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20090812005ma

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MANUEL

UNIVERSELLE,

aiisaari n~iso~rsl DES FAITS ET ~V$NEXENS LES PLUS nt-

PORTARS; DES INVEITlOKS LES PLUS UTILES

DES HOJlNES LES PLUS EEJIABQUABLHS

DEPUIS LE COYhlERCENENT

DU MOXDE JUSQU'IT~

1856;

PAR S. CASEN

!*

TRADUCTEITR DE L A B1Bl.E.

PARIS,

-4 LA LIBRAIRIE E~CYCLOPEDIQVEDE RORFIT,

RUE HAUTEPEUILLE, ;YD IO ElS.

1836.



INTRODUCTION.

Si l'histoire a pour objet de faire connaître

ce qiii est arrivd , iine histoire universelle

ou générale devra riécessairement

offrir le tableau complet de tous les faits

qui ont eu lieil depuis que le monde existe.

L'univers rcnferine clans son ensemble ce

que nos sens et notre raison y aperqoi\ieiit

en detail. Mais la Giiblesse de l'esprit

humain ne lui permet même pas de

niesilrer l'espace et le temps, ces deux

bases esseri tielles des fai ts ;saisir l'en~emble

dails son inimensité est une tAche trop difficile

pour la conception bornée de l'homme.

011 peut avoir sur cet ensemble des pressenlimens

confus; mais pressentir n'est pas

savoir, et l'histoire est de la science.

Considérée sous un point de vue plus

a


(2)

restreint, l'histoire générale est une Con.

naissance autlienti que, un tableau exact

des époqiics les plus importantes de la

terre et du genre lirimain , des temps les

plus anciens jusqu'aiix plus rapprochés de

iious. Rlais s'il est difficile de décrire les 60

ou 80 ans d'un individu, la dilIiculté est

bieii plus grande quand il s'agit des 6,000

ans qu'on attribiie à l'liuinanilé entikrc.

tiussi l'histoire ne donne, et avec

beaucoup-d'efforts et avec des lacunes considérables,

qiie ce qu'il y a de plus général,

de plus important; elle ne préteilcl pas dérouler

miriutieusement le tableau des faits

d'une moindre importance et descendre

ailx détails .de l'inclividn. 11 s'agit ici des.

sommit&s historiques ; là des individus figurent

quelquefois au premier plan, tandis

que des peuples entiers resteiit dans l'ombre.

C'est lorsque ces individus cnrnctériscnt

Urie époque, un siécle.,Tout ce qiii ne s'dléve

pas .à cette hauteur, petit bien etre

historique, mais ,-n'est pas du doniailie

cl'uii~histoire générale. . '

:. Aprés ces consid4raf ions,-il parait presque

superflu d'insister siir la graiideiir.ei. l'blévatioii

de 13 scie~ice hisiorique. Siins elle

l'homrrie rrcqriiert peii {le culture ,.+ peu,de

sa\ oir, peu tic caiiiiriissaiice de soi-mcine

et clt: s:i p~isit ion dans le ruoride; il n'apprendra

ni à coricevoir lc présent, ni a1)prkcier

les actious de ses semblables. L'histoire


(3)

forme le cœur et l'esprit; elle prémui~it

contre le mal dont elle iiidiqiie , l'origine

et le chiîtitnent; elle entraîne vers le bien

dont les ,effets bienfaisanq traversent des

siécles ; et ,pli~s qir'aucune autre science,

à l'exception de 1.1 religion, l'btude dc l'liistoire

prorluit et alimente la croyance consolalite

d'u~ie providence &terriclle. .

- Mais cette Ptiide est aiissi p ~A~le qu'elle

est riche mi heureux rdsultats, ct un fiiit

rel)rt!sci~thvec clarté ci, simplici16, fririt

-d'i ~ivest içafioiis les plas lnhorieiises, peut

etre coinpüré à une pièce de rnoanaie . qui

n'est .deveniie ce qii'elle est que par des

travaux et üprc's des dangers innoint)riibl~s.

L'historieu a besoin de coiinniire les lmgues,

IYcriture, la gdographie, l'iiiitiquité,

la clironologie, la nlythologie , la r\iiritismatiqne,

gl'hkraldique et uiie foule d'autres

coni~;iissances. Souvent iin petit li\re d'histoire

est le résultat de ylusieiirs ariiiees de

recherches Car sans ces diffCreiites connaissciiiccs

préparatoires, les nionurnens,

les itiscriptions, les parclicmiiis, les rnanuscrits,

Lcs nio~?~~aies, les m&daillcs et

tant d'autres tt!n~oins des temps anciens,

seraient et rcsteraieii t lettre close. L'histnrien

s'appuie sur l'érudition, à layrielle il

s'est luiFmênie livré, et il traiisniet les bdrités

historiyues d'une manière claire et lucide

A ceux qiii, poussés par l',irdeur d'apprendre,

affroutent niénle des pCrils .pour


(4,) .

se rendre compte de l'origine des choses ct

de leur transfarmation successive.

Qi~etout se présentc avec ordre : pay divisions

principales d'abord, par siibdivisions

de peuples et d'époques ensuite ;c'est

la manihre la pliis convenable d'eiiseigner

l'histoire. C'est en ces termes à peu prks

.que s'exprime lin historien allemand, Bœttiger

( Histoire gdnérale à l'usage des

ecoles, 6mebditioii , Erlangen, i 854) ,,q!le

nous avons souve~it siiivi, siirtout polir 1 Histoire

aricieriiie, et c'est imbu de ces idées

qiie nous avoiis entrepi-is notre travai!. Airisi

.nolis avons divise l'histoire g6nérale en trois

livres :l'Histoire ancienne qui corninencc avec

le moxide et finit l'an 476 de J.-C. à la chiite

de l'Empire romain d'occident ;l'Histoire du

moyen ûge qui se termine ii la découverte

de L'Amérique, l'aii 1492, et l'Histoire maderne,

qui va jiisclu'iii~s jours.

Premier Livre.

L'Histoire ancienne se subdivise eii 4 chapitres

:

, ier.Des temps les plus anciens, jusqu'h

la fondation dc l'empire de Perses par Çyrus,

depuis 4004 avaiit J .-C.,jusclu'à 560.

2=" d iisqu'à ~lexandre-le-Grand, Depuis

560 jus(~i"'à556 avant J .-C.

- 50". Jusqri'ii Octave-Aiigustc. Depuis 336

.jusyu'à 30.

4" Jusqu'à la chute de L'Empire d'ocîi-


, ,.: ( 5.)

dent. Depuis 30 ans avant J, C. jusqu'6

476 aprbs J .4. , . . .

Deuxième Llvrc. . .

Celle du nzoyen ûge est subdiviséc- en 3

chapitres :

ier. Commence A la chute de l'Empire

d'occideii t et va jusqu'h Charlcmagne, 476

jusqu'à 768.

zm*.Jusqu'aux Croisades. Depuis 768 jusqu'à

1096. .

-

Po.Jusqu'à la ddcouverte de l'Amérique,

1096 à 849%.'

Troisidme Livre.

