis,
197, et amena polir eux rine paix riche en ~011-
séquences lieureuses. La Grèce avait de'jà ailparavaut
été déclarée libre; mais des coirirnijsioas
d'inspection trés importunes laissees da115
le pays par les Rornai~is,leur permirent desc lx*
ler toitjours des affaires de la Grhce. Bieulht
a~rèscoinmenga la guerre .contre Antiocliiis
$rie, qiii alnit également fait aliiance avec Carthage.
D'abord celle-ci se vit force'e tlc çougddier
Annibal qui étaitparvenu L se mettre i la tête
de l'état, et avait retabli lesfinances crie La der
nière giierre avait tout-;-fait (le'labre'cs; incil'
comme dans ce poste aussi Annil):il ne polivar'
manquer tie se faire (les ennemis, Cartliagc
sentit pas (l'abord le sacrifice exigé par les Ro'
inains. Annibal se rc'ftigia auprès tl'zintiocliii
en Asie (195) , qui l'arciicillit d'abord avc
distinction. Cliassé par Glabrio c!e la Grece 01
il avait pénétré, ce roi avait 616 battii trois foi
siir nier et avait elifin été ( rgo) cornp1t;teiii~o
vaincu prés dc RIagnésie par L. Scipion, qiii 1.
iiiit Iiors de combnt. Annibal donna à Antiocl~li
le conseil de porter ln giicrre en Italie, mais 1
jalousie des co~irtisaiis ayant rendu Annibal su'
pect à Antiocliiis, il se réfugia en Cri'tc, p1!,(
dans In. Bythinie, aiiprès du roi Prusias III; IJ
aussi poiirsiiivi par les nomains, il s'ernpoisoi~~
pour mourir aii moins en Iioinine libre. Ain;
~uoiirtità l'âge de 65 acs, 153 ans avant J.-(\
(69)
et 569 qrhs la fondation de Rome, Annibal le
dcruier grand Cartliaginois ;ce fut dans la même
aunée que moururent aussiPliilopémen, citoyen
de di&galopolis, le dernier grand Iioinme grec,
Plarite et Scipion-l'Africain , rival d'Annibal ;
de tels hommes n'ont été en grand nombre dans
aiicun siècle ! Les Romains combattirent à la
même époqrie avec iin égal bonheur en Espagne,'
en Ligurie et contre les Ganlois,.qui s'étaient élablis
dans la Galatie et dans l'Asie-Mineure.
Nais le! succès iniportans dans la giiewe,
les richesses immenses, les nombrenx étrangers
et les esclaves qiii se trouvaient à Rome, n'avaient
pas eu une inflr~cnce favorable sur l'es rit
dii peuple, ni sur Celui du sbat. Les grands lcipion.eiix-xii6ines
succombèi-ent aux intrigues de
Caton-l'Ancien, di1 reste si sévère. Uii parvint
bien à de'fendrc. les bacclianales dont oti venait
de-découvrir l'existence, mais combien n'y eut-il
pas d'abus non découverts ou non réprimés !
( Scipion ou Carthage vaiueue, 20% avant J.-C. - du monde,
3802 ;de la fondaiiou de Rome, 552
La deuxième çiierre macédonniene contre
Persée se termina par la bataille de Pydna (168)
et par I'incorporation de la Blacédoine comme
province romaine. Il en fut de in6me [le la Grece.
Là où les Roninins so présentaielit corrrme arbitres,
on pouv:tit prévoir lerir domination; ils
firent naître des dissentioiis. porir Are appelés
:NI secoiirs par un des partis ; ils favorisaient les '
faibles contre les puissans et mêiile ce qii'ilslriissaieiit
à leurs alliés, en quelque sorte 1eiirs.valets
d'armes, ils ne le considéraient que comme
un prdt. Cartliage aussi devait à son tous succomber
et en elle devait s'écroiiler la seille puissance
que Rome eût 5 craindre. Depuis long-
( 7O )
temps le vieys Caton avait termine tous ses dis-
cours par ces mots : et je conclus qr2ilfaut &-
iruire Carthage (ceterttrn censeo, Cu~lhaginern
essadelendam). Carthage s'étaitreniis (le ses liertes,
mais avait aussi soi-neuscment évité toute
occasion d'exciter la col$rc de Rome ; c'est poiirquoi
les Romains qiii avaient à cœur l'anéantissemen
t de Carthage, excitèrent eux-mêmes ait
moyen d'un efïroynble tissu de ruses et de perfidies
dont ils avaient eiilacé la r&piibliclue, la
giierre par le roi Masiiiissa de Numidie et s'dcrièrent
alors :La pais avec nome est viLlée!
Les Cartliaginois clierclihrent bien vite à apaiser
les Romains, mais deux consiils se rendirent en
Afrique avec une armée (ih9), demandèrent d'abord
300 otages des meilleurs maisons, piiis, qil'on
leur livrât toutes les armes et les miinitioiis de
gucrre, et aurés avoir ainsi Ôté à cet état les
moyens de & défendre, il exigérent aiissi la destruction
de la ville et la colonisation des habitans
dans l'intdrietir du pays, loin de la mer et
par conséquent sans commerce maritime. Le désespoir
s'empara des 700,ooo habitans ;on résolut
à Cartliage de mourir plutôt qiie d'abandonner
la ville. Les poutres des maisons furent
transformc'es en vaisseaux; tout le mc'tnl qu'on
troiiva fut converti en armes et l'on se servit de
la chevelure des femmes pour tendre les arcs.
Une armée de mercenaires nuinides. soits Asdriibal,
tint les ennemis éloigne's (le la ville, cliii rdsista
pendant (leas ans, et qui ae succomba que
dans la troisi6ine annde dri sidge dirige' pif
P. Cornelii~s Scipion, ge'néral d'lin talent et d'une
bravoure distingii6s. Pendant six jours oii continua
de se battre dans les rires, ensuite la ville
fut réduite en cendres liar un incendie qui durd
dix-sept joiirs, Elle cessa d'exister! Sur ces raipej
( 71 )
Ie noble Scipion s'assit en pleurant, ayant Asdrribal
à ses pieds et faisant entendre ces ~aroles
liomériqiies qui fout alliision à Rome :r dn jour
viendra et Troie-la-Sainte s'écroulera; Priam luimême
tombera ainsi qiie le peuple du roi, habile
à manier la lance! 1) Carthage et ses environs devint
sous le nom (l'Afrique une province roniaine.
Dans la même année succomba aussi la célébre
Corinthe, sie'ge de la confétlérntion achaïqiie,
ar lc fnrouclie Içliimmius qui fit jeter en fonte
res m agnific~ues trésors de l'art qui y étaient en
trhs grand nombre. Tliébes et Clialcis sur l'île
d'Eubée eurent le mênièsort. La Grèce comme
province romaine porta le noin d'Achaja ; la
Macédoine était alors depriis deux ans déjà incorporée
à Rome. Bientôt apr6s les Romains
eurent à soutenir un combat [le 1iii;t ans contre
les Liisitanieils sous Veriailiris, dont les vainqueurs
de Corintlie et de Cartliage ne parvinreut
à se défaire (140) qu'au moyen d'lin assassinat;
ils eurent aussi i c-ombattre Numance,
aujoiird'liiii la Castille, qui après iine défense
de 14ans, et qrioique affamée, iit bien être détruite,
,nais non sl~bju$uée (135); les derniers
liabitans de la ville l'incendiérent eux-meines
et s'y brûlèrent. Une sanglante insurrection de
70,000 esclaves en Sicile, le grenier d'abondance
de l'Italie; insurrection qui eut poiir chef Eunus
et où 13 vengeauce des droits de I'hümanité
oiitragée soiitenait le courage des révoltés,
Qc put être entihrement cioniptée qu'ail bout
de quatre ans, et nprés qu'on eut &gorgé 20,000
d'entr'etix.
Les Romains eurent à peiue clompté les Carhginois
qu'ils attaquèrent de nouveaux peuples,
et parurent dans toute la terre porir tout
envahir. Après l'abaissement des Çartliaginois,
( 72 1
ajoute Montesquieu que nous citons, Rome n'eut'
presclue plus que de petitesguerres et de grandes
victoires, ati lieu qu'auparavant elle avait eu de
petites victoires et de grandes guerres. .
Ainsi cette Rome si petite encore il y a deux
cents ans, posséda maintenant outre . l'Italie ,
les provinces de la Sicile, dc la Sardaigne, la
Corse, l'Espagne avec le Portugal, YAfrique, la
Ligi~rie(Genes), la Gaule Cisalpine, la Macédoine,
l'hchaja et l'Asie ( l'Asie-Mineiire où
l'insensé Attaliis avait IGgué aux Romains Pergame,.son
empire ). Ces provinces fiirent administrées,
mais soumises Sussi à de terribles concussions,
par d'anciens consuls, des préteilrç,
munis de pouvoirs civils et militaires, qui, à la
vérité ex iraient à la fin de l'année ;mais d'autres
les remp/& aient, la plupart parivres, car il fal-
Irit souvent épuiser une fortune consi~~rablc
pour obtenir un emploi, puis ils s'en retournaie:it
riches coinine m rés ris. Les questerii.j
étaient leiirs receveurs généraux; des troiipes
romaines occup aient les provinces Cori iiises.
Les revenus de 1'Etat aiiginentaient considéra-
CI
blement. Mais di1 moment que les giierres audehors
devinrent plus rares, il coninienca à se
manifester dans la capitale même des cornrnotions
tres dangererrses, car tandis que quelquesuns
s'enricliissaient beaiicoiip, une popilllttion
nombreuse sans propriété et sans amorIr (111
travail voulait pourtant vivre. Pour contrelialancer
cette aristocratie liéréditaire des patriciei)s,qui
savaient se maintenir presque exclusiyement
dans la possession des emplois les pl11s
lucratifs et de la plus grande iufluence siir le
sénat, des tribuns dii peuple s'élevèrent bientût
comme puissans démagogues ; ils insistaieut
sur un meilleur partaGe des terres de 1'Etatl
73 1
Ainsi le tribtin Tiberius Semproniuç Gracclius,
e'pollx (leCornélie, fille de Scipion l'aînd et enmite
ses fils Tiberius et CniusSzmpronius Gracclius,
illustres par leurs talens, se déclarèrent siiccessiveinciit
polir le , enti-eprii-ent de renoilveler
llancienrie ~ ~ k n isiir a l'acquisition ,
des terres ; ils cternandaient atissi le partage des
trésors léçiiés ailx Roinains par Attale, roi de
PerSnine ( 134). filais les projets les plris &quitabfes
en favciir dri peiiple inallie~ireux, troiiv2-
rent les plus violentes contradictions chez les
riches aristocrates, qui excitèrent des tiimilltes
où périrent les deiis frhrcs :avec plusieiirs milliers
cle Iciirs partisans ( 133 et 121 ). Les donaines
de i'Eiat ne furent pas répartis de noiiveari,
et les tr6sors (l'Attale lie furent pas donn&
au pcuplc; le tribunat nc fut pas renouvelc'
poiir les anciens tribuns; lcs pctiples de
1'Italieu'obtinrcnt pas lc droit dc citoyc~i. C'est
ce qni amena la corrripiiou des iricciirs, que ni
les lois contre le Irixe, ni celles contre le calibat
cilcore pllis afièctiontid, nc piircrit faire dispai'aî1i.e.
A cette corrrip:ion des iiiai~rs vinrent
se joindre I'assassinat des citoyens, lave'nnlitc',
et dans les provinces, la couciission lnpIiis de'sordoiin6c.
Lcs voliiptc's des contrc'es brî~lantes di1
3lidi et cle l'oïi~lit, devin~eiit très frc'qiientes
d:iiis Slorne. Le pciiylc indolent ne prit être éinri
que par Ic spectacle (les gladiateurs et par des
corribats d'auimatix ; personne ne vorilail travailler,
c?iaciiu\oii:nit avoir (les jouissances. Des
niiltiers ct'étran~rers et rlliiidigi.ncs, recllcrctiaiciit
avideineiit In vck dcs pliis obscurs citoyeris; on
vit cles rois meridiaiis ct cles mendians roya~ix !
mCme le skt, autrefois si respec\able, fut enhlii
par la rorr~iption,parce ciii'il n'était plus
( 74 1
conduit que par l'esprit de faction et par f'dgoïsrne.
lAa guerre contre Jiigurtlia, fils adoptif de
Blicipsa et petit-fils de Massiiiissa cZe Niirniilie,
fournit la pretive de ce que nous venons de dire.
De deux coiisins qui, ciescenda=ts de son bienfaiteur,
volilnien t sc partager l'enipire, il en assassian
lin. L'autre SC réfiigia i Roine et demanfla vengeance.
RIais les anibassadeiirs (leJngurtlia, allaient,
cliargc's de boiirses bien garnies, voir les
se'naterirs ct en raclietèrent la coli..re officielle.
Uue comniission romaine se rendit cn Afi-iqvie et
X>$,
artûgea le paysde JiigurtIiaentre ici et Adlierle
cousin qui ii~ait s~irvacii. Mais aiissitBt
Jugiirtlia asjiéçe ce tlernicr à Ciria, le fait prisonnier;
piiis il le fait mourir, pendant que les
ainbassadeiirs corrompus de Rome se contentent
de s'emporter contre cet acte. Un tribiiu (lu
peiiple accrisc la lâclie corriiption dii sénat. et,
])oui- sauver I'lionneiir, une armée cst envoyée
en Afriqtie, soris Calpuriiiiis Bestia ; mais pour
de l'argent le sénat accorde la paix. Les tribiiils
attac~iieiitcelle condiiite ; Jiigurtlia est appelé à
Roine; il y arrive cliargd d'or et a l'aud3ce d'égorger
presque sous les yeiia du se'nüt, Rlassiva,
autre desceridant de Rlassinissa et qui liii pûriit
un suc*cesseiir redoutable. Rlais il avait uii sarifconduit
et pouvait retourner en Afriqiie. u La
ville, dit-il en partant, est à venctre, il ne Iui
~xi;iilqne gu'iin aclieterir ! n Une ariiic'e consii-
laire le siii t de prks, ir~aisellese laisse siirprendre
( Ics oficicrs eu connaissaieiit le motif), cerner,
passe sous le joug et te fait imposer une pais
clct'savantagetisc.On envoya ensuite fiiéteilus qui
fcit inaccessihie à toute corruption de la part
de Jiigiirtha; il le battit, Ie repoussa vers la
PJa~iiilnniect aiirait terminé In bruerre, si son
( 75 1
lieutenant C.IIarius, plébéien d'Ar iaiini, mais
distingué par sa bravotire et capnEle de tout
par son ambition, n'était parveiiii, en calomniant
nlélell~s, à SC faire nominer consiil et général
de l'armée contre Jugcrtha (107 ). Marilis
frit le premier à lever ilne armc'e de la plus basse
classe du yeuple, qrii jusqu'alors n'avait pas &té
jig!e apte au scrvice, et il partit pour I'Afric iie.
Alais sou qiiesteuiv, patricien riisd, ~ornb!iiis
Sylla parvint par des négociations avec HoccIius,
roi de filauritanie, gendre et allié de Ji:.giirtl~a,
à mettre celiii-ci au ouvoir (les Romains et k
son tour il enleva à &?rius l'lionnciir de la vietoire
(106). Jiigurtlia fiit.condiiit à Rome où il périt
clans un cachot.
Mais iin grand Iionneiir était cl'iiii autro côtc'
réserve' à l'orgiieilleiix Rlariiis. Depiiis i 13, des
hordes inconnues étaient venues di1 côlé (le la
mer Noire et s'étaient approcliées des frontihes
de l'Empire romain, et par leiir stature gigantesque,
par leiir brnvoiire, coinme par leiirs dévastations,
elles avaient répandu un effroi ge'ndral.
011nomina ces llordes les Cimbres et les
Teutons; les Ambrones, 1esHelvéticnsetd'aiitres
l)ol>ulations s'y joipirent bientôt. Ces premières
tribus nomades, surtorit les Teutons, étaient
d'origine germanique. Pnpiriiis Carbo, avec ilne
armée consulaire, avait déjà &té battri par
elles, près de Eoreja, et elles avaient pénc'tré plus
avant dans la Gaule iusqii'en Espagne. C'étaieiit
des préludes (le la plus gralide migration des
1)eiiples qui eut lieu pliis tard. Dans la (;ailleo
ces barbares battirent le consiil Jrinius Silanus.
11 n'est pas sîir s'ils oct demandé des terres, eu
s'engageant au service militaire. ÿiioi riii'il en
soit, plusieurs consiils succombZrent en lescoinbattant.
Poiir la premicre fois, personne k ROMP
( 76 1
ae brigua le corzsiilat. Enfiu, en r 04, nIainus,
vnixiqiieur de Jrigurllia, fut élevé à cette dignité,
et, à cause de la il6cessitG où l'on se trouvait,
il conserva lc consulal trois années de suite,
jiisqii'en 101. Il fut oblige' d'organiser d'abord
uiie arm& coiirascilse avec laquellc il batlit
en roa, les Teiitons et lcs Anibrones; il jes inil
ensuite en pleine deroute, aprhs iine bataille de
pliisieiirs joiirs prés d'Aix, d'abord les Ambrones,
eucriitc les Teiitons soiis le gigantesque Tciitobod,
dont en Allemagrle on croyait clans la suite
i.ecoiinaître les osscmeus dails ceiix d'un éle'pllanl.
Cependant les Cirnbl-es s'6i:iient diris!: cl'1111
riiitrc côte cti se prc'cipitnnt d'urie maniere tcrrible,
des Alpes rlic'tiennes dans le benii I J ~ S
de I'ltalic. Ils descendirent les glaciers sur letirs
grands boucliers en bois, détournèrent l'Adige
ourpouvoirln traverser plus facile:nent,et dans la
Entaille, iisaiinc~ièrent enseml>ie avec des clieîiici
iesprernières ligiies des co~nbattnns. riéjà lcconsi!l
Liictatiiis Catulus avait reculé devrinteiis ; mais
3Iarius se joignit h lui, et tous les deus, h la faveur
de letir positionavantaçeuse et de la tactiqiie romaine,
Ics battirent dnus les plaines de Raude,
]>rés de Vérone ou pi-LSS de Verceil. i\I&me les
ièmmes qiii se troilvnient avec Ics équipages, se
defendirent en dc'scspe'rées coutre les Iion~ains.
On prétentl c iie i40,ooo Ciinbres sont tombés
1
aloi-s; illais 1 effroi inspire' par les Cimbres et
1ciii.s cris de giierre, restirent encore long-temps
dans le sorivenir (les Iloii~niris. Cctte giieri-e nppele'e
Ciiiibriqiic diira cinq ans et vnliit ?I Rfarius,
à son rctoiir ti Ronie, lc titre de sauveiir.
C'est alors qii'eiirent lieii les cxploits des RiIaclinbc'es.
Depiiis la mortd'Alexandre, la Judécavnitété
saccessivernent gouvernée par les rois d'Egypte
et par Antisoqe; puis par Selerlctrs NNiccrru?e!
( 77
eufin par Antiochtrs-le- rand. Ce priiice perséciite
les Juifs. Son fils, contraint par les Romains
de renoncer 5 la coxiqüête de I'Egypte,
se venge sur la Jiide'e. Les siipplices les plus
crirels nttenc2cnt les fidèles observateurs de la loi
de Moïse. Alors Xlatatliias, prGtre, encoiiragc
s2.s freres consternés par la mort cl'Elkazar et des
sept fr2res DIacliabécs, et la tête d'une peiiie
armée, il corninence i délivreï sa patrie dii jorig
des Syriens.LYiiu de ses fils, Jiidas Rlacliabt!e, fait
des prodiges de valeur ; il est tiié par derri6re
dans iin combat. Son frére Siinon lui succEdc
dans le coinrnaiidemeut, et en re'compense de son
zéle, l'autorité de grand sacrificateiir et (le chef
de In nation est rendue liéréditaire dans sa
fainille.
Vers la mêine épocliie, uue noiivelle re'volle
t~'csclnvcs (104 h ioo) qui arclit éclaté en Sicile,
fiit étoiiffee, ait boiit de qiiatre ans, et bien16
après, Rlnrius parliut ü se faire nom:ner porir la
~isièincSois cotistil,-à l'aide de dciix déinagogues
fiirieiix qu'il Stit lui-inkrrie obligé par la suite (l'assiéger
daus le cii~iitole. Aiix troubles intérieiirs
vint encore se joindrc la guerre des allie's (90 ü
88 ), escitcc contre Roine par une çrantle pariie
dcs peiiples iialiqiies, pnrcc qiie, ay:iiit à siipy,orter
toutes les charges que leiir irnposait Honie, ils n'en
avaient pas Je droit de citc'. C'est poiirquoi, Iorsqiie
le tribun Drusus reuo~ivela le projet cleleur
accorder ces droits, et qii'h caiise de cette prol~osiiion
il fiit assassiné, Iri plupart des alliés (Ic
Iioine se r6iinirent dans i!n plan de faire uiie
norivclle rc'yribliclr~e de l'Italie, et dc faire c!c
Corfiniiim lit capitale de l'esipire, avec un sénat,
deux consiils et douze prc'teurs. Leiir aisniée
forte (le cent inille I~ominas inspira lcs plus vives
craintes à Iionie; cependant les généraus ro-
( 78
hain$ vainquirent, ou plitiôt ce fut la politiqiié
plus sage dii se'riat roinain qui permit de donner
gar pure générosité, ce qui bientôt après eût 616
snyerflu oit 1n6ine impossible. Les fidèles Latins
d'abord, qiiis les autres alliés, obtinrent eufiri le
droit de cité demandé.
Plus Sylla s'était distingue' et plus la liaine
de blnriiis en fut vive contre loi, et q11and
Mithridrate, ce grand roi du Porit, fit invasion
siir Rome, après avoir & l'iniproviste fait inassacrer
80,000 Romains en Asie, qii'il occupn
la Macédoine et la Grèce, proviiices romaines ;
qu'il inenaja l'Italie (88) et que Sylla obtint
le consulat et le commandement contre Mithridate,
3rIarius soutenu par la classe plébéienne
et par 5,000 gladiateiirs arinc's , se fit
noinmer, après le départ deSylla, général contre
ce mime roi. Rfais Sylla se Iiâta de ramener de
Capoue six le'gions contre Rome, y entra après
un conibat trhsvifcontre les partisans (le Rlarius,
proscrivit Rlarius avec les principaux de ses par:
tisans, fit ensuite élire poiir consuls son :iml
Caïus Octaviiis et Cinna qiii était l'aini de Marius,
petit être poiir maintenir l'éqriilibre dans
Rome, et il partit ensuite pour la Grèce, en qunlité
de proconsul. Nariiis n'avait éclinppé ai1
danger qiie par miracle et il ne fut &me yas
en sûretc' siir les ruines de Cartliage ; m:iis rappel&
par Ciiiiin qui avüi t été obliae de sori ir de
Rome, ils y rentrèrent toiis les Qeux avec une
arrriée avaient réunie, el cornniencèrent
un innssncre liorril~le contre le parti aristocraticpie
de Sylla; la popillace exaspGrée et tles CSclaves
iiiis en liberté, inassacrkrent tous ceux 3
cjlii nlarius furieux refi~sait de donner la main.
&lariils se fit poiir la septième fois nommer consul,
fit également nominer consul Cinna, pros-
( 79 1
trivit h son totir Sylla avec tout sou parti, et euvoya
en Asie contre Sylla une armc'e solis 'Valériils
Flaccus. Sur cés entrefaites Sylla avait
pris à l'assaiit Atlièncs, avait vaincu Mitliridate,
prhs dlOrclioinhnes et avait oblenu par force
une paix tr&s avantageiise (83).
Valérius Flaccus, anvaut qri'il n'attei6nît Sylla,
fiit assassiné par son lieu tcnan t, Firnbria, lequel
abandonné par son armée se tua liii-même. Marius
inonriit aussi, siiccoinLant sous le poids de
ses crimes et tle ses debaiiclies, et Cinna fti t tué
dauç Urie rébellion. Blais Sylla revint de l'Italie
avec une armée quiiie connut plus de frein, vainquit
près de Capoue, Papirius Carbo que lui
avait opposé le parti ddmocïatic ue de Marius et
C. 3l\larius, le fils. se fit tuer i hrxneste par un
ami; Sertoriiis s'enfiiit en Espagnc. Aprb iine
noiivelle victoire aux portes de Rome, le terrible
Sylla y entra (82) fi~rieux,h la têtc $une arniGe
furieuse. niaintenalit les proscriptions, les
assassinats ne frappèrent pas serileinentles partisnus
de Marius, mais qiiiconc~rie n'avait pas eri
de parti, quiconqiie était riche, &ait uii obstacle
quelqu'iiu du parti vaincjiicur. Les liordes
cl'assassins de Syllri c'gorgeaieiit avec oii sans
ordre, celiii qui lciir était désigné comnle eniieini
; Catilina se distingiin parmi les sicaires
de Sylla. César était di1 nombre des proscrits,
inais 'Sylla se laissa flécliir en sa faveur, « quoi-
(1ii'il vit en lui, disait-il, pliisieiirs BIariiis. »
Ilnfin le sang coiil;i par torreiis et qiiinze consuls
011 Iiomines consulriires, go sénateiirs, 2,800cllcdiers
et plus dc ioo,ooo citoyens périrent alors.
Les favoris dc Sylla, ses coiir~isanes, ses clian-
teurs, ses affranchis s'enrichirent consirlérablemec!.
Un certain Crassus aclieta dails les ventes
tant de maisons devenues vides, qu'il pouvait
( 80
pi*e.sclue loger laiiioitié de la population de Roine.
Sylla eiiroyü I'arinée forte de i20,ooo dans
17Etrurie, où elle cliassa les allic's de Borne de
1eui.s possessions ct forina les colonies dites des
ve'te'raus. Dix iiiille esclaves libére's ( les Cornéliens
), coinposaiclit la garde (111 corps de Sylla
qiii se fit nommer dictateiir parpétuel, et cjrii fit
de nouveau ilne constitutiou aristocratiqiie.
Prescliie jainnis Ics aristocrates n'ont rcinporti
uiievictoire plus sanglan te sur leurs concitoyens!
Au borit de deux ans, Sylici dét~osela dictature
(79) et de sou vivant, déjà Iiorriblement dévoré
par la vermiuc , il inoiiriit coiilme il avait
vécii !
Dans Ics provinces aiissi, surtout en Afrique,
le jerine Poinl~ée avait fait siiccoixiber le parti de
nfarius: en Espagne il fiit oypriiné au bout de
six ans de guerre par I':issrissiuat de Sertoriiis(72).
Sertorius aurait reiissi, s'il avait pi1 se reiinir à
Spwtaciis qui se pr6euta dans I;i basse Italie
la tete de 70,ooo esclaves et gladiatciirs, iiiais
ceiix-ci frirent défaits aprks des coinbats sanglans
par Crasstis et Pompke (71); Pertorius aiirait
encore eii des clionccs dc r6~1ssitc s'il avait pu se
jointlre à RIitliridntc, qui avait corninence ilrie
troisièine çiierrc dri Pont (74), inais bnttii par
Liictillus, et ciiti~rcmeiit tléfait par Pompc'e ,
Dlitliridate, garanti coiitre le poison, se fit traiispercer
( 64) par 1111 (;aiilois. Pompée parvirit à
parer à tout; ce fiit ailssi liii qiii terinina lieiireriseinciit
la guerre coutre les pirates clans 1'1-
saurie et Ilails la Sicile ( 67).
. Ce ii'cst clrie depiris la cliriie de Alitl~riclate,
que Rome se troiiva à l'apogée di1 l>onlieui.*
Mais il y avait cricore à co~iibaltre dans I'iutérieur
des ennemis qiii se révoltaient coiitre dvs
chefs, tels-que Pompée et Crassus, et en général
( 81 )
contre tout ordre des clioses, où leur ambition
lie pouvriit troiiver place. De là les trois conspirations
de Catiliiia (66 à 671, hoinme debaiicllé
qui attira facilenient dans son parti cles milliers
de prodigues ruinés, ou cles coiil~riSlespoui.suivis
pour (les crinies. Çatiliiia voulait fonder sa domination
sur les ruines de Rome et sur celle des
çs;inds hommes de la république. Mais sa troisième
conspiration fut dscouverte par 11. T.
Cic6i.011 (63), et anéantie par Antoirie dans
]'Etrurie; aprSs une victoire sanglante remportc'e
sur ce fratricide, Catilina et son parti y fiirelit
:iac'antij (62). En génc'ral, dans cette colossale
Rouie tout se inontre maintenant (liins de plus
~randcsproportions ; les vices cornine les ~erliis,
les prissions, la pauvreté ct la ricllesse. RIais
avant tout il se montre maintenant. dans Rome
lin rapprodiemeut vers l'oligarcliie ; cZe lh i la
lnonarcllie il n'v a que quelqiies pas.
illais trois lio~mese firent alors reinarc~iier à
Roine ; ces hommes ayant miitiiellemeiit besoin
l'un de l'autre, se réunirent potiï former le premier
triiiinvisat ; ce fiirent le riche Crassus,
l'lieureiix Pompc'c et l'ambitieux, niais brave
C. Jules César (Go), en da lit qiie le yin .Cicr'-
ron, le noble prodigue Luculltis, le se'vere republicain
Criton pouvaient être regardés coinme
les liommes les pliis importans aprks les trois
premiers. (:euz..ci se partagèrent les emplois et
les provinces; César s'attribua pour cinq ans
les deux Gaiiles, en-de+ et au-delà des Alpes,
ainsi qiie l'Illyrie. I'oinpée resta en Italie. Ainsi
pendant le teinps clue dura ce premier triiinivirat
il n'était resté ail sénat qii'iine ombre de
ouvoir ;les triumvirs s'étaient partaghntr'eux
le commandement des ILigions. Crassus alla
trouver qu. Orieut une fin dé~lorable.Yaiucu
( 82 1
par les Partlies, il périt (53)ainsi qtle son fils
et toute son armée dans les sables de la Mbopotamie.
César se présenta dans la Gaiile, conime
général, contre plusieurs peuples indomptés,
tels qiie les Helvétiens, les Belges et les Aquitains;
combattit cies hordes a;lemantles commandées
par Arioviste, pc'ne'tra dans la Germanie et la
Grande-Bretagne et y déposa le germe de giierres
futures :niais en niême temps il se créa une armée
qiii, lui appartenant, pouvait par lui 4ti.e
dirigee sur Rome ;déjà i: avait vaincu, peu à peli,
plus de 500 peiiplnctes; des trois millions d'liommes
que renfermait la Gaule, on en tua d'abord,
piiis on emprisonna et le reste se soumit. César
avait coutume de dire : le danger et moi, iio~is
sommes deux lions, mais je suis le yliis $gé. Il
avait obtenii, incyennant lin arrangement avec
Pompée et Crassus, le renouvelleinent de ses
fonctions degouveriieiir pour cinqaiitres années;
Pompée avait obtenu l'Espagne et l'bfricjue qu'il
fit gouverner en son nom pendant qii'il resiait h
Rome ; Crassus, poussé par l'ainbition , avait
entrepris, dans la Syrie, qiii Iiii était écliiie, iine
glierre contre les Partlies, où il pe'rit. Qtiand le
moment arriva où le coinmnndement de César
allait expirer, celui-ci demanda, qiioiqiie absent,
le consulat ;mais Caton et Pompée exigèrent de
s:i part, qu'il déposât le commnndenieut dont il
était revêtu et le licenciementde sonarmee (49);
piqi16clii refus qu'il venait d'Cprouver, il dit en
niettant la main sur l'épée : Celle-ci obtiendra
ce qu'on me refilse injustentent. 11 était instruit
de tout ce clui se tramait contre lui parles tri-
Biiiis qui se réfugihrent dans son canip, parce
que, comparé ail fier Pompée, on le regardait
comme le soiitien de la démocratie; et César
passa les Alpes, 4 la tete de trois légions et s'qr.
rita à Ravenne. Ayaut eu connaissance di1 dk.-
cret lancé contre lui et qiii liii ordonnait de
i~iiitterson armée, il passa le Rubicon, frontière
de la provincegaiiloise qu'il coinmendüit et qii'auciin
gh&ral ne devait sans permission dépasser
avec des troiipes. Il s'écria alors : le sort en
est jpté! L'lioniine qui préférait être le premier
clans rine bicoque, qiie le second à nome, ne
pouvait pas agir riutremetit. Pompde se réfiigia
avec le parti aristocratique dans l'A.;ie -Miueiire
et de 11 en Grèce. Ali bout de soixante jours
César était maître de Roine et de toute l'Italie
et par sa sage inodération commepar sa douceiir
il avait gagné tous les cœurs. Noinmé dictateur
pendant son absence, il abdique la dictü?ure ail
bout de doiize joiir;, part rle Rome et se rend en
Espagne polir battre d'abord iine aririée sans
(c clief et ensriite le chef ( Ponipée) sans rirrn6e.n
Après un coinbat pénible, niais Iieureux, il passa
en Grdce, fiit à la vc'rité hattii sur mer, mais atteignit
Poin1)ée près (le Pliarsnle en Tliessalie,
lorsqrie celiii-ci, sans profiter de sa flotte victo -
riciise, risqua iine bataille avec une arniée coinposée
à la Iiiite. Les coliortes allernacdes dans
l'arme'e de César décidèrent de cette bataille cagitale
( le 20 juillet 48). Pompde se rifuçia en
igypte ety troiiva la mort de In main des serviteurs
de la Coui-. César y arriva bientat aprhs,
et lcs lariries qii'il répandit sur la mort de son
rival llonorcnt son carac tère.
Cc'sar fiit donc seul maître de l'empire, et son
éIé\-ation à la dictatiire eut maintenant lin autre
dessein pour objet. Après avoir décidé, en Egyptc,
iitie coutestatioii ail sujet de la siiccessioii aii
trône, en hveiir de lti belle Cldopitre ,qiii vint
aiissi le voir à Roine, et, après avoir e'touffé une
révolle eu Asie, il alla Rouie ; de là ,il se rcn-
( $4 1
dit, b la Iilitc, en Afriqiie, où il vriiiiquit les partisaus
de Pompée : Scipion et Jiiba ; Caton
seul, ce fier républicaiil, prdvint 5 Utique, par
iine mort volonlaire, la fiircur dri vainqiieur.
César fit ensuite de la Kuinidie, roynrlme de Juba,
iine province romaine ; il alla ensiiite en Espape.
oit, dans la sanglante bntaillc d2 3111~des,
il battit les fils de t'ompée cl ane'nntit leiri
ûrinée ; ce fiit là clrie pour la première fois il s'a-
gissait polir liii de dc'lendre sa vie (45). Il ne s'el1
fallait pas bcaiicoiip que le triorn~)lic qu'il avait
c6lCbré i Iioine, ?.t son retour de la Grèce, dc
l'Egypte, de l'Asie, oii il avait si promptemeiit
i>atti~ le fils de nIitliridate, Pharnazcs, qu'il
prit écrire à Rome : veni, vidi, ?)ici; au retour
(le sa campagne contre Jiiùa, oii il déposa, daus
le trésor public, environ 80 inillions d'écris et
2,822 colirontles d'or; où il donna, à cliaqiie
soldat, 1,000 éccs ; aux ofIiciers, encore davantage
; h shaque citoyen romain, iine ininc (20
~CIIS); oit il paya , i cliaqne solrlat inerce'naii-e
(le Roine, 1:i solde d'iiiie aiiuée ; où il fit rcprhen
ter des jeux qiii diiraient (les sciiiaines
entiL:res, et clans lcsc~uels on repi.éscnla cles
combats sur mer dans cl'c'uorrnes boçsins creiisds
à cet effet, et des coinbats sur terx oii il fil engager
J ,200 liommes coiitre 40 élc'pliaiis tle
guerre ; où il donna iin repas, i tout le peuple
romiiin, clans 22,000 chambres, et oii il ioiirnit,
pour cllacuue de ces cllambres, tleiix pièces du
nieilleur vin ;il ne s'en fallait pas beaiicoiip qiie
ce miignifiq~ie triomphe ne fht prti'i~iatrirc!! Aprh
la bataille de filundes, il cc'lébra niissi I I triorilplie,
mais ce fut siir des concitopeiis vaiucus.
~
Césni- fut nomnie' dictateur i vie et empereur,
aiusi , inaître de l'empire, c~~ioiqii'il eût soin de
faire illusigii aria nioins clairvoyans , par lacon-
( 85 )
servalion des formes répriblicaiues, le peuple lui
fiit aitaclié; le senat poi-té par lui à
lires, dépendait de lui. II joiiit des p~~~~
l~onneurs;on placa sa statiie dans le capitole, à
c6té de celle de Jopitcr; elle portait pour ins-
cription :ri Cdssnr-,demi-rlicrr. Riais pendant qii'il
prenait hi-même c~uelqucs dispositions escelleiites,
et, qii'avec lesecours de Sosigènes, il s'occupait
à mieux determiner le teinps , par lin
noiiveau calendrier qiii porte son nom, son propre
temps arriva, Sous le voile de nianières fort
douces, inalgr6 la sagesse de ses lois et son zèle
pour le gorivernement, la coiiroiine et Iri monnrcliie
réelle araissent avoir été le but qu'il sc
roposnit. &loi qiiil en soit, il se trotirait dans
!esprit (le quelqiies Iiomnles, même de cetin qui
devaient la vie ri César, un ancien esprit rc'publicain;
exallés, ils donnèrent cours à leiii. sentiment,
sans réflécliir sur l'impossibilité qu'il y
avait de rétablir l'ancienne république , parce
que l'état, pnrvenri ii sa rnatiirité, élait monarcliiqrie.
N'importe. Bruliis et Cassiiis se mirent
\, la tete d'une colis iratioii qiii dclattr aiix Ides
de Mars (15 mars 4[).
Dano le rçnat meme, prhs
de la statue cle Pompee, Cdsar , qaoiqiie averti,
fut poignardé ; Briitus et d'autres le percent de
plusieurs coups au milieu dri se'nat. En moiirant
il s'e'cria doulorireiisement : et toi aussi , cron
Iils Brgutns. Le séiiat accorcla , 11 la ve'rité , aiix
metirtriers de César des goiivernem:ns,
lorsque
ces derniers lie savaient pas e1i.u-iriemes ce qui
allait arriver. Mais le consiil RIarciis Antoine, ami
de César, assemble le peuple, lit le testament,
montre la robe eiisanglaritée du dictateur et
pousse à iinevengeance sanglante, polir se meltre,
coinme démagogiie, à la place de César ;et en
effet , le peuple se soulève, les conjrirés pren-
S
(M>
Beht la ftiite. Brutus et çassiii~ se retirent dans
la Bii.liynie. Mais Anloine ne rcstû pas seul; l'liéritier
de César et son fils dcloptif , Ciiris Julius
César Octave, jeune lioiiinie de 18 ans , plein
d'liv ocrisie et. de ruse, clierclia ,avec sa fortune
et &fie de CL'sar , à corrompre le pciiyle, gagna
l'armée ct Cicéi.on , qui avait parlé contre Antoine
et el: faveiir tles meurtriers de César; Cice'ron
avait, comme grand orateur et grandliomtne
d'e'tat, be:iiicoiip d'influence , et il trompa
Antoiiie , qiii ,i son tour, le méyrisnit. Ce LIsent
Octave et Tle'pide giii se partagbrent l'ernpire.
Antoine étant parti pour la Gaule , province
qui lui était écliue, il fiit proscrit, et deii-r
corisiils, avec Octave, fiirent envoyés à sa poursuite.
Antoine fiit vaincu ;ce ne fiit pourtant pas
par la bravorire d'Octave, qii'oii dit s'etre caclié
JerriGi-e Id qliis gros de son arinée ;Antoine prit
]a fuite; inzis les consuls aussi avaient péri et
Octave se troiiva à présent inaître de l'armée.
Ccpeudant, Octave crut encore devoir concliirc
un triiirrivirnt avec Antoine et Lépide (43),et
continuer à partager les provinces avec eux ; il
jugea à propos de poiirsriivre , avec eux , les
nieurtriers de César , et ,en géne'ral, a'anéantir
tottt le parti republicain. Pour y arriver ,on
coxnmeiica par faire des p!*oscriptioiis terribles
à nome :octave sacrifia Cice'roii aussi à Antoine;
Fiilvia , feinme d'Antoine ,peisca ,avec des
aigiiilles brûlantes, 1;i langue dii grand orateur,
aprh son supplice (7 fkvrier 43). Ensuite, Octave
et Antoiiie se dirighent contre Briitiis et
Cassius, et, par iin f;iclieiix malentendri , se
croyant dc'ji vaincus, Brutus et Cassius tombèrent
dans les bataiiles sanglantes ,près de Philippi
(@), non par la main de l'ennemi, mais
en se tuant eux-mêines, Ainsi finirent les der.
( 87 )
hiers rêpiiblicains; ainsi finit avec eux la liberté
de Rome, Sextus, fils de Pompee , ayant aussi
succombé aprc's ilne guerre en Side.
Il ne resta maintenant aux triumvirs que de se
combatlre entr'euu. Le'pide ,le moiris consitlérable,
devint bientOt victime de sri vanité et cle
sa faiblesw, et qui1 ta la scbne poliiiqiie en qualité
de po~ztifexnzaxinztcs. Mais lorsqiie Antoine,
par la répiidiation de sa femme, la noble Octavie,
offensa dans Octave uu frère, et que, par le
don qu'il fit des plus balles proviuces de Rome j.
la coquette Cle'opâtre ,il offensa, ddns le même
Octave. l'homme (L'état , le sénat déclara la
guerre contre Cléop,ître elle-mêiiie ,poi;r saliver
l'apparence de républicanisme. Cléopâtre d&irait
lin combat iiaval, et les flottes sc rencontrhrcnt
près di1 cap d'Actium (le 2 septembre 51).
On combattait encore avec Lravoiire et rien n'était
décidé, quand Cléopâtre s'enfuit avec ses
vaisseaus, et qu'Antoine coiirut aprhs elle sans
profiter de son armée (le terre, se rendit eu-
fin voloiltairemeut. L'année siilvante , Octavc
battit Antoiue prés d'Alexandrie. Antoine, délaisse'
et tromp6, se tua lui-menie, et Cléorstre,
voyant qu'Octave resta inscnsible aiiprès d'elie,
se fit mourir par le poison ou par la piqûre (l'un
serpent. L'Egypte devint province roniaine (30);
Rome donna à Ocrave le titre d'Auguste, einpereur
on César ( R~rgp),et le temple de Jaiiiis
hlencore une fois fermé.
Rome ,pendant ce temps, s'&tait tellement
agrandie, que le princi1)al pays, l'Italie, ne const~tiiaitplils
gu&re qiie la ;>]ils petite partie de
]'empire. De cet empire, étendr: dans trois parties
dii monde, Roine, qui avait cleiiz millioiis <l'habitai,~,420
riies principales, 400 temples, Iiome
('tait la capitale, le siége Jii gouverneinent, et le
( 88
sénat gouvernait. Sa considération, avant qu'il
ne fîlt ébranlé par les factions et par l'oligrarchie,
fitt iin~nense. Avec l'empire, croissait sa force
navale cornine sa force dc terre, et il eut soiivent
ilne arine'e d'un de:ni-million, répartie dans différentes
parties tZii monde ;cependant, on ne levait
ordiunirement les armées , que loi-sque la
giierre les rendait nécessaires , car les armées
permanentes étaient inconiiiies alors; cliaque citoyen
était oblige d'etrc soldat. Auguste institiia,
le prcn~ier, les armées permanentes. Les arnies
principales étaient la piqiie, In courte épée et le
bouclier. Dans les siéges ,on se servait de catariltes
et de balistes ,de béliers, de tours mogiles
avec des ponts-levis. Un soldat romain, pesamment
chargé, avait outre ses armes, des provisions
de bo~icl~e , des iistensiles de ci~isines ,
des pieux pour dresser des tentes, en toiit, i!
portait au moins un demi-quintal. César c'tait,
surtout, maître dans la tactiqiie militaire. Une
armée consiilaire consistait, ordinairement, en 8
légions, dont cllacune eut ,par la suite, 6,000
fantassins et de 3 à Goo cavaliers , sans les troiiyes
aiixlliaires. La religion des Romains se rapproclla
toujoiirs davantage de celle tfes Grecs.
Les fêtes religieuses y correspondaient parfaitemeut;
il y en avait iine, entr'autres, les Satrird
nales ,où, en mémoire dri vieiis âge d'or, sous
Satrirnc, et de i'nncienne libertc' et égalité, riiênle
les esclaves étaient servis par leurs inaîtres. S:ir
les sciences aiissi, les Grecs avaient iine infliience
maryiiée à Rome, influence que les pliis civilise's
ont toiijours, à la longue, siir les moins civilisc's.
JJa poésie seule lie réussissait pas
long-temps. Il reste pcii cle frngniens de la poésie
dramatique de Livius Androniciis ,d'Enni11sc
de Pacuviiis, de Nævius; mais il nous reste pllia
( 89
sieurs comédics entieres, de Plaute et de Tdrence.
Les tliéâtres devenaient toiijoiirs pllis vastes
et plus magnifiques; ccl~ii de Sciirus conteliait
~)l~is de 80,000 personnes ; c'est poiirqiioi
les acteurs, pour renforcer leiir voix ,portaient
des niasqrres (personas) avec iine très-grande ouverture
de boitclle. Ce t1iériti-e reposait sur 360
colonues de marbre, &lait oriié clc 3,000 st;ilues
Ct n'était pourtant destiné à servir que pendarit
un mois! La pkriodc lii plus brillante de la littérature
romairie, est depuis Sylla jrisqu'à la mort
d'Auguste. Il y avait des bibliolliéqiies pt!liqiics
et Jes biùliotliéqiics privées; ces ilernieres
se trouvaient surtout dans les villas magnifiques
des gr;inds de Roiiic , qui, soiive.,it, avec leurs
jardins ,leurs bois, leurs étangs occlipaient des
éieridues énorines et faisaient ainsi beaiicoill) cfe
tort llaf;riculture. Des !ibr:iires (sosii) procuraient
et vendaient des copies. Les miiiies de
Mattius et dc Publiiis Pyrlis a~~risaient par leiir
esprit et par leiirs plaisdritei-ies licencieuses. Soliveut
des Iiornmes reniplissnient les rôles de femmes;
dans d'autres espe'ces de poe'sie, Liicrhce
et Catulle se sont Ilisting!ie's; dans l'éloqueuce,
friiit de la liberlé et qiii dispariit avec elle, giiaii(1
or1 parla à travers les n:asc nes et que les Grecs
mirent des feiiillcs devant le visage ,dans 1'410-
quence, se sont Jistingn& : Autoiric , Horteiisius,
Brutus et Cicc'rou ; ce dernier brille aiissi
dans 1:i pliilosopiiie ; les doctrities dlEpiciire et
celle de Stoa étaient les pliis rcmarqiiablcs : on
distingue, parini Ics liistoriens , SalLustc,Cornéliiis-Nc'l)os,
CtLar, Tite-Live; Polybe ap11artient
aux Grecs. Les travaiix aclmii.ables en peintrire
et en sclilptlire , frirent, la plupart, exécu-
tés par dès Grecs, et mS~ne les Grecs envoyèrent
à Rome ,piir milliers: des chefs-d'txiivres en ce
( 90 >
genre. A Rome, dit Cassiodore, il y a deux peua
ples , égaleineut nombreux, des hommes et des
statues. Les maurs se corrompaient à mesure que
les ricliesses augmentaient, que les esclaves et les
&rangers semu1til)liaient tlansRorne. Tl y eutplusieurs
Roinaiiis qui ne savaieilt pas épuiser leurs
trésors. Liicullns, qui importa les cerises en Europe:
fit aplanir des niontagues, creuser de:, lacs,
et y diriger de l'eau de mer pour pouvoir conserver,
dans l'intérieur di1 pays, des poissons de
mer; Hortensius arrosait devin ses arbres ;Crassus
ne regardait porir riclie que celui qui youvait
éqiiiy er. à ses frais, toute une armée. Les
maisons de campagne avaient des clinn~brespour
toutes les saisons. Ori obtenait les plpces en gagnant,
en corronipant le pe~iple, ct en intrigiiünt
ailprès des 11articu1iei.s qui donnaient la place au
plus offrant. La situatioii cles provinces n'en fut
que pliis iniserable. Les clievnliers romains qui
prenaient à ferme les pc'ogcs, qui rendaient la
justice ,les usuriers qui prenaient jusqii'à 50
pour cent, ruinaient tout. Dans les festius on
agacait les estomacs bl:isés au moyen de plumes
de paon , afin de pouvoir recdre le superflii et
gagner unnoiivel appétit. Antoiilevennit de bou
iiiatiii , déjà ivre, au forunl, pour rendre la justice,
cf sonvent, les parties, au lieil &ententire,
t1e lui In décision jiidiciaire qu'ils attcndaieiit,
fiirent fort étonnées d'en apprendre tout autre
cliose. La vie des Roinains fut, comme celle
des Grecs, giileraleirient publiqiie ; aussi la magnificence
des temples, des basiliqiics, du capitole,
des bains, des iliéiitres, du cirque, cles
aqu"~ics, réponclait i cette vie publique. Dans
leiirs villas seulement, où souvent inille esclaves
étaient au service d'un setil rnaître, étant
cliaciin spécialement cliarçés cl'iin travail parti-
( 91 1
tulier, souvent de la moinili.e importalice, là,
seiilement ,les Romains étaient magiiifirlries. Les
esclaves étaient sorivent lecteurs, niedecins, 116-
dagogues , artistes et nrtisaiis , et étaient payés
selon leur capacité , qrielquefois 50,000 francs
par tête ;inais les maîtres pouvaient les crucifier
et les tuer à coiips de 1aniL:re. Et ~~ourtant, malgré
cette magnificence, l'on n'eut la coininodite'
iii des fen6tres à vitres, ni des clieminees; les liomains
n16taient pas propres à ccs iiîventions.
Ainsi Roine éinit devenue à cette époque le
centre de l'ancien monde. Mais si Rome doininait
alors siir presque totis les peuples civilisés,
dans les trois parties du monde , il n'y eut poürtant
pas là rin avantage polir le fiitur ddveloppement
du genre liiimain. Mais déjà la Providence
avait tout préparé pour faire mûrir et venir silr
la sc211e di1 monde de nouveaux peiiples plus visotireiix;
les syst&ines~~llilosoyl~icjries et religieux
étaient plus or1 moins cl~arges de superstitions;
les Romains et la plrisgrande partie des peiiyles
païens avaient des idées indignes de Dieri et de
son culte, et les Juifs qui en avaient (le pllisiristes,
les avaient obscurcies par cles préjiigés et par
des disputes ;il fallait, pour ranimer l'lioinnîc et
consoler l'liainanite', yu une re'volution eût lieu,
et qu'une noiivelle vie pliysiqrie et spirituelle
vint préparer iine époque nouvelle ; le clirislianisrne
apparut !
snsTom31:
DILI MONDE ANCIEN.
' CHLIPIT~~E IV.
Dc Cisnr Octrrve jirs~u'àla chrlle de l'E»ipirt.
romain d'occident. (30 avant Je-C., jusclu'à 476
après lui. )
Qnoiqrie pei~daiit la premiére iiioitié, au moins,
des Soo ans dont nous allons esquisser i'liistoii-c,
Roine reste sur le premier plan cians le tableau ,
et ~~uoic~u'elle atteignit soiis les premiers empereur;
son épocjue classique, sou pltis Ilaiit yoiut
Cl'4let'vation et d'éclat, il se présente déjà une
foule d'e'vc'nemeris et (lecircoiistances qiii, polir
ne pas être iin~nédinteiiieut liés à l'llistoire de
Rome, n'en sont pas d'une nroiodre importance
soiis le point de vue cle 1'11istoir.e du monde. En
lweiniére ligne vierit se placer la fondation de la
religion clir6tienrie ;puis l'al)püi+ition trioinpliale
des peuples germains ou allemands. L'importaiice
ct In durée des consc'qiieiices de ces évdnemens
ont, non seulemerit siirpnssé l'4clat de
Rome, inais elles lui ont aussi survécu fort longteirips.
Lc premies de ces éve'neniens noiis ramene
vers l'Asie, le secontl embrasse tous les
pays non souinis am Romains.
A l'esception des conquêtes faites par Auguste
( 93
et ses sucesseurs , telles cjiic celle du nord de
I'Ecpagne, de la Gaule méridionale , (les pays nu
bidi du Daniibe , 1:i pliipart occiipés par des
petrples Gniilois (tels qiie la Vincle'licic ,la RIiétic,
le Noi icon, ln Paurionie et la Tlirace); si l'on
ajoute la Lycie, la Rlaiiritanie, et que l'on borne
l'empire romain, en Eorope, par le RIiin et le
Daniibe, en Asie, par 1'EopIirate et le desert (le
la Syrie (vers l'Arabie qiii u'a jamais 616 souniise),
enfin, en Afriqiie , par la contrée sabloneiirc ;
8oine avait, à i'époqiie clont nous nous occiipoiis,
outre toiite l'Italie et presque tolites les îles de
la &liléùiterranéc, toute l'Espagne, y çonipris le
Portugal , la Gaule jiisqii'aii Rliin, l'Illyrie, In
Pannonie, la Dalmatie, la Grécc, la Thrace et la
'\Ioésie; en Asie, la Colcliide, Bal~ylone,1'Arimépie,
la Syrie, la Palestine, la Pliénicie et tonte l'Asie-&Iineitre
; CU Afrique, 1'Egy pte sans 1'Elliiopie,
Cyrène, les eiiviroris (le Cartliage, la NIIinidieet
ln b1aui.i tanie. Les antres pays du moudc,
alors connus, n'appartenaient pris à Rome.
On a peri de notions sur les ~ieu~)les à l'orient
de l'Asie. L'ancien roynuiile de Japon, soiis ses
Dairys fabtileux ;le grand ciripire de la Cliine ,
réuni cp 247, avant J.-C., soiis Slii-H0ar.ç-Ti;
ensuite, del~uis 207 , avant J.-C. ,jusc~ri'en220
après, soiis celle de Han, faisant alors de p n-
des conrpêtes ,iin com.nerce étendu , puis se
disloquant et diminuan1 , ces contrées ne sont
pas assez conniies polir $ire Iiistoriques. Il en est
a peu près de 1::t:ine tlu royaume (les Partlics,
soiis les Arsacicles, qiii, en 226 après J.-C., fiit
ciiglob6 dans le noavel empire perse, soiis Arlaucrxks
Sassan , jiisyu'ari septième sihcle, où il
tomba ait pùuvoir des Rlahométaiis. L'Arabie ne
se présente qrie plus tard, soiis Mahomet, siir la
6cbe historique ; mais le regard de l'liisforieq
( 94
est fixé sur Ic petit pays de Palestine, oh, sous
le rè-ne d'bugiiste, il arrive iine révolution don!
les efkets se font encore sentir aiijoiird'liui, qoana
toute la magnificence de l'ancien monde est tombc'e
en 1-uines.
Hérode-le-Grand régnait en Judc'e , grâce à In.
faveur cies Romains, il regnait encore sur la Galilée,
sur Sariinrie, et de l'autre côte' du Jourdain,
sur Pérée, Sturée et Traclionitis, enfin,
siir I'Idrime'e, avoisinant l'Arabie, ainsi sur toute
la Palestine. Il extermina 111 fainille des Madiabées
et en partie sa propre famillc ,pour s1ûffermir
sur le trône. Apiaès sa mort le royaume fut
partal;" ses trois fils, l'un appelé Arclielaüs ,
eut la Jridée, Samarie et I1Idiiinée; mais à carise
de sa marivaise ûdministrat;on ,il perdit les deux
premières qui , comine provinces romaines, furent
jointes à la Syrie et placées soiis des gounetirs
(prncuratores) particuliers, jusc~u'à ce
quvenfin un petit-fils d'Héi.ode, Agrippa, ohtiut
de noiiveau des liomains, la Palesiine comme
royûiimc. Ensuite, il y eut encore des procuratorrs
romains, yür exemple, Gessius Florus, mais dont
I1opprcssion porta le peuple une révolte sanglante,
par suite de lacjnelle, Jérusalem fi~tprise
et détruite par l'empereur Titus (70 après J.-C.).
Mais, si Jdrusalem flit encore plus tard regardé
comrtie centre par les Juifs, ceux-ci furent pourtant,
par la prise de Jérusalem et par des éve'nemeds
antérieurs , disperses par presque tout
l'Empire romain ; ce qiii contribua considéi,ablement
5 la rapide propagation des nouvelles
idées religieuses ;les religions païennes des Grecs
et des Romains étaient devenues pliitbt des instrrii~ieris
de la politirliic que des objets dliine
sainte conviction ;et déjà Cicéron disait, cju'iiu
auEure ne poiivait en regarder un antre sans
( 95 )
rire; nous avons déjà dit que la religion juive
aussi avait besoin de s'épiirer , de se régénérer ;
c'est ce besoin moral, généraleinent senti, qu'il
s'agissait t2e satisfaire ;voyoiis comment cela eut
lieii. Cinq ans avant la inort d'Hérode-le-Juif,
naqiiit à Betliléein Je'siis-Clirist fils de Marie
de Nazareth ,et se présenta coniine le plus grancl,
le plus estraordinaire docteur de la religion,
sous le gouvernement de Ponce-Pilate.RIais, comme
la simplicité de sa doctrine contretlisait les
principes des Jiiifs cte cette époqiie, il fiit poursiiivi
et enfin acciisé, devant le goiiverneiir de
Nonie, cnminc rebelle et eniiemi des liomnins.
Ainsi, cet arni de l'humanité mourut sur la
croix, et sa doctrine continua à être propagée
ar ses disciples. Le profoiid penseur comme
riutdligence Ir pltir siinple et la nioins ciiltivée ,
trouve dans cette docirine des ide'es jii~tes, des
notions claires de Dieii; cette doctrine inspire
arix liommes l'amour di1 prochain et la cliarité
universelle d'une manière I)eii conntie, oii moins
developpée aiiparrivnD t. Celte doctrine devait
Gtre en contratliction avec cclles cles autres religious
qui exisi:iient alors; elle devait provoquer
et a proroqiié, en effet, un coiiibat (lui serait
depuis long-temps terininé, si le cliemin qi;e
prend lit vér.ite', par les ilincs des liomnies, n'était
pas si lent; mais aiissi est-il le plus péiiétrant.
Jésus-Clirist a-t-il voiilii fondcr une nouvelle
religion oii 6purer l'ancienne? c'est ce que
noiis laissons indécis. Nous remnrqtions , seulement
, cliie cette doctrine prtkliée par les
doiize ap6tres , et iiotsniment par Pierre et
Jean , s'étendit d'alitant pliis r romp te ment ,
qiie les perséciitions , dont on compte dix,
vinrent en aide b cette doctrine qui est devenue
une reli~ioa.
Z 96 >
~iiiiroyenon soiimise i la donitiiation romaine
c'tait alors aiissi tin pet1 plus connue. Au
nord-est de 1'Eiirope se trouvaient les Sarmates
dont les races s'Gteudenl déjà en Asie dans le
iiord, prL;s de la mer Caspienne. Ari uord de
l'emboucliiire dii Danube etaient les Getes, les
Daces, les Bastnrlies, Ics Pauonciris dii Noid, les
Jazvges. Au nord de ces peuples, dans ln Prusse
acttÏelle, de l'Est jusqri'à In Livonie, lcs Bstiens,
les Vencdes et (l'autres. Plus importans de beaiicoup
é'taieiit les peiiples (le I'Allemngiie actuelle
qui demeuraient dcpnis In Vistule jiist ri'aii
Rilin, clepiiis le Dnuiiùe j iisqu'ii la mer du Lord
et de l'Est ;un ~eriplevigoiireiix, brave, aux cheveux
blonds, aux yeux blei~s ; tle inmurs simp!es;
guerrier, tantôt nomade, taiit0t cliasseur, nevivant
qne trhs-peu cle l'cigricultare, car des forêts
iininerises et des marais fangeux corivraient cet
antique pays. Pliis de citiquant6 tribus coniposaient
ces diffe'rens peiiples. Ils n'avaient (le
coiiimun que la lcingue, l'anlorir (le la libcrtc' et
les c~i~alités nationales, telles que l'liospitalité, 14
bi-avoiire, lin respect particulier pour le sexe,
l'amoiir (le la giierre, tlii ~wiicli;iiit pour la ho&
son et pour les jeiix. Les plus iinportantes de
ces tribris &taient: prEs (le la mer de l'Est les
Baurgiiignons, les Riigiens, les Variies, les Gotlis
yii 1)1ustaid se sont établis dans In Süi.de ; les
Ciinbres ( le IIolstcin actuel), les CIiauces; les
Fricses, prés de In irier du Nortl: ensuite le
long (lu Rliin, les Bal:iues, les Usipetes, les
Tencteres, les Uhieus, les RIattiaques, les Nemetes,
les Tribnques, les Vangions ; dnus l'intérieiir
du nord de I'Allernn~ne, lcs Siganibres,
les Bsiicteres. les Angrivariciis , les Cliasiiarienç,
les Cliattes (doiit descenden t les Hessois), les
(Iherusqiies dnris les contr6cs aux mises de
( 97 )
ffai-z, iesFozes, ies Longobartls, les Si~eves <luise
siibdivisent en d'aiitres tribus. ALI siid de 1'-411elnngnc,
mais au nord du Danube, il y avait surtout
les Hermuudures, les RIarconiannes, les
Nariscliies, etc. La lançiie et nGme la religion
scinblent indiqiier iine origine asiatique, mais
l'liistoire ne parle pas dc l'invasion (le ces ueuples.
Ils se prétendent descendans cle Teut
ori Tliuiskon et de son fils Mann; ils adoraient
dans lerirs bocages sacrés Vodnn, Tiior , In
Freia, Hertlia (la terre) ; attribuaient la vie imlnortelle
en Vallialla; dépendaient tantôt de
prêtres, fonctionnaires nationaiin , tautôt de
piinces (premiers), et de rois ; dans la guerre
ils avaient des ducs (de ducere). Leurs vêtemens
consistaient en peaux d'animaiix , qiielqriefois
aussi en tissus de fil :l'&pée, lt! bouclier et In
coiirte pique composaient leiirs arriîes ; chaque
tribii était clivisc'e en nobles, en affrancliis el en
esclaves. Ils étaient sauvages avant leiir commerce
avec les Roinaiiis qui craignaient Iciir bravoure;
ils avaient peu de villes : ils n'apprirent
In lectilre et l'écritiire ( tle mots latins) cliie (les
Eoinains; mois neufs et forts, ces peiiples non
encore corrompus, étaient capables d'il11 plus
rapide cléveloppement. Aimaut la liberté et iiiitics
aux arrncs des les temps les plus recule's ;
ioiijorirs prêts pour la défense comiiie liour l'attaque,
a jnnt de bonnes meurs, de la cliastete ,
dii respcct pour la vieillesse, etc., ces vertus
avaient cliez eux plus de valeur qiie p:ii.totit
ai1leiii.s. En Annltterre se trouvaient les Bre-
Ions et les üatil$s, en Ecosse ou Calédonie, les
Scotes et les Pictes qui ne sont pas d'origine
allemande. Iierenons a Octave.
Le sénat romain liii avait decerne' le titre
&4ilg~<stcou I'inviolahl~,le respectable, et cc-
?
lu:-ci avalt, en reconnaissance, cotiserve' des formes
de ln république autant qiic possible, puisque
d'ailleurs les titres réuuis de tribun, de
consril, d'empereur, lui assriraient 13 su1)rême
dignité; il se fit aussi prier tous les 5 oii toiis
les i o ans, (le reprtnclre le pouvoi: suyrêine.
Le sénat resta le conseil d'état, quoiclii'un filecèiie,
rin Agrippa Rlessala, fiisseiit Ics conseillers
secrets et les tniiiistrcs. On iiistitiin cies arniées
pernianentes et des gardes dri corps (co-
/LOI-tesy/-etoriann.);les Iégions restérent dans
les proviuces, dans des camps permanens. Octave
fit rine foule d'autres iiislitiitions iinportantes
pour le vrai bien de l'Etat, et fit aiiisi oublier
les moyens dont il s'était servi pour parvenir A
ln dotnination. Dans les longiies giierres civiles,
les républicains les plus cxaltés avaient péri, et
quand inGme il y eut quelques conspirations, elles
furent promj~teineiit coiiîpriilie'es , et Aiigiiste
aurait bien pn se passer de la cuirasse q~i'a11
sénat il portait soiis ses vêteniens. Sous Aiigiiste,
il y eut plusieiirs guerres, moins peut-Ctre pour
co~iquCi.ii-de iioiiveaus pays qne pour occripei.
les Homains clc clioses ext~ricurec: il v eiit cles
caml)ajnes contre les peiiples qui Iiab'itaieiit le
siicl du Danribe, contre le pays cles Bastarnes, en
Espagne, dans la Gaiilc occidentale, en Ariilénie,
en Arabie et en Eîliiopie (ce fut sans siicc?~
dans ce dernier pays) ; les plus importantes de
ces calilpagnes sont celles contre les Allemaiitis.
Driisus, le p!iis jeune des beaiix-fils tl'Aii~tistc,
coininenja ces campagnes en l'an XII avant J-C.,
claiis le Bas-Rliin ; la Basse-Allemagtic (111 Vestplicilie,
la Basne-Sase, la Hesse ), fiit le principal
tlie'itt-e (le la giierre. Les Frieses, les Bataves, les
Cl~auces&taient alliés aiix Romailis. Dr~isus vainq11It
les Glieriisqiies, aprés plusierirs expéditions
( 99
il parvint jusv'h l'Elbe, mais il mouriit snbited
]rient. Tibere, sou frkre, et d'aritresgénéraux continiikrent
ces giierres et avaient surtoul eii vue
par leurs nolnbreux cliâtea'ux forts, par l'introductioii
de la langue romaine, par celle des lois,
de l'administration jiidiciaire de Rome, enfin par
ln propagation des i1i~iii.s romaiiies, de convertir
les pays libres eii provinces romaines. Enfin
Arrnin, jeuue lionime C~ieriisqric, liardi, leqiiel
élevé à Rome, où il avait été nommé clievalier:
avait appris à eri connaître la politic[rie et la tactique
iiliIit2ireJ Armin, attira dans l'inte'rieiir de
la forêt de Teutobourç, Variis, ~énc'ral romain
plein de sécurite' et en défit les le'gions enlières
(9 ans alwès J.-C.), clans un combat (le lrois
joitrs, près de Hervord ct d'Uffel, où aujoiird'liui
encore de longiies files de collines qii'on dit
caclier des cadavres, OU, les noms de Fallroin, de
I\ocnierfeld ( cliamp des Ilomiiins). de Vin~iefeld,
de Colilstaclt, de Todengruiid (fosse des rriorts),
altestelil la inallieiireuse défaite di1 général romain.
Ainsi les Alleinauds se garanlirent polir
lorijotirs di1 joug romain. De noiivellcs troupes
romaines sous Gernianic~is, fils de Drusus, rcvinrent
à la ve'rite, et même victorieiises, sur le
cliainp de bataille de Drusus, mais elles ne purent
se consolitler dans le pays. 11 est triste qiie
les Alleinauds finirent par se combattre entr'erix ;
Avinin toniba victime d'un assassinat. après qii'il
cil: vu fuir devant lui vers les Romains Rlarhorcl,
priuce (les Blarcomaiiues. Mais ce qui
rendit célèbre le règne de 44 ans d'Augiiste,
fut non-seuleineut la pacification et l'açrandissement
de l'empire romain, Ics grandes et bounes
institutions dans 1'Etat faites par ce prince, siirtout
le joag devenu moins pesant dans les proviaces
;inais son règne s'est eaçore éternisé par
( loO
les grands eiicouragemens donnés aux sciences
et allx arts; voilà s:i gloire la plus durable.
Blecbne, favori de l'empereiir, protégea les savans
et les oètes : alors brillkrent Virgilc,
Ovide, Tibule , Properce, Horace, Vitriisc ,
Tregi~o Pompée, Valériiis Flaceu; et pliisieiirs
arrtres Iioniiiies ce'lèbres. La bibliot1iL:qae palûtiiie
fiil oiiverte ; Rouie devint de pliis en plus
magnifiqiie et brillante. Mais Auguste fut mallictireiix
comme époux et coinnie père. Sa troisiéme
femme, Livie, fenirne niécl~ante ,fil t cause
de laperte dcsa fille Julie,dese;petits-fi1sCûï11set
Luciil; César, aiusi qrir d'Agrippa Postliurnu~.
Ces inallieureiix siiccomb&rent aux macliinations
diaboliques de Livie ,qiii sacrifia même son second
fils Drusiis et son pctit-fils Gcrmanictis,
afin de t'aire monter sur le trôiie Tibére, son fils
clie'ri, et c~ti'Aiigiiste avait adopte'. Peut-être
rnêine cjti'on peut attribuer à Livie la mort
cllAriguste: celui-ci inouriit ( r4 après J.-C.), i
Nolcs, après avoir fait cette qiiestion :Ai-je bien
joué mo11 rôle? Applaudissez donc, amis !
Aiusi, grice arts lionteiises trames (le Livie,
axi lieu de la innison de César, ce fut l'aboiiiinable
race des Claiidiens qui inoiita sur le trône
dans la personne de Tibère.
Le règne d'Auguste parut recevoir iin noiivel
éclat par l'incapacité et les vices de scs siiccesseiirs.
Tibtre fut un tyran soiipconneux, et
son règiie (de 14 à 37 aprks J.-C.) est lin
tissii d'liypocrisie , de cruauté, de jalousie!
de rapacité, de piisillanirnité et poiirtnnt aiissl
cl'iin Iiorrible mCpris des Iioinmes rliii, ji Iri
la vérité, devaiest dans les inaniéres rampantes
de cr:rix qui l'entoiiraient et inthe au senat, Itli
paraître bien mé,)risables. Il enleva les comices
sri peuple et établit les terribles tribiinqux clisr-
( lot )
gis cle connaître des crimes de 1Czc-majesté
qii'a~i despote sait toiijoiirs rendre comnitins.
Après avoir assassiné la plupart (les siens, il se
retira 3 1'Ile (le Capre'c, où il se 1ivr:i niix plus
infsmes débaiicl~es, et il abandonna le gotivernemenl
ni1 chef (le ses gnrdes (prqfectus py-
torio), nommé S6jan. Tibère fut enfin assassine.
On lie peii t cependant pas lui refiiser de la bravoiire,
l'amoiir de la discipline iriilitaire et de la
générosité ; son mallieiir fut d'8tre lnonlt! trop
tard sur le trône.
Par contre, Ciiit~s Césai* Caligrila, igé de a5
ans, fils de Gerinanicus (37 b 41). n'avait pas
une seule vertu. Le noln c'le Caligula lui avait
été donné à caiise de ses petites bottines mi!itaircs.
Sn criiaiité lc rendait plu tU t seinblüble à
un tigre yii'à un liomme; sa protlignlité (il dépensait
132 lnillionsd'écus par an), était un effet
de sa folie (suite de sa jeunessc dépravée 1, qiii
le porta à voiiloir élever au consiilat sou cheval,
i se faire appeler dieu; ce qui ne I'eiripêcha pas
de se tapir soiis le lit à l'approcl~e d'un orage.
Dciia ofliciers de sa garde le poiguardèreilt, ct les
préioriens élevèrent au trône son oncle iigé de
50 ans, Claude (41 h 54), coiitre une donation
qu'il letir fit. Des femmes et des affranchis régnérent
à sa place. Si son pre'de'cesseui. dgsirait
que tout le peiiple romain n'eîrt clu'iinc tête,
afin (le pouvoir l'abattre d'lin se111 coup, le uouvel
empereur aussi troitvoit du plaisir aux tortiires
convulsives des inourans; il inoririit biciitôt
lui-mêmc empoisonné par des cllampignons
~ U Csa femnic Iiii fit inanser. Selon qiielqriesuns
ce fut saris son r&gne (lue In Grande-Bretagne
fut coiic~iiise. Nlj'ro~r,Ag6 de 17 ans,liii
siiccéda ; &levé sévèrement par Sénèque, qui
plus tard paya de sa vie cette sévGrité, Néron
( 102 >
inoota siir le trône (54 à 68), avec le projet de
vivre de'sorinais sans frein. Il tua sa mère, sa
feiiime, persécuta les cl~rétiens, inceudia Rome,
pour ~~oiivoir réziter quelqiies vers sur Troie en
fèii ; ce qui ne I'empCclia pas d'accuser (le cet
incendie les chrétiens, et de les en persécuter; il
se présenta devant le peuple et aiix jeiix olyinpiques
comine chanteiir, sut maintenir le peuple
clans la jouissance et dansl'enivrement, le teinps
dela tyrannie étaut ordinairemect l'âge cl'or de
la pol~ulace. Les pre'torieos se révoltèrent et
I'empereiir fiit force' de se faire poignarder
par un affranclii. On dit, qu'il s'écria alors,
qrtalis nrtifix pereo !Avec lui finit la inaison
de César et celle d'Auguste, indis 1% noms de
César et d'Auguste furent conserve's par les empereurs
snivaus. Dans l'espace de deux ans,
Galba, Agé de 72 ans, Othorz, qui aiinait Leniicoiil'
la parure. ec le gourniand Vitellius, ces
trois géuéraiis qiii avaient découvert le sccret cle
faire de; einpei.eiirs Iiors de Rome, et sans le
se'nat, s'emparèrent siiccessivement du trône à
l'aide de leiirs légions. Otllon et Galba étaient
pleins de courage; Vitellius rappelait C'alig~~la
dont il avait été lc favori. En contemplant le
champ de Bc'driac oit avait e'te' vaincii Othon, il
dit en voyant lcs cadavres : Le cor-ps d'un entrerni
mort se~rt tozijnnrs bon. Ce mot Iiorrible peint
l'liomme. Il fut assassiné. Les légions de la
S rie proclainèrentempereur leur général Titiis
daviiis Verpnsieii ,qrii stii se maintenir siir le
trône, et fut lc clief des Flaviens, q!i lui s~iccédtreiit
(69 à 79). Son rlbgnc se fait remai.cjtier
le rétablissement des finances, celiii lie
~~iscipline militaire, par la constri~ction d'f -
difices publics ( coliseum) , par la nomination
de professeurs payés par I'Etat, la siippression
( 103)
de jndicin ntajeslatis; il rétablit aussi In considération
du Sénat, il fit la paix avec les Bataves,
([iii s'c'laicnt révoltCs; enfin Vespasien fit aiir
JtiiEs une guerre sanglante, qiii leur coûin un
million d'liommes et entraîna la perte de leur
ville capitale. Tiiiis qiii lui succétla devint
lneil!eiw siir le trône; il regardait comme perdit
le joui. où il n'avait fait de bien 3 personue.
Soiis son règne court (79 h ai.), arriva la
graude éruption d1i Vésiive qui renversa et
coiivrit I>ompeia et IIerculailiim, éruption c~ul
fit perche la vie aii naturaliste Pline l'Ancien ;
il y ent ausci SOUS son règne une peste à l\omc
et un ..rand incendie. Il clicrcliû% aider partoiit
et mézta le titre tris-l~onoi-able de nmo1- et delicia
generis hutnnni. Autant Titus fut hoo, ;lulaut
Doiiiilieii c~rrile rernplaca sur le tivône
( 81 à 9G ), fut un despote acconipli. Lcs tribunaux
(le léze-rrinjesié, judicia ~najestalis, et
les dénonciateurs, delatores , recoinniericèrent
comine aiitrefois. Piqiie mallieiireux dans ses
guerres contre les Iinttes, les Daces, les Rlarcoinannes,
etc., Doini tien n'en cc'lébra pas inoins
cles trioniplies. Il fut enfin nssassinc'.
Coccejus ATerr)a(9G à 98), est lc prcniier
d'rinc norivelle ct ineillciire dynastie. Presqiie
trop rloiis polir le peiiple accoutuiné aii saJlg, il
fit tout son pour faire oiiblier les Iiori.eiirs
des precédens empereiirs et il adopta l'es-
~)~~nol Ulpius Trnjnn ~iui liii ~iic~édo siir le
trtne (98 h 1 17); ce fut lc p,rrnier diraiiger np-
])cl6 à cet honneiir ; Trajaii fut égaleiiient graiid
conine motiarqiie, coniine ge'ne'r*al et coiiiine
lioninle; il rc'tablit la constitutioli, et cet eucelleut
empereur se déclara sujet de In loi. 011 rendit
les élections iiiix Comices, la liberté du
vote aux sénateiirs et la conside'ration aiin ma-
( 104
gistrats. Ses actions, ses giieinres condiiites avec
bonlieur, même contre les Yartlies et les Arabes,
sont élernisdes par iine colonne, Iiaute de il5
ieds, soiis laquelle ses cendres fiirent (léposées;
Kiine le eun ne-a céi~hrd dans son p:in6gyriqiic
les grandes qualite's intellectuelles de Trajan, qiie
fail encore mieux connaître la col-respondailcc
de ces cleux grands Iiomines. Sou cousin Eiiris
-4drirn lui succeda ("7 "38)' et régna yaisibleirient.
II renoucn aiix conqii6tes dc son pridecesseur,
excepté à la Dacie, ajoiitée à l'empire
par Trajan, fit de; réformes consitlérables dans
les provinces qri'il parcoiirut eu entier, la plripart
à pied. Iledisait qu'un souvcraitr, semblable
au soleil, doit dclairerl torttes lesparties de son
empire,et il fit arissi pour l'Italie tinc foiile J'étiibli;seinens
utiles. Les Jiiifs serils éproii\rèrent
sa sévériit!; après iiner6volte de leur part il fitrcnt
fortenlent cliâtiés et leur dispersion en devint
pliis coniplète. LesMoles Aclr-inni, actuellemeut
Ettgelsboiirg, servent de tombeari & ce
grand Iiomrne. Le règne le pitis iieureiix poiir
l'Empire romain fil t celrii dti successetir d'Adrien,
AntoNzitt, surnoinnlc' le Pieux (158à 161);
ce fut peut-6ti.e t'homme l~plus noble [pi se soit
jnniais assis siir un trône. Actif, sans briiit, il
doniie peu de matière à l'liistoire, sinon qii'il a
été la bénédiction de son peiiple. II merita IC
nom dc second LVunta et de Pére rZc k tPati.ie:
II ent porir successeur Illarc-Aur.Glc, stiruoniine
le Philosophe, ( 161 à 180);celui-ci eut potir associé
nii trôiie jusqu'en 169,L. Verus, son benrifils,
qui r,e lui resseinbln pas. Le régne de Marc-
Aurèle est rcinpli par des Suerres sniiglantcs
contre les Chattes ,les P:irllies, les BIarcoinünnes
et coiitrehea\icoirp de yeiiples qui denieilraient
depuis la mer Noire. jtisqii'aii Rllin :les Vandiiles
( 105)
lesJaryges, les Quades, les Alanes etlesBastarnes,
(,pr4curseiirs de la migration des pe~ipier ), qui
etîient plus dangereux par leiir alliance naturelle
et attac iiaieiit inriinteriant l'Empire romain,
mettaient l>/iis d'iinc fois I'empereilr en danger;
il n'y eiit pas toujours iine Ie'gion Julininatztf
(c'est iine ldgende clirdtieni-ie) , pour parer a
cc! danger ; inais iiiallieui.eiisement Riarc-Aurile
prit aussi tléjà à sa solde des Barba~mes; c'est
~iinsi qu'on nominait tous ceux qrii n'e'tnient pas
sujets de Ilorne. qui ne parlaient ni latin, ni
grec. Il est probable qiie Contnzode, ce nioiistre
de criinut&, d'orgiieil ,et de vices, qui succGda
ail trône ( 180 192) ii Marc-AurCle, fut plutilt
fils d'iiii gladiateur cjue de ce prince, pnisqu'il
aclicta illclieiileiit la paix par des tribiits, et qii'il
s'abandonna nilx vices les pliis eiFrériés. Ce fut
trop tai-(1 pour des milliers [le ses victiuies qci'il
fiit enfin empoisoiint! et étranglé après avoir figuré
devant le public 733 fois comirie gladiateur,
diaque fois moyennant un niilfiou de sesterceç.