\ L'Histoire moderne a trois .chapitres:

ter. Depiiis la découverte de l'Amérique

jusqu'à la paix de Westphalie, 1492à i 648.

2". Jusqu'à la révolution francaise, 1648

à ïiS9,

3me.Ji~sqii'à nos jours, I 789 ii 1S55.

Nous nous somnies*fait une loi de ne citer

aucun fait douteux; ainsi, par exeiiiple,

clails l'&poque qui comprerid l'histoire des

dcriiiers quara~te ails où tant de points restent

encore à kclaircir, nous rivoris eu soin

de confërer des opiiiions opposees dans l'espoir

de trouver la vkrité dails le milieu. Nous

avons tâclié de ne combattre'ni.ne défendre

aucurie opinion religieuse ou politique,

mais de les faire coiiilaître avec jimpartialité.


( 6

Ayant en vue d'être 'surtout de quelque

utilité à la jeunesse .française, nous avons

eusoin de faireconnaître lesgrands hommes

de la France; les inventions et les trsvniix

qui l'honorent et qui doivent rendre fier de

porter le noIn de [fraiiçais.,filais nous n'avons

pas eu ce patriotisme étroit qui ferme

sur les yeux sur les hommes célébres et les

travaux qui ont illustré d'autres pays. La

grande famille des hommes s'énorgileillit

de tout ce qiii est conçu de grand par l'esprit

humain. . .

Nous ne croyons avoir néglig.6 de rapporter

aucun évknement i~nportür~t, mais

nous avons dQsoiivent viser à la concision ;

c'dtait une coridition indispensable de notre

en treprisc. L'oiivrage est termin4 par ilne

cloiiblo table, chronologique et de matikres,

et nous nous flattons que, malgrk d'estimables

travaux qui existent dkjà eii ce genre, le

nôtre paraîtra un secours utile, offert à la

jeuriesse studieuse. el . ,


LIVRE PREMIER.

.> : ' .

DU MONDE ANCIEN

* l .

Depu" Z'antiguitL: la plus reculée jusbr'à

la migratiori des peuples et la chute de

PEmpire +ornain, environ 4000 ans

avant J.-C.,jtrsydà 47 6 de tIèevulgaire.

---de--

CHAPITRE PREMIER.

De l'arztiqiiite' la pZirs recuit%' jiisqu fi Zn findation

du royairme de Per-se, par Cyrus ;560

avant J.-C.

(Création, 4004 avant J.-C. - ieràge du monde, ireannée.)

La Bible commence par la crkation qu'elle rerésente

d'iine manière à la fois siinplc et sii-

Lime. Dieii cr6a d'abord Ic ciel et le terre ,

ensuite la liimière, puis il sépara l'eau d'avec la

.terre, peixla l'une et l'autre d'animaux de toute


(8)

espèce, orna la terre de plantes diverses, et

créa l'l~omme et la femme lorsque lotit fiit préparé

poiw les recevoir. Il les placa dans une

contrée fertile et ti'iine ~iroduction" en qiielque

sorte spontanée. Maître (le la terre corrime Diert

l'est de l'univers, l'liomme fut doué de raison;

telle est la donnée biblicliie. Quand et où la

création s'est-elle effectuée? conibien de temps

a-t-elle duré? c'est ce qri'il est difficile de déterminer.

Mais si la conjecture peiit ici remplacer la

vérité, on peut admeltre qii'un long temps s'est

écoulé avant qiie les lois de la nature, celles de

la cliale~ir, de la pesanteiir, de la lumit're, de

la' cristallisation, etc. , eussent produit iin sol

convenable et propre à recevoir I'lioinine; de

manière que ies six joi~rs de la création signifient

peut être autant de périodes de la nature. Tl est

proljable aussi qiie c'est dans les vallées da nord

des Indes, dans les confirées I~eiireiises cle Cacliemire

où l'on trouve encore aiijouril'hui dans

l'état sarivage les animatix :ippi.ivoise's chez noris,

ainsi qrie nos espt'ces cle blé, qu'il faut clie!.clier

le berceau du genre Iiiimain et non ilans le pays

qui a vil s'&lever Bahylolie en Rl~so~~otainié,

yii'on ne parvint B renclie liabitable (jii'aii moyen.

e 1"fïydraiilicliie. C'est clriils ces contrées de

l'Inde que le peiiple de cc pays, ~~eiiple

~)lirs

aucien ci11 nioiitle, place le siége de 1'6ti e primitif;

de la boiiclie, des bras, dii corps et (les pieds

diiyiiel sont, seloii lui, venues les (lilfe'rentes

cspeces d'liornmes ; (le 1h s'é1:incent les fictives

sacrés, 1'Indtis et le Gange, se dirigeant vers le

sud, et d'autres fleuves allant ver; l'oiiest. .

Adam OLI l'lioiiime de la terre, et Eue, celle qui

enfantait, ou simplement l'liomme et la femme ;

vivaient dans le lieu de leur création, d'abord dans

le plus simple, et par consdquent lw~lieureux


(9

état clenattire; c'étaitdans l'Eden ou Parsadis,nom

qiie les Orientaiix donuent i leurs jardins de plaisance.

Le premier Iiomme est repre'senté comme

vivant dans un jardin. Rlais cet état de. nature

devait. cesser qi~and l'liomme parvint à avoir la

conscience de sa raison et de son libre arbitre ;

lorsqne le genre Iiiiinain s'étant accru, les passions

eiirent produit la discorde et le crime. L

Paradis et l'innoccnce disl,arul.ent avec la transgression

de la parole Je Dieii (cliute de l'liomme

par le péché) et lorsclue Ca'in ti~a son fdre Abel

ie sang coinmenca à coiiler ; depuis il n'a pas

cessé de coiiler. Le preinicr homine vit le premier

cadavre !

Les premiers Iiomiiic~s et leurs enfans vécurent

long-temps; de cette maniére le geiire l~iimain

s'accrut rapideinent. Les hoinmes s'étendirent ,

peut être en suivaiit le cours des fleuves (guides

natiirels à catise du besoin d'eati). Blais comme

la nature n'est pas partout d'uneégalt! libéralité,

commc elle refuse à unendroit ce ii'elle accorde

à llaiitre, que le climat est plus Qoux daus an

endroit que dans un autre, I'extérietir de

l'liomme ,sa couleiir , sa taille, sa iiianih-e de

vivre, totit se diversifia comme son inte'rieiir ;

l'esprit etit plus ou moins besoin de s'exercer,

les articiilations servant à la commtinication se

mriltipliérent: de là les dialectes; puis leslangiies

se séparérent ; il y eut dcs inventions ; les fairiilles

formèrent des liordes ,(les tribus et des peuples

; alors le plos &$, oii le plus brave, Ie plus

sageou lepliis riche, eut Ic plus de considération.

L'liistoi, e est sobre rie détails sur ces circonstances,

mais il doit en avoir été ainsi.

Arissi , nous n'y trouvons qtle qtielqiies inventions

cles .premiers temps ; par exemple, celle

des instriaap à cordes par Jubaf,celle de travailler

les m%tauxpar Tubal, mais ces invention


( l0 1

en supposent cl'aiiires. Les yren~iAi*es doivent

avoir servi à satisfaire les besoi~s de I'liomnie ,

tels qiie les vêtemens, la noiirritrire et le

Les arbres et les cavernes lui foiiriiireiit iine demeure,

rnais en in6ine temps aussi le nioyen

d'erercerson industrie, en fiiisaiit des séltnratioris

ail moyen de branches et cie poteaux :les novaux

totnbér dti friiit ou (les branches courb6es'vcrs

la terre, ~)roduisircnt de noiivelles planles et

d'autres arbres ;de là la preiiiiAre itlee de I'agricriltrire

et cle la plantation, et même celle dc

doniier de l'engrais ni1 sol. Quelqiies aniiiiairx

qii'on noirime d'aprhs leurs cris, s'etnnt plus facilement

Iiabitirés & vivre avec l'lioinine ,celiiici

eut l'idée de sonqcr à leur CO servation et à

en pcryétrier l'espèce; On en trollva le lait nourrissant

eL la cliair siicc~ilente; letir periii servit

de coiivertiire. Lü masstie (coiip dl1 poing renforcé)

servit à se clébdrrasser des bites féroces;

la pierre Iiin~ée ( Io fronde), servit au même

usage. Les osseinens des nniinatix furent em -

ployés à rendre pliis aignë la pointe des ~jerclies

converties ainsi en lances, et lin boyaii séciié, attaclié

aux cleiix boiits d'iin bois pliant, servit à

faire entendre un son et en même temps aussi à

doiinei. du ressort uii bâton point11 qui y était

fixé. Dans la fente des rocl~ers ou soiis les racines

des arbres, on trouva cies pierres brillantes

(les rne'taux) qii'on parvint à étendre ou à rendre

pointues nii inoyen cie grosses pi~rres. L'éclair

ou le frottement fortuit de plusieiirs morceaux

de bois produisit le feu dont on recnnnpt bientôt

l'ritilité; aussi l'estima-t-on beaiicoup , on

l'adora mGme ;l'on institua des gardicns particuliers

polir l'entretenir. Ce fiit peiit-dire lh cc

ri (lonua lieu à L'institution des prêtres cliargt!s

e l'entretien du feu sacré.

. TI y eut des !iommes qui se dirigjs~tvers des


l1 )

landes désertes' , qui n'offrirent de noui*r;liipd

qu'aux troupeaux, et par là la vie nomade peut

avoir commencé. Des peaux tendries siir des

perclies fo'ormhrent les premihres tentes. Il y en

a qui l~abitérent les forêts et trouvèrent letir

nourriture dans la cliasse ; d'autres s'établirent

près des riviéres et troiivérent le moyen d'apaiser

leur hiin en se livrant à la pecl~e. Qrielqiies-titis

parvinreiit jiisqu'à la mer ; des troiics d'arbres

attacliés ensenible devinrent des radeaiir ; creusés,

ces in6mes troncs servirent de canots. L'art

dii potier peut avoir pris naissance dans la calcination

<le quelque vase grossièrement Gbaticlié.

Les premiers alimens furent mangés crus ; mais

le feu et des vases cle terre contluisirent à l'idée

de IPS faire cuire, de rôtir, etc., et d2s les temps

bibliques, il est ciiiestion de moulins à bras pour

écraser le grain, ail lieu cle'le piler dans lin

inoi.tier. En général, l'usage d,i feu donna naissance

à une foule d'inventions. La fre'qiieutation

des animsiix qiii, malades, se sonlaçenf avec des

plantes, donna la première indication de l'art

dc gi~érir.La propriété introdriisi t des contestalions

et aiissi les premiéres notions dii droit. Li

où la force brutale ne domina pas, les plus anciens

et les yliis sages devinrent juges. Le séjorir

clans la Cam ague provoqria l'observation

des astres. Le soPeil avec sa chaleur bienfaisante

. les élémcns avec 1ciii.s effets terribles,

excitc'rent la frayeur et I'élonnement. Comme

l'liomnie le plus gi-ossier a uu sentiment confus

(le qiielqiie cliose de supérieur, ces 616-

mens frirent regardés cornine des êtres supérieiirs

et piiissans dont la col2re voulait être apaisée

par l'offrande de ce qri'on rivait de mieux. Bientôt

des rinixpaiia devinrent des symboles de

certaines qualités respectables et furent aussi res-


( 12)

pectés. Il y eut des Iiommes qui se vouèrent ail

service ile ces êtres adorés. On attribua le bien

au soleil, oit en général à quelque hon ge'nie;

le mal fut attribiié à la nuit ou à quelclrie génie

malfaisant ; le premier devint 1 eniblême de la

creation et dc la conservation, l'autre celui de

la destruction.

( Déluge , 2348 avant J.4. -Du monde 1656;se Lge.)

Tout cela servit h développer la raison des

liomnies , mais non leiir piété, .ni à les rcnthe

ineilleurs ;c'est pourqiioi ,dit I'Ecritrire-Sainte,

Dieii re'solut de faire disparaître de la terre par

iinc grande inondation (le déluge) tous les

Iiomrries, i I'exce tion d'iine seule tamille pieuse

(celle [le Noé). $06 eut ordre de fuir avec les

siens et beaucoup d'aiiiinaus dans un f;rand vnisseaii

appelé Ar-che, qui , lorsque l'inondation

eut cessé, s'arrêta sur la montagne d'Ararat, daus

l'ancienne petite ArmGnie, à l'entrée de l'Asie.

Pliisietirs peiiples ont conservé la tradition de

grandes inoridations, et même chez les Arne'ricalns

;ii existe, selon Rf. de Humboldt, cllez les

naturels, une trarliiion d'une inoudatiori , et

d'iin vaisseau protecteur qui s'est arreté sur iine

mont agne.

Par le daiuge, 'Noédevint i son totir le père

dii genre humain, qui, ar les fils de Noé,

Sein, Ham et Japhet, et Lurs descendans, s'étendit

en Asie, en Afrique et en Europe. Noé

couserva les arts nécessaires au soutien de la

vie ;il s'occupa ct'agriciilture, et, le prcinier, il

'one et s'enivra du vin qii'il en tira.

fanLa In

es descendans de Noé ne pouvant plus, à caiise

dc leur grand nozrlbre, rester ensemble, soiigerent

à se séparer, mais ils voiiliirent avant leur

séparation former lin point de réunion ct biti-


( 13 )

rent tine tour, connue soiis le nom de abe et,

moi qui signifie confusior? ,parce que Dieu cohfontlit

ce projet, diversifia leur langage; ce qui

les mit clans I'impossibilitc' dc continuer leur.

entreprise. Il entrait dans les vues de la Providence

cjiic les liommes se re'pandissent siir la

terre; c'est là l'origine de la formation des peii-

,les. L3 où i'agriciilture pourvut aux besoins de

l'liomme, les états prospbrèrent le plus rapide-.

ment, parce que cllaciin eut intérêtà s'attaclier ail

sol. La cabane s'y transforma en maison qu'cntourèrent

des cliamps. Polir se garantir coutre

les animaux et contre les Iiommes qiii ious ne

voulaient pas travailler, mais qui toiis voulaient

vivre, on entoiira les propriétes de fossés et de

palissades ; plusieurs familles viitren t s'établir

clans le même voisinage et fond6reiit des villages

que des besoins commiins et la sociabilité accrurent

.s~iccessivement ;ces villages n'eurent plils

besoin que d'iine défense pllis étendiie poiir devenir

des villes. Ces villes ont donné iiaissance

aiil premiers e'tats qui, se développant, finirent

par fornier des empires. Ces empires furent ordinairement

fontlés par des conqiiérans qiii cummencèrent

par l'oppression cle leur propre tribu.