Rorne était encore dalis lin étai qiii parkit in&-
branlable, niais déjii sa décadence approchait
rapiclerr~ent, et les beaiis temps de 1'Enipire romain
finissent avec les deux Antoniu. L'diat
elait trop grand, et pli13 tard l'orateur Aristide
disait de Roiiie :Tii as posé tes boriies 1; où la
possession cesse ù'6tre désirable. Toutefois les
arts et les sciences florissüietit encore, sortoiit
sous les Flaviens et sons Trajan. Soiis Tibère
vivait le c4lt:bre niétlecin Celse, I'liistorien Vel-
Iéiris Paterciilus, Valére hlaxime, le collecte~ir
~'cneinples,et le ~>é~grjpli~ Pomponius BIela.
11 y eut a:issi Ciirtius Ri~fiis et Columelle, plus
tard les poètes Pcrse, Lucain, et Séii6(1rie, plulosoplie
et trap!dien. Soiis les Flaviens vivaieat
!'hue )'Ascieu et les pobtes YalGriss Flnccus, Si-
( 106 1
lii~sItalicus, Stace, Martial, Juvénal et Q~iintilien,
grammairien et rliéteur. Aux empereurs
suivans a partient le graiid historien Tacite,
Pline le Qeune, SuBtone, ~lorus, et peiit-être
aiissi Justin. Dans la décadence de la !iberte civile
on ciiltiva siirtout la science du droit; cc
furent Labeo, Capito, Sabinus, Çassiiis, Jiilianus,
Caïus, Papinien, Ulpien, etc., qui ctiltivt\-
rent cette science ; h cetle époque onperniit ailx
médecins d'exercer leur Iiot~orable profession,
saris 1x1'er Lt'iinposi tion. L'c'loqiience dispariit
avec In [ibertd; on n'en~eiidit plas qtie 'les oraisons
fiinèbres et des exei-cices scliolastiques. II
y eut des collections d'objets d'art et des galeries
de médailles ;(les artistes grecs eurent leurs
ateliers à Roine. Les pantomiines, les combais
de taiareaiix, IL'S combats de çladiateiirs (1110~
nzorituri, te salutant, Cmsar), étaient les spectacles
favoris du peuple, et juscjii'à des s4nateurs
mêine se prdseitèi*erit dans cette dernière esyèce
cle combats. BIais la plupart du tenips ce n'éiait
qii'iine brillante misère ; il n'y eut lias de constitiitioii
rég~iliére, pas de loi sur les siiccession~,
pas de véritable droit de citoyen ; les nlociirs
étaient corrompoes aii dernier-degré; lcs vices
les pliis lionteux furent effrontément affichés;
l'esprit de l'an tiqiie Rome s'effaca, tout fut vend1
et corriiptible ;plus de cent mille personnes se
levaient le matin ft fioine, sans savoir conirnei~t
'se procurer le nécessaire polir se sustenter le
jo~ir, t:indis qne cliez les gens riclies, star-
'tout cllez ies femmes, le Irine était ail-dessus
de tolite espression.
A la inaison cles Antonins snccéda Pertinag
qai régna trois mois , ensuite J~tIien Didilrs
iii , comme le pliis offrant obtint le trône
le In main des prétoriens moyeiinnnt six mil-
( 107
lions d'&cils. AIws les troupes jalousés choisirent
dans les provinces trois empereurs à la fois;
Septirnus Se'vt?r.e, l'un de ces trois einpereurs,
conqiiérant, mais cruel, sut se rnaintenir dix-
Iiiiil ans sur le trône (193 i 211). En mourant,
il donna i ses enfans le précepte d'euricliir les
soldats et de ne pas faire attention au reste. Caracalla
agit d'après ce pre'cepte et assassina Geta,
son frère, dails les bras de sa mère, Jiclitr Dorttna,
syrienne de naissance ; il rappela les crimes et
les folies de Calignln. Assassiné par Jlarcien, préfet
ilil prétoire, cc dernier lui siiccdda et fiit
assassine' à son tour. Ensuite lcs soldats clioisirent
polir clief, Bassianus H&liogabale, petit-fils
de Jlnsa,sœur de Donzna. I-Iéliogabale (21sà
222) fut sans contredit le plus misérable et le
plus liorrible de toiis les einpereurs romains.
Rlettnnt des liabits de femme, il se forma un se'-
na1 de feinmes ; des daiiseiirs, des cochers, cies
barbiers occiipCrent les einplois (le 1'Etat. Il se
fit appeler feiiiine et reiue, se promena siir de'
la poudre d'or et d'argeut, et clans ses penchans
il fiit nii-clessoiis de la brute; coinme tel, on
~'asçoinniri.~1exanrlr.eSio6r.e , cpii lui siiccéda
(222 à 235) fut un meilleur prince; cc fut sous
son rt:gue citic s'&leva l'enipire de la noiiyelle
Perse. A1esnncli.c Sévhre ayant &te assassiné,
lVaxilnilz, autrefois palsan tle la Thrace, monta
sur le trône (235 à 238); il avait liiiit pieds (le
11aiit; sa force c'tait extraordinaire, son ignorance
(tonnan te, son caraclère cruel, sa bravoure le-'
méraire. Avec He'liogabnle 6riit l'ancien nion-
(le; avcc nlnxiinin coinmence le iioiiveau; il
fut assassiné par ses soltlats. Gorilieii etPl~ilippe
sont moins iinportans cllie Decircs (249 à 251) soiiS
lecluel les Goilis fondeut de la iner Noire sur
l'einpirc et, tuent l>einpereiir.
( 108j
Les Francs aussi et les ~llernands, afiinncd!:
de peiiples qui s'e'laient forniées en Allemagne
de petites tribus, devinrent ioujours plus
clangereiix aux frontières' roinaines , pendant
que Sapor, roi rlcs Perses, fit des dispositions
pour reconqiiérir toutcs les provitices asiatiques-romaines,
qu'il prdlenclait lui appartenir.
bous le rcgne négligé de Gallien, dix-huit b
dix-neuf çoiiverueiirs de psoviiices (np clés
les trente tyrans), se rendirent ind6pen&ns.
'iisqu'ù ce que Clodius II ( 268 :I 270,) refoula
les Gotlis Iiors de ln Moésie, et qu1Aurr/ien (270
à 275) eut bntto les TTandales, les Alemannes et
d'autres periples allcniands; aussi passa-t-il pour
le restaiirateiir dc I'einpire romain. Il tourlia
aussi ses arincs coutre Zénobie, veuvc &Oclenate
et reine de Palmyre (Tadmor fondée par Snlomon),
qii'il vainquit. A Tucite, Iiomme respcctablz,
mais tro vieux, qui répandit des copies
des ceuvres de flliisior*iendu nieme nom et de Ir
maison duqiiel il dcscendai t , siicce'cin ArrriLius
ProGrrs (276 h 282) qui coiisiruisit une graride
iniiraille (Illur dii Diable) de Ratisbonne jusquç:
vers le Itliiri pour prot6ges l'empire roinain; il
fosca ûiissi les Perses :I accepter la paix, et planta
acs vignes prhs du Rhiu. Sa pnrolc rnagnanime
(le faire en sorte qitc le mondc pi~isse se
passer de soldats, Iiii coûta In vie. Eosiii(e viennent
Carus , ~'~tnzt.i.ianrts,Cariflus et Diocft!-
tien.
Dans cette période du ylris farouche despotisnie
militaire, la religion cIirélierixie qui s'e'tendai
t, par les perstkutions meines, offrait encore
le sciil spectacle consolant; niais déjà il se fol.:
mait une e.;péce de liic'rarcliie, puisque ceiix qui
enseignaient dans les comniuues cctte reliçion,
to~ise'gaiix d'abortl, vouliirc~itpar la siiite QC-
( 109 1
tiiper iin rang plus élevé, et mestirant letir rahg
sotivent sur la graii(1erir cles conimiines siirtoi1
t clans les villes principales, ils clierïlièrent
à attaclier à leiirs titres pliis de yo~ivoir qii'il
ne convenait. Les pers6cutioiis provenitient d'abord
de ce qii'on coufontfait les clirétiens avec les
juifs qiii étaient en Iiorreiir niix Romains, en
partie aussi de la résistance des clirétiens à pliisieurs
empereurs qui Itwr demaiirlaient 3 eiix
aussi de les adorer ; de là l'opinion qiii faisait regarder
les cl~rétiens comme une secte rebelle et
dangereiise à l'état. Mais les clirétiens préféraient
célr'brer leur service divin dans (les tombcaiix
et des catacombes, ori acceptaient pllitfit le
martyre qiie de trahir leiir foi. Alors le ciboire
était 'de bois et la croyance d'or! A cette époc[iie
il existait certainement peu de motifs de contestation
au sujet du rang parmi les évêques ou
inspeïteiirs. Mais 1'Eglise clirétienne allait recevoir
iin grand changement politique. Dioclétien,
piir mieiix se défendre contre les invasions,
s etait associé plusierirs collègiies (284 3 3051,
comme co-régens, soiis le titre d'Auguste et de
Césai., et avait entrepris lepartage de l'empire, en
re réservant le dia(t6me oriental. Il abdirl~ia en-
6n volonlairement l'empire et moiirut à Salone.
A sa mort (305) Constatice goiivernait les Gaiiles,
l'Espagne et la Grande-Bretagne, Etnnt mort 'a
York, Constantin fut appelé (306 à 337) par les
]%ions ail goilvernement d'une partie de I'em-
Pire. Pour combattre efficacenient ses cinq coré~ens,
Constantin clierclia à sc former lin partt
Pitissant clans l'empire ; il y parvint en se dêchant,
en 31 1, polir le chi.istianisnie ; (le manière
qi>'apiks 17ans de perfidies, de crimes et
de guerres, il reiissit, en 323, i s'emparer seul
de la dornioû(ioq de l'Empire romain! Ainsi
10
clisngea la ljositi~n de ceiix ctiii s4ap1>ela:ent
clirétiens; de yerséciités ils devinrent persécuteurs
des pnyens ;ils eurent cles églises inasnifiqiws
et un ciilte divin brillaut; ils eurent iin
$rand nombre d'ecclésiastiques et iin clergé à
ivcrs degres, et bientôt les évilqties de Bysanco
(Consiant!nople), où le rusé Canstantin avait,
en 330, tran~portésa résidence, loin du sGnat et
dii peuple romain ;ces évGc~ues et ceux de Roine
lie furent plus contens de leur tilrc d'arcliev4-
ques; ils prirent celui de patriarches. Non-seiilement
la ftireiir dq rang et de la domination
qui animait les ecclésiastiques, mais encore les
dispiites siir le dogme, psr exernple, si le fils
de Dieii est étersel, piiissaiit et de même nature
qne Dieii le pcre, ou nou, comme le soiitcnait
le prehyte'rien Ariiis; tolites ces apparitions
montrent que l'esprit de l'antique et primitif
cliristianisme commentait ?t se perdre. Le symbole
de la cousubstantialité fut confirmé comme
véritable dans lin concile général qui eut lieu à
Eic&e,daus l'Asie mineure (5~5)~ sous la présidence
de Constantin, et Ariiis fut excommunié.
On clécicia en mhe temps, ce qui existe encore
aujourcl'liui, de célébrer toiijours la fête de Pâques,
le premier dimanche yiii suit immédiatement
la premiére pleine lune, aprés l'éqiiinoxe du
printemps; de manière cliic cette fête est tantôt
en mars, tastôt en avril. L'Egiise &tait dovenue riclic
et piiissante ;le clirdiien avait accés à tous
les emplois de l'e'tat, el 1:empereiir sut appuyer
sa puissarice sur la hiérarchie de I'Eglisc, yendant
que le clergé siit à son tour se procurer tie
grands priviléges, iine jiiridictioii particiilièi-e,
des donations, etc. Nais bientôt il y eut des
cliréticns qui se retirèrent dans la solitude pour
S.'y livrçr b uiie pieuse çonternplation ;ils deïiq-
( 111 1
rent anacliorhtes, comme Paul (le Tlièbes, Antoine;
il y en eiit d'autres qui réunirent autour
d'eux des disciples, comme Fachornias : ces disciples
s'établirent daus le voisinage de l'aliacliorète,
devinrent moines, et occnsion6rent la fondation
des couvens. Cette vie s6vZre et solitaire
inspira lientôt beaucoiip clc respect et troiiva
des imitateurs. Rlais revenons 5 Cohstantin et à
Ses successeurs.
Constantin avant transféré le siégc de l'Empire
à ConstantiriuPle, les frontières orientales furent
à la vc'rité plris assurées, mais Rome commenca
aussi à déclioir ;il y eut aussi iine noiivelle division
de l'empire en quatre prefectures otl souverncmens
(przfccttira Orientis, Illyri~, Italiæ
et Galliartlm) avec 13 dioc&ses et 1 ig sotis-provinces
; puis iine foule de nouveriiis titres et de
noiivelles dignités à la cotir, dans le civil et dans
le militaire. Çes divisions, ces formes et ces dénominations,
si elles ûvaient pi1 fonder le bonheur
public, si elles avaient pi1 doriner qttelque
chose de plus qu'un simple éclat oriental, auraient
rendu trés-heureux l'Empire romain;
mois il n'en fnt , et Consfaniin qui,
pour le service qdi~~:a:t?ndu nueliriitianisme,
avait mérité le nom de grand, ne piit assurer le
bonheur de l'Empire dont la consistance se perdit
presque entihrement sotis ses fils. Des trois
fils de Constantin,levoliipttteux Constaiice, gouverné
par des eunuques, obtint le règne aprt! lin
long combat (337 à 361); mais Flavius Jlrlien,
nonimé déjà CCsar en 354, se vit enfin se111 maître
de l'Empire (361à 363) ;ce fut de la maison
de Constantin le dernier, et l'hoinmc qui avait Ic
P~USde talent; déjà il avait victorieusement coii-
vert les frontières du côté du Rhin, et avait pénétré
bien -an$ es Allemagne; cet empererir
( 112
joignait abx talens militaires et politiqiies le goût
poiii. IR ~)ltilosoj)liie,I'arrstérité des iriœurs, I'esprit
tAt l'kioqiience; il abaridonna le cliristianismerléhillant
polir retouriier ail paganisme. Aiissi
fut-il siirnominé l'apostat. Blais ce n'est p?s
dans ce oint qiie se trouvait précisément le
sali1t de l'Empire.
Soiis les empereiirs siiivans , Jnoien , Yalcntinien
I, Valens (363 578), il y eut uon-seiilement
lin colnbat coritinrlel et toiijot~rs clangereiix contre
les Allemands dri Rliin et dri D:tiiiibe, inais
en 375 arriva aiissi l'iiivasion iinportante par ses
réstiltats, des Hiins en Eiirol,e, oii le coininencetiicitl
(le ce gr~ncl nioiivement appelé la grantlû
niisration des peiiples qiii, cent ans plus tai-(1,
finit I'Einpire occideiital cle Roine. C'est iine
miisse de peiiples cliii, du fond de I'Asic, se
transportent d'iiue dist;ince (le 1,500 niilles jiisqu'aux
colonnes cl'Herciile en Espagne ; ces
peiiples n'ont (le comiriiin entre eiix qiic de se
tt-oiiver sur la (lireciion (111 nord-onest au sirdoiiest,
et (le transporter des tribiis sauvages dans
des pays l~liis civilisés. Les Hiiris, peuple nomade
du filogo1, peut-être pouss6s eris-miines
par des peuples pliis orieniaiix, peiit-être par
Jxinrlue cle piîtiiragc, s1élnnrèi.ent des plaines (le
I'Asic* ceiitrale et se dirigèrent vers l'oliest. On
lcs regartla coinnie enfnns de sorcières ou (le
m:il~viiis esprits. telleinent ils )arureiit sailvages
Pt ri1de.s avec ieiirs vêteineiis de peaux qui couvraient
le~irs corps difforiiies.
Lm Alanes, leiirs voisins (le la Volga, ne résisterent
pas à lciir irriiption, et furent entraînés
par eiix coutre le penple des Gollis cpi, sous
Hermnnrich, venait &être tliviséen deux empires.
LPplias oriental ile ces deux empires, depuis la
Yolça jusqu'au Dniestcr, ne put résiste!. celte
( 1x3
masse de peuples asiatiques, latluelie étaient
veniis se joindre d'aiitres peuples; les Gotlis
orientaux Fe retirèrent donc de l'autre côté du
Diliester vers les Gotlis de l'ouest, et ceiix-ci s'enfuirent
les tins vers le nord, les autres pribrcnt
1'cinl)ereu r Valens (le leur accorder un asile dans
ses paysan sucl du Danube; ils s'obliaeaient de
garder dans ce cas les fronti6res. la% lorsqiie
lientôt après d'aiitres essaims de Gotlis forcérent
le passage dii Danube, Valens succomba en 378
près ti'Andrinople, à leur grand nombre, dans
la tentative qu'il fit de les repousser. L'empereiir
Tliéodose parvint à dompter les Goths (379
à 395). pendant que les Huns, nienant encore
une vie nomade dans les grandes steppes di1 sud
(le la Russie et de la Pannonie, y trouvaient un
pâtiirage abondant pendant O ans. Théodose se
debarrassa de ses collbçucs Jans l'Empire, combattit
avec un akle trop aveugle l'arianisme devenu
doiriiriant dans l'Orient, et qu'Ulfilas avait
aussi, par sa traduction gotliique de la Bible,
fait passer cllez les Gollis convertis ; clierclia à
étoiiffer entiérement le paganisme, et à a aiser
avec une M~orireuse sdvél-iti! l'intérieur de I(~in-
7
pire, en meine temps qu'il le prote'geait aii de-
Iiars. Mais, sanss'eu doiiier, il mina L'Empire en
le partageant (395) à ses deux fils; les préfectrires
orientales fiirent le partage d'Arcade son fils
aîné, sous la tiltelle de Riifiniis, mais les préfectures
de l'oriest devaient être gouvernées à Rome
par son GIS Honoriiie, âge de I r ans, sous la tiitelle
du Vandale, Stilico. Ce fiit surtout dans ce
siècle qne les Francs commcncérent à passer le
Illiin ; leurs expc'ditioris, sorivent ninlliei~reuses,
leiir periiiirent pourtant de former à la fin un
établissement considérable entre le Rtrin et la
sertse se. Ce fut par là qo'ils entr6rent daas la
( 114 )
Gaole pour en faire la conrluite. La religion
chrétienne prit une grande extension. Le premier
concile, appelé concile de Nicée, eut lien en
325 et dura 2 mois et 12 jotlr~.
L'empire romain devait cependant former encore
toujoiirs un tout, mais jamais les parties n'en
ont plus été réilnies. hlalheureusement les miiiistres
desdeux empires eurent une contestation, et
les Romains orientaux engaghent les Goths de
l'ouest qui étaient soiis la conduite d'dlaric à
faire une invasion en Italie. Stilico parvint encore
à battre en retraite (403 à 406) les Gotlis de
l'oiiest, et bientôt après de noiivelles hordes venant
de la Hongrie, sous Rhadagais, c[uoique la
Gaiile se trouvât alors dépoiirvue (le ses légions
qui ordinairement ardaient ses frontières, et
qu'elle fut inondée fe ~rancs, #Alanes, de Bourguignons,
de Suèves et de Vandales, dont les
avant-derniers s'établirent en Espagne et les derniers
en Afrique. Mais après l'assassinat de Stilico,
Alai-ic fut plris Iieureux et pénétra jusquli
Rome. Rome fut plusieurs fois prise el dévastée ;
la mort seule tirrêta les progr& (1'Alaric. Ses
Goths l'ciisevelirent clans le lit d'un fleuve dont
on avait détourné le cours, et qu'on fit ensuite
refluer dessus. Athaulf conduisit sprkç cela les
Goths (409) dans la Gaule et en Espagne, ct Foudn
dans ces deux ays un ro aumede Goths de l'ouest
dont la enpitare frit Tou rOuse (412) H~noïiusent
pour successe~r, Jean, son secrétaire particulier,
et à celui-ci succéda, de 425 à 435, Valentinien
III. Sous cet enfant; l'Empire romciin perdil
in Grande-Bretagne en 427 ;des hordes saxonnes,
anglaises et jiitiques s'y établirent (449) après y
avoir été appelées sous Hengist et Horsa contre
les Pictes et les Scotes; de 429 à d77, l'Afrique
se détadia de l'Empire par Genscric ;l'Illyrie, de
ir5 )
l'oiiest, par un mariage, et la Gaiile, dÿ sudouest
par les Bourguignons. Mais il eut un plus
rnd danger lorsque les Huns aussi réunis enfin
epuis 444 sous un seiil général, le pnissant Attila
(Etzel), appelé aussi Godgcisil, ou fldaii de Dicu,
attaquèrent le pays romain de l'ouest. Les BOmains
orientaux [es avaient apaisb par des tributs.
A la tête de beaiicoitp de rois et de 700,000
coinbattans qiii dévastaient tout par le fer et le
fer1 (on en voit les traces darrs~plusieurs villes dtz
llliin), Attila péngti-a dans les Gaules; là, il se
trouva en présence d'une armée de Romains
sous Aétiiis, de Francs, &Alanes, de Bourguignous
et de Visigotlis, et dans les clicinips Catalaiiniques,
près fie 1:~ Biatrona (aujourd'liui CIiâ-
Ions-sur-Marne), eut lieu la bataille des peuples,
où le fléab de Dieri frit lui-même battii (r60,ooo
cadavres des deux armees couvi-aient le champ
de bcrtaille! ) et, forcé de rétrograder, en 451.
Dans la liaute Italie, Ayiiileja fut alors détruite;
les lieu les s'enfuirent par milliers dans les Iagunes
fe la mer Adriatique et y fondhxnt Venise.
Mais le pape Saint-Léoii et de riclics présens
portèrent Attila à ne pas liénétrer jiisqu'à
Rome; il inourut bicjntbt après (453) eii Hongrie,
et il fut enterré soiisle briiit de jeun et de clian!~
guerriers ; on tiia ceux qiii l'avaient enterre,
afin d'emp6clier clii'o~ ne traliisse le lieii de
sepiiltrir-e du grand Jiéros cles Huns. Son royau-
]ne fiit d6labi.é. LesGoihs orientaux, les Gépides,
le? Avares, les Longobards, tous assi~jétispar
1\11, redevinrent libres. Mais Aétius frit poignnrdé
par l'empereur Valentillien à qiii on avait irispire'
de la n~éfiance contre lui.
Les dernières 21 annees de l'Empire romain
de l'oiiest comptent encore g empei-eiirr. En 45 5
Gesseric fit une irrttption en Italie, et comme
( 116 1
accompagnk des mânes des vieiis Cartliaginois, ik
pilla iiriyitoyablement Rome. JIes paro!es d'Homère,
mises dans la ho~iche de Scipon, coinmenckrent
à se réaliser. C'étaient sartout des
étrangers à la solde de Rome, derniers soutiens
tle I'Elripire, Ricimer, Gondobalt, Orestes;
iii en occupèrent arbitrairenient le trône. Ce
Qcrnier le donna en 475 à son propre fils, Rouiil-
Iris Aitgiistiiliis, niais qiie le commantlant de la
garde impériale, com osée de Hérules, de Riigiens,
de Scires, de ~urciln~es, d.Odoaçres ,assiégea
dniis Pavie, jiisqii'à ce qu'il se rendit et
ppsit la pourlire, en 476, après J.-C. a<;a%
(St.-Severin, cn Bavière, l'avait prédit ail pieux
giierricr) s'intitula depuis lors roi d'Italie, et il
régna 11; ans. Ici finit la suite des empereurs.
L'Eiiipire romain avait duré r 220 ans, et ainsi se
trouva accompli l'oracle de l'ancien aiigiire des
12oiseaux dii sort, q!ie Rome croîtrait pendant
6 siècles el décroîtrait. pendant 6 autres, Roine
cornmerlfa par iin Romiilus et finit par un monarque
de mGme nom ;de meme c~iic!Constantiooide
cpii fiit fondée par Constantinet que per-
(lit iin niitre Coostantin en 1455. L'liisloire de
laEmpire orieiit.al ou grec n'offre rien jrisqu'à
cette époqiie qiii appartienne à l'liistoii-e universel
le.
Ain4 arriva ce qui (levait arriver. Le colosse
put à I'estc'rierir facilement &ire c'bradé ct
renversé, par cela inelne qiie ce qi~i liii servait
de base, et qiii sert de base à toiit Etai, la sincérité,
la bravoiire et l'amour (le 1ii patrie en
avaient tlepiiis long-temps disparil. La politiqiie
ya&Lait perverse, et 5 la fin inArde, sans inuxirnes
sures ; la brdvoiire des temps aticiens était cliose
ou1)liée. Depiiis long -temps les soldats des légions
c'étaient dénris de leurs lourdes cuirasses, sans
( "7
doute poiir pouvoir mieux coiirir. Des peiiples
allemands offrirent coinme mercenaires leiirs
bras vigoiireux, afin (le tourner, le cas écliéant,
la pointe de leiir glaive contre le protégé luimêine.
Une génération dégénGrée, dnervée, qiii
se laisse alle;, doit périr; il n'y a pas de Dieu cliii
puisse ou veiiille la soiitenir. Res in 1 2 0 ~scefus
devolilta ernl, ut nisi qrli mnlrts firerit, salvus
esse non posset, dit le noble Salvianus de
Marseille. La vie scientifique des Romains -aiissi
avait disparu; l'on peut à peine nommer depuis
Dioclétieii , un Claudian, un Aiisanius, liistoriograplies
des empereiirs, un Ammianiis Marcelliiiiis,
Eutrope, et les grammairieus Festiis,
Donatus et Priscian. Le :droit y frit encore le
lis ciiltivé, quoiqu'il euCpresque 'disparu dans
F d pratique.
Aux l\omnins succèdent les braves et vigoiireiix
peuples germains destinés à donner aux siècles
ftiturs cle la gloire, et ut1 nom ailx Etals prêts à
s'élevei.. Parlni ces peiiylcs ies Francs qiii avaient
fait desexcursions Jans la Gaiile, tiennent le premier
rang. En 420 , ils ~'6111rent lin roi ,
noirimé Pharamond, qiii fut, dit-on, l'aiiteiir
de LA LOI SALIQUE, qui exclut les femmes de
la couronne. , Mais la inonarrliie francaire ne
commence véri~allement qu'avec Clovis. Ce
prince belliqueiix s'empara de presque ioiite la
Gaule, vaiiiqriit le dernier général des Romains,
Syag,.ius, à Soissons ;Afaric ,roi des Visigoths,
à Poitiers; les Allemands à Tolbiac, et d'aprés
les conseils de sa femme Clothilde, il embrassa
le christianisme.
Mais comme le développement des Etats qui
furent fondés alors , et qui subsistent encore
a~)jourd'liui, fait le comniencenient d'iine nouvelle
époque, corne le crcle de l'ancien monde
( 11s >
paraît &couléavec la dernière grande révollition,
avec la cliutc de Rome, comnie ce qiii lui est
postérieiir est de nature différente et tl'iine autre
manière ,nous terminons ici l'liistoire ancienne.
C'est une époque importante à cause des grands
développemens que prit le genre hiininin sur
quelques points (lli globe. Si de nouvelles révolutions
ont visibleineiit encore une fois tout
aneaiiti, les derix parties principales de l'ancien
monde ont poiirtant légué au nouveau, deux procllictions
importantes sans forme et n'ayant rien
d'extérieor, fruit de l'esprit et de la méditation,
ces productions sont restées: de l'Asie est vcniie
la relieon chrétienne, et de l'Europe, les œuvres
du génie des Grecs et.des Romains.
LIVRE II.
H1[8T01[R'4E:
\
DU MOYEN AGE.
Deyzci.9 la chute de FEmpire romain juspic'd
la découverte de CArnérique. (476
à 1492.)
--CL-
CHAPITRE PfiEMIER.
Depuis la chte de l'Empire romain jusqulà
Clrarlcnzagne. (476 i 768.)
Ce qui est vieux et usé doit faire place à ce
p i est jeune et vi~oureux, commcun nouvel
édifice s'elève sur des ruines. Les yetiples qui
avaient de'cid6 (111 sort de l'Empire romain s'en
adjiig&rentles <Iépo.uiI!es et formèrent de nouveaux
états. Ces peuples &taient encore peu civilisés
; la civilisation romaine n'a pas mnnqiié
d'exercer de l'influence ~111. eux. Cependant, à
t lzr i
l'exception de l'Empire oriental, tout en Eiirope
paraît recommencer lin nouveau coiirs yorir se
développer et réussir d'autant mieax. C'est poiirquoi
le irioyeii ige, qiioiqiie trés-grossier encore
et dépo:irvu, de culturc, présente toiitefois lin
aspect imposant, et comme dans iine terre vierge,
tout devait y pousser et mûrir plus rapidement
; si de l'ivraie s'est mêlée à la bonne herbe,
cette ivraie meme, clans le montle pliysiqiie
comme dans le moude moral, devait avoir son
iit;litc'. C'est l'Europe et l'Asie méridionale qui
sont le tliéitre (!e I'liistoire ge'nérale di1 moyen
$ge. L'Afrique reste en arrière et paraît se reposer;
petit-Gtre pour reprendre plris tard rin rôle
principal. Mais l'orient et l'Occident se séparent
de plus en pliis ;si là un despotisme çaerrier et
reliçieiix eiicliaîne des peiiples dressés à l'esclavage
et fontle rapidement des états, en Eirrope
tout se subdivise pour former cles états moins
grands, mais florissans dans iine liberté ternpérée
;l'Europe grandit en intelligence, s'enrichit
pas des inventions, s'instruit par des clécouvertes,
et la civilisation s'avance à pas de séant.
Parmi les empires florissans dans ce1 te période
se <listiugiient les suivans :d'aboi-d celui des 0 s-
trogotlis en Italie. La priissance d'Odoacre avait
été reuversée par le piiissant Tliéo(1oric-le-Grand,
roi (les Ostrogotlis ;et depuis 49%l'Italie et l'île de
Sicile, puis les pays clii Daiiribe jtisqii'à l'Empire
grec restèrent au poiivoir des O~trogotlis, établis
auparavant en Pannonie. Tliéodoric nioiiriit,
en 526, rdpiité le prince le 111~sage et le pliis
puissant de son temps. hiais après sa mort il y
eut des princes pliis faibles, et In coiir grec lie
clierclia , soiis Jiistinien, à recooq~iérir1'1l8ie.
Le célt:bre géndral Bélisaire, qui avait dejjà niis
fia à l'Empire des Vaudalcs, en Afrique, et son
( r2r )
silecessetir, i'eiiaucpie Narsès, coinbattirent si
vaillaniment qu'apres de longs combats, où Rome
particulièrement souffrit beaiicoiip et fut inênie
presque dépeuplée dans l'espace de quelques SCmaines,
le granil peiiple des Gotlis ,malgré 1'6-
nergie qui clwz liii avait siiccédé à iine mollesse
prolongée, fiit bnttri en 534 et leiir Empire cessa
d'exister. Mais les Lombards (Longobards; ils
donnèrent letir nom à l'Italie septentrionale, la
Lombardie) venant eii qiielqiie sorte (le ln Pannonie,
s'emparent (3%)de 1 Empire des Ostrogoths
sous Alboin, c~uoique les Grecs conservassent
encore quelqiies parties de l'Italie (1'Exarchat
et Rome). Cliai lemagne mit fin en 774 à
l'Empire des Lombards.
Dans les Gaules un aiitre peuple devint bientôt
doniinaut ;ce fut celui des Francs ,inot qui
signifie ltomnzes libres, car plusieurs peu les clil
nord, pour défeudre leur liberté contre fes Romains,
avaient fait ail 3e siècle iine alliance contre
eux. Cette alliance s'c'tendit insensiblement
daus diff4rentesiribiis par le Bas-Rliin, daus 1'Ile
des Bataves, et parmi les cliefs qui la composaient,
dont le premier estpharamond. il s'éleva
en 481 un prince nominé Clovis (Clilodwig
Louis), qui, à côté de grancies vertus, eut des
vices détestables, tels que l'anibition, la cruauté,
la vengeance, etc. II comnlenca par conqriérir le
dernier reste di1 Inys des Romains dans les Gaules,
au moyen d unc bataille près de Soissons
contre Syagrius, leiir général ;et, comme nous
l'avons dit, il battit ensuite lts Allemands, autre
alliance de peaples, dans les contrées entre le Rhin
et le Dnniiùe (àcetle occasion il devint chrétien
de nom), et leur prit une grande étendue de terrain;
il Coiirna aprh cela ses armes contre les
Visigoths do~t il d6irriisit pmsq!le entièrement
. .
( i22 )
la pu;ssr\nce dans les Gaiilcs , en la bornant à la
seule Espagce. Il rendit tributaires d'autr.es peiiples,
tels qrie les Tlluringiens, les Boiirguignons,
(au siid-ouest des Gaules), fit périr les autres
cllefs des Francs, et laissa ainsi, en 511, ut1 einpire
qui s'éteuclait sur presque toiites les Gnriles
et sur une grande partie de l'Allemagne occideiitalc.
Ses snccesseurs (les Bléro~ingiens, descendans
cle Ilérovée) partaghrent le pays, y ajoiitèi-ent
Thiiringiie (531) et la Bourgogne (534).
Illais les noml>i.eiix partlites, les contestations
intestines dans la niaison royale ( ii'on se rappelle
ces fsries ,Bninelinut et ~réjé~onde ), ces
inisérablcs ,prioccs. qui passkrent leur vie i
manger et a boirc d'rinc maniGre déraisonnable
et à sc laisser conduire toiis les ans sur des
cliars nttelc's de baiifs à l'asseinblc'e di1 peuple
ou au Çliainp-de-Rlars, firent tellement dégénérer
cette race royale, qiie leiirs grands maîtres
dlliô!el (majores domîis, espèce de fermiers) enrei~t
bientôt une grande cousiilc'rntion; tels que
Pepin de Landen, Pepin dlHerestel, Cliarles
BIrirtel, qui en 732 battit j~rès de Poitiers les Arabes
oii Sarazins venant d'Espagy, et enfin Pepiu-le-~ref
(ou le petit) ,.qiioi(jli il eiit assez de
icûrce pour abattre d'un coiip d'épée la tête à un
lion. Pepin-le-~ref enferlna enfin en 752 le roi CIiildéric
III ilans un cloître, oprCs que le pnpc qu'on
avait co~isrilté, y eût ccnscnti, et Pepin se fit roi
à sa place. Le fils de Pepin fut (Itlmrlemagne.
Les mœurs et les coutuines dcs Francais sous
les rois de la premihre race etaielit d'une grande
simplicitc'.
L'élection des cliefs se faisait ainsi : on élevait
le nouveau roi sur iin boiir!icr et on le promenait
trois fois aiitour di1 camp, aux acclamrition~
de tous les spectateiirs ; leur premier chef, dont
( 123
parle l'histoire, est Plinrairiond (420); Clovis
fut le preniier sacré roi à Reims, et c'est à cette
cérémonie qit'on attribue l'origine de la Sainte-
Ampoule. C'est i Clovis que doit veritablement
commencer la moriarcliie frnncaise. Les rois n'dtaient
dans l'origine que des chefs militaires;
1eui.s domaines consistaient en troiipeaux , et 1%
nation etai t divisée en Ilommes libres et en sel-fs.
L'ignorance e'tait si granrle alors que soiis Clovis
11 (670) ,un concile dc Narbonne ddfenclit d'admettre
dans les ordres quelqii'iin qui nc salirait
pas lire. Dons lc principe, les Fi.ancs parlaient la
langue germaniqiic ; lorsqia'il~ s'établirent clans
les Gaules, le latin, mélé rie franc, devint la
la laugue vulqnire. Pli!sieurs inoniirness qiii existent
encore nctiiellenicnt à Paris, où Clovis &tablit
(508) le siége de son Etal, et plusieurs personnaçes,ce'lBbres,
montrent, à l'époque dont noiis
loris, un pragrés très-remarquable dans la civilisation
di1 peuple francais.
Ce fut sous les rois Rlérovingiens que fiit institue
le Chan2p-l{e-Mar.~,assemblée tolite mi -
litaire oh les giierriers venaient apporter des
dons à letirs et coniine tout alors était
sur le pied de gllerre, on petit appeler ces as-
~emblc'esassembk&es nationales.
Les Alleinands linliitaient, clans le 3e siècle,
aprh J.-(;., la partie cle la Germanie, appelée
depuis la Souabe. Clovis Ier,roi de France, les
vainquit à Tulbinc.
Les peuples les pliis importans de 1'Aliemagne
a cette époque fiirent les Frieses , les Saxons,
(peuple c ui apparaît pour ln première fois, 130
"rés J.-A., d'abord dans le pays appel6 aiijourd'lii~i
le Holstein et plils tard eiitre le Rliin et
l'Elbe, où ils se partagèrent en Ostplialiens ,en
Engers ct en Vestplialiens!; puis les Tburiq-
( 124 ).
giens (sous Hermanfried jusqu'en 531 ), les
Bajoires (plus tard les Bavarois) et les Alemanes.
Qiiand la piiissdnce des Ostrogotlis tomba, les
peuples au sud du Danube, ainsi que :es Bavarois
deviurent .A la vérité, libres, mais eurent des
guerres violentes avec les Francs. Dans 1'Allemagne
occidentale le grand peuple des Slaves
ou Vendes, avec ses nombreiises tribiis éparses,
commenca à péuetrer vers l'Oder ctl'Elbe. Venu
de l'Asie il s'étendit peii 3 peu de l'Elbe jiisqti'k
la mer Adriatique par toutel'Allemagne orientale,
la Boliême , la Moravie, la Silésie, la Pologne et
la Hiissie. La langue, les mœiirs ,la religion et
la manièi-e de vivre les distingtièrent (les races
allemantles; leur Czerubog et Bilbog ,esprit bon
et esprit malin, letir Rûdegüst , leur Swantevit
et leur Siva étaient souvent de singulières idoles
à pliisieurs tetes, qui ~'robablement devaient
symboliser des forces de la nature.
Dans la Grande-Bretagne les 7 ou 8 petits
royauines Saxons (Heptarciiies), se maintenaient
à côté des anciens Bretons et Gaiilois, et se réunirent
en 828 sous Egbert pour former tiu seul
royaume ;pendant qiie les anciens habitans se r6-
fugièrent à Vales et dans la Gaule, nord-ouest, et
doniièrent à la nouvelle patrie le nom de l'ancienne
(Brelagne). Dans le D;ineniark, dans laNorwége
et dans la Suède, des états de Iiardis pirates
se formèrent soiis le iiom général de Normands,
homtfirs du Nord, gui ,soiis leurs rois maritinies
,vinreut bienf ot visiter les côtes de la mer
dii Nord et de la mer de l'Est. Les Francs avaient
borné à l'Espagne L'Empire cles Visigoilis ;mals
cet Empire s'accrut des Suèves dans le nordouest.
D'un autre côté les Arabes qui, soiis Tarik
, avaient débarqiié pi-és de ~ibel-al-Tarck
(Gibraltar) et qui avaient su se mainteuir après
( las )
des batailles sanglantes, se rendirent dans le sucl
1i:aîtres du pays, depuis 711. Outre cela les
Tscliudes ,les Finks viennent en Europe près de
la mer de 1'Est; ail nord d ~i Dauube viennent
les Gé ides qui avaient été vaincus par les Longobarfs,
et à l'est (le ces derniers, plils vers
l'Asie, viennent les Bulgares et d'autres peuples
encore iiioins imyortans aiiparavant.
Cependant l'Empire oriental de Roine contiquait
encore d'exister; exceptc' lie les ecclésiartiqties
avaient rcrnplacé les prles rétoriennes,
pour gouverner l'litat, et par les 8spiites de
ces ecclésiastiques sur les natures, les personnes
et les volontés doubles, etc., en J.-C., on vit
éclore une foule de cloctriries, cle la recherche
trop niinuticuse, desquelles la yiéte' simple d'un
chretien. n'a niil besoin pour son salat. Outre
cela des femmes, des eilnuques, des moines répaient
sous le noir1 de monar<Iiies faibles. On
apaisait-par dei'tribiits des peiiples voisins tou-
]ours menajans ,te!~ que les Billgares ;les Perses,
les IIuns ,et lorsque les-Arabes assiégeaient
Constantinople elle-meme ,on lanja contre eiis
le feu grec qu'on ne pouvait éteintlre et qiii ùrîllait
mhe sous l'enii. Parmi pliisieiirs empereurs
se distinguait Jiistinien 1.r (521à 565) qiii, nonseiilement
parvint à reconqiiérir -1'1talie, mais
(lui fit niême rédiger pour son empire un code de
droit d'a 1-2s des sources anciennes et des édits
plus mofernes ;ce code porte son nom :Coder
Justininneiis) et est encore aujoiirct'liiii très-es-
tirné. Mais inalgré tout son mérite par rapp~rt à
la science du droit, il ne put doiiqitar les p;irties
des verts et des 61eirs qui se répandirent bientiit
à la ville et à la cotir et formérent des factions
f armi le peuple. Il y eiit à la vérité plus de laci-
)té ait sujet des écoles pbilosophiqoes d'Atlià-
( 126 1
nes. Dans le Se siécle c'clata à Constantinol~lela
guerre des Iinages; qiielques empereurs chrétieris
ayant fait sortir des églises les Iinages , il
s'éleva iine secte appelée secte d'Iconoclastes 011
briseurs d'Images; cette secte s'attache h la lettre
de la loi BIoïse qui de'fend de rendre aucun culte
i des idoles. Qiioiqiie l'intention des empereurs
qui soiitenaicnt cette secte fiit bonne, ln dispute
ui s'devi~à cette occasion frit très-violente ,et
8regoire 11, év6yue 'le Rome, qui depuis longtemps
épiait le inoirient de se détacher entièreincnt
cles einpereiirs de Constaiitinople, se déclara
favorable aux Iniages, sc joignit aiix majordoiiies
francs et se détaclia de Byzance. Il y eut aussi
une dispiite :tu sulet du rang clc l'6vêque de
Rome à côté (111 pitlriarcl~e de Constantinople ,
coin~nesiIr le dotrine conceriinnt le Saint-Esprit,
s'il procéde cl11 &re etdir fils (croyance romaine)
oii du père seril (selon la croutincc grecqiie ). Des
flots de sang coulèreiit aii sujet de la que,rre des
Images ;on fii t enfin obligé de lever la défense
qui les exclilait des églises, et l'entreprise de faire
cesser le monarcliisine ,(iclioria égalcinent. Cependant
Léon III 1'Isaurien. et Constantin V,
sous lesqiiels coininenci.reii t ces guerres d'Eglisc,
compi.ent au nombre des meilieurs empereurs*
Mais l'iinpératrice Irène, con1 emporaine de C11arlemagne
, srlivit rin aritre système.
'
L1iinport:ttioii des vers i soie dont des moines
avaient apporte les ciifs des Indes en Europe,
dans des roseaiiic (555), fut pliis inlportante cj~le
plusieiirs noins d'cinperciirs.
De l'Asie il ne resta plus 3 l'Empire oriental
romain que l'Asie-Milleiire et les pays vers les
côtesdela Syrie, et l'Empire romain étiiitborné à
l'Orient par la Perse ;derrière elle étaient les états
isolésde l'Inde et l'Empire immense de la chine,
( 127
tautat divisd, tantôt re'iini, soiis les dynasties
de Tsin, de Sui et de Tang. RIiiis malgrc' ses
bonzes, ses écoles et ses (locteiirs, 1'Eiiipirc cliinois
resta mncliinalement imniobiie sïir le degré
de culture qu'il avait atteiut, el c'est poiirqiioi
il ne mérite pas d'être sitôt mentionné de noiiveaii.
Rlais un pays qui Ic inérite et qui jusclii'à
Trajan (rer siccle après J.-c.) n'avait éte' siibjugiié
par aiicrin conquérant, pnrce que dans
ses deserts il se trouvoit comine cltins une forteresse
inexpugnable, ce fut l'Arabie. La partie
méridionale du pays avait seille, ainsi qiiz les
côtes prhs du golfe Arabique et du golfe Pcrsique
, des villes et iin cornmerce très. florissaut
avec lesIncles, 1'Etliiopie et 1'Egvpte. Des Iiordes
de Redouins, avec leur aniiqhe conslitlition
patriarcliale et leiirs émirs ou ciiefs de tribus,
parco~iraient l'intc'rieiii- du paw. Le clieval et
le chameau , cette bête de soihine infatigable
et par là utile au inarchand, utile encore aii
voyageur altéré h qiii il fournit l'eau qu'il conserve
comnie iine citerne, le lait, la viande;
le chameau dont inêine le poil. l'urine et le filmier
, sont iitilcinent employées, voili prescIiie
la seille forliiiie (le l'Arabe. Li oi~le terrible
Samum parcoiirt la terre coinuie l'Ange de ln
mort, oii la tempéte coiivre promptement d'une
colline de sable (les caravniies c1ilit:res. tandis
que dans les contre'es fertiles de ce ineme pays
croisscnt la canuellc, 1;c cascie, l'encens et le cale,
et où paraît étre iin jardin de ~ieii, enfiii où
1û vie et la mort se rencoii trcnt (l'une inariière
admirable, surgit rin cinpire qrii bientôt s'étenct
sur trois parties dii uioude, et une religiou qiie
reconnaissent encore aiijoiircl'liui la plupart des
peuples de l'orient. Riafiamet , fils d'kibdallali,
ne' à la RIecque en 570, de la noble famille de
( 128 1
Cdreisch, fut le fondatei~r et dc cette religionet
de cet einpire ;ce fut lin homme d'une imuçination
riche; profond penseur, coilra~eux, d'un
exterieur avantageux, veritable idéal oriental.
Sa famille avait L'inspection du tombeau d'Ismael,
fils d'Abraham, le patriarche. La Caaba
oli pierre noire coiivrait ce tornl~eaiii; les de'vots
en faisaient le tour 7 foiset I'en~brassaient 7 fois.
Mais tous n'avaient pas la mtme croyance. Celle
du feu repe en Perse, lc mosaïsme chez les
jiiifs et même le cliristianisme né dans le voisiriage
clc l'Arabie et d'autres religions se rencontraient
en Arabie. Le joug politique qu'avait
appesanti In désiinion des tribus et des
voisiiis iiissaus était très-dur. Alors l'esprit
youssa kaliamet dans les effroyables déserts et
la lui fut manifestée sa vocation de réfoi.mateur
politiqile ct religieux. Il n'v a qu'un seul Dieu
a et Maliainet est son propli&te. ivependant il
« reconnut aussi comme envoyés ( lvins Moïse et
cc J.-C.) La prière conduit à moitié chemin ail-
«. devant du Seigneur; le jcûne, jusqu'à la porte
« de sa maison ;l'aumône en ouvre Ics portes. n
C'étaient là les yriuçipaiix préceptes de l'islamisme,
sa religion. déposée dans le Corart, ce,
livre qiii est la seule réglc des musulnians. Les
grandes joiiissances que rêve l'imagination brûlante
des contrées orientales devaient être en
partage au ciel à celui qui tombait dans le conibat
pour la propagation et la cie'fense cle ia religion
;mais les terretirs de l'enfer attendaient le
mécréant et le 13clje. D'autres préceptes tels que
celui de In circoncision, de la yolygarnie, la défense
de la cliair de porc et di1 vin, étaient fondés
siir des motifs locaiix. Mais le 15 juillet Gz2,hIabainet
se vit contraint de fuir (Hedsclira, liégire)
de la Mecque à Médiue; taut il est vrai que .ntil
( 199 )
h'est p~oplièteJans son pays ;à Médine il trouva
des partisans, soumit la Mecque et bientat après
tonte l'Arabie. De celte fuite date l'ère des musiilmaus,
appelée Hegire ,mot qui signifie fuite ;
Blaliamet fit son dernier p6lerinage à la Cabba,
i la tete dc 40,000 croyans, et mourut en 632.
Sous ses successeurs, les califes (vicaires) :Abolibeker
(son beau-père) , Omar, Otman , Ali ,
( gendre de hlahamet) ,la Syrie et la Palestine
furent enlevés à l'Empire romain oriental ,
l'Empire perse fut ensuite subjiigué, et en G40
I'Bgypte, où s'éleva bierit0t le Caire, fiit conquise.
Omar brûla les plus,précieux tr6soïs littéraires
dlAle.rancirie, parce qu'il y avait des clioses qiii,
ou ne se trouvaient as dans le Coran, et par
cons&quent étaient, seyon liii, condamnables ;oii,
si elles s'y trouvaient, disait-il , elles étaient
inutiles. Rien ne pouvait résister i un pciiple endurci,
plein d'entliousiasme religieux, pénétré
du fatalisnie oit croyuuce que nul ne pouvait
échapper à son sort long-tenips arrêté d'avance,
et à qui le repos paisible ou la bataille sanglante
deveit être égaleinen t dangereux ou Cgalement
indifférent. A'Hassan, fils d'Ali, suivit une autre
famille cle califes, par 31oavijali ;cc fiit celle des
Ommijades qui dura jiisqu'à 749. Damas devint
lc siege-principal ùügouverneinent ;les généraiir
des calites remportèrent des victoires dans les
Indes et en Samarkand et ç'e'tendirent sur le
nord de l'Afrique, et de là se rendant, en 711,
en Espagne, ils vainquirent les Visigoths, près
Xerés et établirent plus tard, à Cordoue, un noureaii
califat. cllaries Martel fit écliouer, en 732,
jeitr projet de retourner en Arabie par la France,
l'Allemagne, la IIongi-ie ,Constantinople, afin
Je répandre l'islamisme dans tous ces pajs. Les
Arabes $établirent aussi eQ Sicile et uqos 18
( 130 1
Basse-Italie. Mais, dans l'intgrieur de cette moi
narcliie religieuse et politiclue, la doiniiiation fut
dis utée jusqu'en 750 où la grande famille des
~biassides parvint à se maintenir, et elle se distingua
par des llonlmes qui surent non-se~ilernent
manier le glaive, inais encore faire régner la jiistice
et faire fleurir à un liaut degré les arts et les
sciences ;entre autres Al-Rlansur rlrii, en 774, établit
sa ré>ideuce à Bagdad, nouvellement bâtie ;
Haroun-Al-Rascliid, ce grand contemsorain de
C11arlemaf;ne (806) et Al-Rlainiiin ($32).
Pendant qii'une foule d'c'tats plus ou moins
grands se développaient ainsi à la suite de la migration
des peuples, et qu'une domination universelle
fondée sur uiie nouvelle religion surgit
de nouveau en Asie, la vie intérieure des peiiples
se forme aussi, surtout en Euimope ,d'une
manière très-reinarquab!e. Le clii-istianisme eut
surtout dans le moyen age une infliience trèsmarquée
sur l'liunianité. Parmi les peuples de
la Germanie, les Gotlis avaient les premiers embrassé
le cliristianisme; leur exemple fut suivi
par les Francs, les Bourguignoqs et d'autres
peuples. En Allemagne serilement et cliez les
Slaves les anciennes religions nationales coinbattirent
encore long-temps le cliristianisme qu'on
regardait ordinairement coinine un moyen de
subjuguer les peuples, et que par ses principes,
par son clergé, avec ses prerogatives, par ses
mystères, par ses usages étrangers et incompréhensibles,
il se trouvait souvent Jans la plus vive
contradiction avec ce qu'on avait cru et observe'
jusqu'alors. L'Empire romain si e'tendii et cliretien
lui-même avait, 9 la ve'rité, déjh fait connaître
le cliristianisme arix barbares, mais coinme
c'était la religion d'un état odieux, ce n'était
pas le moyen Je la recommander, Une foule
d'hommes, tels que Severinus, Coliimbanus ,
Icilianus , Gallus , Corbinian, Custasius , Ruprecht,
Vilibrord et surtout llAnglo-Saxon Vinfrid
oii Boniface, avaient fait beaucoup d'efforts
y6ur l'é~endre dans différentes coutr6es (le l'Allemague
,de même qii'Anschariiis chez les Danois
et les Slaves. L'évêque de Rome et les majordomes
francs appuyèrent fortement Boniface :
le premier eut pour objet de se faire reconnaître
aussi par ces peuples allemands comine premier
év6qiie de la chrétienté; le second voulrit sur le
cliristianisme fonder le complet assiijétissement
politique des peuples. Aussi aiix nombreux évêcliés
déjà euistans dans l'ancien Einpire roinain,
tels que Trèves , Cologne, Mayence, Spire,
Vorins, Strasbourg, etc, vinrent se joindre ceux
de Wurtzboiirg ,Eiclistatlt, Riirabourg, l'abbaye
de Foulde, et soli:, Cliarlemagnc et ses successciirs
immédiats, Osnabrtick , Brême, Verden,
Paderborn, Halberstadt, IInmboiirg et Munster ;
il y eut des coiivens de illoines et de religieuses,
et ce qui contribiia à donner bientôt une grande
consi~léi?ationaiix eccle'siastiques , fut qu'ils
étaieut presque les seuls d6positaires des scieilces;
ils furent souveut les seuls qiii sussent lire et
e'crire ;aussi appelait-on ces connaissances, connaissances
spiritiielles; ce qui rendit le clergé
indispensable ü la cour et dans tontes les affaires
&rites, et c'est ce qrii lui assigna bientôt le premier
rang dans 1'Etat. Quoiqile cette science tant
vantée ne fut pas toujours tris-profonde et que
le latin des ecclésiasliqi~eç fiit presque toujours
lin latin barbare, il y eut pourtant peu cle laïcrues
yiii less~irl~ass4ssent. Arec cela le clergé s'enricliit
cic plus eii plus par des donations, des legs ,et
par cela aiissi que les possessions en main inorte
ne furent ni divisibles, ni transmissibles par liéri-
C i32 )
tage, inah siisceptibles sei~leinetii d'être siigmente'es.
La piété du cleikgé toutefois ne marcha
pas d'un pas égal avec sa richesse. Les moines
recurent aii sixième siècle leur rig 1e. appelée
d'après le nom de leur fondateur, Benoit de
Nursia; d'après cette règle ils devaient vivre ensemble
; et c'cst précis6ment leiii. isolement du
monde, le célibat auqiiel i!s étaient astreints ,
qui leur procurèrent iine grande considération ;
s'étant clîarçés dii cléfricliement de vastes terrains,
a ant cultivé les sciences et les arts, leur
mérite ,y a cette époque fut incontestable.. Les patriarches
de Roine , ayant conservé le souvenir
de la domination universelle de cette cité avaient
déjà travaillé à se rendre indépendans depuis
la translatiori dit siége impérial, et quoiqiie depuis
Grégoire-le-Grand 595) ils s'intitulassent
serviteurs des serviteurs 6e bien, ils clierclièrent
pourtant à se procurer la plus haute considération
cccl6siastiqiie. Leiir amitié avec les majordoines
francs leur fut dans cette circonstance
#un grand secours ;ces derniers les soutenaient
contre les Lombards et leur firent don de contrées
éteudiies en Italie ;ce qui leiir donna la première
puissance temporelle et leur fit prendre
alors le titre de pape. Peyin ayant consuIté le
pape aii sujet &un meilleur établissement de
sa dignité royale et ayant étc' sacré par lui, les
papes s'en aiitorisèrent pour élever de noiivelles
rétentions. Mais le véritable développement de
& domination de 1'E~lise ou liierarchie appartient
à l'époque suivante.
A- chté de ln Iiie'rarcliie se ii~ontre aussi
le secoud levier de to~ii le moyen 3ge, la fioodaalité.
Deces alliances volontaires avec des liomnies
yuissans et braves, qui avaient polir objet des
entreprises guerrières, alliances qui fomaient
te qu'oti appelait la suite ou la société des cana
qiiérans, et oii les armes et une partie dii bntin
servaient (le dédommugement, il résulta bientôt
dans les conquetes de pays entiers, ilne concession
de terre, outre la part générale à la conqiiete,
& ceax rii voulaient s'aitnclier les cliefs
par des liens étroits. Ceux qui recevaient
la cession devaient s'obliger envers le cessionnnire,
A ilne fitlélité et à une servitude spéciales
poiir atitnnt de temps qu'ils voiilaient conscrver
la cession. Ces services Claient ou des services
de guerre oit des services de cour, et
comine de ces services, par exemple, le service
militaire dans lin district ou une dignité de cotir,
d6pendaient certains avantages ou ail moins une
plus grande protection de la art du cessionnaire
oit inaître du fief, on c[erclia très-soigneusement
à devenir vassal ou dependant d'lin
plils puissant. Mais comme ces gens n'étaient
réellement attachés qii'aii suzerain, ils devinrent
étrangers ?A I'iutéret de I'Etat, et ils servirent
soiivent contre Ic véritable intérêt de 1'Etat.
Or, il arrivait par la suite que, le possesseur
d'un fief, melant la cession avec sa propre possession,
ou s'établissant si forletnent dan) son
fief qu'il ne yîlt plns sans danger en etre expulsé,
il le gardait pour toute sa vie et le trans-
Inettait inhie par héritage ;il arrivait en outre
que celni, par exemple, qui possgdait un fief en
(]unlit& de luge oii de comte de tout un district
oii d'une contrée, considérait par la longue
p~sscssion ces fonctions et son district, comme
sa propriété, et bientôt presqiie tous les emplois,
toiites lcs digtiités, les titres, les bieiis
fiirent convertis en fiefs, de manière qu'il y en
eut peu d'entièrement libres, nais que le toiit
te trouva assiijéti aux plus puissans. Ceux-ci ac~
sa
quirent ilne prépondérance très-dangereuse à la
liberté commune, en ce que leurs vassaux formaient
une armée, tantôt permanente, tnnt8t
passagère, toujoiirs prête à combattre, n'importe
pour quel biit, et qii'ils tenaient cerix
qui étaient encore libres dans une obéissance
servile.
Ainsi se perdait aussi de plus en plils la liberté
du conseil dans les dictes ge'nérales oii aasemblées
du euple, et il se forma iiii Etat noiiveau,
réritabre Etat dans 1'Eiat. hléine des ecclésiastiqiies
obtenaient les biens de l'Eqise
coinnie fidis et étaient obligés de servir, soit a la
cotir, soit à la guerre. Les divers Codes des clifierciis
peuples de cette dpoque, cn remontant
jrisqu'au cinquième si;cle , eurent également
leurs yarticiilarités, par exemple : les Francs,
les Visigotlis, les Longobarcls, les Bourguignons,
les Bavarois, etc. Les rapports entre les divers
E~atset siirtoiit les piinitioiis polir des offenses,
sont si exactement déterminés, que le meurtre,
Te vol, mrrne le; moindres dommages personnels
et 1il4ine les injures, y ont lerir châtiment suivant
que celiii qui a recii l'offense oii le dommage
est prince, ecclés:astiqrie, vassal, liomine
libre ou esclave, Gaulois oii Roinain. Un cointe
de Cent présidait le tribunal d'un petit district;
celui (le tolite une contrée était présidé par lin
comte pliis considérable. Ou. prononciii t avec le
secours des échevins d'après la loi écrite oii traditionnelle;
dans les cas tlifficiles ond6cidait par le
serment qiinnd il pouvaitse trouver des CO-juraus:
on se décidait aussi par les ordales ou jiigemens
de Dieii. Celui qui retirait sans lésion sa main
d'un cliaurlron d'eau bouillante, celui qiii marcliait
sur cles fers chauds, celiii qui sorlait vainqueur
(l'un diiel, celiii qui avalait sans mourir
( 135
un inorceau consacré, celui qui pouvait se tenir
le plus long-temps les bras étendlis et formant
la croix, &tait innocent, parce que la divinité
scule a pu le faire trioinpller!
DU MOYEN AGE.
CHAPITRE II.
Depuis Charlemagne jusqu'au conzrnencement
des Croisades. (7M à 1ogG.)
Un liomrne extraordinaire vient se placer à la
tete de cette période : c'est Charleinagne; Lin
liorniiie non moins extraordinaire la terinine :
c'est Je pape Grésoire VI1 ; mais entre eux deux
il y a encore des siècles pleins d'iine barbarie
saiivage, qiioiqiie pleins de grands développemens.
Ces deux lioinmes d'une gra~ideur si inégale,
sont tous les deux les représentans de leur
temps, véritables instrumens de la civilisation
du genrc humain. Car, comme la piiissance du
moiide et la grandeur eccléçiastiquc sont parvenues
par eux aii point le plus éleve', en ce que
tout paraît déplacé du centre de gravité, commence
par eux aussi un noiivel aplauissement et
une décroissance de la puissance, et l'effort visible
de rétablir le paisible et salutaire équilibre
qiii seul donne le bonheur aux Etats et
aux peuples.
Cliarles est un dc ces Iiommes dont les siècles
sont avares ; grand en actions, en parole et en
volonte' ; d'lin regard pénétrant dans lc préseut
et dans l'avenir; on le comprend riandsoi-même
04 veut ce qu'il y a de pliir nobye, et qu'on sait
( 437
aussi que le nouveau est toujours I'eniiemi d4
l'ancien et le mieux, souvent l'ennemi du bon;
enfiu,~and on sait qoc celui qiii combat le
plus e cacernent ses propres passions et celles
des autres, manque souvent son but ori ne l'atteint
pas compli'tement. Nais loiter Cliarlemagne
d'une maniére absolue, ce serait autant
traliir l'histoire qiie de le blimer sans rcserve ;
ses actions pendant son long rcgne de 46 ans
( 768 à814 ) parlent le us distinctement. Fils
de Pepin-le-Bief, CliarY' einaçiie lui succ6da en
768; g:uvernant d'abord conjointement avec son
frère Carloman, ensiiite seul depuis 771. il eut à
la lois pour objet de narautir et ~I'étendi-e ses
Etatset c 'y répandre le cPiristianisme. C'est polir-
~poiii conimençaune guerre qui a duré, à quelques
interruptions près, dc 772 à 803, contre
les Saxons, braves mais encore payens ; ceux-ci
ravagérent souvent ses frontières et le menacèrent
même à Aix, sa capitale. Les Saxons
sous leurs ducs, Albioii, Wittekind, opposèrent
la force à la force, et souvent battus, ils
puisèreut toiijours de nouvelles forces dans
absence de Charles, parti poiir cl'aritres entreprises.
Ils promirent, à la verite', souvent de se
soumettre et d'adopter Ir:
cliristirrriisme, car
Charles faisait quel iiefois poiir y contraindre
les peuples, pousser lani des fleuves et baptiser
011 trniisporter à l'autre rive du Illiin, des milliers
cl'entr'eiix ;mais seulement après avoir battus
les Saxons par des tle'faites sanglantes, (4500
prisonniers fiirent égorgés en iine fois), et avoir
rdclriit au bapteirie leur clief Wittekinrl, aprés
leur avoir facilement imposé des conditions de
gix, ilsise soemircnt, lorsdela paixde Seltz 805 .
avait en olitre soumis l'empire des LomLards
(774 ); aprEs avpir arriéç6 i Pavie, Didier lei%
roi,pris ans Arn1)es ilne partie de l'Espagne jusii
a I'Ebre (778),(appelée par la suite la 31;ir-
31e espagnole ou le comté de Barcelone) ;enfin
il avait ci6posc'Tassilo II, drlc de Bavière. et fait de
la Bavière une province franque (788).La giici.re
contre les Avares à l'orient (le ce pays, se rattaclie
& cette époque; on leur prit iine vaste
coi] trée coinine Rlarclie orientale ( Ostarriclii,
Autriche ). lJes Flaves dans le Meklenboiirg et
en Boliême, ainsi qiie les Normands dans le pays
apjbelé aujoiird'liiii Danneiriarclr, éproiivhrent les
effets de sa valeiirciise Gpéc, de manière que les
Eides ail nord. le Tibre au siid, I'Ebre à 1ouest
et le Tlic'is, l'Elbe et l'Oder à l'orient, formaient
les frontières de son puissant Empire. Une circonstalice
vient ajouter h son acitorité : étant
l'an 800 à Rome porir protéger la vie clu pape
Léon III, celui-ci Iiii niit par reconnaissance,
pendaut qi.'il était à gcnoiix au pied dri g-rand
autel, la coiironiie impériale de Rouie sur la téte
et le yeiiple romain le saliia par des acclamation;,
Cliarles-Aiigiiste, cnzpereur des Romains;
ainsi l'ancien titre iinpérial fut renouveld ?I
Rome après 324 ans ci'interriiption, etl'on atlaclia
de iioiiveau à ce titre l'idée de la domination de
la terre. Quoiqr~eCliarles "'y pensât pas, il entra
probablenlent dans son plan du récinir sous
son sceptre, tous les peuples de races germaniques
et dc les fondre ensemble par une niéinc
religion, par des meurs semblables, par iinc
égale coristitiiiion , par icri mênie gouvernetiieut
et par une 1ang11e comnli~nc; plan 61-
gantesqrie, qni, pour le bonlieiir de 1 Eriroye,
ne se réalisa point, ptrisyue alors l'esprit ~t
l'indiviitualitd de ces ctiffgrens peuples n'auraient
iis pli se dc'velopp.er (l'une manière particil-
Cependalit Cliarles eut soin de répanlli'e
159 1
partout le cliristianisme, donna même uue foule
de lois saliitaires ( les capitulaires ), fit faire des
livres de prédication, améliora le cllant de 1'6-
glise. puisqu'on dit que ses Francs ont plu+ôt
liiirld que chanté; il fit venir d'Italie des organistes
et des clianteiirs; eut soin de faire épurer
la Iangiie allemande; à ce dcsseiri il essaya de
composer lui-m6me une grammaire; il f~ndn
une foule de nouveaux évêchés et des écoles où
il assistait souvent aux examens, encourageant
ceux qrii faisaient des progrhs et blsmant lt-s
üresseiix, qiielque considérables qiie fussent
feiirs parens. II apprit encore lui-même tar4 à
écrire, s'entoura d'une espèce d'académie scientifique;
fit écrire les anciens chants nationaux
de ses peuples et leurs coutuines legale<; eut
soin d'améliorer 1'agricult:ire et l'économie doinestique,
en donnant l'exemple sur ses propres
biens, car on trouve des prescriptions qu'il
donne sur le nombre d'arbres fruitiers à planter
et sur la maniére de vendre les œiifs de sa
Lasse-cour. Il envoyait dans les provinces des
inspecteurs pour surveiller les cointés, chargés
ortliiiiiirement du soin de rendre la justice, de
percevoir les impôts et d'adininistrer les affaires
de la gtierre; il taait r6~ulièrement des cti6tes
oit ioiis les citoyens armés, espèce de garde nationale,
étaient passés en revae, où l'on ddlibérait
sur la paix et la guerre et sitrious les besoins
di1 p:tys. Sans doute que ses guerres fre'clucntes
devaient obérer le pauvre peiiple, ct des cliefs
éloignt!s devriientsoiiventmnltrailer leurs subordonnés;
mais l'un et l'autre étaient foin de ces
intentions, quoiqu'inévi tables,vu la grandeur ùh
royaume, la manière dont il avait été coriquis
et les arme'es nécessaires poiir le maintenir.
Cliarlemape regardait le commerce comme un
( 140 )
lien consictérable de civilisation cntre les yeiiples;
aussi fit-il de sages prescriptions à cet
égard; il voulait faire aussi en Franconie un canal,
polir joindre Redniiz et Altmülh, ainsi le
Mein et le Uanube, par conséquent la mer du
Nord avec la mer Noire. C11;irles fiit grand non
point ail milieu des guerres., mais bien lorsqu'il
s'occu ait du bonlicur de ses siijets. C'est
la qiie nousPe voyons porter ses vues sur le goiivernement,
les mœurs, la religion, les lettres et
les arts, qui, ensemble constituent la vérit~ble
grandeur. Son extérieur annoncait en lui, par
une véritable ma-esté, le premier de tant de peuples;
il mourut le 28 janvier 814,et fut cnterrt!
a Aix-la-Cllapelle d'une manière trh-reinarqiiable,
comme il avait vécu :ornb de la pourpre
impériale, assis siir un trône d'or, ayant autour
des reins une gibecière ,de pélerin, en or, une
coiironne srir la tête et;l'Evançile:sur les genoux.
Mais ses successeurs (les Carlovingieus) lui
ressemblèrent peu. Louis-le-Pieux, fils de Cliarles
déclina avec ses fils, qui lui firent même la
guerre, le firent prisonnier et l'humilièrent ;
après la mort de leur père (840), ils se firent la
guerre entr'eux, c'est alors qu'eut lieu la ft~rneiise
bataille de Fontena en Bourgogne :cette guerre
diira jusqu'en 84J: oh ils conclurent enfin R
Verdun ce traité célhbre , in vertu duquel
Cliarles-le-Chauve eut du pays des Frnncs la
partie occidentale,. jusyu'à la Rleiise et l'Escaut,
le HliOne et la Saône ( la France clepiiis ce
temps ); Lotliaire, l'aine, eut le titre d'empereur,
l'Italie et les provinces situdes entre ces
flerives, entre le Rliin et les Alpes ( Lotharii
regnum, Lotiiarigniim, la Lorraine );et Loiiisd
le- Gerlnaniqiie eut l'Allemagne ropreinent
dite, au-delà du Rhin; et en-dep ce fleuve
( 141
il eut Mayence, Spire et Vorms. C'est à cette
6110queque commence proprement la 1'rance
moderne, qui est coinme on voit un démembrement
de 1 ancien empire des Francs oii de la
inonarchie de Clinrlemagne. C'est Cliarles-le-
Cliauve ( 840 ) qiii, A vrai dire. fut le premier
roi de France, et c'est à cette épocjrie que les
Francs occidentaux çess&rent propremelit d'être
Francs, et qu'on doit les appeler Francais.
I'enùant qu'en France les Carlovingiens régnaient
jiisclu7en 987, d'une manière si pitoyable,
qir'ils portèrent des épiili&ter, tels que
le cliauve, le lii.glie, le gros, le simple, le fainéant;
que non-seiileineiit 011 fut obligé d'riclieter
cIiGrement la pain niix Normancls qiii avaient
attaqné le pays, mais qu'il fallut eucore leur
abadonner tolite ilne province (IaNorinaiidie),
]a faniille de Lothaire, l'empereur, s'éteignit
aus;i bientôt, ( 950 );1; dessus, l'Italie et Iri couronne
imp6riaIe devinrent In pomnie de discorde,
entre les grands rle la France ct d'Allemagne,
et &me entre les grands d'Italie. Eu
Allemagne, le brave Louis ( l'Allemand ) et ses
successeurs Charles-le-Gros ( à qui le llaznrcl fit
encore réunir polir cluelqutrs années les trois
royaumes 884 à 8s7), Arnoiilf et Louis-l'Enfant,
eurent des combats resque continiiels avec les
Hongrois, les ~la~es,fes Avares, les Dloraves, les
Normands t arec les grands de l'empire eiixmêmes.
La kodalit& fit alissi dans les trois Etats
~arloviu~ienç de tels progrés, cliie les grandsvasballx
qui étdient ducç 7.p
rinces, comtes, palatins oit
alitres, et ad~niniçtraient cles provinces entiires,
finirent bientôt pîr s'approprier ces ~~ossessious
et les considérèrent comme leur propre pays.
Ceci alla si loin en France, que denr n,oilverneLirs
francais dans le ci-devant rovaumede Roiirgogne,
$eproc)arnèrent rois de le @aiit<:et cle la Basse-
<[ 14% )
Bourgogiie ( en-decà ct au-eelà cl11 Jura ), et
coinine les autres vassaiix n'afirent pas beancoup
mieiix, lc dernier Carlovingien Louis V,
n'eiit plas que Laon et Reims; ensuite les Pran-
$ais firent, par Hrigiies Capet, monter siIr le
trône, une nouvelle race de rois piiis puissante,
et qiii par une ligne collatérale, occiipe encore
le trhe aujoiird'liui ; cette race s'appliqua à briser
la puissance des vassaux et finit par faire reieni?
peii à peu 5 la couronne, les différeils fiefs.
Soiis les rois de la seconde race, l'Europe
était retombée dans la barbarie; au Xe siécle
les personnes les plus distinguées ne savaient
pliis ni lire, ni écrire. Ce siècle flit avec raison
nominé le defer. Sous ces rois la langu:
rorwrrce, jargon nîêle' de franc ~t de mauvais
latin, reinplaca la langue laline. C'est la langue
roln~incequi , en s'épurant inseiisiblenien t , a
douné naissance 5 la langiic francaise. C'est Pepin
clilil ail commenceinent dela secoiide race, transporta
au niois de iri;ii la convocation périodique
des Francs; de lh le noin de Chnnzp-de-Mai et
sotis Cliarleinaçne ccs assemblées cessèrent d'avoir
iiu caractère esclusivement militaire.
L'AIIcinngne adopta ilne marclie tout opposée.
Lorscltilt>n91 1, Louis-I'Er!fiznt, mourut eri pleurant
sur le inallicrir de l'Empire, les différwtes
races depeuples alleinands ,les Saxons, les Thilringiens
,les Lorraiiis, les Soiiabeh( qiii avaient
ris leirr noin des anciens Siièves) ,les Frieses,
fes B;irarois, les Francs, crurent pouvoir clioisir
eux-iiiêines riil roi, et de celte munike, ils ch:in:
gèrent I'hlle~agne en Einpire électoral; ce qui
e11t cles suites iiic;ilciiiables. Les princes les plils
piiissans alors eL dans I'époqiie suivante, étaient
les ducs ~iationauxde Saxe et de Tliiirinçe (dout
le dernier eiil bientôt ses comtes particuliers) 9
ceux de la Bavière, de la Franconie, de la Soual
( 143 )
be, les comtes de la 1CZarclie de Rieissen, de la
Rlnrclie du Nord (Brandebourg) ,de l'At1 triclie
et enfin du Palatinat, près du Rhin. Mais il y
eut rarement de l'unité parmi eux, surtont dans
les choix des rois. Aiilsi, les Fraucs et les Saxons
ne clioisirent pii'iin comte riche , Couraci de la
Franconie ;à lui, succéda le duc Henri de Saxe
et Tlruringc, sous le nom de Henri Ier (918à g56),
et qui coinmenja la famille royale de Saxe Incliielle
subsista jiisqn'à 1024. Henri, siirnommé très-
i~n~roprement l'oiseleiir , parce qii'on avait eii
égard à la circonstance futile, qu'il était occiipé
i prendre des oiseaiix quand on vint lui annoncer
son élection comme einpei.cur , mérita plutôt
le siirnoin de grand, parce que, non-seulement
il sut maintenir même les grands de 1'Allemagne
,mais qri'.il battit aiissi , snr pliisieurs
points, coinplèteinent les Slaves, qn'il chassa
de la RZanche clii'il leur enleva. et qu'il. forina
des provinces frontières bien fortifiées; de plris,
il battit sans retoiir les Hongrois, qui, annuellenient
, faisaient irruption en Allemagne ( 35),
aprés avoir appris aux lotircls cavaliers et c9ieoaliers
allemaiids à se mesurer avec cette cavalerie
légère des Barbares, el avoir étab1i;coiitre ces derniers
yliisieurs places fortes. Qiiancl soiis son fils,
Otlioii Ier ( 936 à 973)' les Hon, mrois revinrent
pourtant (935), ils furent tcllemeut bnttiis pr&s
dii Lech, que depuis ils n'on1 lrliis reparu en
Allemagne. Othon fut aussi invité à venir en Italie
poiir recevoir In coiironne de fer des Lombards
à Milan, et lu couronne impériale roinaine
Rome, de la main du ppe, parce que la pos-
Session de ces couronnes avait fait naître des
contestations et meme cles guerres parmi qiiel-
Pues grands de l'Italie. Quelques précédens em-
P.creursd'A1lemai;ne en avaieat été investis et le
( 144 1
roi Otlion f'r les obtint en 962. ciest ce 1";&
naître l'iisaç~ que chaque nouveaii roi des -411eman&
faisait un semblable voyage à Rome, 2
cause [le ces deux couronnes ;cette circonstance
amena aussi de grands désastres sur I'AIlernagne,
car les Italiens s'opposaient sonvent à ce coiironnement,
et les papes d6battant Ieiirs droits et
ceux des ernpei-eurs, crirent souvent avecces derniers
de fortes contestations et finirent par soiitcnii.
Ia pre'terition de ne donner la couronne inipériale
que selon leur bon plaisir ;(le Ie~ir côté les
empereurs cl'Alleii~agne s'attribuaient ledroit de
s'en emparer, et, cn leur qualité de princes sécriliers
de In chrétientd et de protecteurs de la ville
de Rome, ils s'arrosaient an droit qu'ils excrcèrentfréyuemment,
celui d'iustitueretde destituer
les papes. Aiissi, les deux Othon suivans eiircnt j.
soutenir des guerres sanglantes en Italie, où ils
trorivkrcnt la mort. Leiir successeur, Henri II,
fondateur de i'6vêché deBamberg, devint boîteus
en Italie, parsuite d'un sautdiihaut d'iiue fenêtre.
La maison de Franconie salique qui rnontn
eusnite sur le trône, était conlemporniue des
rcmiers Capétiens; Conra(1 II (1024), cn Eiit
r>e premier finpercur. Ceite dynastie prdsente
yliisieurs j)rinces très-eritre reuaus, nais aussi
un roi tri.5-n~allierircur, fienri IV, 1056
1 106;totalenient corrompii dans sa jeunesse
des flatteurs , il opprimait beaucoup les AI::
~nandset slirtotit les Saxons ; aussi ces derniers 9
de meme que les Th~ringiens,~pi-irent les armes,
le battirent p!usierirs fois el meme avec le çecolirS
d'aritrcs princes me'contens ; Iiii opposErent iin
autre roi, dans la personne du dric Rodolphe de
Souabe, et plus tard, dans celle de Herinan de
Liixerriboiirg, appelé le roi de l'Ail. Ils accusérat
aijssi lc roi Henri prés du pape , et pour
( 145 )
lc mallrenr de cc prince, ce fut Grdgohe VII, qui,
alors, monta sur le saint-siéçe; ciiioique fils d'un
simple charpentier de Savone , ce pape ne se
proPoLa rien moins qne de rendre l'église complètement
indépendante de l'état . et même de
porter la diçuite' papale au plus haut degre', et
cic la rendre arbitre des princes et des rois.
Toiis les ecc1dsiasLiques devaient garder le célibat,
afin qiie leur famille oe les rendît pasdépendans
de i'etat, et que la fortune de l'église
lie fut pas morcele'e : aricun cccl4siasliqiie ne
devait pas, non pliis , se trouver par des fiefs,
soiis la piiissance temporelle ; il ne devait yliis
pouvoir acheter de place. L'état devait 6tre soiis
l'dglise et son chef, comme dans les élections
impériales, une pomme d'or, symbole de la
terre, se trouvait soris la croix , pour figurer la
lune soiis le soieil. Tous les royaumes du monde,
ajoutait-il , sont les fiefs du pape ,et sans son
consenteinenl, nuciiii empereur oii roi ne pourra
être élu. Ceci devait porter la liiérnrcliie ail faîte
de la pilissauce. Il est dom~iiage, pour la prétention
des papes, que les empereurs et les rois de la
terre ne partageaient pas cette opinion ,et qii'ils
prétendaient gé~~&r,?leinea t, clu'ao pape nppartenait
seulement la piiissance spiritiielle ct non
la piiissance temporelle; qu'il était, à la ve'rité,
le reprc'sentant de ln commrinion clirti'tienne et
goLivernetir de J.-C. siir la terre, inais que le
royniiiiie du Christ n'est pas de ce moncie.
Gi-66oire accueillit les
des Saxons avec
hienveillanie. et escominiinia Henri qiii avait
~0ul:i le destituer. Personne ne devait plus rien
avoir cie coinniiiit avec ce prince ,et personne,
d'après cette cxcommiinication , ne devait lui
pbéir. Si Henri avait possédé le catir de ses supis
, il ne se serait pas rendu commehumble
1a
( 146 )
ÿélerin en Italie , et n'aurait pas &te' récfiiit à
~iiendier sa dc'livrance de i'excomm~inication ,
après iine pénitence de trois jours dans la cour
tlii château de Canossa, oh se trouvait en cr
~noinent Grégoire. Son pardon liii fut enfin accordé,
mais il ne devait reprendre le goiivernement
qu'après que le pape eut examiné l'affaire
qiii le concernait. Cela parut trop fort. Henri
courut en hâte en Allemagne, y trouva des Fartisans
et tua le roi son rival. Il se re'concilia nvec
quelques autres adversaires et il aurait rétabli ses
affaires sans l'intervention du pape, si soli proqre
fils nes'était révolté contre lui ;celui-ci après
I avoir fait prisonnieï, le forp enfini abdiquer In
coiiroiine. La terrible excominunication pesa
même siir lui api.6~ la inort. Car le cadavre impérial
resta pendant ciuq ans sans sépulture,
jtisqu'h ce qii'cnfin l'cncommiinication fut levée,
et qii'on accorda h Henri la sépiilture en
lerre sainte ( x 1x 1).
Par ces terribles expériences, la puissance papale
ne yoitvait certainement que s'accroitre;
cette pnissance s'augmenta en effet par le recueil
dds canons, des Etats du pape (les vraies on
fa1.isses dccrétales), par les nornlreiix moines,
par la richesse et 1:i conside'ration rl'iin clei.gé
cpi prafërait dc'pendre d'un pape &loi-né C~UC
de rcconnnître I'autoritd de priuces Tiiquer
Aussi, malgré la conditite scandaleiise de plusieurs
papes , qiioiqii'il y eilt quelqriefois deris
ou trois papes clioisis à la fois, enfiu ,mnlgi'é
les contestations qii'eiirent entr'erix des difféyens
papes contemporains, ln croyance dans le
pouvoir suyrfime du pape n'en frit pas dbraulee,
parce que, chez les grands clii pouvoii. séculier,
il fallnt aussi distin~iier !es liommes d'avec leurs
places.
( 147
L'Einpirc roinain oricntal frit gouverné de
802 à 107s par deux impérat~*ices et vinçt-qua-
tre empereiirs, dout lin abdiqua , trois fureut
assassinés , trois enipoisonnds ., quatre rendus
avciiçles et six destitiiés. Au lieii de protdger I'Etat
à I'estérieiir contre les Bulgares, les Arabes
et les Turcs, qili, depiiis 1050 clescendnient périodiquement
du Caucase, oii prc'fc'rait aclieter
la paix, dispiiter sur des siibtilités tlie'olo,'
9 lies; 01
et, pendant ce temps, une province aprcs 'antre
était prise par les Barbares.
Ari côte oppose' de l'Europe, en Espagne,
on comincnjn à s'affrancliir du joug pesant des
Arabcs qui s'y étaient établis. L'nffrancliisscmciit
espagnol commenca à renaître srir les montagnes
de i'hstarie, où l'on était parvenri à se maintenir
par la bataille prés de la Caverne de Cavadonga.
Dans les pays reconquis oufitdepetits étüts qui,
peu à peu, s'étendirent, formèrent deux grands
états, la Castille et l'Aragon, et se réunireut ensuite.
Le liéros espagnol, Don Rodrigo Diaz, comte
de Vivar , appeié le Cid ou el Campeador (le
combattant), combattit le plus vaillsminent les
Arabes ; sur son clieval excellent, Babieka ,*il
soumit et rendit tribiitaires Y son roi Ferdinand
( 1035à 1065) les princes Arabes de Tolède et
de Séville, et reconquit la belle Valence. A la
fin de cette période on prit aussi aux Maures le
royarimc nomme' ensiiite le Portugal, innis il ne
devint un comté indépendant de l'Espagne qu'en
1x09, sousle comte IIenïi de Boarçogue.
Eii Angleterre il y eut iin combat d'une autre
espèce avec les rois de Daneinarclc. Alfred-le-
Grand avait, à la vérité, créé (go I ) ilne force
navale et avait refoulé les Danois ou irates Ror-
mands ;il avait ai~ssi dot6 son de lois et
~cacellentes institutions ; inais au bout de roo
( i48
ans, les Danois, Sweyen Ier et ensuite Canutele-Grand,
son fils, redevinrent maîtres da pays.
&lais aprks qu'on se fût débarrassé des Norinands
de ce côté, ils revinrent de la Normandie au
nombre de 60,000, sous la conduite de leur duc
Guillaume-le-Conquérant et prirent pied après
une bataille sanglante pi-6s de Hastings ( 1066).
Le roi Guillaume divisa alors le pays en grands
fiefs et gouverna avec heaiicoup de rigueiir. Mais,
comme en sa qualite' de diic cle Nornianclie, il
tgtait en même temps vassal de la couronne de
France, il en résulta des guerres violentes entre
ses successeurs et les Capétiens. De même qu'en
Angleterre, les PJormands se fixèrent aussi clans
la basse Italie, et en braves combattans des
Grecs et ctes Arahes, ils fondérent aussi comme
en Sicile , Lin royaume qui leur devint propre
(ro61). La conquête clil plus grand Ctat de
1'Eui.ope , celui de la Russie, leur cst aiissi
attribuée ; qiielqiies colonies dc Normands,
sous Kurick , Oskold, Dir, Sineus, Travor ,venus
de la mer Baltique avec leurs hordes, se soiimirent
les petits états Slavons, rès de la Newa,
prhs du Dilicper ,prés du ~uffi.a, Kiev, à
Nowgorod, et ces colonies étendirent tellement
ces états qiie déjh le prince Vladimir-le- Grand
et' après lui ses douze fils, rtign&rent vers l'an
1000, le long du Dnieper jusqu'aii Ladoga et la
Diina. Il devinrent bientbt voisins de l'ernl~ire
grec, d'où ils introdriisirent le cliristiaiiisme dans
leurs Etats, et r4pandirent par là cette église
grecque qui nc reconnaît pas le pape. Ces Normands,
hardis navigateurs, découvrirent, même
en 862, 1'Isl:inde , et en 983, ils décoiivrirent
Vinland ou Grenland. Ou les trouvait partout
où il y avait c\u butin à faire; seulement dans les
Etats qui constitiie~tletir patrie, tels pue le Dq-
( '49
nemarck, ln Norwège et la Sukde, il pc'nétrn quelq11e
lumière par suite de l'iutroductioii dit ch+tiniiisme
vers l'an iooo.
L'Allemagne orientale , entihement Iinbitée
de Slaves, ne comrrienqa i foririer uri tout homogène
que vers l'an 880, parce qu'un prince,
Swjaetopluk (Zwentibold ) , fonda un empire
très-puissant qui s'dtendail sur la Bohême, la
hloravie , sur des parties de ln Silésie et de la
Pologne, et sur toute la Pannonie ; mais cet empire
succoinba sous la puissance des rois allemands
et des Hongrois, peuplde finoise, qui,
peii à peu, occupa la Pannonie, et que, par la terreur
qii'ellc répandait, on confondait soiivent avec
les Huns. Sons Etiennb-le-Saint , descendant
cl'8rpad , les Hongrois rejurent le bapt2ine
aprés avoir éte' très-tiangereiix 5 I'Alleningnc, à
l'Italie et h la GrCce, qu'ils effrayaient par la
guerre qu'ils y portaient comine brigancis. La
Vologiie ,nouvel Etat q~ii s'était foririé soiis les
ducs (devenus rois par la suite) (le la niaison du fabii!eux
Lccli et du paysan Piast, devint insensiblement
an état Slave considérable.
Parmi les e'tnts asiatiques, le califat (le 1'Argbie
à Bagdad présente sa période la plus brillaiite
sous -41-Mansuer, Iluriin-al-~rtscliil (autrement:
Aaron-al-Rascliilciasclil oii le juste calife) et Al-Mainoun
,son fils, surnomme' l'A1cguste des Arabes.
Mais bientôt quand l'esprit de guerre religieuse
finit par s'y &telidce, le califat coiniiienqn h çc
diviser, à s'affaiblir et enfin siiccomba soiis dc
1)uissans enneniis, tels que les Tarcs (les C11;i-
Lares, les Osinans, les Seldscliiilies, noilts de clif-
Grentes liordes turques). RI~llieureuseii~ent les
califes formérent leiir garde du corps d'llommes
pris parmi ces Tnrcs ; cette garde, coinme la
garde prétorienne des Romains finit par exercer
un despotisme sur les califes ; les Emir-al-Oina
, ministres trircs des califes ,,parvinrent
même, coinme les RIajores domtis, a perpétuer
leur (lijinitc' dans leurs fümillcs et à isenclre esclaves
de leur volonté les califes, leurs ninilrcs.
De 59princes des croynins, 38 sont inorts de mort
violente, soit par assassinat, soit parce qu'on
les laissait mourir de faim, clii'on les cloîtrait ou
u'on les jetait dans des glacières. Mais le liatit
jegré de culture intcllectuelle auquel parvinrent
les rab es de cette époque est d'une plus liaute
iinportaiice que la foule des familles régnautes
des Arabes 6tablies l'iine à côte' de l'aiitre en
Asie, en Africiiic et en Espagne. Le grand RIamoiin
disait, ciue le hnheur d'lin peuple iie
consiste clrie dans la civilisation, et fidèle h cette
inasime on établit des Acaclémies arabes, des
universités, iine éco!e, près de cliac~uc inos(juée
et des bibliotlièqiies rnCrne tfa~s les petites villes ;
0x1 construisit cies I~ôpitaiis, des laboratoires
FOUI- les cliiniistes et les inédecins et des observatoires
pour les nstronames. 11 y ciit de grands
poètrs; des princes et même des fe~iiines concoiirurent
polir le pisix (lu cliaut; les arts el les
scierices inspir6rerlt généraleinent tant d'amour
et de respect' que lc grand artiste et le savaut
distingiié étaient assurés de trorivzr lin acci~eii
6gaieiiient bienveillant cliez les Sarrazins en Asie,
en Afrique et en Europe. Aucun peuple de 1:i
iiiême époque ne peut être &ça16 nilx Arabes pour
le goût, le ton délicat de la société, et la nia-
gnificencc ; dans leurs li~ttes, dans leiirs lorirnois
ils devinrent des ixiodèles pour les peuples de
l'occident. Les ouvrages de ~tolemée,d'Hippocrate,
de Galien et d'Aristote furent traduits cil
arabe. Avicennes, qu'ils appellent Al-liussein-
~bu-Ali-Ben-~bdallal1-1i;bn-Fiiin fut le prince
( 151 )
des médecins. Ce peuple se disiiugua aussi dans
l'architecture ;cette architectiire cl'iin style liardi,
orné, riche et fantastique fut bientôt imilée
par les autres surtout par les Visigoths.
Déji considérabieinent modifiée elle parvint
ainsi dans l'ancienne Gaule oii les peuples
lui imprimèrent la gravite, la solidité, et par cet
appareil respectable finirent par la rendre nütionalc.
II7Occident a encore aujourd'hiii conservC
daus.ses Iüngues les chiffres des Arabes et une
foule de mots cmployés par eux, car ils furent
presque les créatciirs de plusieurs sciences et les
transmirent aux autres peuples. Ajoiitons aussi
que les plus beaux inonumenç de la littérature
rabbinique sont de la dme c'pope; les Juifs,
en fréquentant eu Espagne les Maures, eii ciiltivirent
la littérature, et non-seulelnent traduisirent
de bons ouvrages arabes en liébreu ,mais
lnême dans leur propre langue, ils écrivirent à
cette époque des ouvrages en toiit genre qui
n'ont rien perdu de leur beauté.
Revenons à la France. La décadence (le la race
des Carloviiigiens peut êtra attribuée h quatre
principales causes : io à la division de l'einpire en
/?lusieurs royaumes ; 2" à la faiblesse de Loiiise-Débonnaire
(814 840) et de ses successetirs ;
3" aux ravages des Normands ; 40 enfin aux révaltes
des seigneurs et à leur élévation sur les
debris (le la l~iiissance royale. ~prcs la mort de
Louis V (986) Hugues-Capet, comte deparis, fut
llolniné roi de France. Il frit noinmé le chef de
la j e race dite des capétiens. A sa mort il fut
hieu regrettr des pr6trcs et des gens de guerre
(1u'il avait également fiivorisés; le peuple n'était
rien dans l'état. La souveraineté universelle
des papes tilt alors solennellement proclaln~een
France. LBon IX y tint iiu coucile
t '53 )
inalgré le roi, Ilenri 1.. ( 1031), Mais si les papes
étaient tout-puiusans en France, le peuple alors
y était très-malheureux ;,il était serj'oii esclave,
on appelait vifairrs les gens de campagne, e'.
bourgeois ceux des villes et des bourgs. De leur
côté les seigneurs se battaient entre eus L 011-
trance.
Sans doute que les peuples occidentaris furent
loin d'être aussi civilis6s que le furent alors ceux
de l'orient, mais leur de'velopyement pour avoir
été plris lent devait aiissi donner une civilisati~~l
plus durable. Les sciences et les arts, les occilpations
de toute espèce ortaient enccre le cachet
de la barbarie et Bu besoin qui les avait
enfantés. Cependant cette civilisatiou avait fait
iin pas immense tlepriis que les nouveails
élats avaient polir la plupart cherché leurs ricliesses
dans l'agricülture qui attache ari sol et
inspire l'amour de la patrie. Si le cultivateur
languissait presque partout encore dans la servitude.
il s'élevait polirtant peu à peu dans les
nombreuses grandes villes niie classe moyenne,
robuste ,qiii tenait le milieii entre la noblesse
despotique et guerrihrc, et le pauvre et mallieureus
paysan ; les villes offrirent asile et
protection ; avec les besoins croissait et s'étendait
le travail ; l'esprit d'iiiveiition fiit excité, et
il en r6siilta plus de, bien-Gtre ;la confiance dani
ses propres forces s auginenta dans l'individu, et
Jans les masses se fit sentir le désir d'une plus
grande liberté et l'üinoiir de l'indépeudance*
Dans l'Aragon Ics villes se développèrent al1
point de pouvoir se donner des institutions, une
administnitiori, et de prendre inêine part au3
délibérations des princes, conjointement arec le
clerg6 et la noblesse. Le clergé fut bientôt l'état
le pllis riclie et le plus considérable de chaqlle
( 153 )
pays ;mais la noblesse clierclia la gloire daus les
coi~hats, et là où il n'y en avait pas, les iioblcs
se combattaient entre eux, laiqaient la guerre
aiir villes oii mzrrie au prince. Retrauclié dans ses
cliliieaiix forts, le xioble bravait souvent les lois
di1 pays et cie là il faisait sentir son injuste puissance
nu inarcliancl oii ail citoyen qiii y passait.
De 1h il arrivait que fréqiieniirien-t le droit dii plus
fort était leplus f'ort,clroit. Les princesayantbesoin
de la iiol>lesse ne purent que rarement s'opposer
ces actes d'injristice. On ne respectait guc're ln
trt:vede Dieu qui, delmis le jeudi jiisqii'aii tlimanclle,
inlerdisnit torit coiilbat, prCcisCinent parce
qiie les peines encoiiriics pour la transgression de
cette trkvedeDieu étaient trop dificiles à exe'ciiter.
Avec cela les petits fiefs fiirent regardés comiiie
légalement liéréditaires en Italie et en Allemagne
depuis 1037. La Iiie'rrtrcliie des papes n éprouvait
d'abord qii'uiie faible résistance et pouvait avoir
du succès avec le secoiirs (l'iine yolitic~iie viçoureuse,
exercée par des Iionimes et des vieiflarcts,
par des célibataires indépendaus, enfin, par
des papes. Les sciences étaient encore bieii arriérées
parini les peuples germaliiqiies , parce
qtie les écoles ne donnaient que l'enseignement le
plus nc'cessaire et avec iine inesqiiinerie proportionnée.
Les ecclésiastiq~ies etaient presque les
seuls ssvans et artistes, et si iiiie religieiise dc
l'iiistitiit alleinand Gandcrslleim , nomiile'e Roswitlia
,écrivit en 980 des coinédies latiiies , et si
l'ar~liev6~ue Gerbert, 61~1 plus tard pape soiis le
nom de Sylvestre IIJparvint vers l'an 990 à faire
des liorioçes avec des e en du les en place cies Iiydroscopes
et des clilepsytires dont on se servait
jusqii'alors, il faut en convenir qiie c'&tait cles
apparitions extraordiaaires pour celte Cpoqne,
HaSTaERE
DU MOYEN AGIE.
CHAPITRE III.
Dcpzcis le conrnzenccnze~ztdes C~wisarZesjusqrc'n
la découoer*lede I'Anz&rique.(1096 à 1492.)
L'hiimauité en Europe n'élait as destinGe . i
rester Bteri~ellenient enveloppée $ans les langes
de la féodalité et cle la liic'rarcliie; douée d'une
siir6bonclauce de force. elle avait besoin de la
ddpemei-. Aussi, quatld le pape Urbain II fit un
appel alix elirL:tiens, par L'entremise de Pierre,
l'liermile d'Amiens, pour les engager a reprendre
aiis Inficlcles le Saint-Se'pulcre tleJdrus:tleni,
ou yliitôt tolite la Terre-Sainte, cet appel fut
entendu. Rome et 1'~lleinagne doniinaient alors
en Occi<ieiit. Ln France cornnience à être un
peii plus tratiquillc. Les cliics de Normandie sont
devenus redoutable; [lepiiis la conquéte de l'Anolcterrc.
L'Aquitaiiie a des ducs qui rkgnent silr
frtendiie qui sc trouve entre la Loire et. les
~yrc'nées, les Cévennes et l'Océ:~n ;les cointes de
Toulouse coniinandent i presque toiit le Languedoc
; les cointes de Cliampagne sout innîtrcs
de la contrée qui porte cc nom. Pliilipye Icr1.ègne
( 1060 ?t i 108) en l'rance. C'est dans ces
circonstances cjuc Pierre parcourt l'Europe et
écliaufl'e les têtes contre les hliisulii~ans. Les Ara-
( 1% 1
Les, innitres depuis 637 du pays et de la viiie
vCnéi.4~ par eux aussi, lionoraient à la ve'rite
Je zèle fervent des pieux p6ler;ns qui, tlepiiis
Constaiitiri, s'y rendnieirt par niilliers et eii rapportaient
des restes sacre's di1 temps di1 Clirist
((les reliqiies). Rlais les Seldscliiiks , race de
Turcs, s'emparérent dii pays, rendirent diflicile
l'ncc6s des lieux saints et tourrnenthrent extreiiiernent
les cllre'tiens. Aussi, l'ardent cliartreiix
iiionté sui. son âne et portant des lettres de la
Palestine lettres pre'teiidiics toiiibées clri ciel),
trouva-t-i \ partout des partisans, et dalis les
conciles de i'laisance et de Clertnont , des inilliers
s'attachèrent dans leur zèle, à l'c'pnule, iine
croix d'étoffe rouge :commc signe de letir pieiise
entreprise ( 1095). C'est pourquoi on les appela
Croisés. Il y en eut plusieurs qui n'attendirent
pas la formation re'gii1it:re d'une armge destinée
a se rendre dans la Terre-Sainte, mais coiirurent
en avant sous la conclnite de Pierre, d'ailires
soiis ccllc de Valter Habeniclits, sans dtre
n~iinis de vivres, d'armes, de çiiides ( qrielclueslins
prirent poiir gliiclcs iinc oie et une chèvre) ;
mais la plupart pe'i-ireilt aussi ; d'aiitres se jetèrent
siir les palivres Juifs, dont ils massncrGrent ,
pillèrent et brûlcrent lin grand nombre. Eufin,
11 y eiit une armée bien éciiiiyée destine'e 3 cette
eup4dition. Godefroi (le Bouillon, tluc c'ie la
Bnssc-Lorraine ,~aldiiin de Fl~in(Zres, Raimond
de Toiilouse, Robcrt de Normandie, Eticiine
de Blois, le comic ~oemond de Tarente, Tancr&dc,
son coiisin ( 1'~cliille de l'espédition),
le iioble Valter de ln Tour, de Liinogcs, avec soli
lion fidèle et des milliers de seigneurs avec lciirç
lloinmcs et leurs cavaliers, ensemblc environ
300,000 Francais, Lorrains, Flaniands, Nornian!ls,
Italiens ;telle fii t I'armCe qiii partit le
15 noAt 1096. Après des combats innombrables
et ilne niisère extrême, i\y en eut 40,000 qui par
Iri Hongrie, par le pays cles ~ulpres, la Grece, les
Etats tiircs de l'Asie-3liiieure arrivbrent devant
Jérusalem, et le 15 j tiillet iogg, aprhs rin assalit
sanglarit, le drapeau des Crois& flotta sur les toiirs
de laville sainte. Lenoble Godefroi refusamodesiement
In couronne royale qu'on Iiii avait ofierte,
maisse borna i prendre le titre debaron de Jérrisalem
el prolecteiir du Saint-Sepiilcre. Ce n'est
rjn'eïi I xoo cluc son frère ~nuduiii prit le titre cle
roi.
Ainsi cominenca uiie suite d'entreprises conniies
sous le nom de Croisades, dont il y en eiit
six et qrii ressemb1t:rent. h iine migration de
peupIes en sens inverse, de l'Occident h YOriexit,
et qui dans l'espace de 200 ans, anienércnt environ
7,000,000 d'liomines en Asie, dont à peine
lin dixièlne crit le bonlleur dc revenir clans
sa patrie. ('l'c'tait la pi.en1iGi.e fois que lotis les
peiiples (le la Germanie s'dtnient sgunis pour
t'ormcr iin grancl plan. L'idc'e était neuve, inai.;
conforme aii temps, et le priucc cornule le
paysan, qiii ci1 y prenant part recoiivrait la liberic',
le clicvalier, le inarcliaiid, le dévôi, le yécl~ciir,
toiisadoptérent avec joie cctieentreprise-
Le peiiple îiit dc'livré de la pre'seiicc! de beaiicoup
de seigiieiirs ;ceux-ci vendirent une partie
(le Ieiirs terres ;tri roi oii nu clergc', pour siibvenir
aiix frais Jc l'expe'dition. Debarrasse d'eux, IC
pouvoir royal comnlenca iiu peu ise r&iab!ir-
BientOt le uoriveau soy aume s'c'tendit iiepuis
Antioclle, le long cle la l\lc'diterriinéc jiisq~ie vers
1'Egypte ; mais sans nouveaux renforts il n'aiirait
prolableincnt pas pi1 se niaintenir, aussi y ctitil
de nouvcllcs troiipcs qiii s'y reildirent, surtoiit
en 1147, 00 L~uisVII, rui de Fraucç, ynriit b
( 137 j
ia voix de Saint-Bernard, abbé dc ~lairraiis.
ConradIII, empereiir de Gernianie, se joint à liii
avec une armée de ~oo,ooo lioinmes, et toiis cleiix
se rendent dans la Terre-Sainte. Nais coinrne
cette armée nc parvint pas à J&rusalem, les rois
de la Terre-Sainte dcviiircnt toujours plus înibles
et leurs ennemis toiijoiirs plris nonibreiix cl
plris actifs. Aussi Salatlin, dominateur snri.nzin
d'Egyptc, parvint ( I 187) 9 s'emparer de Jériisnlem,
et ce fiit grûce aux grandes qrialités di1
vainqueur que la villc sainte fiit redevable d'élre
bien traitée. A cettc nouvelle filnede l'emperciir
&Alleinagile, Fre'déric Ier, Barberousse, Ricliard
C~eur~de-Lion, roi d'Angleterre, et Pliilippe-Auguste,
roi de France , forment de
noiivelles el ptiissantes armc'es : et entreprelinent
un? troisit:inc croisade ; inais Fre'déric
meiirt entraîne prir son clieval dans le Cydnus,
et les autres clicfs désiinis entre eux mancluent
à leur mission. Ce n'est qii'avec peinc qu'on
pi-lt Akkon ou Ptoléinaïs, et qii'on put maintenir
une partie (le ;a côte. Porirtant l'espoir se maintenait
toujours. Une quatrième croisade ciit
lieu, et une armée considérable arriva, en i 204,
fievant Constantiiio~)lc, polir y réini&~rer un empereur
dcstitiié; mais coinme celiii-ci ne yiit
payer Ics récoinpenscs c~u'il avait proniises pour
cette 1-sintéçration , cette arinée s'empara de la
ville et Un pays, et y e'tablit Irn cinpirc latinet
f mc. Cependant (16s 1261la füiblesse inte'rieiire
i c cet einpire Ie fit déclioir, et l'aiicieii Einpire
romain oriental en prit la placc. Rlais Frédc'iic
11, empereiir d'Allcmng~~c, malsr6 l'excorrimiinicaiioii
c iii pesait siir lui et niû1gi.c' les trahisons
des cfirétiens dans In Palestine mérnc, pnrvint
;'i pguer, parun traité, Jériisalcinet les autres
liciis 5;iints. Eu i 348 eut lieu la cinqiiit:~nc
14
( 158 1
croisade , l>rê~lia~ par ~udës; do Cliitenurot~r,
cardinal, elle fut dirigée par Saint-Louis. Cette
croisade fut incillicurciisc. Après la perte d'une
113taille, les croise's sont défaits ; le corntc d'Artois,
II-C~Cdri roi, pc'rit dans le coinbnt ;ei-ifin
en 1270, Saint-LOL:~S qui était revenu se met j1.3
téte d'uiie riouvelle croisaclc (sixieme et dernière
) ; des Anglriis, des Ecossais, des Cataians,
(les Portugais ct des Castiliaus se joignent aux
Franc:iis. En ge'nc'ral, dans Ia preinière partie dit
IPsikcle ,l'envie. dcs croisades resta la inCine.
Des enfans inGme figiirèreut des croisades dans
ieiirs jeux?et comme ail camp devaiit Ptole'mjis
de jeuues garjons Sarrcizins et (le jcrines clire'tiens
avaient conibattii les lins contre les autres,
il y eiit, en 1213, 30,000 jeunes Francais et
20,000 jeiines AIle:~~ancls qiii, sous la conduite de
prGtres, se rnireiit en route pour iine croisade,
inais ils portéi-cnt la peine de letir imprudence ;
iinc parlie cl'eritre eus fiit ttic'e, et unc autre
pjlrtic filt einmeuée en esclavage en Eçyp te.
Un certain roi, Antlré, de ln IIoiigrie, et lc coinie
GuiIlaiilne ,cle ,IIull;iiide, firent Cçalement i~ne
croisade ( i 21 il 12x9)~; inais ils ne prirent que
D ~ I ~ ~ Ben L zsypte ~ C ; Saint-Louis avait d4jipris
( 1248)cette ville, lors de ln précaente crüisnde,
à la siiite de laqiielle il avait c'té faitprisonnier
ct oblige de se raclietcr. Mais clans IR
dcrniére expédition l'nrliiée de'barqria i Tunis,
oit Saint-Louis nioiiriit ( 1270). Enfin en i 291,
Ptoléinaïs, le dernier resk dii royaume chrétien,
retomba aii poiivoir (les Snrrazins.
Ces entrepiiscs gigantesq~ies n'aulrient - e!les
clone eii cl'n~ilrc re'siiltnt que clc mettre à meille
les papes de 1ioin:::ei. toiijours des &Cques irzpffrtibus
(in fidelinm)? non, Ics siiites en ft~rent
irnrnenws, Taris les lieiiplcs tlri midi et de l'oiicst
( '59 )
de 1'Etirope avnicnt appris it sc connaftre mituellement;
letir poiiil rlc vile ])olitiqae s'etai t
considérablenient étentlii. Qiiclqi~esétats italieiis,
coininc Venise, Gênes, qui coiidiiisnient
des vaisseaiix niarcliaiids en Asic , eiircnt en
leurs inniiis le comincrcc clri inon(le, qui de l'intc'rieur
de l'Asie ct du fond dc l'Afrique, se dirigeait
vers la mer par cles caravanes; la petite
vérole vint cn Eui-ope, (te inGmc qiic 1'6tablissemeut
des Iiôpitaus et des riiaisoris de cliarité,
la canne ?I siicre et les moulins ù vent; l'liydrarilicpe
et les sciences cil génériil, sui.tonl l'liisioire
et la gc'ogr;~l)liic v gignhrent bcaucoiip:
'I'occidcilt se fairiiliaris$ non-seillenient avec le
liire, mais encore avec ln (louccur cles inœurs de
l'orient ; l'iiltelligcnce sc cieveloppn en m$me
teinps qiie In pliissnnce des gouverneurs du
Glirist sliiK;iiblit ; d'un autre côté, par. 1'nfF:iiblis-
senient des grali(ls vassaus dont plusieurs étaient
lilorts et d'autres devciiiis paiivrcs, la piiissance
royale se de'veloppa de pliis en plris, l'esclavage
dans Icqiirl avait gtlnii, en Asie, plus d'un sei-
Sneiir jadis redoiiiable, dcviiit inoins cliir pour
les esclaves e:iropc'cnc, 11;ircc qu'on ~ioiivait se
reiidrc libre p:ir la croix. I.es sciciiccs, lc com-
mercc et les arts s'c'tant accrus i'i~rc~it bieiitdt le
P~tagcde la l>oiir~eoisic dont les princes farorisaieut
les libel*i& et le hien-dtre, et dont Lii
liisssncc devint bicnf<;t forinic1;il~le 3 ln no-
Elesse. Alors naquit ln ligee des villes ans6ati-
( ucs (alliance dc né~ociaus, partant de Liihck,
de Hambo~ir~ el de BrCrnc et cornprenant Iiienlût
"0 villes en Alleinagile et liors de ce pays). Mais
$influence la plus directr des croisailes se fit
incoiitcstablement seiitir ti In noblesse ~iicrrihre.
Dans un tenilis oit l'lioiniiie riçlie et considérable
pouvait seiii servir a click-ai, il ii'y avait
( 160 !
pas loin de l'ide'e d'iin cavalier A celle d'iiil ciîeviilier.
hiais, avec des armes conveniics, le clievalier
avait besoin de signes de ralliement pour
reconnaître lessiens daiis lc coinbat ;de là des
marques distinctives, a11 moyen iles couleurs da
pluinet, dii casquc, m:iis sortoiit sur le boiiclier,
et depuis les croisades la croix était faite de pliisieurs
manières, et les desceuclans portaient ces
marqiies en memoire de lenrs anches. De 1P
vinrent les armes des fa'arnilles, lc blason et les
noms de famille empruntés la pliipart à des fiefs
devenus lit!rCtIitaircs, ou ail siege de cciix qui
avaient donné letir iioiir h leur race ; ces nous
furent uelqiicfois tr2.i-bizarres, par exemple :
la famine des cliicns dc K;ieoring, des loups de
l'observatoire des Morts, les clievaux de Ballstad
, les reikards de Fraiiconie , les boucs de
VuIfinsen, la bouclie dii bcciif. etc. Rlais pendant
les croisades il se forma, 21 l'instar des 01.-
dres dc moines, des ordi.cs de clievaliers soris le
nom de clievaliers de Saint-Jean, de Templiei.5
( 1118 ), et de clievaliers allemands ou de RJarie
(1 igo) ; CC furent des forines pliis solidcs de la
chevalerie. Ils s'obligeaient ari cclibat et i l'escorte
des pélerins qii'ils soignaient algrne, et ils
s'engageaient à combattre les itifitlèles. Après 13
perte de la Terre-Sainte deux de ces ordres se
reiidiïent ?I Riiodes ( les clievaliers dc Saint-
Jca~bfinirent par allcr h Malte, et en portArcnt
le nom ). L'ordre de RIarie alla h Venise, et de
là en Pologne, oit ils prirent aiix Prussiens, eucore
payens, Ic pays qui est ail long dc la iller
Baltiyiie et dout ils firelit un état clc leur ord1.c
(par la siiite la Prusse). Api.6~ ces trois ordres
moitié séctiliers et n~oititi ecclésiasiiq~ies, il s@
forma dans le reste de 1'Eiirope ilne foule d'ai!-
tres orclres. Mais la digaite' de la clievaleric se*
( 161
crilière n'était pas llér6ditaire ; il fallait coniinencer
le service par étrc valet, lloininc il'arines, et
se distinçiici- par ln bravoure : tlc inêinc qiie clans
les corporations (l'artisans, il fallait c1'abai.d etre
appreuti , puis ouvrier, pour devenir ensriite
maître, et de rnêiiie qrie dans les institlitions S:Ivantcs,
l'e'colieï clevieiit Lacllelier, licencié et
pilis docteur, la réception cl'iiu clievalier était
d'abord un combat d'arincs; c'&tait le cliefd'ccuvrc,
la promotion mi doctornt .de l'c'l&re
chevalier.
Les orclres de moines se iliultipli&reiit cette
c'poque eu inêine teiiips qiie ceiis des cliev a1'iers;
les premiers formaieiit les re'gi~iieuspirituels du
pape so:is les généraux de le~irs ordrcs respectifs.
L'ordre des inendians cle Franjois d'Assise
(les franciscains 1216), ct celui de l'cspngnol
I?ominiqiie (les don1inic:iiiis ~zoG),avec leurs
subdivisions clevinrei~ t'iiriportms cornme exccllent
appui dc la IiiGrarcliic. C'est porirquoi aiissi
que les membres de ce dernier orclre, qiii avec
raison s'intitLiJaielit les cliieiis cle cluête tlii iiiaitre
(dûntilzi cases), fiircnt cliargc's d'exploiter la
terrible Inqiiisilioii, hiidée par Iiinqcen t 111
(~98à InlG), ce tribunal sl>iritricl' institiic'
poiir recllercller et cll;^itier l11iér6sie. afais sotis
le nom d1hdrdSie 011 nc comprenait pas seillement
dcs idees qi~i slécart;iieiit du Caoon eu:
seignc' par YEgiise, iiîais niissi lc iiloinrire dolitea
la puiss:kllce papale et ecclésiasliyue ,el hient61
inenle cliaqiic teiitalive d'al~olir (les erreurs et
de rcmedier lt des d&faiits. Aiais plii~ ICS papes .
iil~rés Grépire VII, 11ex;iiidt.e III, Iitnoceiit
111 et IV, Grégoire IX etautres étaient deveu~is
elitreprenans, plus s'dlevaient contre eiix des
honiines rne'contenç de ces entreprises, comiiie
Aruould cic Brescia, élhe du grand ~beilard;
( 162
les Catlinrieus ,les Valdensieils (clc Pierre Valdus,
(le Lyon , qu'avait réveille la mort subite
ct'uii ami, comme cela est nrrivc' 111s tard Liitlier
), les Albigeois daus le mii <le la France,
contre lescluels iine ve'riiable croisade fut bientôt
prêcliée et c~ii'on punit par le fer et le feii.
A cette époqiie dii monvenient intellectiiel
escitd par les croisades, la poésie nationale des
peuples du midi (le l'Europe se développa, sii?
tout en Espagne, clans le niidi de la Fi-aiice, ou
les troubadours provensaiix, en Alleinügiie, GU
les clianteurs d'amolir. (appeléselés aussi poétes de
Sotiabe) acqilirent une grande céle'brité. Des
princes ct m6iiie des eiiipereurs ne crurent pas
iiu;desso~s cl'eiix d'en faire partie; et coinine ces
poétes celébraient g4nérsleineut la chevalerie,
l'ninour, l'lionrieur et la religio~i, ils donnèrent,
réiiiiis ails croi~ades, lin? plus liniite consc'cration
à la clicvalcrie inêiile ; bieiit6t le chevalier,
qui autrefois3 sa reccption solitenait iin combat
d'éprerivc., &tait à cette solennité obligc' de promettre
ci'lionorcr et dc ~)i'otCgcr la religion et
!a vertri, et (le lie coinbnt~re que loyalement, et
dans lei tournois (ccs jciix olympiqiies t h
moyen âge). 011devait rivoir égard iioii-seulement
à la naissaiice des clievaliers, mais cncore
h leur bonne rc'piiintion. Lc toliruois &tait fermé
iriix clievriliers ddclar&s indislies; on leur &tait
i'éperon d'or et on les jetait sur le fiiniier ;on colla
rait la qiieue B leur c1iev:il ;leilrs annes étaient
,risées ; leurs ~irinoiries efface'cs ,leur boiiclier
etnit traiiie' daris la l~oiic à la queue d'une rosse,
et bien rl'autres punitions de cc geure leulq
étaie111 infligées.
J~'ef6cacité de ces nioyeus était on ne pciit
plus graiide pour dompter le sauvage esprit dc
rapine de ln noblesse ;car les cliefs e'laieut cians
( 163 )
celte naissaute institution jiidicinirc el lcçale,
rareinent en d;it de faire respecter ces pais de
Dieu et dii pays, si soii\.ciit oi.do:ine'es. Il y en
avait qrii , bravant toi1 tc piini tion seclilière et
ecclc'siastic i~c, devenaient lc flériii de toute iirie
contr6e. Alors comme il Ctait difficile de vaincre
le droit dii pliis fort, fi caiise (le la inultiplicité
des inaîtres et des doniaines, il seforma une espcce
de tribiinaux qiii, par leiirs ope'i.ations en partie
secrhtes, et 1)ür ln tcrrciir qiie répalidait cii les
agraudissant, ce secret mêine, ne fi~rerit pas saus
influence. C'e'taicnt les juridictions criiniue~ies
siIr la terre roiigc (en Vcstplinlie), ayant leiir
siége, principal 5 Dorinunù, soiis 1:i 1)rtsidencc
de i rircllevCqiie dc Cologiie. Cl~iiqiie tribiinal
(sie'ge libre) avait son conite libre ou président
avec dcs c'clieviiis libres oii s:ivniis pour assesseilrs.
Les coup:ti)les pi;iss:ili~ treulblaieiit h l'invitatioii
de par;iîlrc clcyarit ces ti.ibunaiis et devant
le bnri de çctte jiiriciictioii, parce clii'oil
ne coniiaissait pas les assessetirs qui poiivaient
tuer de siiite le coripablc convaincii. RlCiile des
pinces et des rois fiirent obligés de s'y rc1idi.e.
Ces tribriiiniix existèrent ji~sqr\'au in~liicnt oit
ceux des pays tlivers fureiit iilicux orgariise's ;
alors aussi la clicvalcric ccssii tlc se reiuiier, et
ces tribunaiix eati.aoi.diiiaircs piircnf îoriiber en
désiiétiide. Laluii1ii.i.e que ré1)aridirent les scierices
renaissantes :i<lûiicii,cnt aiissi ce cjuc les
lntieiirs avaieut gi.osçicï; tle 1'Italic ct de la
France se rél~zndircnt cles iiniversités; les sa-
Taus fiireut estiinés ;les niriîtïes cic choit calioliiquz
et de droit roi-iinin obtirircnt ln noblesse.
Les sciexices r.econimellccreut :i avoir itrie licul'cuse
influence slir les classes iiife'rieiircs de la
"ciéte', et, cjrioique les développeinens f~isseiil
lents, et que dans tous les états (surtuiit dans les
( 164 1
états Slavoris ) la civilisntioil avallcrlt d'un pas
inégal, les lieiiples rivalisèrent entre eux, et la
question ,si l'liumanité eiii.ope'enne devait d4-
périr tlans le despotisme fc'odal et Iiiérarcliiqiie,
ou si elle devait se relever, se trouva r6solue. Les
croisades avaient décidé en faveiiï de ce dernier
sens, et, quoiqil'e!ies diissent leiiï existence à ilne
pieiise aberralion, considérées sous ce point de
vue, les croisades ont pourtant &te'un moyen
d'e'ducation donné par la I'rovidence.
En France, Louis VI, fils dc Philippe Ier, appelé
Louis-le-Gros, est lin des meilIeu.rs princes
de la monarchie fraucaise et son rhgne est ilne
époque trés-iiliporlante de notre histoire. Toujoui-s
en çiierre, car c'est alors que commencèrent
les guerres désastreuses entre la France et
l'Angleterre, incapable de protéger les bourçeois
contre les brigû~idnges de ses rasciux, il dtablit
les conimuiies, espece dc petites clémocratieç indépendautes
cies seigneurs. Alors cliaqiie ville
prit s'artministrer libreirient, eut ses inaires et ses
échevins. I)&s lors ;)lusieors soiiverüins imitèrent
le roi de FiV:ince. SoiisP1ilipj)e-le-Bel (izSS),les
coinmunesfiirent assez~~uissaiitespoiir qii'ou leur
pertnît d'envorer des tléputés üiir c'tats-gc'nérau?;.
Cetlc institizt:on fiit un coiiirnciiceincnt d'affrancliisscinent
pour Ic periple clui dans la suite dut
faire toiiibeï la féodalité. Cc fiit cncore sorts
Louis-le-Jeiine cllie lcs plris grands vassausprenneni
le titre de pairs et coin1,osciit la cour OIL
~~nrkenrent : iiistitiilion cini ue prit iine forinc
fisc quc sous Pliiiippe-le-Bel. Henri II, roi
tllAngietcrre, fait en ri 72la coiiqu4le de1'Irlaucle
qui, pendant long-temps, avait c'té partagée en
plusieurs royaumes. Les guerres se tcrmineiit
1 avantage de la France qui recouvre les ~~rovixices
que les Aiiglnis avaient souniiser.
( 1s; )
L'~1fernagtieeut :i se fClicitcr de plus d'tin
excellent chef, mais elle eii t a~issi ses temps mal-
Iierireiis. A Henri V .,fils (le IIeiiri IV ( I 106 à
1123), qlii, dans le concordat (le Vorriis ( r 122),
avaitapnisc' la coutestation siir l'investiii;re, succéda
d'aborci le faible J~otliaire, de Sasc, h qui sa
mère, pendant qiic dans sa jeunesse il se trouvait
A la cotir dc Henri IV', avait envoyé iirie
belle c'pé'e, inais cjui avait ilne lainedebois ; cilsiiite
l'~1leliiaglie eril la ~iinison considérable de
Hol-ienstaiifcn ,1i 37 3 1254, avec Conrail III eu
1x52 ; Frédéric-le-Roii~,en 1190;Henri PI en
3 197; Pliilippe cn I 908 ;FrédGric II en i 230;
Conrad IV en 1254. filais un triple coinbat,
soirveiit réuni, traverse presqiie tous ces rignes-
Kt; d'abord coiitre la grande et antique maison
(les Guelfes, (le Soiiabe; cnsiiile conti-e les villes
de laliaiite Italie, dout la plupart, ayaiit Nilnn en
tGte et dniis la conscience de leiir force, voulaieut
se rendre iiidépeiidaiites de la puissauce itnp6-
rialc, et eiifin contre les papes. Comme ceus de
la maisoii clc Hoheristaufen posséd~iiciit le siége
<Iiical.dc So~inbe,et bieiitôt aussi celui de la
Francoilic, les Guclfes rc'giiL'i.ent d'abord dans
la Bavière, et aiissi eii Saxe, deptiis l'avèiiement de
Lotliaire II à l'einpire. Se fontlant sur leur piiissauce,
ils pre'tendirent h la corironne d'ailemagne,
que les riises IIolicnstaiifcn srirent
leur enlever; et ces (1crniei.s inarcli6rent coiiti-e
les rebelles avec le fer ct le fcii. ins si Henri-le-
Fier perdit ses duclic's cie Saxe et cle BaviCre;
mais Henri-le-Lion, soli fils, si ce'lébrc par la
suite, conserva la S:isc pair In ficlélité de ses
siijels; et l'empcrtiiir Fr&tle'ric 1.1liii rendit enfin
la Bavière. Mais lorsqiic Renri-lc-Lion voultit se
créer un einpirc libre et in(1épeiid:int dans l:i
P~mCraiiiet dails le blckleiiho~irg,oit il y avait
des Slntes, et que par sa l)uissnnce qui liii valut
la haine et l'envie, il s'éleva d'uiie manit're menacantc
sur toiis les princes de l'Allemagne,
lorsqu'il refusa à son enîpercur cie l'accompagner
dans iine cincpièine carilpagne coiitre les villes
de la Lombardie, qii'il ne sc laissa pas même attendrir
à la vue de I'empereiir son suzerain, qui
sc jeta à ~cnous(levant lui, et que Fréile'ric frit
battu yres du lac. de Coiner, en ri7G, toiis les
enileinis de Hcni-i se réveill&rent, et, & la suite de
l'empereur, ils mirent le duc ail ban et le déclarcrent
privc' tlc son fief. Del~iiis ce telnps la
maison <le Wittelsbach a r6gnC en Bavihre. Il ne
resta Henri cllie Briins.uvick et Liinebonrg ,ses
pays liéréditaires, et dont les princes sont montés
depuis 1713 sur le trône d'Angleterre, où rhgnent,
comme à Briinsnrick encore aiijourd'hui,
des Guelfes. Dans les guerres de FrécléricIer contre
les Lombards, un pape non rcconnii par lrii, eut
qrande part; ce fut le pape Alexandre III, et cc
lut toiijoiirs la politiqiie des papes de se ranger
généralement tlu côte'des Lonilartls et des Guelfes
coiitre les Holienstaufeii (oit Gibelins). c'est
pourquoi on confondit pliis tard en Italie I:r
cause des Guelfes (011 \T'elfes), arec celle dcspapes,
et la caiise des Gibelins avec la cause impériale.
Par çoiitrc ,f;i.&déric parvint, par son niariage
avec Constontia, Iiéritiére norinailde, &
procurer A son fils TIenri VI le roynuine de Naples
et de Sicile. Nais Frc'deric, comme noirs
l'avons d&jhdit, se iioya lors (le la crois:ide clans
l'Asie-nlineiirc ( i r90), et Henri. après s'être
fortifié dalis son noiivcari royaume par (les coinbats
sanglans, laissa lin fils ( 1197)~Fréddric,
qui conimcnca d'abord à regner dans la Basse-
Italie; mais quand son oncle Pliilippe, 61iiroi d'~1-
lemagne, en mt'nle tenips qiic le guelfe Otilü~
( 16j j
IV, tomlia as~9ssitié à Bamberg, Frc'd&i;ic ht
élevé, coiitre lc: compdtiteur giielfe, siir le trône
d'Allemngiie qu'il siit conseiveIi. Ce Frédéric
II qrie la bravoure, l'esl~rit et toutes les vertiis
royalcs, Glevc'rent facileilient ait rang de I'einpereur
le ylris distingiid da nioyeri igc, eut h soiitenir,
prdciséiiient à cause (le sa inanic'rc cIc
voir, grande et c'levée, des guerres presque continuelles
contre le3 papes, contre les Lombards
que ceux-là excitaient, et contre des rois rivaux
que le pape sut lui siisciter eu hileinagiie. Son
fils nc fut pas pllis heoreux; et coiilrne une mort
tragique enleva pi-esrliie tous ces princes, le
dernier rejeton de la grande innison, Conradin
moiiriit stir l'échrifii~d en 1268, quand il voulut
reconqiiérir le royntiiiic de Naples et cle Sicile,
son liéi-itage, donne' 1131- le pape à un prince
Francais, Cllarles cl'hiijoii. Voilh la punilioii (ic
cette mallieiireuse ailiarice entre l'rilleinaçiie ct
l'Italie.
C'est nii corninencement du 1 SCsihcle q~~~eiircnt
lieil des événeineiis iinportrins eii Eiirope. En
1214eut lieu la f;imerisc bataille de Bo~ivines
entre Lille et Tournay, 021 Pliilippe-hiiçuste, roi
de France ,avec une nrrn6c faible eii coinlharaison
de celle de ses adversaires, defil lc roi d'Auglelerre,
Jean-snns-Terre , le comte (le F1:indre
kt i'en~pereiir Otlion IV. Cette victoire niiglneiila
l'nu toritc' du roi sur ses rnssnus.
En r 229, Loiiis VTII, fi!s de Pliilippe-Aii-
:.,asle, recouiniancln une iioiivelle croisarle contre
les Albigeois, secte clir61icnne dolit un grand
noinbre linbitnit le (1ioci:se $Albi, et contre lnclueile
avait dc'jà toniid Ic ljapc Innoccnt III;
l'exliortatioii du pape nrnit cri poiir suite unc
croisade qui clvnit entraîi16 Ic inassacre d'iin
grand nombre cl'Albiçeois. Louis TI11 rno1iI'~it
f 168)
en rei-euarii dd 1;i campagric mrt~~itlii~eiisc qu'il
avait faite contre ces hérétiques, c:tnipaane qui
paralysu les ïorces di1 Lan~uedoc et de fa Provence,
qui y riliiia des citc's riches et commer-
$antes et ddtruisit une civilisation florissante en
inerne temps q~i'ellc abattit une piiissaiice rivale,
celle de ll~ngleterre, qiii, agent de l'inqiiisitiou,
avait essayé de s'établir en Fraiice.
C'est ~JC~I prcs vers la inênie époque qiie
Jean-sans-i'et.1.e excita par son despotisme lx
révoltc des barous anglais et fut obligé de signer
la cli:irte qu'on exigen de lui. Cette cliarte
fiit appel4e la Grande-Charte, yiilon regarde
conime le fondement des libertés auçlaises, parce
c~ti'elle fiit peiidant long-teinps l'unique objet
cles re'clnmntions faites ail poiivoir.
C'est vers la fin du 15. siécle qu'eut lieii le
nlassacre coniiu soiis le nom de .r.&pres siciliennes.
Cliarles cl'~njoii, dont no~is avons arléplus
lia11 t . non content d'avoir dCpoiiillé fa maison
impériale de Soiiobe en Iiii prenant le royaume
(le Naples et de Sicile,avait fait périr siir l'échafiiiid,
Conrndiu, qui &tait veiiii cn Italie pour re'-
cla~ncr l'héritngc cle scs phes. De liilne exasp6ration
contrc liii et contre toiis les Francais.
Jean de PI-ocida, geiitilliomme de Salerne, trama
cette conspiration qui avait pour objet cle faire
égorger toiis les Francais, ila iii6ine heiire, le
joiir cIc P~qries ni1 son de !a cloclle des vêpres. Le
troisihine jorir de Piqiies (12Q2), au soi1 desvGpres,
(lesa ttroupemeris se forment et au cri de nzerrrerzt
les vrans, 1011s les Frûnjais sont inessacrés clans
l'flc. Il yen eut j~liis de liiiit inille cl'égorçés clans
les e'glises, dans les places piibliqiics et part011 t ail
l'on en troiiva; cleux geiitilslioii~iiies Francais filrent
seiils saiives de cc m:issacre géiie'ral.
En Allemagne il y eut alors beaucoup de coli*
( 1% )
fusioii et iihe coinplète anarclliu pendant ip~elque
ten~ps ;il n'y eut alors presque que des ltraxigers
revêtils du titre de roi jiisqii'à ce cpie le
brave comte Rodolplie de Habsbourg, pourvii
de nombreux biens en Alsace, en Souabe, dans
le Sitntlgaii et prhs de Zuricli fiit nommé roi en
1273 par les princes de 1'Alleni:içne. Son bras
vigourciia siit rutablir lc repos et l'ordre; il négligea
l'Italie et la coiironne imperiale, et conleur
place, polir ausinenter la puissance
rit e sa iiiaisoii ,le grand diiclil d'~utriclle, poiir
iui et ses fils, nyrSs qiie le boliémien Ottokar
eût succombé. Le comte Adolphe de Nassau siiccéda
en 1291 i Rodolphe, et ensuite vint la In
tete dii goiiverneinent le fils de Rodolphe, le
sombre Albert, adversaire et r;iinqiieiir de l'ern-
])ereur yrécéclent et qiii ne s'appliqiii qii'i augmenter
ses pays Iiérc'dilaires. Mais lorscluc, par
le ministère de gouvcrneiirs impitoyables, il
voiiliit niissi souinetti.epar force à la maison d'Autriche-Habsbourg,
la Siiissc,, qiii jusqiie-li n'avait
reconnii poiir inaîlre que 1 einpereiir tl'~llemngne,
il siirsit clans ce pays (les lioinnies libres ,
coinnie Valter, comte d'~tting11nusen , dans le
pays (l'Uri, drnoiild, prcs dri IIalden, dans IeRIelciitlial,
d'0rtnderviild et V'eïner Sl;iriffaclitr, de
Sclivytzct 50 aiitres dans Ic Rutli, et, les nrincs
ii la main, ilç cliasshrent du pays les intendans.
On (lit qiie Gessler, gouvcrueiir d'Uri, slrivis:i
d'lin genre de tyrannie ridicule et Iioi.rihle, srivoir
: il fit metir:rc ail Iiaii t d'une perdle un de
Ses bonnets avec ordre de saluer cc Eonnct sous
Peine de la vie. Guillaume-Tell ,iin desconjiirés,
ne s'ltnnt pas sounlis ?I cet ordre, lo Fouvcrneiir
le condamna à Ctre pend11 et ne 1\11 donna sa
S ~ ~ Cqu'a
C condition que le coripnbie, qiii était
'in archer ildroit, abattrait d'iin corip dc fléche
x 5
C 130 )
tiiie pomme pincée sur la tête de son fils. Le pkre
treinblant, tir:i ,ct réussit :t abattre la pomme,
sans tuer son fils, mais il profita ci'iinc occasion
et débarrassa le pays d'un 5o:iverneiis aiissi criiel.
Poiir venger ces diverses inj:ires, Albert se init
en route; iiiais son propre coiisin , Jeiin de
Soiiabc , l'assassina ( 1308). Les Suisses firent
iine alliance étroite et sirrcnt hien (lc'fentlre leiiï
liberté contre l'hiitriclie, à Norpsien ( 1.313),
h Nefels et à Sernbach ( 1386). La Suisse avait
encore ses ciubs. Henri VI1 , autrefois comte de
Liisenibourg , devenu cnipereur cl'Aiicrnagne,
ajoiita la Bolisme à sa iii:iison et nioiisiit empoisou~e'
en Italie. Frédéric d'kiitriche et
Loiiis tlc Envière avaient été éliis en inême
tcinps einpereiirs par deux partis opposés, et
ce fiit l'épe'e (pi décida entre eux; le ~ircniier
siiccoinl>ü à BluliIdorf, à iiu cnnemi grand, 3 iin
adversaire noble. Mais Louis, tout cil aiigmcntnn t
ln piiissance de sa maison, trouva en Jcnn XXII
ct daiis la France, des adversaires d'autant plus
redo~itnblec que iaiis les iteiix venaient de serétliiir
p~ur n~ircontre 1'Allcmagne. Car de 130.5
<{n'a 1347, les papes filrerrt oblige's cle résider en
France. Loilis le Bavarois trouva uri roi rival dat~s
la perscrnnc rle Cllnrles IV, du Liixemboiirgeois,
roi dc Balieme, mais il moiirilt en 1347 avec In
gloire d'avoir coinbattii ûvecforce et bonlieur 13
liiérarcliie papale.
C'est an coinii~encement de cc siCc1e que fut
aholi en Fi-ance l'ordre des terripliers, ordre 613-
1)li à JCi.risaleni en i r18 par pliisieitrs
Iiommes francais. Alais so~is le ri:gne de Pliiliypele-Bel,
on les accusn des criines Ics plus atroces
et des eacCs Ics plris 6poiivantables; le 15 ocd
tobre ils fiirent toiis arrêtés et 59 d'entre
cii!i, parini Icsq~relsil y avait lin ;,iirnbuier
( 171
du roi , furent brûlés à Paris en 1.509, et le 22
mars 1312, le pye ~IL'inent abolit l'ordre des
teinpliers. Ce meme Pliilippe-le-Bel se signala
par un excessif ninour de l'ar5ent ;c'est cc qui lui
fit commettre beaucoup d'injustices, son rkgne
peiit sc résumer pnr cof$scation et exdczcntio!~.
Celrii de soli fils Louis X,dit le fI[rlin,est remarqnable
par l'affrancliisseineiit cl'uuû grande pnrtic
des serfs de- Cain agnes.
Pliili pe VI de vafois &tait parvenit G 1a corironnc
f e France nprEs la mort des trois fils de
Piiilippe-le-Bel. Mais la couronne Irii avait d'abord
616 dispiite'e par Edoiiard III, roi d'angleterre,
qiii prétendait y avoir clroi t, comme neveu
de Cliarles-le-Bel ,par sa mkre Isabelle. Cependaut
PliiIippe lyt.mporta sur lui cn vertu de la loi
salique qiii excliit de la couronne non-seiilement
les fenimes ,mais aussi leur postérilé. Edouard
s'dtant fait reconnaître roi de France par les
IJlainancls rtt'voltés , Pliilippe perdit contre liii
la bataille de lYEcluse, eii 1340,et en 1546 la
bataille de Gréci, eu Picardie. Eu 1347 les Anglais
s'emparèrent cle calais, et la principale
cause de lcurs succès contre les Francais fiit le
carion dont les Anglais se servirent les premiers
la bataille de Créci.
En Italie il y eiit des guerres qui ,renouvel&es
à diffc'rentes époques, coûtèrent à la France un
sang precieiix et des sommes iinmenses. ~liarles
VI11 qui succc'da & Louis XI, regarde' cornine
le Tibère de la France, par ses crueut&s,
conquit avec une rapidité cstraordiilaire le
royaume de Na les, en 1495 ;mais en inoins de
sis mois il per8t tout Ic fruit (le cette brillante
expédition. Le pape Clément VI, les Venitiens,
Sforce, duc de Alilan, Isabelle de Castille et
Perdinand d'Aragon se liguèrent conire liii pour
le forcer j. sortir dii royaume de Naples.
( 172 1
Loilis XII, su~*nomniéle père du peuple, et
qui avail joint la Bretagne à la France eiit à soiitenir
en Italie trois guerres principales, à Aiiloii,
à Naples et dans les c'tats cle Venise. Loiiis XIT
frit exconîn~unie' par lc ppe Jules II par suite
de la jaloiisie qii'inspirait à ce pnpe les si1ccl.s da
lnonarque francais en Italie. Ce pnpe faisait la
giierre en personne, ct montait à labrèche. Loiiis
fit contiriucr la guerre par soii neveu Gaston de
Fois qui gagna la bataille de Raveiine où se disiingiia
Bayard, surnommé le chevalier snns
yerrr et sans re~~i*ocl~e. Ce roi refiisa de ven-
Oer les injures qui lui avaient été faites quand il
$était que duc d'Orl6ans : K Ce n'est point, ditil,
ail roi de France à venger les querelles di1
duc LZ'OrlCails. » Loiiis XII, pour justifier son
dconomie dit : cc J'riiine mieux voir les courtisans
rire de lnon avarice que (le voir mon peuple pletircr
de mes ddpenses.
Ces guerres d'Italie out exercé siii. la société
fraujaisc iinc grande influence. C'est de là iie
lui est venu le gofit des arts, iIii luxe et de l'$égance
qui prdpara la veniie du grand sihcle.
L'empire alleinand après les dissentions intestines
qui l'avait troublé prit une forme plus
stable sous Charles IV, de Liixembourg ,roi de
Boliêine clont nous avons parlc'.
A 1'6poqiie de sa mort, P~llemagne fiit affligée
par une terrible peste connue sous le nom (le
la mort noirc. Partant originairement de 1'~sie
elle parcouriit en peu d'anne'es presque toritelvEurope
et enleva plilsieurs millions d'iiomrne~
Cliarles IV lutot que de faire valoir ses droitsr
nima mieils ~[ccornnioder de tout, et i l'exception
de la Bollêuie qu'il vcnait de doter de la
iinircrsitc' allemande, établie à Praçiie en 13497
il n'aima cliie l'argent qiii chez lui balan:ait to~itt
( 175
Il fit à PJiiïemberg (1356) la constitutioii de
l'empire connue sous le noin de bulle d'or ; cette
loi de l'empire germanique détermina ou, comment
et par quels sept princes de l'empire
d'Allemagne, le roi d'bllemagne et l'empereur
rorriain devait être clioisi. Venceslas, son fils,
régna d'une manière encore plus déplorable ;on
lui suscita pour roi rival, d'abord Robert, comte
du palatinat, et quand celiii-ci fut mort il eut
deiiarois rivaiix en meme temps dans la personne
de Sigismond de T-Icngrie, frère de Venceslas, et
de Jobst de la Moravie; a la même époque trois
papes contemporains remplirent de leur contestations
toute la chrétienté. Un concile général
devait obvier à ce dernier mal et apaiser les
plaintes siir le mauvais état de l'église qui allait
en enipirant, mais le noiiveaii pape sut rendre
illusoire to:ite tentative d'ainélioration.
L'Espagne eut pour roi, en 1350, pierre-le-
Cruel, qui succéda h son père ~lplionse XI.
Célébre par sa cruauté, il eiit quelques démêlés
avec Pierre IV, roi d'~ra~on,-~iii fut aussi le
fléau de ses sujets.
Le pape Clément V avait transfdre' le saintsiége
à Aviqnon. Depiiis ce tem s l'Italie était
(]ans ~'an&c~iie la pliis compble , et ce fut
pendant la r6sidence du saint-siége , à Avi-
$noil, que les Romains clioisirent pour triha
Nicolas Rienzi , homme distingué par son
éloquence, sa liardiesse, et il régna quelques
inois d'une manicre absolue. Il fiit assas;iné par
lei factioiis des familles patriciennes, apres avoir
déciaré que tous les peuples d'Italie Btaient libres
et citoyens romains.
EU Allemagne on condamna la doctrine de
HUSde iriissineti, doeteiir de Prague et de
Jacob de &lies, toucliant le sncremeut sous les
( 174 )
deux esphces ,celle contre la siipre'iiiatie papale
et les trésors temporels du clergé ; ou fit pliis,
on brûla Huss, quoiqu'arrivé so~is la garantie
de l'eiliyereur Sigismonci ainsi que son ami
Jérhme de Prague (1415 et 1456). Ainsi moiirurent
deux liommes hardis qui au moins avaient
ilne conviction, à laqnelle ils piirent sacrifier
leur vie. Mais i la flamme de lerir bîtclier s'alluma
aussi Ia terrible çuerre des Hiissites ( xl;ig
h 1453), parce que les nombreux partisans dc
la doctrine nouvelle, prêciiée pour Ia premihre
fois par Jean Vikliff, célhbre tliéologien d'Oxford,
se révoltèrent et prirent à l'assaut l'liôtel-de-ville
de Prague, pr6cipitèrent 14 sénhteiars
par les fenetres siir des piques placées
au dehors, rlestitirèrent Sigismond coinme roi
d'Allemagne, et ravadhrent les biens des ecclésiastiques
et des seigneurs ilri parti opposé. Une
armée croisée, conduite contre eux ar Sigisinond
n'eut nncun succ8s. Leiir terrihPe inf~nterie
noire battit non-seulement tous les ennemis
dans la Bolieiile, mais de lh comme de sa Terre-
Sainte. Cette infanterie se répnntlit dans la Silésie,
dans la Bariérc, dans la Franconie, dans
le Meissen (qu'ils appelaierit pays des Philistins,
des Moabites, cles Cananéens ,etc. ), y porta le
feret le feti, et fit sous son Ziskaset son Procope,
cette preiniérc giicrre de religioii avec unc fureur
ct un entliousiasmc qui n'est le partage qiie de
cette esphce de guerre. Lx force de ce parti ne
fut brisée qrie lorsqu'il fut de'suni, quand 1:s
Caliaiiines ou les plus inodérés furent -d g ries
par le nouvearl concile de BLile en 1433, et que
les plus rigourciis de ce parti firen~ la guerre
aux premiers. Ail reste ,le concile de Bile n'eut
pas rion plris porir résultat une réforme, mas
un principe frit seiilement décide', savoir: cp'un
( 175 )
concile éiiéral est au-dessus du pape et peut lc
juger. 2 court régne d'Albert d'~uiric1ie ( ,437
i 1457) et celiii plus long de Frédéric (iddo à
1493) sont moins in~portans qiie ce qui se passa
pendant ces règnes dans d'autres royaumes.
Eu France les Capétiens gouvernaient, comme
nous l'avons dit, depuis 987 ~nsqu'en1328. Pendant
qu'à l'intérieur. on Ilrisait la puissance des
grands et qu'on favorisait les bourgeois, les rois
d'angleterre, comme vassaux francais, excitèrent
plusieurs guerres qui ne devinrent violentes
que lorsqu'uue nouvelle maison royale de la faiiiille
de la précedente, celle des Valois, succéda
par ~liilippe IV à ~liilippe-le-Bel et à ses trois fils.
Car Edouarcl III, roi d'Angleterre, petit-fils de
I'liilippe, par suite dc ses prétentioûs siir le
trône de France, y avait porté la giierre et avait
été rainqiieur dans la personne de son fils, le
prince noir. Soiis le petil-fils de Jean, Ic roi
Cltarles VI, In France fut clécliirée par (les
guerres civiles (1580 à 1422); ce roi s'&tant
trouve' dans un incendie à la suite d'une innscnradc,
il en devint fou et il y ciit de sanglantes
contestations au sujet de Ia rc'gence
entre les grands vassaux de l'eiilpire ,le duc de
Bourgogne et le diic cI'Or1é:ins; on appelait ces
partis les Bourgiiignous el les Armagniics. Pendant
(1il'il s'amiisait lui-même ari jeil de cartes
qu'on dit inventées par liii, la mort fit des victimes
5 sa cour, coinme le fit clans le pays son
ennemi de l'Angleterre. Henri V gagna ln bütaille
près $Aziiicourt (1415) et fit monter siii'
le trône, à Paris, son jerine fils (Henri VI j.
Une province aprlis l'autre se dhtnclia de la
France poiir passer à 1'An;;leten.e; Ic dauphin
CIiarles VI1 perdit courage. et déjh Orl~ans, la
clé de tout le midi de la France allait subir le
même sort quand ( 1429) une jeune paysanne de
S1.-Hemi, Jeanne d'Arc, parut à la cotir dc
Charles VI1 et proi~it de delivrer Orleans, de
couronner Charles a Reiins et de sauver la
France, car ainsi lui acait été donnée la mission
d'en liaut. Cela parut un miracle dnns le pressant
danger oii l'on est d'ailleurs le pliis porté à
croire aux iniracles. Simple bergère de &.-Remi,
elle sut inspirer di1 courage (et c'était 19 le talisman)
,Orléans frit délivré, parce que les Aliglais
croyant avoir à combattre le diable pcrairent
courage. Cliarles VI1 t'rit corironné et l'armée
anglaise fut battue. Jeanne d'Arc prise par
les Bonrpiçnons fiit brûlée à Rouen ( 1451 par
les Anglais) ; niais les Anglais perdirent toute la
France, h l'exception de Calais. en da ut cc temps
les ditcs de Boiirno-ne n'iivaient ccssé de s'euricliir
(depuis x&?) et le dernier d'entre eux ,
Charles-le-T&n6i.liire, avait encore, oritre son
fief de l'en~pire, la Franche-cointe' et la plus
grande partie du pays appelé par la suite les
Pays-Bas (c'&tait une parlie de la ci-devant province
conside'rable, la Lorraine). Déjh il n6gociait
avec FrédGric IV, empereur d'Allema-nc
pour obteiiir le titre de roi. quand celui-ci Beriinnda
pour sou fils, le chevaleresque arcl~idnc
RIaximilien, In main de Marie; fille unique de
Cllaries et son Iiéritiére. C'est ce qui rompit les
négociations. Maislorsque clans une guerre mallieureuse
contre les Siiisses le fier ~hnrles perdit
sa gloire niilitaire par les journées sanglantes dc
BIurten et de Grauson (r476), et sa vie dnns la
bataille devant Nancy, Louis XI, roi de France,
prit à la vérité les fiefs de Cliarles et plus encor:,
inais ilc pnt empeclier Marie de doillier sa malu
à RIasiinilicn et avec sa niain les antres pays
Bourguiçuons. Mais ce fut poi~r la maisoiijtlc
( '77 1
Hsbstoiirg en Awtr-iclle une ncqtlisition pleine de
fatalités.
En Angleterre la maison Plantagenet-Bnjou,
alkit. succédé, par Henri II, en I 154,a la dynastie
normande. Des çouvernemens mailvais et tyranniques,
port6rent le peuple à arracher des lettres
<le liberte, et une représen~~tion nationale
( iin parlement ), qui malgrc' sa cle'fcctiiosité tenait
en bride l'arbitraire royal et inspira an
yetiple de la confiance cn liii-meiiic. Ailx guerres
contre la France si1ccédt:rent les guerres intérieures
; c1eiix niai~ons consitlérables , celle de
York et de Lancaster ( la rose blanclie et la
rose ronge ), se disputèrent en 1453,d'iine manière
sanglante, la possession de la couronne.
Un niariage de Henri VI1
1485à 1509), termina
cette longue qnerelle. l a maison Stuart,
la pliis malheureuse qui nit jamais régne, gouvernait
1'Ecosse depuis '"1.
L'Italie se présente plris morcelée que jamais.
Naples et la Sicile, pays d'héritage des Hohenstaufen,
languissaient sous le joug de Cliarles
d'Anjou. Dans la Sicile seulement on était parvenu
à cllanger la domination francaise contre
celle de l'Aragon par suite des vêpres siciliennes.
Mais Naples n'éclilit en partageà l'Aragon qu'en
1458, après avoir fraquemment écliangé de domination.
Dans les etats de l'e'glise, Ronie avaiL enfin été
délivrée par les papes des gouverneurs romains ;
lin collége Je cardinaiix (1300) avait &té institilé.
et Boniface avait c'tabli lc grand jubilé avec
"ne rémission géneràle, rkclierclie'e par plus de
200,000 ~'élerins qui laissaient cfe si fortes marcI"es
de leurs pieuses libéralités, que deux prêtres
étaient occlipc's pendant une semaine de les
ddcllarger del'autel. Les pnresseiix Roinains res f
( 178 1
sentirent d'autant plus l'absence des papes qui
étwent à Avignon. Les graudes familles des Colonne
et celles des Ursini tivaieut rempli Rome
de leiirs sanglantes contestations. Dans la Iiaute
Italie, il y eut pl-esque dans chaque ville d~s
combats entre les Giielfes et les Gobilins. Mais
bientôt il y eut des faii~illes qui surent aussi
se procurer la plus Iiaritc consi(1Cration daus
ces villes,, telles qiie
Sforza), n Milan, les
cians ct protecteiirs des arts et cles sciences h
Florence, Ics Gonzagiie à Mantoue, les Este
Ferrare ct 5 Blocléne. A Venise et i Gêues, la
r6publiquc resta sous les doges; le coinmerce
était l'ame de ces deus états. Les comtes de
Savoie orieinaires d'une rnaison alleiliande s'élevèrent
alors.
En Espagne deux royaumes consid6rables,
celui d'Aragon et celui de Castille, ayant cliaciin
leur roi, s'c'taient fornie's de petits &tais clirétiens
qui le coinposaient, pendant qiie le califat
n'Arabie perdait dans le midi une province après
l'autre. lle mariage de Ferclinantl-le-Cathotic~ue
d'aragon avec Isabelle de Castille (1469), coilzmenca
la réunion des deux états qui ne s'effectua
complètement qu'en 15x6. Le sage ministre Ximencz
avait bien me'rité dii pays. Mais déjb
en 1484, l'inquisition fiit introd1iit.e en Espagne ;
elle contribua ii intimider le eilple et ohscursir
dc plus en plus son granfcaractére. Ell:
fin en 1492, le roynumc de Grenade passa ausjl
de IR puissance mahonié'tane clans celle des
chrétiens ct c'est en ce' 111L.rnctemps qiic 1'~inérique
fut cléco~iverte.
Le comté du Portugal lie devint un royaillll~
qu'en 1131),etle~~~aiime des Algaraves y fut. ajoute
en 12%. Eu ia:>i, Pierre Jer fils et rrlcces~~tlr
( 179 )
d'-~l~lionse IV iiioiita sur le tr8ne; if se fit aimer
deses siijets et nioiiriit regretté en 1367. La nouvelle
hranclie des Bourguignons, illéçitinie depuis
1383, se distinsria par les conqliêtes de
l'île de Ceuta et du Tanger, en Afrique, et Par
des décoiivertes inaritimes, entreprises dans i inierêt
(111 comirierce pour lequel paraît favorable
la positiol: dc ces pays. Il s'a-issait d'abord des
Indes orieniales, l'on désira% ti-oiiver iin cliemin
inaritime pour y concluirc. Pei1 à peii on
trouva les Acoreç par les efforts de l'actif prince
Henri ( le marin); Gninée trouva en 1452 les
îles dii cap Vert; mais il fut aussi mallleiireusenieilt
le premier h réclriire des nègres
en esclavage, et lorsc1u'on s'aperciit qilc sous
l'c'qriatcrir m4me la mer n'était pas boiiillante,
la terre n'était pas enflamine'e, on arriva successivenient
jiisr:ii'an cap deBonne-Espc'rance (1486),
décoiivert par Barilielemi Diaz, et bientôt après
Vasco dc Gama tt-oriva prit. incr le clleniin cles
Indes orieiitaics. Coup inortel pour les Ve'iiitiens
qui juçc~ii'alors avaient par l'entretnise de
l'Egypte, ibit ie cornmercc avec ces contrées.
Itamcner les royauixies de Danemarck, de Nor-
-vlL,c .," et dc Sric'lrle soiiç iiu seid clicf pnr l'union
(le Calmar ( 1.39~)~ frit iine pensée ntallieureiise
de la reine filürgiierite de Valdemar, siirnoniinCe
la Séii~irarniscln Nord. Cette pi incesse, descentlante
des rois (le Dariemarcli époiisa IIagiiin
ùefloriv~:~c. Dans la suitc, les seiçneiirs Siiédois
l[ii offi.ireiit la couronne de Siiècle. Devenue
~naîtresse cles trois royniimes dii Nord, elle as-
Seinbla ii Calmar iine diéte çc'ne'rale et fit jurer
à tous les dGl,iit&s, le inaintie:i dc la r6union
des états Gii Nord. Nais celte iinion forcée ne
Pouvait Gtre de longlie durée. Aiissi ne faut-il
Pas s'étoiiner que bieiiiôt après cllacun de ces
l'oy-uimes reprit son train pnrticiilier et qtie la
Norwège seule resta, contre la nature de sa siraation,
jointe ari Danemarck. Cependant l'ordre
allemand des seigneurs en Prusse, et celui des
frhres de l'épée en Laponie et dans la Courland,
avaient cliristianisé ces ya s et en avaient fait
des pays particuliers. La r>ologue et 18 Sil6sie
avaient souffert par le passage des nlogols conquérans
qui ne rétrogradèreut c~ii'apres uiie bataille
opiniâtre' près Liegnitz ,en Silesie, qiioique
cette bataille leur ait été favorable. Dans la
Hongrie, la descendance rnâle arpadicliie était
éteinte. ( i3ox ), et la branche d'Anjou-Naples
était parïeuue au trône par les femmes. La IIongrie
fit de grands progres dans la civilisation,
et soiis le rapport de sa ~rarideiir politique, sous
Louis-le-Grand (1342à 1$82), qui fioit par monter
snr le trône de Pologne. D?ns le quinzième,
siècle, la Hongrie trouva cles enuemis dans les
Turcs qui, en 1444, tuèrent yrGs de Varna le
roi Vladislaw. Mais l'lige d'or des Honçrois fut
sous Mathias Corvinus, fils de Jean 1Iun);ades
(1438 à 1490); non-scxllement ils furent lieureux
dans les giierres . qii'ii soutinrent contre le
fiiib!e empereur Fréci&ric IV: à qui il prirent
Vienne, le Steiermark ,l'Ukraine et Kerntlien;
non-seulement apr2s de longs coi~ibats contre
le grand roi, Geor es Podiebrad (le Roh4me, ni1
successeur de qui Viadislaw prit la Silésie et In
Moravie; noil-seulement ils ont peutlant ce
temps tenu cn respect les Tiircs et les Polonais,
mais les sciences et les arts s'accliinatèreiit
cliez eux par les savans, les artistes, les ilnprimeurs,
l'université, les bibliotliCques, etc*
La Bohême, eut soiis la maison de Lnsemboiiib,
1310h 143 ,son teinps le plus brillant et $agrandit
de ra Silesie, de la Laiisiiz, et pendant 11"
temps aussi du Brandebourg.
Mais In Russie se prt'oente cneprc bien pll1s
( 181 1
arriéiiée, d'autatit plus q~'eilèetait envahie par
les niosois ( i 238) , aur Kans desquels , les
grands d~cs russes furent obligés de payer un
tribut. Cependant, le grand duc Alexandre
Nemslroi pouvait. de Nowgorod, battre les jrères
de i'kpée dans 11i Laponie (1241), et un Jwan
Wa~ilje~itscli, a pu de RIoscoii, briser peu à peu
la puissanccdesNlogols,qiiiétaient deveniis encore
plus puissants soiis Timur. II déclara à une diète,
la Russie saavée et étendue, état indivisible. Ce
monarque fit alliance avec depuissansprinces,ra,~sembla
les lois dans un code, introduisitle cvmmerce
dans ses états, disciplina, ses troupes et
Porta le ~rernierle titre de Czar. L'empire grec
avait plus qu'auparavant, marclié d'un pas rapide
vers sa complète ruine. L'empire latin avait,
a la vérité, déjà été forcé de reculer dès 1261,
devant les paie'ologues grecs; mais bientôt ceuxci
à leur tour, furent obligés de sacrifier les provinces
de l'Asie-RJineure, ailx Turcs ou Osmanes,
qui avaucaientvictorieusement, et qui s'établirent
en 1 3 ~ Prose', ~ ' ~ .en Bitliynie, sous leur chef
Orchan. La jalousie commerciale, entre les Vé-
~iitiens et les Génois, excita aussi bcaucop de
désordre à Constantinople. Enfin, les fils d'Orclian,
Solinian et Amurat ,prireut Gallipoli en
Europe, ensuite ln Thrace, la Thessalie, la Macédoine
et la Biilnarie, et établirent leur résidence
à ~driana~je. K?ijh Bajazet. surnommé
l'&clair et fils d'hmiirat ,aiirait pris Constantinople,
si, au-dessus des ptiissans il ne s'était
présenté un plus pilissaut, le conquérant mogol
rimur oii Tamerlan c ui ,cléji siir les ruines de
!
Bagdad, avait place
1 comme monument de ses
victoires, une pyramide de go,ooo crines hiimains.
II battit Bajazet, dans la grande et san-
!]ante bataille $Angora, dans l'Asie-Mineure, et
16
( 182 )
tnîna'5 sa suite, le prisonnier enferuid dans rine
espèce dc cage ~riilée. Jeaii Huuyatl, chef de
Hoiigrie, et Castriota ou Scaiiderbeg cl'E,~ire,
o:ciil&rcnt les Turcs peutlalit cluelqcie teii1l)s-
Les eiiipereurs grecs, yrévoyant iine caiastrol)lle,
avaieiit en vain iieuiandé ilil secotir3 à l'occideril;
en vain ils avaient ofiert, polir reconiiaîlre ce
secoiirs, de se joiridre à l'église catliolicliie, dont
ils s étaient s6pai.G~ alji.2~ la iiioi-t du pape Gd-
g;ire Xi, ce qui iivait occasioné ~egratrl schtsma
LL OCC~CL~III.Ei~fiu, Mülioiiiet II, erifl.irniii6 par
les-actions liéroïqiies d7Alrxaudi.e, se préaeula en
1433,avec aoo,ooo iioniiiies devaut Constoiitinople,
où, srir uii inilliou cl Iial>it;in,i, ils eri 1)ré.ienta
à peiue4,ooo pour In déleiihe tle la ville; \iu brave
géuois, Giiis:iiiiani, y coiriiiiauda 2,000 Iioriiines
de trori1)es auxil~aires. Le ciuqtiauie-troisiéme
joiir ( le 29 riirii 1453 ), coiiiineii5v le deriiier assaiil
des '~USCS, par nier el par terre. La ville
succoiiiba , et I'eml~ereui- Colistantin (XI j Pa-
Iéologcie, pi iuce estimable et digilc! tl'iin meil-
Icrir s0i.1, ioiriba iiico~uu dans la cl&Sensè de la
ville ; il s'était rappelé l'aucienne maxime : Un
enipereiir doit rnoiirir debout. Bieiiiôi toiite la
Gr4ce roii~ba au poiivoir (le la Turquie, de inêtne
qite I'Ei~ipire iisiritiyiie grec Trapezonte, et d6jà
1es'J'urcsavaient débarqtiés eu Italie, lorsqiieMa-
Iioniet y iiioirrut (1 dao), avec la gloire d'avoir pris
en aoails [le vicfo!res, dellx empires,douzeroyarinies
elcleux mille villes.La croixdispai-iii; le croissant
lu remplaca. et Hyzancedev~niic la cnpit:ile(!e
l'Empire depriis Constantin ,s';lpp"a désorinais
Isiamb~il,et devint le siége de I'einl>ire oilonian.