C'est le despotisme qui fondait et entretenait

ces états jiisqii'à l'apparition d'iin conqudrant

plus puissant.

Les tribus del'Inde, entre l'Indus et le Gange,

restkrent le plils long-ten~ps fideles aux mœrirs

qui avaient dominé dans leur pays, berceau

du genre hirinain. Aujourd'hiii encore une parlie

de ces peiiplades se noiirrissent de plantes,

ycmière noiirriiiire des liommes Dis la pius

iatite anticluilé ces peiiples parvinrent à une

civilimti~n avancec, eurent un antique s s-

téme religierix avec l'id6e d'un être primitiret

2


( 14)

d'une divinité conservatrice et destrtit!trice :

Parabrama, Brama, Visclinri, Scliiven; d'esprit

devenii corps (iiicarnation) , de transformation'

des dieux , de mdLe~nl>sycose, d'éinnnation

(toutes choses venant de Dieii); ils eurent

des poésies (rliii en partie existent encore)

et iine cla~sificûtion sévkre eu quatre tribus ou'

castes : Bran~ines (prêtres et snvans), Ksclieti-yas

( perriers) , Vaiscliyas ou Bûnisnes , ( iudbstriels)

,et des Sudros ou servans; parmi ces castes,

celles des prctres et des soldats commsn-

daient ;apparemment que c'élaicnt les premiers

coriquéraiil; di1 pnyç. Des pop~ilations enti6res

paraissent avoir bat1 pendant des siècles ces pcigddes

immeases et ces gi-oltes servarit de teinples,

telles qti'on eii trouve à Carli , à Ellore ,

a Elél)liante et à Salselte; l'arrliitecture ct la re-'

ligion sc sont prêtés lin mutuel ap~~ii. L'éloignement

(les origines et le iiiorcellenient despeuples

dans ces temps anciens rendent à peine possible

la recherche (le qiielclues faits liistoriqiies.

Le peilple de la Cliine offre encore iin spectacle

plris bizarre. Parvenii (le bonne Iieure à

iine certaine ciilture, il possède l'écriture, h la

vt:rité n~onosvllabiqiie . signe d'[:ne liaute anti-

qiiiie; 1.1 lioissole, la conuaissniice des astres et.

celle de la constitation des empires, qu'on apersoit

chez eiix clés les premiers temps; ce peuple

est reste' stationnaire, et dans une séparation

complète de$ autres peiiples ,et aiijoiiril'liiii en-

'core, aprèspliisieiirs milliers d'années, les Bonzes

observeiit In religion de leur 7'011, et les maximes

simples du Iégislnteiir cliinois, COIL-Firtsee (Confucius,

550 avant J.-C.) Toute, civilisation et

toute influence étrangère vinrent écliouer contre

l'esprit glacé de ce peiiple et contre ce contenteinent

de lui-mhne qiii le caractérise. Cette im-


( 15

passibilité le prot6ge pliis que la muraille de près

de trois milles de lon~ieur ,élevée 200 ans avant

J.-C. pour le garantir des liordes noiriades du

nol'd, c. .

Entre 1'Iudus et le Tigre s'e'levèi-ent successivement

divers états dont celiii de Médie devint

coxisidérablz dans les derniers siécles de' cettp

époque, et ln Bactrianie au nord de la Médie de;

vint célAbre par le fameux le'gislateur Zerdusclit

(Zoroastre, 600 ans avant J.-C.). Sa loi de

liimiCre, conservée dans les livres di1 Zend ,dérivait

toutes les clioscs cle 1'6ii.e primitif, dit

temps sans borncs , Zeriiani-Akcreric , qu'Orinii.d,

oit le génie (III bien, et Alirimûn 011

génie clil irial ont crée'. Tous les deiix, appele's

aussi la luniiére et les te'nkbres, étaient eiltourés

ci'iine cour nombr.eiise de bons esprits et de

mauvais esprits. Le combat entre ces deux piiis-

.sances Cuit au bout de 12000 ans par la victoire

de la lumière et du bien. Zerdusclit connaissait

l'irhmortaiitc' de l'Aine et la réniiinération & la

suite de la re'surrection. Sn le'gislation fondée sur

la .religion était l'ide'al du despotisme, seule

forme de gouvernement quc connaisse le Levantin.

Les royaumes d'Assyrie et tle Babylone nous

a PI

>araisseut entre le Tigrz et llEiiyllrate, etbientot

s'étendent au-delh de ces fleiiues. L'l~istoire

de ces deux emy;resestrestreinte h celle de leiirs

capitales, Babylone et Ninive dont la prcnii2rc

fut bâtie par Belus ou Neinrorl, l'autre par Niniis

,descendant d'Assiir et de Sein. L'Hyclraiilique

qui servait h resserrer dans letir lit les

fleuves et i former des caoaiis polir fertiliser le

pays et le rendre liabitable, 1'Hvclrüuliqrie est

pliis importante que I'iiistoire de plusieiirs rois

de ces deux empires. La tour de Babylone,

temple du soleil et lieu de réunion class des val-

le


( 16

lées immenses, et la tradition de la confiision

des langues qti'oti croit avoir eii lieu dans cet

endroit, indiquent les relations d'affaires cornmer*

ciales et yolitiqiies de divors peiiplcs et la première

constriiction d'liabitations sure; et solides.

Les édifices de Babylone, siirtout ses miirs de

-cent coutlées de liaiit et d'uue*grande largcur ,

pourvus de cent portes, étaient constr~iits de

tuiles et de re'sine terrestre, seuls matériaux

dont on se servait porir bâtir dans cette contrée.

Des traditioiis vagues se rattachent aux noiris des

rois Pv'iniiis, I'l'iriias, S6iiliramis, Sarda naple

(888). Ce dernier monarque eflëininé s'éiant

b:-hl6 (larisson palais,, qtielcliies empires se formèrent

(le I'aucien etat reconquis :Babylone

(630) prise par-les Cl1ülr16ens et piiissante soiis

les rois Nabopolassar, Nabiicadnezar, Naboiinedus

; la noiivelle Assyrie (Pfolil , Tiglatpilesar ,

Salmnnassar , Assarliadon, Sanlierib , etc.) ,

et la &ledie ( Ecbatane, capitale, et la tribii des

mages dominant ; Dejoces ,Pliraortes, Cyaxares,

Ast'jages, rois), jusqii'à la soumission de tous à

la domination persane.