Eii Asie, ~.iii.git aussi durail[ cette Il&ijode lin
roy:iiinie, celiii des Rlopols. Dissélrliiiés eri l)tnsietirs
liordes, ils ~>arcouraie~t d':,bord i'Asie
ceutiSüle eu vraisnoinades. Uncbcfdecesfiordes,
( 183)
Temiidscliin parvint vers 1180, par la hravorrre
unie à la criiaritb ( il fit boiiillir dans 70 cllati-
<Irons. les 70 premiers prisonniers), à se rendra
maître des tribus mogoles ses voisines, et ensuite
de toiites lesaiitres. II se nomma donc Dschingi(;-
Kan Gengiskaii oii grand Kan. Poiir effectiies la
conqii&tede toiitel:~ terre qui Iiii avait t.'téprklite,
il commenca par s'emparer de la Chine (i 209.
Pékin, (ville ail nord ) et résitlcnce depiiis 1125,
brûla (r 215)~endanttout un inois. Alors tom1)n le
rogaiime de Cliowaresmie avec Bokliara et Sainarcand.
Le roi de Tongiiet siiccomba arec
500,000 Iiommes, srir iin lac pris de dace. et
alors toinba aiissi Nankin (c'est-à-dire, ville
au midi ). Après la iilort de ce roi, la conliiête
de la Cliine fiit consommée, le Kalifat de Bagdad
renverse et le siiltan turc dg1c.koniiim rendu
tributaire. Enfin, en r d 7 , la Riissie frit conqiiise,
et l'on pénétra jiisqii'h la Silésie ( i 24i ).
Ainsi cet empire s'étendait depiiis la Cliine, iiis-
(111'àla Vistiile, rin espsce de 1500 lieites. II se
fondit. à la vérité, bientôt en peiits kannts, mais
en 1360, il sorlit de l'lin d'eux, dans la personne
de Timiir, un nouveau conqriérant. qiii. (le Samarcand.
conquit non-seiilement lcs aiitrcs tribus
mogoles, mais encore la Perse. l'Asie centrale
et I'Tndostan. La défaite de Bajazet (1402),
livra aussi l'Asie Mineure. Timnr moiirlit en
$09, et Bnbiir, lin de ses ~lescendnns,fonda
1an 1509 (inos 1'Indostan. Peinpire clil Grand
nfogol.~èsr6voliitions qiii coûtèrent des millions
(l'llornrn~s, n'étaient pas rares en Asic. En Afrique
se formérent qiielqires 'etats maliométans,
Parmi les riels 1'Egypte qui, appartenant d'nbord
à ln aominntion arabe, dépendit ensiiitc en
1254, des Mameluks, fut la yliis distinguée.
( 184
On pouvait prévoir que, dans cet espace, de
400 ans, le genre humain devait faire d'importans
rogrès dans les arts, dans les sciences,
dans Es inventions et en général dans la civilisation.
Et quoique les couvens et les Gcoles ecclésiastiques
avec leur trivium, ( la gramniaire,
la dicilectiqiie, la réthoriqrie), et leur qriatri-
virim, ( l'arithmétique, la music~ue, la géométrie
et l'astronomie, fussent d'abord les seiils refuges
des sciences ; les Universités de Paris, de Toulouse
(1228 ) d'Oxford, de Cambridge, celle de
Bologne, 1'Ecole de Médecine de Salerne, l'Université
de Naples en 1226, de Salamanqiie en
xa;io, de Lisbonne en 1190, de Rome en 1313,
de Prague en 1349, de Vienne en 1563, de
Heidelberg en 1386, de Leiysick en 1409, de Upsa1
en 1476, de Tiibingue en 1477, de Copenhague
en 14 g et beaucoup (Vatitres établissemens
scientiiques, firent pourtant faire lin pas
pliis rapide aiix sciences, et réveillèrent un esprit
d'investigation, auquel les sciences ecclésiastiques
ne purentrester étrangères. La France
avait ail XIVe siècle, Bartliole, Jean et Clernent
Marot; Cliarles V, dit le Sage, roi de France
( 1364 à IBO), encouragea l'enseignement; les
Universités se iniiltipliaient ;on ne s'y occripai~
guère que de thé010 ie, mais ou traciuisait aiissl
Salluste, César et d f: autres ouvrages latins ;1'1-
talie avait sa triade, Le Dante, Pétrarque e4
Boccace, et le célèbre voyageiir Marco Polo, ne
à Venise en 1253; l'Angleterre avait son Jean
de Salisbury, Giiillaume Occam, Roger Bacon;
l'Allemagne avait ses meilleurs- historiens, Lambert
d'Aschaffenbourg et .,Yévêqiie Othon de
Fre'isingen, et à la fin de cette même
9
plus d'un excellent pliilologue ;l'étude des langues
anciennes se ranima dans l'occiclent, par
( 185
les réfiigiés grecs, Les Arabes enrent aussi leiirs
écoles à Bagdad, à Bassora, au Caire, à Alexandrie,
à Fez, à Maroc, à S&ville,à Grenade et surtout
à Cordoue; ils eurent comme I-iistoriens
Abailféda et Emncin ( après 1300 ) et dans la
médecine, ils présentent Averrots. Les 1:raélites
avaient alors des universités à Tibériade, a Babylone,
en Espagne et en France, d'où sont sortis
plusieurs rabbins distingiiés ; aim mon id es, médccin
pari.iculier de Saladin et graud écrivain :Aben
Esra, les Kinichi, Yarclii, Abarbanel , qui ont
écrit des commentaires remarquables sur l'Ailcien
Testament, et ont cultivé avec fruit diverses
antres branches de la science.
Pendant cette même période,la vie civile et
h~ili,.eoisie, ce novaii (le chaque ayait
fait des progrès. X'e commerce et Vindustrie y
trouvérerit de la protection, oit siirent se la procurer
par des alliances, par des corl)orations, par
descommunailt&s. Quand les villes cornmeuc+rent
jse donner elles-mémes des lois et des autorités,
il y avait soiivent contestation entre les anciennes
famiiles et les corporations, car ces dernières
aussi, vaillaient prendre une part éçale a
I'adininistration dr la ville. 11 en résultait sonveut
des guerres sanglantes, lorsque des corporations
entières étaient en désaccord avec cles
villes. Soiivent des villes s'alliaient ensemble
contre la noblesse, IatluelIe à son tour, faisait des
alliances dans son iotdrêt. Les pri~cipales oceu-
Wons de la noblesse, étaient la guerre, les exercices
clievaleresque , les toiirnois, les festins et.
la cliasse; and elle voulait s'timuser, elle se
rendait i Xeval en ville. Comme vassaiix. les
nobles composaient l'armée des seignetirs féodaux,
maîtres du pays. Mais cette institolion
=ililaire, prit bientôt une antre facelors de l'in-
( 186
vention de la yoiidre à csnou, qii'on employa
désormais à la guerre.
II est possible queles Cliinois, aient cIéjL conuu
cette invention 1600 ;tris auparavant, et clrie les
Arabes s'eu soieut tléji servis dans le XlIe siècle
poiic letir feii d'artifice; qiie c'ans ies mines de
résine, on ait fiiit saiitet. las carrièresitvec de la
poiiclre, 600 atis avaiit l'époque dési .née poiir
son invention ; toiijoi~rs ne servait-ehe pas aiiparavant
clans la giierre. D';iprès iine tradition,
fort cloiiteu.ie à la vérité , Bei.iliold Sclivartz ,
Frnnriscain de Friboiirg, ayant remarqué la
suridairie int?;\mination de la poiidre qui se
trouvait clans un niortier, venu en contact a.vec
du feii, aurait en I'idée d'ittiliser comine iiistrument
de çiverre, la force de l'explosion de la
poudre. Selou d'autres, ce fut iin corcielicr qui
iaveiita la poiiüre 3 canm ; qiiel c[ue fut I'inventeiir
de ce terrible élkinent cle giierre, ii ne se
doutait pas qa'utz joiir l'inégalité des forces indicaviduelles
serait détruite. On forgea ou fondit
d'abord des pièces d'artillerie de la forme ct'lin
mortier; on en alongea ensui te les tuyaux en forine
de canons, et t'on produisit des pièces d'iiue grandeur
si extraorciinaire, qu'à peine put-on clans
un jour décharger trois fois : inais aussi on put
lancer avec ces pièces des borilets de plus cie 10
quiniaux. On r6duisit ensuite les canons et ou
les fit d'une dimension plris portative, ce qui
prod~iisit les fauconiiearix, les j)iéces de rempart.
Les canons et les fauconneaux, ces derciers pose's
siir un affut, furent décliargés aii moyen de
la niL:clie, jiisqaJàce qu'oninventa eufin à &remberg
le ressort, avec la roue, et plus tard cette
armc rept d'autres perfectionnemens. On se
servait our celaide pierres à feu oli de carreail
slave. [cette derdre s'appelle en ~llemand
( 187 )
Jin; de là, dans cette lan~iie, le rnotJittte, qui
signifie fusil). Alors les bourgs. les villes, ne
bravaient plus siir leiirs miirailles fortifiées les
attaqiies cles assnillans, ct l'ormiire fëodale fut
brisée. Maint clievalier poiivait dnns le combat,
malgré sa cilirasse et sa loiirde épée, être étendu
mort par le l&er effort dri pliis 13clie. Aiissi
ln noble~se, ail lieii de se rcndrc à la giierre, préféra-2-elle
donner de l'argent polir paver des
hommes de gi1eri.e ( sokdati ). qui combattaient
poiir elle. De li l'origine des armées permanentes,
la pliipart compocées de fantassins, et qui
sont rinechai-gepour 1'Etat. Cependalit I'arnii~re
(balliste morlifiée de l'antiquité dont l'arc fut
l'origine), la Iniicc, rnêine l'arc et In flèche, restèrent
encore lo~ig-teii~l)~ en iisage. illais c'est
particiilièreinent depuis la giierre de 30 ans
toiit <lerint d'une din~eosion plus petite et pu':
éle'gante dans l'attirail de giierre; le bouclier devint
lin chapeaii ;plilmets (aiijourcl'liiii le dia-
]CO le rernplnce ), le harnois pectoral devint
liaosse-col, I'époulière (le la ciiirnsse devint épaulette,
la loiirde épée devint sabre. Depiiis I'cmploi
de la à canon les batailles sont moins
meiirtri6res q!i1s~itrefois: In gtierre ne produit
plils cesexaspern tions in(livicitielles,et elledépend
plris de l'art Ilri genéral que de In force di1 poing.
Si cette inveiition a proilnit iin chaiigement
total dans l'art militaire, rin cliangeinent non
moins important dans In littératiirc, fiit le fruit
de l'invention de l'imprimerie, invention ln pliis
bienfaisante, npr6s celle de la lar~~~iir et de I'écriturc.
Jrisqii'alors oii avait et6 :édiiit 11 des copies
; egpé(Iient ùispenctieiis ( iine Bible coûtait
jiisrlr~'à 800 livres), et qiii euricllit les moines.
Delix peiiples, toiis les deux d'origine gcrmaniqiie,
les Hollandais et les Allemands, les
Premiers par Latirence Janszoon Coster de Har-
( 188
lem, les autrespar Jean Giittemberg de Mayerice ,
s'attribuent cette précieuse invention. Il n'est
pas sans probabilité que peut-&tre deus personnes
ont fait cettc invention, I'iine indépendamment
de l'autre. Mais cette invention a dû
être précc'dée de plusieiirs autres. Au i@siècle
furent inventées les cartes à jouer, par des Allemands
; c'était d'abord d'informes gravures
sur Lois, qui rendaient nécessaire l'indication
du roi oii saint qui y était représenté; car on
essaya certainement d'abord par représenter des
saints qu'on mit sur la carte, pour rendre le jeu
favorable au joiieiir qui tenait leiii-image. Bientôt
au lieu de mots on ajouta à ces images des passa,ges
entiers de In Bible ; plus tard des pages entieres;
ct l'on eut une espèce de stére'otype en
bois. On mit Izs types en coiileiir ;on lesimprima
sur du parchemin, siir di1 coton et sur de la toile;
car vu la cherté du parcliemin et du papier de
coton, inventé en 1300,l'invention dii papier de
toilede lin préceda aiissi l'imprimerie. Enfin un
allemand, nommé Gensefleiscli, d'une famille de
clievaliers de Forgenloch, et né à la Bonne Montagne
(Guttenberg), prhs Mayence, où il demeurait,
Jenrz Gullenzler.ç ( né en 140i), eilt
l'idée de tailler, 3 reboiirs et en relief, des
caractères d'kriture en petits morcealix de bois
de buis (biiclien, de Ifi Buclistaben, b3tons
buis), de les attacher ensemble et de les imprimer,
pour pouvoir s'en servir ensiiiie à d'autres
usaçes. On en fit ensiiite des caractères en
plomb et en des mgtaux eilcore plus durs ; il inventa
aussi en 1439, la prcess, qui remplaca
l'instrument iiiforme dont on se servait pour imprimer
la feuille sur les1 ettres coloriées. Guttemberg
se lia ensuite avec: un riclie orfèvre de
Mayetice, nommé Faust, et avec un nomme
Pierre Schrieffer de Gerrnersheim, et ce dernier
( 189 )
inventa In fonte des caractères, au moyen de
poincoris et de matrices. Guttemberg établit
ilne imprimerie à Strasbourg, en 1452; on croit
pocrrtant qu'il y en eut iine à Paris dès 1455.
Quoi qii'il en soit, il y eiit des livres impriiiiés
en 1462. L'encre à imprimer fut fabriqiiée avec
du noir de fumée et de i'liriile de lin, après qu'on
l'etit fabriquée qtielqiie tcmps avec de la siiie de
lampes. La chose fut d'abord un secret ct fut
décriée -par les moines comme iiu orivrage di1
diable. Mais lorsqile RIayence fut pris ( 1462 ),
les compagnons de Faust trouvhent moyen cl'&-
cliapper poiir répandre l'escelleut art de l'iinpriinerie.
Depuis cc temps jusqu'à nos joiirs il
a &té fait de notables améliorations à cette invention,
par les cél6bres typograplies Didot de
Paris, et par des Allemands en Angleterre. Réceininent
RI. Diiverger, iiiiprirneur à Paris, a
trouvé le moyen d'impriiner les notes mrisicales
en même temps que les paroles. II est rernar-
([liaùle que 40 ans nprhs l'invention de l'imprimerie
eut lieil la décoiiverte de l'Amérique,
1492, par Çliristoplie Colomb.
A li'nvention de llimprimerie.par laquelleentre
dans L1liistoire une puissance inconnue aux anciens,
piiissance exploitée d'abord par les moines
et perfectionnée ensuite, celle de l'opiriion
])nblique, vient sc joindre l'invention de la gra -
\riire ;elle fiit robablernent contemporaine de
la premiire : res Allemands, les Hollandais
(Israël de Meclieln, appelc' arlssi Racholt), et
les Italiens se la disputent. Elle se développa de
l'art du formier, et Martin Scliœn de Kulmbach
(mort en 1486),fiit en Alleinagne le premier
maître graveur ; il frit suivi par Volilgemtith et
Albert Durer, ( ce dernier est né en I 47 1) qui y
appportèrent de notables améliorations. Roger
Bacon, an~lais, est regard6 commel'inventeur des
( 190 1
lunettes d'approrlie ,dri verre ardent, di1 microscope:
et l'Italien Flavio Gioja oii Giri(aii cornmence~rient(III
ide siècle ). passe polir l'inventeur
rle la polarité de l'aimant dont on fit iisage pour
ln boiissole ;cependant la boiissole fiit déjà connue
aii 13e siécle; onla dit inveritée par 1.11 Napolitain.
On att -ihue B un Florentin. Salvioo
Dcgli Ar~iiati ,vers i 290,l'invention des litnettes
On ne peut mallieiire~isement pas intliqiier avec
certitiide I'invcnterir de pliisieurs ohjetc utiles :I
I'iiomme, tels que les inoiilins 3 vent, les écliises,
les cligiies. qui viennent de l'orient ;on indique
Pierre Hellé, comme inventeiir des liorlogcs et
des montres.
L'art était généralement ni1 service de la religion
; l'Italie est la patrie (le la peintrire inoderrie.
Il y erit déjà vers l'an 1200 des écoles
de peinlrire à TTcnise. chtvers 1300 il y en eut i
Perii;;in. Mais bien avant on y fit (Xe la peinture
siir verrc et de la mnsriiqrie siir fond d'or; on y
fit &haleinent l'émail. L'école nioderne eiit polir
origine Pise, et en 1240 celle de Cimabi-ie srirpassa
de beaiicoiip la première. Dii nombre des
pliis grantls maîtres des teiilps mod~rne sont
Léonard de Vinci, ne en 1444, puis Bramante,
distiugi~é aiissi comine arcliitecte, Pietro Périlgino.
né eu 1446, et par-dessirs toiis son rand
élève Rapliaël Sauzio d'Urbino ;né en 1485.11
y-eiit des écoles de peinture en Boliême. en
1348, à Breslati en 1450, et bientôt aussià 811-
remberg. A cette deimiére appartiennent Jean
Traiit, Baeiirlein, Vohlgemritli et le ~rofond et
raisonnable Albert Diirer, Hribert et Jean d'Evk,
perfectionnaient dans les Paus-Bas. depuis 1410
la peintcire à i'liuile. La musique se perfectionna
en Italie dt~puis!Guido d'8rezz0, qui, dks
1028,avait inreuté le système des notes. La poésie
du moyen -Gge gorissait le plus sous !es
i tst 1
troubadours, en France, soiis le Dante el
Pétrarque en- Italie, soiis les barcles. en Allemagncs,
et elle ftit iiiGiiie mist. eir corlioralion
eu Aller~in~nc, par ce qti'oii appelait les rnaitres
clianteiirs. L'arcliitectiii-e de cette dl~ociiie présente
(1:*s niot.ceatir iiclierés qiie L'artiste étii(lic
encore nii joitrd'liiii ;ntliiiiroii î les rriervcilles de
l'esprit Iiiimüin, il piiie ails iiieitres cle ces rliefsd'cicuvres
lin juste tribut de recon~i;iiss:inc~t!~t (le
respec.1. On pl;ice In prc~iiii6rc. inariiiFitcii~i.e fie
soie eii 1470 : la ~>reinihrtr ol~ériition (le I;i pierre
en 1474 , l'iisage (le I1.ilpi.bi.e cn 149;, les cillossiJs
et les (:li;c~)eaiix de friitrt? en 1440. 011 attribile
à Loiiis XI , roi de France, 1 diablissemeiil
rlc la poste ailx lettres. en 1464.
L);tns les piiiss:insefTorts di1 nioven âge, on ne
petit ni6con11:iîire les voies t!tei.nelles tle la tlivitie
])rovidence.L'individli doit se motivoir, doit créer
et pi-o(1iiire ; (te iiiCiiie les pei\l)les entiers. Clinciin
se c-de iine exi-tc~nce.oii en s'abantlonn:int &
l'oisiveié périt. Mille essais sont teiitc's, mille
e~p6rieiice.s sont hiites ; hieil des fr.otLeinens
])rotliiiscni cles éiincelles intell~ctuelles oii politiqries
; niiciiii n'en est terd du. Les peiiples
jelines se fornient 5 l1exp&rience (les yetiples
cliii oiit d6ià grandi. afiu qtie si Iri perte tics tins
est inévitable, l'liéritage intellecliiel ne se perde
pas. Aiusi cles peiiplcs barbares tle ln Germ:inie
niûrissent polir poiiroir acciieillii8 pnrnii eiix tles
peuples i-oinaiiis, arabes, et la civilisation grec-
(lue; ainsi soiit dc'cotiverts cies 1)nq.s où va se
transplanter la civilisation (les anciens peti ples,
et parcet éternel érliangk se vh-ifie la grantle et
consolanle veritt!, qiie rien dans I:i grande cliaîue
iles elioser ne se petxi de ce qui. à lin temps, h
un lieu qiielcongiies, a compl~temealatieiiii s~ri
biit,
LIVRE III.
-
DES
TEMPS MODERNES.
Depuis la découverte de tArnériptce juspu'&
nosjours, (1492 Ù 1835.)
CHAPITRE PIiEhITER.
Depuis la clécouve~*tede 2'Anzérique jusqu'à
paix rfe Yestyhaiie. (14~2à 1648.j
Il peut y avoir tlu vrai dans celte icle'e cltic
l'histoire de l'antiquité coinme celle dti moyen
âge! est plus poétiqiie et parle plus nu coburque
celle des temps moclernes; mais la première est
arissi l'liistoire de la jciinesse comme la siiivantc
( 193 )
est celle de liddoieseence du genre liutnain. voila
que i'âge viril, et awc lui, l'empire de la raisoa
avance ;l'liistoire des temps modernes est plris
grave, plus inesuréc, les voies que parcourt le
genre hrimain sont souvent plus mystérietises ;
ridie de grands soiivenirs et d'iinportantes es-
6riences. dans la plenitutle de sa fbrce, le- genre
fiiiniaiii commence sa crrribe ; pliis rDolu,
ayant pliis de conscience de lui-même il s'y
avaiice : les Buts sont plris éloignés, mais ses
forces pour les atteindre sont aussi plus développees.
L'liunianité actuelle troiive daus les précédentes
périodes de grandes réminiscences, et
elle les coin are, poiir en profiter, à ce qu'elle
est ap ~elée F a accomplir elle-meine. Le Grec,
le in de vie, YIndien, qui en est fatigué, le sombre
Egyptien, le Romain B la vaste ambition,
tons ont fait leur teriips ;ils se sont 6 iiisés dans
les mille formes de la fantaisie et de f'idéal dont
se berce l'enfance fieiireiise de l'espoir d'atteiiidre.
De noiiveaux periples vinrent ct doniièrent
une nouvelle vie. Daus ,le sentiment de leurs forces
ils ont fait des efforts prodigieiir ;ils savaient
bien ce qu'ils voulaient, mais ils ne suivent pas
d'abord comment ils devaient vouloir. Toutefois
ils fondsrent des Etats; ce qiii donna au moins
à Ieiirs efforts iine forme dzterminée, et qui peut
4tre le tl164tre de lcurs inouvemens. C'est sur ce
solide fondement que I'époclue moderne continua
son édifice. Mais elle non plus ne pouvait
se passer de grandes re'vo:iitions. On secoua d'abord
avec inlpatience les vieux langes (le la hiérarcliie
et du systkme féotlal; les lisières par
esq quelles ces temps çotliiques conduisaient le
genre liumain Iiii étaient à cllarge, et il s'en débarrassa
enfin en parlie. Mais se sentant respirer
plus librement, il perdit d'abord le bon usage de
r 7
( I$I$ 1
fa liberté, ct il Ilii fiit diflicilc! dc tfotiver levrni
point tlc I1éqiiilib~.e.
L)ei,x gi'an~I(~s apl)nriiioi~sse niontrelit (lés le
c~iniaeiic.en:cnl cic t-ctte itartvt*lle ~>tiriocle, à
I'ob ;crt-:tt,.iii- rittviitif, ce soiil tics c:v&iit?nicns impo:.t;m,
niais cliii II(* siir~)ribiiiitBnt ~~>iut :la ci&-
corlvcr.te rie I'Allrt2~*i(lue et In r.éjBr.t~ra~lo~t. L'riiie
a ét~nllii le poiiit cle vile l.oliIi.li*~. t!t 1'aiiti.e. le
roilit ile vile 1>ir.it~it*l ;les siiiles dt! I'II~P el (le
aiiire sont encore i i i ~ ~ ~ i ~ i i i i ~ ~ i ~ ~ aiijoiir-ci'i~iii. r i ~ l ~ I t ! ~
Cliristo~ilie Coloii:l). n&en 1447, (1;iiiti le fi111-
11ni;r.: SliIiit-Autlré. Ci$iie.i. Ioiiriiit riil gi.a~~d
ex( III~~IL'de c.e qiic ):ciivc*iii pl.otl..ire (los (.onnaiss;~iic.es
nctliiisc.~ tle l)»iiiie \leii:-e. joiiiics à
ties exyt!neric es rtiiiGi.c;tli et :I 1;i rc'flexiciii soiitcniie;
t-c ( lie >el.r<?nt I'iii1répitl;té et la persévérnii-e.
l!iirniIiaris<( (Gr soi1 enfani-e arec ia
iiier. et nniiiié tlii elésii. g611i:r;iI a1oi.s (le cl&c.otivrir
la roii te par nici. des Iir,les oi.ieritül(*s. ses
coiiiiriiss;iiicesIiii tlorinérent la t,oliviction cjri'tiiitlelà
de I;i iiier Alt:iiitit~iie il devait y nikir lin
$r;~ndp:~ys,00 qile ~~q"-t!tre I'estrcmité (le
IIA?;ienrl! devait pas cri ê11.e éloiglic'e, el qii'on
~>oiivnit tlc'r*oiiv:.ir aiissi les Irt,les orien1:tles. en
iiavigii:int vcrs I'occiilent ;celle opiiiioo n'avait
1x1s 6t:lial)l)é no11 pliis à I1:itiiic~iiité dniis la traclitioii
flet llAtl;is. Frnppc.l ~ I Pcette irlc'e. il s'aclre+sii
siir*t~ei~ivc~iiit~nt à Gènes. sa p;itrie, à la
Friint.e, illAiigletri.re et :III Por~iigiil, tlciri:induiit
l)ai.taiit clii'on lrii tloilnit les irioycJns d'est!-
ciiter ce rjii'il ;irail conpi : ini~is ~;iii.!oiit il fiit
repoiissé. fiel)r,lt! par les ~~liiis;iutcries (pt'h Gê-
nes et d:ins le Portiigi on opl~o-ait& srBses?&-
rances, il ~)itrvinL à i~iLt:i*esst.i'a srlii l)lii~~ I:i ~~~iile
Isabelle <le Castiile. et le 3 noîtt 1492 il partit
di1 cap Palos avec trois pclits bitimens çt i29
( tg5
Iiommes ponr ~xéciiter sa dan~ereriçc d6coiiverte.
Apr& une longee nnvipÜon. 1'fqiiil)nge
clcii se croyait tronipc: se miitinii et, d6ji voiilait
faire mourir Colorrib, Inrsqii'eilfin le 1 i octobre
on clelcorivrit la terre. Ce fiit Giianalini
rie la reconnaissance fit appeler Saint-Salvador.
insiiite poiir décoiivrir les plaques d'or données
~olontairement pas les sniivages pour (lu verre,
drt corail, etc, on se dirige:, vers le srid où l'on
dé(.oiivrit l'île (le Ciiba et Haïti. Coloinb, 5 roll
retorit. en Espagne. fiit repi avec (le gra~des (16-
monstrations d'lionneur, et le 25 septembre
149.3il reparitt, mais celte fois, avec 17 bâtirnens
et I 500 liomnies, parce qrie les trésors appariés
dii preiriier voyage avaient tent4 plrisicrirs de faire
ceseron droynse. II troiiva les(;ai*iiibes. in Doininique,
la Giindelou~~e, Poitorico ;mais il iroii*a
aussi déti-riite In petite coloiiic espagnole qu'il
avait &übl;e à HaXti ( ii 1':ivait noirirnée H~spagtrola;
c'est celle qrii pendant ~iliisieiirsi6cles
a été appele'esaint -I)omingiie.et qui cle{)ui.;r[iielqiics
aiiiiées a repris son aacieii noni d'Hilïli ),
et el!e fct reniplacée par ~ine ailire. II clécoiivrit.
aiissi la J;iiiiiiiqiie. J1:iis le inProrilenteillent
parmi les siens, et les calomnies doiit il
éiait l'objet en Espagne 1'y rappelbi.erit, parce
qiie seul il poiivait faire toinbprces rüloiiinies. Ce
he fut qii'en 1498 qu'il 1111t effectiier son troisiéine
voyage avec sis bâtilileus; il décoiivrit I:I
Trinitlad et le contirieiit. (le l'Aiiiérif[tie. Rlais
sur un ordre esy;ignol il fiit arrete' à la Jamaïque,
inis dans les fer:. et recoiidiiit en Europe.
Li on liii 6ta. i la \ft!ritC, ses fers; on attribua
mt.me à iine erreur le trniieinent qii'on
venait de Iiii faire souffrir, innis contrairement
à la première convention, oii envoya iin aiitic
Rua ludes orieatales eii qiialité de goiiveriielir
( 196 1
et de vice- roi. Enfin en i50r il visita dans iin
quatrième voyage les côtes dii continent, dans
l'espoir de troiiver rliielc~ne part iin passage. N'y
ayant pas réiissi, et après avoir combattri des
dangers immenses clont le nienapient Ies élémens
et les Espagnols eux-niêmes, il retot~rna
en 1504 en Espagne oit, rc'compensé di1 sort des
pliis grands Iiommes, (le l'ingrntitiide, il mourut
dans les fers en 1506. Ce qu'il y eiit de 111ssingulier
fiit qii'a resla dCcoliverte cliacun fa trouva
facile. Mais E~iristop~leColomb demanda un
joui- à qiielques-uns de ces Iiommes sages :romment
on s'y prenait pour faire tenir droit sur sa
pointe iin ccuf? Persoiine n'ayant su répondre,
il prit tranquilement l'ccuf et en écrasa la pointe
et I'œiif resta droit. Cciia-ci ayant dit qu'ils auraient
pi faire cela egalement, il rkpondit :
Très-bien, mes chers iiicssieurs, voilà précisément
la diffé'rence, voiis aiiriez pii faire ce que
moi j'ai réellement fait.
Pendant ce temps un Florentin, nommé Améric
Vespuce, eu dernici- lieu au service du Pol*-
tiigal, avait fait pendant les années 1497, 149
9'
1501et 1503, plrisieiirs royages dans la nouvel c
partie di1 inoncle ; c'est polirqiioi on nomma le
pays d'après son nom, terra anten'ca. Le notivel
état lihre, la Colonzbie a réparé cette iniquité*
Cependant d6ji vers l'an 1500, Cabral, portugais,
détoiirné par des teinpGtes, di1 cliemin des
Iiides orientales, avait clécouvert le Brésil ;le
Port1's;ais se firent nierne donner auparavant
( 1495), parle papeAlexan(1r-e Vl, tout lepays décoiivert,
evaliiéà 630,000 marin s(4en font 3 milJ~
géogrnpliiques), L l'occident des îles di1 Cap-Verd;
ce ~ I I Jen était au-delh devait apparteuir ails
Espagnols. Balboa, Cortier, Cabot, Frobischer,
Fran~ois Drake ( qui n importé du nouveau
( '97 1
inondcles pommes-de-terre, cette plante si u~ile).
Davis, Baffin, Hudsoxi, Bermudes, Hertog, etc.,
continiièrent des (lécouvertes depuis ce temps.
3Zagelbaens fit déji en 15x9 le toiij. de toute la
terre par eau. Presqiie toutes les nations maritimes
de l'Europe s'éttibJii.ent les unes après les
autres en Amérique et sur les îles, et fonclercnt
des colonies européennes. et bient8t des états
florissaiis, par le commerce, l'agriculture, les
planfations et les niines ; bientôt on se servit
en place des natrirels sauvages, d'esclaves DL:-
gres anieués de I'Afriquc; c'est alors qiie commenca
l'effroyable commerce d'lioinmes. Déjà
on ne SC contenta plus de simples établissemens;
on voulait avoir tous les pays de ce Noriveau-blonde.
Ainsi Ferdinand Cortez prit facilement
depuis 15x9 le nlcnirliie (où les enipereiirs
nlonteziima et Guatimoziu devinrent ses victimes),
et depuis i5,5i les Pizarros et Almagro
prirent le P&roii, oit le mnllie~irenx Tncü Atabalipa
acheta pal* iine clinn~ùre $$ne d'3r et
par le baptême, la triste faveur clre étranglé
au lieii d'6tre brû!é.vif ! Les armes à feu, la cavalerie
et de grands chiens suffirent à qiielqnes
centaines d'Eslfagnols, avides (l'or, à soiimetrre
usieurs ioo,ooo milles carrés et yiiisieurs milde
bons Indiens. Qiie celui qui veut nprendre
à mépriser des liommes, des chrétiens.
Ese ces sci.nes d'liorrcur décrites par os-casas!
Biais par pitié poiir les Indiens Las Cnsns-pro-
posa d'employer coinine travailleiir~ les pliis robustes
nègres, et arijoiird'liui pliis (le 12 millions
d'Africains , traînés siiccessiveineiit dans
les colonies, le maudissent pour sa malïieiireuse
idée. Celui qui avait échappé au fer clii vainqueiir,
celui qui ne succontba pas ail travail,
tomba victime tic i'affreiise inquisition qui ne
( 198
tarda pas h être introiluitr clans ces mallieiireirx
pays. Comme ail RI-ésil IcsPoriiignis avaient déji
aiipni.ovant cwmmencé à s'élentlre dans les Intles
aricnlalc's ( à l';le de (:evlnn cn 150,). Après qiie
Vnsct) (le Gaina elit ét;tbli (les rc.lntior?s commerciales
avec. le zamoriii ( 1 ~Caliciit. Cabral, Albiiquerqrle.
Perc.it-a, ~lnieitla (le premier vice-roi
tle 1.505 à r.ïoc)). fonrlérc*nt (les é abli.;semens et
const.ri:isircnt des forts i Goa. à R1alacca. à
Ormiis, à I)iri et à Macao : ils c1r:coiivrirent
Java. ~rnbniri;~, lesîles Rloliic~ries, IeJalmti. Roisnes
et prob:~bleiirent aiissila Noiivelte-13nll;tntle.
Rlagelliaens troiiva ( inais ail service (le l'Espagne),
les JJatli.ones. !es >farianes, les Pliilippines,
et orivrit ainsi les voies poni. 1:i décoiiverte
de la cinqiiième partie du monde, l'biistralie.
Des 1486 BartliCleiny Dias, 1101 tiigiiis, eii cotov:int
1'~fricjtie, parvint jiisqii'aii cap qrii in
termine ail siirl, et qrie Ic roi Einaniiel uomma
cap cle Bnnrre-E.spé~.al~cc.
Ces iniloinbi-ables dc'corivertes . mais uiiriout
celit. tle 1'~inériqiie. qui, h sou tour prépara
celle de I'~iistr7lie. éleiillii.ent non-sriilenieut In
science géo::rapliiqiie encore t 4s-peii avanckc,
iniiis elles orivrireiit ailsri iin vnste tliGtre h iine
no~ivelle activité. Bientôt les 1 rodtiits cles Iiitles
orientales et cciix tle l'ancien continent fiirent
transportés en Amériqrie, et le re'siiltat de ces
transports fiit <:ousirlérnblc: le commerce de la
RIédi terran6e se perdit poiir devcnir corriniercc
iiniverscl. Des somincs iinmenses frirent, siirtoiit
depilis la (Ic'coiive~.te(tes miues d'or et d'argent,
eii Amlriqtie, aiiniiellenient expc'riic'es poiir
l'Europe, et depiiis 1492 iusc~u'ei~1803,pliis de
5000 miliions de riastres oiit tiwversé In mer.
Combien ces revenus devaient favoriser l'indus-
( 199)
trie, mais nussi coinbien ils ilevni~iitniigmenter
les prix (le toiit! Toiite la nitiniere de vivre
des I?ii~.ol~@eiis, qiii se noniinaient alors org~ieille~iscmrnt
les don~in;iteiii.s clii Noiiveaii-
RIibnrle. cliangeo . et des ~~i.otluciions eii partie
encore incoiiniies aiiparavant, telles qiie Ic tlié,
In porrelaitie, I'e'corce dii Péroti, le ciiirl?lire,
les bois (!tb teintitre, le tabac, le clioc.olat, et
niille autres objets devinrent cles ndcessités. Si
les Hiins et les RIogols, les Plienicirns et les
Carlliii~iiiois, les Asi;itiqiies oii les Afi.icSains ont
~PSpi-eiiiiers peiiplé i'Aniériqiie :si les liabitans
de cette partie t1.r nionde s'v sont rendiis de
1'Eiirope par I'Tsiande et le Groënland, oii si
tolite sa ~~oj)ulation ne date qiie de l'an I zoo tic
nolre 61-e. toiit cela est aiissi incertain que l'opinion
cliii veut qiie par I'éldratioil postéi-ieiire (le
l'Amériqrie dii sein de 13 mer. I'eaii refoiilée ait
fait sauter le dos cle la montagne, en foriiie de
crète, (le l'istlimc pr&s (le Gibraltar, et qii'il ait
rempli le bassin entre SEurope et ilAfriqlie.
Peud:int ce temps il se passa qiielqiie cliose
de non moins important siir un théâtre plus rétréci.
La rcyormntion de 1'Eqlise eut lieii en Alkniaçne.
Maiç jetons $abord nu coup-d'@il rapide
siir l'aspect qiie prc'sciitent à cette c'poque
les diffe'rcns pays de l'Europe. Les uiœiirs se polissnient
; des inventions sublimes, des décoiivertes
importantes avaient donné une nouvelle face
à ceite partie dii iiiontle. La France s'e'tentlait
depuis In RIaoclie jilstlri'aiix Pyrénees. Le gouvernement
fëodal était abntta ;le peuple voyait
dans le parlement un corps permanent et reçpecté
sc constitiier soli défenseiir. Francois Ier,
g(8ndi.c tlcLouis XII, Ctait monté sur le trône en
1515. Ce priiice brave, prodi$iie, galaut! plein
d'lionneur ,reu~porta, des safi, rine victoire
( 200 1
éclatante à la bataille de Riarignnn, contre 1s
Siiisses ligués avec l'empereur Maximilien, le
roi Ferdinand-le-Catliolicjue et le pape Léon X
qui voulaient lui cle'feiitlre l'enlre'e du Milanais,
pays perdii par Louis XII, dix aus auparavant.
La France, a rès ses longs et désastreux clémêlés
avec lv*ngreterre, redevenaient p~issante sous
ses rois.
En Espagne. lcs Maures avaient perdu leur
dernier asile. Ferdinand et Isabelle rendaient
leur règne célébre; mais Isabelle. avant de nionter
siir le trône, avait juré sur 1 Evangile, au directeur
de sa conscience. que, si jamaiselle était
reine, elle enlploierait toute son autorité à l'extermination
des juifs, des musulinans, des 11érétiques,
cles magiciens et des iinpies dans ses
Etnts. Ce directeur était Tlioinas Torquenzada
d'liorrible niémoire, et le Saint-Ofice fut établi
en Castille. Cliarles V, fils de Philippe et de
Jeanne-la-Folle . avait été appelé par le testament
de son aïeul à liii siicce'der. La rivalité qui
existait entre ce prince et Francois IerItii fut la
cause des guerres continuelles cjui eurent lieii
ent reces deux princes.
L'Italie était le centre des liimiéres. Toiitefois
le midi de ce pays ne joiiissait pliis di1 boulieur
dont ~lplionse-le-Blngnanime l'avait fait joiiir.
Pierre de Rlédicis régnait tyrauniqiieiiient à Florence,
et les guerres cliii avaient de'soll6 l'Italie
soiis Cliarles VI11 et Loiiis XII avaient continiié
sous Francois Ier. Ç'e'taient les rovarimes de Naples
et de Sicile et le duclid de ~hlan qui occasionaient
ces guerres fiinestes.
Léon X, qui à cette épocpe occupait le siége
pontifical de Rome, encoiirageait le mouvement
des lettres que fit naître l'invention de l'impri-
( 20c >
merie; mais ses tr&sors ne pouvniit siiffire aux
frais de la protection r u'il accordait aux arts et
aux lettres, il invoqua /a cllarit4 des fideles, leur
yroinit les incliilgences cle I'Eglisc. Les dominicains
qii'il cliargea de les priclier abusèrent di1
privilége dont il les avait investis, et firent un
trafic honteux des ii~diilgences.
L'Angleterre, aprcs les troiihles caus4.s par I'nnimosité
des deiis roses, respirait sous Henri VIT,
qiii &ait iin des piiissans et riches monarques de
l'E(uropc.Henri VITI, qui lrii siiccéda.s'annongia
5011s d'lietireiix auspices; nous verrons bienth
con3bicn peu il justifia l'espoir qu'il avait fait
naître.
Le Portiigal était occiipé à des décoilvertes
nou~elles, et fondait des colonies puissantes.
Lû Pologne etait 1111 royaume électif; elle prenait
ses rois d;ins In faini'lles des Jagellons. Elle
avait des guerres frécpentes avec les Turcs et
avec les Riisçes.
L'Aiitriclie etait ln plus puissarile maison des
zept électorats qiii composaieut l'empire d'Allemagne.
Revenons à l'Allemagne.
Soiis le rapport politique, l'empereur clievaleresqiie
Maximilien Ier , fils dii vieil eniyererir
Frédéric IV, avait fait beaucou11 (1493.à'i519) ;
il avait ordonnt: une pacification générale di1
pays à Vorms, avec les moyens dc coriserver la
pais. On avait siirtorit travaillé à l'amélioration
de 1s justice, de la chancellerie et di1 colle'ge
aulique, par une ordonnance appelée régime impérial;
il s'agissait d'adininistrer l'Empire durant
les noinbreiix voyages et excursions de sou
chef, et de distribiier 1'Alleuiagne en dix cercles
(1512) pour l'cs4ciitioa du ban de I'Emyirçcon-
( 202
tre les pertiirbateiirs de In paix du pars. D~ns~a
politiqiie à I'cxtGrierir, Maximilien était téinéraire
et avantrireiix, coinine il l'&tait dans ses
cliasses arix clinmois : il reclierclinit plittôt les
obstacles qri'il ne les écartait, et il s'embarrassait
clans tant de clioses q.c:'il ne piit presryiie en mener
nnc sei11.e à bonne fin. mais moins encore
son plan (le devenir pape. Heiirerisement on se
ravisa à temps; les enfans qii'il avait de Marie
de Boiirgogne, Pliilippe et Rlar~iierite, époiis&-
rent Jean et Jeaune, enfalis de Fei dinand et d'Isabelle
d'Espagne ;il arriva de là. aprèspli~sieiirs
morts imprévues, qiie le fils (le Philippe mont?
en 1516 stir le tsône d'Espagne soiis le nom de
CliarlesIe', et c'est soiis son règne qiie fiit ddcouvert,
noiiveaii iiiontle. Malgré 1,'activitd de Maximilien,
la réforma tioii dc l'Eglise, demandge
même imtamrnent par &?s princes, pariit ne
poilvoir s'effectuei-. et déjà elle pariit tlésespérée
lorsr~ri'elle appariit cl'iine antre manière. L'implimerie
avait (lonlié iine voix a n esprits, ~ et sa
pr *iiiière parole frit :Re'fornzalinn.
Une inrliilgence génériile (levait foiirnir les
sommes nkcessaires polir I'nchèvementc?e la noiivelle
église St.-Pierre, l'étlifice le \)las magtiifiqiie
(les temps modernes. Les papes croyaient
poiivok, par le moven (lu trr'sor des merites
du C1irist et des saints, faire réinisssioa porir
rle l'argent à ceiix qrii. par 1.7 propre piété,
ne pouvaient pas c,las:nfr le ciel. Qtli n'attrait
pa.. voiilii se saliver avec les siens (lri piirgatoire!
Mais, (lit Erasme, Oe Rotterdam, les ecclésiastiqiies
aiment tant le purgatoire 1)arc.e q~i'il est
si utile à ~~~~~~s cfiisincs! II v en avait qui pretendaient
qiie le papc n'employait pas toiijorirs
et argent aii but qii'il annan~iit ;il y eiit mêins
( 203 1
des ferrniers-gdoéraiix (le cette espèce d'impbt,
des riiürcliaiiûs siibal tei.iies d'iiitlulgetices qui
poiiss2rt!ut si loin leiirs eiiigt~nceb, cllie ce yiii
resiait (le iiiœiirs c.t tic pielé eu j~;irul coi~ii~romis.
Ce s~iiiitiale frit si~iiiile h la ibis par Uiricli
Zvinsli, ~)~*Gtlic:itei~~- ZIII~I~~, cl il. I\liirIiii, il&
à Kislebeii cu 146.;.iiioiiie aiigiisliir el professciii*
tle Iii iioii\elie Uiiivers,té (le Viireiiibt*rg.
Ct:s tleiix Iioiiiines r'élevGreut forte-iienl t.oiili e
le (.oiiriiierce d iiirliilgt!uïes fiiil 1)ii'. 11" Siiinson,
itit 'I'tazel ;11s ~~rSclièreiit et 6,rivirerit h. aiic oiip
~olitre cet 'I~IIS. JJ~it1~~~~~, iiioi~~e ~IIISIIS~~I~, slirt~iit.p!.ol)o>üle
51 oc,toLre 1.r 17, s-loi: 14 iiinnie*-eüc~acL~ii.iiliie,
gj tliéses oii prol)o'iiions, à
!effet d'une c.ouirovcrse yiiblicli;e colili-e la vente
d'iiii~i~l~iit~es: ~i'aiit;i~~t pliis qii'i~iie élii4e ayprof~iiuietle
1ii B blc liii avtiil fiiit voii. q11 II
lie s'y tro,iv;ii~ rien oii clii'il s'y troiibait le contraire
de ceitc i:sliec.e de tr:ilic, et lin voyase yr&-
cétiemint~iii à Ilotrie ne l'avait p;is siiff sariiiiieiit
4 0iivainc.11ut: Iii siiiuleld dit pape et de la
citrie roinaiiie. Loi-sclti'erisi:i~cle ciirtliual de
Güëta ((;itjrt;iii) ne ~ "it""lshire Liitlier à Augs-
Liirg; qiic les iii.;l~ittss cl ics rel~re'seiiliiliotis filites
avec t1oi;ceur eurent niirirqiié Itlur tbffei, Léon X
larira i:iie ~iiIie est lJi~iiil~iilic;iti~~ cent re Lii-
th; et ses piirtisaris On avait d1üboi.tl itdnagé
Liiilirr h <.ai<st: iltr Fi.éilGi.ie-Ie Sngy, priure élçc-
1ç.tir qiii le favori~a~t, et qtii,. spi-es 13 niort de
hlaxiiiiiliei~, éiiiit cl~a,.~é cl11 vicariat de I'Einpire,
cciiii ciiii eut I'inil~ienre la pliis niarclii6e dalis
le cliriix cl'iili eiiil~erciii-, el cjiii serait devenu
empvreiir liii-indiiir: s'il ii'ut~iiit pas dirigé le clioix
sur Ckiarles (l'Espagne. Lutlicr, de son côte, jeta
ait feii la biille et le droit canonicltie, et insista
sur une r~forrnation véritüble de 1'6glise et dq
( 294 )
daus ses sermens et dans ses dcrits,
ses cro:Ances,
qui, h cause de leur Iiardiesse et du langage ro-
~~ul;;ire dont il se sei'vit, se rcpandirent i~ientot;
ainsi la bulle du pape fit faire Luther ce qiii,
il y a trois ans, entrait encore il peine dans son
plan : coiirs ordinaire des grandes entreprises
qui se développerit et se complètent d'elles-mêmes.
Dans un si rude coiiibat que cet Iiomme Iiardi
entreprit contre l'édifice que dix siècles avaient
élevé, l'édifice de la Iiiérarcliie, contre le pape
et contre un -clergé l~uissant, il n'eut pour soutien
qu'iine ferme conviction ciiii a soiivent été
le talisman des efforts de cet Ilcimine eatraordinaire;
elle lui donnait l'assiirance qrie ce qii'il
avait entrepris devait se maintenir si Dieii l'approrivait
et si Dieii l'avait résolu ;qu'en slic-.
conribant lui-même, rien n'était perdu. Car il .ne
se regardait que comme lin faible et chétif instrument
de la providence toute puissante. Fort
de cette conviction, il pat proclainer haiitcment
sa conviction à vorms devant l'empereur Chürles-
Qiiiiit,et souffrir l'ercoinmunication yrouoncée
contre lui dans cette ville. En effet, Charles-
Quint convoqua plusieurs diètes, à Vorms en
1520; à Spire eu 1529; puis une autre à
beurg en 1530, toujours dans l'intention Au d
Fé-
s-
touffer celte réforme naissante. ALI retoiir de
Liittler de Vornis, il fut secrètement conduit à
Vartbourg; là il traduisit, sous le nom de seigneur
George, le Noriveau Testament, qii'il fit
suivre l'année aprks de sa traduction de l'Am-ien
Testament, où se manifesta bien i'avantn, ae immense
de l'imprimerie. Il revint ensuite en toute
hite à Vitteinberg lorsqu'éclatn dans les églises
le fanatisme aveugle de Bodrnsteiu ou CsrlstaJt
( 205
cdntre les images, fanatisme qni menaGa de db
triiire tout ce qui pouvait rappeler la papauté.
Car la vérité devait s'étendre, non par la destruction,
mais par la persuasion, par la puissance
de la raison plils mi'irie. Lorsque la guerre des
paysans éclata dans le siid-ouest de 1'~llemagne
et pénétra jusqn'à Thuringe, puanci Thomas
M:inzer se mit à la tête des pa sans, ce fut Liither
lui-meme ui conseilla dés mesures énergiques
(1523 à 1125) contre les paysans, malgré
les noinbreiix griefs contre leurs seigneiirs qui
Ieiir avaient mis les armes à la main.
Cependant le culte extérieur avait aiissi subi
des changemens ; les augustins de Meissen et de
Thuringe fermèrent leurs coiivens ; Luther même
se niaria en siiivant l'exemple d'autres qui
l'avaient devance' en cela; on rcjetta l'autorité
dii pape dans ce qui avait rapport à la foi, el on
Prit la Bible seule pour règle. La messe et la
croyance de la transsiibstantiation dans le sacre-
inent de lJEucliaristie cessèrent, ainsi que la
croyance du ~urgatoire et l'invocation des saints
et des anges. Les sept sacremens se fondirent en
un seul. Le service divin cessa d'être fait en latin,fon
le fit dans la langue nationale. On rédigea,
polir les niaîtres et les élèves, un petit et nn gi and
catérllisine. Çoinme Luther agissait parsa popularité
et par sa vivacité sur les masses, son savant
mi, Pliili pe Mélanchtlion, homme plus doux,
eut de lVetPet sui- les savans. En peu d'années la
re'forrnation se &pandit par toute la Saxe, Tliii-
'lnge, la Hesse, le Melklenboiirg, la Poméranie,
daos da parties du diichf de Brunswicli, dans la
Prusse, pays d'un ordre allemand et transformé
Par là en un duclié temporel, en Danemark et
en Suède. L'œuvre de Zvingli trouva des collaborateurs
ou des eontio~iateurs énergigiies i
111
( 206 )
Bâle. dans ~erolornpadiiis, dnns~itllcr à Beriid,
et C;llvitl à GenCve, qiii transl~ortèreiit bientôt
1:iir tlocirine iiu peii (lifftt'i-eiite(le cr4le de Liitl~erdaus
le i~iitii de I;r Frarice ( les Hiigiienois)
et tliitiz Ics Pii\s-Bas. Aiii4, en moiiis (le IO :IIIS,
tine 1'4forin:itio~iiit noil-sciileiiient foiitle'e, i~i:lis
m2iiie a 616 adoi)lt!e par d #siiiillions d lioiiiiiies.
Ri:iiiiieniiiit il ~'iic;iss:iit tlc savoir si iiiiri telle cldfeciior~de
I';ltwienne croy;inc.e ne ~~oi.ter;iit pas
les cailioliclties 5 ile fortes iiie.siii.es 01)t~o~ees.
Le pape :leiil iie poiivait rieii Ciire polir s'opposer:iii
stsfiisn~ct niiissiiiit, oii il fiillait opposer la
v&i.ilGà la véi.ilé, oii bien of)yriiiic!r I'iriiioviitioii
par la violence, oit bien eritiii I;iisser aller les
clioses leur traiii. Ne voiilaiit oii iie 1)oiirant pas se
servir du premiei. moyeu, on tie ~oiiliiii pas di1
deriiier; oii clioisit le tleiixièiiie; oii coiii1,ta siir
la force dii lxirti cuilioliqiie de la clirtliienté, iiiiiis
oti coin itn nvanl lotit siir I'eriil,ereiir (.'Iidi.les-
Qiiint. Cepeii
I
:ünt ce!ui-ci, occiil,é il'uii trôté de
Francois ler.roi clicvalier de Fraiice, son rival 3
la t.oiironne alleinande, d'an üiitre côté iuqiii61d
bientVt par les Tiircs soris leur piiiss:irit siiltan
Solimau II, (dont l'armée parlit mêine cn ij29
devant Vierinej (;liûrles, roi à la fois (l'Espa;iie,
de Na les et (le la Sicile, maître (le Rliliin et des
P y las, voiilait d'abord, coiilme noiis l'avons
dejd (lit, par cles 'dit'tes, des coutrover-ses rcligieiises:
par la couvocation d'lin concile g6iiCral,
ou arreter par .la doiiceiit. ce scliisme, oii (1"
irioins ajoiiruer à ilne époque pliis E~voiüble irae
décisioii violente. D'ailleiirs le noiiveaii p;irti (le
1'Eglise ne liii parut d:~ngererix pour 1'Eiat cilie
lorsqii'il se pr6senter;tit en réiinions ûriric'es, et
formerait ainsi iinp faction politique. Et riiland
cela eiit lieu, alors seulement il en fut irritS ;cil''
Charles-Qiiint malgré lespromesses que sur plu*
( 207
sieurs points il avaii dté obligé de faire aux priiices,
lors de zon élection compren:bit cependant
sous l'expression liberté nller~wnde, beaecoiip
moins, ei par cellepuissance i~nptrriale, bealicouy
plris que les princes electeiirs n'üv:\ientvouluvoir
coinpris soris l'one ~t 1'ailti.e. Défiant par caractère,
riisé, iinph6trable dans sa politicpic?, mais
grand aussi en projets, éiiergiqrieclan- l'exéciition
deses plans ; il ne fiit pas facile à qiii crile cc fiit
deliii re'sister impiinément. ~a rivalité cliii existait
entre ce prince et Francois Iert depiiis la mort de
I'ernyererir Maximilien Ier, en 1519, fut corrime
nolis l'avons déjà (lit lit cause cles giierres coiitinuelles
ryiii etirelit lieii entre ces detir moiiarrliics.
Clini-les-Qiiint, petit-fils ile I'ernpereiir ,et Fr:incnis
Iec briguEi-eut ensemble la coiironue (le 1'Elnpire;
mais comme les élerteiirs s'éi;iieiit déclarés
Pour le roi ti'Esj)agne . Francois Iernc lili piIrdonna
jamais c~tie préf6rence. Dilas iine iioiivelle
coalition qiieCliarles-Qiiint forma coritrela Fraiice,
et dans Intqiwlle entrèrent les 1)1-inces tl'Italie
et lec~oun6i:ibledeBo11rbon rliii coiiih:i(tiiit contre
pi)! s, Francois Pr fiit. battii à I;ébec, où perit
Bayard, et il 1,erilit le Mil:iiiüis en 1524. L';iiiiié~
Suivante, Francois Jer vo:ilrit le reprendre, mis
il filt blerîé et ijerrlit la lmtaille de Pavie. C'eht
aPri.s reiie bataille qli'il écrivit 3 la ducliesse
(l'~n~orilén,e, sa nrére :toilt es<pet.nii,rnadnotr,
f'hottneur. Le roi ale France ne sortit de
Madti.1, oit Çlinrles le retenait captif. ii'ul>rès
avoir ripé lin trait6 ondrriix ilans leilid il cdda
la BoiirgoEne et irnonqo à ses ~)reientions sur
I'Iialir. Mais romnie IPS Etats gdn6rai1x sluppo-
"ient ait démembrenieiit rlii royailme, Fran-
Ier ne put remplir ses engagemens, et les
bostilités reromn~sn:.èren t. Tolites ses pierres
CQNre19 Fqqce (de i 52 à 1529) où son général
( 208 1
Charles de Bourbon prit Rome mime par assaut
et fit prisonnier le pape; ainsi que celles
de 1533 B 1539, et (!e 1542 à 1544 n'oyérérent,
aresqu'aucu~i résultat nouveau; ses campagnes
e 1535 Z 1541 n'abattirent que faiblement le
courage des pirates barbaresqiies ; Cliarles, et
son frère Ferdinand' devenn roi de BohGme et
(le Hongrie, par suite de la mort de Louis, roi
de ces pays, et qui a péri dans la guerre contre
les Turcs; ces deiix frères, ne piirent obtenir
sur ces derniers que des avantages épliémères;
mais il se vit aussi obligé de trop disperser
ses forces r6pandues au loin; il vivait
en général dans rin temps trop orageux, tant
soiis le rapport politique que sous le rapport intellectuel,
pour qu'on eut pu se promettre d'obtenir
partoiit des siiccEs grands et durables par
la seule supériorité des forces. Ce n'est que
lorsclii'il crut avoir du repos au dehors qu'il s'occupa
pliis sérieusement des affaires de la religion;
alors aussi elles avaient pris iin aspect
grave et politique.
On avait, à la véritd, décid6 dans une diitte à
Spire ( r526), cjue ciiacun devait, jrisqri'à rio
concile général, se comporter d'une manière i r
r4procliable devant Dieu et l'empereur ;mals
clans une seconde diéte tenue dans la même
ville on décida, à la majorité des suffrages, contre
la propagation et la durée de la réforma tioq ;
les Etats évangéliques répondirent à cette déclsion
par iine protestation formelle; ce qui leur
a valu le nom de protestans (i52q). jlorsqu'en
1530 Cliarles lui-même diri ea ;ne diéte brillante
à Augsbourg, on lut piigliquement devan!
l'empereur et l'empire, une profession de foi
évangélique rédigée par hlelancfiton conjesslo
fidei augustana, mais les çûtholiques, h leur
( 209
toilr, publikrent une réfritation, diie confutatia
à laquelle les évangéliques riposlkrent par une
apologie apologia eonj: augustana?. Les partisans
de Zvingli présentèrent une profession particulière.
Mais comme Charles n'avait accordé
aux protestans qiie peu de temps pour réfle'cllir
sur l'invitaiion <le se réiinir de nouveau aux catholiques,
six princes ~llemands, surto~it le
prince électeiir, Jean-le-Constant de Saxe, avec
son fils Jeaa Frédbric et le Landgrave, Philippele-
Généreux dc Hesse, 2 comtes et r !villes firent
une alliance à Smalkalde, pour la défense de la
nouvelle doctrine. On croyait d'ai!leurs savoir
il existait déjà auparavant unealliance des cat
ioliques, et quoiqu'on la niàt, il s'établit en 1538
ilne alliance du coté des catholiquesl appelée la
Sainte-~lliance.A celte époque la sociétéde J6su.s
fut instituée (1530) par Ignace de Loyala, et approiivée
le pape Paul III. Le but de cette société
était de combattre les infidbles et les hérétiques,
el d'aller convertir les peuples c'trnngers. Loyala
se disait invite par J.-C. lui-milne à cette institution.
Il disait que J.-C. Irii avait apparu en
insrne tems que Satan sous la figiire d'un officier
de recrutement. Enfin on convoqua en 1545 le
concile de Trente, proniis depuis long-tenips ;
mais l'alliance de Smalkalde refusa d'y envoyer
des dépiités, parce cjiie dans ce concile il ne devait
siéger comme jiiges qiic cles catholi ues
sous la l~résidence di1 pape qui Eiait partie laos
la que: tion qui devait y Btre agitée. CllarleeQriint
O'ltré (le ce refus, se prépara à la guerre et ne
cacha pas SOU intention de châtier maintenant
pel ues états rebelles de l'empire. Cela sr~ffisait
"'anisnec de Smalkalde qui, s'étant de'jà yuelquefois
rcnouvele'e , voulait alors se prdparer
ussi. Les armées alliées du nord de 1'Alle-
magne s'avaiicèrent en 1546 vers le Dantibe,
d'riiie nianihe toiit-à-fait inattendue, se faisarit
prdcéder d'tir1 maiiifeste tic giierre, aiiqtiel
Cliailes avilit rélionilii y r une exronimiiiiiratioii
;pendant ce teinps es Etats tle l'alliance de
Iii Hai, te-Allemagne, le Virieniberg, Ulm, Costnitz,
Augsbourg, etc, soiis Sébastien Sc.linertli~
n'avaieiii pas été inactifs clans cette rnti~it: coutrée.
Mais alors se iiiontra tlens son vrai jour
la misérable constitiition d'iine alliiince soiis
deiix cliels. Qiiand l'électeiir Jean-Fr&!'tleric tic
Saxe voitlnit reposer, Pliilippe tlc Hesse voiilnit
se 1~atti.e ct vice versB. Il n'v eut iii rinit6 (le
plan. ni iinion, et oii laissî aiiis~s'dcoiiler le temps
prFcieiir qtie cliarlrs-Qiiint einplovait, a~aiit
a peine 8,000Iioinines couti-e G'o,oao, ;mir se retranclier
pr&s (le I\atisbonne et piiis prEs d'Iiigolstridt.
Mais Cliarles c.onnnissnit trop bien s c ~
. adversaires, et il savait qrielle niinc tlt1v;iit procllainement
joiier coutre ciix. L'cxl,losion (le
celte mine ciit lieu, elle cut de l'effet parce
qit'elle fut calciilée.
C'est qiie Cl~ai-les ne s'était pas seiilement lié
avec le pape Pttiil III, inais encore secréteinent
avec le diic RI:iiiiice (le Saxe, coiisin (le l'électetir
et maîlre cles ],a-s Albertinico-Saxons dont
la capitale éi;iit Dresde; ce prince, qitoir~tie
protatant, n'étdit pas de I'alliaiice de Sniolkaltle,
et diarles avait c.liiir~;d le duc en mêrnc temps
qtie Frédéric cie BoliGriie tl'exéciiter siir l'élccte~lt
1 excc>iiiii,i~i,icaiion en Ini prenant son pays. A 1s
noiivelle dc cette niissioiî, Jean Frctle'ric perrlit
la tete, et, coiilnie on ne pouvait obtenir de
l'cinpereiir uiie ~>iiis raisoiiniible. il s'eu retoi1:'na
en Saxe avec la pltis gi.an(le partie de I'arrnGe;
ce qiii faciliiû à Cliarles de poiirsuiv~.~ le reste
de 17arm6e alliée, et de forcer P la soiimission
( 211
les états isolk~ de l'alliance. L'élec*tettr reconqrt:t.
i la vérit6, ses Et:~ts et ~)resqiietoiit le pays
dit tliic Jlaiirice : niais ait 1)rintemps 1,547.,
Clinrles traversa lui-inSine Id RohGme, sr rendit
en S:ir~. siir1)rit (le 24 avsil). 1)rbs cle R1iiliIbei.g
siir l'Elbe, son at1vers:iir.e ti.oiripé. qii'il ballit
telle:rieut tliie ~~e~~tl'liornrnes (le soli armée pi1 -
rent gasncr Vittenibei-g;I'élec.teiir Iiii -in&ne,
aprh iiiie de'fense tlésesl)e'rt!e, fiit fait prisonnier
de I'einjlereiir. 11 fiit obligé (le rCnoiicrr cievarit
Vitternbcrg à ses Et:rts et à ses dignités, rester
prison'riier (te 1'c.inpereiir et voit. peii apres son
cotisin i\Iuiirice obtenir cn fief son propre électorat.
Mais Pliilij~pe tir Hesse se livra Iiii même.
Ainsi fcit anéantie I'alliai~ce de Smalkaltle, inais
non le ~)rotestaiitisnie!
(;ar lorsqiic Cli;irle:, enflé par sa vicloire,
presc.rivit liii-n-iênie aiia pi otesinn.; iitie rilg\e
religieiise j~rovisoire (irrterinr); quand les discours
clans les (lihtes (1evini.eiit ~~~~~~~~~~s 1)liis
Iiaiitoins, ail point de hire craiiitli-e à pliisiriirs
la perte (!etniitc? In liberté allernancla, ce mèine
decteiiv Rlarii-ire: jiisclii'ici si éqiiivoqiie, se 11réselitil
eL sc nionira le tléfeiiseiii. (le la noiivelle
(~octrirrc, ainsi qiie (le 1';inliqiie liberté (le I'einpire.
Rlauri(~e, :il)ri.s i~ne alliance concliie secrètemen
t avec Hei1t.i Ilde France, et cliic~lqiies princes
alleiii:iii(ls. niarc11:i iiiol)iriémeiit siir Ii:sbriik,
printemps I 5j?, ~otlli~e~'eni])ei~eiii~~~lnr~e4 qiii
était (iirns iiiie sécririté coinplt'*te et iiiill~nieiit
j).r<l~aré; il forca I'emperc,iir niola(le 3 friii, précipiianiiiicnt
i ti1inc.1,. el obtint ainsi 5 I'assati
'ln irait6 le 2 août 1552, par tnqiiclle tiiir! liberté
coml)lEie de religion ftit assiirc'e aiin protestans,
liberté qiii trois ans apiaès fiit confirmc'e
daus ln pair rlc irligiuu (I'Aiigsboiirg. Maiirice,
ce Iléros çoitrageils, n'eiit pas In joie de voir
( 213 )
cette confirination; il était mort pendant ce
temps. Il y eut ainsi repos de ce côte, et la réformation
fut politiquement et eccléiiastiquement
reconnue.
Pendant ce temps, Henri Il, roi de France,
après que le duc de Guise eut obligé Çharles-
Quint de se retirer de Metz qu'il avait assiégée
avec une armée de ioo mille hoinmes, s'était emparé
de plusieurs parties importantes de la Lorraine,
et ÇIiar les eut l'humiliation de ne pouvoir
les reprendre à son adversaire. En ge'néral, ln fortune
qui, autrefois, l'avait favorisé, lui avait
tourné le dos, et clans iin accès de mélancolie
(l'héritage probable de sa mère Jeanne-la-Folle,
et qui ne l'a presque pas quitté pendant toute sa
vie), il cétlales pa s italieris, les Pays-Bas et l'Espasne
ilon filn pEilippe II, mais il donna ~'Aiitriclie
et la dignité impériale à son frère Ferdinand,
roi de Hongrie et de Bolleme ( 1535,
1556). Viiant à Iiii, il abdiqua et se retira ait
couvent de Saint-Juste, dans la province d'Estramadure,
où il célébra ses propres fiinérailles ;
(son grand-père Maximilien .avait également
gardé près de lui pendant 4 ans con cercueil ),
et mourut le 21 septembre 1558, après avoir
connu par expérience qn'auciine piiissancc hiimaine
ne peiit s'opposer à la iiiarclie du sihcle ,
et que des iddes qui ont iine fois acqiiis le droit
de boiirgeoisie clans le domaine dii bon et du
vrai, ne peuvent pas plus en être chassées à coiip
de canon qiie par des bulles d'excomniiinication
et d'interdiction. La providelice avait épargné
au fondateur de la réforme l'aspect di1 spectacle
long-tenips redouté ci'iine guerre de religion,
car Lutlier mourut peu avant la guerre de
Smalkalde, le 18 février 1546, ail lieu de sa
naissance. Zvingli était mort dès 1551, de la
mort d'un liéros, dans une guerre de religion
qu'eurent les allic's entr'eiix,
Dans tout état où la réforme trouva accès et
devint dominante, les précédens rnp~>oït~ devaient
nécessairement subir de grands cllaitnemens.
Le prince obtint dans son pays la silyreme
priissance dans les affaires d'Eglise qii'exer$ait
autrefois le pape ; les arclievbcliés, les évêcliés,
les abbayes, les coi~vens qui s'y trouvaient furent
supprimés, et les revenus en fiirent la plilpart
employés des œrivres pies, telles qile
écoles, universités, etc. ;les soinines énorines cjrii
autrefois passaient à Rome. resthrent maintenant
dans le pays dont le prince n'avait plus besoin
de partager son avtorité avec le pape, et qui
se troiivait en rapport plus intime avec son peu -
ple. Les classes inférielires eorent atissi plils de
ciiltiire, étant détachées des siiperstitions et ramenées
versun~plus granr1e:activité. L'état de serf
qui opprimait le paysan (lisparrit de plus en plus.,
Les sciences réu~siient d'alitant mieux que l'esprit
dii proteslantisme devint un esprit d'examen
et de combat contre l'ignorance, et u'il eut
pour objet le régne de la raison. ~'~Ierna~ne
doit à la réforme uue plus grande culture de
la langue; la réforme eut aiissi pour résiiltat
une édncation nationale et iine littérature nationale.
Le protestantisine a-t-il torijoiirs conservé
cet esprit d'examen et de tolérance? A-t-il
été aussi favorable aux arts qii'~~i~
lettres? C'est
une q~iestion résolue tiégativeilient par dcs Iiommes
dont l'impartialité est connue. Toiijoiirs
cette défection du catliolicisme dut Ctre doiiloiireuse
sous bien des rapports pour la cririe romaine.
Il ne faut donc pas s'étonner si Rome
chercila le moyen (le lirevenir d'autres pertes, si
elle établit des qmbassades permaneu tes ( rcua-
( 214 1
fiatrrrœ ) dans plusietirs pays, et enfin si elle favorisa
beaitcotip un ordre dbnt la règle étai1 l'iittacliement
le pliis fidèle ail pape, iin cornbat
contre le yro1est:intisme. Aussi le fanatiqiie esi?gnol,
Ignace (le Loyola, eut beau jeii poiii
1inbtitutioii de la sociéte des jésuites dont nctus
avons déjà parlé. L'organisation v6ritnblc dcs
jéstiite; ne date qiie (les géne'raux (l'ordre suivans,
d'ut1 Lainez, d'un Xavier, d'un Aqiiaviva
,etc. Comme les ordres monastiqiics avaient
beaiicoup pei.clii eu consitlération, ce noiivel ordre
devait clierclier à se faireatis iciees tlii siècle ;
une mise décente, la connaissance du bon ton de
In sociéte, I'e'rtidition et la cultnre intellrctuelle
devitient lui procrlrer un accès dans les coiirs
et I'élevet. üiis fonctious les plas influentes. Les
membres (le cet ordre clierçliérent avant tout
d'être nommés i.onfesselirs des priiices et des
ministres, dese faire donner en main l'e'dtiçation
dii periple. Une iongiie épreiive des novices qui
devaient ct'nbord passer par les grades de scliolastiqiie,
de coarljiiteiir, (le professetir, de recteur,
de provinrial, aprt\s n'on se fiit assuré de
leiir utiliii:, offrit le gran3 avantage. de n'employer
clinqiic membre qiie polir l'objet :iiic~iiel
il paraissait le pliis pi.0pi.c; <lemanibre qiie les
pères tle l'ordre devinrent tantôt rriissionna;~.~~,
yrétlicaleiirs et confesseiirs , ta1ii6t ininistres,
p~ofesseiirs, convertisseiirs tl'liértt'tirliies, né~ocians
m$rne, en un inot, toi1 t ce qu'ils devaient
être. Vne inoinle trés-fiicile qrti aiir:iit mêinr:
jristific'le r6;;icitlc. qiiantl I'lioiineiir et I'avaurage
de I'Eglise en rési~ltat, parce clrie I'Eglise seille
peiit sariver, fit rec!ierc.lier les jesiiitescomme dire(.tciirs
(le consi.ience. Le g4nGr:rl de l'ordre réshlait
toiijorcrs à Rome, et c'est & liii qiie s'atlressaient
dc presqiie toii tçs les parties dri ntonile. les
nombreux rapports rle l'ortlre, c~rie\qtiefois6 à
7,000 par an, de niaiii6r.e qiie mieiix instrciit qiie
le pape il po~~vaiii, de Itoaie, diriger toirt par le
mojvn cl<. ses assistans. II y eiit aiibsi tles iriembres
qiii ne portaient pas I'liabit de I'orilre, 1h
où cette nii.e iitirait pli entraîner (Io danger. Il
n y eiit aiiciin ordre aussi bien constili~é,aucun
noil pliis n'a agi aiissi priideninrent et tl'iine iria-
1ritt.csi éiencltie; car dans les pays où il ~)oiivait
CtaLIir scscollégcs (non lias çoiiveii.i), la réformation
eitt iii~terinc. (:et ordre ne se trompa que
siir LUI se111 poini. Penrlaiit qtie le moritle in1 :Ilectiiel
nvaircaii . il devait, pour ê~t-e con3éqiient
datis son coiilbat contre la raison, iiéressatrement
rester eu arr;&t-e, et par là se srirvivre peti
a peii. Aiilsi il tomba enfin clans l'opinion, (16-
coiivrit sesdéf.~uls tle toiitees sl)&ces, et tilt ainsi
obligé de se voir clans le 1tj. siècle, bien pliis
loin tle son bii t qiie dans le seizième. Il fiit aboli
d'abord eii Po~tugnl,eii Espyne, en Fiance,
ensiille en 17 5, il le fut toiit a-fait painle pape
Clémeil t xIV? Dans sa pliis g~-an,le ~~rasp&rité
il avait eu 1,400colléges et plus de 22,000 membres.
En Angleterre, le roi Henri VJII, 61s et stw-
cessetir de Henri VIT, :watt piibliC cl'iiborcl un
traité contre Li~tlier el i~~érité le titre de d$enseru-
de la Jr,i que lrri avait doiiiid le pape cléineut
VI1. Alais lorsqiie le pape ne vo~iliit pas
al)proaver soli divorce avec Cirtlieriue d'Ara
Henri roinliitÿvee Roine. et se fit clicfile ~'~$ise,
dont Ies biens ainsi qiie les caonnissa~ices tlisologiqties
qu'il p03d élt peiivciit hii avoir iiisyii-é
cc désir. La religion c;ri'il étnhlil etnit 11u nt&-
lange tle catlioliçistne et de protesrnntisnie;
Par ce cllisme le roi iie\.int Le chef s:tprGme
de \'~gliseanglicane. On perniit la \ecttiqe de
( 2x6)
la Bible, mais non de l'approfondir; aussi n'y
eu eut-il qu'un exemplaire par paroisse, et encore
était-il attaché par ilne chaîne. Les couvens
cessèrent d'exister ; mais il n'y eut pas dans
sa réforinatioli de plan décidé; il n'y eut qiie cet
arbitraire et ce caprice qui liii dictèrent ses procédés
durs envers ses femmes (il en eut successivement
six dont il fit mourir pliisieurs), envers
ses ministres, surtoi~t envers le célèbre. cardinal
Volsey, et qui le portèrent à faire monter sur
I'écliafaud le noble Thomas More, à cause de
son refus de prêter serment à la suprématie religieuse
dri roi. La réforme ne fui accomplie en
Angleterre que soiis le fils de ce tvran, Edoaard
VI ( 1547 1553);mais elle fiit abssitôt étouffée
par DZai-ie qui lui succe'tla. Qiiand la sœur ae
Marie, la célcbre Elisabetli, monta sur le trône
( 1558à iGoS),trois partis religieuxvinrent se présenter
à la fois ; d'abord celui de 1'Eglise de la
cour ou de llévSque, avec plus d'un reste du
papisme : l'autre,, celui des réfoi.inés sévéres ou
puritains, presbyteriens, qui devinrent siirtout
dominans en Ecosse pendant que la catliolicisme
existait encore dans les deux royaumes, sririout
en ~s'ande. Les presbytériens en Ecosse furent
aussi la cause du malheur deRlaric Stitart, cette
reiue si belle, niais si passionnée, qui bientôt
n'eut d'aiitre ressoiirce que de se jeter dans le5
bras d'E2isabetli. Celle-ci craignant d'une part
le catliolicisme, d'iine autre part la beauté de
celle qiii devait probablement Iiii siiccéder, tint
pendant plusieiirs années capive cette mall~eilrelise
princesse, qii'elle fit enfin en 1587. par de5
raisons c116tat, mourir sur l'écliafaud. Au reste,
1'Bngletcrx-e s'éleva soiis Elisabetli à ttn liaut
degré de puissance et de civilisation; cette princesse
posa les fondemens i~ la domination uniq
( 2x7
verselle sitr mer, qri'cxerïe aiiidutd'l~ui
ivAagleterre.
La inaison niallieiireiise des Stiliirt par le
fils de Marie, Jac lies Ier 1625,et pur le fils de
celui-ci, Cliarles ?el, 1649, s~icc&d<la à Eiisü1)etli.
La France aiissi fiit ensanglatilf!e, 5 carise de
la reforme par des giierres civiles qiii eiiretit lin
doiible [langer, enioiirc'a qo'ellc était dctpiliç
C,Irni.Ics-(>iiiiit et Pllilil>pe II, par la maison de
HabsLoiirg eii Alleiriagne et eii E5yagne. Pendaiit
plus dc 200 ans, la politiqrie const;:nte de
12 Frailcc etoit (le faire In grierre cette niaisoii.
La religion protesiarite et surloiil calviiiisine
fit eii Friinçc dc rapicles progrès sous
Ht-nri II, fils (le Fraucois 1.. ( 1347 à ijj91,
iiiiilgrd les etlits c ue ce soi l:i~ip contre leç
I r s . Suis I!railCois II, (]ni a
Henri II, les giierres ex térieiii-es n70cciipi:rent
])liis les grands. Al)rès la inallietirertsz b;it;tille
dt! Sitint-Qiientin, 1)ercllie ( tji7) pal1 Ics FI-au..
SIICC.~~~
pis, et Iï prise de C:tl;iis 1)" ceiix-ci, In paix
;iv;iitété conclrie en rajy eiitre la France, l'Angleterre
et In Savoie; alors ltts fiiçtions rel)ai 13-
rent cil Fn~nce: la religion en ftit le iiioiif ott le
prdtexte. Le yrinre de Cotiilé el le roi de Navarre
son fi'ere, (le: ID 1)i-at~rlie(le Bolirlion,
éiaietit cliefs clil parti protestant. Giiise, oncle
de Marie-Siiiart. dpoiise (lii roi. dii-igeait celrii
des cntlioli<lties. Un magistrat, ayant éI6 pen~lri
coinnie ~)rotest:iot, ses coreligioounires Ioririèrctit
a Arriboise iine coiijiiratit~n polir le venger.
Giiire la fit éel~oi~er : les çoniiirés périrent les
arincs à la main. Les slipl~lices des calvinistes
!'cdoiiblèiviit. Un i.e'soliit de convoquer les Etats
a Blois, innis les Etats ne pacifikrent pas le
'ouaiirne.
Cliarles IX,fils de Henri II et de Catlieriue
'9
( 218 )i
de Illr'diiis. ~iicc&(laà Fr;incoir 11. Salis son
goiivc.ruetririit la Fnince hi1 [le iioiir eaii boiilevt'rhée
1t.s j)tliszantes mnisonq ([es et
des Borir botls; les pi-einiers à in tete cles callinliq~tes,
le:, aii11.e~ à crlle (les ~)role~t;l)ls OLI 1111-
fiIlinuts tloiit i'i~iiiital de Coliplly elai[ l'$llle.
Qllai~eb:rtsil!cs ~~rinc~iljitles etirenl Iieti piilre
cailiolicjites 1.t les j,i.oiestan.s : ce le de Di-eiix,
~ a g d rt.11 156.2 par le duc (le Giiise; celle tle
Sui111Orni., pqnee par les protc siiiiis, sorts le
t o~~uér;~bls (le 1Cl0iitirii~roic~~ eu I j67; c.eIic tle
J,:rniic. gagner 11;ii* IIwri. iliic ci'Aiiioii. fi-4rt. (iii
;.O;, cri i ili$),cl ctxlle (le Moiitconiorir . g;tKiiée
5 iirois alces. püi- IV iiiêiiic Hvni-i. scir. I';tiiiii~i1tle
Colifi'a~. :'.plte gwri.2 fi11 lcrniiiiét~ p;ir III j):iis
s:li)lt-Gtb~III:I~II elt-lAa>e, signe't: t 111570. (lnilieriiir
clc. Rléslicis, feiriin- ast ii(.ic rlsc, gorivei.uüiii
jteiltiiinl la iiiiiioi itt? d~ Cli;trles . lie
~OIIF,~I~~
SV ddbnrr~s~er cles prof tl~tiiiis Ilar la
iO!x*eries armes, rwoliil de les tiiii e iiiiis itcg.er
torts ri1 tii$in , te~iilt:,dans tutite 1.1 Fi.ance.