Outre le commerce, la filature, le tissage, la

teiiittrre étaient célèbres ü Babylone, et les prêtres

(Ctialrléens) etaient tris-versés dans l'astronomie,

dans l'astrologie , dans la medecine et

dans la connaissance des lois.

(Voc~iion d'Abraham, igzi arPnt J.-C. - 3e âge, no83

Ju inonde.)

L'histoire des H4brciix aiissi est trés-ancienne.

En peu de temps 1eur.constit~i tion ,leiir religion

et leiirs mœiirç eurent quelque chose cle particiilier.

Un émir uoinatlc , Abraliam ,passa l'Euphrate,

se dirigea vers le sud avec ses tr0ti.r

yesux et devint, par !;ou61s Isrriael, lq s~ucije


( 17)

Arabes; par 1s:tac et Jacob (qui forment avec lui

les trois patriarches) et par les doiize fils dii

dernier, Abratlain devint la souclie du euple

israélite oit jiiif. La faniine condiiisit en ggYl,te

Jacob avec ses enfanç; là. ils piirent vivrc coinine

noinatles dans la contrL:e de Gosen , .rire à la

protection de Josepl~, ainene ~>réceciemment

dans ce pays comme escl:ive et pitl.veilu, par sa

sagesse, à la dignité tie grand-visir.

(3loi'~, OIJ fa loi écrite, ikvr; du rnonrle 2513. - 4' âge. -

Sal<imon,6" le temple arlirvc, zoo$ pvarii 1 -C ;dtt monde 3000.

- Prise de Trute, 8 i84 avant J.-C.; du monde 2820; jeage)

Toiitefois les ctescentlans de Jacob en Iiorreiir

niix Egvptiens E cause tle !eiir état de bergers,

état abhorré par les E;ypiiens , les desceudaus

de Jat ob fureut bientôi exposés ii iine çrnticle

perséct~tion qiri diira 400 ans ; ait bout de ce

temps , il s'éleva ltoiir eux un saiivciir clri niilieil

d'etix. Moïse (dont la jeunesse etiioui*ée (le iniracles

ressrn~ble à celle d'aiiti*es héros des nations

) parvint, a rès une lonqiie r6sistniice et la

ruine ciii roi oii pRaiaoii de I'Ç,, * 1>te,à fiiire sortir

de ce pajs son peiiple. fort de tleux inillioiisct

demi de persoulies, à liii faire p:isser la riter roiiçe;

de lh, il le contliiisit dans le de'sert au nord cle

l'Arabie, liii tlouila iine coil~titiition sitr le mont

Siiliii. Pentlant 12s 40 ans qiie ce peiiple piassa dans

le désert, RIoïse liii donna iine consiitcition politico-religieiise,

fondée siir la croyance d'lin Dieri

iinilue,protégeant son peuple,et.ayant porir objet

la transformation de ses nomades en rio peiiple

d'agriciilteiirs. Le décn!ogiic est lin monrrment

respectable de la législation mosaïqiie. Eofiii,

lorsqa'une génération l)l~is forte eut oiiblié l'iclolâtrie

et les pots (le viiinde (le l'Egypte, Josiie la

condiiisit contre Canaan (nommé .eilsuile Palestiue),où

avait autrefois vécu Abraliam, etque de-


( 1s >

puis long-temps on considerait comme le pays

promis de Dieu, comme la Terre-Sainte. Apres

lusieurs combats contre les habitans,dii pays,

Tes douze tribus se partagétent la Palestine. Un

sacerdoce fut constitué et distribué dans toutes

les iribus; le grand pontife représentait le peuple

aiiprGs de son roi invisible, le Dieu, Jeliovali. Ce

peuple israélite fiit souvent mallieureiix dans la

guerre u'il faisait à ses ennemis ;entouré d'idclatres,1oilbliait

frequemment le Dieu unique.

Alors des juges, des prophètes s'élevaient et saiivaient

le peuple. Ainsi le fort Samson, l'hercule

juif battit les Philistins ;Jephté, les Ammonites.

Enfin, le peuple demanda un toi visible au

grand pontife Samuel ; il voulut, comme les autres

peuples , avoir.un roi et il eut pour roi le

brave et beau Saül, fils de Kis ;ce roi se brouilla

avec Samuel, et après un combat malheureiix

contre les Pliilistin; , il se tiia et fut remplacé

dails la royauté par David ( 1055). David, roi et

psalmiste, fut également un heureux général ;

11 conquit J&rusaleni avec le bourg de Sion, et

prépara la constriiction du temple, destiné à renfermer

le sanctiiaire national, l'arche d'alliance.

Après niaint trouble de famille, causé à David

pal- sa polygamie, son fils, Salomon, homme à

la fois sage et porté au luxe, commenca j: régner

en 1015; il bitit le célèbre temple et la ville de

Palmyre; mais son goin-ernemcnt de sérail, gouvernement

dispenclieux et oppresseur ,mtna le

royaume dont la cliute date du régne de Salomon.

Car après sa mort (en g 5) ,deux tribus

seules rest6rent BdGles à son ds, le despoti ue

Heliabearne ,et formèrent le royaume de ~uga ,

tandis que les io autres tribus choisirent pour

roi Jéroboam, et fondèrent le royaiinie J'Israel

avec Saniarie pour capitale. Après plusieurs éud-


( 19 1

Bemens mallieurcux, que même le petit nombre

de bons rois, que des prophètes, tels qii'Elie ,

Isaïe, Jérémie ne purent d6toiirner en vivifiant

l'idée du Messie ,Israel en 722 et Juda en, 588

avant J.-C., devinrent la proie des royaumes

d'Ass rie et de Babylone. La meilleure partie di1

l>eupL fut transportée pendant 70 ans i Baby.

one, jusqu'i ce que Cyrus lui permit de retoiirner

dans sa patrie.

Au nord de la Palestine, dans une contrée peu

étendue, près de la côte de la Syrie, demeuraient

les Phéniciens. Le pays de ce peuple ne donna

pas naissance à (les royaumes considérables ou à

des religions qui gouvernassent le monde , mais

le commerce, I'écliange des prodiictions de l'Asie,

de l'Afrique et de IJEiirope furent son paistage.

Le Liban fournit ails Pliériiciens le bois nécessaire

àla iiavigation, qui ,clicz ciix , conilne

presque partont, comineuca par la piraterie. Si-

.don et Tyr, les villes les plus importantes de la

Phénicie, fondkrent , dans les lieux les plus fnvorables

des côtes de la ?<léditeri.anée, (les colonies

(en Afrique , en Sicile , en Espagne ,en

Gr&, etc.). Les Phéniciens cotoyèrent m61ile une

partie de L'Afrique ct de l'Europe, dans cles vaisseaux

ue les premiers ils constririsircnt. On attribue

Y a ce peiiyle actif L'invention préciegse (le

l'écriture par Thaut la sagesse), du calcul, de la

gravurc des métaux, 611tissage, de la teinture par

la pourpre et de la fabrication du verre. Il etait

eii relations d'affaires, nioyennant leurs caravnnes,

avec l'intérieur de l'Asie. Agenor, dans le i 7.

siècle ( 1640) avant J.-C'., est regarcle' comme le

fondateur des PliCniciens. Quand Alexandrie, en

Egypte ,attira par la suite le commerce du inonde,

celui des Phéniciens périt. Dans l'Asie mineure

se formèrent plusieurs petits états, suïto~it


(20)

ce!& de la Phrygie (le nœud gordien lie trancha

plus tard Alexandre avec son épée; Jidasavec

ses oreilles d'âne et ses mains qui transformaient

toiit en or) : celui (le la Lydie qiii fiit riiiné par

Cyriis et celui de Troie, oii Teucer, Dardanus,

Tros, Ilus, donnèrent le nom à 1s ville et au

peiiple.