1'. nt!:il,l la iiriit di1 2; :ioÎit 157'2. vtniilette la
S;iii,i Bar-iliCl~ani!, on totiilia siir les .;~,r.oieb!ituç.
tloiii II s (-11 t~oiiva1411 gi-iil~d nnrnl)rr~ ic I;i ioilr,
à I'trct iistoli tltt ir);rri;i$e rlir roi IJ 11i.i de Niivririe,
i,irg~iluot. iivet Rl;i*.giit~i ite sœiii. dc (:liiii Je<. et
eiivir~i>(;o,ooo(1't.iili.e CI~Y ftii.eiil 1iia.s-at 1.6-
lJ;ir'ib et tjii~i>t011tv la i:i ;II), e. 1,':injit al (le COlisri,
j&it ciüii. ( rile iiiiil :tff~-eiisct. où I'oii tua
Ir3 I H - O L ~ ~ s;rit- ~ ~ (li I I tiiic*t~otr
~ (le riitlg, d'age, 11;
c:e sexe. Lrs jri.ot<*,*liin~ iie rcspir;ir)t ~~liis iiui* ln
vcnqerrnce sr lort,fibi.~~I 3 Rloiitatih (II etsiirtnr~t
à 1,ii Ilollielle. tlotil le -16~rc.oUtü (tan.; In suile
1je;iiic o. p t te srcii r à lit Fi.acic.a. Clriii-!es IX,t111'on
cli t ar oir abirl lit IIJI IJI~JII~ qiielqiii~> Ii\,gi~eiiolsr
pIa(.i: à ilri Liilt oti dtt palai, et arnid d'ti~ieorq~iebuse,C1r;ii.l
s J&, yc sirrvéctit qiie detix siis
( 219 1
i la Sain t-Barilit:lriiti : il inoiir~it i.onpt! tle reinorils
et île re1)eiitii.. II e.st rciiinl.cliiable c1r.e
nos lois Ics !)liis s;rges el nos ordoiinaiices !us
pliis snliii:iires ~)at.iiretii soiis !e r<'bgiie ~;iiigiiinaire
tle Cliaries [;Y, p:ir 11-s soiiis dc I'iiiinioi.?~l
cli.incelirr iVi(.liel de lllinsl)iial, et ce f.11 Ciltlierine
de RIGtiicis qiii fit coitsti-uire eii i564,
le palais cles T~tillcries. Hilnri III siit~t~étla 3 809
frt'v-e Charles 1s. Soiis soli rhgiie s'olxpitiqa I:t
ligitc, tloiit le biiL ajbpnreiit Ginil le iii:iiiiiil-ii (le
la religion catlic~liqiie ,iiiais rliii rbii i.C:ililr' off!-nit
à Hvnri, tliic (le Giiise, c.lieF tle la I I ~ ~ I P les ,
moyens de s'ein1i:irer de la conroiint-. Heiiri,
pottr se sotitenii., Ic fit assassiuer Biois, ainsi
c'lie le carrlitial de Ilorraiiie, flqEi-c (III tlric de
biiise, en I i83. C.i>iiiiiie c~:te nt-Lion Ilii fit lierdre
Ic trfiiie tlont il fiit cLi.spo~e' eii ~;ivt*iir ti'iiu
troi-iiaine Giiisr; le tliic (le hlaveniic. Heri1.i se
jeta tl:ins les bras (les 1iiigr:enots ( 1.j8g). &lais il
fil t assa3sine' peii tfe t~i~ips r?prGs, $ Sili ttt-CIn[~tl,
par Jarrliies Clthlent. moine tloiriiuit~iio. Henri
III, étaiit inort sans enf:iiis, IIriiri IV. di1 le
Graittl, Iiii siiccétla ail trhiie. II étnit issii de
Robert, comte (le Clet-niout ,cinriiiii~iiie fils de
S.iint-~oiiis. Avec Henri IV les B ~iirbons parvinrent
311 ti ôiie de France. Hriireiix (laris la
Siierre. les ligii~iii-s Iiii opposi:rrnt ot!:inii~oiiis
son oncle, le cnt.flin.11 tle Doiirbnii, qiii él;tit >on
Pr~sonuiet-. Ils I'avaiet!t ~irocl:iirié et I*:il)i~elaient
C11:crlesX. Henri IVayant serrr'tle;~rPs P;rris, les
])aricieus Irii cil oitvrirerit les portes, al)r-i.s qii'il
se fût converti ail catliolicisme. Henri IV nrérita
le trône par sa bonte. sa inngn:ciiiniité et sa bravolire.
Ii eiiL dan+ le diic (le Sitllv ian ininhtre
d'voiié et iiu aini siiic&re.à qiii In Frant-e doit
Pint pour la prosperité intérieure (le I'Etat.
HesriIV fit avec bopl>eur 14 8~ierreà PliilippqJI~
( 220 >
roi d'Espagne. La pais, concllie L Varvins,
le 2 mai 1598, tei-mine ii la fois, et les giiei res de
la ligiie et celle cj~ie.le roi faisait à l'Espagne.
L'ii1iport;tnl &(lit de Nantes 1598, assura aux
Iiugiienots le libre excrcice de leiir religjoti et
la facolté (le parvenir à loris les euil)lois publics.
Il étenc1,t sa proier-tion même aiix protestans
cic l'Allemagne. Henri avait foriiié le
plan de faire (le I'Eiiropc iine vaste r&piibliqiie,
coml)osée cle 15 E~ats réiiiiis. Ce plan d'iine
exe'cittiou paii prob:ible est le reve d'uii Iioinme
de bicii, comine celiii cl'iine pais 1)eryétiielle.
Biais le poigriartl d'iin vil assasqin. Ravaillacy
vint trnncl~er I'eslsiei~ce dii bon Hen1.i ( I 4 mai
1610). 1,oriis XIII. son fils. Iiii siiccécl;~ à 191;ge
cie gans. soirs la régrnce de sa nière. RIai.ie de
Mt.'tlicis. Soiis ce r&gne, 1610 i 16&ï, le cürdinal
de Ri(+ lieu, iniriistre (le Loiiis XJII, tenait
les rênes dtt goitveriiement. Qiioiqiie pers&
ciiteiir cles ~itigiienots. ce iriini5ti.e i.eila poiirtant
fidèle à la ~\olitiqiie de Ht~nri IV contre
1'Aiiti-iclie et 1'Esl)agne. Se ccalisatit avec les
Hollaiid:iis, les princes luiliéi.ietis t1'A'II:inagne
et le f:tineiix Giistuve-Atlolplie, roi (le Suède,
Kiclieiieii parvint à abattre la pi~issanc-e de la
maison d'Atitriclie, et fit perdrt: le Porliigal 2
l'Espagne, et dails la giierre cle trente ans, tout
en agissant par-ambition. il ftit d'lin grand secoiirs
aiin protestans (le I'Alleinagnc. L'~iitricl1e
perdit clans cette giierre l'Alsace, (leveniie pas:
session de la France, excepte Strasloiirg, ainsi
qiie le Siinds~ii. B~.icncii, et les trois éviklids,
Metz, Tc111 et Verdiin, comme noiis le verrons
plus loin, en entrant daiis quelqiies details SLI~
la grierre de tretite aiis.
Noiis avotis vu plirs Iiaiit les Ilngrienots se
f~rtifierà Nostaubas et à La Rocl!el\e, C'cite
.( 221 )
derniéi*e ville etait le centre de tontes leurs
forces, et c'est là qiie Riclielieu vouliit les forcer.
A la tCte d'iine armée iiombreiiseil vint attocliter
les Rocl~ellois qiii liii resistt:reiit on einois; inais
ils fiirent enfin forc6s de se rendre. Riçlielieu
port:i les (lerniers coiips à I'arisiocratic féodale ;
devrint cet lioinrrie toiit-piiisstnt, toii~ flccliiasait
le genou; mais con~bicn d'lioinmes distingiids
pavèrent de leiir sang la Ilaine qii'ils liii
pnrtaient 2 rniise de son effrav:int despotisme!
Cinq-blars et de Tliori . d4Ca1>iiés en 164%;
Moiiiiiiore~ic~, Blarillac, Clialai~ et tant d'autres,
attestent la tyratiriitl (le ce niiiiisire !
En Siikde, la réforme c-onso\itlii la nouvelle
d~iiiistie des TTasasiir le trône. Le cruelCIliristia~r
If, de L);inem;irc.kv~iilait p:ir 1;) vio1ent.e inaiiitenir
en force l'iinion oppressive de Colmar. A
ceteffet il fit en 1570, loiit-à-COIIP mettre 5 mort
nri gr'ind noi11Li.e cles pi-incip:iiir Siié(1ois ( irias-
Sarre tle Stoc~hlioltri): iiiais Ic iioble jeiine
Giistiire-Vasa ~~iwviiit à s'éc~liapper: il troiivn
bieriiôt des ~>wti ans dans les valrées libres de
ualécarelie et (le Blora , el. dél;irrassn Stock-
Iiolrii (le ri: tvr:in, qiii fiit cltbstittié bientôt
.?pi 6s en Düneinarck, ei eii 1322 (fiistave-Vasa
nioiitn siir le t~.i)iie tle Suètle. TI iiiirodriisit
In réforme (le I,iitliei., brisa par 1i l'iiifliiclice dri
linut clergé. clont le roi pa1ivi.c. sc partagea les
L;eiis avec la iioLlecse, iii:iis il liii laisa son
siégt: daiis le coiiseil de l'empire. II fil aiissi
entrer dans les Etats di1 roJaiiriieln classe boiirgeoisc,
et iri6ine les paysans; ce fiit le ;)reinier
e~c*inplede ce geuie. (le irianière qiie totite la
lintioii lit t représcntéc (lalis ses divers Ctats. Le
c~tliolicisme cIierc.lia bien soris les siicccsseurs
de ce 111 iiice à ~ntrtbi' de noiivcBnu iliiiis ce
pays, mois il fiit sérieusemelit repotissé, et dans le
( 222
siècle suivant il f~tt même combattti en Allemagne
par Gustave-Adolplie, petit-fils de Vasa,
lorsqiie le protestauîisiiie püriit 7 siicconiber.
Dans les Pays-Bas aussi. la réforme opéra iiiie
révolrition remnrciiial>lc. Ces pays riclies par le
coininerce et I'iuil~istrie, qiii venaient en partie
d',être clispiités à la mer, entre la Dleuse et 1 Escatit,
et entre le Rliiii jiisiiii'à l'Eins, avaient été
donnés ail roi Pliilippe TI d'Espagne par son
père diarles.Qtiiiit. Pliilippe Iiaïssait 1;i réforme
p~.e'esqt~epar initinct, j)art*e qu'ou avait iospii.6
de boiine lieure à ce soiiibre et egoïste tyrau, qcii,
(lu fond de son $abin(-t, vaulait goiiverner ses
imincnses Eiats, on lui avait inspirc' l'opinion
qiic, /Idr&iqt~eset rebellesetaieni synonyines, et
Yale fiap devoir de prince ,et(le clirétien exigeait
,a ne sorifft-ir dans toits ses Etats c ii'iine se~ile relipiou
et une seille volont6 et de rétablir cette
iinilé qriancl elle n*exi.stait pliis. Aiissi avait-on
depiiis loiig-temps rédiiit a II silence les Etats
( Gort& ) (It? l9Esl>agl~e. et l'op devait enlever aux
Pays- Ras à In fois leiir noiivelle cro!arice avec
les anciens droits et les antiqiies liberte's cles
pl-ovinces. Mais lorsqiie poiir 1'opl)rersion tle la
liberté religieiise et politiqtte Pliilippe envoya à
Bruxelles le diic (l'Albe, et qiie celui-ci fit mourir
sur l'échafaud en 6 ans (cleyuis i566), outre
18,000 persoiines, les cheik dii pays, lin Egmont,
iin Horne; lorsq,i'oti imposa à cc pays (le
noiivelles contrilutioiis, de nouveaiir évêcjues,
qu'on y introtliiisit meme l'inquisition : la iiation
n'eut plus d'espoir que dans qiielques vaisseaiix,
tlaus Ieiir magiian:me clief. Giiillaiiiiie d'O;.an?e,
et dans le secoiirs de I'bngletere, qiic la reine
Eiisîbvtli n'accorda qii'avec parcirnonic et cl'iilie
mauiére intéressée. Enfin il fut conclu à Gand
une pacification pour l'expiilsian des Esl)guols,
.( 2a3 )
d'abord par cinq .provinces bataves (de l'Est)
et 6 y~.ov~iiçes belges ( (le l'Oiiest ), mais les
dernières Ia pliil~art catliolicliies. Coiiiiiie .les
Belges se récolicilii.rent bientôt arec les Espagiiols,
les .provinces N.-E. ou bataves s-. réunirent
entre elles à -Ut1 eïl~t, ,eu i.i?g, et le 26
jiiillet 1331, les Etats de la Hollande , de
Zélanrle, tl'Utrei.lit, dc Friedl:ind. du Bi-abdnt,
de Giieldre, de Flandre, d'Oberyssel , de Rleclieln
et de Ziitp;ien , se déclarèrent, sous
Giiillaiikc d'orange I'excornniutiié, qiii se taisait
, indépentlans de l'Espagne. Giiillaiinie
toiiiba à In véritt! v,içtiine d'ttn assassin, m-ais son
fils Mani-iqe le reinplaca. Pliilippe dirigea inaintenniit
contre les P;ivs-Bas .et l'Angleterre sa
grande flol te invincib'ê jiisqii'aloi.s. mais qui fut
presque entièrement brisée par lesteinyê~es et la
vigoiireuse re'sistance (le I'Angletei-re ( 1588).
L'Espagne 3 la vérité continiia la guerre, mais
saas rés~ilht ; et les Holl;~ndais tii-èreut inêrrie
partie des avantages de Pliiliype, (le la conqu6te
di1 rovaiime dit Portitgal qiii lui avait réiissi en
1581.'Car arec la force navale c iie la nécessite
letir avait eréde, ils prirent niir dsl,agnoh les colonies
du Yortngal, en fondèrent (le noiivelles
polir eiix, siirtoi,t Batavia. dans l'île de Java :ils
eurent en leurpoiivoir les &Ioliirliies. l'île de Ceylan
et toiit le corriinerce des épiceries. Ils se fortifièi,eat
en raison (le I'tiff aiblissement (les Espagnols
;il y eut bientôt iine trève, 1609, et après
ilne noiivelle giierre,où scpréscntt;rent d'iinc part
Spinola, et (le l'niitre Frétléric-Henri d'Oi-ange,
la p:~ir fiit <.onc.Iiie eii 1648, rn niFrrie temps
qlle la rec.onocti~snnce de leiir indépendance.
En Espagne, Pl~ilippe avait forcé \es Rloi.iskos,
des~.eodans cles Jfnrircs, à crnbrnsser le cliristianisrne
( son successeur, Pliilippe JI, les ciiassa
( 224 )
toiit-à-fait), avait bâti l'immense coiivent de l'Es4
curial qiii coûta cinq niillioiiç de diicats, i~xiisil
avait nl.issi fait condanitier h tnort, ;ir un tribiinal
de cliev:iliei.s, son fils don ~aryos, prince
qtii, dks sa pliis tendre jethnesse, avait trotive'
plaisir à 4traiigler des aniiriaiix icnocens, 3 en
conte~nl~ler les convtilsions de la mort, et avait
nierne voulii assassiner son père. Eiifin le maître
des pays où le soleil ne se corrc/lc? pas eiit
I'liiirtiiliation de se voir obéré de dettes qiii se
morttaient à 15omillions de diicats, m;ilgi-6 tons
les trésors di1 Péroii et du filexiqiie. et d'sire
obligé de faire faire en son norn, ]jar des erclisidsti711es,
iine collecte de niaison en inaison.
SO~ISC'harles et Xirnenenz, I'Eslmgne était trèsfloris$ante,ail
point de faire nailre le pi overl~e :
Dieu do~rrtedu pailr à Inarrger etr Espngtre 2
celui qrr'il artjte. Qiie celiii criri tleiiian~tece
qu'est devenii cet etat rosj16r-e acciise ce Philil)l>e.
rlrii enfin, en ijy!, bcviiicoilp trop tarJ,
nirn(liaiit d;ins son Esctiri;~l dorc'. voulirt par la
so~it;ine dii iiioinc, se gli~ser fiirtivement da~s
lc ciel. A Iiii siiccLdérent Pliilil~pe III, Pliilippe
IV, Charles II, importiiur: seiilerrient par leurs
ministres, et le dernier par sa mort, 1700.
La rélorine rie pénélm pas ~diis en Etitlie, en
Riissie et cil Tiirqiiie qri'elle n'avilit l)éii6tré en
Es,bagne et en Pow.tiigqI. taritlis qri'en Hotigi.ic
elle t:.oiivti ail moilis qi~elqiies p;irtisans isoléset
qiie la Priisse enti61.e I'dtlopia. En Italie, Rooie
eeritit le pliis viveirient les sriites de la réforine
par la diin!ntition des rentreesen argent clil reste
de l'Erirol~e. Gi-&goire XIII- ue piit iiiêinr. el1
I 582. faire iiciopter par les prolesttiiis, son calendrier
rectifié ; iiiisi;i cella-ci rz,t&rent-ils encore
lori<.-teinpc. coninie aiijorii.d'hiii les Kiisses, de
?
IO a 12 jo~~rs cn arrière des catlioliques et de 19
( 295
véritable siipputation di1 temps: ~cpendantles
papes réussireni à agrandir letirs Etats par l'adjonc*tioii
de Roiogne, d'Ancône, (le !laverine et
de Ferrare. Nai>les et la Sicile laug~iissaient sous
le joiig de vice-rois d'Esp:igne, joug qiii yroduisit
bearicoup de révoltes, eritr'aiitres celle du
l.&Iieiir ~liomas~niello (1647))qui fut très-con-
sitlérable, qiioique RIasaniel Io fiit eirfin battii
par ses prolwes partisans. Rlilan avait passé des
mains des Viscoiiti tlaiis celles des Sforze, mais
letir avait été i.el".is par Louis Piloron, qiii olliinia
unc giierre retloiiiable au sujet de Naples et de
Rlilan, entre 1'Allemagiie, la France, I'Espa~ne
Venise, et qiii finit eiifin par perdre Rlilan
aiii-I qtie sa libertt.'. Pliis tard, Cllarles-Qiiiiit
le c'oiiiia à son fils Pliilippe.
Veriise, après la perte di1 commerce principal
qii'elle faisait entre 1'Eurol)e et llIude,
et par le d;ingereux voisiu:ige des Turcs, retoiriba
de plils cn pliis dans rine aristocratie
ol)pressire, peritlntit qiie Gêiies troitvait daus
son (loge Antlré Doria, non-seiilenient le dus
grand atiiiral (le ce tcmps, iiiais aussi iin sage
1éSislateiir ; cependant la ronstitiition aristoeratic
lu^ de GCnes serait bientôt (leveuiie la rictiine
d'une contre-révolci~ion de Fieaco. rointe de Lüvagila,
(1547)si celiii-ci n'avait péri dans la mer
lorscli1e la conspiration roiiti-e Doria avait déjà
prescrite reiissi. La Toscane était parmi les Etats
de I'rtalie le plus florissant; E!at I;bt-e à la tete
diiqiid se troiivait la rit lie famiile de négocians,
fi's de celiii-ci, Fi-andevenu
plus célèbre
par ses relations avec la belle ~mpoisonnetrse
Bianca Cnpello, cliie par de graiides actions.
Celle inaison i.é;nn jiisqii'cn 17.37. Ide(Iii('11é(le
Siivoie arissi, ainsi qiie 1e Piéiliont, s'élel:i bcaucoiip
diirant cette période.
Eri Rii~sie, le griiiicl-tlric Vasilei prit, (le 1505
à 1574, le titre tlc czar ,le tolite les Iliissics. Son
fils Ivan f1, (1734 à 1384) le-Teri.ille, fut Iieurerix
et montra tle 1a priitlc~nce dans ses giierres
contre la Pologne, où en 1.572, la race des Jngel-
Ions étant éteinte, l'essai d'exercer le droit cl'&
lection pni. la noii~inationcl- 13erii.i 1S tl'Aiiioii
toiirnn inül, pitiscliie celiii ci prit la firile: contre
la I~iiliiiaiiie qui flit ensiiite toiit-h-Eiit re'linie
à la Pologne ;cctitrc la Siièilc qiii s'ét~iidaitoiijoiirs
pliis loin (III côté tle la mcr Balticliie; eiifin
coritrc les hlo~ols et les l'art;ii.es. Mhis il (:lierclia
ails4 i tirer sot1 Elnt de la riidesse asi:iiiqiie
à Iaqucile il se livra Iiii-niêmc soiiveut en nicttant
la in.iin à (les e~éciiiions à inort, on loi-scliie,
igiiorani le droit tles arrii>assatleiirs, il en ptinit
iiri c~iti n'avait pas ôté clcvant Iiii son clinpeait ;
il le Irii fit cloiier sur la tête: toiijoiii-s acctreillait-il
cles artisans alleii,arids, et fit-il faire
de nieilleiirs oiivrages cle loi imiir son pays. J~ri
Sybérie conqiiise par Jer~iiak Tiinofrljew snr iine
liostle de rosacliies, cliycrse'e en i.ci78, et (Ionnée
aii czar, le pfris gi-and prdserit qii'ait jamais filit
iin bripnrl ; les conqiiêtes faites dans ce!te piovincr,
avaicnt déjà pnrt'son Empire à iine étendiie
de i4o.000 milles carrés. La maisoii ~iirik
s'c'teignit avec 17cotlor (1 598); ensuite vinrent
les teinpsorageiir de Boris Gl~otliii~ow et (les
faiis D&iiic'triiis aiixqiiels init iiisensibleiiient fin
la maison Rom:inow, ;ippel&e au trône par 1'4-
lection cles grands en 1513.
Les Turcs eurent leur grand siiltanSqlimae II
t 927 )
'1520!1 I 566).qui reprit la Syrie. renversa Intfornination
(les Alaiiieliicksen Egvpte, prit HIiotles aiir
Ilnlirns, concliiit Btilgratle, L;,tiit près de Alohacz
Loriis II. roi de Hongrie et de BoliCnie, aasiégea
Vieiine en 1529, niais rie pst rieii, malgré viitgt
ri?sai,ts (ontre le brave Nicolas <le Saixn.11 ne pal1-
vitit pas nou pliis j. prt~ridre l'île de Rlnlte qiie 46-
ft+iitl;tila briivoiire des clievaliei-s (le Saiiit- Jearr
oit rle Alalte qtii. (le Rliodes s'y ét.iieul trans~)ortés,
d~ltitis1529, et ce viriiu liou uioiii.~it devaut
Sigrtli. pi1 Hongrie, oit Nit.ol:is, coiiite (le Zriny
PP sacl-ifiii 11éi oïqireiiierit ]>oiir son cmpereiir.
Drl~tis lors la Tiircliiie ii'oifre 1)liis qiie des gouvevnriiieus
faibles sortis tlii Sontl (111 sérail, la
niilice iiitli.(*il)liiiée et 1,ei'iri::tienie (les janissaires.
ln pei.fidie (les lia( Iiüs tl A3ie tlt cl'Afriq1ie ct
iliie tlec;ideiic-e visible (le 1'Etrit. Les deiix Etats
il(* pi*.att.s foiidr's eii ASriqiie par Jeiix fils de
Potiers, 1,ovak et 1luyr;itliti R;ti.barossn, se ti-oiivaieiit
en cliielrliie sorte en vasse1;lge d;ins leiiis
rap~)oi ty arec la ~ ote.
i Yoiir la ti.oisièiiif fois
I'lii\toire rt+pi.és~~iie 1111 grand royaiime (le Pei re;
cal- al11 ibs qiie le ])rentier prit SII(~I*OIII~L!SOUS
Alexantlre. Ic <letiaii~inr: soiis RIülioiiiet, I~tiiiiel
h i . tlrfisrriirliiiit d'Ali. geiitli-e (le BI:tliuiiiet,
fontla eii 150 1 lin nouveaii rotaiinle tlc Perse qiii
lti.oti\ait (i,iiis I'tSkrit le l)li;s pro31,Gre soiis le
frstlrii itle Abbas (158 5 1629). el qiii eiit Ispa-
Iiiin I'oitr rC idi III E. T>restluP PPULI~II~ le iiiênie
t'iri))s qiie le uoiiveaii 1-o\aiiiiie (le Perse, le
ro)iiiime tlti Gi.eiid. Rlogol itit Sont14 tlniis l'Inde
Par B;rl,irr, drsc.enrl;in t (le Tiniiii-. 1,'eiiipire (le
0()111iI II~\*iiiiicitpar Iiii, el son petit-fils Akb-ir
Y hjoiiin Delran : mais l'élaf iloi.i~satit(le ce
l'o\iiiimr8 ii'eitt lieii qiie soiis Aiireiiz Zeb 011
Alllitiirllir ( 8 6i8 à 1707).
Pt yd ,t~tces évéuen~ens,l'état dcs çIioses avait
pris cn Allemagne 1111aspect si singiilier. le niécoi1
tentemen t récil)roq!ie entrt: les catlioliqiies
et 12s prolcst:riis avait tellement augnlenié. qii'il
ne fallait l)liis gti'iine éliucelle sur ~ rttematière
combiiatible polir alltitner iin grand inceritlie.
Fri.dinoiic1 Irr, fi*èi.e de I'eiriyereiir ~liarles (1558
à 1564), él;iil à la ve'rilé assez tolérant envers
lessiijeis Iiéi-étlitnires proiestans de son royaiiine,
ct deirignda ii18me :III pape pour les -411 triclijen~
le calice clans 1'Eiicliari;iie; oii alla iriêrrie lits-
( ri'à croire Masiuiilieu II, sou fils (1564 à r '3 6)'
<liiPoïL: à pisset. ail protetantisine : inoiî ir en
fiit Loiit rii~treirieiit so~is son fils Rodoll)lie II
(15 6 h 16~2).elève (les jésiiites, astrologiie ct
;ilr~iiiiiste;?on propre fri:re I\liitliieii, ;iiilf de
ses siijeis protestans gîigiiés par dei lib&ralitt!~,
Iiii ôta eiifin ln yliip~rtlc ses provint.es. Dails
cette sitii:,tiori désespérée tlont les jésuites ne
gireiit lt tirer, les Etats iiirnijiii~tiqiies (le-13
oliCine liii ari.acllèrent, par une lettre appelie
fetfreJe majrste', l'exercice de Iri religioi~ et le
droit de ]).;tir de uoiivelles églises et (le noiivelles
écoles. En inêmc temps il y eiit en Alleiriagne
dciix gi.iintIcs fe'tldiïiiions aririees rlni se trolld
vèi-ent en préserice; I'rine, 1'CJiiiori pi.otcstünleq
soiis I'é'lecteiir Fr&tle'ric IV. (III Pal 1tiii:it (rtio8);
l'aiitre, 1:i Lislie cntl\olitlrie ( Gog), soirsiin 1)i.inc.e
égaletnent tle Vittelsb:irli, le tliic Rliixii~iilieii (le
Bavière. Rlais iine 6pc'e rt-te~init enisore I'aiitre
dans le foiirreaii, et llo~lolplie iiioiirii t en 16120
RI;iis loi.scliie RJîttliieii eiit été e'lri (itir 2 à 1619)
ernperelir 5 E'ranrfor!, et qiie, se iroiivaiit sali"
eufa:is, il eiit m;inife.stt! I'intentioii (le III-OCII~~~
la siiccessiou ail ti-&-in tolérüii t tliic k'ertlin:ibd'
de Steiernai-k, il y eut iine grande ferinent:ition
parini les protestans.
Dans cette sitiiatio~, dans cette dispositio*
( 2% )
d'esprit des detix partis, il arriva en Bolième lia
emp6cllei:ienl h la coristruction d'iin temple protestant
et la fermetiire d'iin autre.Les Utraqiiistes
portèrent cles p1;iinles en invoqtiant la lettre
de niajes~t!, mais ils obtinrent une rdponse trèsdéfavorable;
ils s'assemblèrent dotic en armes
aiitour dii comteTliiirn qu'ils yrirentl~oiir cfief,
pénétrèrent 5 Pragtie dans l'liôtel (1ii goiivernerir
et précipith-eiit, par iine feneire dii )reiiiier
Étaje, les conseillers royaiir. hlartiiiir et balvata,
avec itn secrétaire. Ces lioiriines eiirent l'éionilant
bonlinur de ne pas être blessé, et (l'écliapyvr
(23 mai 1618). Qiii aurait pensé qiie cette
exéciition vraiment boli6mieune serait le prélride
de trente effro\alles aunécs (le giierre? Les Bo-
Iiéiniens cliassErent aiissitôt les jésiiites, se IigiiSrrnt
avec les l~rotestaiis (les aiilrt~s Etiits de Rlatliieu,
obtinrent, soiis le com!e Ernest (le Rlansfeld,
secoiirs de l'iinion, et élnrent eiifiii poiir
rüi, après In niort de RJatbieii, le Iioiivenii c.11ef
de l'union,. l'électeur Frérléric V dii Palaiiiiat.
De son côié, Ferdiriand tlo Steierniark réiissit à
se fairr élire empereur, à Frnncfort, et se li;;iia
avec son aini de jeiiuesse, Rlaxiinilien de Baviére,
conime clief de la ligiie, et avec d'aiitres priiices
all,smauds, ni211ie protestnos. hlauiniilien üttii(liia
alors les Boliémiens et les battit d'iine manière
dc'cisive le 8 noveiribre 1620. devant les 1)oi.t~~ de
Prtigiie, prPs la Bloiit:ip~~e-Rl;inrlie; le roi Frédéric
se rdfiigia .en NulInnde. Alors Ferdinand
fit son entrée à Prague, déc.11ira la lettre de majtrstd,
ramena les j&siiites, cliassa les prc'dicaieiirs
protestans et fit éclater sa vengeance (i;ins des
exécritions, datis des banisseineiis, dans (les confisc.ations
(le bieiis, etc. L'iinion se tlibpersa (l'ellenieme
; Maximilieii occtipa eiisiiite militairenient
Le fiptt-Pülatisat; I'espc?~a~l Spinola eu fit
29
( 250 )
cititant di1 Ras-Palatinat, et Per(tinan(1 donna enst1itt-j
à- son üini, Maxiiriilicn (leBavière, les pays
de Frdcidric, mis nu ban de I'Einpire, contre toi13
droit et tortte justice, et il y joiguit la dignité
d'électet~r;niais il clorina les cle~iz Laiisitr h l'élecletir
Jcan .Georgei de Saxe, pour reconwiilre
lesi services clii'il Itii avait rendris.
La.çrierre atirail aiiisi été terininée si l'exrtme
de Fi.6déi.i~et de la Boliênie u'crrait doilnt3
laime me à une foiile cle princes et 5 toiis les pro.
te-tans. C'est poiircluoi le roi Cliristian IV, de
Cüiieinarck, crrit, en sa qtialitd de cl~ef(te cercle
de 1:1 Büssr Saxe, devoir prendre parti pour les
]>roiesinris. Mais à peine s'était-il inontrc' en
canil*agiie, qu'il se vit tellement battit près du
WariOvrc 1)rirle géoc'r.al de 1:t ligiic, Tilly, ct 1,ri.s
de 1,ritliei. :il1 Bareiiberg f i6ab) ar le Géiiéiril
iinpCrinl, iTalleosteiii, qiic tour & cercle de Id
Bitse-Saxe. cle iriêine qite Ic coiitincnt du Daneniarck,
ioiiiba aii poiivoir (les iml:ériaiix, qiie les
diics'(lk Mtbklenbotirg cdcnt le 1):iys fiil dotiaé à
Valerislrin) fiirent niis :ILI ban, et qtie Cliriskiitn
se vit forcé ù'abancionncr, clans la paix (le Lii-
belr (iG)c)), Irt carise des protedans. Mais voilà
qiie ~ei-ditilincl II, eiiivrt! pitr In victoire et escite
))ni. les jr'stiitcs, sc prti'aente avec le cé1;bi.e
dilit de-restiltition (iG*)g), el1 vert11 <Iiiqiiel toits
les biens eeclc'siastiqiies confisqiiés (lepiiis le
trait6 (le Passati (2 arcliev6cliés, ia év6cliés et
iine fotile cl'aiiti~es iiistiliitioiis, des nbS;iyes et
cl& coiiveiic) devaient Gtre rentltis en mains eccl&~iastiqttes;
les rdlormés devaieiit $ire exclils
cfe In pair (le religion et les stijets pi.o~ehtans!de
princes cnilioliqiies devaient êti e rnirienC.~ a11
critliolicisiire. Cet édit diir, et III ~iiotiiei.e impi:
io~hleavec 1:iyiielle on coinmenfa le mettre a
mécution, rcinrreql de pguvei\ii les armes aux
( a31 )
mains cies yrolcstrins. l'îlais il est fort probable
que Ferdiitancl ne s'attendait pas à rine vive ré&
ristarice, car il accorda la destittiti~n deValcnslein
dont l'armée et son propre orgiieil pesaient lolirderrien
t siir lesairiis comnie sur les ennctriis. airisi
qiie ln clis;olirtion en grande parlie de!'ai.inée de
ce ge'néral. R1:iis si en effet il s'agissait de I'rxisleacc
dit yrotcstniitiinie, iin priiice dont le trône
reposait sur le pi-otestantisme et en dépendait;
cio lbriiice jerme, m:ik eq~ériinen 16 daiis In gtierre,
Giistave-Aclolplie, de Siiède, enfin, iie pouvait
pas Ic laisser s'éteiurli.~. Nous avons d4lR vri
qu'en France Ricl~clieri l'avait aussi exliorlé à çe
combat; ailsri Gustave (ICblrqria le 24 juin 16 ,O
sur les côtes de la Poméranie avez iine aririee
pet1 nonibreiise, miiis él,roiiv6e, réiiistalln les
diics de hlekletiboiirg, forsa les princes de la Poménnrie
et tlii Brandenbottrg à entrer dans tine
ligiie, et clinssa les iinpc'ria:ix devant soi en 1011s
les endroits. Le c1)ancclant prince Jean-George
Je Saxe, ineiiacé également (te ~ ~rès par les Siiédois
ct les iinperiniix, fut enfin oblige' de se <léclnrer
pour les premiers. Alors le roi de neige,
c'est aiiisi qii'on appelail Giistave-Acloli)lie, donnci
à penser à la cotir de Vienne, car jiisqii'h
1"esent Fcrdinûnd II s'était conlei'té ile dire :
vt)ilci encnr.e rrtl petit ennemi rlutlt trous nuojzs
grat@C:s. L'liési~ation impolitiqiie de la Saxe
cn~isa à la vérité la perte dc Magdeboiii-8, car,
prise i'assaiit par Tilly, le 19 mai 1651,et le
feli 1 "vaut été iriis. probübleriient par Pappenheim
seul, cette ville ftit livrée nt1 pillape ]>endant
pliisieiirs joiirs. et les liabitans prntestnns,
à cles ninr: vres liorrihleç. BIais le clliliment attei-
Vit lieui6t les incendiaires; car s'ils acciipérent
eiiïore L~ipsig,,ib fiii-ent coml)lttcmrnt
battiis sous Tilly, pres de celte villii, à BI-eiieale
7 septembre 1631,
( 239
Cet dvénement changea tout d'iin corip la situation
(les affctir-es ; car il n'y eiit pas d'armée
nouvelle assez grande polir empdciler le maître
di1 nord nlleinnnd de pdnétrer Jans le sud cjui
se troiivait à dc'coiivert. Jeaii-George pe'uétra en
effet en Boli6me, Giisiave-Adolplie se dirigea
lui-même vers le Rh, et de là, se retournant,
il entra en Ravière, aprEs que Tilly eut, par le
sacr.ific.c de sa vie, vainement teilté de liii ciispiiter
le passage (lu L~cli, Depiiis Breitenfeld, la
fortune avait quitté Tilly, ce vaiqiierir dans 36
combats, qui ne s'est jamais approclié d'me
f(.mrne, qiii n'a jamais été ivre! Augsboiirg,
Lanclsliiit, Municli elle-mênie, toutes ces villes
virent le vainqueiir suédois dans lerirs miii.s,
indis ~arloii t il agit avec graiideur et liiimaiiité.
Daiis ce danger pressant polir ses propres pays,
Ferdinaud s'était déjà rappel4 Valenstein qu'il
avait renvoyé :celui-ci faisatit le prince clans ses
biens y dei-rieiirait p-tisiblemrnt. Mais ce ne îut
qu'à des conditions onéreiises qti'il consenlit à
former ilne noitvelle arinc'e et h la condiiire contre
les Suéclois. II eiit I~ientôl iine arniée de
50,000 liommes, ariiiée dont il &ait le soiivarain
et q~i'il powait appeler sienne. Mais plein de
liaine contre Maxiniilieu, il ne se dirigea qu'avec
lenteur conlre les Siiétlois qiii étaient en
Bavière, se retranclio vis-à-vis (111 roi, près de
Fiirth et tle 1Viirrriberg, et soutint avec bonlieur
iin assaiit de l'enneini. Il se porta ensiiile en
Saxe ; Gustave-Adolpc, conjiiré par l'électerir,
l'y sitivit et s'opposa i Valenstein, à L11tze0,
près Leillsig. Le IG novenibre 1632, orrrvn la
mémorable bataille; Pappenlieirn pdsit ;Valensteia,f!it
coniplclem~nt battii, mais iine piiissance
superieure avait vaincil le héros sué~loi~. I;r?ppe
par ilne balle partie, soit de l'armée ennemie de
( a33 )
laqiielle il s'était trop approclit!, soit de l'arme
du duc Francois (le Saxe Laueiiboiirg rii I'ac-
Comyagnait, >e roi graiid et pieiir tomta, non
loin de la place où ;iujortrd'l~iii encore la pierre'
siiédoise, d'une éloqiience muette et coiiverte de
moiisse, rappelle le Iiéros cotli-onné. filais avec
sa niori, soli œiivre ne périt pas. Soli ami le
cliancelier Oxenstiern dirigea de son cabinet les
opéraiions de Bernard, de Saxe-Veirnar , cpi
teiiait la campaçiie. Raner, Vrangel, Horn, Tortenson
et Kœuigsmark etaient sortis tout forinés
soiis un maître grand comme l'était Gustave.
Mais iiiallieiirerisemeii t, avec l'absence de Giistave,
manquait aussi l'âme de tout; siirtoùt
quand le chancelant &lecteur de Saxe ne-voiiliit
pas marcher soiis les ordres d20xtenstiern; il
quitta les Suédois lorsqiie ceiix-ci eurent perclti la
bataiile sanglante pres Nordliugue (7 septembre
1634), ct passai l'eiiipereur, à Iû paix de Prague
eu 1633. Diais Valcnstein avait déjà auparavant
qi~itté le tlicâtre de ia giierre, et if ne l'avait
pas fait volontairement, Il ~araît qri'il s'agissait
])Our lui de la possession de la BohCine oii de la
fiIoravie, et pour les arracher à I'enipereiir, il
Pensait i tine alliance avec les Siiédois. Cette
allinrice e'tait-elle déjà concliie ou non; il in+
Portait peu pour Vienne ;Ic soiipcon existait, et
coinme on ue poiivait le prendre vivant, qiiel-
~[~~~-LIIIs de ses gens l'assassinèrent (25 février
1634). Un voile couvre son iniiocence oii sa ciil-
Pabilité; ce qui est certain, c'est qu'il était un
disciple sauvage <l'iine époqiiî sauva::, riiùe;
c'e'tait un Iiornine polir qui il ri'y aiiriiit pas cil
place dans le coiirs ordinaire des clioses.
Après la bataille de Nordliugue, la cause de
!'.f?ml)ereiir parut la plils lieureuse, sans Iû politl(~rie
de Richeliuu qiii avait déclaré la giierre à
( 234 )
l'Espagne ;rien ne poiivait être pllis favoi*able
ailx iutéi.&tç des proi.esl;ius dc I'Alleniaçiie. Mais
lorsqtie le duc Berriard de Veimar crut avoir
avec la possession de Brisacli contiiiis celle de
l'Alsace, il nioiiriit ci'iine mort subite qiii donna
à penser. L'etnperecir Ferdinand 11 éiait niort
deiix ans aiiyairrvant. Son astre fiit brillarit à
son aurore conime à son declin, et cependant
la victoire ne s'était pas encore toiirnée de soi1
côte d'iine mauitirv stalle. L'empereur Ferdiniind
III ( 1637 à I 657) lie contintrait la guerre
que parce qu'il ne yaiivait pas convenablenient
la terininer ; car chez lrii 1'iriRtit.rice de 1'Espagne
et des jésuites éiait moins forte. On commeuca
à voir qri'iin parti religietrlr ne parviendrait
pas à opl~riirier entit'reinent l'autre ,
et l'ou rie continiiait à se battre que polir
enlreieiiir les armées aiix frais des étrangtirs,
et polir pouvoir :,e ddoiincr plus t\'inq>oriance
deus la conclrision de la paix. Géuéralement
les Sué lois et les Fraiicais étaient depuis loi's
les plus Iieureux; ils &taient inême sur le poiut
de prearli.e I'empereiir (1 640)' et la diéte réiinic
à Katisbonne piii. Torteiisou, miilntle et
pourtant vif coinine l'<clair, ils avaieiit fait
111-eut1i.e Oliniitz et menacer Vienne même ;Torteuson
avait cie pouveau battu les impériaiis
sous Piccolomini, près Breitenfeld (2 novembre
1642); il av,iit de noiiveaii fait des cxcrirsions
jiiscliie devant Vienne , et tout-a-co:~p s'&ait
moiitr6 Siir les côtes de In mer Biiltiqiie polir
1)iiuir le Danemarck de sa jalocisie des victoires
de la Sitticle (1645?i 1644). Enfin la Saxe, vivement
toiirineirtée, fiit forc6e de faire iinc trht
avec les Suédo;s (1645);.de même, ~lüxiniilien
de Bcivière ( 1647 ), mais celui-ci la viola
bientôt, et eut à supporter tolite 1s colère de
( 2% 9
Vrangel et de Tiirenne. Mais ln guerre ilévait se
terminer 1À oii elle avait commencé. Le 25 jriillet
1648,Konigsmark prit À l'assaiit u~i côté Je
Prague et se disposa 3 l'attac~iie tle la partie de
cette ville appelée la ville vieille, lorsc~ii'ciifin la
parole de paix, vainement aitendrie depuis 50
ans , retentit de Vcstphalie. Que dc millions de
victimcs de cette giierre qui ne piirent plus entendre
cette parole !
Après qu'on eut néaocié depuis 164i 5 Ilambourg,
et depuis 164.35 l'tliinster et b Osnabriik,
la paix fut conclue le 20 octobre 1648à Munster
entre l'Autriche et la France, et à Osnrtbri~k
avec la Suède. Ces deux traités n'en formèr~nt
q~l'un, celui de la paix de Vestphûlie, qti'op
Voyait bien dictée par (1:s tetes coiironnées, ati
ut61 par la France et la Suède. Car oiitrc que
P1
a paix de reliçion ù'Aiigsbourg f~it re'pétuz et
étencliis aux réforinés, et qu'il fiit accordé à toiis
les r rot est ans la liberté el regalité politi([tie et
religieiue, qrie 1624 fut fixée ouc etre l'année
no&alc des restitiitions. qii'i! devait y avoir
rine amnistie générale, A l'exception de In Bolidme
toutefois; la France s'agrandit (le I'A41snce,
Jii Siindgau et cle Brisach ; la Suède obtint la
Poméranie ant&rierire avec l'île dc Rilgen et iiric
l;artie (le la Poméranie post&~.iesre, Vismar,
rêine et Verden avec le coniiilerce de l'empire.
Ainsi tous les amis de 111 Suède et de la France
ftirent proporti~~nnellementindemnisds ; ainsi
Cliarles-~oiiis,fils du iiiallieiirenx Frc'cle'ric V,
ftrt réinstallé avec une Iluititnie dignitc' électorale
clans le Palatinat inférietir ori di1 Rhin. Maxiniilien
obtint Ic Haut-Pa1atin:it. Inclépindaniment
de cela on coiifirma aux Etats allemands la
Sorivcraineté exercée par eux Jepriis long-temps;.
l'in dépendance dc la Siiisse, dc l'Allemagne et
( a36 )
-celle des pavs bas (le l'Espagne, fiit généralemeut
reconniie. Les siiites de cette grierre frirent trkstristes.
Dans plusierirs pays la moitié de la poptllation
avait p&ri par le fer, le feu, par la peste et
lii famine. Le bien-être se trouvait abaltii avec
des milliers de vil'cs et de villages, et poiirtant
il fallait exiger (le nouvelles contribiitions k
carisc (les arine'es perinaneiites qiii devenaient
alors plris coiiirniines. L'Allemagne était alors
iiiie confGtlératiori cZ'Etats. mais oiiverte .atissi à
l'iiifluence dtraiigére. siirtoiit à celle (le la ,Francc.
Le commerce aiissi était riiiné (le manikre
q n ~de I'Anse;ite, aiitrefois si floris~ante, il n'y
alait pltis qri'tin bible reste à Brê.xie, A Liibek
et à H:irnbaiirg. Enfin c'est tle ta guerre de 30
ans que date. srirtorit cii A:femagne, la décadence
des villes aritrefois si )rospéres.
Trois é joqiies s'offrrnt <fans la giierrc de 30
ans; dans la première, I'biitriclie cornl~lèiemeiit
victorieiise soumet toiite l'Allemagne; pendant
,la seconde, les Siiéclois sont victorieils : dan< In
iroisirme, la victoii-e est pliis incertaine. Les
grands Iiommes sont : en France, Kit lielieit,
Tiirvnne, Conde': en Aiitriclie, Tilly, Valenstein,
Gallas, P;ccoloinini, et en Suètle, Gustave-
Adolplie, Baiinier, Torstenson et Oxensiiern.
. Pciid:ir't la période <]rie noiis venons de parcoiii.ir,
de 1492 1 1648, ies sciences, les arts et
'ln culture intlitsti-ielle, soit teiiiie par iine foiile de
noiivelles inveutions, ont mnrclié d'iin pas rapide.
La iiiére des sciences, la pliiiosopliie, s'&
carta toiijoiirs p11is de son anliqrte carrière scliolnslico-ari~totélic~iic.Rlui-e'tiis,
Heiiri Etieniie,
Casaiibon sc ~)re'st*nteiit en preinièrc ligile parmi
.les Francais ; l'anglais Bacon rlc Vertrlani, 1626,
ramenii I'e.;périenre. Cnrteiins 1650. Spinoza
-1677; lui doniièrent une fornie matliématique
( 237 1
plus sévkrc. Pierre Ramiis mérita bicil poiir ses
travaiix dans la logique. Jean Reiicliliii 1522,
Eritsnie de Rotterdam 1536, Camei.ariiis, Fa:
ber. Glassilis, Freinslleiin , les Biixtorf, paririi
les Alleniands; Riidacus, S nliger, Lipsiiis, Vossius,
Heiusiiis, Sclirzveliiis, Rleiirsiiis et les Gronoviits
parmi les Hollandais; Coniacl Gesner
dans la Suisse; les saviiis imprimetirs Altliis
Pilis, Paiilris et Aldiis Maiiiitius en Italie .enfin
Ricliard Crociis en Angleterre, 1)oiisl;èrent très-
loin les travaux
pliiloso~~liiquc~s. Les sciences
m:iiliéniatliic ues et naturelles firent des progi-ès
linmenses ; \'astronomie par Copernic 1543,
Keppir3r 1650 à Prague. et Tliyco de Hralié
1601, Galil6e 1642. Cnrdaiius inventa I'algèbrc
,Reinesils Gemma , la planclleite, Liitlolpli
de Kctileii iGio, le nombre qui porte son
nom. Conrad Gesner, Agricola, ies tleiix Janse,
inventeurs dii microscope, O I to de Giierike
1630, invanteiir de la ma, liirie pnciimatiqiie,
Nriy gens, cle i'liorloge à pendille, firent fleiirir
les sciences natiirelles. Toricelli. 6lhve de Giili-
Ic'e, inventa Ic bai-omi.tre, et Lar~rence Drrbbel,
aiiglais, le tlierinoniètre. Pour ce qiii regarde
proprement les sciences dites iles fiicriltés, la
ihéoiogie. la inédecine et la jiirispriidcnce , Li:-
tlier, Calviu, Rlelancliion, Spalatin, Fabriciris ,
Tliéodore Beza, Arncls. Hiitten, l'espagnol Ximenés
se distingiièrent dans la tliéologie; la polyglotte
d'Alcali de Ximen6s fait ct'poqiie ; daiis la
médecine se distingii&rent Théopliraste Pnracelsiis,
Glauber, Falopiiiç et Vesalius ;l'anatomiste,
Harvey. qui découvrit la circulation du sang,
iG37, et S -denliam. Albini. etc. Daus la-sciencc
du droit :terenbek, Haloander, Ciijnciti s, Gotliofredus,
Hiigo Grotios, 1644,Alciattis. 1550
8tryk. Daes les sciences bistoriqiies, surtout
( a38 )
dans la cl~ronologic se font remarquer Usserilis,
1655, Peiav 1652, Calvisius, Scaliger , ~553,
Alo siiis et Autoniils Lilius, rétlacteurs dii ç;i-
1en(rrier Grci'gorien ; clans lart n16ine d'écrirc
I'liistoire, Carion, Reiticrliç Reinecciiis, b1t:lanclitlran.
Sleidan. les centiiriateurs dc Rlngdeboiirg,
Ma~cliiiivelli et Griirciarcliiiui. Le uombre (les
Universitc's s'acrriit aiissi consirlérableirieut à
cette épocliie. Wittemberg 1502, Fraucfort-siil--
l'Oder 1506, Genève 1521, Alcala 1515, Marbourg
1527, Ziirich 1528, Kwnigsbrrg 1544,
Iéna 1358, Olinutz 1367, Leyde 1575, Helnistadt
1376, Eclinibourg 1580, Allilorf 1581,Bariiherg
I 50 i, Diillin r5c) i, Gicseii 1607. Ilin tclii 1621,
Abo iGi;o, Dorpat 1650, voila qiielques-unes des
pliis iinporiantes de ces Universités.
Piirtrii les arts, In poc'sie et la peiiitiire se troiiveut
à celte éj~oqiie au premier rang; taules les
derix particu1ié.reinent ciiltivées en Italie. ~?LLI.II~~
les poètes, nonirnous Rabelais, Arioste avec
sou Rolaiid fiirieiin 1533,Le Tasse 1595. avec
sa Je'riisalem délivrée , ie célèbre portiiçais
,Camoëns 1579, aiiteiir dc la Loiiieiatle, I'espagnril
Cervaiites 1616, aiiteiir Je don Qiiicliotte
; Lope tle Ve;.a, aiiteiir d'environ 2000
draiiies: Y. Caltleron , Koclianowslci , le Piu-
d:ire polonais, 1584, les Alleirritnds ont Ulri(.l~ de
Hriiteu (les c.yitt,lœ obscur. virw~trrt, piibliécs
par Iiii, et dftgsta, tfoiveiit soi~s un certain rapport
être mrniionnés ici ) ; le cortloiinier de
Nureniberg. Jean Siictis 1576, Rollcnliagen, auteiir
de la Boiicliede Grenoii~llc, Sébastieu Brant],
aiiteiir dri Vaisseaii des Fous, Omeii 1622, Rlûrtin
Opiiz 1ti79.Lopii iG5.5 ii; l'anglais Blillon, aiiteiir
di1 Paradis Perd11 1674. Btittler, avec son
Hurlibras, est celrii qiii plane aii-4essrts de tous,
çii;i!aunie ~fi&es]lcar 1564, jusqu'en ,616,
d9 )
Parmi les peintres se distingiièrent en Italie,
oiitre RapIiaëb, Rlicliel-Anse, Corrège, Tilian,
ce peintre mallieiireiix, iiiodcste et oiirtant si
pnil, Ciiido Rend, L6oiirrd de gnci 1520,
t~ugina1524, et les Carncci. Parmi cetix des
Pays-Bas , cn~trc Jean ct'Ek, it 7 eut. Pierre-
Paul Rubens, Nceh, les Teniers, Jordan, Ant01r
Van-D\k, le roi des peintres de portraits,
de 1'Ecole fllatnatide; Lucas de Leyde, Poeleirsbtirg,
de fIcern, Voiiverinana, et avant tous.,
Iteinhrandt, etc. Pnrnii les peintres allemantls,
il y o à citer Alb. Diirer 1.528; LIICPS Kraiiacl1
1555, Jean Holbein 1554, Elzlieiiner, etc. L'ai--
cliitectiirs fui perfectionnée ge'néralement deiprès
des mod&lesnutiqiies, en Eran1.e par blercier
et Wansnnl; en Italie par 1Clicliel-Ange,
Eaniniante , Efarozzi, Palladio i 58a, Fontana
1607), eo Eernini ;en Espagiic par Covarruscar,
LIerrcra, Batiista dc Tolhtle.
II y a à citer ici püriiri les inventions et Iris ink
stitiition.: iin )ortanies ;_les joiirnaiis (lvnt l'orii
ginc est de \ enise iafw ;et clout le noin rient
de la peiite j~ihce cjii'on donnait polir les lire,
Gazettu. En Allemagiie, le joiir al CIPFrancfort
a coirimencé rn 1615;eusitite l'iiistitiition des
PO-te.;, srirloiit Ior3qiic le cornnierce s'acçr~it et
11.8les vovageiirs el les iioitt Iiers uc piirenl plris
soigner toittes Irs lettres. Loiiis XI ,roi de
France, institiin les postes A clieval lors de la
pierre contre Cliai.le3-1 e-Témtt'raire. Le coiilte
Rogc.r (le Tliiirri et Tassis institria (l'aborrl dans
le Tyrol. ensiiiteeu 1516 de Briixelles. à Vienne,
~ne-~loste, et iiiie poste (le I'ernpirc fiiisaii (en
1522), le service dc Niirembei.g à Vienne. On
ft.appn les ~)reiiiiers bntz. ( iiiotinaie tl'Allemagni*)
à Berne, ilortant Ics aienies (lecette ville, iin
ours (baetz) et des e'ctis (iliüler ), daus le
( 240 1
Joachimstlial , en Bolleine , t 5'7. Nancius inventa
en 1542, l'art de graver 5 l'eaii forte les cadrait~,et
Obizzi, vénitien, cclui de graver sur des
obiisiers: les Siiéclois se servaient cte tiibes d'airin
miuces, entourés de cortles et #le cuir en guise
de canons ; la yreniiiiré loterie ( que n'a-t-elle
éié eri même temps la dernière!) a Gié tirée, à
ce qu'on dit, potii. 111 preniière fois, en 152 1, à
0sn;ibrcick. Cevalliiio itivenia le seinoir, el Loratelli
le perfectionna. Le tailleiir de pierre. Surgens
de Volfenbrittei iriventa en 1580, leroilet à
filer; Barbara Uiliinann clans 1t.s montagnes aux
mines, en Saxe, inveuta le niaillet ü dentelles;
Dobsingcr fit en 1561, le fiisil à vent; Janbrn, de
MitlelLoiirg la Iiirietie d'approclie :1;i c.loc.l~ede
gei~rIiit inveritée en 1538 ;le yremiei* jartlin
P'O" ~ot~iiiqiie ftit fait à Piidoiie eu 1333; I'afiuerie
de sel vn 1379, à Miinlieiin. En 1624 on inventa
le papier !iiiibré, et en 1650, le jésiiite Kirclier
inventa la lrarpe éolieniie ,le c.oi.net acoustique
et le porte-voix: Martin Beliaiin de Niirtiniberg
fit le premier globe terrestre, siir leqiiel se t~ouva
éqaleinent I'Amériqiie: son cornl~atriote Pierre
Helé invcn a en 1 ,40, les ri~outres, appelées les
wufs de Niireniberg. On croit cliie c'est en Es-
])asne qu'on rominenca à tri< oter : que cette
invention passa de là en 1561, en Italie. et 1564
en Augirlterre. Ce n'est qu'en 15% clii'on trouve
des luétiers de bonneteries.
MODERNE.
Cotnrne la France et la Sitède étaient sorties
victorieuses et avec des forces JJIIIS gn~n(les.de
13 giierre de 30 ans, l'liiatoire cle l'orienr et de
F0i:cident de I'Eitrope se r;iitaclie aitssi e en da nt
10iit le 15" siècle à ces clet~x rovaiiines. Ce qile
la France ébtit (Ieveniie. elle en é~aitretle\~;il)ie
1 son grand et bon roi Henri IV; atir araods
blinistres qli'elle avait eii Ric-l~eli*~ii sous Louis
XII[, et en Mazarin soiis Loiiis XIV.
Loti is XIV ( 164.5;i6$), avait cinq ans
Lol~isXII1 triolirlit. C'est pentl:int In minorité
'le ,ce prince ql19~vait été roncliie la pair (le
westp1ia\ie. H ~ I - ~ la S vit.toii e du grand Conde
SiIr les Esi)agnols et Ics Iiiil~ériatix. Anne d'Ailtriïlie,
mi..re (iu roi et répute dl, royaiimr, confia
toiit le soiil cies af:lire.; ail carilinal filnxarin, .*on
fdvori, élevé par ~iflie[ieti. C'était lin linmme
adroit et soiiple, qtii faisait drl Oecpoiisme avec
'les riIse+, et qiii srniblÿit regarder l'art de régner
conjme rart de faire des dupes. Pendaiit la
minorité du prince, la guerre entre la France et
21
242 )
l'Rspagne avait continue; la paix des Pyrénées,
~wécédc'e de pliisierirs victoires dcs Franci~is,
termina cette giierre en i659. La preinihe condition
tle cette paix flit le iriariage de Bilrrie-
Tlierèse, infgilte d'Espagne. avec Loiiis XIV.
Alors aussi la France fut troiibl6e par la giierre
dite de fnJi.ottrle, cxcitée par le piirieiri &nt, soiitenue
par le cardiiial de Retz, les priuccs tle
Conde, de Conti ct autr es personnages iiinrqrians
de l'&pocliie. Il y eut uue bataille dnus
le faiiboiirg Saiut - Antoine ,entre Turenne?
qrii commaudiiit l'année royale, et Contlc! cl111
était h la t2ie cles froiitleurs; R1,tzariii. obligé de
se retirer deiix fois, finit par triomplier tlc ses
ennerriis et contiaira cie gouverner la Fra~i~e
jiisc ii'à sa niort, qui arriva eu 1661. tors Loiiis
XI+ scd6clai.a niajeiir et se mit j. goilverner Ilsr
Itii-meirie. Il placa Colbert à Iii tête des finances,
et alors coirinienca réelkment. ce révie si
long, si glorieiix pour la France, et rempli par
cfes grierres presqiie con~intic~lles et des victoires
éclatantes. Lotiis XIV ~~iiliit Gtre I nioiinrcjile
le pltis puissant del'Eilropc, et, secondc' par cles
Iioinines siipérieiirs clii'il eiil le talerit de clC*:otivi-ir,
il y réiissit. En 1667 il déc1iii.a 13 giierre à
l'Es~~ügne, polir fai1.e valoir les droits de Marie-
Tbérè*e, sa femine. srir ce pays et scir les lPn)ts-
Bas. Urie siiite di? victoires, diies j. la vnleiir tle
T~ireriiie frit close y ar In paix (1'~ix- ln-Cli:t1)elte
en I 668,et la Flandre resta A la France. En 1672
Louis, aidé de ContlE, (le Titreo~ie, (le J~i~ueinburirg,
etiv:iliit la Hollande et passa le Rliiii. Il fiit
néanrnttiiis obligts tl'thactter Itt HoIlanrie, ni:iis il
rec.oricjtiit la Franclie-Comié et fit incendier le
Palatinat par 'i'rirenne.
La paix (le Nirnégiie,
1678, consolida les conqti6tes (les armées fraogaises.
De iMi à iw les Praueüis prennent
( 24% )
Strasbourg, bonilardent higer. en bnt ar~tanth
G6iies polir avoir assisid AIser. Louis c'tait ait
faîte de la ptis5ance.
Dans toittes ces gucri-cs la fortune le fnvorisait
;iI avait coiicii~is la I,orrain~ et des parties
~~i~si~ldi~ables des Pays-Bas espagnols. Il se fit
0iiti.c cela adjuger pal* ce qii90ii appelait !es
clrambi-CS de rc'iinion, a11 milieu de III paix,
Deiix-Ponts, Morr~)elgard et d'aritres parties (tu
territoire alleiriaucl, et se présenta conime le 16-
gislateiir (le I'Eiiro)~e. L'in térieiir de soli pays
pi.c:s~niait l'aspect de l'ordre ct (le ln ~raiitieiir
dails le 1>oitVoir absolti. lloiiisXIV (lisait:I'Elnt
c'est mo!;et ce niot donue In clé dii système de
son gouvernemciit; et pourtant Ic régne de
I.oiiis est regardé comine la grande époque
la France. C'est qu'il y eut un Colbert poiir admiciistrer
les fioa~~ces, poiir clotiiicr ail pays des
maniifactcires, cl11 commerce, cles ports, des canaux,
iin bien-être imrnense et une force navale.
Des (.onipagnies de toniriiorre poiir les Indes
"rieniales et occiilentales, s'établirent, niuçi tpe
des colonies en Aaiérique et en Afriqiie. Toiit
cela, c'est Co1bei.t qr~i eu eiit le mérite. Les arts
et les sricnceç parvinreiit atissi à un liaiil ilcprd
de ~~eifectron mils le rt:gne dc Loiiis XIV :il les
Iionorait , parce qii'ils devairnt l'lionorer et
l'imniortaliser. De ce qtie ses ambnssndeiirs commencèrent
5 se servir dans les traiixs de la langue
francaise ail lieu de la langue htine; de ce
9Ile /oo,ooo faniilles des piiis actives fiirent clias-
Sées ilii pays à catise rle It:iir ntlaçliement à la
religion protestante et tlii'eiles ne vo:ih~r~nt pas
Se laisser coiiverlir par :a révociiiion de l'e'tlit tle
Naotes ( ,685) et psi. les iIrugooa(les, et que re-
C'leillies dans les pays ~oisins,5 l'orient (le lri
Fraqce, elles y forn~érent des colonies fran-
$aises, enfin par les écrivains distingiiés qtt'eiit
alors la France, tels que Bossuet, Fdt~élon,
Pascal, Racine, Coriieille, Rfolikre, Boileaii, etc.,
de toutes ces ci:.const;inces r&iinies, il rdsulta
yoiir la langiie fra $aise, peu à peu, une domiiintion
qii'auctiue aiiire langue ,t'a jamais etle. La
capitale de la France doiina dés-lors le ion en
fait de goût et de savoir vivre, t;e (lue la mode rie
soumit pas à la France, siiccomba à la fine politiqiie
dit c:thinct fraricaisoii à la bravoure éprouvée
de ses généraux, tels que les Luxeniboui g , les
Scliotxiberg , les Catinat, les Ventlôtne, les Vailban,
les Condé,.et siirtout les Tiirenne. Mais
malgré cet e'clat, cc roi si Gei* devait bientôt recevoir
nne grande lecon. Jetoiis d'abord enroi'e
un coup-d'ail sur (jiielques autres états iinportans.
\
Elisabeth d'Angleterre laissa en t 603 son trône
au fils cie Marie-Stiiart, Jacqiies Ier, 1iio;i à 1625,
qui réciiirt alors à la Graiitle-Bretagne I'Ecosse
où il avait régné jitsqiie-là. Jacqries était un
Iioiiiirie doux, wais faible; pacifique, mais pusillaiiiine.
11 cliercltait à se faire des partisans et
favorisait surtoiit les Ecossais, ses compatriotes*
Eu favorisaiit, ou di1 nioiiis en ménageant !e
ca:liolicisme, en gouvernant it'iine ni:inière arbitraire,
il se troiivait dans une dangereiise coutradiction
avec l'esprit du peiiple, contradictiol'
qui ne pouvait qri'êlre nuisible aux Stiiart ;
autre danger vint se joindre au premier. ~ u a d
au corninencement, Jacques ne voulut pas, ni'
grd de leurs dbirs, favoriser ouvertement les
tlioliques , il fut fait soils la direction, dit-opj
des jésizites, iln plan .d'après lequel on clevait~
avec 36 tonneaiix de poudre p1ac6 sous la -IIe
des séances du parlemen:, faire.saiiter en 1'alrle
roi, le prince de Valis, son successeur, et toute la
&
( 245 1 .
hiaison haute du parleinent. Ce plan fut décolivert
, les conjurés échappés tl'abord, frirent
pris et exécutés. Blais il se foi.nia en merne temps
une opposition contre le roi, ol)positiun dout la
pllis3ance ne devait se faire sentir qu'à CIiarlesIer,
1625à 164~~. Son fils, (=harles, prince éclairé,
ferme, était aussi pénétré que son père de l'omnipotence
royale. Il voulut se passer du parlement
et de son consenteinent polir lever des imph,
mais il tombii enfin daps uue telle opposiqn
avec son peuple, qii'il a en résiilta iinc giierre civile,
où le parti de la noblesse, des édqries el
des catlioliques, fut battu par l'armc'e da parlement
et du peiiple, soiis Fairfax et Croinwel,
près Mai-stonmoor et Naseby, 1644, 1645, le
roi fiit fait prisonnier, et mis à niort à Londres,
le 30 janvier ~649.~roniwel, autrefois ét~idiant
libertin à Canibridve. avait été, coriime
mernljre du parlenient, t'âme de cette révoluiion,
et par la riise. par la bravoure, Pr
la dirsimillation et par le secoiirs de scs armees
victorieiises il parvint enfin à se faire reconnaître
Protecteur de la noiivelle répiibliqrie XAnglcterre.
Il refusa sagement la coiironne : il ne l'ailrait.
peiit-être portée qire qiielqiies joiirs. Malgré
Sa sanqlante iisiirpation il releva I'Anglelerre,
surtoiil en oppriliiant la comrnerre (les I'ays-
Bas (acte de ilavigation de ,652, qil'il rnriin i
b~lit même p~nilnnt la giierre). et par de sages
lois poiir le véritable hien de la rt;l)iihlique. Il
n.'y a qiie ses retnortls poiir lesc~iiels il ue piit
'1- par iin a[ te! Son fils Ric1i;ii.d abdiqiia eu
16~9,ail borit (le 6 iiiois. Alors lin iioilve:iii )ailement
royal ré~ablit les Stiiarl, et rappela dlarles
II, fiII (le Cliarlrs III, 1660 à 1685, qiii s'était
réfitgié en France. Mais sa niéfiance, sa fidi-
blesseet sou a~bilraire ne potlvitientpas convenir
à one épocjlie tl'aoarcliie, et ne servirent qu'à
mettre les Aiiglais à mênie de s'assiirei*leiirlibarté
politiqiie et religieiiqe, parcles actes piillics, par
exeiriplt!,l'acte de I'Habeas Cotpus (ili79), et il se
fornia iin parti de la cottr (Toi-v) et riii parti du
pettl>le (Wliig). A cc roi siiccéda son frère Jacq"es
II,devenu cntlioliqiie, rnais conire leqiiei le:
Whigs appelèrent cufin à Iciir secoiirs son gendre
Giiillai!nie III ti'Orange, gaiiverneur (les Pa!s-
Ras et tipoiis de Marie qrii'sint avec une armée:
Jarqt~ese réfiigia en Fi-ance. Soiis Giiilltr~me qui
r4gnüaIors,la bancluerieLondres fiitétablieiiM.)
Mais aiissi la cleite nationale q~ii, en 18.'iz, s'étevait
déjà b 1,000 millions (le livres sterling (Ia
livrea 24 fr.), prit ai015 son origiue.'En 1.702sriccéda
à G1ii.lturne ,Anne, sa belie-smur. juscju'e~i
1713,et ensriile vint ia maison qiii règle encore
aujourd'liui, la maison de Hanôvre.
Depttis letir &pai.ation déjà metitionnée de
la loiirde domination espagnole, jusqii'à l'acte
de navigation de Çromwel, les Pays-Bas joiipnt,
à çütise de leur commerce iiri rôle iinportüflt
dans I'liistoire; car quoi.lue dans l'intdrierir !l
s'élcvit des dispiites religieuses contre les arml:
niaris, oti remontraris , qri'il se foriiiât lin pa1.t'
anli-oraii~iste, m&.or.teut dtc gouvernetir , on
avaiit porirt~nt anéanti le comiii~rceilel'Espagne
et dii Poi.liig31, an ;ivai? e'tabli cies coinpagtiiej
corriinerciales clans les Tiicles orieutales et ocrideiitales,
on avait fontté iine foti~c dc iioiivelles
colonies, iin c't:iblisscment ail cap de Borlne-
Es1)érance ( 16j3), et l'oa srit les rrlaintenir ])ar
les nirnes. :tri moyen d'escellens 1161-os rnzrins!
tels que Tromp, 'Riigter. filais 1;i riviilite' IieUreuse
de 1',4ugleterre, les nombrerises goerres
( a47 1
contre ta France et l'alliaiice avec l'Angleterre,
SOIIS un >elil iiioiiarque, fil, pet1 à perr, descionc1i.e
considéralleinent 1ü rcl)ulliyue de la hauteur
où elle s'étiiil :rouvéc.
L'Alleniagne avait de la peine à se remettre (le
l'ébraulenient qiie Iiii avait caiisé ta giicnrre de
So ans, et cet état d'ailleiirs iufornie ,compose'
de pliis de 300 membres imixiérliats de I'enipire,
püriit, si non rester enfin glacé dans des foraies
aiii eulapieni liresqii'en entier 1'csl)rit g&Lreux
II peiiljle, iiii moins nt! pouvoir se niaiivoii- qiie
trk-yêuibleinent. Ce qiii iw fut pasnon plusde
natiire à roiiiribiter à iine pmnil~!c activité, fut
la permanmce cleptrisrr6f3 de fa diète à Raiisboane.
L'empire r1'Alleai:tgne devint toiiloiirs
trs in~proprr: à sedéfeudre Iiii-mGixie contre !a
FIrance. Bn 16% il vit anssi les Tiircs encore
une fois devalit Ics murs de Vit nne. Ferdiiiaud
III ( 16J7), eut pour siiccesseur son fils Léopold
1 ( 16&3à 1705 ), dout le caractère était beitucorip
trop paisible en présence (le son voisin
Loitis XIV, si avide de conqiiêltes. Ce ]endaut
ce fiit un bonlielir poiir IIAiitriclie ditns ses
giierres canire la î'iiryiiie qiie larerriiiante Hongrie
tlevirtt (comme ai~trt-fois, la Boli6iiie) un
empire l&réditiiii e de H;ibsbotirg, et ilcie, çircc
ari ~I.;IU(I liiidigei- de Stareirtberg, un put défendre
Vienne contre les Trircs, et rnhe les
battre pi+s cle Snlalikemen et de Zcniii , d'irne
1iiaiiié.r~si Enei girllie clut' par la pais de Carlow~tz(1690).
1;s Trürrs~lvaiiie et la Slavonie fiircwt
concliiis& polir iotijotirs. hlais ce Siit siirtout
d'une graiitle iml)ort:inr.e poiir I'AlIetxiagiie qiie
si eii liii-iii2ilie .l'eruliire ne 1)tit se nioiivoir cliie
pénillei~itint,il v eut poilriant des Etiits alleinarids,iriênie
sanSI'Aiiti-iclie,tliii p:irvinreiii à ilne
imporiance cousidéralic, pitî exemple, le Bran-
( 248
debourg, sous son électeur Frddéric Gnillauinele-Grand,
qui possétla aussi le diiclié de Prusse,
et dont le successeur Frédéric III se mit luimême
à Kœnigsberg, la corironne royale siir la
tête; la Saxe, où le développeinent intérieur avait
auginenté soiis Auguste Ier, fi-ére de Maurice-le-
Cri-and, le Justinieii saxon, et qui, pendant la
guerre de 30 ans s'était considérablement augmentée,
se remit promptement aiissi de ses
souffl-ances, ail point que l'éiecteiir Frédéric-
Ariguste Ier, ou le-Fort sut, par de grands sacrifices,
siiriotit par celui du protestantisme, conquérir
la coiironne polonaise donne'e par élection;
le Hanôvre qui s'éleva à la neiivième. di-
~gnitééle~torale, et qui en 1714 vint dans la pcrsonrie
de son prince George-Louis, siir le trône
de la Grande-Bretagne. La inaison Vi~telsbacli
en Allemagne se y!.ésent:i sous iin aspect non
moins iinportant ;elle possédait deux pays Clettoraiix
,la Bavière et le Palatinat, et, en 16%
elle avait déjà donné lin roi aiix Siléclois dans la
ersonne de Cliarles X, Gustave, comte du Pa-
Etinut, de Deiix-Ponts, apl.2~ que ÇIiristine,
fille (le Gustave-Adolp1ie;eut sacrifié la couronne
à sa vanité. Ces agrandissemens, ces arigmentations
de piiissance des princes allernantis devaient
nécessairement porter plus d'riiie atteinte
à la siiprêrne considéraiion impériale ; mais
Léopold espérait se fortifier lui-mêine par lin
Iiéritage qi:i devait donner isa rnaison la dignité
de primat (le toiite I'Eiirope.
C'est c~~i'eiiE.;pagnz Cliarles II, salis enfaas,
sans actions tl'c'clat, se troiivait l'ûgouie; et
toi1 te 1'Eiiropc était dans l'atteute pour savoir en
faveiir (le qciclle maison cles noinbreiises maisons
princieres son testament s'expliqiici~ait.
Uu préçéderit testament et le droit de sucees-
( 249
sion s'expliqitaient, à la vdrité, polir le fils de l'électeur
Màximilien, Emmdniiel de R;ivil.re, r6-
sidant avec éclat à Rrlixelles, en qualilé de goilverneiir
des P~IYs-B~s dlEspagiie, mais le pi-irice
c'lecteiir irioiiriit; alors les deiix bcaiis-frères de
Cliiirles préteiidaient à tout I'liéritnge ;llEmpereur
L6opoId y prétenilit polir sou second fils,
l'ürcliitliic Cliarles, et Loiiis XIV pour son petitfils,
Philip e c2'Aujoii. Enfin Clinrlcs se décida
polir la $rance, et Louis XIV (léclnia 5 sa
cotir, qu'il n'y avait pliis dc Pyrénées. Rlais
]'Ansleterre, la Hollande. et eusuite le l?ortiigal
dont la inaison royale (le BI-açaiice se joiguait
presq~ie toiijours à l'Angleterre, cle'clar&reut
que I'acqiiisition de si imnienses pays dans
111s d'me partie du monde, ~eenacûit la li-
Eerté europGenne, et ùanr aon illusion la maison
d'Aiitriche . ainsi qu'une partie (le l'enipire
d'AllemaSne ( h I'enceptioii des deiix frères
princes électeurs, celui de BaviAre et celiii de
Cologne ui se déclarèrent llour la France), se
rangea v3ontiers du côté des p~iissnnces opposêes
à In France, lo~.sqiie la giierre, celle dite
de siiccession cclntre la France, ne poiivait plus
être évitée ( 1701à 1714).
Louis XIV avait terminé la giierre de la ligtie
dlAugsborirg par le traité de Ryswick en 1697.
hlais dans cette circonstance la fortune parut
lui avoir toiirné le dos. Lc duc de Marlborough,
le prince Eugène de Sa~oie, Louis dc
Bade et la yolitiqi~c de Guillûii~neIII, roi
d'Angleterre , parurent avoir irr<vocableinent
fixé la victoire de leur côté. A la bataille de
Hochst, en Allemagne, en 1704, les allies étaient
commandés ar le prince Eiigène de Savoie et
par le duc le Marlborough ; l'armée francaise,
conduite par Tqillardel DIarcbin, fut taillée en
( 250%)
pi&ces; à Ramiilies, prés de Namur :Ir maréclinl
de Villei-oy fut coinplGteinent cle'hit, en I 06, et
A hl;ilplacpet, eri t loodre, le ruar6cli.d <7e Villars
perdit la bataille, en 1709, contre Eriçène
et RIarlboroiigli. Eii Allemagne, eii Italie et d:iiis
les Pays-B:is, Loii is XIV fii t inallreiirerix clans
cette grierre, quoi oe Vcn(1Ginc erit d'abord repoiiïi8
Eiigéiie enlialie. Eu Espngnr seille, les
siii8cès fiireiit iin instant balancés. Le diic de
Yeatlôrne ballit coinplèteiiient les Anglais en
17IO, à Villa-Viciosa. t'arinée fi-an pise fiii batiiie
aiissi'à Tiirin ; Toiilon ftit assiégé. Eii 170!1,
hiiis tleinanda la pais, mais on voiilait qii'il
cfëirGnât Iiii-mihie son petit-fils. II aiinri mieiix
continiier la giierre. Enfiii en 1710, Villars
a)ant siirpris Eugène à Denain, reinporta une
grande victoire dont la paix tl'Utreçlit ftit 1~ risiiltat.
Cette paixsignéeà Utreciit, en r7 15,entre
la Frrini.e, l'Espagne, I'Anglrtcrre, la Gavoie, le
Porti~gal, la Prisse et la Iioliünrle, teruiina
la grierre de siiccession. On stipiila poiir Bliilippe
V, I'Espagiie et les colonies, sorts la condition
cependant qiie la France ct l'Espagne ne
scraient janinis rc'uiiies. L'Angleterre conserva
Gibraltar qii'elle avait conq~iis, mec la No~ivelle-
DIiuorq~ie et la Norivetle. hr*osse en A n~éi.icjue.
Le duc de Savoie eut la Sicile avec Je titise de
roi. L'année stiivantc Villars ayant pas56 le
Rliin et repoussé les iinpériaux, la paix de
nastadt fut signée avec l'emperear Josepli 1er9
qiii avait succétlé à Jkopold ler.
Si cette guerre aunit cortipliqrié toute I'Eiirope
occitleiitale , une alitrc? giierre , celle du
Nord, qccupa à la fois toritc I'Eiirope orientale
( 1700 a 1712). En iGq7 Clrarles XII, Igé de
15 ans, nloriia sur je tt8ne de Stihde; et c'est ce
a~onientque la Russie, la Pologne et le Dane-
( 251 }
jnnrck, crureiit com*enüi>Ie poiir s'agrandir, aux
dépens de la Suètle. Eu Riissie le czar Alexis
(~645à 1G76), avait succétié ail czar 8.liclicl
Homanof ( 1613h 1645 1; les cosaqiies de l'KTkraitie
( periple composé de Hiisses, de Polonais,
(le Tiircs et de Tartares). s'étaient sdumis au
noiiveaû czar de Russie. Ddjà celrii-ci avaitvoufi~
effectrier son plat1 siir la Livonie qiii a1oi.s appatteuait
à la Stiède, mais qui &tait constamiiient
iine pomme de discorde e~tre la Suè?de ,
la I'ologne et la Riissie; cependant ce fut sons
siiccès. h ce czar sticcCda Léodor III (1676 à
1682 ), cjt~ipassa par-dessiis scn frère, l'inca-
)able Inr:ro, et il destina pour son successeur,
bierre, qui fi.t plus capable. Mais Sopliie, setir
de tous les deiix, arnbitioonant la régence, sut,
par le secoiirs des Strelilz ou Striehi (corps de
cituoniers r2guliérement organisé depuis longteinps,
ruais gui joiin bientBt un rôle poliliqrie
Iinportalit, coinme Ics janissaires, les gardes prétoi.ieiiues
et les niiiineliiks), arracl~crpar la force la
Co-régence ;elle chcrcha aussi à écarter Pierre et
à laiie inonter stir le trOne lmtrn qtii était moins
capable ;inais Pierre s'empressa de pi-éveiiir sa
chtrte (poiir son bonlietir ses compa, "nies d'enfaos
étaiciit deveiiries de bearix re'gimens cle grenadiers
1, et il envoya Sopliie dans riu coiiveut. 11
laissa volontiers à soli frère 1er:om et l'liorinerir de
Co-régent. Pierre motita sur le trôiie avec la r6-
soiictioit de taire de la Russie irnrEtnt vbritnblenient
eiiropéen d'après l'idde qu'il s'était faite
iles Etats dc I'Eürope qu'il avait visités dans ses
voyages, et, avant tout, il votilüit étendre son
ro'aume iusqiib Id mer Baltique, pour y etablir
des I~oi.tS et v constrtiire des flottes. Riais la
Siiède ~'~~~Iriàit edcore de la CO -posses'sion de
cette mer, par Ingerm;tulan(l, Eslliland, Cardea.
( 952 1
le Finlande et la Livonie. Commela Pologne et
le Daiiemarck clierckiaient aiissi à 1;rirer la piiiss;ince
tfe la S~Ecle,ces trois puissances réiinies
déc!arèrent la giierre à C'liarles X, roi de SuBde.
Illais conibien on s'&tait tronipé siir le compte
de Cliarles, cc prince royal aiitrefois si mou !
Cl~arles partit aiis.itôt poiir le Danemarck et assiégeki
Copenlingi~e. Frédc'ric IV frit obligé (eritaore
eu r700 ). (l'accepter la paix à Traventlalil;
Cliarles se dirigea cnsiiite contre Pierrc: qiii alors
assiégeait Narva.Cliai.les, avec8,ooo Suétlois. battit
80,000 liiisses. pendant qiie Pierre ti'étaii pas
à I'ariiiée. .Mois ail iieii tle poiii.suivre . celiii-ci
aussit6t dans son empire, (:liarI~s nesiiivant qiie
ses ])a-jsions, se jeta siir Aiiguste, roi tIel'ologiie, le
fit sortir (1~. la, Livonie el tlii Ciirlaiicle avec ses
Suroiis, battit ccs (leriiiers pr6s (le~lissow,Piil tiisk
1702, 1705, ,et fit élire roi de Poiognl, à Varsovie,
à la place tl'Aiigiiste, le jeiine Stiinislas
Lesczy~iski,se rendit ensiiite dans la Saxe ntêiile,
el dans la p:iix d'Altransta{lt il ari-arli;i à Angiiste
la reriont.ialion à la coiironne (le Pologrie.. Pendant
ce ieinps Pierre avait pimis InGcriiianland(4
avait (-oninieiice' à v fonder Pétei-sboiirg I 703;
~lgiizikow,(:ep~iissint fdvori de Pierre (aiitrefois
garcori pâtissier ;, avait biittii en 1706 It*i Siié-
(lois prlts de Kiilrseli. Charles 1~6ue'ti.a vivtorieuseiriciit
jusc~ii'h Siiioleiisk. inais ÜII lieil tle se diriger
siii. Rloscoii oit P&tersLoiirg, il se la;>sû engager
par. I'avcniiireiix Het~ riian (les Cos;iqiic.~,
Ntt~el)~>it (qii'iin Polontiis qii'il avilit offeusé avait
altaclié siir lin clieval tl'Ukraiiie qiii coiirti t avec
liii dani cette province), (le veiiir tlans l'Ukraine,
oh, à ce qii'il dis'iit, les Cosaqiies devdieiit Se
joitiilre à liii. Pelidarit ce temps, Pierre battit
ili.oi,o S iiétlois soiis 1,~ionliiilwiid ( ~ovenliaiipt)
prés (te Siop, sur les Lords clii Dnieper, et ensrlit@
( 153 )
Charles lui-même, si fortement près Pultava (8
luillet r yog), que celui-ci fut obligé de se réfugier
auprès des Turcs, à Bender.
Cependant Auguste avait repris son royaume
de Pologne, le Danemarck avait renouvelé la
guerre, et Pierre s'en ara de la Livonie ainsi
que d'une partie de la &,lande.
Mais Charles, à
son tour, porta la Turquie à faire la guerre à la
Russie (I 7 I 11, et en effet, Pierre fut si totalement
enfermé rés di1 Pruthpar les Turcs, que sans les
moyens f e corruption de sa maîtresse, devenue
par la suite Impératrice Catherine 1 (la fille de
Marienbourg), il aurait été perdu, tandis qu'il
échappa au danger par la seule perte d'Asow.
Charles eut beau s'emporter et travailler à faire
naître une riouvelle guerre ;ce fut en vain. Pendant
ce temps le Danemarck, la Prusse, la Saxe,
prirent les provinces allemandes de la Suède
jusqu'à Stralsund. Charles poussa l'opiniâtreté
jusqu'à s'opposer à main armée à l'ordre qui lui
enjoignait de quitter la Turquie, et il se défendit
avec 150 hommes, dans une maison appelée Vernitza,
près Bender, contre xo,ooo janissaires et
leurs canons, jusqu'à ce qii'ilfut enfin fait prisonnier
dans cette maison enflammée et prise à l'assaut.
Les Turcs étonnés extrêmement d'un pareil
courage appelèrent ce combat Kalabalik ou Chasse
aux Lions. Voilà ensuite Charles parcouraut à
cheval, sous le nom de son propre courrier,
appelé Charles Frisch, la Hongrie, l'Allemagne,
et il parut, au mois de novembre 1714, à Stral-
Sund. N'étant pas en état de se mesurer alors
avec ses ennemis, il chercha à obtenir, par l'entremise
du célèbre comte de Gœrtz, d abord la
Paix avec Pierre, afin depouvoir, par sonsecours,
reconquérir ses propres états allemands et d'y
Pouvoir ajouter ensuite la Narwège (~717.Mais
a2
!( a54 ?)
novembre 1718. Sa sœiw Oulrique
Eléonoi-e nionta alsrs sur le trône contre tout
droit d'héi-iv'dité, mais *ellie nbandonna ,aussi k
pouvoir royal illimité et transmit le gouwi-nement
k son o'poux , le rinoe héréditaire, .Fxd-
&rie de Hesse-cassel. Ke promptes caneIusianr
Se pir qui privErent la Siitde depres rie toiis
ses riats !sur le aontinent, anéantirentla pincipauié
que cette puissance avait eu atitrefois
dans l'Europe nord oriental, comine da pai~ $'Utrecht
.et de +Rastadtavait brisé Ja pr,incripa~t4
qu'y avait elle la France.
Loriis XIY avait vu eu mains de 4 ans, périr
rancie partie de sa famille, et ce {prince,
d0~<fecommencemeilt avait eii tant d'éclat et de
bonheur, _\rit sa vieillesse accablée Je doiileur et
de~chrtgciiis; il ,mourut en 17'5, à 1'Gge.de
7 7
ans. Ce prince a donné son .nom à son sièc e.
Corneille ,;Racine, Boileau, Molihre, -Regnard'
Lafontaine,~Qiiinault, parmi 'lespoétas ;Pascal'
Malbrandie, poilr la puneté (de Ia langiic .et la
métayl~ysiqcie;Lully pour la ,musique; .enfin
dans la littérature, les scien~s, t'histoire et les
arts des noms tels qrie ceux de Labriiyère,
Méiiage, Fleury, LRollin, Girardin, Puget, Perrault,
Lenôtre, font de Loiris XIV,,lereprésentant
du siècle, Je pliis *rand dcs temps modernes.
Qire dirons-nous $es grands.cq)itaiees de
son règne? Turenne, Condé, Lunenrb~~irg, Catinat,
'Vendôme.et ViHars ;de ses ministres Colbel*,
Louvois, Torcy ;des ,grands orateurs Bos-
*silet, Boiirdaloue, Flécbicr, Massillon ? C'est avec
cet .auguste cortège de gé~iesimmortels, 4"
( a55 ),
l'abbé Maury, que Loilis XLV, appuyésur tous
ces grands hommes, sirt n~ettre et conserver
à lmir place, se présente aux regards Je la
postérité. Louis XIV a rend11 la France pitismute
en Europe, es~laveclia elle. h sa mort il
recammiinda à wn fils Loiris XV cle ne pas I'imiter
dans son amour excessif de la guerre. Ce
goût belliqneiix du monarque avait en effet
esposé le royattnre aux plus grantls dangers.
C'est sous sari rèpie qu'etit lieu la de'claration
dri clerg&de France tln r682, et qui devait
asç:irer la liberié de 1'Eglise gallicane.
Soiis son règne aussi la doctrine de Janseniiis
fut condamnée, et les janséiiistes perséciités.
N'oiiblions pas les montimons qiii restent ile ce
dgne c&lébi-e ;tels 'lire l'liôtel des Invalides, le
palais de Versailles, celiii de Marly, (le RIeitdon,
etc. La France soiiffrit encore long-t~~rnps
de l'affaiblissement qtie lui avait c:iusé i'arribition
de LotiisXIV, dps dettesdont l'avait grevée
ce prince par ses pierres ruinerises. Loiiis XV,
arriére petit-fils de Loilis XIV, petil fils du Daiiphin
de France, et fils dii diic de Boiirgogne,
etait monté sur le trône i 1'Cge de 5 ans et (terni
yaii 1715. Pliilippe d'Orléans, iio cles débaticliés
éhontés, séduit nr l'horrible Dubois, avait été
déclart; régent au roi peniiant la minorité de
Louis XV. Le ryst&me de Law ruina lotis les
créanciers de 1'Etat; clans la même année 1720,
?ville de Marseille futen proie à iine pesle horflble
et meur~rière. Lotiis XV étant devenu malelir
en r 723 titiand le régent mourilt, choisit lt?
Qrdina\ de Fleury pour minislre; celui-ci s'efforcl
de réparer les maux passés. Revenons à la
:lierre du Nord,
La Russie était sortie de la guerre contre
Charles avec la possession de 13 Iiivonie, d'Es-
( 256
th!and, d'Ingermanland et d'autres arties de la
Suède. Pierre était devenu le seconacr6ateur de
son em ire, et il prit le titre d'empereur de
toutes Tes Russies. Ayant fait décapiter Alexis,
son fils, qui s'était révolté contre lui, Catherine
sa femme lui succéda à sa mort (1725 à 1727)~
ar le secours de Menzikow ; ensuite vint Pierre
PI, petit-fils de Pierre-le-Grand. 1727 à 1730;
uis, Anne, duchesse de Courlande, fille d'Iwanflmbécile
( 1730 i r 740). L'année dans laquelle
mourut cette princesse fut pleine d'dvénemens
importaus, non parce qu'elle fut remplacée au
trône, à la suite d'une révolution de cotir et au
mo en des gardes gagnées par Elizabeth, fille
de %ierre, mais parce ue dans cette année rnourut
aussi, ~rédéric-~uzlaume ~er, deuriérne roi de
Prusse, et ue le trône fut occupé par son fils
Frédéric I?, appelé le rand Frédéric, et enfin
parce que l'empereur tharles VI mourut sans
qtstérité mâle, et que la maison de Habsbourg
s eteignit en Autriche dans la ligne mile, en
1740, comme elle s'était éteinte en Espagne en
1700.
CharlesVI, effrayé ar l'exemple de l'Espagne,
avait fait beaucoup le sacrifices poOr faire reconnaître
et agréer par presque toutes les puissances
européennes sa pragmatique sanction, au
moyen de laquelle la succcssion au trône devait
y appeler pour réuner sur tous ses états hérdditaires,
sa fille aînée, Marie Ti'térise, à l'oeeasion
de la guerre de succession, excit6e en Po:
logne à la mort d'Auguste II, 1733 à 1738, qui
donna au fils d'Auguste la succession au trône
de Pologne et au ci-devant roi de ~olope Stanislas
Leczgnski, la Lorraine, dont on indemnisa
le précédent possesseur, le duc de Lorraine;
par la Toscane. A cette occasion il avait dispose
( 257 1
de Naples et de la -Sicile, en faveur de l'Infant
d'Espagne don Carlos, fils de l'ambitieuse reine
Elisabeth ;mais Cliarles s'était trompé dans son
compte, parce qu'il n'y a pas de traité durable à
faire avec les passions des hommes. Car à peine
l'empereur avait-il fermé les yeux (20 octobre
1740), que d'abord le roi de Prusse, Frédéric
II, en vertu d'anciennes prétentions, demanda
ses principarrtés silésiennes qu'il enleva aussitôt
à la reine Thérèse étonnée ( première guerre silésienne,
1740 à 1742) ; ensuite Charles-Albert
de Bavière éleva des rétentions de parenté sur
tout llliéritage de ~Rérèse; en troisième lieu,
pEspagne arla aussi d'un traité ancien, mais de
peu de vaPeur et de même contenu lue ln )>récédent
;quatrièmement, I'électeiir deSaxe oublia
amsi, pour des prétentions d'héritage, la reconnaissance
qu'il avait faite de la pragmnti que sanction
; enfin la France voulrit, sans avoir ellemême
de véritable droit à faire valoir, aider
tous les autres à faire valoir les letirs. 'Enliardies
par l'exemple u'avait donné FrétlCric, ces
cinq puissances s'ajièrent alors, et lie\-ingèreiit
d'avance entre elles la monarchie autricliicnne.
Et en effet, Thérèse se trouva dans l'ti@t le pliis
embarrassant; car déjà on Iiii avait pris une
partie de l'Autriche et toute la Bavière,et charles-
Albert avait été élri empereur d'Allemrtg~ie
(Charles VII). Mais soit à cause (le l'attitiide des
nobles Hongrois et de l'appui du loyal Georges II,
roi d'Angleterre ,soit parce que It'récieric était
sorti de l'union, soit aiissi le l~onliei~r des armes
autrichiennes , In sitriation de T11drèse
changea bientôt ; Charles VI1 perdit ses états
et fut obligé de se réfugier à Francfort. C'est
lorsque Frédéric se détaclia de I'nnion en faisant
.la pair (à Breslau 174a), avec I\IIririe -The-
( 258 1
rèse, pais qiii lrii valut la Silésie, que le ma:
réchal de Eclle-~sle sauva l'armée francaise qui
s'était vue obligée de se jeter à Prague, oh elle fut
investie, et d'où elle fut tirée par le courage de
Belle-~sle, et cette retraite de Belle-1s1e fut trèsadmirée.
Mais précisément ce bonheur de l'Autriche
rendit de nouveau Frédéric inquiet polir
la possession de la Silésie, et il entra encore iine
fois en campagne (2. guerre de Silésie 1744 à
1745). En meme temps la France déclara la guerre
à George Ir, guerre que Louis XV ouvrit en personne
(1715 à 1774), et que le niarécliulMliiirice
de Saxe, condiiisait dans les Pays-Bas; Rla~irice,
incontestablement le plus grand héros de son
temps (car Frédéric se préparait à en devenir
lm), gagnait ilne baLqille après l'autre, et Fré~
déric Il, aussi, était au total heureux. Maurice
prit Courtrai, Menin et Ipres. Le roi fit ilne maladie
dangereuse i Metz, et ses sujets alarmés
lui donnèrent le titre de Louis leBien-Aimé. Rétabli
de sa maladie, les Francais prirent Fribourg,
en 1744; et en 1745,le maréchal de Saxe
gagna la bataille de Fonie~zoi.Une fouled'aiitres
batailles en Flandre et dans les Pays-Bas rendirent
les armes francaises célèbres durant cette
campagne. Charles VI1 revint à Miinich; niais
presque seulement pour pouvoir mourir sur le
sol natal ( 2a janv~er1745); son fils, le bon
BIanimilien-Josey11,:fitensuite la pair avec l'Autriche,
renonca h toute prétention et aida à faire
élire empereur d'Allemagne, sous le nom de
Francois Ier ( 1745 à x765 ), le mari de Tliérèse,
Francois-Etienne, duc de Lorraine (ensuite grand
duc de Toscane. ) Frddéricjs'était maintenu dans
la Silésie par les batailles de Hohen Friertberg,
de Sorr et de Kesselsdorf (cettb derni6i.e contre
les Saxons, alliés eeti ce moment à i'Autriche), et
( a59 )
ThérBse reconnut dans la paix de Dresde( 1745)
ia Silésie à Frédéric. La giierre ne continue
alors qu'avec l'Espagne et la France ;mais Thérése
la termina aussi, gi-âce h un secours de
35,000 Russes qu'Elisabeth , autocrate de la
Russie, lui envoya ( 1740 à 1702). Ainsi toute la
guerre de la siiccession autrichienne ne coûta à
Thérèse, dans ln pair d'Aix-la-Chapelle ( 1748);
que la Silésie que gagna Frédéric, et Parme et
Plaisance le plus jeune fils d'Elisabeth d'Espagae;
car Louis XV renoiica à toutes ses conquêtes.
En ~755,la guerre dc sept ans donna d'abord
aux Anglais quelques avantages sur la France,
laquelle répara ses pertes l'annéesuivanté, par la
prise de Port filahun, sous le maréclial de Richelieu.
Fréddric If, prince dbtié Je nres taIens, et
formé au oommandement ,par la grande école
du malheur qu'il soiiffrit dans sa jeunesse, avait
résolu le problkme cl11'i1 s'était proposé, et introhit
soa petit royaume de Prusse dans le rang des
premiers royaumes etiropéens. Il pouvait prévoir
pue Tliérèsa n'oub\i~rüitpas si facilement sa
belle et Rd~e province de Silésie ;et en effet,
hrp5ratrice concut le projet de réparer cette
perte le plus tôt possible. Il fallait seulement
d'abord être assuré de la France; et
bunitz, ce grand homme d'Elot; se cliargea
de mettre dans les intérêts de I!kutriclie la
France. En ce moment, la marquise de Pom-
Padonr dominait le roi et son ministére. Et
en effet, tout-&-fait contrairement aiix vrais intéi.6ts
de la France, cette puissance consentit à
Une alliance, tendis que George II, roi d'Anglelete
erre, toujours cn gtierre avec la France, de-
Pis s755,-au sujet de ses ooloaies du nord da
( 260 )
l'Amérique, fit, à cause du Hanôvre et de la Cotirlande,
une alliance avec Frédéric, qui vint audevant
de lui à moitié chemin; car sa précédente
politique l'avait privé de tout autre ami puissant,
et il ne pouvait s'attendre à iine alliance
de la part d'Elisabeth, impératrice de la Russie,
princesse qu'il avait personnellement offensée;
il devait plutôt s'attendre, de sa part, à une déclaration
de .erre qii'aii maintien de la paix.
Le grand ministre de l'Angleterre, Pitt, depuis
lord Chatam, pensait d'ailleurs qu'il fallait, en
Allemagne, conquérir l'Amérique. Dans ces,ra .
rrts politiques, totalement changés, ou Pa
rance, l'Autriche, la Russie, étaient rdunies
contre la Prusse et l'An leterre, et où deux causes
toutes différentes, fa Silésie et le nord de
l'Amérique, auraient dû produire deux guerres
étrangères l'une à l'autre, ces deux guerres devaient,
à la vérité, en apparence, se confondre en
une seule, avec la différence que celle qui renait
de commencer la guerre de sept ans, ou
troisième guerre de Silésie (1755 à r 765), fut
concentrée en Allemagne seulement, tandis que
la guerre des colonies frit conduite également
en Amérique, dans les Indes orientales, en
Afrique, où il y avait des colonies anglaises et
des colonies francaises, et enfin sur toutes les
mers où les flottes ennemies se rencontraient$
et cette guerre devint ainsi une guerre générale-
Profitant des avantages que donne une guerre
offensive, Frédéric, aussitôt qu'il eut avis du
partage de son royaume déjà projeté entrel?
Saxe, l'Autriche et la Russie, surprit, au mors
d'août i756, avec xoo,ooo hommes, et sans declaration
de guerre, le petit royaume de Sasî
I'occiipa et fit p~isonnière la petite armée non
préparée qui s'y trouvait (l'électeur, avec s*?
( 261 1
vol~iptueus ministre Bruhl, se retira dans son
royaume de Pologne) , pénétra aussitôt en
Bohême et battit les Autrichiens près Lovositz,
le ier octobre 1~56.C'est ainsi que Frédéric,
fort de l'or dc l'Angleterre, et soutenu seulement
de quelques petits princes allemands, commenca
la guerre contre les 3femmes, comme il l'appela
par la suite plaisamment, ou, comme la SuEdevint
aussi se joindre à ses ennemis, contre plus que la
moitié de l'Europe, avec ses6 millions de sujets,
contre plus que go millions, mais avec une armée
exercéeaux combats et avecun trésor bien garnie.
Dans l'année r 7 57, il poussa lesnutrichiens jusque
sous les murs de Prague, et les battit en cet endroit
(où tomba son bien-aimé Schwerin), inais
il fut à soqtour complètement battu, près Collin
( 18 juin ), par le maréchal Daun ;cette défaite
l'en agea a lever le siége de Prague et à se
renire dans la Lausitz, pour couvrir la Silésie.
Pendant ce temps une armée fran~ai, avait occup6
le,Hanôvre ; roo,ooo Ruses avaient fait une
invasion dans la Prusse occidentale, avaient
battu un corps prussien près Grosjaegerndorf
et une armée allemande d'exécution impériale
s'était mise en mouvement contre lui, et avait
fait près d'Erft~rth, sa jonction avec les Francais.
Ces deux armées combinées s'avancérent alors
au-devant de Frédéric, et les 60,000 hommes
r i craignaient seulement que la etite poignée
e Prussiens ne tint pas devant elEs, se trouvèrent
en peu d'heures, complètement battuesà
Rosbach (5 novembre) et dispersées. Mais si en
cet endroit la victoire fut facile, Berlin, pendant
ce temps, était occupée par les Autrichiens
;Schweinitz et Breslau avaient été prises
par les Autrichiens. C'est pourquoi Frédéric
courut en toute hâte es Silésie, battit avec sa
( 26%
garde de parade de Poisdnrnrn, 8qaoo Autrichiens
près Leuthen (5 février), et reprit aussi
Breslau et Scl~weinitz. De cette manière il put,
en 1358, se remetlre à l'offensive, et, après un
essai manqiié pour attaqiier Otmuz en Moravie,
se toiirner contre les Russes, sous Fermor, qu'il
battit près de Zorndorf (25 août). h, peine cet
ennemi fut-il refoulé que le sié e de Dresde,
par Dam, le rendit inquiet sur fa Saxe. Mais
qnoiqiie ce siége frit levé à son approche, le roi
et l'armée furent pourtant menacés il'nne riiine
complète, dans la niiit du 14 octobre ~758,par
la terrible surprise, près Hochkirchen. Cependant
Frédcric échappa encore ici, qiioiqu'avec
une perte assez considérable. Ce fut un bonheur
Our lui ue Ferdinand de Brunswicl;,
son fifèle générûY, cotivrait toiijoiirs au moins
le côtd dri roi contre les Franjais et les trolipes
de l'empire, avec son armée composée de Hessois,
de Brunswickois , de Hanôvriens , et de
qiiclqries Prussiens, et clrie les Suédois entreprirent
si peti.
L'année 175~était la plus malheureuse pour
Frédéric. Le diic Ferdiiiand fut battu à Bergen,
près Francfort. par le duc de Broglie qiii vengea
ainsi les journées de Rosbach et de Crevelt,
Mais cette défaite des armes prussiennes se compensa
par la victoire que remporta Frédéric près
de Minden siir les Francais qiii s'étaient rendus
maîtres de cette place. Les nuases, sous Soltikom,
bnttirent les Prussiens au-dessous de Vedel, près
Zullichaii, prirent Francfort sur l'Oder, et se réunirent
avec les Autricliiens sous Loiidon. Frédéric
les attaqua (12 août) près Kiinnersdorf, et fut
tellement battit, qii'il écrivit lui-même à Berlin :
lie tout était perdu! (ici tomba aussi Kleist.)
gresde aiiei fut pris9 . p,
q~les troupes de !'Empire
(2639
et :6,or>o Pnussiens, sous Fink, furcntfaits prisonniers
p&s de là. La position de Frédéric deiint
terrible, car ses meilleures troupes et ses trésors
tirèrent à Ieur fin ;mais non son courage et sop
esprit inéptiisables. Cependant Fr6déric ne parvint
pas à prendre la belle viile de Dresde malgr&
un terrible bombardement, ni à saiiv,er Glatz, ni à
fermer Beslln aux russe^. ais à Liegnitz, il
remporta une victoire sur Lotldon, dans ,la bataille
terrible près Torgau (3 novembre I 760) où
6,000 grenadiers priissiens hient étendiissurle
clianip de bataille avant le véritable commencement
de l'attaque, 17i:Gdéric regardait déjà la
bataille oomme perdue; Zietlieu vint à teinps
et la gagna. Alors il avait obteuii par les armes le
moyen de pilendse ses quartiers d'hiver dans da richeville
et aiir environs de Leipsick. La mart de
GeorgeLI (r760) le priva, :? la vérité, des subsides
anglais,.et.Frécléric ne put plus agir qiie d',vilemaniére
dofensive. Rlnis hientôt moiiriit aussi Eli-
"beth (1762),et son.neveu Pierre III, son adorateur
enthousiaste, liii siiccéda sur le trône,
rappela aussitôt les Rtisses ,d'auprès les Aiitrichiens,
et les 1,tissa venir )dans le camp de FrédPric.
Ainsi la Priisse proprement dite revint
ail moins à son yoi. La Siièdc !fit la pair à Hambourg,
avec les Prrissiens. Pierre frit à la vérité,
ail bout de six mois, déjà renversé par iapropre
feini~ie,.~atllerine-la-~rande (de la maison d'Anlldt);
lpais celle-ci conserva au moins la paix. Les
Aütricliielis perdirent atissi à leiir tour, Sc'liweinitz;
et enfin ils perdirent, près :Freiberg, contre
le prince Henri, homme .expérinienté daus les
combats .et.frère du roi, une bataille qui fut la
dernikre dans cette guerre. Toutes les puisssn-
Ces désiraient la paix; la ,France avait perdu
presque toittes ses flottes et ses colonies; l'Au-
( 264 1
triche n'avait plus d'argent Tour faire la guèrre,
et Frédéric avait sauvé la Si ésie. Ainsi arriva !a
conclusion de la paix entre les uissances maritimes
B Versailles (io février r7[3), et celle entre
la Prusse d'one part, et l'Autriche et la Saxe de
l'autre, à Hubertsbourg en Saxe (15 février 1763).
Tout resta comme avant la guerre. L'empired'Allemagne
s'était déjà auparavant déclaré neutre.
Si la Prusse avait conquis par cette grande
guerre une influence politique immense, la
guerre maritime et coloniale n'avait pas été
moins avantageuse pour l'Angleterre. La France
avait conclu en 1761 un traité avec toutes les
branches de la maison de Bourbon, connu sous
le nom de pacte defantifle. Malgré ce traité qui
rendit l'Espaçne ennemie de l'Angleterre, celleoci
n'en fiit pas moins lieureuse. Les Anglais s'emparèrent
de presque toutes les îles et possessions que
les Francais avaient, soit en Amérique, soit en
Afrique et en Asie, et prirent aux Espagnols l'île
de Cuba et les Pliilippines. Le coiip priiicipal fut
porté devant Québec, dans le nord de 1'Amérique,
où le ooble général Wolf remporta la victoire
u'il ava de sa vie (13 septembre 1 59)T
et ohles &&$ais perdirent le Canada. autre
cela, les flottes francaiees furent battries par Boskawen
près la côte d'blgarbe, et par Hswka
près des cates de la Bretagne (1759). La guerre
dans les Indes orientales ne fut pas d'une moindre
importance. L'empire di, Grand-Blogol, à
Delhi, était tombé, après Aurengzeb, en déca*
deuce par les attaques des princes inférieurs
(Nabobs, Subalis) par des tribus guerrières,
telles que lesseiks, les Rlaraties, et par le Shah-
Nadir de Perse, de manière que les Anglais, les
Hollandais et les Francais eurent dc leurs Ct?
blissemens plus beau feu sur ces pays. Depuis
1600,les Anglais avaient une compa nie des Indes
orientales qui, de Cliarles II, oslint aussi
Bombay; la compagnie francaise des Indes orientales,
établie par Colbcrt, fonda Pondichéry, et
Labourdonnaye conquit aussi, en 1746, Madras
sur les Anglais, et même Dupleix battit le premier
le Nabob de Kar-Natik, et eut en général
l'habitude de procurer à la France une longuesuite
de possessions, de plus de cent milles,
dans Coromandel, Orixa et dans le Bengale.
Mais a rès que l'excellent Dupleix eut été rappelé,
Es intérêts de la France dans ces contrées
se perdirent, et l'amiral Clive, célèbre
anglais, parvint, par la force des ai-mes ou en
profitant
des contestations qu'avaient
entre eux les princes indiens, à gagner du
Sliah ~llum, depuis 1756, pour la compagnie anglaise
des Indes orientales, le Bengale, Baliar
et Orixa, avec rn à 15 millions cl'liabitans; le
Grand-~ogol fut ensuite pensionné lui-même
(1765). Varre~ Hastings continua depuis 1770
Fœuvre commencée ar Clive. Il s'agissait, avant
tnut , du ipuissant &der ~ l de y Mysore. Mais
ce ne fut que sous lord Cornvallis (pendant
que Hastings e'tait mis en jugement en Angleterre)
qii'on parvint à démembrer tout à-fait le
grand royaume de Mysore, sous Tippo Saïb,
fils d '~l~ ;ensuite eut lieu la concliiête sanglante
de Seringapatams, le 4 mai 1799, où Tppo Saïb
s'ensevelit sous le. ruines de son empire. Pourquoi
aussi le sultan citoven a-t-il souffert un
club d'anarchistes De uis ce temps les Anglais
ne trouvèrent plus $ennemis importons que
dans les Marattes (la piiissauce des antres Euro-
Péens dans les Indes orientales était brisGe) et
dans ces derniers temps, les blarattes silccomhèrent
aussi. Ainsi une societé de négocians fon-
23
a& ]
da un Empire comme il n'y exr eut jamais de
pareil d'une semblable origine, yuisqu'il compre~c!
sujourd'liui ~)lris de 45,000 milles carrés,
avec plus de zoo millions d'habitans. L'histoire
qui va suivre indique, par comyarnison, le sort
qui peut un jour être r6servé .cet empire.
Uepnis la décoiiverte par Cabot, de la Noiivelle-Finlande
pour les Buelais (1496)~ les Espagnols
trouvèrent la ~lorige (i512), et les Franpis
le &nada (I 535 ), cédC tous les deux
arix Auglais 1765, corErne 1x011s l'avons vu plus
Iiaut. Mais.le xéritqble établissement des Apglais
dans 1'Ame'rique nord-est ne coipmerica que defuis
le r&gne d'Elisabeih ;ainsi, soiis valter Raeigli
dans ln. Virginie (1585); sous Jacqiies Pr, à
Jarnestown (~620) et dans le nouveiiii PJymouth-
Ce frirent avsnt tatit les puritaios qui, b cause de
la liberté de conscience proniiseà ces établissemcns,
y foncl6rent une Soule de çolonies, par
exemple , Nouvglle-Hampsliire , &l;rssachusetsr
Rhodeisland, C~nneoticiit.
Les catlioli lies expiilsés fopdhrent en 1634
~t.-~~ar~-~an!, les quaiers ou trembleurs, secte
reiigie~lse 8foodde en 1649 par le cordoonier
Georges Fox, secte qiii ,croit à une révélation
immédiate de la divinite', qui pe prate pas de
serment, ne fait pas (le service milifpire, et tu-
.taie tous .les hommes, les qu;ikqrs, fondèrent
Noriveari-Jersey, Newyorlr, et surtoiit la Pensilvanie,
où le ,noble ,Guillarirne-Penn racheta de
noiiyeau, avec une aare loyfiilt6 [les Indieus, le
pays que Iiii avait ,déjà coiic&ld la cqprapne, et
il fonda la ville de Pliiladelpliie .(amorir ,fraternel).
Dans le nord de la Caroline, s'établirent,
en 1710, des palatins, tlaria le siid de la Caroe
line, en 1562, des Hu.grieoots, mais qui furent
(issassi~dscomme ht'rétiques par les .Espagnols,
C 267 )'
ensuite, en 1728, s'y établirent des puritains; la
Géorgie fut peuplée par de pauvres Irlandais,
des Ecosçais et par des Salzbourgeois cliassés.
Depuis ce temps l'oppression politiqiie surtout
a fait naître de hoilveaux &tablissemens daiis ces
contrées. En 1764,s'établit Verniont, et en 17~5
Kentuky. Ainsi le desir de trouver la libert6 civile
et religieuse attira peii à peil près de deux
millions d'liommes dans ce pays ;ce soiit rarement
des gens à détlnigiier, ceux qui polir de pareils
biens qiiiitent le sol nxtal! Là, s'écroulèrent
les priviléges et les prejugés de l'ancien
moade; la aussi il n'y eut point de noblesse,
mais il n'y eut pas non plus (le popiilace ;ie
commerce et ~urtout l'a rictilture, mais toikjonrs.
l'activitl'. &taient l'Arne !e l'existence de ces pet>ples
noiiveaux. Mais tous. de q:ielq~ies pays
qii'ils fussent , reconntirent les Anglais comme
maîtres originaires du pays; ils f~~reiit aii~sidéfendus
par les Anglais, et ce sont ces derniers
qui en eurent la haute ailministration. Mais on
viiit i croire aussi, dans le ministère anglais,
Pouvoir imposer des taxes et des coiitributions à
ces colonies si dispendieiises, auxqiielles il fallut
ajoutèr les Florides, le Canada, la Nouvelle-
Ecosse et le cap Brcton, si riclie en prodiii ts ;ces
impositions devaient indemniser des dépeuscs
q~~~ccasionnient ces coionieu ,comme d'ai\lerirs
le commerce avec elles était ilepiris long-temps le
monopole de l'Angleterre. Rlais depuis r 765,
quelques provinces se déclaréreiit trh-fortement
contre cette prétention, parce qii'on ne
leur accordait dans le parlement. anglais ni le
1)ouvoir de se faire représenter, ni se représenter
personnellement. On retira alors toutes les
tanes, et on ne maintint qlie celles sur le thé,
('770).
( ' 268 )
Si dé'&auparavant les colons préférèrent se
passer de tout commerce avec la mère patrie,
ils se refuséi-ent nettement maintenant d'acheter
du thé soumis ?a une taxe, et h Boston, capitale
de Massachusets, des hommes habillés en Indiens
escaladèrent les vaisseaux anglais, et jetèrent
18,000livres de thédans la mer (26 février
1~~3). Quand ensuite la constitrition libre de
Rilassachiisets fut changée,le,port bloqué,:et Boston
occupée par des troupes ro ales, Lin congrès
général se forma à ~hiladel~1;ie (septembre
I 774), et se déclara, non pas contre la couronne:
mais contre les décisions du Parlement. Malgre
l'éloquence de Burke et de Cliatam, on déclara
alors en Angleterre, rebelles, les provinciales, et
le 19 avril 1775, le sang pour la liberté coula
pour la première fois pres de Lexington. Naturellement
la guerre pour les colonies ne pouvait
être qu'une goerre défensive, mais elles eurent
aussi un Vasliington Our la conduire. cc On
n'eut besoin ni d'un d>ésar, ni d'un Fabius; ce
ne sont pas des journCes brillantes, mais des
années pénibles ;non pas un succès prompt)
mais une grande persévérance, voilà ce qui a
fondé la grandeur héroïque de Vashington et
la liberté des Américains di1 nord n. De
nos jours les Grecs ont travaillé à lerir émaa-
ci~~ation, et que les malheiireux Polonais ont
entrevu la leur, et qu'ils auraient conquise
avec l'union d'une part el la loyaut6, de l'autre.
Quoiqii'iine campagne contre le Canada sous
les généraux Arnold et Montgommery eut eclioué,
Ies Anglais, sous Howe, successeur de Ga es)
furent obliges d'évacuer Boston, et, le 4 juflet
i 776, treize provinces : Neuharnpshire , Massachusets,
Rharleisland , Conecticiit , ~ewyorkv
( 269 1
Neujersey, la Pensilvanie ,Delaware ,Riariland,
la Virginie, la Géorgie, la Caroline du sucl et
celle LIU nord, se proclamèrent indépendantes de
l'Angleterre. Cette démarche décisive et la circonstance
que Gates, génèral des colonies, fit
prisonnier, prhs Saratoga (1i octobre I777),
général anglais, Bourgogne, avec 6,000 hommes,
et que Clinton, successeur de Howes, fut obligé
de revenir de Philadelphie, qui venait d'être reconquise,
à Newyork (1778) , eurent la conséquence
heureuse que la deinailde de secours du
célèbre Benjamin Franklin fut ensuite favorablement
accueillie en France, et (1 ;.78) qu'un
traité d'alliance et de commerce entre la France
ct les colonies déclarées indépendantes, eut lieu.
Nous reviendrons sur ce sujet. Bientôt l'Espagne
et la Hollande prirent également parti contre
1'8n4eterre; pendant que le Danemarck, la
~uè$e, la Prusse, l'Autriche et le Portiigal se déclarèrent
(1789)pour la neutralité armée de Catherine;
de manière qu'une nouvelle guerre générale,
au sujet de la domination de la mer était
imminente. Mais quoicjue la prise de Minorque
réiissit, le siége remarquable de Gibraltar (1 7 79
à octobre 1782) par les dix batteries flotlantes
#arcon, chargées de zoo pihces de canon, éclioua.
Car les 4,000 boulets rouges du brave Elliot firent
ulz désastre épouvantable dans ces batteries.
Ce endünt, quoiqu'au total, les Anglais eurent
le Sessus sur mer, et prirent une foule de colonies
aux ennemis, le sort de l'Amérique devait
se décider sur le continent, et ce ne fut pas à
l'avantage de 19An leterre que tourna cette décision.
La cause de fa liberté attira une foule J'Etiropéens,
et outre Rochambeau et ses troiiyes,
ta Fayette, Gates, Pulavski, Kosciusko, Steuben,
xal, Lee, etc., y prirent part. Mais l'honseur
le
( 270 1
principal de la guerre revenait cepe~dantà
Vashingiop qui réussit enfin d'enfermer le général
anglais Cornvallis, prCs Yorktown, avec
7,000 llommes, ct de le forcer à une capitulation
(19 octobre 1781). Les Anglais n'eurent pas
alors de nouvelle armée à y envoyer, et un changement
de ministère facilita à Londres la paix
qui, à Paris (3 septembre 1783)' consacra l'indépendance
des Etats-Unis dit nord de 1'Amérique,
laissa Rfinorque 3 l'Espagne, tandis que la
Hollande céda à l'Angleterre Negapatam dans
les Indes orientales ,et que tout le reste demeura
presque comme avant la guerre. Depuis ce
temps, cet Etat libre, non-seillement subsiste,
mais s'est aussi accru sous un président nommé'
polir 4 ans (Vasliington, 1797; Adams, 1801;
Jefferson, 1809; Madison, 1817; Monroc, 1824,
etc.), et un congrhs général depuis 1801,dans la
capitale Vasliington ;et cet état a eu un si grand
accroissement en pays et en habitans venus de
l'Europe, que la circonfërence en est maintenant
de 108,435 milles carrés, avec plus de 1I millions
ù'hakitans, et, Iieureiix pays ! n'ayant que
9,900 soldats ; le nombre des provinces- s'est accri1
à 25, avec 50 sénateurs et 210 re résentans
au congrCs. C'est un enfant pour Ls annëes
d'existence, un géant en grandeur, un vieillard
en sagesse!
Revenons (le ces jeunes Btats de l'Asie et. de
1'Amérirpe. à I'Eiirope qui vieillit, et à la France
oit de grands événemens se préparent.
Au total, la guerre de sept ans, malgré la gloire
acquise souvent par les armes francaises, ne
fut pas heureuse pour la France. Par le iraité
qui termina celte guerre, les Anglais erigérent
la démolition des fortifications et (ILI fort de
Dunkerque, et ne rendirent à la France qu'une
(
ptie deses ossessions en Amériqtie et en Asie.
n 1768, la {rance fit i'ac uisition de I'ile de
Cone que lui cédèrent les &bois dont cette île
avait secoué le joiig sous la coucitiite de Pascal
Paoli.
Ilouis XV, avec lin esprit sage et jiiste se livra
trop aux plaisirs, négligea souvent les affaires
et laissa prendre à ses favorites une scandaleiise
influence. Marié avec la fille de l'ex-roi de Pologne,
Stanislas Lecinslri, ulie maîtresse succéda
chez lui à iliie autre :Lemailly et ses trois saurs,
mestlaines CIiIZteaitroris, la marc~iiise de Pompadour,
inadame du Barry ne firent qrie trop soi1 .
vent oublier II Louis qii'uq roi se doit à son peuple.
Ses ministres mêmes, a l'exception de Fleriry
(1726 i 1743), parurent être destinds à augmenter
toujoi~rs le mallieur de la nation, tandis
que la part vie prit la France à la guerre de
succession de I'Autriclie, it celle de la Pologne,
fi celte appelée guerre des sept-ans, enfin la
guerre navale, tontes ces circonstances firent
motitar à l'infini la dette de I'Eiat. D'un autre
cGté, les interminables qaerelles religieuses et
les intrigues politiques snscitées pii: la biille
unigcnitus qui supposait l'infaillibilité du pape ;
les persécutions des jésuites contre les janshistes
et le parlement, troublirrent le pays ct 1liitè'-
~ilt la marche des événeinens. Cependant les
]?nsénistes étant devenus assez puissans, et le3
ecrivains, silrtoiit Laclialotais, ayant signale' les
torts qii'oil pouvait reproclier attx jésuites, ces
derniers frirent enfin expulsés en 1764 soris le ministère
de BI. deClioiseul, le m6mc qui ajorita la
Corse à In France. Ce sont les jésriites qu'on R
60~pconnésd'avoir conduit le',bras de Damien qui
frappa Loriis XV d'un coup de coriteau, en 1737,
@ri&omeht où ce monarque montait en voiture
( =72
pour se rendre à Trianon. L'expulsion des jésuites
est un événement d'autant plus curieux
que le fanatisme immola vers la même époque
le vieillard CalaS.et le jeuiie Labarre. Louis XV
mourut en 1774,à l'âge dc 65 ans. Le siècle de
Louis XV vit fleurir les mathématiques, la pliysi
lie, la chimie, l'astronomie, l'histoire naturJie
et la lé, oislation. Une foule de swans et de
liltérateurs ont lionoi-é ce &le. Parmi les principaux,
citons entr'autres d'Alembert ,Diderot
et les autres collaborateiirs de l'encyclopédie,
Duclos, Mably , Condillac, Marmontel, Helvétius,
Raynal, Bayle, Vaucanson, célèbre mécanicien
; Leroy, fameux horloger ; Duhamel qui
erfectionua l'agriculture ; Franklin, Lagrange,
guffon, Linde, Daubenton, Jussieu, Maupertuis,
Lacondamine; enfin Voltaire, Rousseau et
Montesquieii. Ainsi, si d'une part une police
secrète terrible, et les horribles lettres de cachet
semblaient devoir enchaîner la pensée ;
d'un autre côte, lamais une telle réunion de
penseurs profonds, hardis, ne s'est trouvée, presqu'à
la même Epoque, pour ouvrir les yeux du
peuple. Rousseau, l'écrivain le plus élorpent
des temps modernes, égaré par sa vanité, trompé
par son Iiiimeur, a prêté sa plume au paradoxe,
mais il l'a consacrée plus souvent à la vérité.
Ainsi que Montesquieu, il a ,contribué 3 1a:réforme
de nos mœurs.
Noiis sommes arrivés au prince le plus noble,
et même, dans la cour la plus corrompue, le
plus pur; sous son règne devait éclater la tempete
qui devait abattre le despotisme; 1,ouis XVI
devait porter la peine de ses pères. Voyons d'abord
ce qui se passait vers la même époque dans
d'autres contrées.
L'empereur François ïer mourut 2 ans ap&
( 173 )
la guerre des sept ans (1765);son fils Josepli II
lui succéda (1 765 à i 790) dans le règne de l'Allemagne
et de la Hongrie. Ce prince qui avait
employé les premières années de son règne à
parcourir les royaumes qii'ii devait posséder uu
jour, fut à la vérité encore bien gêné dans sou
gouvernement, jusqii'en 1780, par sa mère, Marie-Thérèse,
qui i'emp6cliait de se diriger d'après
ses propres idées, mais il régna seul depuis cette
époque oir inoiirut cette femme célèbre. Josepli
était le reflet d'une époque noiivelle et plus sereine,
tel que de uis 1740 il se montrait, et qu'il
fiit impossible cre le méconnaître; c'était un
I-iomme plein de la volonté la plus noble pour ce
qu'il regardait comme bien; d'une activité peu
commune, libre de préjugés, soit religieux, soit
politiques ou civils, mais beaucoup trop prompt
dans les eiitreprises qui, d'après leur nature, doivent
d'abord être mûries par le tem s et ratifiées
par l'o inion. Aiissi ie paisvint-il) à reposer
à l'omire des arbres qu'il avait lantés, et
d'en goilter les friiits, r~iioique plus :'<in droit
authentiqiie de ses peuples fut anéanti qiiand ce
droit lui faisait obstacle. II succombait nrissi trop
souvent à la politiqiie de son temps qui voiilait
tout trancher, tout arrondir, pour ne pas faire
mainte démarche dont il aiirait mieux fait de
s'abstenir. Tels furent ses plans sur la BaviEre
(1777 à i 783), ailxquels Frédéric II s'opposa la
première fois par une courte guerre en Bohême,
et la deuxième fois par l'alliance appelée l'Alliance-des-Princes
;sa prise de la Bukovina, et sa
part dii clc'inembrement de la Poloune. Mais il est
grand par pltisieiin deses 1-6formesaans l'intérieiir
de ses Etats, surtout par son édit si connii de tolérance
(1~811, et les israélites de ses états ne le
nomment que pénétrés de la pllis vive reconnais-
( 274
sance. 11mourut enx7g0, et sou frère,LP'opld Il,
lui succéda.
Frédhic II brilla d'une manière pli~s éclatante'
endre à I'liorizoir politique. Les derd
niers 23 ans de son règne devaient. rendre intérieurement
heureu% le pays que, pendant les préce'dens
23 ans, il avait accru et sauvé. Frédéric
était un prince adoré cle SOLI peuple, r~iioiqii'il
parut ne se complaire qiie dans la société d'un
petit nombre de savans étrangers. Il avait le
rare talent, non-seulement d'agrandir ses Etats,
mais de les maintenir grands: c'était l'homme
le plus actif de la monarchie! Souvent le matin
trouva ch& lui déjà fait le travail de toute une
journée ; cc car, dit-il, rien ne ressemble pltis à
la mort que l'oisiveté ;il n'est pas nécessaire que
je vive, mais bien ue je sois actif. » 11 n'ajourna
rien de ce qui%erait ktre fait, et ne cessa
de régner par lui-même qu'avec le dernier inoment
de sa vie, le 17 août 1786.
La Sémiramis du Nord, Catherine II de Rnssie,
peut seule être comparée à ces deux 1)rinces,
a cause de sa très-grande activité, féconde
en heureux résilltats, guoiqlie dans l'apprdciation
gértérale de son regse il faille, sur plus d'un
de'tail liorrible, fermer les yeux ;aussi, passons
par-dessus son avènement au trône, par-dessus,
la fin cie Pierre, son mari, et sur la misère des
derniers jours de l'empereur 1van III à Schlusse1bonl.g.
Sa politiq~ie extériciire fut particiili&-
rement dirigée vers la Poloone et la Turquie.
Combien fut significatif le pyan qri'elle exécuta
de donner arir Polonais, aprhs la mort d'Aliguste
III (17S3), Stanislas-Auguste Poniatowski,
pour roi ;l'appui qu'elle accordn ati mali~eureus
parti religieux des dissidens, qni, sans doute,
(levait, avec un secours étranger, devenir tia
parti politique, et enfin, le joug de fer qu'elle
4 275 1
exery par l'entremise de Repnin. Ce fut en
vain qrie les mécontens de l'iiifluence russe formkrentiiue
confédération à Bar, en 1768,qu'ils
engagèrent la Porte-Otomane à déclarer la gurere
à la Russie, et qu'ils .clierchèrent même à
enlever l'Impératrice ail milieu de d.e sa capitale
(novembre 1771). Ils ne firent par-là qu'accélérer
ce qui avait ét4 décidé d'Jior.rible sur la Pologne.
Calvdéjà I'Aiitricbe, la Prusse et la Russie
étaient convenues de procéder à lin partage de
la Pologne. 11 s'agit ici inoins de sgnoi? qui le
premier a conrpi ce plan, que d'en mentionner
uri dont i'importance co~lsiste plutôt à ?voir été
concu contre tout ce qii'on regardait jiisqiie-là
comme le droit des peuples et le système de,téquilibre.
On détacha donc en 1772, de la Pologne,
3,400.milles carqés; on se ,les partagea chaaun
à Sa convenance, et la diète de Narsovie fut
obligée,.en 1773, d',y consentir.
Catherine ne fiit pas moins heureuse dans la
guerre contre la Tiirqiiie ,après qiie Romanzow
se fut placé à la tête de l'arpiée,russe. Les victoires
près dti Priith, dri Kagul, les conquetes
de Chotzimi, de Bender, la guerre navale
près Scia et.le terrible iiicqpdie de la flotte
ttirqiie dans la baie de Tscbesme, dans l'Asie-
>Iineure, par Alexis C.)rlof, l'alliance ,avec les
Grecs -(qiii la payèrent cher quand la Russie
avait atteint son but et obtenu la paix), celle avec
Ali, br,y <i'Egypte, enfin la reso ution du grand
visir clans IPS montagnes de la ~ uprie, tout cela
produisit la paix de Kiitscliuk-hainarclge et la
cession à la ,Riissie de Kinstirn , d'bsow, de Jeiiilial
et de Kertscli dans la .Criinée, avec la
grande et la petite Kabardie. A rès que la rébellion
du cosaque .Pugntscheff (un Pseudo-
Pierre) eut été repprimée , que la division de
l'empire par gouvernemens fiit exécutée ,Catherine
s'occupa d'un plan beaucoup plus grand, le
projet grec où son favori, l'or~ueilleux prince
Potemkin croyait monter plus ?laut. Ce ne fut
pas pour rien que sur l'une des portes de bloscou,
on avai~ écrit : chemin de Constantittople !
Ce n'était pas pour rien que son deuxième
petit-fils portait le nom de Constantin et eut une
nourrice grecque. SLII- les ruines du royaume des
Osmanes devait s'élever un noiivel empire grec
soris un prince de sa maison ! Enfin, on en vint
aussi à iine guerre ; mai3 comnie c'est la Porte
ui l'avait déciarée la preiniére , l'empereur
]osepli fut obligé, d7nl>rès les traités, &y prendre
ét;.dement part, ayant eu peu auparavant (1787)~
une confërence avec Catherine à Cherson. Mais
Joseph souffrit la défaite près Lugoscli 1788 , et
en emporta une maladie dangereuse. Quoique
Loudon et Cobourg remportassent encore de
grandes victoires, u'ils prissent à l'assaut Poternkin,
Oczakow ,(Siiwarow,Isrnail ( d'une manière
assez sanglante), quoique les journees de
Driwitza , Foeksani , Martinjestie et la conqu6te
de Bender amoncelassent lauriers siir lauriers :
I'Aotriclie fut obligée pourtant, à cause de la
jalousie de la Prusse et de l'Angleterre, et à cause
de la triste mort de Josepli, q!ii laissa ~~Itisieurs
de ses provinces en pleine revolte et presque
toiites les classes de ses sujets excitées contre lui,
qiioiqii'il n'eut voiilii que le I)ien de son pays, à
la vérité, à sa manière, l'hiitriche fut obligée de se
retirer clela guerre et Catherine diit se contenter
de la paix cle Jassy, I 792,avec Oczakow et le pays
entre le Bug et le Dniester. Malgré de si grandes
armées et de pareils gén+atix, combien s'en fallait-t-il
encore pour 1 aneantissement de l'Empire
turc ? Mais le fanatisme religieux et politique a
aussi en d'antres temps résisté aux plns grands
adversaires. Vers le même temps, Catherine ter-'
mina aussi avec bonheur ses démêlés avec la
Suède. Ce pays élait depuis assez long-temps divisé
en deux partis; celui de la Russie ( les bonnets),
et celui de la France (les chapeaux).
Gustave III, (1771 à 1792) rétablit en 1772, par
une révolution hardie, la considération royale
perdue en 1718.On sai tcombien cette révoliition
fut prudente et prompte, et cc qui vaut plus,
yli'elle s'ol>éra sans effiision de sang depuis le
sigue de I'écliarpe blanche qui date du 18 août;
on sait aussi qu'après que cette révolution fut
consomniée, le noble roi déposa modestenient la
couron:;e, tira le psautier de sa poche et entonna
lui-même uu :Mon Dieu, nous te louons. Quelque
excellent que frit son gouvernement, les partis
n'en furent pas pour cela tout-à-fait désarmés,
et lorsqii'il déclara la guerre à la Russie, à
caiise des plans secrets de cette puissance à s6-
duire ses siijets, et pour faire une diversiou à la
Porte, ses officiers refi~sèrent tout d'un~oiip dans
la Finlande, cle lui obéir. cependant, a un combat
saugiant, siirto\it siir la Mer altiq que, siiccéda
encoreune pair honorable à Verelae ( I 790). Mais
2ans après, Gustavefiit assassiné dansiin bal pariin
~eniilliomnie nommé Ai~karstroeme ,et il tomba
victime de l'aristocratie exaspérée contre Iiii.
Cependant Catherine n'avait pas perdu de vile
la Pologne. La Pologne, en relations d'ümitid
avec la Priisse, avait enfiri reconnu, trop tard à
la vçritb ,qu'une nouvelle constitution, conforme
temps, avec l'abollition du veto, cause ilnipue
de tant de diètes titmiiltueiises., qu'une nouvelle
constitution qui substituerait la royauté
h9éditaire à la royauté declive, porivait le
mieux la garantir contre l'influence de la Russie.
24
( i70'
Le' 4 novembre , Suivai.oi46 inoh tg à l'assaut àI
Pra a, faubourg de Varsovie, tt la ville se rehdit
fe cj suivant. C'était bien aussi la fin de la
Pologne, car un troisième partage ( 1795 ) ciitre
la Russie, llAutriclie et la Priisse, laissa à peine
an pays son nom. Le roi destitué obtint ane pension
à Pétersboarg. Les plrts doble$ PolonaiS
s'erpntriérent pour ne yliis voir ld &c?solàtion ;
Kosciuszko alla en Ameriqne (en 18i7 il vint en
Suisse et sa dépouille mortellè seule rétint à
Cracovie'; un monument nitional sur ii fnohhgne
Bronislawa et l'histoire l'éterniseront).
BientGtnons trouveronsla Pologné encoré nSe fois
ponssée à. l'indé endance par son ardent Im6dr
de la liberté; Zathdrine mourut &ri i996. Des
335,000 milles carrés que 1d Russie hait à sa
mort, Catherine en avait conqiiis 11,000.
Du côté opposé de I'Euro e, eti ~ortiigdf, il
se nianifesta bientôt un peneKant décidé pour
l'Angleterre, et une grande faiblesse de )a art
des gouvernans, qui, depuis 1640, étitiedt & ld
maison de Bragance et qui s'étaient maintenus,
malgré les efforts de l'Espagne. Il n'y eut qiie le'
règne de Jose 11 Emanuel ( 1750 à 1777) qni se
distingua par L rhinistre Sombal; il avait eherché
à rendre de iiorivelles forces 3 l'état affaibli.
Nature~lerxieut, dans lin tel affaiblissemeat, ses
énergiques mesures de féformê devaient de+enir
op~ressives. Le terrible tremblement de térre ,
let noteml>ré 1755,. qui avait entraîné la perte
de la moitié de la ville et coûté la vie à à11 moins
50,000 âmes, ftit expliqué par le clergd comme
ilne manifestation de la colére divine, h cause des
Innovations du ministre. Un attentat sur la vie
du roi, où l'on soupconna les je'suites Gavüir eu
lamain au jeu, etleur'résistauce,lors de l'échange
de St.-Sagramento contre le Paiaguay espagnol,
(280 j
où ils s'étaient formé un empire à eux, composé
d'Indiens, entraînèrent leur expulsion du Portugal
en 1758. L'armée totalement démoralisée
fut reor anisée par le comte Allemand de Lippe-
~chaumkour~. Mais la bigotte Maria Frencisca,
fille du roi, qui régna apres lui et devint enfin
folle, congédia Pombal, et préféra tenir un autoda-fé
eu 1778. Son fils Jean entreprit en 17ga de
gouverner pour elle. Les anciens jours lieiireiix
étaient del)iiis long-temps passés. Il n'est
pas étonnant si, long-temps encore, en mémoire
de ces jours, le peiiple superstiiieux coitrait, a
certains vents de mer, sur des collines et regardait
vers le sud pour voir si son Saint-Sébastien
de I 759 ne revenait pas de l'Afrique.
En Espagne, Ferdinand VI avait succédé en
1748 au faible Philippe V et à son ambitieuse
femme Elizabeth de Parme (avec son extravagant
politique Alberoni) ;en 1758, Ferdinand devint
fou, et il eut pour successeur (1759 jusqu'en 1788)
l'Infant don Carlos, roi de Naples, son frère consanguin,
qui prit le nom de Charles III ;et Naples
eut pour roi, Ferdinand, son troisihme fils. Soi15
son règne se distinguèrent comme ministres, les
comtes Aranda et Campomane. L'expulsion des jt
suites et les limites posées au pouvoir de I'inqnlsition
furent un bienfait pour le pays. Charles ranima
l'industrie, encouragea l'agriciilture et tous
les genres de travaux. C'est CIiarles III qui a jet!
des ponts sur les fleuves, creusé des canaux, trace
des routes, élevé des manufactures, colonisé la
Sierra Morena.
Charles III se vit forcé de conclure le pacte de
famille qu'avait re oussé son prédécesseiir. Il s'y
vit contraint par [audace de la puissance an-
$aise qui, après avoir réduit le Portugal à l'élut
e province de la Grande Bretagne, semblait voi1°
loir traiter en tributaire le reste de la Péninsule.
La uerre de l'indépendance américaine dans
layue8e la France prit une part si glorieuse, remit
bientôt en question ce qui avait été convenu
relativement à l'Amérique. Cliarles III fut
forcé de s'unir à la France par les iiouvelles insultes
que les Anglais firent à son pavillon et à
ses colonies. Et lorsqu'en ri83 les Aniéricains
combattirent pour letir iiidépendarice , 1'Espagne
prit part à cette guerre en même temps que
la France. Nous reviendrons à l'Angleterre en
parlant de la révolution francaise, révolution qui
a tant occupé la Grande-~retagne et siirtoiit le
ministrePitt. Remarqiions seulement, avant d'aborder
ce siijet intéressant et important que si
pendant, et surtout vers la fia du dix-huitième
siècle la France eut une foule d'hommes distingués,
I'Angelterre eut Milton, Newton, Locke,
Drydeu, David Hume ; 1'Allemagnc eut Gieim ,
Kleist, Gellert , Klopstock, Lessing, Gessner,
Burger, Scliiller, Cotsbo~ie, Goethe et ilne foule
d'autres, I'on poiirrait dire que le dix-huitième
siècle a pensé ce qiic le dix-neuxième a déjà en
partie exécuté.
mslnioxag
DES
TEMPS MODERNES
DES PLUS R~CENSBVÉNEMENS.
CHAPITRE III.
Depuis la Révolution francaise jusgu'à nosjourse
, (1789 à i 835.)
11 est impossible de ne pas faire l'observation
conibien est frappante la ressemblance entre le
temps moderne et le commencement de l'époque
la plus récente, Au sièclc de la réforme, des milliers,
mt.nirt des millions d'hommes, faisaientdes
efforts vers la liberte religieuse et ecclésiastiquei
parce qu'ils se croyaient rnÛ1.s polir l'obtenir, et
en état dc briser les liens de la hiérarchie. Depuis
le milieii du siécle pre'cédent, des écrivains eurent
une autrc direction, mais analogue. Nous
avons vu en France les plus distinçués d'entre
eus, examiner avec attention, les droits des peu:
ples par rappori à leurs princes, et peser ainsi
dans la balance de 111raison, des priviléçeç q,'une
lisute antiqriité praissait devoir Iésitimer. Bien.
tôt après éclata en Amérique, la guerre de l'in-
( 283
dépendance, si importante et mehée à si borine
fin ;alors le désir de briser les cliaînes de la féodalité,
qui seules rappelaient encore le moyen
âge, de conquérir la liberté civile et politiqire,
une liberté légale, ce désir devint toitjotirb plus
ardent, surtout en France. Certes il est naturel
à une nation privée de la liberté, non-seulement
de la désirer, mais même de la conquc'rir; mais
vouloir se la procurer par des rhoyens ilijustes,
répandre des torrens de sang pour l'arraclier,
c'est là ce qui sépare les hommes raisonnables,
des hommes violens. Un peuple miil- pour la liberté,
l'Our la liberté compatible avec I'ordre,
reste rarement SOUS le joug du despotisme; le
temps tràvaille à son affi-anchisseinent. Mais se
jeter au-devant de la inarche du temps, en précipiter
le moiivement, c'est s'exposer d'être écmsd
par ce mouvement yrdcipite. Et quatid nous
voyons que la liberte a triomphg non-seulement
des obstacles que lui offraient l'aristocratie, le
despotisme et la routibe, mais encore de ceux
pi faisaient naîtreun système de terreur et d'oppression,
iioiis devons noris féliciter de vivre à
iine époque où même la cruauté et les itijustices,
n'ont Pa~einptcIié le triûmplie de la pliis belle
(les causes.
C'est un fait ffénéralement admis, qde ln rero\iition
btaii dzjà laite dans les esprits quand
Louis XVI monta sur le trône ( 1774) Le gaspillage
des deniers publics, l'inégalité des cl~arges,
les tiraillemens des parlemetis, torit cela
avait depuis long-temps fdtigiié !a natiofi, et avait
appelé une crise que Louis XVI, !rince éqiiitable,
mais faible, n'était >as capab e de conjurer.
IL avait rétabli dans leurs fonctions, les nnciens
parlemens, exilés en x 71 par Louis XV;
es 1780 et ~781;il avait ordlonnéla destruction
des cachots souterrains, amélioré le régime des
prisons, aboli la question et les corvées : Turgot
et Malesherbes secondaient les vues bienfaisantes
du roi. Malheureusement Louis XVI n'eut pas
cette fermeté qui sait tailler dans le vif et déplaisant
totir-à-tour à la Cour et à la nation ;l'explosion
de la révolution s'approcha avec une effra
ante rapidité.
Jepuis 1778 jusqu'en 1783, la France avait
à soutenir une guerre maritime contre 1'Angleterre
au sujet du traité de commerce, que la première
avait fait avec les colonies anglaises de I'Amérique
septentrionale, qui s'étaient déclarées indépendantes
du gouvernenient an lais sous le nom
d'Ela&-Unis, traité qui avait déJu aux Anglais.
Celteguerre àlaquelle concoururent, comme nous
l'avons dit, plrisieurs Francais de distinction, entre
autres Lafayette, et qui avait excité en France une
sympathie bien naturelle pour l'indépendance et
la liberté, avait aussi contribué à miner (le plus
en plus l'édifice vermoulu de la féodalité :les finances
étaient dans l'état le plus deplorable.
Necker, qui avait déjà été appelé en r 77 h la
tete des finances, fit connaître en 1787 à fassernblCe
des notables, un déficit de cent quaraiite
millions. Le mal allait en augmentant, et Necker
donna le conseil d'appeler les Etats généraux
polir leur ex oser l'état de la France, et le 5mai
1789, Louis $VI, suivit ce conseil, et les Etats généraux
furent convoqriés. Ils étaient composés
des trois ordres de la nation : le clergé, la noblesse
et le tiers-état.
Assenzblée nationale. Quatorzejuillet.
Les états avaient été assemblés à Versailles,
ah la Cour crut pouvoir mieux les diriger. Dès
( 285 1
l'ouverture de cette assemblée, il s'y éleva des dé
batsqui excitèrent ilne agitation, laquelle se communiqua
bientôt à la multitude. Ainsi les trois
ordres étaient d'accord à demander les réformes
qu'exigeait l'intérêt général, et conformément
aux cahiers dont Ics avaient cliargc's le~irs comnietlans.
blais ici l'étiquette vint, dès le premier
moment, troubler l'ensemble dont eu ce moment
siirtoiit, on avait tant besoin. Le clergé ni la noblesse,
ne vinrent point .& 1ü salle commune des
séances pour la vérification des pouvoirs, et le
tiers-état se déclara assemllée nationale. La Cour
voulut agir avec sueur, les députés
se rendent au !ie%rn%% font le serment
de donner une constitution à la France. Dès
lors la souveraineté du peuple exista de fait.
Des troupes environnent la capitale. La fermen-
tation du
euple se fait jour par la prise de la
Bastille ( ifjuillet i~$9).Des Iiorreurs sanglantes
signalent cette premiere victoire populaire. Ce-
Pendant on vou ait encore une nionarcliie, mais
très-tefipérée. Déjà se formait le club des jacobins,
formé de républicains ardens. Tout le
royaume se ressentit de I'effervescencepopulaire;
les châteaux furent pillés et inceudiés. Dans une
nuit (4 août ), l'édifice féodal qui subsistait depuis
rooo ans, fut abattu en France. L'émigration~ommenca.
Le château de Versailles devient
1 le tliéiître di massacre (5 et 6 octobre), le roi
vient à Paris, et recoit de Bailly la cocarde tricolore.
Déjh l'assedbiée a décrété la declaration
des droits de Pliomme, la suppression de tous les
Priviléges en France, la confiscation des biens
du clergé et la création d'un papier-monnaie,
appelé assignats. Elle décrète la liberté de la
Presse et celle des opinions religieuses. Enfin,
en 1790,la France frit divisée en 85 départe-
mens ; les couvens et la noblesse furent supprimés.
Cependant les princes francais retirés en Allemagne
et en Russie, travaillèrent à l'organisation
d'une armée contre-révolutionnaire. Ces di8érexis
e'vénemens et l'incorporation h la France
des pays situés à la rive gauche du Rliin, et apfartenaut
à des princes allemands, provoauèren,t
es délibe'rations de l'Autriche et de la Prusse, a
Pillnitz. Mais la présence du roi à la fête dela
Jeiiei*ation, et son serment à la constitution prononcé
au pied de l'autel de in Patrie ( 14 jaillet
I go), firent croire que le roi avait recoiivré Sa
liierté, et les délibérations de Pillnitz n'eurent
poiir Je moment pas de suite:
L'embarras des finances allait en augmentant
malgré les dons patiioti ues. Necker se retire.
L'aristocratie se remue ; les ennemis de la révolution
se réunissent à Jalès. L'assemblée, en exigeant
un serment du clergé catlioli ue, occasiooe
iin sclilsrne ficheun et grossit ?e gombre
des méconteiis. Mirabeau défenseur de la rnonarchie
constitu tionaelle, et le plus célèbre orateur
de l'assemblée coiistiuant~, meurt ( 2 avril
17 1) et recoitles lionneurs du Pantliéon.
fouis X~I,abreuvo d'amertume malgré les
efforts qu'il faisait pour plaire à l'assemblde nationale,
tente de quitter la France avec sa famille;
mais arrêté à Varennes, il est ramené à Paris et
sùspcndu de ses fonctions, jiisqii'après I'achèvement
de la constitution dite de gr, Un soulèvement
rdpublicain qui eut lieu alors au Cliamp:
de-Mars, fut dissipé par Lafayette et Bailly, qui
firent tirer siir les pertubateurs.
L'assemblée, aprés l'acceptation de la constitution,
se déclara dissoute et fut remplacée par
l'assemblée législative.
( 287
L'assemblée nationale législative, plus ardente
que la constituante était divisée en trois parties :
les républicains modérés, tels que Vergniaux,
Condorcet, Brissot etc ; les cordeliers ayant $
leur tête Danton, Camille-Desmoulins etc., et
les royalistes contistutionnels :ces derniers étaient
les moins nombreux. S'appuyant sur le peuple
qui lui était clévoué et qui était payS, l'assemblée
nalionale déclara la guerre à Francois II,
ni avait succédé à son pkre Léopold ~ f frère ,
je Jasepli, 1790 à 1792;la Prusse, I'.Autriclie et
l'empire d'Allemagne, répondirent à cette dedaration
par une invasion en France, qui toutetefois,
frit de courte ditrée. Pendant ce temps,
eurent lieu à Paris les scènes les plus liorribles ;
le 20 juin, les jacobins irrités de ce que le roi
avait refiisé de sanctionner les décrets de l'assemblée
contre les princes, les émigrés et les
pri?tres, assiégèrent les Tui1eries:et prodiguérent
ail roi' les plus cruels outrages; le IO août, on
tira contre le roi aux Tuileries, la garde suisse y
fut assassinee, et le roi même dont la declléance
est prononcée, fut conduit prisonnier de 1s nation
dans la prison di1 Temple. Le 2 se tembre
eurent lieu daus les prisons de Paris, !es rnassacres
horribles. Leprétexte de cette bo~icherie,
fut l'approche des alliés et la proclamation du
duc de Brunsmisk. Déjà la giiillotine était en
permanence, indépendamment cles massacres de
septembre avait coûté la vie à environ 7,000 innocens
prisonniers. Cependant tous les princes
francaisne furentpas atteints par le décrc t de banbissement,
prononcée par l'assemblée législative.
Ce décret fut lin moment rapporté en ce qui
concernait la faniille di1 duc d'Orléans, qui
avait embrassé la cause de la révolution.
Le duc de Chartres, son fils, aujourd'hui roi
des Francais, défendait son pays contre l'invasion
étrangère. Officier supérieur d'abord dans
l'armée de Kellermann, puis dans celle de Dumouriez,
il combattit glorieusement à Valmy, à
Jeinmapes et à Nervinde.
La convention nationale cornmenGa ses séances
le 21 septembre 1792. Elle proclama dès le lendemain
l'abolition cle la royauté et l'établissement
de la réljublique en France, et le 21 janvier
1793, Louis XVI est décapité. Marie-Antoinette,
son épouse, et madame Arlélaïde, sœur de
I'infortiiné monarque, périssent de la même mariière.
Des liommes tels que Nohespierre, Marat,
Hébert paraissent sur ln scène. Des torrens de
sang inondent le pays le plus civilisé. Tristes
fruits des révolutions outrées par les uns, contrariées
par les antres. La pierre une fois lancée
prend toiijours le chemin le plus tortueux. On
corninetlait les crimes les plus inouïs au nom (111
salut de la patrie, et le bien ii'a produit la
révoiiition , a été aclieté par les maux incalculables.
A la mort de Louis, la Vendée s'insurge;
l'Europe prend les cirnies. La républiqite, de son
côté, déclare la guerre à l'Angleterre, à la Hollande
et à l'Espagne. Quatorze armées se mirent
alors en mouvement. Custine avait pris Mayence*
Montesqitiou avait enlevé la Savoie, et Dumou
riez inonda la Belgique des troupes de la république.
I,e peuple se leva, toute la France fut convertie
en un c;lirip,et les armées républicaines, animées
cl'un coiirage en quelque sorte fiinatique, firent
éclioiier le talent des plus grands généraiix. Le5
cliefs n'avaient qu'à entonner la Marseiffaise;
on vainquait en chantant. Pour anéantir tout ce
qu'il y avait. de sacré, on abolît en novembre
( 289
1fg3,lareliÿiod clir-étieniic et1 I:i*anrc,on érigea
iiii teiirple tle la Rei-oii , on iii;~ la tliviiiité ct
I'itrimorialit6. cl ce tie fut qiie le 7 i~iiiiL ;g$ qrie,
par uil tl6cret de la c-oiiveiition, ~'Qtre siipi.$nie
fiil rétabli ! Polir l>i\rrraiix embarr;is fiiiiiiicier~,
oii avilit crP6 lepapier-i~io,iiiaie. oit nssigiiats ;c'4-
tai~iitlrs bons siir leproduit des biens iiaiion:itir
dant In vente :irait été décrétée; mais ces ascigniits
avant ét6 bbriqiiCs impriidcirinienl, otit1.e
itiesiii~e,lavaleiir eii tomba tellement qi~'nntlnntix
drs sowuics iirirnenses polir le plils niince ob;ct ;
aiusi. on donna 2,000 fi.. d'assignats piir riiie
piire (le iloiies. i\ic.titd~ Ics iiioti6:'i-es riirent polirsi*ivis
romnie .s~tspect.s. lAnVeiitléc coiiiiiiiiiiit son
iiisiirrrt liori. l,vo.i, Toiiloii s'in3iirgi~reiit à It~iir
loiir. Celte é~)oqiic est coiinrie soiis le noni de
rCgi111e de Ir Ler~.r.rrr.Le tlévorîiiieiit (le Cliarloite
Cortlnv ue (lelivra la Fratice qrie de I'iiifinie
11:1riit. ~shtizd'atitres tigres 5 fi~iireIiiiiii;irtie
désotnieiit uotre tri:~llieiireiise patrie: des proc on
siils, tels qcie Ctiri.ier. Josepli Libbon ,ctc.. ti&-
relit tl'iine iriani&resysléiiiatirliieel ce fiit iiii Lori-
lietir poiir \a Fr,itice c~iieccsysti?me (Ir terre~irs'a-
nt;;iritît tlc ltii-m6:ne, el comtne S;itiiriie, la Révo-
Ititioil d&orii sespi.oi)i.e~(~ufiiii~. Le ciinyen Egalile(,li~ctlq()r]&n.i)
avait tlejh c't&sac.rifid, el rlii:iiid
30bes~)it'rreavait fait tainber (les triilliei.~ tle t&es
et clu'il voiiIiit mettre la nisiri siir ses t-oll>ies,
sa11griin;iires c.oini1ir.l liii .c-eiis-ci le fireril i~rréttr
:vec sou parti (le 17 jiiillel 1794). et il fiil livxt='
il la giiillotiiie. II y ecit I~o:~rt;ii~~ encore (les SC;-
!ips
avant (III'OII ~>arvirit h a\);iltre le-
1iil'~biiis et les auart.liisies. Uiie tio:ivtslle coii4itiliinil
( le 25 octo;)re r 795 ) fut prorlmnt:c:: el12
mit à In tête des ;iEitircs ciiiry dii.ecteiir, ;îvec iitk
conseil des anciens t*t iin coiiseil (le ciiicl cents.
çcl)eallast la guerre avait été coutinui!~vive-
2,a
( 196 1
Ment, el la ldii art du temps la victoire s'&tait
i?éclarc!r pour France. De grands talens se
montraielit clans le comité de salut piiblic ;Carno
t orgnriisait Irr wictoirc.et tâchni t de déjouer la
traliison. Dumoiiriez avait livré l'ennemi les
commissnires de la convention pour se soiistraire
it la guillotine et avait émigre'. Les lignes de
IVeissemboiirg avait e'ié livrées par des traîtres.
De son ci%, Jourclan, par la victoire qu'il remporta
5 Fleiirus (26 juin 1794) conquit toute In
~elgiqiie.
Un jeune lieuteaant d'artillerie, nomme Bo-
~layarie, contribiia 3 reprendre Toiilon siif les
Anglais qiii, avant de fuir, détrilisirent notre flotte.
C'est encore Bonaparte qui, J la tête de qiielqiies
iroiipes. conibattit l'insiirreciion dans Paris, le
1x3 vendémiaire, an irr.
Cependant les principes de la r6volo tion pénétrère~tà
la siiite des armes victorieuses de la
France.
La Holiancle, qii'on venait de conquérir., devint
'la républiqiie batave, plus tard il en fut ainsi ?e
l'Helvétie, de la Haute-Italie, de Naples. u Ilair
aux chaumières, guerre AUX palais, r, avec tin
arbre de liberté siirmonté d'un bonnet roiige,
teffiit 1e signal cles arnaées révoliitionnaires. Riais
dès 1795 on vit la France conqtiérir à la fois In
ix et la reconnaissance tle la répriblique. Car
Tuscane, la Suède, l'E,spaglie et même la
PFrrsse conclorent la paix a Hâle, et la Pru;se
i'üsstira aussi par une ligue de démarcation ail
nord de l'Alleinagne, pendant que Ic sud de 1'~llemagne
resta cncore en guerre. Mais le mallieiir
était. qu'or1 fûtoblige de condiiirela pliipart de ces
gtl~tr't:~ et des suivantes avec l'argent de l'Angle-
terre-A quoi ~erventles bras aux çénns qiiand 11
~~:itIe~çco~rs~autrespou~ssoiil~~er?La guerre
( 29' )
~an~laute. dans l'intérieure de I;r Franco contre
la Vendée royaliste étaitaussi enfin terminée.les
Vendéens acceptèrent l'amnistie ofiérte par la
convention le 17 février 1795 ,et déposèrent les
armes. Une dernière tentative dans l'iutériew
de la Frauce, excitée par les Anglais, dchoua
i Quiberon (juin 1795). Combien fut vraie la
parole de Dumouriez, K que la rc'volotion francaise
était un draine immense dont la partiepohilue
inspirait l'effroi, mais dont la partie militaire
excitait l'c'tonnement. »
C'est ce qiii se de'montrait alors eii Ilalic OB
vint sc mettre à la tête d'iine armée toute délahEe,
un homme iii laissa loin derrière liii polir
le taleut inilitaire(les antres gén&raux. ses collkglles,
et qui, en m6me temps parfait politiqiie, devaitenfin
6trc1'11ériticruniverselclela r6volrition
francaise. Bonaparte, ndle 15 août 176 ,en Corse,
s'était déjà distingue. comme noiis ?avons dit.
devant Toulocse, s'c'tait battit clans Paris, et
maintenannt il savait presque constainment atlaclier
la victoire à ses drapeaux dans les batailles
de Montenote ,de Millesiino, de Dego, de Cevf
et de Mondovi. Il forca Parne ct laSardaigne a
conclore un armistice, 1796, et par son passase
Près Lodi, siir l'Adige, 11 décida du sort de la
Lombardie. Modène, Naples et le pape (Pie VI)
aclietaient chèrement des armistices pendant que
la Haute-Italie fut convertie en rc'piiblique cisalpine
et répulliqile ligurienne.
Après que les Autrichiens eurent aiissi été battils
près d'Arcole et de Rivoli, la reddition de
Jlantoiie (2 février 1797)entraîna polir I'Aubiîl~e
laperte de presque toute l'Italie. Ainsi ce directoire
qui, en entrant au Luxembourg, trouva à
Peint des chaises pour s'asseoir; qui n'avait ni fiuances,
ni repos daps l'intérieur; qui avait & sou-
( 292 1
!yeriier la France décLirCe par l'nnarchic. ce directoire
siit trioinplier <le toutes cr*s dinici~ltés,
grâce j! la inasse de la nation qtii voulait le rellos,
et 5 I'habiletd de sesgénéra~ix qui sawaient la lui
proriirer glorieiise.
Deux arrriées fraii~aises avaient pénétré en Allemagne~~~~~
Jourdan et Moreari, niais ce dernier
fiil obligé cle retrogrrider près de Miinicli et (le
coniniencer iine cél6bre relraitc, lors lie le pre-
.mer fut baitu près de h'eumarck, leiniiig 7 et
Ambe1.g ar l'arcliidtic Cliarles, fi.ère (le 1'Eiiierettr.
Eel)etlda, t Moreail revint bientôt, mais
r~iilrielie, pressée par les siiccèsde Bunaparie,
en Italie, couciut le 18 avril 1797 ,à Léobe~i,
les 1)rélirriinaii.e~ (l'une pair qui fiit raiifitk le
17octobre suivant à Campo-Forixiio. LIAiitriclie
rrnunca à ia Belgique ct à Milan. et par des ar-
3ic.les secrets, elle renonca aussi à la rive gaitclie
di1 Rliiu, i.ecorioiii la république cisal,)ine qii'on
ava t foriiiée dit Rlilanais, el obtiut polir cela la
pli!s grande partie de la répiibliqiie de Venise
q~ii, par là, toiicliait politiqucmenl à sa riiine.
A Rabtadt on n6gocia Iii paix avec l'empire d'Al-
Irmagne; triais le congrès où la France parla fort
liaiit. ?>rit fin avec !'assassinat des airilassadeiirs
fratijais (a8 avril 17%) et une uouvelle guerre
~6iiériile éclata.