En I 180, Troie péïit sous Priain (yère de Pâris,

de Hector), dans une guerre vindicative

faite par les Grecs réunis. Des tribtis grecques

en peuplèrent les côtes situées le plus vers le sud.

Voilà les états les plus importans (le l'Asie, avant

560.

Dans l'an tiquitd on ne conniit - de I'Afriqne

que la partie septentrionale, où probablement

avait pénétré la ciiltui-e indienne , en traversant

l'Arabie. Les Etliiopiens étaient tantôt bergers ,'

cliassei~rs, pêcheurs , tantôi agriciilteiirs et conimercans.

De Bleroé , I'iin de leurs pliis anciens

éttits, sortirent des colonizs qui s'établirent, en y

transportaiit leiir religion et leur sacerdoce, dans

la terre classiqiie dit miracle, clails la vieille Egypte

en siiivant la cGte OII en exercant iine piiissaute

i~ifliiencesur le caracthe grave di1 peuple.

La vie et 11 inoit se rencontrent dans la (lélicieiise

valle'e du n'il , dans les rocbers escarpés

dii golfe arabirpc et dnris les déserts immenses

qiii régnent vers l'ouest. Par suite de la migration

(les tribus et de leurs triomplies sur celles

qui les avaient précedées dans le ays , niais qui

étairnt yliis sauvages, cles castes Tleléditaires se

formèrent, parmi lesquelles, comme dans les indes,

les prêtres et les giierriers $ont les prernièrcs

;les industriels, les marins et les bergers

font partie des derriihres. Ou s'établit près des

temples , et insensiblement ces petits établissemens

s'accruren t et finireut par foi.rnei0des etats,


( 21

dont Tliibcs, aux ceiit portes , dans 1s Iiaute

Egypte,, 9hleml>his, dans le midi de ce meme

pays, etaient les pliis considérables. La partie

1nf6riein-e de I'Bgypte, le Delta, ftit cultivée

plilstarcl. Des ténèbres enveloppent les premiers

ages de 1'Egypte dont on ne trouve des traces

que siir les moniirnens antiques ; il en est dc

merne de I'liistoirc de ses premiers rois ( Pliaraons),

dont le premier, Rienhs ,a vécu, à ce

qu'on croit, 2,300 avant J.-C. On conipte 330

rois après lui; mais leur piiissance était born6e

par celle des pritres, cliii ont cherclié à se rendre

immoi tels par des moniimens d'al cliitecture

, tels qiie le temple de Pvtlia ou Viilcain,

à blrmpliis. Une partie de ceimonumens existe

encore. Dans le nonibre de ces inonuiiiens ou

compte , outre des temples immenses pourvus

de colosses, le lac hlceris, le labyrinthe, les cavernes

sépulcrales, les pyramides, liautes de

500 à 800 pieds (servaut probablement aussi à

la sépiilture) , les obélisqiies, des colonnes cliiadi-angulaires

d'uiie seule pièce, linutes de 50 à

180 picds ; c'étaient petit-être des cadrans solaires.

C'est sur ces monumens qii'on tro~ive l'écriture

figurée et sacre'e ( les Iiie'roglyphes), dont

l'explication occilpe maintenant tant de savûns.

Mais ces ii.onaineiis antiqiies , quelle masse de

connaissances, niécaniques, gdoniétriques et as-

tronomiqries , ils siipposen t ! Les E~yytiens se

Grent aiissi reinarqiier par leiir excliision de tous

les étrangers, par letir manière cl'embniimer les

morts qii'ils placèrent prés d'eus, coinine momies,

dans leurs repas et festins ;par les Iiounetirs

divins clri'ils accord4rent à divers animatix

utiles et même niiisibles ;le bœuf Apis, 1'Iclinerimon,

l'Ibis et le crocodile, etc, ; par leur jiigement

des m~rts, leur croyance dans Ir, inét~i~t-


ysvcliose et dans le purgatoire ;enfin ,.par leurs

pdoti~res, leiirs sciilptiires ,par leur invention

du papier, formé di1 Papyrus. Leur religion avait

poiir base la conteqplation de la nature ;ils adoraient

des effets naturels personnifiés ;Typhon

et Osiris étaient polir eux, l'un le génie du bien

et l'autre le ge'nie di1 mal ;Isis était la nature et

la lune, et Pytlia, le feu. La religion des prêtres,

plus 6purae que celle du pcuplz, consistait en

mystères, en coosécrations et f6tes secrètes.*Déjà,

di; temps d'Ab,-aliam et de Moïse, Mempliisavait

une constitution. Par Sésostris ( 1500) qui divisa

le pays en cantons (nomes) et qui fit de graudes

-~on~~uêtes, commence l'importance politique et

.le temps liéroique de l'Egpyte; mais peu de rois

(le ce pays ont légué leiirs noms à la postérité.

Vers 630, l'empire fut partagé entre douze princes,

que Psamrnétiphe, aidé de mercenaires grecs,

parvint à se soumettre ; il ouvrit le p~ysaux

étrangers; par suite de cette mesure, le commerce

maritime devint très-florissant. Enfin, en

525, cet état devint aussi tributaire de i'empire

universel de ln Perse.

A l'ouest de 1'Egypte ,des plaines toujours vertes,

s'étendaient comme des îles ,à travers une

mer de sable ;ces plaines devinrent des stations

pour les caravanes; là , le voyageur altéré, le

chameau qui supporte la soif et qui mérite le

nom de vaisseau du désert, troiivent de l'eau

fraiclie et de l'ombre. Ces oasis devinrent aussi

le siége de ctiviniiés adorées en ces lieux. En

polissant vers le nord ,on rencontre Cyrène et

Barka ;ail sucl-oiiest , le pays des Garamantes ;

au nord-ouest ,Cartliage , la plils célèbre colonie

tyro-plidnicienne ,fondée par Didon (888).