Reniar(ji:oos d'abord qiie si 16s succ6s des
srrnies francaises en Italie ftir-eut I'œiivre de BOnaparte.
c rii avait troiiré l'arinée d'Italie dans le
pliis p-anl <Ibniinient, Hoi.1~ s'6tiii t illiislr4 iI:io!
la VendCe; c'est sn nio(lér;ilion et son activité qill
a\ aieri: pacifié ce ni;illieiireiix pays; et coiliine Bl:
liaparie, il siit v;iiricre el n6gocieiq. Rlorenri ~'étiilt
ecSriiis cle la gloires (-11 Allc niagrie, el les él(:niens
revis einl,î.çli+rpnt 13 tenialive sur I.Irlande. m6
ditee par IZoclie et couduile par Humbert*
î an;
Toii~efois,ta France ne fiit pas aussi liciiretiseb
I'intérierir c ii'elle était glorieiise el ~~iiisraiile à
1'exti:rieiiv. l e parti royaii-te ronsliiraii h ~li<.liy:
les aiiarcliistes. (le leur cbtl:, ro!ilaieiit relever la
Rlontagne. Ct*l)end.in t (le grancles cb1ioses s'ex6
tiitait*nt rn Fran:e. Lei étoles centrales fiirent
cre'6es ;délà précétletnnietit le systhne nif:triclrie
avait niis I'iinité dans les poids el mesures. hktis
ciie iioiivellc criqe, 1111~Iiaiigerneiit siirvenii flan. le
goii\-errieiiientdc la France alliiit clianger la face
des ;ifXiire?;.Ln divisioti qiii régnait entre les deiix
conseils et le directoire arnena In r6toliitioii du
18fructidor anv (q septeiiîbre i796). qui reinit
le poi,yoir absolii entre lcs niains clec clirecteurs.
Voyons ce qui ie passait alors mi <teliors.
Rome convertie en rdpubliqiie ( 1798) ;1~ pape
Pie VI, SgC de Br ans, condirit prisrnuicr en
France. où il mouriit 1,911 ; In Sriisse riirolutiot~n6e
p:ir les arniées fr,iiipijes; eiiiin . les enlre-:
prises des Fr;inc;iis en Egy )te, tolites ces circoi~slances
rendaie;< difficile \a Ion, crile drirée de la
pix. Soiis le prYtexte d'iine expédition en Angleterre.
Bonaoarte s embai.qiia, le 22 mai 1798,
avec iine arniée, sur Ilne flotte, à Toiilon, près
l'île de Rialte, et délarrliin en Egypte. JI est probable
que I;i prise et ta roioiiisation de ce 11aprlevaient
Gtre un de'clomtnagement pour les colonies
rerdiies coiitre lJAnqleterre, niais cet te expétlition
(levait aiissi offi.ir la pos~ibilité ctlniié;rntir
pal. In Syrie et la I'erse les éiablissemen; nzigl:iis
~ P SIntles ori~ntalcs. La flotte francaise. sous
Briieyes, fiit i Ia vérité an4antiepar la flotte anslaibe,
sous Nelson, prls Aboiilrir ( ter ai1 3 août,
Biiieyes sauta en l'air sur le l3Ot-ieut,de 120 Calions),
inzi.:s Bonaparte avait pris pendaiit ce
temps AI~xalitlri et le Caire el b:ittu Ics vame-
Iiiks et leiii-s i%eys, Ics m:iîtres <lupays, cyiioirlo en
appareiice sous la d6pendance de la Turqriie. Il
c 594 >
fut assci singulier de voir la Russie, la Porte ottomane,Naples
et y~ngleterre seliguer contre ces
entreprises. De I'Egypte, Bonapartepoussa vers la
Syrie ;El-Aricti , Gaza, JafFa tombérent ,mais
Saint-Jean-d'Acre résista et Bonaparte retourna
en Egypte ;cette expédition tourna au profit des
arts et des sciences. Lessavans et les artistes que
Bonaparte avait emmenés avec lui, tels ue MOP-
Se, ~erthollet, Peyre, etc., explorérentle pays ait
qrofit de l'Europe. Mais bieiitôt L'Egypte devait
etre abandonnée par les Francais.
Cependant une armée russe arriva aux frontiè'
res d'Allemagne, l'butriclie était là encore une
fois, et ce fut la France qui commenca la uerrc.
Mais Masséna, Jourdan, Eernadotte ,~c%erer,
sprouvEren t des revers ; Jourdan siirtout fut
battu ar l'archiduc Cliarles ,pres &Osirach et
de ~tof;acli;mais Masséna vainquit h Zurich et
en Italie, où Suwarow ayant pris le commandement
de i'armée ,avait battu les Francais de maniére
à ne leur laisser que Gênes et ~fce. La fortune
devint encore favorable à la France ; grice à
Blasséna et à Soiilt. L'empereur Paul, fils et successeur
de Catherine, mdcontent de l'Ailiitriclie,
rappela ses troupes et montra de l'ingratitude au
brave général de ses armées.
Tel était l'état des choses quand un nouveau
clianaement de gouvernement eut lieu en France.
~etit:&tre que Bonaparte avait déji connaissance,
en E ypte quc dans le directoire nussi bien que
dans Ses conseils, il y avait de violentes scisriou~
et que surtout qlielques directeurs étaient très
de testé^; que les revers en Italie et sur le Rliia
faisait murmurer contre le directoire
iccuwit d'incapacité. IL confia à Kléber~:~:;:
mandement cn chef de l'armée d'Egypte, s'embarqua
secrètement et revint en France avec
( 295 )
bfouge, ~erthollet, et les génératir Lannes, Mii~
rat, iîfarmont et Andréossy. Son débarqriemrnt
surprend, et par la force militaire dans Paris, il
vint à bcut,le 18 brumaire (9 novembre 1799), à
obliger les directeurs à accepter leur démission,
et le conseil des cinq-cents, présidé alors par
Lucien Bonaparte, frit dispersé par les grenadiers,
tandis que le conseil des anciens, à SL-Cloud,le
déclara lui-même avec deux des anciens directetirs
, Sieyes et Roger-Ducos ,provisoireinent
consul. Le 15 février on publia une quatrième
constitution et on y accorda beaiicorip plils qu'auparavant
au pouvoir esécutif. Au directoire succéda
ainsi le cousulat. Brinaparte fut ierconsul;
Cambacérès le 2e, et Lebrun le 3e.Sous les consuls
se trouvaient les ministres, un sénat conservateiir,
un tribunat et un corps lé islalif-
Comme l'Angleterre ne voulait pas de L pair
qu'on liii avait offerte, le premier consril se mit
en mesiire cte la conquérir. Avec 60,000 liommes
11descendit, second Annibal, la chaîne des Alpes,
\)assa inopinément le mont-S t-Bernard , et par
la grande bataille de Marengo ( 14juin ~Soo), il
(lécida di1 sort de ln Haute-Italie; tandis qu'en
Allemagne, Moreau se fraya le chemin de Vienne
après plusieurs combats, notamment celui de
Neubourg, où tomba le célébre Latour-d'Auversne
,premier qrcnadier de France, et par la
bataille de ~olièn\inùcn( 3 décembre I 800!,
et parvenu jiisqli'à 20 lieues de Vienne, il forja
I'empereiir d'Allema5ne j. demaniler la paix.
Api.cs pltisieiirs armistices, la paix fut concille
à Lunéville , le g fdvrier I sot , où la
vallée du Rhin devint la frontière cntrii la France
et rAllemagne ; cette dernière puissauce perdit
alors 1,200 milles carr6s de pays avecune population
de prOs de 4 millions d'nmes. UAutriclia
t 79G
naparte ~onirne ler consiil, resiitria à la Franc.etlt
à .el alliés ce (iv'elle avait ac(11iis daus les deils
J~fbariisi1lervs.
Peti iiliri~ son arPnement ni1 consiil;it, Ponaai
te envoya iiiie ririii6c (le vieiix soltlats b S1-
Roliiiogiir polir rtfpiimer j*iii,lal,en<lan,.e (les
116grc.s, c liez lesqiiels les i(lécs de liber16 el d'&
palil& avaient ~reiiéiré et a convegtioti ii'a.
rait ,)assu ~m.nteriir. Le cie~hrGiaut dcstrol>iqiici
nioi.;~oarin ces braves.
Hoiiii~~~tt*, ;i]r1'6~ I;I conciilsion tlt? la paix, aCcorcla
tiiit? ;iiiiiii: tic ge'iie'rale aiix ériiigt és ,sigu:!
are(. le pnpi* l ir \'II lin ctinrorcl;it par le(li~el il
i.Piabii1 In reli;ioa i.ntlioliqiie en Fiance et la déci;ira
religiori de 1'Etitt. II orgaiiisa I'in.ti.iic.tiou
?iiib~iqiie, csrtfa 1'oi.di.c de la Lt.'gion-tl'Hoiiii~11~~
fit< ilila le cornnierce par lesraiiaiix, les roii tesqil'il
iit eiablir, et tloiiii:~ le Code civil. (ligne friiil tlej
reilles de ilos jiirisc~onsiiltes les pliis distiiigiiés*
Ct?l>en*lanl ~rliisie!trsaltriitnts siir la vie dii pre.
niier çoasiil avaient étd coniiriis, surloiil celiii de
( '97 )
la innchine inferuale ( 24 décembre 1500). Mais
eu 1802, on liii accorda comme récoinpense nationa!e
polir les services qu'il avait rendiisà la répiibliqiie,
le consiilat h vie, avec le droit de
noiiinier liii-mSnie son siiccesscur. Qiie resta-t-il
oiir faire le dernier p3s versla nionarcliie, qiiand
~ P Sco~~juratioiisdont on accusait Piçlirgrti ,
Georges, Rlorea~i et le diic d'EngIiieii, petit-fils
de Condé ( qui, enleve' en Alleniagne par cles
Francais, fut jiiritiiqiiement assarsine' à Vinceniie;,
prhs Paris, le 20 mars 1804), devaient
a1,lanir ce dernier pas? Après s'être fait noininer
colisul &vie, avoir augrneilté sa garde et agrandi
sou irifluence. il ne liii restail pliis qii'h niettrc
la couronne sur sa tête. C'est ce qu'il fit. Le
18 inai 1804,lia séiiiitiis-co~isulte organique éleva
Bona1iartc. sous le nom de Nalinléon I;r, ail rang
d'einpereiir 1iéi.e'ditaire des Francais, par la
gdce de Dieu et par les ccnstitutions de la ré-
~iibli~nc. La plilpart des p~iisssnces le recon a
niirent et Iiii envoyèrent des, anibassatleiirs ;
hiais l'Angleterre s'y refiisa, et Louis XWII r6-
sitlant alors h Varsovie. protesta, à la face de
!Europe, contre une éI&atiori qui portait pré-
]ildice h ses ciroits, à la couronne. Ainsi fut parcour11
le cercle des révolutions, de la moiiarchie
à la monnrcliie, presque comrne dans l'ancienne
Rome, après qii'ou se fiit approrlié par
!:r
ires de celte fin de la révolrition. Ail mois
août 1804,Francois II prit le tiire d'empereiir
1l~i.éditaii.e de l'&iitriche. Le 2 février s~iivaiit,
eut lieri le sacre (le I'empereiir et de l'iiiipe'rafrire
par le pape Pie VIT, et l'einpereiir se posa
Iiii-~~iéme Iü roiironne siir la tête. La r6j)iiùliquc
hlieuue le déclara roi 1iéiSditaire ~IIItalie.
hlii s tiéjà :in nn avant I'aveneirietit de Na o-
leon i reinpire (18 luai 18oj), la ~iandc-&e-
( 298 1
lagne avait de nouveau déclare' la guerre P la
France, et la France aussitôt avait iiiilitairement
occupé lc Hanôvre. Depuis ce moment l'Angleterre
recominenca une guerre ui ne discontinua
pas jusqii'eii 1814.~atu-alement elle re-
fusa nou - seulement de reconnaître l'empereur
, mais elle devint l'ame, et comme le
payeur militaire de toutes les giicrres et de
toutes les alliances contre la France; ces giierres
et ces alliances commencèrent dès i'anne'e suivante.
Car l'infatigable Pitt avait formc une Goalition
entre la Russie, l'Atitriche, 13 Siièrle et
l'Angleterre; coidition h laquelle la Prusse n'ac-
'céda pas. Trompée par la politiqiie de Na olCon
qui fit faire naître la mefiancc entre les c:tEinetS,
afin de les désunir, goiir les subjuguer plus facilement,
IR Prusse onua dans le pidge, en nc
se joignant pas à la coalition; lc iiord cle 1'Alle-
'magne n'y accéda pas noil plus, et inêtne dans
le sud de l'Alleinagne, la Bavière, le Wur-
'temberg et le Hade, inclinaient vers la France.
Mais avec une yroniptitiide inattendue, les Fransais
se troiiraient en Allemagne, forêérent I\Iack,
général autrichien c~u'ils avaient cerné, aprè~
des combats sanglans le 14 octobre, à se rendre
à Ulm (17octobre i803), avec 24,000 hommes*
L'arcliiduc Ferdinand, écliap a seulement arec
2,000 hommes et se rendit en folleme. Napoléon
se rendit alors à Vienne et battit, le 2 décembre,
pres d'Austerlitz, les Russe! qui, pendant ce
temps, avaient accoiirri, conjointement avec une
armée autricllienne, et ce fut la première bataille
de trois en~pereurs dont il est c~uestion
dans l'histoire moderne. L'arcliiduc Cliarles se
$roiivait encore en Italie avec iine armée, en facc
'de Masséna : inais l'empereur &Allemanne préféra
une suspension d'armes, et ln paix &t eufia
999 )
conclue le 25 décembre, à Presbourg. cempdreur
Alexandre Br, q!ii, depuis le 24 mars 1801 ,
(tait mont6 siir le troue de son père, ne prit pas
1)artà cette paix dans laquelle 1Autriclie erdit
le Tyrol, le Voralberç, Venise, etc., &us de
1,000 milles carrb et presque trois millions de
siijets, et n'y gagt~aque le Salzbourg. Par contre,
Napoléoii donna à ses alliés, les électeurs de Bavière
et de W*iirteinberg, le titre de roi, dignité
souveraine indé endante de l'empereur et de
lempire, avec Ses parties cousid6rnbles du pays
conqtiis. La Prtisse avait c'té obligc'e d'accepter
le Hanôvre, et se trouva par 1h engagée dans
une guerre contre l'Angleterre, qui avait déjà
PRS~IIR détruit la flotte fraiico-espagnol? p;ts
de Trafalgar, le 21 octobre 1805, mais ou perit
le brave Nelson. Les courriers qui annoncèrent
ces défaites en Allemagne, trouvhent William
Pitt, fondatciir de toute la coalition, sur le lit
de mort. Cet homme mourut pauvre et endetté,
et le cœur brisé ( 23 janvier 1$06), lui qui, jusqii'au
dernier soupir, avait été le soutien de la
liberté. Fox, son successeur, votilni t la paix et ne
l'obtint pas.
Ainsi, dans la première guerre d'Autriche avait
été fdit le premier pas pour le plan d'une
nionarcliie iiniverselle fëdéi.ative, dont Bapoléon
Pensait se faire proiecteur supérieur, et la France
devait être l'état central de cette monarchie. ?éjb
le roi de Naples et de Sicile avait c'té rel6gue en
Sicile, et le royauine de Naples avait été donnd à
Josepli Bonaparte. Eugène Beauharnais, beaufils
de l'empereur, devintvice-roi d'Italie ;Rlurat,
beau-frére de Napoléon, devint grand duc de
Berg et de Cléves; Berthier devint prince souverain
de Neufcl~âtei, et Louis Bonapariep roi de
bllosde. On institua dans les pars conquis et
( 300 )
siirtotit en Italie, iinefoiile tlediicli6s etde granth
fiefs, en fü-air des griincis (le 1ii cotir et (le I'aviiic'e.
Toiit en di~pos:iiit de res coriqii~tes, N~lto-
1Pon ass:i:nis~ait l'air iriiyiir tfe M:intoiie, et coltl'nit
I'It;ilie, coiiime la Finiice, pnrcl'iitilesc;iniiix;
(tc noiii brerix établi-s~ineiis twt:iit>ti t (!iiit~ P;iris
la pi~opwtt! et I;i r:iIiil~~ii~. 8 orgaitira a:ir.i 1'11-
niversilé, ct r6j);ind;iii l'in tt ticlion clans taiit
1't:iril)ii.e. C'est ainsi rliie cet lioniiite cxtr;iort1iri.iii.e
ab:itiit d'iine 1113iii, et rt.1 va de I'iiiitre,
m;ii.; siir (les I~ascs pliis solitl~s. Un noiivPiiii
vers la inonarc-hie iiniverselle fiit le reiivei.seni~r~t
de li~con-titiitioii imy~eriale (le I'Atlrii:;igiie, cbt I:i
foii(1niion(le la conféllt.'raiion dit I\liiii (17 jiii'let
et 1'. uoût 1806). par Iaqilelle seize ~)i*iiic.es alluninntls
se clélaixliereiit (le la diilte pour recSoiivrcr
iinr eiil ièi-e soriveraiiictt! ;ces priiices rt~c*oiiii:irrnt
NapolCon comme leiir protecteiir. Rliiis le diète
fétle'rntive à Francfort, soiis Iü pi.t:sitlenre di1
~)riiice ~~riiriat Dnlberg, ii'eiit. jamaisliert. Leprotetvteiircini
devait terminer I:i giierre c! la pais,
ain-i qrie les conlicgeiis polir l'iirni6e ft4le'raiiv~~
foi te tlc 63,000 Iiomines, tandis qii'il deviiit Iitim61ne
assister Iü coiif6dérntioii par 200,000
Iiooiines, s'assiirnit pais là son irifliieiicc cil Alle-
ni:igrie, en (ICtac-liant les tttits pi itiïes dcs intér6is
tic I'Autriclie et ile I;i friisre. ~ e3 ïh 400 <fiais
iiiirnéc!iats (le I'eiripire se fondirent aii clixii~irle
18ar In t.oiicliision principale (le Iü dP )iiintion (le
1'ernliii.e et par la ïonfc'tlt!ration dii hliin. t Francois
IT tlt.'liosii alors le tiire d'einperciii- (l'Aileniagne,
litre qiii ii'avai t plrrs (le sens, et s~noiriiiia
Francois Ici. eiripereiir d'Aiitriclie (6anAt). Telle
étiiit In facilité qli'il v avait à faire croiiler l'cmpire
d'Allemaglie, (lri: stibsistiiit depiiirniille :,os!
La Pi9iissevit dans cctte conft!d:'dér~tion,et (lefa
avec; raison, une attaque j~directccoutre elle-
( 301 J
mèm~,et voiifi~t former, pour opposer à cette
contéd<.'rcition, iine alliance de ~leiiples dans le
Norti. Polir parer à cela, Napoléon ofi-it à l'Ang:rterre
le Hanôvre, poiii. le trel la Priissc avait
Pi6 oblig&cde e6der AnshaJi, (:IPveq et Berg.
Cetle circonstance, ainsi c iie phisitiirs aiitrcs,
aiiienn la riipiiire entre les deiix ~ii~isiances. riip-
Liire qiie ceriaini.rneiit Na ~oltt'on (lésirnit, et c'eit
ainsi clii'eiit lieil la pierre Ac 1806 et 1807.Blalgré
la force iurontes~übie (les ariiides priissiei~nt~s
,
coilime il leiir ninnqriait cet esprit cl'iinittt' si nt!-
es sa ire a111 grandris entrepri*es, yoiir IPS 1it.r et
les diriger, le roi (le Pri,sse, vainrii à la 1,ataille
d'Ittria, le 14 octobre 1806, perdit son nrm6e, sa
capilale et presqiic toiis ses états. Les Hiisses,
arriv6s trop lard ail secoiirs de la Pi-lisse, ftirelit
biitiiis j Evlaii, le 3 Gvrier 1807. où brilla le ioleil
de hlnïenqol et le 14 jiiin, ils pertlirenl la
bii~nille r!e Friedland qrii termina la cniiipagiie
et la giierre. Pliisieiirs parties di.+l)erse'c*s (le l'arni&,
siirtoiit les foi-teresses, se rendirent avec
iirie pr&'.ipiti~tion inoiiie; la saxe co~~l~romise,
obtii1t In neritralitéet lapaix iPosen. II cl4ceiribr~),
et ncc&da îornnie royaiinle $ la couf6dt!ration du
Rilin, ainsi qiie le firent aussi scs cinq lignes
(liic ales, Wiirtzboiirg et pliisieiirs aiitres petits
rinces. La -ilerre fiit tritrisporie'e alors eri Po-
POOnc,pilis jRns la Priirsc o:ien~nle, et le 8juillet,
la pair (le Tilsitt fiit concliie. La Pri*sse
pertlit lwesqiie la moiliF des po.;se~sionî clii'elle
avilit eiies, avec cinq millions tl'l~~ninies (iriênie
1;i Riissie s'enricltit de cette perle). ci de ces
ressioilstle la Priisse. on for-ma le tluclitt' de Varsovie
cn faveiir de la Saxe, et on coinposa des provinces
westplialicwnes eu y ajouiaiit les pays Hessois
et (te Brunswick, le royaiime de ~'e~tplialie,
en faveiir de Jdrbnic Bouaparle, L'uniufrs était
SV
( 50%)
iraralip4d'étonnement ail rc'cit de victoires si raides,
et s'inclinait devant iine puisstance si COrossale.
Mais I'anlbition de Nalioléon ne liii perinettait
pas de s'arrêt~r là.
Dans I'intérieiir de In Francc, nous voyons
Napoléon travailler à ramener L'ancien régime,
en effacant toutes Ics iinages de la liberté. Des
prêtres annonpient clans la clinire qii'il avait
une mission divine. II créa une noblesse militaire;
les impôts ; les :[bus et les prodigalités de l'ancienne
moiiarcliie furent réiablis. La presse était
opprimée, le jiiry &naturé. Un terrible impat
sur la vie des liomnies, la conscription, se percevait
avec une activité effrayante ;u on rép6te souveut,
dit un dcrivaiii que nous abrégeocs, que
Napoléon dédommagea la IIrance de la liberté
et du re os, par les illiisions de la gloire, mais
rien ne &(loxnmage (le la liberté. » Retournons
ai1 tliéâtre cle 1;i guerre.
Les conséquences de la paix de Tilsitt furent,
outre l'élévation des frercs de Napoléon, la recounaissance
de la confédération du Rhin par
l'en~pcrerir Alexandre, qiii s'engagea en même
temp~L feriiier aux Anglais les ports dc la
Riissie.
Mais les Aii~lais s'emparèrent de presque
toutes les coloiiics de la France et de celles de
leurs alliés. L'Angleterre, qii'on ne pouvait aitaqiier
en Angleterre m4me. se vit maintenant attaqii&
dans son commerce arec le continent (le
1 Eiirol)~. En vcrtri di1 syst6ine nouveau et inoiii,
appel6 systcme continental, on déclara clès ce
ce moment tous les états brit:inniques en Llocus;
tous les Anglais qiii se troiivaient sur le Contin~nt,prisonniers
de guerre ; le commerce avec
l'Angleterre et ses coloiiies, crime d'etiit; toutes
les marclraudises anglaises, corifisyri(es ; et une,
( 303 )
partie de ces harchanilises fut ulêinc livyée a u
flammes. C'étaient des auto-da-fës de l'inqiiisitiou
cominewiale.
Napoléon, à la fin de 1807, envahit le Portugal
qui servaitde cléboirch& a:ix rnarcllandises aiiglai-
S a ;puis, profilant dcstroubles qui régnaient h la
cour d'Es agne, il dépoiiilla de leurs droits
Cliarles 13et Ferclinand VII, son fils. pour donner
la couronne d'Espa ne 5 son frère Joseph,
gui renonea > celle de 8aples, le 5 jiiin 1808,en
faveur de JoacIiiin hliirat, son beau-frère.
Nais les Espagnols, secondés par les hiiglais,
qui ii'étaicnt pas rest&s non plus oisifs, et riui,
aux de'creti de Berlin (i806), de Varsovie (:807),
de Dlilan (r807), avaient répoudo par des ordres
cabinets dplement fermes, et par Iesqi~els
p~o~leterre avait, solis peine (leln confiscation,
défendii à tout vaisseaii anglais l'entrée dans un
port francais oii allié (le la France et déclaré
94 état dé bloeiis, le Vdsser et l'~lie, et enfin,
toii; les ports où le pavillon anglais n'était pas
admis ; les Ejpngnolç combattirent vaillainment
f oiir leur indé endnnce, et lcs Francais, malgr6
es talens de &ssFnn, de Suclie t et de Rlariilont,
n'obtinrent que de faibes avantagcs, et la guerre
traîna en longueur. Cette insiirrection espasnole
dcvora des armées entières, et coûta des somnies
imanenses 'û la France. Napoléon se reudit lrii-
?ême en Espngnc, mais il voulut (l'abordse mettre
a couvert contre la Russie et L'Autriclie; c'est ce
qu'il fit au congrt.s d'Erfurtli, 1808. Rlais la provition
de p61que (le cette ville il fit faire h
Angleterre n'eut lieu qrie pour l'apparence.
Pendant que Nayoleon se rendait en lm-
Sonne en Espagne, qu'il y introdiiisait soli frère
et chassait les Anglais ;pendant qu'il arrachait au
Pape tous les états de I'Eglise (iflog), après 1 ~ i
( 304 )
en avoir, tiltparavant ,pris iine partie; qu'il se
souciait peu de l'excomniiinicatioii lancée coutre
lui par It: pape qu'il considérait seulein~nt cornnle
freinier cardin:>l et obligeait de se rendre dans
e iriidi de la France en faisant de Rome la seconde
ville de l'empire francais ;erifin,pendant
que Napoléon faisait subir le &éniesort à la Savoie,
ni1 Yi+morit, à Gêiies, à IaToscatie, à Parine et
à l'.i8i :ailce, l'Autriche fit de grands prdparatifs
de gticrre, et poiir la première fois on vit paraître
cette milice appelée Landivehr. Il s'agissait du
i8élal)lissement de l'tliitriclie siir le pied OU elfe
se tiouvait avant 1805,elle voiilait briser les
cl~aînes de l'étranger et se garantir de noriveIles
cliiiînes. Mais qiielqrie grands qiie fiirerit les efforts
de l'Ailtriclie, il ne lui était pas donné de
s'opposer seule ?t la France. Les princes allemands,
dont I'Aiitric he avait invoqiié le concorirs,
reciilèrent avec litnidité ; les Tyroliens seiil~
qii'on avait forcés de devenir Bavarois, montrèrent
qii'ils n'avaient pas oublié leur ancienne maison
arcliiducale clont ils sc rappelaient la douceur*
Cependant les armées aiitrichieiines sotis la condrtite
des frères de 1'empereiir ,Ctiarles,Jean et
Ferdinand fraacliirent les frontières allerrandes.
italiennes et polonaises; di?sle inois de juin ,808
1'Autriclie se l~réparait à In grierre. Après le cori.
gi-ésd'Erfiirtli, et lorsqiie ses forces furent prêtes,
elle cornme~ca les hostili!és sans auciine déclaration
de guerre, s'empara tl'iin~ partie de la Baviere
et entra dn~s le Tyrol. Mais Napoléon, passant
rapidement avec riue partie de son armée des
rives di1 Tage 5 celle du Iihin. gagun en 4 joiirsc
stir les hutricliieris, les batailles d'dbensberg 7
d'Eckrririlli t3t cle Ratisbonne, et le rz niai il fit
son entrde à Vienne, el par les victoires d'Esselinfi
du Raab et surtout de Wagram, il forfa
( 305 )
l!emperet~rd'A~itriclieà clemnnder la pair qui
fut signée à Vienne le 14 octobre 1809.
L'espoir qu'avaieiit fiiit naître les entreprises
de Hofer et de Spckbaclier, dans le Tyrol, de
Scliill et de Dernberg eu Wcstpiiolie, ne seréalisa
pas, et les efforts qiie faisait eil Bolieine le diic
de Briinswick-Oel fiirent intitiles. Le traite de
paix fut d'une tiureté excessive pour l'Autricl~e,
qiii y perdit iin espace de 2,000 milles carrés,
avec plus de 5 ii~illioiis112 de srijets, qiii lui fit-
'rent enlevés en partie par les alliés cle Napoleon,
et en partie par le vainqzieur hii-même ,tel ciue
le noiivel état des provinces illyriennes. Trois
mois après CBS désastres de l'hutriclie, Napoléon,
parvenii ari comble de I;i gloire, n'ayant pas d'héritier,
et ayant divorcé avec Josét>liiiie, s'adressa
a l'einpereur Frnnjois Ier pour liii deinander
cn mariage sa fille Marie-Loiiise. II eut de
ce mariage un fils, le 20 mars i8i I : dès le
berjeari ou clonun 9 cet enfant le nom de. roi
Rome. Napoléon s'occii a alors embellir sa cnpitale
et fit 6lecer la cJonne de la place VeadOme
dont le bronze provient de 1,200 ihccs dc
canon prises sur les Russes et les Arltricl>>iens.
La tranqiiillitd cilie la pain de Vienne avait
procurde à la France fut troublée par les dérn6l4s
que Vapoldon eiit avec son frère Louis qui abdiqua
In couronne deHoIlande, et avec Ie pape qiii
fut coliduit à Fon~aiuebleau. Ainsi, outre scs
noiivclles conquetes, Napoldoa iiicorpora lc
royaume de Hollande d'abord en partie, puis ensuite
tout-à-fait 5 ln France ; enfin soiis le prétexte
de mesure contre l'Angleterre, la réiinion
à l'empire francais des boiiches de l'qscaut ,.de
la Meilse, du hliin , de l'Ems et di1 Veser frit
décidée. Aiusi ,l'empire francais s'éten(1ait ]lis-.
qu'à Liiheck et la iner Bnltiqiie. Il n'y avait
( 306 )
;c\ perçohue pour s'opposer à dette exteilsion :
ailleurs les ennemis de la France fiirent plus heureux.
De iiis 1809, sir Arthur Vellesley , plus tard
duc le Wellington, avait pris en Espagne et en
Portugal le coiiimandement supérieur d'une armée
anglo-espagnole , quand Jiinot avait été
obligé d'évacuer ce pays avec les ~rancais par
suite de la capitulation (le Cintra. II' s'était
formé en Espagne iine foule de corps plus OU
moins consid6rables; c'était souvent de simples
bandes de 'guerillas, qui, se trouvant partout,
faisaient d'autant plus de mal ailx Francais. Des
lismiiies tels que Palafox , Cuesta, Castannos ,
Roinana, Rallasteros ;les Anglais Moore, Baird,
Rlake, Beresford ,Rluitlantl ,Hill , combattirent
p011r la délivrance de l'Espagne avec une ardeur
qui était à la liaiiteur de l'héroïsme (les ~rancais
conduits par l'élite des généraux, tels que Soult,
Ney ,' Victor, Mortier, Goiivion- Saint- Cyr ,
Marmont . BIacdonald , Jourdan, Augereau et
Suchet. Il se forma à Séville, ensiiite à Cadix une
junte centrale d'Espagne. La défense Iiéroïque
de Saragosse, (l'Espagne di1 xge siècle avait
aussi sa Sagunte et sa Nilinance celle de Gerona,
de Cadix, de Tarragone, d e Valence; les
batailles de Talavera, de Salainanque ,de Vittoria
,etc., montrent ce que peut lin peuple qiii
combat poiir ses foyers, surtout qiiaiid le fanatisiiie
religieux eralie les esprits. Sans cette campagne
malheurerise, Napoléon se serait maintenu
dans toute sa grandeur, mais poiw avoir voulii
avoir toiit, pour avoir risqué toiit, il perdit tout.
La France, h l'apogée de sa prospérité, avait 140
départemens ail lieu de 83 qii'elle avait auparnvant,
et 4a millions d'hommes au lieil de 25 millions.
Et, gouvernée par NapolCon, ellene pouvait
( 307 )
manquer d'étre redoutable ai reste deP~orb~e;
par le bonlieur qii'avnit l'Empereiir ;par son esprit,
par son intelligence, par son activite, par ce
regard percant ui Iiii fit toujoiirs prendre le véritable
homme, iioisir le moment lc plus propice;
car qui connût aussi bien que lui le temps et les
hommes? Toutefois vainciis par tant de résistances,
les Francais furent obligés d'évaciier le
Portu al pour la troisic'me fois et de lever le siége
de Ca%ix, et avec le roi Josepli ils abandonnent
3Iadrid qu'ils repreunent l'ûnnde suivante.
Le projet d'iine giierre contre la Riissie prenait
sa source dans cette idée de inonarcliie universelle
cjiii occiipait Napoléon, et sans doiite
qu'il n'avait pas non ylris oublié la Turquje,
1Asie, et l'Inde ; car qirelles bornes se serait lamais
posées un lieirreiix conqiiérant? La Riissie
souffrit extrêmement du systhme continental et
elle s'en aiFrancllit ; c'est que Bonaparte, en
taxant trop liaiit les frnncliises coinmerciales
avait liii-même eiitüminé ce système. La Russie
avait été eras))ére'e par la prise d'Oldenbourg
dont la maison régnante, alliée b la sienne, attcndait
encore l'iii~lenmitéqui Iiii avait été pro-
]nise;par. 1';igranciisserncnt projeté de Varsovie
et par pIi,sieurs autres menaces. cependant cette
I)iiissauce &tait loin de désirer iine guerre avec
Napoléon engagée qu'elle c'tait dans iine guerre
contre la Porte ottomane (lepuis 1809 et où la
fortune n'avait pas toujours été de son côte'. Çe-
pendant en 1819une paix fut coiicli~e entre la
ussie et la Porte ( Bitcharest, 2s mai) et où le
Pruth jiisqu'à son confluent dans le Dantibe devint
la frontière des deux empires ,et une partie
de la Moldavie vint ainsi an pouvoir de la Russie.
Quelques états seulement purent d'abord res-
ter neutres. Ce furent le Danemarck et la Sutde.
( 508 )
Dan$ ce dernier pays, ~crnadottc,apïbr avoir
servi la France, sa patrie, avait été clioisi coriime
siiccesseiir ail trône du vieiix CliarlesXII1,apri~
qiie Giistave IV, AdoliJie (1796 à 180g, le méme
qui, en 1808 avait perd11 la inl lande cmtre la
Russie, et qiii perdit l'affdction de son armée), eût
étéarrêté par ses généraux lc r 5mars 1809et (léclaré
par la nation clécllri di1 trône. Ce roi décli[l
alla dcmeurer à Leipsig soiis le noin de colonel
Guitavson. -Ce fiit un assemblage de peuldes
qiie cette formidable armée de 500,000 combattans
avec i ,200 canons à la tête de laqiielle IYapoléon
voulut rc'tablir le royaume de Poloxne et par laquelle
il oiivrit la deiixième guerre polonaise
(13 juin 1812). Napoléon avait polir Iiii I'Aott-i:
die, 1ü Priisse et toute 1'~urol)e centrale qui 1111
foiirnissaient leiirs contingents. La Russie s'allia
à la Siiètle ; elle était perdue sans le désnstreilr
l~iver de 1812. Le3 Francais passhrent le Niémen
le 24 juin à Rowno, en cliassaut d'une positioii
à I'ititre les armées rrisse.; ,et ils se renilirent
maîtres de Wilna et de Witepsk aprhs les
batailles près Smolenk (18août), près de Boradino
sur in Bloskowa (7 septeinhre): lcs Riisses
se retirèrent, et Napolc'on entra le 14 septembre
cla~is l'ancienne r6sitlence des czars, à Moscoih
et dans leiir boiirg antiqiie, le Kramlin. Selou
111i la giierre était terininée, inais il ne tarrla
à voir qu'elle coinmeucnit seulement. Aii lieu de
incssaçsrs de paix, des colonnes de feu vinrent le
saliie~.à son entt-ée à bloscoii, et cette vaste cité
fiit prescliie enliéreinent la proie desflainines. Ce
n'e~t pas l'ordre exprCs clil gouverneur ~ostopllshin
,orclre qiie celiii-ci désavolia di, moins plils
tard, mais bien la propre volnntt! des Ilribitans*
secontlée petit-être par des Fraiijais,qiii all:ima
cet incendie dont le résultat devait être le signal
( *309
de la clintc de I'liomme extraordinaire qiii depuis
1804 était l'arbitre de I'Eilrope. La siiison
ne permit pas d'avancer vers Péieraboiirg : on
ne prit pas non plris rester & Noscoii ;Nal)o'éou
fit proposer la pais ii 1'einl)ereiir ~iex~iidi~e ;
mais c'était trop tard. 11ne rejiit a-lcilrie rél~oi~se
et rlonna le signal de 1ii retraite le 4 octobre..Penùant
les premiers ioiirs, l'année marcha en bon
ordre, mais bientot les neiges et les glaces ren-
dirent les cl~emins i~nraticables, A1oi.s ce ne
furent pas seuleiiient Es elinernis, siirtoiit les
Coçaqircs, qiii tombc'rent sur les Francais, inuis
ce fiirent à In fois la faim, le froid, l'~ff:~iblisscment,
qiii fiirent conjiirés Contre lc redoiita~le
conqriérant; ci si jusqu'à SniolensZr l'on ne perdit
que 4o,oao Iiorrimes et 400 canous, il n'y
eiît giihre q11c 50,000 liommcs qiii passèrent la
Bérésina ,où le danger résiilta également du feii
et dt: l'eau (26, a7 noveinbrc); et dans qiiel état
fiirent ces 50,000 Iiommes (on I~rûla en 1813, en
Rrissie , 200,000 cadavres gel& ! ). Depiiis ce
moment, ce ne fut plris qu'iine déroiite continiielle.
Elle avait <lisparii, cetto grande arinc'e !
Napole'on, à la noiivelle de la con: yiratioii de
Miillet et, dans l'espoir de reprirer 1~s maux de
cette affreiise campagne, pensa qire sri présence
était nécessaire dans la ca itrile. Aussi, après le
passage de la Bér&sina, il PÛissa > D111rat le commandement
de l'armée, et traversant rapiilemeut
la Litliuanie, la Pologne ct l'Alleinagne, il arriva
à Paris pendant la niiit dri 18 ciécenibre. C'ependant
le sdnat fournit h Nûpole'on une nouvelle
armée de 530,ooo liommcs de gardes nationales,
ainli que de l'argent et des clievaiis.
Mais derriiti-e liii grondait l'Europe entière
daus rine conf&d<:ration de souverains. La Yriisse
se détaclia rle la France et fit une alliance avec
( 310 )
la Ausie. Elle fit des efforts inouis'eü promettant
la liberté à son peuple et provoqua un entliousiasme
sans eseinple; aussi créa-&-elle une
armée ,'et rétinie à la Russie , elle partit SiIr
1'Elbe; i'biitriclie et la Hollande ne tardèrent
as à secouer leurs chaînes. L'Angleterre et
giiéde e joiw ont aux ennemis de la *ance 5
Napoléon, de son cDté, après avoir noinlne
l'impératrice régente pendant son absence,
rut sur la Saale avec une armée composée a.e
vieilles troupes et d'autres nouvellement levt?es ,
et il ouvrit la campague de 1815, le 15 avril. Les
armées se rencontrèrent le 2 niai 1815,siir la
terre classique de Gustave-Adolphe et di1 grand
Frédéric, près de Lutzen oti Gœrchen. Battus,
mais non vainciis , les allic's se retirèrent de
l'autre côté de I'Elbe. Les batailles prts de Bautzen
et de Wiirchcn, le 20 et le 21 mai, n'eurent
pas'un rdsultat plus bciireux pour eux et refoulèrent
les armc'es de la Prusse et de la Russie
vers la Silésie. Rilais Napoléon aitssi était épuisé.
Ou concliit à Peisclvitz ou Plnesvitz une suspension
d'armes de daux mois et demi (4 juin). Pen-
dant ce temps, les deux parties se fortifihent;
Franeois Ier ,beau-{ère de Napoléon, se déclara
pour les allies, et chvazenberç deviut le général
des armées alliées réunies. Le prince royal
de Suède, qui était venu aussi se joindre avec
une armée suédoise aux eiinemis de la France,
vint se mesurer avec celui qiii avait un jour ét6
son maître. Les alliés gagnèrent la bataille de
Grosbeeren ( 23 août), de Dennevitz (6 septembre),
et quoique l'attaque sur Dresde (26 et a7
août) eut échoiié (bloreaii y trouva la niort),
Bliicher, prince de Valilstadt, obligea ,
Katzbach ,les Fraiicris de quitter la Silk>s!iy:~a
a&), qinsi, le yiaE dc Napoléon d'avancer jus-
( 3ii
quedons la Bohbme éclioua, parce que Ics alliés
avaient fait prisoniiier Vandainme, près de Koulnt
(30 août ), et qu'ils avient vaincu près de Bollendorf
(1 septembre). Enfin, aprés des passages
siir ~ 'dbe, obienlis par la force des armes
silesiennes, eut lieri la grande bataille de Leipsick
:xG, 18,ig novembre), qu'on appela alors
le conzbat des pe~tples;on criit Y voir fa libertc'
cles peuples! Quelle difference de cette bataille
avec celle d'Austerlitz, où les irois empereurs
s'étaient vus pour la premiEre fois! Les Fran-
$ais étaient sur le point de triompher, malgré la
supe'riorité des forces des allies auxcjuels étaient
vcniis se jointlre des régimens entiers qui avaient
d'abord conlbattu pour Napoléon ; et malgré la
bravoure incontestable des troupes qui combattaientpour
la France, la défection cl'iin corps de
12000, Saxons, jetant l'alarme dans les esprits et
le désordre dans les ran-s francais, cliangea la face
des nffÿirrs. Cette hatzlle, les combats pendant
la retraite, siirtout celui prEs de Hanaii, oùVrède,
général bavarois, voulait arrêter Napol~on, coût;-
rent à ce dernier ln deuxième grande armc'e dans
la même ann& et lui firent perdre I'Allt-magne.
Tous ceiix qui avaient fait partie de la confédération
dri Rhin s'en détachèrent et vinrent grossir
l'armée des alliés. Lc royaumede Westpl~alie disparut
avec son roi ,et plosieurs Etats revirent
eiirs oiaîtres qiii eu avaient e't6 bannis. Uii seul
prince allemand, à qui les circonstances n'avaient
pas pzrir.is de se détacher assez à temps [le Rapoléon
,le noble prince Fre'ddric-Aiigiizte, alla
a Berlin comme prisonnier cles alliés. L'a~née
1813 fut au total une année d'une grande importance
;clle frit signalce par des combats glorieux
ponr les Franpis comme polir leurs ennemis.,
quoique souvent malheureux pour les premiers.;
par va eail~ousiaomerenyrqual~lc,par des pro,
( 313 )
messPr les plus brillantes et les pl~isriantes es#-
rancees ;et ce qui, polir Ics allie's, fut c.ncoi.e pliis
rem;irqclable, c'est (l'avoir reconquis dans les derniers
joirrs de cette nnirée, le Rliiu, ce fleiiverle In
(icrmanic; et, enliarclis par les revers (les Frxncaic,
ils le passèi.erit, et la France, tt'tonnGc, revit
ÛI>ri.sun grniid nouibre ti'auuées (les vainquetirs
sur. le sol [le la patrie.
Lc 30 mars it313, NapolGon déc.1ar.n dans le
se'nat : qiic iiantl rnG1r.e l'eiinrmi serait siir les
Iiniitelirs deh~on~martre , ii ne eéclerait pas iio
police dc terrain; ~t en effet, NapolL:ori, h la
noiivelle (le celte invasion, organisa à Paris la
garde ndfionale, à qiii i! confia l'iinpéi.ati.i(-e et
le roi de Rsnie, et le 25 janvier 1814 il oiivrit la
campagne de France nu de 1814. LLS Francais,
qiioique Lien inférieurs. en nombre, n'en
sdrent p:rs moins une vigoiirerise résistante aux
alces, et les avantages qli'ils reniport&rent à
Ei+ienue, h Cliamp-A~ibert, h Montmirail, à
IIoniereaii, à Troyes. n Bar-sur-Aitbe, à Cliaiimont,
pro~ivèreut qicils n'avaient rien perdu de
leur premihe valeur. La campagne de France
r6ve'l:i 17Cncrgie, la constance et la supériorité
cln génie de Napole'on. Luttant avec Ilne poignée
cl'linmines contre cies forces immenses, il prcirwa
qii'il pouvait vairicre salis avoir des masses à opposer
Q l'ennemi. Cepeuclant, malgr4 ilne (léfense
liéroïqrie, où ln jetinesse parisienne et les
élèves di: l'école polyteclinique rivalisèrent avec
les invalides vieillis driiis la guerre, Paris capitlila
le 31 inars i814, et l'empererir se retira j. Fontainebleau
où il abdiqua. Dts le 2 avril, le gouvernement
provisoire avait t16clard la ciéché:tnce
dc Wnpol&on, ct celui-ci partit pour l'ile d'Elbe
qui Ii~i fut accordée en ttn~teproprieté, et il arriva
le 3 mai à Porto-Ferrujo,, capitale de cetteîle.
Aiusi cet,b~iqmo,yii nvait élevé la Fraqce
( 3if 1
ail plus iiaiit degé de gloire et de piiissadcd,
tomba, parce qrie la France, asservie et haillonii~e,
l'avait abandonné, ou ai: moins Irii avait
fefiisé crt appui qii'iin monarque troiive tou-
11)iirsclans lin yciiple libi-e. Mais si Nepoldoa,
par ses giierres coiitiniielles, él~iiisait la Fraiice
en honiiiies et en itrgerit, d'iiii autre côté, il fit
oii romiiieiicii de grandes çlioses dans,l'intérieilr
de la ~i.aiic:ct et à Paris siirtoi~t ; des étebiisseniens
sricnt ificliie.; , intliistrirls et coriiiirerc~iaiiu,
tels q~ie le musCe (les aniiqiies , Ir canal dc
I'Oiirq, quittre ciin~tières, (:incl abattoirs, Iiiiit
rn:ircl~é~, plii.ierirs ponts, cles arcs (le triomplie,
etc., attestent le génie de Napo!éoti et le
rt*iidciit iinmoi,tel arissl bien qiie ses vic.toires;
CPS monunieus du moius n'ont pas coûté de
larmes !
Wel ington, aprh In bataille de Vittoria (21
biin 18i3), avait clicissé Josepli de RIüdritl et
f~incliiles Psrériées (7 01-tobre). 11 était à Bor-
(leitiix le 12-mars 1814. IIiirat ,roi de Naples,
ie'lait clécl:iré arisqi ronire Napoie'on , petit-être
i)oiir obteuir 111 possession des proviuces ita-
11~nne.s re'tiiiies. L'iinl)e'ratrice Riarie-Loiiise obtint
le tli~cliéde Pnixne et de Plaisancc et s'cn
rPtoiirna en Aiitriclie arec son fils. 011 prociarnn
!q rc#stüiir;ition clcs Botirhoiis, et le 4 mai 1814
Louis XVIIZ entra à Paris.
Stanislas-hiigiiste-Xnvicr, ci-devant comte de
Piovence, frit1.e de Loiiis XVI, s'était fait ap-
elo or Louis XVIII iiiiiiie'di;itement après la
inort dit m:illietir~iix d;iiipIiiii (I~cJ?), qii'on
Y)pelait TAoiiir XVII , et luoiqiie en exil ,
Loitis XVIII avait tlnté sori regne dc 1795.
EiigGnrr, vice-roi d'Italie, posa lesarnies et alla
vivre comme Iiomine priva à Rllinich. Murat se
insintint iiisqu'u I'auaée siiivnnie. Alon sa PO-
7
t 3x4 j
k;iique se montra à .découvert et l'entra~na ausri
;sa perte. La première paix de Paris du 50 mars
1814,ramena la France à l'état où elle était en
1792. Pie VI1 revint à nome, Ferdinand 1'11,
à Madrid, et Victor Emmanuel, a Turin. Mais
en Allemagne, eii Italie, .en Pologne, en Hollande
et dans les Pays-Bas, tout était encore en
confusion. On rie crut pouvoir mieux faire polir
debrouiller ce chaos d'une manière prompte et
heiireuse, que par un grand coiigrès des souverains
et de leurs ministres ;car l'amitié que se pop
taient, ou du moins cpe semblaient se porter miltirellement
les monarclues, avait déjà aplani le>
premières diflicultés.
Cependant la France pouvait se croire un moment
au bout de ses tribulations, après le retour
des Bourbons. Fatiguée dri joug impérial et
de In gueïrc-perpétuelle, la France avait salilé
la pais avec joie. Malgré des omissions et quelques
imperfections clc la cliarte octroyée par
Loiiis XVIII, elle alirait pr6senté des Sni.anticÇ
siiflisantes si elle avait étc' francliement exécutée*
Mais les niinistres se coiitentf rcn t de déployer la
charte sans l'exc'criter francliemcnt. Ils iiren t des
argiities siir son texte. On fit des prodigalités;
pnrlies serelevèrent. Les ncqriéreurs de biens nationaiix
e'taient inquiétés. L'armée &tait niécontente.
C'est dans ces circonstnnces, el pendant cp"
le congris de Vienue était assemblé, ce congrès
(octobre 1814,iusqu'en juin i8i5), où, à clt;
des empereurs d'~utric1le et de Russie, siégeaient
les rois de Priisse, de Danemarck ,cte ~avière
et de Wurtemberg (le roi de Saxe, mis en 11-
berté, demeurait prt's de Vienne), l'électeur
de Hesse, le grand duc de Bade, les diics de
Saxe et Weimar, et de Coborirg, de Bruoswick,
de Knwsi~,et bcaiicoi~pd'aiiiies princcfi
( 315
ainsi qiie les plus habiIes diplomates de presque
toutes les cours de l'Europe (la Porte seule n:y
avait pas envoyé d'ambassadeur), ce congres
enfin qui avait à vaincre des difficultés presins
in sur mont ab les, et qui était sur le point de
se désunir ai1 sujet de la Pologne et de la Saxe,
qu'ou apprit qiie tout-b-coup en mars 1815: Napoléon
avait quitté son île le 26 février, avec
1,100liommes, et avait débarque dans le midi'
de la France.
( 316).
le nom de Cc,itfe~it!ratirlnget*nlanique,qui a pniir
objet le uisinticn de la sûreté extc'rieure et iiilerievre
(le I'Allemao,nc ;la diète siége à Francfort-strr-le-Mein.
Les alliés rassen~blèrentiine
armée soiis les ordres de We\\iuçtoii n ,~de %IIIclier;
et c'est là cpie se décide eu ce moment la
destinée de 1'Euror)e.
Le second règne de Napoléon ne cliira qiie
cent jours. AprGs que les restes de la grande arinde
se furent ralliés avec joie aiitoitr dit drapcal
qui leiir était connri, et qii'uue ai.in6e (le 150,000
hornines fut organisée; nprEs avoir offert à Pa:-
ceptation du peuple, i'ncte a~ditinnnel,imité
de la charte, Napoléon prentl promptement le'
armes, rnarclie vers les frontières dir Nor,l, rem.
orte sur les Prussiens lin avantage signalé,)
%leuriis, s'avnnîe~~ers Briixelles, oh se troiivaip~l
Eliiclier ct Wellington, avec ilne arniée noin.
hreiise. Il battit en effet ~lriclier (Je rG jriin)?
prés de Ligny. De'ji Blucher se troiivait ahailu
soiis son proprc clieval. pendant qiie Ney don,
nait à faire ail duc de ~riinswick-OEIs qrii, prèj
Qrtalre-Btsas, tomba victime de sa bravourP1
M~isla bataille près Belle-Alliance oii mon?
Saint-Jean (Waterloo), le 18 juin, se décii13.
contre Napoléon. Elle paraissait d'abord gagnée
goer 1i:i , mais Ir bonheur poitr les alliés4
Iiirlier vint de $arres et arriva à point mr le
cliainp de bataille, tandts que Groiirliy, cllie
Napol6on attendait, n'arriva pas. AprL:s ;ne dé*
fense déscsj~éi.ée, la vieille gai.~\e céda; et 00
lui prête cette réponse, révoyride (lepriis efl
doiite :la vieifIe garde rnerirt, mais ne se rend
pas. Toiit, ensuite, meme Na oIéon, qiii toilied
fiiis fiit pltrfût entrain4 du & <lebataille?
toiit przt la fiiite dans l'armée francaise, et ce flii
Napoléop lui-meme qui porta la nouvelle de 9
( $17 1
défaite & Paris. Là se termine la carriire cle
Napoléon. Il prévint iine noiivelle déc1ai;ition
de décli6ance (le la part des clirtml>res. par uiie
1 abdication volontaire en faveiir de son fils. Cette
abdication conditionnelle n'ayant pas été acceptée,
et la fuiteen Arnéi.iqiie Itii àyarit été rendrie
imliossible,. il se rit contraint de se rendre aiix
Aiidais yi,1e regardant scule~nent comine général,
el e prisonnierclesalliés. le transportèrent
i Sainte-Héltne. OU, cloiié en qiielqiie sorte siic
un roclier;ce Promethée du iy si6cle resta avec
iielqiies serviteurs qui lui demeurèrent ficléles
!ans la mallietir, depiiis le 20 octobre 1815jiisqu'ail
5 mai 1821 ,,jour de sa mort. Pendant ce
tem s il avait mene une triste existelice qiie n'eiit
pas Pionte de rendre plus d$ioraiile encore, par
des vexations de toiis genres, 1111 ~nglais qiie d6-
savoiieut ses conipatriotes, sir Hudson Low. Kapol6on
abrégea les tristes moinens de sa captivité,
en décrivant les souvenirs de sa grandeur
passée. Ainsi finit, P l'âge de 52 ans, cet l~omrne
e plus célèbre des temps modernes ;produit de
la révolution, il y avait piiisé une destinée gralifle,
niais dont la fin fil t mallleureuse. La dernière parole
de Napoléon fut: FI-nnce!Son fils, appelé
ensuite le diic de ~eiclitndt, le suivit dans \a
tombe, le 22 jilillct 1832;il nioiiri~tà Vie~iue.
Loiiis XVIII, absent de Paris depiiis cent joiirs,
y revint le 8jiiillet. Le lencteniain, les trois mo-
narqites alliés du Bord l ' sriivirent. ~ Mais ce ne
fut que le zo uovcmbre siiivant qiie la seconde
Paix (le Paris fiit concliie, en reinetfant les clioses
sur le pietIo6 elles se trouvaient en 1790. 150,ot~o
allie's restèrent jiisqu'en 1818 dans les provinces
prkc cles frontières, porir le inaintieu (le la tranqliiIlit4.
Pentlnnt le m6me temps ils occi~pérent
alissi 17 forteresses du Nord. L'armée des alliés
( 918 )
eiigea dc pliis et obtint iine cbntributioa de
7~000,ooo, et l'entretien de l'armée d'occupation.
L'arm6e francaise alla au-delà de la
IAoire, subir paisiblement son licenciement, et
immolerà la paix de la patrie, jusquiaux moueiemens
d'humeur d'une espérance trompée.
Les Bourbons ainsi rétablis cherchèrent à rérrer
ce qu'ils appelaient eux-mémes des $tutes.
e 28 jiiiii le roi l~roclauia que son gouvernenient
avait peut-être commis des fautes, promit d'ajoiiter
à la charte toutes les garanties qiii peuvent en
assurer l'exécution, et déclara le maintien dl1
gouvzrnement représentatif.
La chambre de 1815,dite -des IntrouvaGles,
sembla donner le signal aux plils filrieuses réactions.
Les cours prévotales et les commissions
anililaires verscrent lc sang d'{ln grand nonibre
d'accusbs de crimes politiques. Ney, appel6 le
brave des braves, fiit condamne' par la chambre
des pairs et exéciité. Dans le midi dc la France
l'assassinat paraissait organisé. Brune, Ramel, et
d'infortunés Mameliicks expirèrent sous les
coups d'hommes exaltés et fanatisgs. Les protestans
furent 6gorgés à Nîmes. Le mécontentement
de la France et même le désir des cabinets
étrangers avertirent le ministère de la nécessité
d'arrêter la réaction. C'est ce que fitl'orcionnance
Jii 5 septembre 1816 qtii cassa la chambre.
La noiivel e chambre adopta ( 18171, iine loi
d'élection coriforme à la charte. L'enseignement
niutuel, encouragé, vint offrir des secours
à l'instruction populaire.
Une loi de rccrutemect, rédigée d'après des
~rincipes liberaux, fut adoptée sur la pro osition
du ministre <;ouvion-Saiut-Cyr ( 1818):
cepeudant l'aristocratie s'agitait contre la 101
électorale, et la clianibre des pairs acciieillit ]a
( 319 1
proposition de la rnoclifier :mis soixante iioit 2
veaux pairs vinrent déplacer la majorité. Une loi
satisfaisante sur la presse fut adoptée (1819).
L'année suivante, la uestion du changement de
la loi électorale fit 8e nouveau agitée; le ministère
se retira pour ne pas participer h cet
acte. Dans cette menie annc'e 1111 événenient déploiable
vint affliger la famille royale. Le 13 février,
Louvel assassina le duc de Berry? ail nioment
où ce prince sortait dc l'opéra. Environ
7 moisaprés, sa veiive, la duchesse de Berry, mit
au monde le duc de Bordeaux. A la iliort du duc
de Berri deux lois suspendent la liberté individuelle
et la liberté des journaux. Des rassembleniens
ont lieu dans Paris, el des dépiités sont
publi uement insultés. Murat aussi, qui, au retour
8e Napolron, s'était d6clsré en sa faveur,
f!i! battu par les Autricliiens, et se réfugia dans
la Corse. Ferdinand IV revint de la Sicile à Napies.
Mais Miirat, ayant de nouveau débarqrib
en Calabre (13 octobre 1815) frit fusillé comme
rebelle.
Cependant les ~ffaireç d'Allemagne avaient étC
fixées le 8 juin 1815 par l'acte d'alliance dlAllemamne.
et le 9 juin, les relations générales de
ll~Urope le- furent par l'acte du cooyrés (le
Vienne. On y avait pris polir base la légitimité
et lldquilibre iiniverscl. D'aprzs ce dernier acte,
l'Autriche recouvra les provinces d'Italie, soiis le
noni de royaume Lombardo-Vénitien. 'La Tos-
?ne, Modène, Parine et Plaisance, furent rendus
a des princes autrichiens. Les provinces illyrevinrent
%alement, comine royauine,
à 1'Aiitrjclie, augmentée par la Daliii tie vénitienne
et Ragiise. De même le Tyrol, e Vorarlberg,
le Salzbourg, le Hausriikvie tel et Je
Rukviertel intérieur de la Bavière, et me partie
(a 320 )\
cle la Gallicic méridionale, de manihre que cette
pi~issance 1)ossède lnaintecant 12,265 metres carrés,
avec 29,7j8,4oo ames. La Priisse reconqiiit
aussi la grandeur qii'eile avait avant la guerre en
1806;seuleme~tel e ne recouvra pas toritesses anciennes
provinces, telles qiie, ~nsbacb, Eavreritli,
la Prusse mél idionnle et la Nsu\eile-Pnisse, etc-
Mais en revanche elle obtint les ducliés de Posen.
de Saxe (la moi!ié dri royûumc), la Pométanie
suédoise, ~lgve, Berg, et la plus grantlc partie
de la rive gauclie du Iiliin jusqri'à la Saar, ensemble
5,014 mètres carrés, oyant près de
~3,000,000d'aines. La Riissie obtint la plus
gran le partie du. duchd de Varsovie, comine
royauine de Pologne, et elle a, aveccela, en Europe
et hors de l'Europe, 367 mCtres carrés, avec
4g,ooo,ooo d'ames. L'empereur Alesandre ler
~loiirutle ier décembre 1825,> Taganrog, et le
34 suivant sonplus jeune frise, Nicolas Ier, monta
srir le trône auquel avait dCji rctioncé aiiparavant,
le czarewitsch Constantin, plus âgé qiie
lui. Cependant le nom'i!e ce dernier servit E
exciter une révolution sanglûute, qiii s'étendit
jusqu'en Pologne ; mais elle Cchoua par suite de
la fermeté intré ide du noiivel eiiipereur. La
honorable le Turkmantschni , qui donna
F2:mdnie & la Russie, mit fin, le la fdvrier
1828,j la giierrc contre la Perse. Cette conclirsion
de la paix fut bientôt suivie d'une déclaration
de perre qiie Gt (le 14 avril), la Russie à
la Porte.
La Grande - Bretagne , oiitrc le rétablissement
de son commerce universel ,. obtint plusieiirs
colonies francaises, néerlandaises er espgnoles,
qui sont le plus avaiitageuservent. sitiiaes
potrr elle, pais exeinple, le Ca l'île
(le Firnce, etc.; elle obtint aussi di1te el
(. 321 1
Helgoland, Gibraltar et le rotectornt des 7 iles
Jonienries. En Eiirope 5,558 métres rarr&ss. aavrc
9 1,2g6,ooo atries, et avec des possessious t1:ius les
4 aiiti-es parties du monde 182,525mètres carrés
et 136,540,000 anics.
La. rance, malgr4 ses revers, totijoiirs encore
i1n cies cinq priilc.ipaiix états eiiropSrns, reroiivra.
le Sén4gal et Gode en Afriqtie, la hlariiriqrtt.,
1.1Guadeiot~~e, (;itv~nnc, etc., en Améi-icltie :aiix
Indes orientales, Pontlichéry , bial16e et Cl~anderuarroi.
, l'île Hoiirl~oil; clle a ni:iintt*iiaut
10,74$ mitres carrds avec 51,851.540 ames.
La Stiisse eut un iioiivel acte d'alliatire et 22
cantons (696 mètres carrés, 1,835,500 liabitans),
La Sardaigne recouvra la Savoie, Nicc et le
Piémont, aiiisi que Gènes, avec queIrpies parties
tlii Nilanais , par exemple, Alexandrie
(1339mètres carrés, 5,176,200 âmes). Les Btats
du pape restèrent ccmme avant la révoliition ,
seitlrmeitt Avignon n'en fit plus partie cornine
alors ( Si I mètres cnrrds, 2,425,800 ames). h
i.oyauine cles Deux-Siciles perdit l'île d'Elbe et
le stato degi presidi; il n 1987 m Atres carrés,
avec 6,991,800 amcs. IL? maison (l'Orange obtint
pour royaume l'état des Pays-Bas, foriné par
la réiinion des provinces Belges et Bataves,
Liége et le Liinembourg. Des colonies cf;t état
recot~vra Surinam , Cui-acao , Saint-Eiistncl~e,
Batavia, Malacca et les Rloliicjrtes(5475 mitres
cdr~-68, I 2,2 18,300 ames. Iie Dnnnemarck renonca
à la Norwége, et n'obtiiit enfin, poiir dédon;magemcut,
qtie Laiienboiirg ( 2688 mètres
C;IT~'~S,r ,98~~.500 ames). La Sttède avait clélàcbtenit
dans la paix de Kiel (18r4), la Noi*wF.etre,
cotnme <16domni,7genieat poirr la Livonie q~i'elle
avait pei*dlie ( 13,736 in2tres carrés, 3,G r 0,000
ames). Voilj les plus importantes cles limitali~ns
[ 322 )
territoriales des puissances européennes, dans et
apss le congrès dc Vienne. X~llernaçne, l'état
central de l'Europe, recut, comme nous l'avons
dit plus haut, son organisation par L'acte de l'alliânceallemande.~ransformerl'~llema~~e~n
Iine
monarchie eût été préparer la tombe de la civilisation
allemande et de la liberté européenne. Par
28 états de l'alliance, l'Allemagne forme une
alliance, dont le centre dirigeant et agissant, est la
diète à Francfort.siir-Mein. Les états qui en dépendent
se composent de I 1,755 m6tres cari&,
et 30,086,348 ames. Plusieurs décisions de la
diète ont été perfectionnées et confirmees par
un congrès de ministres, à Vicnnc, en novembre
1819;et par la résolution définitive dc
ce congrès, en date di1 15 mai 1820, une vle
nouvelle anime les états allemands, dont quelgiies
princes ont commencé à donner i leurs sillets,
des constitutions conformes à l'esprit du siècle,
mais que depuis les grandes puissances ont
cherclié plusieurs fois à entraver. Aux délibérations
du grand congrès vint bientôt s'en joindre
une d'une nature lus élevée :pour le maintien
du nouval ordre b>es choses, et pour la ronservation
de la concorde, on invoqua aussi le secours
de la religion. C'est l'empereur dc Russie
qui fut l'auteur de la Sainte-~lliance, 26 septembre
i815),dont on comprend peut-être le
mieus le sens, en adoptant une explication toulc
simple. Les années 1812 à x815 avaient tro visiblement
annoncé les voies éternelles c!e la
Providence, pour ne pas toiicller le cacur de
tous. et si~rtout celui des princes; aussi durentils
être portés P se serrer étroitement sous 1'6-'
gide de la religion. L'acte qu'approuvèrent les
premiers l'empereiir Alexandre, Francois Ier et
fréd6ric 1U,et otiqiiel s'associérent toutes les
(.h%)
puirstiiicèh chrétiennes de i'Europe, même le
pape, annonca comme principe fondamestd :
(ï Conformément aiIr, piroles de i'Ecriture -.
M Sainte, qui ordonile a tous les hommes de s'ai-
< mer comme frères, de rester attachés p3r les
u liens du véritable et indissolable amour fra-
[r ternel, en se considérant comme compa-
K triotes, de se prêter secours ct assistance mua
tuelle, de gouverner leurs sujets comme pères
« de famille, de maintenir la religion, la paix
(( et la jristice,:ils (les monarques) ne se con-
(( sidèrent que comme membres d'iine seille et.
rc meme nation clirétienne, chargés par la Provi-
u dencc de gouverner les branclics d'une niéme
K famille. >> Sicette alliance dcvai t se transformer
en une idylle diplomaticiiie, si plus tard on se crut
en droit, en vertu de la Sainte-Alliance, de s'o 7
poser à une autre alliance non moins sainte, cefie
des periples qui demandaient la liberté qu'on
leur avait promise, toiijours ses fondateiirs paraissaient
avoir éténiiis par tin sentiment d'humanité.
-La coui. de Molnc sans doiite ne s ' ~
conforma pas ; cllc rappela les jésuites (1814),
qui bientbt se re'pancticent chus plusieurs autres
états; elle corrdamiin les sociétCs bibli-
ques (x$r7), et rétablit les rapports de i'Eglise
avec quelques états catlioliques, par des
concordats c ui faisaient bieu coniiaitre l'esprit
cons6yuent de la cour de Ilorne. Cctte niiw Pr
raissait ni6mc travailler au rétablissement et a e
propagation de la terrible inqiiisition rappelée
à L'existeiice, en 18x4 (dilit de la Sainte Inyisition
de Forli 14 inai 1829). Léon XII, p?pc
c epuis 1824: mourut en 1829, et le caïdlual
Casiiglioni devint soli siiccesseur, le 30 mars
1829, sous le iiom 'le Pic VIII. A celui-ci succida,
le a {évriçr 183I ? Grr;loire &YI(Capcl-
#
(324 >
lari ).Ce qni 8 ~nrfoilt
liai)ce, c'est Ic seco1it.s ciiiese sont prt!it!
discrédité Ia Sainte-At-
les jiiiissançes
contre les efforts des peirples, 5 conqiiCrjr
la liItert6, ail norn de lacliieile on Ièur avait
poiirtant iriis les arnies à la niain.
1,e c.oiigrGs d'Aix-ln Cllai elle ( ~Sit?), débai-rassit
la France de Ili. clinrge des ,5o.o00,
jioninies rl~ii coiii~)osaieiit I1ai;niée d'occii~~atioii,
et retleveiiue ilne cles grandes et prinïil~nles
pi1i~snnr.e~(le I'Eirrope, elle fiit d6bnrrdsscfe
de I'e'ti.aiigei.. Les iroubles cjue cniis;rit.nt dans
l'interieur clciix pnrlis violeiis, les iiltra-ro) a-
listes el les iiltra-lib6raii.c, tes fréqiiens ciiângtn~nt*nsdeminihl2rt?s,
lits infractions i la cliiirle
octro!Ge par les Boiirbonç, ne mouti.èrcnt, à
la v6rilé. qiie trop cl:~ireiiieiit, qvie les es* rits
6 iliriit loin d'être tle'jï apnir6s en France, qil'y
n'y avait pas eiicore troiiv& le point d'appiii neces-;;lite,
1'4 m3tldriition et la coniiancc mutiielle
entre le prince el le ~)eiiple.
Une îen(lnnc*ennti libérale se minifestnit dans
13 restaiira tioii. Aiissi , pliisir urs c0nspir:i lions
&datèrent eii 1822, dans 0ifft:relites parties de
1;i 1;raiice. Le cornplot *de Ssutnur avait polir
nioteiir le génCral Rrt.tan et le c.liiriirgien niaior
~'nfi't!.Le prcmiier monte siir I'ét-liafalitl, et ;e
setoiid s'oiirrtt les veines tlniis son lit. La conspiiatir,n
de Ln Itoclielle. également <ie'çor~verte,
avait I)OIII* cliefs cjiiaIre jelines sous-officiers,
c iii pr'rissent éplem~iie victimes de leiir ardeltr
prtriotiqiie, mais le jolir de In relie lihc~té
n'6i;iit pas eiicore veiiii polir lit France.
Eii er&ctiiion du traite de In Sainte-Allinnce,
~inearrnéefraucaise en1 re en Espagne, à ce rjil'on
<lisait, polir délitrer Fert1in;intl VII, prisonnier
des ~ ort~s ; mais en réalitb polir faire ir:ornplier
1.1 contre-rtivoliiiiou. Ceci rlrmnndç q~clqiier
~lCtails,
( 525 )
D'apr&s les révoliitirins qui, dé 1989 1830,
ont tour à torlr effrayé 1'Eibrope et même l'Amériqiie
( Saint-Doiningiie), on ue peut niéconnaître
la marclie de l'esprit Iiuiriain, dont .la
teiiilance est l'amélioration de l'lliiinani té. Ces
i.évo11itions ont soiivenl été violenles, sanglantes.
La pliipart cl11 temps, ce fut par de inalencdntrerix
efforls poui' arrêter ces motivemens progressifs.
Un congrés de ministres s'était assemblé
eu I 8 19, à Carlsbad, où L'on s'occupa de
maîtriser les irnivzrsités et d'entraver la pensée
notion~ile, liaiitekneilt exprimée, la liilérature.
RI;,is comme d'itne part les niouvemens étaient'
géiiéralemeiit IR suite des cllarges lourdes qui
écrasaient !es peciples, et que, d'un ai1ti.e côté,
1'1nc~riisitiongermaniqiie ne put s'étendre partoiil,
elle fut souvent vaine.
Louis XVIII mouriit le 16 septêinbre I 824,
igé de 69 alis. A qiielques consj>irations près
qu'il siit laire avorter, il a r6iabli le calme et
!a tranquillité en France. Ce roi se i.ecoinmande
a la po3t&ritë, comme aiiterir de la charte cons!itiiiionne]le
; oii aurait évité bien des tribulaiions
à la patrie, si oii avait pu se tlécitler à
I'exécutei- avec bonne foi. Loriis XVIII moiirut
aimé et vénéré de ceiix qrii ont été à mênie
d'itPpr~cier lit jilstesse de son esprit et ses intentions
paternellc~ et écliiirées. C'est liii qui
a dit :
est la politesse des rois. Plu-
Sleiirs monumens ont été élevés sous cc roi,
entr'aiitres la stülue de Henri IV, la salle de
l'Op4ra et la statue de Louis XIV.
Le comte il'artois sriccétln, le 16 septeuibre
1824, sorts le noin de Cllat.les X, à son fr&re,
Louis XVIII, et fut couronné à Reims, le 29
mai 1825. Ce prince sut, moins que son prédécessetir,
apprécier le teinps et les besoins du
18
peuple. Les paroles qu'il prononca à son avèiienient
au trône, faisaient cependant mieux esyérer.
Ainsi, à son entrée à Paris, aprks la mort de
son frère, il dit :Je veux consacrer jusqu'aii
dernier de mes jours à assurer et consolider le
bonheur de mon peuple. Aiix soldats qui contenaient
la foule, un jour qu'il allait visiter l'hôtel
des Invalides, il dit : mes amis, point de hallebardes.
Mais ce prince ne fut pas heureiix dans
le choix de ses ministres. De Villèle qui, sous
Louis XVIII, était long-temps depuis le ministre
dirigeant, le fut encore sous Charles X, qili erit
ensuite Frayssinous, Peyronnet, et qiii finit par
le niinistère Polignac. Des lois impolitiqiies furpt
votées sous son régne ; lin milliard accordé,
comme indemnité aux émigrés; ilne loi
contre la presse. Charles .X se montra aussi
trop favorable aux jésuites et aux congrégations.
Le licenciement de ln gardemationale parisienne
fut encore une inesure fâcheuse
devait contribuer à faire perdre de
aux Bourbons l'attachement des
la guerre qui existait depiiis pliisieurs années
enire ces deux peuples; eufin la cou .uête du
royaume d'Alger, le 4 ji~illet1830. Joiis reviendrons
sui. ces événernen~ ;entrons d'abord
dans quelques détails sur les révolutions, qui
eurent lieu vers la méme époque, clans diverses
c~ntréesde l'Europe, et revenons d'abord à l'Espagne,
( 327 1
Pendant la guerre contre les Francais, la
junte centrale avait donné au royaiime, une
constitution des Cortès ( rg mars iS12). Mais le
roi, à son retour dans son royaume, le 3 mars
1814,n'accepta pas cette constitution qui paralysait
trop le pouvoir royal, et q~ii était trop
républicaine ; il promil de donner lui-même une
constitcition à son peuple. Rlnis quand, non-seulement
cette constitution iie fût pas donne'e, l'on
rétablit encore, sans 6gard pour toute id6e plris
liimineusr: qui, dans une guerre aussi vive, devait
surgir chez le peiiple, les ordres de moines et les
couvens, les jésriites, l'inquisition avec la tortrire,
la police secrète la plus terrible ; qii'on
poursiiivit, d'une manière effrayante, tous les
partisans du gouvernement de Joseph (Josepllinos,
Afrancesados ), de même que les libéraux
ou amis des Cortès ; lorsque le commerce,
les finances, le crédit (le l'Etat, tombèrent toujours
plus profonclfinent ;que les troupes ne furent
pas pavées ; que dans 5 ans, 25 ministères se
succédèrent, et que le roi ne parut lus être
qii'un instrument (le ces entoiirages ( cf'e la Camarilla
j, l'armée se refusa, à ~adix, so~is le
commandenient de Qiiiroga et de Riéço, de
se laisser embarquer pour I'Amériqiie ( 1 e= jan-
vier 1820)~ et demanda la constitution des
Cortès, de 1812. Ce va311 fut bientôt si hautement
erprinié dans tout le pays, que Ferdinand se
vit enfin obligé ( 7 mars 1820), de jurer cette
constitiition.
Les Çortès, un sur 70,000 ames, furent élus
jar le peupie, et ne formèrent qu'une cliambre.
Toute la force du gouvernement se trouva pres-
(Irie en leiirs mains. Les grands changemens qui
alors eurent lieil en Espagne, l'abolition de l'in-
'Ihisition avec ses tortures, celle des couvens,
( 328 .)
qui furent réciuits à 14, des jéstiites, des mojorats,
etc., appartiennent à I'llistaire intérieiire
de l'Espagne. Mais il Y avait inanqiie d'cinion
dans le pays, et, ni la noblesse et le cler-é ni
les paysans fanatisés par ce eleigé, n'éhient
conteris (le laconstiiiition. Les grentles puissances
élrang6res le fi~rent inoins iie personne, etcoinrrie
1a sûreté (lu roi paraissait. je en jotir. pliis exposée,
et qii'itne contre-t.évoliition qiii éclata Ier
juillet 1822 ,n'avait prodiiit yii'tine infr~ict~ieuçe
effusion (le sang à Matlritl, ces piiissatices ensagerent
In FIance ail congrés de Véronne ( octobre
isa?),à intervenir tlrtns les affaiises d'Espagne, eià
trnnsforii~er le cordon sanitaire, qu'elle avait
ét:ibli prés des frontièrcls rllEspaçne, en une nrmée
d'invasioii polir délivi.er le roi. Cependant
une régence s'était forme'e ( r5 août), penclailt
la captivité du roi à la Seil Urgel, ainsi ii'une
armée appelée Arnre'e de la Foi.Le j avrIi825
I'arrriée francaise passa la Bidassoa, soiis la caridiiite
du duc d'Angoulême, occupa Rlaclrid le
24 mai, pendant que les Cortès condiiisirent le
roi à Séville, piiis eiisiiiteà ~adix. Pendant qiielej,
géndraiix Abisbal, RIorillo, vinrent se joindre aux
FI-anpis, Mina et Riego coutiniièren t à combattre
pour l'indépendance ;niais après la prise tlu Troa
cadero par les Francais ( 30 août), le roi (levin1
libre le ier octobre 1813, entra aii qiiartier-gc'néi.~I
francais; et toiit ce qui avait été fait pendant
teml~s des Corth fiit rcgardé coinnie noil avenil,
Cadix, le berceau de I:i révolution. en cleviqt
aiissi le tombeaii. On rétablit les moines, l'iiiqui'
sition et les jésuites. Lepartiapostolique, qiii avait
horreur de tolite coriçtitiition réclamée par
temps, créa dans cet esprit, et par ses ~)i-opre'
moyens, vu le fricliei~x état (les finances de 1%
pagne, une armée d'observation sur les fron
( 529 )
tières du Portugal. Cettr armee aurait anéanti
la iiouvelle constitution portiigaise, (i8a6. 1827)
sans la puissrinte intervention de I'Angleteri-e.
L'état de l'Espagne est encore presque le même
jiiscpt'à ce jorir. Il y a encore iin parti formiclable
tlc carlistes oii.agrnviados. Ferdinand est
mort, et par son testament il a It.'giié le trcne h
sa fille sous la régence cle In reine Ciiristine, à
l'excl~isionde son fi-&i.e don carlos. Ce mallie~ireux
pays déjh épuisé, 1 en vain mis son espoir
sur l'ex édition, pour le contineut do RIexicjue,
partie & la Hnrnne (noht I 821)), près Tarnl~ico.
Cette expédition a nianque, et le pays est déc11ii.é
par la guerre qiie se font les cliristinos et
les cal-listes.
Quelque Cliose d'à-peu-prCs semElnble s'est
passé en Portiiçal. Par la capitiilation de
Cintra (30 août iXoS), les Francais avaient
quitté le pays, et les Portkiçais avaient, conjointement
avec les Anglais, assisté les Espagnols
clans leiir guerre d'intlépeiidûnce contre Ics
Francais. ~e~endai~t La fainille roy;iie ne revint
])as encore (111 Brésil, iilnis cc pays colonial frit
(!levé avec la inhre patrie, en iin royaiiine de
Portugal, dri Brésil et des Algarnves (16 f6vrie:.
181.51. IJn folle Marie Fran 7iscn inoiiriit crifii-i
(20 mars 18r6), et le ',ririce régenterit le titre
de roi, oris le noni de $car? VI. Mais comme on
était très-rne'content de I'ndrrrinistrntioii dirigée
flans lc Yorti~~nl, par Hercrford et les Aligliiis,
il e'clnta du ah au*24 aoîlt 1820, h Qporto, soiis
coiitliiite du colonel Sepii!vetIa et C;ibreira,
line r&oIritioii ?I laquelle se joignit Lisbotine, le
le1 octo1)rc. Les Anglais fiirent éloi~nés du pays,
la Corti~sdu Poktrigal fiirent convoqii&s, ~t iÏne
constitution noiivellc fti t prnjctée et introdiiitc
avec deiix cllapbres. Jean VI jiira, le 2G février
( JJo)
1821, la nouvelle constitution également pour le
Brésil, et rentra, le 4 juillet 1821, à Lisbonne.
Le prince royal, Pierre, resta comme régent
en Amérique. Mais la reine refiisa le serment à
la constitution, et les coiirs de Riissie et d'Alitriche
rappelèrent leurs ambassadeurs ( i812).
Le xeV mars 1823, le comtesmarante Le déclara
coutre les constitutions, ct le ag mai, le second
fils du roi, l'Infant don Migiiel en fit autant. Le
roi lui-même qiiilta aussi la capitale, mais plus
tard que le prince; et les Cortès furent obligés
de clore leiirs séances. Les mesiires des Cortés
furent anéanties, mais le roi lui-même promit
de faire rédiger une charte comme loi fontlamentale.
Ainsi périt la seconde constitiition obtenue
par la force militaire. Ce qiii restait eucore
d'esprit constitutionnel, soiis le nom de
franc-majonnerie, fut étoiiffe' par don ~iguel,
au moyen de la conspiration du 50 avril 1824.
Jeaii VI moiirut le IO mars 1826, avant l'accomplissement
de sa promesse. Son fils, don
Pédro, Ter empereiir du Brésil, renouca à la
coiirorine ilii Portugal, qii'il destina à sa fille
minetire, dona Maria da Gloria ( née en 1819 )y
promise à son frère l'Infant don Migriel. Don
Pédro .Ionna d'abord la régence A l'Infante Isabella
Maria, qiii introdilisit aussi In coustitution
donnée par I'enipereiir du Brésil, le 13 avril
1826; mais l'empereur tronipé, conféra ensiiite
la régence à son frère, don Migiiel, qui de Vienne
arriva en Portiigal, à la fio cle février 1828:celiii-ci
abolit la constitiition q'i'il avait fni t seniblant de
Jurer, et consoqiia les Cortès de Lnmego ( de
i 1ii3), et comme la contre-révolrition d'Opor!o
echona, les Cortès le proclamèrent le 25 jliln
1828, roi de Portiigal et des A$araves. Tous les
états, excepté I'Espague, rompirent les relations
( 331 )
diplomatiqiies avec le Portugal. Mais le nouveau
ministère anglais fut le premier à les renoiies, et
donna ainsi aii prince, à sa mère et à tout le
parti absolutiste, le coiirage de faire naître la
plus terrible rGaction contre les partisans de la
récédente constitution et (le don Pédro. ,Les
Rorreurs de la révolution francaise furent, en
qiielqiie sorte, dépassées. Enviran 40,000 personnes
fiirent succe~sivementraînées en prison ;
et au lieu de la guillotiiie frïnpise, ce fut la yotence
qrii servit à don Miguel pour battre monnaie.
Et qiioique les Anglais eiissent traité en
reine la jeune dona Maria da Gloria, qui avait
débarqué sur leurs côtes ;yrioiqii'il se fût fornié à
Teirceire (l'une cles Acores), un centre des constitutionnels,
qui battaient les miguélistes d'une
manière décisive, don Rliguel el sa mère n'en
devi.,rent pas plus raisonnables. II en a qui
ont cru remarquer des signes de &ence en
don Miguel ; il en doiina un le 6 janvier 1830,
comme uous le verrons par la suite.
La découverte d'une dette de l'dtat de plus de
20,000 millions, dcvaitavoir, sur la politiqrie de
l'Angleterre, une influence immense. La mort
de ses grands ministres, Canning ( 1827 ), et
Liverpool ( 1828), auxquels succe'dèrent d'abord
le court ministère de lord Goderisch, puis
le sevère ministère tory de Wellington, est
devenue décisive pour la politique de l'Angleterre.
La guerre contre les bii-n~ans fut, à la vérité,
te'rminée avantageusement eii 1826, mais
dans l'affaire lielleno-turque, le traité de Londres
du 6 juillet 1827, devait certainenient plutôt
lier la Russie que sauver les Grecs. Aussi
n'appelait-on avec liiimeiir, la grande victoire
maritime de Codrington, près Navarin, ( 30 octobre
I Saï ), qu'un événement importun. Mais
des divisions int6rieiires vinrent en Angleterre,
se joindre la frayeiir u'inspirail la Riissie et
une giieri-e européenne. la siiite montrera si 1'6-
mancipation des catholic~ries d'Irlande , qiii
],assa enfin ( 13 avril 1829), devalt contliiire à la
réforme parlementaire. Si elle devait peut-être
ainener une réforme intckieure de l'église catlioliqiie
d'Irlaude, que quelques-uns ont aussi réclainée
en Silésie et en Bavière, c'est ce que la
suite montrera. L'abolition de l'acte du test et
des serrriens de coi-porations poiir les dissidens
(a i avril 1828),l'établissement d'une norivelle
London w~ivet~si~a~ d'apr&s des principes liùérasx,
le travail gignntesqiie mallieiireusenîent
encore inaclievé de Briinel, ayant poiir objet de
constriiire iin trinnel, ou cheinin sous la Tamise,
montrent qiie la nation a encore le sentiment
de Id vraie ;;rai?deiir; inais dans cette
grandeur elle veut aiissi favoriser ses intérets.
Les essais cle constitutions de Naples, (le la Sicile
et dix Fiémont, eurent to~is le même sort*
Après que Ferdiriand IV f~itréintCgi.6 à Naples,
il s'intitiila Ferdinand Ier, roi des Deiis-Siciles
( ra fëvrier 1816,4 janvier 1825); iine partie clil
peiiple frit très-indisposée contre les niinistrris
de Ferdiiinntl, contre I'inflriencc (111 général autricliien
Niigent et conti-e les accablantes iinpositions
dont le pays e'tait grevc'. Avec cela il
existait clepnis pliisieui*~ années, iine socie'td trèsétendue,
:ippelée sncie'té (le carhonnri ( cliarbonniei~s),
qni paraissait voiiloir opérer. l'unit:
politiqiie et l'indépendarice Se l'Italie, et (111'
avait une fmle (le loges oii venclitnts. On yol.t!
à pliis de Gon,ooo le nombre des carb0n:ii.i (jll!
existaient en I 820. C'est sans do~ltc dc ceilX-Ci
Iiie snrtaient déih, en i 8i 5, les caldcrari ou cliall*
c ronniers, çonime parti opposa, dont se servirent
( 333 1
les ininistres de Ferdinand, pour contrebalancer
les carbonari avides ct'innov,itions, et poiir les
épier. Ils ne purent poiirtaiit pas ernp6cller c lie
le r., et le 2 ~irillet ,820, les troiiyr.. ioiis dorelli
dc Concilu, et Ic cnnoniciis RIinicliitii se
prononcassent à Nola poiw iine constitiition, et le
g6nér:ilaPepé vint (le Naples, avec tlqs régimens
se joindre i cestroripes. Le roi, polir parer à la
tempête, transpoi.ta, le 6 jriillet, la couronne au
prince 'royal Fraiijois, conime devant 6ti.e son
alter*/*go,et celiii-ci tléclnra (7 jriillet 1820 ),
ln constitiition esp?gtiole des Cortes introduite
daiis le yays, constitiition à lacliiell~ le roi luiiilcnie
fiit obligé cie prêter seriiient.
EnSicile, où l'on tenait, avant tout, à se détacher
de Naples, il y eut des sc&nes pliis saiiçlantes
et plus effroyables qiie dans ce dernier pays.
Cornine I'A~itriclie étai1 inquiète poiii. la conservation
de ses piopres états eu Itiilie, cette révo-
1rition,'celle de 1'Esp:i-e et celle d ~iPortiigal,
provoquérent une réiinion des cing princiljales
Piiissarices de l'Europe en un cougrés qui eut
lieu à Troppri~i, en octobre 1820. et qui, le 6
janvier i 82 1, fut transf61 é à Lay1)acli. Les piiissances
invitèreiit Ferclinand s'y rendre, et
ce!iii-ci y alla avec la permission dii parlement.
filais il fiit obligé (le ,donner son consentement
à I'intcrvention militaire des Autricliieils, SONS
Friniont, daus les afFiiires de son pays, intervention
yiii fut reholi1e i ce congrès. L'armée de
R'aples était mal organisée. Aussi, après riiiel-
(lues coinbats dans les Abriizze; ( depilis le 7
1iiai.s 1821), elle se débanda de tous côtés, de
lnaniére qiie rlCs le 24 nlars, Naples se trouvait
aii pouvoir (les Aiitricliiens. La noiivelle constitution
fiit abolie, et iine ariiiee aiiti.icIiieiine fiit
laissée dans le yays polir 3 ans. A FerdinanG IV
succéda, le 4 janvier 1825,son fils, Fransois I,,.
( 334 )
Larévolutlon du Piémont eut encore une durée
moins longue, mais l'issiie en fut la même. Déjà,
en I 8 14, Victor-Emmanuel était revenu de la
Sardaigne à Turin. Le 10 mars 1821, !e colonel
comte de Palma, proclama à Arexandrie la constitution
espagnole, à la tête dii régiment de
Gêlhes. D'autres régimens et des citoyens vinrent
se joindre à cette manifestation. La même
chose eut lieu à Pignerol. ,4 la tête di1 mouvement
se placèrent Ansaldi, comte de Santa-
Rosa, et le rriarquis Chvles da Saint-Marsaü,
leqtiel se rendit à Casale. Le i I mars, la niême
constitution fiit proclamée devaut les portes de
Tiirin, par des soldats et des étridians. Comme
la troi~pe ne voiilut pas dissiper les révoltés,
Victoi--Erninanriel abdiqua le 13 mars le gouvernement,
et nomma le prince de Carignan
poiir régent, lequel jura, le 14 niars rSzr, la
constitution espagnole poiir le Piémont. Nice,
Monko, Chaniliéry, la capitale de la Savoie, et
Gênes, se déclarèrent poiir la constitiition; mais
le frère du roi, Charles-Félix, duc de Gênes,
protesta contre la déclaration ;le prince de Carignan
se déinit de la régence, et le général
Latour, goiiverneur de Novara, se réunit aux
Autrichiens, sous le conite de Biibna, et vainquit
(8avril), les coristitutionnels, près Novara.
Le io,, Turin et les autres villes fortes furent
occupees. Mais Charles-Félix prit le titre de
roi, le 2 1 avril 1821. Tl s'ensiiivit des eséciitions,
des confiscations, la fermeti~re des universités de
Gênes et rle Tiirin, et 12,000 Autrichiens vinrent
occuper le pays jiisqii'en 1823.
niais iine révolte sanglante attira dans la Turquie
d'Europe, l'attention des contemporains ;
ce fut celle des Grecs opprimés depuis si longtemps.
Le noble Sélim III était monté sur le
( 335 1
trône en 1789, avec l'intention de relever son
empire défaillant, par la culture européenne, et
avant toiit de chasser les janissaires, cetle troiipe
orgueilleuse, par des troupes européennes exercées
( Seymens). Après 4a paix (le Jassy, 1792,
I'expéditiou d'Egypte, par Napoléon, lrii fit
prendre les ariiies, et des troupes turqiies aidèrent
même à rétablir l'ordre dans les états de
l'Eglise. En 1807, iine nouvelle guerre éclata
contre la Rrissie, à l'instigation de la France; là
les Serviens, sous le brave Czerny Georges,
cherclièreiit, mais en vain, à secouer le joug
turc, et la flotte anglaise assista la Russie. Mais
Sélirn fut déposé, le,31 mai 1807, par ses troii-
pes mécontentes de ses iiinovaiions militaires,
et bientôt après il fut l~orriblement étranglé, et
sou successeur P1Siistapha IV, abolit ces innovations
si détestées. Rlais lui aussi fut renversé
)Jarune contre-révolution qu'opéra le paclia,
JIustapha Bairaktar, 1808, et son frère, Mahomet
( 356 )
une haute cultiire intellectuelle qiiè-reciire'nt de
jeiines Grecs, tau1 dans les iiriiversités é~rangèrcs
(surtoiit de Paris et de I'Alleiriagne) que tlaus
les Ciablissemeiis d'instrur tion 4tabiis en Grece
même: à Scio, à Aivali. 2 Sinyi.ne,l Jariina. Leur
coinpa triote, le niinistre riisce, cointe Capo d'lstria,
fonda, peiidant le congrès de Vienne, iine
réunion littéraire de*secours, l'Hétairie des aniis
des Muses.
Dans les yrernie'rs mois <le l'innée 1821 .clcs
troiibles kclaiCrent dans la Valacllie; occasioiie's
pai- Tlieodoro WladiiriiresKo et dans la Rloldavie
; le comie Alexandre Ipsilaiiti, gé'rréral
riisse et fils de l'ancien ~~ospodar de la ilIoIdavie
se leva, et (le Jassy (7 et 20 mars ), il atinonJa
la guerre ~OLII-I'iiidépendarice di1 yetiple grec,
Une révolil tion ~jréparée dans le quiirtier cles
grecs, ii Constaiitiuople ( dans le Faual 1, devait
éclater ari inoinent rneme de I'apparilioh tl'rpsi
lanti (levant cette ville. R1;iis lin des conjiirés (lécouvrit
le plaii de cette couspiration à I'ainbassadetir
anglais, qui en fit par1 au Divail. L'empereur
Alexandre, sur qui Tpsilanti avait beau,
coiip coitipté, s'était dé(:laré forterrient conlise
cette i/rsurrectio!s, et alors, non-seulemeri t SC$
liétairistes et d'niilres acillérens fiireiil tolaleinent
battus par les Turcs, mais il y eut une effroyable
effu~ionde sang parini les Grecs à Constan.
tinople. Cependant la révolte éclata aiissi en
Rlorée et dans les îles. Les Grecs. a1iiin6s par les
yuissans soiivenii.~ des ieinpç anciens, cl~ercl~aieni
à se tlébarrassei. du joug pesant soiis Icqiiel ils
gémissaient. Sans doute qu'il fallait, avant toiitj
qu'ils se foi-inaisent par les coiribals, à redevenir
un peiiple l~éi.~iqiie, puisqu'iin esclava-e prolongé
avait aussi déuaturé lei~r earact&e. Les
Grecs furent inalheiireux dans la Moldavie, Jaas
( 557 1
la Valachie et à Coiistantinople. IJe bataillon
sacré d'Ipsilanti siickoinba par la ti.aliison., le
15 ji,in, près Tergc)miclit et prks Tergorrssi.
Ipsilauti se réfugia da~is 1'eini)ii-e d'Ai1 ti iclie,
et trotioa rine dure capiivité à hlunlratscli, où il
resta jusqii'en 18.27. (Il est niorl à Vieune le 31
Iaiivier 1828). On vit à Constantiiiople, des
princesses grecqiies être ventlites coinme esclaves
ilil rnarclté, poiir iine piastre, et livrées
à la plus grossière briitalité. On vit peirdre le
vénérable pati.iarclie Grégoire devant son église,
clii'on rasa avec 15 autres, et tuer coiriine des
rliiens les Grecs désarmés. Les airibassaderirs de
Fran~ et de Russie intercé<lèi.~nt en vain poiir
détoiirner ces n~allieiirs. Strogaiioff qiii tta enfin
la ville. L'intervention de l'Autriche fiit également
vaine. La flotte grecque avec ses Branders,
combat tit avec d'aiit:~ni. pliis de bonfleur, contre
le cnl,itailie-pacha ; de merne Odyssée, près de
Zeituni, à Gerniano prés Patras, qii'il prit ; Navarin,
Napoli di Malvasia, et Tripolizza, Tlièbes,
Arta, se i.endrreiit aiissi. Pour leur bonlieiir le
~11ali de Persedéclara aiissi la guerre à liirI'urqriie;
le despote farouclie Ali Paclia (le Janinn {16 février
18~2), combattit également contre elle avec
~iicc:ès. Pendant ct teiiips on projeta des constittilions
pour le continent oriental et mériilional de
ella las et dti Peloponèse; et le gouveriieiiient fut
transféré d'Argos à Epidarire. Le rer janvier 1822,
pexistence politique et l'indépendance de la Gi~èce
furent procl~mées, et le pi-iuce Blaurocordato
fut noinmé de l'asseinblc'e nationale.
Tant d'en~r'e~rises si lieiireiises depuis le çomniencernent
de la révolte, iani sur terre que sur
mer, furent exécutées ; deiix capiiaiiies-pachas
sautèrent en l'air avec leurs vaisseaux; Colocotroni
et Nicetas furent vainqueurs près ~rgoiite,
29
( 338
Odyssée le fiit contre ~hurscliid, pacha, près Foutana
;la prise ci'~tli&nes, de Corinthe, de Napoli
di Roniania, le 16 dCcembre 1822 ; les victoires
maritimes près Mitylène, Patras ;celle de Bozzaris,
pr&s (;arpinissi, 23 août 1623 ; cinq fois on
combattit avec bonheur les Turcs près les Therniopyles
, il manqiiait cependant de l'union dans
l'intérieur ;au dehors, il y avait absence de désintéressement
et manque d'argent. Car les fruiis
des comités grecs et les efforts du brave Eynard,
de Genève, ne clevinrent,visibles que plus tard.
Quoique la constitution propre de toute la
Gréce fut projetée par la seconde asseniblée nationale
d'Arta (14 mars au iS avril i823), des
divisions ultérieures inontrérent ensuite le peu
(le diirée qu'avait ce qui était opposé aux forces
rérinies de la Turquie et de 1'Egypte. Car c'est
à la désunion des Grecs entre eiix, et à leur cl&-
génération qui leur avait fait perdre l'liabitude
de conduire un combat régulier dans une bataille
rangée, qu'il faut siirtout atti-ibuer les iiiallieurs
qu'ils ont éproiivés dans les années 1823 à
1827, tandis que Mahmo~id se fortifiait essentiellement
par le licenciement des 196 Ortas de
jaiiissaires (Hatti-Scliérif du ier juin 18a6), et par
l'organisation d'une armée esercée à la mauikre
eiiroyéenne, et il a été assez heureux de dompter,
pal- la Iiaclie et la corde, les nombreuses insurrectioris
(les janissaires qui éclataient à Constantinople,
par des incentlies (surtoiit le 13juin
iS26). Quoique la terrible prise et la dévastation
d'Tpsara (3 juillet 1824) par les Turcs furent
iin peu réparées par la reprise qii'en firent
les Grecs le 14 juillet: malgré plusieurs combats
mariti mes où la fortune fworisa les Grecs, entre
autres celui de Samos, le 17 août, celiii de Stnncbio,
du 4 au 6septembre, celui de Nitylène, le
( 339
6 octobre 1824;ils perdirent poiirtant Navarino
(12inai 1825), Tripolizza (2 1 juin 1825) et Misolonghi
(24 mars 1$26), c~uoiqi~e ce dernier endroit
ne fut qii'iin monceau de pierres qu'avait
fait sauter en l'air Noto-Bozznris ;ces places tombées
au yoiivoiï -des mains sanglantes des Turcs,
il y eut i peine 1,ooo Grecs qui parvinrent à gagner
Alcazyntho. Mall~eureiisemeiit la Grèce se
divisa encore, en 1825,en pliisieiirs partis (Colocotroni
,Maiirocordato. Coricliiriotti, etc.), et
I'asseniblée nationale d'Epida1.n-e (mai 1826) se
forma également en deux assemblées à Castri et
à Eeine. Même le manifeste de la nation grec ue
(25 juillet 18251, par lequel elle place son inlépentlance
soiis la protection de la Grande-Bretagne,
trouva contradiction, et, par cona&~uent,
en prodiiisit moins d'effet. Enfin, depuis juillet
1826, Atliénes, le palladiiim du pays, fiit assiégée
par les Turcs, et I'Acropolis ,. où se jeta en décembre
le brave colonel Fabvier, parvint à obtenir,
le 5 jiiin, une capitulation honorable. Les
Grecs se dirigèrent de ce côte' pour débloqiier
cette place, après s'étre réunis eu assemblée nationale
à Trazen (Damala), et avoir conféré le
grade cl'ainii-al à lord Coclirane, celiii de généial
en chef à ~tiurch, et avoir nommé président
de leur république pendant 7 ans, Capo d'Istria,
de Corfou, et ministre de Riissie. Mais les batzilles
du 2 au 6 mai, où tomba Caroiscakis (1; mai)
et 2,000 des pliis braves Grecs, siirtout Ics Souliotes
et les Pliillielltnes, Gcrasés yar la s~ipériorité
du nombre des troiipes régu ieres tiir.qiies,
firent échoiicr complètement le plan de déblocj~ernent.
L'espoir. des Grecs ne reposait maintenant
que sur l'intervention des graniles puissances
européennes. Cette intervention fut cil
partie immédiate et en partie médiate,
( 340
Dans tons les pays civilisés, les efforts liéroï-
,es Grecs yoiir recoiivi.er leur indépen-
Iiiles aut.e,'l a\aient exciié le plils vif entlioiisiasine.
En France surtoi~t, ia ~nanifestation Je l'opinion
p~ibliqueen fûveiir des mallieiireiix Grccs fut
grande. Partout il s'était foriné des comités occilpé'
ù rétinir (les secours de torite espi.t-e polir
les illiistres desceiitlans (le Tlir'iiiistocles et de
I~t:orlidaç. Qii'ou juge de la joie qrii éclata en
France cjiiand on vit le goiiverneinent prendre
parti oiir eux ! Qiiaiid on vit les esca(1res combinées
cre la France, de la Riissie et (le l'Angleterre
se présenter à l'entrée di1 port de Bavarin, polir
arr4ter les ra\ages terribles qiie carisait daus la
Morée Ibraliim ~;aclia, fils de B'léhemed-Ali. d'figypte;
polir faire tin dernier effort afi~id'obtenir
une ~'ru1ong;ition de i'arrriistice viol6 par Ibralii~n
~)ac*iia,. et s'assiirer de la stricte ~xdciition (le cet
ariiiislice! Leur dessein Ctait dc rédilire les Turcs
à rernf,ttre en rnr*r, s'ils avaient l'intention d'app~rciller.
La flatte oiton~anr était forte de plus
de ce t ~oiles, et le cliâteaii de Navarin, garai
de batteries, coniplétait le systè.rne de ddfe~ise
d'Ibraliim. Les flottes réunies des priissaiices
avaient poiir chefs : Rigny: Codrinçton et Iiei.
den, et elles parviurent f ctc'triiire la flotte turco.
égyptienne, le 20 octobre 1827. (Jitn~une Sanglante
batail le navale. Ces flottes rpirent eu même
temps iine disiir puissante à la piraterie $recqiie.
La joie qii'éproiivérent loris les Pliilliell&nes filt
très - srande. &lais la ne devait pas se borner
1'intei.ventioii de In France. Le goiivernemerit
avait cléciclé qii'une expédition aurait lieii efl
Morée poiir pratc!ger les Grecs contre les atroria
tés de la Porte. Cette rtcsoltition généreirse rept
l'approbation générale, et, coinme l'indépep
dance trouva toujours en Francc de, nombreus
défensenrs. une foule de jeunes Francais voulurent
se joindre à l'expédition, et fotiler le sol de
1'1i~roïc~ueGrèce, poiir secourir les mallieiireux
Hellènes. L'exp&litioii partit de Toiilau sous le
coinmandement dii marc'clial Alaison, et arrivii
Ileureiisement. en Morée (août iS.8). Navai.iii frit
pris; on y trouva GO boiiclies a feii, des vivres
et des niunitions, et les pavillons d ~ trois s 1)iiissances
(France, Angleterre, Russie,) furent Iiissés
sur les tolirs de I:i citadelle. Pendant ce mouvement,
le général Diirieii prit Rlodon, également
poiirvii de vivres et de miinitioiis. Le général
Sébastiani prit Coron, ct le général Sclineider
forca Hadji-Abduloli, paclra de Patras et du
châtrai; de Morée, à capituler.
L'expéclition en Grèce fait beaucoup d'lionrieur
à la France, et le. colonel Bory de Saint-
Vincent, qiii cil a fait partie, a voiil~i enricliir la
Fiance d'une description de la Morée que le
niontle savant acciieille favorablement.
Rlais les Grecs fiirent aussi secoiirlis rl'iine manibrc:
indirecte par la grterre qtie résolut de faire
aux Ttircs l'empereur Bicolas Ier, à c:iiise de l'incornpliate
exécution dii trité qu'il avait fait avec
eiix à Aclrernian, eii septembre 1828.L'interition
l'cinpereur était de maintenir son droit, celui
dc ses siiiets, vt de cloniier force à ses traite's ; et
cctte déclaration (le giicrre ne fiit niillement contraire
aii traité d'intervention conclii en faveur des
Grecs, à Londres, le 6 juillet 1827, avec la France
et I'AnSleterre. hlnliino~id ayant rcjelé ce traité
qui liii ;vait e'tépresentc;' le 16aoilt 1827. et n'ayant
PSfait droit aux aiitres réclamations de la Rus-
'1% les trois ainbassaderirs des priissances contfactanteç
qi~ittt'rent (rlérembre 1827) Constantfnople,
et, le 14 avril 1828, pariit la déclara-
!'on de guerre de ln R~issie.La Ri~ssie conduisit
cette guerre à l'orient et à l'occident de la mer
Noire ; là, par le vainqiieur de la Perse, .e général
Paskewitscll-Erivansky (c~iii prit successivemeni,
avec I'al)l)ui de la flotte russe et de l'amiral
Greigh, Anapa, Yoti, Cars, Acl~alzik et
d'aiitres places, jiisrlue dans le voisinage de Trapeziint
et d'Erzerum) , ici, ce fut par le cointe
Witgenstein.
L'armée russe, arrêtde long-temps par les débordemenç
du Daniibe, traversa ce fleure, après
avoir occupé et oi.ganisé de nouveau la Rloldavie
et la Valachie, prit Tsnktsclii (1 I juin), Matscliin
(16 juin), Braila (19juin), Koiistendgi et Hirsovri
(24 liiiu), et plusieiirs aiitres places d'une moindre
iinportance. Mais on trouva pliis (le résistauce
et (l'obstacles qii'on n'avait pensé, car l'importante
place de Varlia ne . tomba au pouvoir
des Russes qiie le I I octobre 1828, eti ce fait
d'armes termina la campagne.
Celle de 1829, soiis la contlriite clil comte Didbitscli
(r), fiit 1~111s bi-illantt*; car après pliisieijrs
combats sanglans près (les forteresses du Daniibe
non prises encore (Silistria se rendit le 3
juillet), et près de Scliouinla ou Djoumna, on
franchit, le r I jiiillet, ces montagnes redo~itablesl
liorneli des précédentes' campagnes, et l'on pisil
pliisieurs places le long de In mer Noire, et enfi!,
août 1829,Antlrinople, où (tlans la faiblesse vislble
cIe l'armée et de l'cnipire tiircs) le siiltan
Malimoud, afin d'éviter iine re'volte dans la capitale,
concliit la paix, à la persiiasion (tes amb.
sadeurs et avec I'interveiition cle la Prusse, pal%
qu'il ratifia le 2 septembre. Que!qiics districls
asiatiques der Jiirrs devinrent seiilenient rus-
(1) Silésien de naissance qui, 21 caiise du passage
aur Ic Balkan, eut te surnom de Sabalkansliy.
ses, mais l'iufliieiiee cZe cette puissance sur la
nIoldavie et la Valacllie, et sur la Turquie ellemême,
apparaît ylus importante qiie les rnillions
d'indemnités qu'il y eut à payer. Ainsi se trouvèrent
à la vérité anéanties les espbrances cle
330 ans à délivrer I'Eiirolie de ces asiaticjues,
mais la crainte d'une giierre géuérale européenne
fut également éloignée.
La position des Grecs, pendant ce teiiips, avait
natiirellement été plus paisible, inêine lorsque la
plus grande partie de l'armée francaise se fiit
retirée. Le 22 juin 1828, le nouveau président
de leur répiiblique, Capo d'Istria, prêta serment
en cette tliialilé; il organisa le ~anliellion, ou
Conseil d'Etat. à Naiiplie, et le goiiveraement
grec, et il étabit une banque nationale. Rlais ce
fut l'année 1830 qiii devait décider (lu sort de la
Grèce. Dans les conférences de Londres, des 4
et 22 février 1830, les trois piiissances ~lécitièrent
son inclépendance, fixèrent. ses liiriiles; la Morée,
le continent cl'Asyropotamo jiisqu'à 261tiini ,
Negropont et les Cyclades; et le priuce Léol)o!d
de Saxe-Cobourg fut désigné cornnie souverain
tlii plus jeune, et en même temps di1 ylus ancien
Eiar europeen.
Ciest à-l'eu-pr&sainsi qiie se troiivait l'état de
l'Eiirope au commencement de 1830. Rlais cette
année (lui peut, en qiieiqiie sorte, commencer
une ère nolivellt: et les deiix années suivsiites
sont si remarquables par les événemens importans
qi~i s'y sont passés, et don1 la conséqiience
sera proballeiric!nt cl'iine importance
nori inoins grande qri'iin COIIP-d'œil spe'cial sur
cette pério<le remarcliiable nous paraît ici h sa
p ace. (1). C'est la France qui préserte d'abord
(1) Ce qui peut paraître trop Bfend~~ trouve sa jus-
les événemens les plus fiirieiix et les pliis sanglans.
Le a~écontentement qu'inspiraient les
Bourbons et l'opposition hrinidable qui s'était
iriariifeitde dans la nation et dans les chambres
allaient en croissant. Le court niinistbre Martignac
avait fait place à celui de Polignac. CllarleçX,
effi-ayé sans doute des exigeances libérales des
dé11~1 tés éli~s en I 827, nialgi-é le ilouble vote, avait
cru po~ivoir tenir tête à l'orage et renforcer son
systéme rdactiorinaire en confiant la direction du
noriveau niinisthre à Polignac, homme dont le
nom sen1 c'tait une contre-révolution, et la
Francc apprit avec niitniit de stupeiir que d'6toiinemcnt
In üoniinntion diiiriinist&re du 8aoÛt 182
BCjà des associatious s'ataient fo~mées pour 7;
refus de I'iinyôt. La cliaiiibre des dçt'piites, à
l'ouverture tle la session ,avait exprimé dans une
adresse énergiqu e votée par 221 de scsmembres
la, réptigiiaiice de la France pour les noilveaux
ministres. C'est eu vain qri'on avait ailginenté la
clininbre des pairs nii ~iombre (le 367. La chamhre
des députés oriverle seiilement depiiis le 2
mars J 830 est pi-orogéele ig(lu mêine inois et (lissoute
bi~ntôt apr4s. Les noiivelles élections sont
~~~~~~~e plus défavorables au gouvernement.. Les
feu;lles de l'opposition deviennent toi~joiirs pliis
violentes. La brillaiite expédition c1'~lger n'était
pas parvenue, ainsi (pie Pavai t espéré le gouw-erne-
.
tification dans l'espoir que nos lecteurs seront bien
aises de n:passer encore uiie Sois cn abrégi! la suite
des ev9nemens dorit ils oiit éti: témoins, et dont la
multiplicité produit bcileu~ent une conf~sion dalis
l'esprit. L'auterir invoque l'indiilgence pour les errciurs
involontaires qii'il pcBiit avoir commises, et dont
il acçueillera la rectification avec reconnaissance,
( 345 1
ment, àdétoiirnerl'atteution entièreme nt fixée stir
l'intérieur. Cette expédition inaritiiiie ne coûtaitelle
pas de nouvellescent;tinesde ii~illions !Et pourtant
cette inême e\ édition aiirait, dans d'aiitres
cirronstonee.;, fait Pa gloire (l'iir. regne! Le dey
d'Alger avait insulté notre cousril à la régence, et
la France deinantlait par itn étroit bloriis la satisfaction
dg cette insiille. Coirime le dey avait répoutiii
(8 août ,829) ])RI' le canon aii contreainiral
de Iü Bretonnit'te. qiii Iiii avait été entrové
comme parlenientaire, le général Boiirmiiat,
alor5 mittistre i\e la giierre, quitta Paris et
'enibarqiin à Toiilon avec I'nrmér destiiiée h
cliâticr I'insoleiice (le Hrissin. Cette arine'e ,clirigée
vers Alger, débarclria siir ta pla~eafricaine le
1s jiiin. 1850 Bientôt lesBarbares rout ïiilbii tés et
le tlrapeau blanc est arboré sur la toiir de Torré-
Clrica. Les solt1;it~ fiaanpis, animés d'iine ardeur
extraordinaire, trioni1~I1ent de? bédouins et (le leur
cavalerie. Eiifiii, le fort de I'Einl~ereiir qiii domine
~iger est attaqiié (4 jiiiliet 1830) et emporté.
et Alger capitiile le lentle~nriiu .5. On
trotive dans la Casaiiba ori palais dii (le?, 50 inillions,
et le dey d'Alger se retira en Eiirope. Alger
est arijourd'hni la .plus belle colonie de la
France.
Ceprndant, nialgré les crainies qu'avait inspirées
le miaistèrePoligi~ac, l'on n'était pas encore
sorti de la légalité, et 1'1 cliarten'avait pas encorc
soiiffert d'atteinte. Toiit-à-sorip (36) pariirent
les ortlonnances cte jriillei datées clil 25 .conti-esignées
1131- tous les miriistres présens à Pili-is. De
ces ortlonnances l'une siispentlait la librrté (le
la presse périodiqiie, les aiitres prononcaient Iri
dissoIiition de la clianrbre des d6j)iités avant soi1
Oiiveriure, et en convoqiiaient iine nouvelle; la
dernikre enfia restreignait la loi électorale. Jus-
que-là le peuple, tout-en se préparant à la résistance
n'avait opposé qu'une force d'inertie aux
rétentions de la couronne; utais à présent que
fa constitution était eutammée et qii'il n'y avait
plils de garantie contre des atteintes encore plus
graves à cette constitut ion ,la capitale fut d'abord
conirne étolirdie, inais bientôt la stiipeiir et la
consternation du peiiplc font place à une révolte
qui devint une revolution. Des groupes rnenacans
se forment partoiit. Les députés préseris à Paris
protestent contre les ordonnances ; les joiirnaux,
sans e'gard pour ces ordonnaiices , continuent
de paraître; les redacteiirs des principaux journaiix
rédigent le 27 une protestation conlre ces
mênies ordonnances, et le tribrinal de coinmerce
de la Seine prononce un jugement qui oblige iin
imprimeur à continuer l'impression d'un joiirual.
Mais le peuple s'est déjà armé; l'habit de garde
nationale reparaît ; de cette garde nationale SI
brys iiement licenciée par Cliarles X. Le POLI+
voir %e son chtd a nommé Marmont, cornmandant
de la premiere division militaire, et chargé
de comprimer toute rési.;l.ance, et déjà la troupe
fit feii sur le yeiiple. Le combat s'engage. Le 28
Paris est mis en état de siége, la lutte devient
terrible, c'est iia combat à outrance, iin combat
à mort. Bien des personnes tombent vice
times ou de leur fidélité ou de leur patriotisme.
Du liaiit des maisons des pavés sont lancés
sur la troupe, et celle-ci riposte 1,ar des coups
de firsil et des canons; des barricades sont construites
et emp6client la troupe d'avancer, des
coiips de feu lui sont tirés souvent à bout
portant. Sur les barricades flotte le drapeau
tricolore; le nombre (les barricades est porte^
à 4,000; tout sert B'armes; des haclies; des
barres de fer, aussi bien que des armes à feu i
( 347
des femmes et des eufans combattent. Iiafayette,
ce kiéros des Deiis-Nondcs , se met, malgré son
grand fge, à la tete de la garde nationale. Des
régimens de ligne passent (211 côté des bourgeois.
Polignac est sourd à la prière qui lui es1 faite
par iine déput at ion d'hommes lionorables et parementaires
de retirer proiiipterrient ies ordonnances.
Il ne reste bientôt plus d'autre retraite à la
cour, aux ministres et aii reste de la garnison
?e Paris, qiie St-Cloud. On se bat peudant 3
jours, et, pendant cet intervalle, on compte environ
5,000 morts et blessés. Pendant que le peuple,
conduit par plusieurs élèves de l'école polytecliniqiie,
lritte avec avantage contre la garde
royale et les Suisses, toujours aiix cris de vivela
charte , iine commission municipale s'organise
à l'hôtel-de-ville et dirige le iiiouvement. Le 29
le peiiyle est maître de tolites les positions, la
victoire lui deinture et le drapeau tricolore flotte
sur les édifiees ~iiblics. Le mouvement de I'aris
se propage dans les provinces, et partout la 1-6-
voliition s'opAre ;l'édifice s'écroiilait parce qu'il
était attaqué par sa base.
La cominission municipale donne des cliefs aux
diverses adiriinistrations ,réorganise la garde nationale
de Paris, et en donne le commaridenient
a Lafay &e. Un gouvernement provisoire déclare
la destit~ition des ministres de Charles ;Y. celuici
ne se faisant plus illusion siir sa position veiit
en vain rappeler les ordonnances. Mais dès le 30
~~iillet sa déchéance est déclarée. En présence
des partis dont les lins voulaient la république,
les autres le rappel de la famille de Napoléon ,
la France avait besoin d'un chef pour éviter les
llorreurs de l'anarchie ; c'est pourquoi Louis-
Philippe d'Orléans accepte la Lieutenance-générale
du royaumequi lui est offerte. Charles 8,
( 348 1
retire' à Ba'mb.oiiillet, abdiclne en faveiir de son
petit-fils, le diic de Bordeaiix, et le d11,cd'Ango1tl6iiie
suivit son exempte. Le lieutena .t-général
cotivoqxie les cllainbres pour le 5 août, I end
Si la nation le drapeait trico1oi.c; et, dlrnsune pro-.
clamatiou adressée aii peiiple, il (léclare que ta
cltwtc sera &sort)tnis utte v&~.;té?
Cliarles X ,fore6 par le peiilile parisien, iie
s'éloigner de Rainboiiillei , s'einbarqiia 5 Clier-
Loiirg pour 1' Anglc terre ;d'où il se rendit d'abord
Si floly-fiood, en Ecosse ;il liübite'maintenant le
I3l:ii.dschin ,près Pi-agiie, eu BoliGnie.
&%alré l'abdication de Cliarles X , le trône
&ait $&çlat-4 vaeani en fait et en droit, et la
cliambre des dépiités , après a'voir modifié la
charte (7 août 1830 ), appela au trôiic lu Lieutdnant--géfi&*a!di1
royaiiiiie ,qui prita serinent à
la charte et prit le noin cle Louis-Pliilippe Ie',
roi des Francais (9 aoîtt). La cliarnbre des
pairs s'était jointe à la cliambre des dépiités.
Ainsi s'était accomplie une révolution qui, en
3 joiirs ,a renversé la brancxlle aînée (les Bourbons,
et y a appelénn prince simple dans ses
n~œurs, qiii, a rès avoir pris une part active
am giierres de fa première révoliition, où il a
fait preuve cle bravolire et de yatriotisine, avait
été obligé de s'expatrier polir se soiistraire au
régirne affreux de la terreur ;il avait vécu comme
liomine privé en Suisse, où, soiis un noin éiranger
, il enseignait les nintlieinat icjues dans une
institiition, dans le nord de l'Allemagne, et en
Sicile. Depuis soiiretour en Fraiice ,en 1814,il
s'e'tait fait remarquer coinme bon père Je famille,
encourageant les arts et les lettres. Cette
rc'volution de 1830est remarquable en ce qu'elle
n'a duré que 3 jours, et qu'elle est restée piire
( $49 ) '
de teint encéS. Liber-tt!, ordre p~blC,tei fut,
dès le cornmencc?merit de l'action, avec respect
artr pr*oprt&t&s,le nlot d'ordre et de ralliement.
La France a eu à regretter la mort de plrisieiirs
personnages remarqiiables niorts sous le règne de
CharlesX (16 scptenibre 1824 ail 29 juillet 1830) ;
entre a11 tres le gén6iSal Foy ,ora teiir et guerrier ;
l'abbé Feutrier, mitiistre des affaires ecclésiastiqiies;
Girodet , peintre d'liistoire ; Talma , Desaugiers,
et enfin ce %vancl ami rle l'humanité, i
qiii la France doit l'introduction de la vaccine,
la fondation de l'école (les arts el métiers de
Cliâlons et l'établissen~ent cles caisses d'épargne,
Ic vertueux et immortel Larochefoiicault-L ancourt.
Soiis cc même règne plusieurs rnonumens ont
été élev6 à Paris, entre anires le palais de la
Bourse, les 12 statues di1 pont Louis XVI, et
celle de Louis XIII, clui se trouve sur la Place-
Ravale.
Ainsi, la France n'avait plus ilne charte octroyée,
mais une charte consentie par le peuple,
représentée par la c1iitmbi.e (les dépiités et par le
roi citoven nommé par cette m6me cliambi-e.
La ré"o1ution dc jui!let, pour avoir éte grande,
de courte durée et exempte de tout excès, n'en a
pas moins eu et, a encore ses ennemis cachés oii
Piiblics. Recoiiniie par les grandes puissances elle
a el1 de Lien mauvais joilrs. Ses ennemis vouliirent
profiter du desmiiiistres de Cliarics X
Polir seiner le trouble et ensanglanter 1111e révo-
I~~tion iiniqne dans l'liistoire. Siir les sept ininis-
Ire: de Cliarlcs X ,quatre seiilemen t avaieut pli
[ire arrrtds. Ils fiirent jiig6s par la chambre des
Pairs et condamnés à une lwison pet-pétuelle. Les
3litres.ministres sont con$amnds par contumace
3s
*?aq lsa aS?!s ap lelaLl no!lessea ap mon e[
ap l9.r.1~un sa~di: Cn!ii[ Gz al 'uyua !s?!qqiid lnos
paiua!3na3![ ap sa~ueuuop~o s~na!snld ' aS?!s
ap le13 na p.lep?p lsa S'!Je6 *ap~oj lsa aila 'uon
-F3 ne la adno.17 el ap aJnoAi!.xq e1 F aq.rD ' ug
-ug *alduraxa sucs Inarnaulcrpi? un Daae aiipaq
- 'Aa?ju -1s a.q!o~a ne aulibnb snld alsaJ na,u
,PP sa?nalua luos sapca!Jreq s.Ina!snld *soauiaqa
-ae.ria~s.rnal snep sn!ea!lqiid?.r sa! aiibellr! 'au%[
3p adn0.i~ el ap la anaqueq el ap alla3 ap a?p!e
Laleuo!len ap~eS el 'g aq *a[el!de3 el ap s.in!od
s~na!snld .iris a?Se$ua l!elabs apall!stg aaFA anii
isuo81~1psa1 Daatl sn!eur xni, tinaa ly~l? ua a~d
-nad al la 'a~pnalna l!ej lua!el?$ 'ad~!yd-s??107
svq p i ~n,!qqna'+iDI anp ap ~1.13 saa *sn!sa!lqnd
-2.1 Sap la sais!lan3 sap '~liaa nobl!s 'al!nl-ioj ame!l
-jchl lnnuo3a.x no 'a3ne.r~I:I l!eaS!gje s.101~' !tiT>
soq~our-e~?lorp np l.iour lanb~eur~q lai?u?D np
aJcl?nnj !o~noa iip uo!saa30Ll (zsgr n!ti! c) 13 ç)
u!iiI ap sa?n.inoI sa1 snea *s.inall!i? la all!n arup
tq suep piel siqd ns eL1 auru103 .xarlduro!g na
Ins ~uauian~annoS np a!S.ran?,q *U!EUI 81 F saur
-JEsa1S!UI alrias sed e .inal au sua5 saae.rq sa3 ap
aJ?S!Ul cl Je3 'a!os na s.ra!.uno oooco~ e aalual d
<(1981aJ maaon) uo.iq ap alIoA?.l el suep J!OA
nd E IioLn! aa lsac3 ?!lan!>s!p a.r?peJea al l!ej
ua !nb uo~~e~?poui es ap uo!lnIoAp el .ra!.\?p a.qej
ap no no!%nloa?~-a~luoa aun aqnp0.d ap .r!s?p al
~U!~!JO ~iiod na qoae luass!e~ed salqiio.rl sa3
*a39
-sn! F[ ap a.r!enl3nes al ~al3adsa.I a.r!i?J Ins aleu
-ogen ap.1~4 el 'sanh!~enir~sap JECIaJqrneya r!~
ap .IiioIne s?ssnod.r~our ap s!~3 sa1 la saorlap nr
~!euSg~ !nb no!l~l!%,l ?.ia91e~q*an!ad amam el y
( )
rembre 1832, au moinent où il se rendait à l'ouverture
de la chambre des dépiitds.
Le parti considérible que trouva la ducliesse
de Berri lors de son apparition dans la Veutiée,
dans la même année, et qui Ii~i resta jus ii'h son
arreslation à Nantes, le 7 novembre 1832; son
emprisonnement dans le chiteari de Blaye, d'où
sa grossesse inopiuée ne put niéme la tirer; les
troiibles de Paris et de Lyou, cil :ivril 1834 ; les
efforts que coûta la pacification dans ces deux
villes, surtout dans ladernière, où ii fallut acteter
le rétablissement de l'ordre par de grands
sacrifices; enfin l'attentat liorrible qui, le 28
juillet 18.35,au moyen A'iine mncliine infernal~:
faillit coûter la vie à Louis-P!iilippe et à ses fils
qui l'accompagnaient à la revue de 1i1 gdrde nationale,
et qui tua plusieurs personnes de sa sliite,
tout cela montre que les passions ne sont pas
encore calmées, et que le roi des Francais a encore
de nombreux ennemis. L'éclat qri'a eu la
première partie dii procès di1 coniplot d'avril
1834 jiigé par la Cour des pairs 1835, I'exaltation
des accusés et de leurs défenseurs, des tentatives
d'assassinat sur la personne di: roi, antérieurement
à celle t2u 28 juillet, toutes ces circonstances
prouvent aiissi que les ennemis de
l'ordre des choses son1 aussi énergiques que
constans.
Peii de temps après la révoliitioii de jitillet, la
secte dcs saints-simoniens fit une coiirte apparition;
elle voulait réformer la société ; le ridicule
et la police correctionnelle y ont mis fin. La politiqiie
francaise, dirigée sur l'estérieiir, clierclia,
p3r l'occiipation d'Ancône (23 février 183a), i
affaiblir la grande iufluence de l'Autriche sur
l'Italie.
On parait avoir pris la résolutios de colosi-
( 3.52 )
ser définitivement plv,er, et de rassiirer cette
yosse;sion üfricaiiie cléfini tiveinent contre (lenoilvelles
invasions <les bélloiiins; et jl est perinis de
CI oire 111' Iuler~iièreqiii a fait périr pliisieiir:
bravesdr l'armée rl'occ~rpation (iiiillet i b3j) aiii'a
enfin oiivert lus yeiix a11 gorivernement cliii ,par
des mesiires à In fois fermes et c-onciijatrices, en
prévieublrn de nouvelles. Toiit est à espc'i-er du
goiiverneilr ac.tiiel, le brave maréclial Claiisel.
Le contre-coiip de In révolution francnise (le
1830a eii un long retentissement à 1'éirnrigcrl
et s'y est fait sentir bien plus foriemeiit qiie la
réroliition de 1789.Voyons d'abord oii en &tait
la Grève à 1'éj)oque de la seconde révoliition siirveniie
en France.
La sitiiatiori des Grecs allait en empirant. Le
priitce Léopoitl renoiica ail goiivernement de la
Grèce qii'il avai t!+c.ceyté il y a qiielqiies teinps,
et sans avoir encore vii son noiivel &ta t :les Grecs,
par ieiirsîac.tioris et par leiira: dispiites intérieiirej
contre leiir pré.sident Capo d'Istria. dans Ieqiiel
on ne volilait voir qii'iin organe (le la I\:issie, se
priv&rent(letolite force à I'intérieiir et à l'extérieiir
; l'amiral Miaillis, dans sa liaine contre la
Riis-it! et cSontre Capo cl'I.sti.ia. alla iiisqii'à incentlier,
le 13août. 1831, daus le port de Porosl
la flotte precqiie Cam >osée de 28 biî~iinensde la
valeur de 'io million5 Je francs, et dcliiipbe en irard
tie des dons qiie l'Europe avait filits, à la Grèce:
parce ciiie dans son opiuicn, oii avait I'intentioo
(le faire passer cette flotte ailx maiiis des Riisses;
d6cla1-écortpable (le liante traliison ,il coiiriitse
réfiigiei. à Hvdra. Une terrible explosion clétrilia
sit en ménie temps le fort Heidegger. Eufin, apréj
des révoltes étoiiffées précédemment à Maina?
février 1831 , deux inainottes-maiiro~nic.lralisacrifièrent
le président, le g octobre 1831 ,b leur
vengeance pai*tictiliere, à Nauplie, devant la porte
de l'église, au moyen du pistolet et dii poignzrd;
de manière qu'il 'fut formé iine commission provisoire
de régence, coinposée di1 frère dii président,
le cointe Alignstin C., lequel y resta jirsqu'au
13avril 1832, (le Colocoiroui et de Coletti.
hlais cette conîinissiori ne parvint pas non plris à
conjiirer l'esprit (le discorde et s'éteignit bient0t.
La scission cles partis entre les îles, le Continent
et le Yéloporitscr , entre les partisans des Capo
d'Istria et leurs adversaires, devint toujours plus
grande; elle se mitpartoiit, dans l'assemblée nationale,
dans le goilvernement et dans l'armée.
Des Grecs marcliereut contre (les Grecs, et même
ils eu vinrent aux niains avec les Frnncnis qui
les yrotégeaient , comme cela est encore arrivé
à Argos le 15janvier 1833;les finances qiii se cornqosnient
pour la pliipart de papier et de cuivre,
etnient engagées qiielrltiefois , en yelqi~esorte
par bail, pour i'aniiée suivante; i ne pouvait
venir tIeasaliit qtie du dehors, et c'est de la qu'il
vint aiissi. Les protocoles des coiif&reiices de
Londres des 7 janvier et 8 mars 1832fixèrent le
chois du chef siipi.ême de l'état grec siir le jeune
prince bavarois, Otlion , ( né en 18I 5), ainsi qiie
la frontière noril (lu noiivel état, entre Arta et
'CTolo;la Porte recooniit ces noiivelles dispositions
(21 juillet 1832 ) moyennant iine indeninité
de iz,ooo,ooo de francs. Les meilleurs et. les plus
inteutiounés iles Grecs virent avec joie que la fin
de toiite tribulaiion était enfin arrivée pour eux,
et ils y apercurent iinc garantie (le temps meilleurs
; Augiistin Capo d'Istria et ses partisans
ft~rentpetit-&tre ceux qui ne partagérent pas ces
idées consolantes. RientBt iine députation de
Grxs, ayant k sa tête l'airiirril Miaulis, se rendit
à Munich pour prêter le serment de fidélité ( 46
( 354
octobt*e) ail jerine roi de la Grèce et à la régence
qui, soris le cointe Arm:insperg devait l'assister,
coinme il avait été fixé par le ieruier traité (le
Londres di1 7 mai 1832, auqiiel avait siiçcéde'
l'acceptation du titre (le roi par le jeiine prince
(3 octobre 1832).Conformément à l'alliance conclue
entre le roi Loiiis de Bavière avec son fils,
3500 hommes de troupes de ligne bavaroises accompagnèrent
le jeune monarque qtii débarqita
enfiu le 6 février 1833 à Nauplie, ait inilieu de
l'allégresse d'une multitiide immense. Puisse avec
la nouvelle destinée de la Grèce une nouvelie
ère de bonheiir s'être fixée dans ce pays, et piiisse,
après de longs nuages, reluire encore le soleil
d'Homère !
Dans plilsieurs contrées, le sang a eucore coulé
3 longs flot; dans ces dernières années mémorables
! Des milliers d'infortunés gémissaient
daus les horribles prisons de don Rligiiel, à Lisbonne,
près de celte ville el dans tout le i'ortiigal.
Des régimens entiers se révoltèrent; ce fut
en vain. Iles échafauds étaient constaii:rnent inondés
de sang; toujoiirs de nouvelles victimes,;
le terine de tant (le désolations paraissait éloigne.
Car ce rie furent pas ces crimes inouis qiie veiigèrent
la France et I'Angletei-re ; mais seillement
le tort qiie leur faisait l'usurpateur fut plini par
des indemnités en argent o;i par la prise de la
flotte dii Tage, comme l'a fait l'amiral Roussin,
le 13 août 1831.Mais le goiiverneiiient de dona
Maria se consolida totijours davantage sur Pile de
Terceire, et le duc dori Pédro de Bt-apnce (exempereur
do Brésil), proclira cles bitimens francais
et anglais avec des ti-oiipes pour soutenir
[es droits méprisés de sa fille. Le 3 niars ,832,
il se remit à la tête (lu goiivernen:enl de sa fille,
et débarqua le 8 juillet à Oporto ; mais comme'
malgré ses promesses, les Portilgais ne paraissaient
voir en liii que le frkre de don Rli~riel, il
fut long-temps avant de trouver cette a(fiiésion
qu'il avait espéree, et ce ne fut qu'avec des
troiipes étrangères et des biîtimens étrangers
qu'il parvint, après plusieurs coinbais malheui-eiix,
à se maintenir ari inoins A Oporio.
Pendant qiie la cathédrale de Lisbonne et I'église
de Saint-Roch possètlent à elles seilles des
millions de trésors, le peiiple et le pays étaient
dans la misère, i'esception di1 clergé pui.;sant
qui fi~t bien loin de vouloir reconnaître don
Pédro coutre son frère don i\liguel, qiie le pape
lui-même avait reconnii poiir roi. Cependant
l'amiral Napier, et Villaflor, duc de Terceire,
parvinrent, après que la partie méridionale di1
Portuga! fut occupée par les troii es cie clon Pédro,
5 s'emparer, ie 24 juillet ,83f de Lisbonne,
poiir le diic de Bragance et sa fille, et Boiirniont
fut obligé de lever le siége d'Oporto. Don Pédro
est mort en 1834, avec la répiiiation d'un bon
capitaine et d'i~ii hoinine vraiment libéral.
De son côté, Ferdiiland VIL, roi d'Espagne,
i (le'farit(le postérité niiÎle, abolissaut la loi saliqne,
avait assiire à sa fiile la siicce. sion au the,
et aneanti ainsi les esl~&raiices de son frére cion
Carlos et de ses partisaus les carlistes. Eu octobre
1830, coula anx frontières, entre la France
et l'Espagne, le sang des 61nigi,és espagnols qui,
sous la condiiite de VaIllez et de Mina, avaient
voiilu pénétrer en Espagne poiir y Gtablir par
les arrnes un goiivernement plus lil~éral. La inaladie
di1 roi, qu'on crût même mort, mit à la
vérité, le 16 septembre 1832, la reine à la tdte
du gouvernement ; elle pivit diverses mesures salutaires,
entr'aiitres celle du biinissement de
!'exécrable Espana, et l'annonce d'uue amnistie
( 337:)
ture,stibite de plus d'une chambre législative; le
ersérittion, par clouzaines, des jorirnai~x avec
feurs dditeurs; 1.éloignenient de leiirs eliaires de
plnsieurs professerii.~ cl'iini\rersités ; les résoliitions
cle la diète des 28 juin et 5 jiiiflet poiir-la
siirveillance de la presse et cics assemblées législatives
qui ne (leviiient pliis refiisei. I'iinpÔt contre
les associations poliiiq~ies, et contl e torit einhlêine
politiqiie, etc D'iiii antre côté, l'accession
de 20 iiiiIIiotls allemnn(1s au systhme (le doiiaiie
de la Priisse, conime paraissent dans l'intention
de le faire pliisieilrs Etats alleinan(ls, porirrai!,
soiis It: rapport politiqire, coiriine sous celiti dit
coinmerce, drveriir iiriportante.
Dans la Siiisse se combati;iienl en silence, coinme
cela a lieri tliins les i~éoiibliciiiesori cotifc'dératiotis
répiiblicaines, la tléiiiocraiie et I':tristoci-atie, siirtoiit
tlepiiis ~ ( Ile Psage acte de méditation (le Napoléon,
de 18 13.par leqtiel 011 ne reconnaissait ni
pays de :siijets. ni priviléges (le personnes et de
farniiles, qiie cet acte, diail toliibé el1 désriétude.
hIais, par la siiite, la cli.3çortle qii'occ.asionè~-ent
les besoins priblics et la réforme de I'Etat éclata
en sanglans combats. Dans pliisieiirs cantons,
cornirie, par exeiiiple, à Bâle, il v eiit une pierre
entre la ville et la canipagne; à Bèi-ne, à Aargari,
à Ziirich, à Tiirgait, iLucerne, à Solotliiirue, à
Fribourg, on fut obligé de faire cles c.oacessioiis
ail parti démocr;itiqiie par rapport à ln coiistitiition.
et Neiiclrâiel votilut mêrrie se soiistraire
au gouvernement priissicn. A Si liwyz et à Bile,
les paysans marcl~èrent contre la ville et se scindhrent
en demi-cantons avec voix partagees à la
diSie. D'aiitres coricliir~nt iine confétl4ration
particiiliSre (confërence de Sarne); Ziiricli, (le
son côté. établit iine ilniversité particulihre sur
le pied des grandes universiids allemandes. La
. . ( 358
siiite montrera si, comme dit Zschokke, l'hiimanité,
dans la Siiisse, n'a rejeté l'enveloppe qui
la pressaitque pour se développer. Le dernter acte
du gouverneineut francais an siijet du canton de
Bâle-Campagne, qui a refiisé de ratifier I'acquisition
faite dans ce pays par un citoyen francais israélite.
en mettant à nu les préjugés d'iin yavs où
la tolérance n'a pas encore fait assez de prigrès,
fait en même temps Iionnciir à la libéralité di1
goiivernement né de la révolu\ion de juillet.
Dans trois Etats italiens, la mort ctes souverains
fit naître l'espérance à d'autres prince:.
Dans le ro aiime des Deux-Siciles siiccéda, le
4 janvier 1&5, à ~erdinondIer, son fils Frau
cois Ier, et celui-ci eut pour successeur, le 8
noverribre 1830, son fils, Ferdinand II, duc de
Calabre. Dans les Etats du pape, le cardinal Mauriis-Capellari
succéda, sous le nom de Grégoire
XVI, le 2 février 1831, à Pie VTII, 'mort le
ier décembre 1830. En Sardaigne, Cliarles Al-
Lert, de la maison de Savoie Carignan, monta siir
le trône de Charles-Félix. Sons Charles-~lbert,
reparut en Sardaigne, en I 837, l'inciiiisi tio~i avec
ses to:-tures et ses jiigemens secrets. II y eut de
grandi troubles soiis Pie VIII, dans les Elats du
pape, s~irtoutà Bologne, à Pérugia, à Romasna,
a Forli, à Ancône, etc. Pli~sieiirs de ces villes et
de ces contrées proclamhrent leur Indépendance
et institiièrent des administrations. Mais ici,
comme à Modène et à Parilie, à Lucques et à
Piombino, les troiibles ne furent pas réprimés
sans efliision de sang, .par l'interv!:ntion momen.
tauée cies Autrichiens. Cette intervention ne
poilvait que réveiller des inquiétudes en Fra~ice.
En 1832, iine norivelle intervention des Ailtrichiens
clans les Etats (lu pape, devint nécessaire;
de leiir côté, les Francais, comme nous l'avons
dit, entrèrent à Ancône,
Les évgnemens qiri eurent lieu dans le royaume
desPays-Bas furent plus sanglans et bien plus
considérables par leurs suites. II y avait ici, outre
le grand diiclié de Ltixemboiirg, deux peuples
qiii devenaient toujours plus étrangers l'un L
l'autre : les Hollandais et les Belges, fondus ensemble
en faveiir de Guillaume de Nassau-
Orange, ail congrPs de Vienne, en 1815, polir
servir de boulevard contre la France, ou mieux,
liés ensemble par l'acte fondainental du 24 août
1815. Un roi rotestant, avec sou n~inistère, devait
hientôt fevenir un objet de haine pour le
parti catholique ultrainontain de la Belgiqne.
Sous le niasqiie d'iiii grand libéralisme, le haut
clergé fit des efforts pour s'emparer de toute
I'instructioii qii'on aiirait ensuite facilement fait
passer aux inaius des jésuites. Un grand inécootenternent
éclatait contre le ministre (le la justice
et de la police, Van Maanem ; les Belges
croyaient aussi qtie les Hollandais letir étaient
préfërés. L'arase ,r6volutionnaire, long-temps
coinprimé, éclata a Briixelles, apr&s une représentation
de l'opera : la Muette de Portici, le 25
août I 830; cet opéra a fait époque pour cette
raison dans ce pays; car la révolution se propagea
bieniôt à Liége, à Gand, à Anvers et dans
d'autres villes. Le 3 septembre, ou exprima dé'à
le désir Sune çampl&te séparation d'avec la
Hollande. De Potter et d'autres formèrent un
~oiiverneiiient provisoire, quoique le peuple en
f~ireurse montra bientôt pliis fort qu'eiix. La
garde nationale, précipitamrrient formée, marcha,
sous clon Juan de Halen, à la rencontre
des troupes que le prince Frédéric, second fils
dii roi, dans l'impossibilité de rétablir l'ordre,
conduisit vers Bruxelles ;mais la garde nationale
cte fut pas heureuse i c'est à Bruxelles que le
( 360
combat fiit meiirtrier : là, par des barricadés,
I'oii coml~atiil pied à piecl, de manikre qrie le
prince se vil obligé de bombarder la ville basse.
Fais q~rantles troupes belges se fiireiit mises
du côlé du peuple, le priuce quitta Briixelles,
et bieuiôt toute la Belgique, à I'esccpiion de la
citadelle d'Anvers, bien défendue par le génêral
Clinssé. Des le 4 octobre i83c, la Bclgiqiie fut
dérlarc'e Etat iiitiépendant de la Hollantle. Le
roi Gciiilaiin~e appela le 4 octobre les Hollandais
aux armes; mais ie prince Gliillaiinie d'Orange
(beari-frère de Nicolas, empereiir de
Riissie) reconnut, le IO oclobrc 1830, I'independance
(les Belges, pect-être pour con;
server le pays i la ninison d'Orange rnalgrc
sa séparation. Tout cela ne siiffit pas atia Belges,
surtoiit ail peiiyle exalté, et ~liassé ayant bornbardé
Anvers, l'esprit public fut si irrité, que le
congrès national, ouvert à Bruxelles, le r O novembre,
déclara la maison d'orange exclue pour
ioiijours du trône de la Belgique (24 novembre).
Une coiiférence d'ambassadeiirs des cinq grandes
puissances, à Londres, opéra, le I 7 novembre,
ilne suspension d'armes, et reconniit, le 12
dc'cembre, l'i~idépeiidance clu nouvel EtaG Le
clioia du nouveau chef de la Belgique fut long
à être arr&ié. Snrlct de Cliokier, pendant ce
temps, était à 1ü tete du gouvernenieut. On offrit
la couronne au duc de Neuioirrs, secood fils
du roi des Francais, et iine députatioti se rendit
Paris à cet eff'et; mois Lo~iis-Philippe refusa
pour soli fils cettc couroniie. Le 4 juin 1831,
seulenient, le congrès tomba d'accord à offrir la
coiironne au prince Léopold de Saxe-Cobourg*
Celui-ci l'accepta le 21 juillet, ainsi que la grterre
contre la Hollantle, qui venait d'éclater. Cette
guerre kit si malheureuse, qiic l'arniéé belge de
( 36k )
la Meuse, soiii le général Daiue, fut fortement
battile', le 8 août, près de Hasselt, de.même que
l'armée de l'Escaut le fut le I a août, près de
Lœven. Sans le secours de I'arméc francaise, qu'à
la yriére de Léopold le gouvernement franjais
envoya en Bel iclrie sous le marécliûl ~érard, et
dont I1approcf~e porta les Hollandais à évacuer
le pays, le iiouveau royaume aurait été étouffé
dans son berceau. -
Le I 5 novembre I 83 r, la conférence de Londres
reconnut aussi le nouveaii roi que, seule,
elle avait créé. Seillement, la crainte se confirma
que le roi de Hollande n'accepterait pas les 24
articles que lui proposait la conférence, en se
ioudant sur ce qu'il pouvait appeler son droit,
et en effet, l'Ai~triclle, la l'russe, et surtout la
Russie, n'avaient ratifié, qu'avec des couditions,
cette clérnarclie de leurs cliploinates. La Belgislue,
dont I'inrte'pendance n'était pas encor-e complètc3ment
recoiinue par toutes les piiissauces, se
troriva, en 1832,plus étroitement lie'eà la France
p;r le mariage tle Léol)old, qui époiisa la fille
ainée di1 roi des Francais.
L-e pays qrii est et restera encore long-temps à
la tête du inouvernent et dii progr&s, c'est toujours
la France. En 1832, elle a triontré, par un
beari fait d'armes, que, si elle ne c!lerclie pas à
s'étendre, ce n'est pas par impiiissance, mais ar
lnodéraiion, et parce cliie !a civilisation ne &it
i)lus marcher précédée de cünuus. On voit que
iious voulons parler du siege d'Anvers. Le marécbal
Gérarclpartit à la tete de 40,000 hommes, traversa
la Belgiqrie, et, arrivé devnn t Anvers, il somma
le général Chriss6 de rendi-e la citadelle. Siir
son refus, l'artillerie francaise foudroie les remparts,
et après vipgt-qiiatre joiirs de traochée, 14
31
( 362 )
garnison hollandaise et son énéral se rendirent
à tliscrétioo (23 décembre 8,
I b32).
Les protocoles devaient determinor qiii paierait
les frais de la destruction de la citadelle
d'Anvers, frais q!ii s'élevèreiit à 1.2 millious, et
dont la cotislructiou ri'avait coûté lie6 millions;
qiii serait eliargé de preoilre ailx &ollandais les
forts Lillo et Liefliensliœk ; eufin qui serait
cliargé d'opérer la libre navigatioii de l'Escaut!
Ces difficultés ne sont pas encore aplanies.
Heureusement pour la paix du monde que,
quand les trocipes fi.aiicaises entrérent en Beigique,.parrni
les grandes puissances, rine ép6e rctenait
l'autre dans le foiirreau. L'Angleterreavait
besoin de son argent et de ses troupes pour les
affaires de son propre pays. Car les moiivemens
tcimultuerix cjii'e'rcitaient dans les trois royaiimes
des niillions de gens nppaiivris contre un petit
nombi.e de millionneires, les menncantes réilnions
populaires, les excès qiii avait été commis,
par exeniple les innombrables ravages causés par
des incendiaires, le mécontentement qui t:cI:tt;iit
con1i.e la constitittiori et le ministère, faisaient
craindre plus d'une fois l'explosim d'iinc giierre
civile en Angleterre. Le 26 juin 1830 mourut le
roi Georges IV, et son frère, le cliic de Clarence,
lui siiccécla soiis le nom de Giiillaiirne IV. Le
ministère Welliiigton fut obligé de se retirer le
10 novembre 1830 , et les lords Grey et H:-origliam,
à la tete d'un miriistere plris libéral, chercllhent
avant tout a faire 1,asser In re'forme parlementaire
si de'sire'e par le pcciple. mais la
chambre des communes se cléclara seii\e polir
cette mesure, taudis que celle des lords (8 octqhre
i 831 ) ne votilu t pas cétler ; les lords pre'feraient
ne pas fitire réparer leiirs feuetres brisdes
ou s'exposer à de noiiveaus dnnpers. En de'cern-
( 363 )
bre 1831 le bill tilt pisésenté i un noiivenii parlement.
1 est irripossible de résister long-temps à
ce qui est véritablement bleu et réclanlé par
le terrips. Q~iel~iies évèqiies et gros propriélaires
ont dû &der à rii~t!nation entiére qui i.éclanisit
uile mesiire aiissi é( iiital>le. Enfin, après plusierirs
ciiangemeor de ministère dont ie rbsiiltat
fut nril ,la réforme parlementaire devint loi le 7
~niivieraprès iine iroisi tme Icctiire dans la clinmbre
(les lords et aprés l'ai>probation tlri roi. Qiie
cet acte n'a-t-il reiitlu le repos et le bien-être à
la mallreiit-ense Irlande qrii cliercliai t mêiiie à se
séparer tic l'Angleterre ! Il est horrible (le penser
que siir yrèscle 3 millions tl'liomrnes rdyandris sitr
1,500 inilles carrés, ln moitié est près de ~noiirir
de faim !Ctci peut et cloit être cliangé si legrand
propriétaire bit des coudiiions meilleiires à ses
fermiers et à ses tenanciers, si l'c~clésiastiqiie
devient plits facile au sujet de la clîine et si les
biens de l'église protestante cessaieut, lh oh il
n'y a pas de coinmunautés, .d'É.tre une cllarge
putir le peiiple.
Probab!ement que l'empereur Nicolas n'aiirait
pas vil si tranqiiilleiiieut non pliis 1û sépai'alion
de ta Belgiqiie d'avec la inaison d'Orauge
dont le prince <tait son bcaii-frère, siii-lotit qiie
l'on craignait alors Lin agraiidisseirient de la
France, s'il n'avait p3s ét4 lui-même compliqrié
d4hs itne giierre sauglantc avec ses siliets du
royaiime (le Pologne. Lei, Polonnis se ~)laigiiaieiit
diin joiiq insiipportable dont les écrasait leiir
vice-roi ,&le grand rliic Coiistaniin et les agens
"lisses, aii inépris des droits reconiius aiix Polonais
dans le trnité de 1815. Petit-rire q!re
I't~n~~ereur ne savait pas ce que cc joiig avait
d'accabl:int, mais on yuiivait preqiie prévoir
9" la révolte dans I1&iatactuel de 1'Eriropea'&-
( 364
fait pas le vrai moyen de leur procurer du soulagement.
Une conspiratiou se tramait depuis
décembre i 828 et se rattacliait peut-être à de secrètes
demarclies qui remoritaient à 1821 ,mais,
malgré le grand nombre des conjurés, l'explosion
de cette conspiration n'eut lieu que fin novetnbre
:830, parce qu'on craignait qu'un pli~s long
retard servirait à ébruiter la chose et à rendre
ar là l'exécution impossible. Il est très-proba-
Rie aussi que la révolution de juillet vint doooer
la force et l'espoir aux Polonais. comme elle
l'avait donné aux Belges. Le soir du 29 novembre
commenca, sous la conduite du sous-lieutenant
Wisocki et de quelques autres mi1it;tires
de grades inférieurs, l'attaque contre le palais
de Constantin et quelques casernes de Vassovie,
et, après un carnage affreux, l'attaque
fut couronnée de siicci.~, parce qu'une grande
partie des troupes polonaises se rangAreut du
côté des assaillans, tandis que le grand duc
qiiitta Varsovie avec les Riisses. On s arma avec
des armespris à l'arsenal et l'on décida de ne laisser
à Varsovie ni dans les environs aucun Russe,
ni personne iiipenieroit d'unemanièi-e contraire
ila révolte. an puvernement provisoire fut donc
établi, et le vieux général Chlopicki qui, dan;
les légions francaises-polonaises s'était disting~le
en ltalie et dans la grande affaire de Saragosse,
fut nommé dictateur (Eaczelnik) le 5 décenibre;
la diète fut convoqitée (sénateiirs et députés), et
bieiltôt tout le royaume se déclara pour la cause
giii avait triomyiié b Varsovie. Mais ledictateur.
ont la modération ne demandait que le redressement
des torts c'videns, envoya à cet effet
députation à St-Pétersbourg, qui eut pour toute,
réponse que I'empereur demandait avant toiil une
soumission absolue. Comme on entretenait l'idée
( 365 1
de se detaclier entièrement de la Russie, comme
les clubs patriotiques devenaient toujours plus
ardens et par là plus opposés à tolite mesiire conciliatrice,
tandis qii'ori avait négligé la seille niesrire
gui aiirait pu .?voir ilne influence immense,
l'émancipation complète des paysans et cles
Juifs dont le nombre se monte à près de 3 millions,
en Pologne. Chopicki se démit de la dictature
le 18janvier i 831. Le goiivernement national,
soiis le prince Czartoryski et la dikte cléclarèrent
( le a5 .janvier) i'indépendauce de la
lintion polonaise et la vacance du trône polonais.
Dès ce moment il fut impossible d'avancer ou de
reculer sans rGpandrc des torrens de sang. Cependant
les Russes s'approcliaient iiisensiblement
(le Varsovie sous la conduite de Diebitsch Sabalkanski
:toutefois leur nombre fut encore trop
faible et ils étaient eilcore trop disséminés pour
&'être pas d'abord repoussés par les ~olonais,
(troupes de ligne et porte-faiix) qui s'étaient or-
Sanisésnvecdes efforts inouïs et qui combattaient
avec un courage sans exemple. C'est ainsi que
cela eut lieii dans les combats et dans les batailles
de Visniem et de Stoczek ,(1 I février) de Dobre
,de Grochow .(23 février) où Chlopicki fil t
doublement blessé. Aiissi ,la révolte éclata-t-elle
bieiitôt dans les contrées que les Russes avaient
deriiére eux; et qui fiirent insui-gées par des
corps polonais ui y avaient étG envoyés dans la
Volh nie, dînAa Lithuanie et dans la Samogicie.
l e bonheur y favorisa les Polonais comine
sur le tliéitre de la guerre. Les batailles renouvelées
clans le voisinage de Praga ,prhs de Grocbow
et de WVawro (fin mars 1831) soiis Skrzynecki
arreiérent le plan (les Riisses de se (lii-iger
Sur Varsovie, et pendant neuf mois la Pologne
luttait avec ses faibles ressorirces contre les forces
( 566 )
de l'empire de Russie jiis(tuqat~x combats meiirtriers
rès de Niir ,de Lomza ,et surtout d'Ostro~enKa.
ie i 5 au 26 mai 183i, sous le génPral
en clief, sous Dembinski , sous Giulgiid . etc.,'
ces Iierix e'taient poiirles Polonais les bornes dl1
bonlieur de la guerre. Carh dater de tes dernières
actioiisoù, c'crasés par lenombtc, ils avaient laissé
io,ooo Iiommes sur le clianip de bataille, ifs FLIrent
obligés d'abdndonnerl'offensive etde yensei.4
coiivrir Varsovie. Déjà le 27 avril le corps poloriais
soiis Dwernicki hvait été refoiilé vers h
Galicie par Rudiger et désarmé par les Autrichieds.
Le secours attendu de la part d'autres
priissances européennes oii au moins leur inlervention
n'arriva pas. Les factions à Varsovie devinrent
toiijours plus fougiieitses et pliis emporte'es;
Diebitsch êtait hort du choléra, le 10
juin, près Pultusk ;le grand duc Constantiri eut
le m2inc sort 17 jours plus tard à Witepç~k, alors
Paskewitsch Erivansky ,placé à la tête de Parinée
russe la fortifia ;elle devint non-seulement
plus nombreuse, mais ses moiivemens clevinrent
plus prompts. Le général en chef opéra son passage
sur la Vistiile (17 juillet , etc. ):près (le:
frontières de la Priisse , sans avoir ktc inquiéte
ar Skrzpecki. Les Polonais étaient retentis p ~'
fespoir qiie leur avaient fait concevoir les promesses
(le la France. Vers le même temps les
Polonais, mal dirigés, avaient été soiis ~iielgu(1
refoules de la Litliuanie sur la frontière de la
Prusse et désarmés. Le gc'néral Dembinski seulement,
avecsa troupe reviut heiireusement, grice
à iine liabile manœuvre. La confusion intérielire
se manifesta de plils en phs, le massacre dii 15
août, d'un gand nombre d'hoihrnes prétendus
conspirateurs du profit de ln Russie;la mauvaise
volonte OU l'inexpérience de plusieurs générails
( 367
ne firent qu'einpirerle mal. Malacbo~vski succéda
A ~krz~ttecki, el lléqiiivoqiie Kriikowiecki devint
présictént de la diète. Déih les Kiisses avaient
pas& IaPsoiira et se trouvèrent aii commencement
de septembre très-près dc Varsovie. Le 8 septembre
1831, cette ville, investie par le ($néralissinie
Paskewitcli, fiit prise à l'assaut et par
capifi~lnlion,peiit-être titissi In trahison n'y fritdle
pas étrangére et tomba ainsi au poilvoir des
Russes. La perte des Russes daus i'assaut montra
avec quelle bravoure combattirent. les Polonais,
malgré L'absence de tous moyens cle défense.
Alors ln cause polonaise erdit son centre et tout
moyeu de se soi~tenir. 6n corps polonais sous
Romarino fut obligé (le nieitre bas les arines
Galicie, après les combats près Jozefow, les 16 et
17 septenibre. Le corps principal qui s'était retiré
de Varsovie à Flock et à BIodlin avec le gouvernement,
remit cette derniiire forteresse aux
Russes et se livra lui-idme, sous Ilybinski, à la
Prusse, le 24 septembre; enfin, lc çe'ne'ral Rocycki
déposa, avec les siens, les armes, lea septembre
h Cracovie. Ainsi, 40,000 Iiommcs et plus
se trouvhrent en pays étranger, surtout eu
France, en Prusse et en Aiitriclie; il n'y a que
le pliis petit nombre iii vorilrit retourner en
Poloçne; d'ailleurs In Jupart ne pouvait pas y
retourhei' i cause de leur proscription et de la
confiscation cle leurs biens, confiscation estimée
à go millions dc floriiis polonais. Plus tard il fut
publié, la vérité, une aninistie plus étendue eri
faveur des moins coupables, et plus d'une inesure
sévhre frit adoucie; mais l'existence indépendante
de la Pologne, comme 6tat politiqüe, ccssa en
mars I 852 ; un ukas prononca l'incorporation
de la Pologne à la Riissie, et iinè ddputatioll polonaisefut
obIiçée de se rendre ii St- ete ers bourg
pour en- remercier l'empereur. Néanmoins les
amis de la nationalité polonaise n'abaudonnent
as l'espoir dc voir l'indépendance du royaume
8e Polo ne reconnue, elle a été garantie par les
traités je 18~5.
Cette année 183s a été fatale ail pays où se
sont passés les évéiieinens dont nous venons de
parler: il a été effroyablement ravagé par la
guerre avec toutes ses horreurs, par l'eau et le feu,
par l'épidémie et l'épizootie; cette année restera
une page effrayante de l'histoire!
En 1832, le clioléra, après avoir affligé Alger
et le midi de la France, vint en désoler les provinces
du nord et du sud. Si là, comme partout,
les médecins francais ont fait preuve (le talent,
de zèle et de dbvoiiement, on a vti aussi, ,par les
troubles gai, à cette époque, eurent lieu a Paris,
des bruits absiirdes d'em~)oisonneinent, que des
malveillans firent coiirii., et di1 déplorable assassinat
qui en f~it la suite, on a vu qiie le peuple
a besoin d'être plus éclairé et plus instruit ; le
gouvernement a déjà fait beaiicoiip à cet égard.
Une loi sur l'instriiction primaire, large et libérale,
a été votée, et des fontls alloiiés pour espérer
que, bientat, cliaciiie corninune en France
aura les moyens de donner à tous ses habitans ce
qiie 1'Etat doit à toiis : l'instruction. Dans les
hautes études, les nrnéliorations qui y sont attendiles
ne doivent pas laisser sans mention celles
qui y ont déjà dté introduites. Les lois contre
les associations, contre les crieurs publics, ramèneront,
il faiit I'espe'rer , le caline daus les
esprits, et donneront, à la discussion des opinions
politiqi~es, cette convenance qui n'ôtera
rien à la franchise et à 13 liberté. La loi sur la
rrdc nationale est le palladium de la révolution
e juillet, dont l'effet, pour être moins prompt,
( 369
h'en sera que plus salutaire. N'oiiblions pas de
mentioriner. comme iine des précierises couquêtes
tle la révolution de 1850, l'abolition rdcente
de la loterie. Le désarineinent général, si longtemps
désiré, s'opérera Far la force des clioies.
Si le priucipe déniocratique est toiii-puissant dans
la nouvelle dynastie que Lafayette a aypele'e la
lus belle des réyiibliqiies, si la pairie a perdit
LréditC (juin i832),Le goiiveroement fianeais,
qui s'est déclaré juste-nulieu, saura le faire 1-especter
et rdduire les factions, sans mentir à :on
principe : la liberté 1
Pendant qtie ces évéuemens se passaient daus
l'Ancien-IClonde, tle grandes révolii tions éclatèren t
également dans le Nouveau, et l'issiie d ces dernières
est en partie eilcore liroblérnatiqiie. Le
mot de Mirabcaii : cc La révoliitioti francaise fci a
le tour dit hlonde I, parait aussi se réaliser dans
l'autre litt'misplière; car ce gui s'y est passé de-
~uis1790 P S ~plus ou moins la siiite de la révoution
franjaise. Une scission ne se pre'pare-t -elle
pas même dans Ic pays modèle des - provinces
unies du Nord, Etat qiii compte mninteiiant
I 13,000milles carres, avec près de 13 millions
d'liabitans, dont 2 millions d'esclaves, entre le siirl,
propre siirtout à l'agriciilture el~àIn t>larilation,
et tenant polir cette raison aux esclaves, et Ic
nord de la rtt'publique qui s'occupe plus de commerce
et de fabrication! A cause (1ii tarif (le la
douaue du 14 juillet 1832 qui était manifestement
préjudiciable aitx provinccs di1 sud, les
Carolines et d'aiitres provinces menacèrent de se
retirer tout-à-fait de l'iinion; et qui mit si le
~lian~einent qu'on a fait à ce tarif par la nouvelle
élection du président Jackson poiirra parer
pour toujours à cette sé aration? La révolution
s'accorny lit d'abord en $alti ou une des Antilles-