Quoi qu'il en soit, de la tradition plus ou nioins

fabuleuse d'une pedu de b~eufdecoupée et de la


( 23 )

visite diEnke auprès de IR fondatrice de cette

colonie, celle-ci, grâce à sa situation favorable et

l'anti rie esprit merca~tile de ses hdbitans ,continrta

Y a s'élever ;la pros

Périté et l'étendue de cet

état lui permirent Lientot de former à son tour de

nouvelles colonies. Cet e'tnt porissa le coinmerce

maritime jriçqri'aiix Cani~riennes, jusqiie dans le

voisinage de l'Angleterre et vers les côtes de la

mer Baltiqrie. Le commerce (le terre de Carthage

n.e fiit pas moins considérable, ail moyen.de ses

caravanes qui ponsmieerit jiisqiie clans le pays de

Garamans et en Egypte, où. e retrorivaicnt les produits

(le l'Arabie et de l'Inde. Deux siifites

(jri~es), noirimés j. vie nr le petiple,'étaient investis

de la suprême Jgnitd de l'état. Dans la

guerre, les générails nommés pour la conduire,

étaient assistës par des conseillei*s.Les autres c6-

tes de I'Afriqae ,alors coniiries, Ctaient remplies

de colonies grecqiies, phéniciennes et cartliaginoises.

A cette'époqiie, 1'Eiirope n'était connu qu'en

partie ;c'était du côté du sud ; car ,le noin de

Scythes, était une' ex ression vague poiir désigner

les peuples du bord

P

de la Mer-Noire et de

~'emboucl~rire du Daniibe ; la connaissance du

Nord reposait sur ,des traditions et des fables

miraculecises que la jaloi~sie de commerce des

Cartliaginois et des Pliéniciens se plaisait à entretenir.

Le Siid-Oriest de l'Europe attire bientat

l'attention, par son voisinage de deiix autres

prties de la terre ; il est (lastint!, par Ia nature

même, à développer iine civilisation remarqiia -

Ide. Le commencement de l'histoire grecque est

enveloppé dans des traditions contriiilieloir~s

d'origine égyptietine et asiatiqiie. Cela n'empeclia

pas les Grecs (le les acciieillir avidement et

d'en faire ilne histoire nntioriale, soiirce de Icuç


t 24

c:vli:sation et de leur religion. Des tribiiç primitives

, telles 'que les Tliessaliens. les Hellènes,

les Pelasges se m4lèrent à des tribus veniies de

l'Asie-Mineure , à des tribris pliéniciennes qrii

leur donnèrent le commencement de la civilisation,

des lois et des sciences, ou sticcomb&rent.

Cécrops et Danaüs, ces cliefs de colonie venus

de 17Egypte, Cadmus de la Pliénicie, Pelops de

la Mysie ( entre 1550 et 1400) et pliisietirs de

leiirs sriccesserirs n'offrent encore auciine donnée

liistoriqrie. Mais l'histoire s'y rattache et se

rattache encore à d'autres he'ros nationaiix ,et i!

est certain qiie les Grecs ont connu de trènbonne

heure le mnr,i!ge, I'agricultere , la plan-

tation de l'olivier, 1 ecritiire ,le travail des métaux,

l'exploitation des inines, les oracles, la

navigation, le commerce et ies mystères. Atliènes

, Sparte, Tlièbes ,Argos, Mycènes étaient

d'anciennes villes, ou d'aucieris empires, sous

des rois que l'extraction mytliique rendit plus

respectables. La religion des Grecs aussi, fut

un niélange. Mais, si les éle'inens en soht c'trangers,

inêlée à la tradition et à l'liisioire, et

devenue populaire, elle devin! grecque implantée

siir le sol dc ln Grèce. Les Grecs se représentèrent

leiirs dieux d'une inaiiière liiirnaine

110ur en etre 11111s près, et ,de cette manière, ils

n'eurent pas besoin d'un sacertloce niédiaterir

intéressé. Les héros tenaient le milieii entre :es

diciix et les liommcs; ces liéros sont : Di9nys,

Hercule, Castor et Pollux ; Minos , Deucalion,

Jasoti ,Promethde,Tliésée , PersGe, Ampliictyon

ne ~~araisssut pas moins fabilleux. Le voyage

i Colchis , cnirepris vers 1250, siir le vaisseau

Arço ,voyage que la poésie a orné des couleurs

les plus variées, et qui avait pour but la toison

d'or (peut-dtre qu'il y avait, dans cette contrée


des an:maux dont la peau se chergoit de

d'or, quand ils se baignaient dans certains fleiives)

:le combat cles sept princes contre Thèbes,

dont la prise eut lieu entre I 225 et 1215 ; et même

la première assemblée na tionnle contre Troie;

tous ces ctifférens exploits ne seraient que ceiix

de quelque pirate heureux, sans les chants divins

d'Homère qiii en ont éternisé la mémoire.

Les dieux et les Iiommcs se combattent, s'insultent,

se poursiiivent à coiips de pierre et sotivent

à coups de massue. Il a fallii l'esprit poétiqiie

des Grecs pour faire d'Achille, d'odyssée, d'Ajax,

d'Agamemnon, (le Rilénélas , de Nestor ,

(le Diomède, et de tant cl'aii tres, des héros accomplis

d'après uiie conception idéale. Après un

long yélerinage entrepris par iine tribu grecque

des Doriens, soiis les Héraclides ou descendans

d'Hercule (en 1100) , marchant en conciiiérans

daus le PéloponEse (la Morée) ,l'liistoire grecque

prend qiielque consistance; les tribus éparses

(les Eoliens, Etolieiis, Joniens , Doriens) et

les contrées dissémin6~se dessinent plus nettement.

Ai1 nord de la Grèce, se fait remarquer la

Tliessalie ; ail midi, c'est la B6otie ( Thébes),

l'Atticriie (Atlihes); dans le Péloponèse , c'est,

entr'aiitres, Corintlie, Elis, 1'Orcadie , Messine

et Lacçnique ( Sparte ). Les îles de Crète, de

qliypi.e, (le Rliodes, de Salamis, d'Eubée, dlEgine

,de Delos, de Paros, etc. ,font partie de

la Grèce. Mais parmi tous ces états de la Grèce,

Aihèues et Sparte, s'élhvent et représentent des

constitiitions différentes, la démocratie et l'aristocratie,

selon l'esyri t de doiiceiir , qui prédomine

indme daus le dialecte ionien , bu de rudesse,

qui se fait remarqiier dans le dorien. Oiitre

cela, aucun peuple de I'iinivers n'a établi autant

de colouies, n'a été aussi influent sur la

4


c;~ilisat:on des autres peuples que je peuple

Grec. L'Asie-Mineure présente sur 'les cotes de

l'oliest les villes magnifiques de Smyrne, d'Epllèse

et de Milet: tolite L'Italie (appelée pour

cette raison la grande Grhce avec Tarente, Sybaris

,Néayolis,etc.); la Sicile (Messine, Syra-

, étaient peiiplées de colouies grecci'se

ques ;les recs avaient atissi des établissemens

en Sardsigne ,en Corse, dalis les Gaules et près

des côtes d'Espagne (Massilia oii Marseille, Srigonte)

; en Afriqiie ( Cyrène), près de la mer

Noire ;(Byzouce) ,.prés de la côte macédonienne

et tllracienne. Mais malgré cette dispersion des

Grecs par tribus, en difl érens dlats et pays, la

langue, les oracles (Delplie, Dodone, qui exercSrent

bientôt une influence immense c0rnrr.e

étant la voix des dieux) ,les qandes fetes natio-

nales, les jeux olyinpiqiies ,isthmic~iies, deNé-

xnésis et de Pyt Iin), les inystéres ( d'Eleiisis) ,les

amphictvons , lui servirent cle points de ralliement

et ae liens généraux. La législation de Ly-.

ciirgue (%O), a Sparte, qui avait pour objet 1'6-

galité de fortune , d'éducation et de ciiltrire

d'homnies robustes ,s'opposait ? par ce motif,

à la mollesse et au luxe, et, inspirait dii respect

pour 13 vieillesse, l'obéissance à la loi et la bravoure

militaire (des villes sans enceinte, de la

monnaie en fer, et le brouet); la législation dc

Solon (590) en faveur d'Atliènes, qui ~oulait

placer le: poiivoir dans les mains des lus éclairés

et des plus riîlies ,pour s'opposer, à% fois, à l'anarchie

et à l'aristocratie ;cependant, l'exemple

de Pisistrate est là, pour moutrcr qu'avec du talent

et aidé du peuple, on poiivait ,méme dans

une pal-eilie constitution ,se faire usur ateur ;

la législation de Seleiicus (660) et de {barondas,

après lui, dans la grande Grècc ;l'ûlliancq


( 27 !

secrète que Pytliagorus le Samien fit à Crotone de

540 à 5IO ,.polir former des hommes d'état ;'

toutes ces diverses constitutions et ces diff'érens

essais, indiquent, chez les Grecs, une niasse d'idées

politiques et des essais de constitutions diverses.

Sparte avait un gouvernement coinposé

de deiix rois, avec un se'nat ,et, plus tard encore,

des éphores. A Athènes, il y eut des rois

jrisclu'à Codriis ,en 1068; ensuite des arcliontes

avec des coinices et des assemblées populaires;

les constitutions des autres états de la Gréce ressemblaient

plus oii moins aux deux précédentes.

Déjà, cette dpoqiie de l'liistoire grecque montre

qrielques bons poètes et de grands sages. Car,

quoiciii'on n'ait rien conservé et qii'on n'ait rieu

pu conserver de Rlus3eus, de Liné , d'Orphée,

on a les travaux immortels de poésie épique

d'Homère (en goo), de l'Asie-Minebre ;(les travaux

d'Homère, dit un moderne, existent, mais

Homère lui-même est encore à trouver); ceux

d'Hésiode, qui a vécu ?eu de temps après ;les

odes et les tiymnes d'A ctieus, d'Eriunn, de Sa-

@IO, d'Aiiaeréon et de Phdare ;les chants Suerrlers

de Tyrtée se sont conservés en toiit ou eu

partie; !a fin de cette période offre les sept Sages

de la Grèce :Solon, Tlialès ,Périandre , Pittacus

,Bias ,Cliilon , Cléobule, et les premiers

fundaieiirs de la philosophie grecque, ainsi que

les gcrmes de cette splendeur iiite!lectuelle qui

a fait des Grecs le premier peuple de i'ancien

monde. .

(Fondation de Rome 754 avant J.-C.; du monde, 3250.

Sous lc rapport politique, l'Italie était destintre

à offrir le premier. peuple de cette même

époque. D'anciennes migrations de peuples primitifs,

tels que les O&uotes, les Ausonie~s, les


( 28 )

Sabelles, les Tyrrliéniens, les dmbres, les Sicules,

y sont difficiles à démeler, ci les traces des premiers

âges de l'histoire roniaine, se trouvent

dans Ia fable et dans la poésie. Au iiioins la poésie

nationale traduite en prose et en Ilistoire,

peut-elle aider i decouvrir les événemens de cette

eyoque de I'liistoirc des Romains. Le peuple le

plus civilise et le plus puissant avant les véritables

Romains, fut celiii des Tyrrlréuicns, nommés

ensuite Etriisques. Letir religion, leur constitiition

et, en général, leiir civilisation, influèrent

piiissamnient SUI' Ronie, qui fil t regcirde'e

elle-même, comme iinc colonie d'Albe; celle-ci

doit son origine à Lavinium et à EnCe. On aime

à oriblier Amrilius et Nrimitor, rois d'Albe;

Hliea Sylvia, la vestale; l'aventiire iniraciileiise

de Romiilus' et de Remils , ses fils, sauvés par

ilne louve, pour ne s'occuper que de I'importance

dont frit par la sciite 1'Etat romuiti qui,

différent de tout aiitre état avec un coiiiirieiicemeut

pres iie imperceptible, s'est dévelol)pc' au

point de Qominer le monde ancien ; en eret

d'un espace qiii avait à peine deux milles can-és

et 4000 d'llabitans, il a atteiut l14nornie étendiie

de 130,ooo milles carrés et prés de ioo,ooo,oco

J~abitans répandus dans trois parties dii monde.

Rome depiiis sa fondation (734),3t gouvernée

endant 245 . ans, ar sept rois.: I\oiririlus,

Kuma PonipiIiris, Tufius ~ostilius, Ancus MWtius,

Tarquin-l'Ancien, Servius Tulluis et Tarqitip-le-Superbe.

Durant cette période eurent

lieu prescliie tous les combats, ayant pour objet

I'açrandisseinent de I'Etat, l'iiistitution du sénat,

celle des patriciens, des cllevdliers, des plébéieiis,

la dis~ribution clit peilple en tribus et en curies

ppur les assemblées d,u peuple, en centiiries,

quant à la fortupe ; ;ilors eut lieu aussil'iqstitii-


( 29 )

tion d'une religion de l'état, de la faciilté d'hériter,

la constriiction des cloaques, des aquédiics,

dii forum, dii cirque, et déjà à la fin (le

cette pdriode, la ville ailx Sept-Collines fut con:

sidérable, et du liai~t di1 capitale il ne fut 1:liis

possil~le tlc iiiesurer l'étendiie de toiit le territoire

roniain. Le rapt des Sabines, lecombat des

Horaces et (!es Ciiriaces, la destriiction d'Albe,

la longiie, et en général la ferme volontd de faire

régner le droit dii plus fort, aiclèrent l'état naissant

à fonder on existence et à la maintenir victorieiisement.

Ainsi .(.ette preinière p6riocle de l'liistoire iiniversellc,

présriite déjà l'imege dii nioiivemeiilsocial.

(lu tl&veloppt~irient siiccessif et vai-id auxqiiels

le geiire Iii~main cst appelé.

Des ét:its >e fondent, il se fait {les inventions ;

on essaie toiites sortes de nianières devivr e, qiiantl

le nioude p;iriiît être encore dans I'eiifanc'e. *Et

poiirtünt Ir déveioppemc~:t rapitie de cr qiii a

précétlé, fair coiicliire ce qiii arrivera dans la

ia suite. To'iitr les forces intellectitelles. celle;

(le I'iiidivitlii comine celles de la géiiéralité. seront

employr'es pour atteindre le biit (le l'liiiiiiaiiité

eii~iGi.e ,le conil~lzt dt:vciopoeinent (le

toutes les faciff~&s (le l'lioiiiiiie. Et qiie serait devenii

le genre Iiriirinin sans le moteiir puissant, le

plus efficace, l't sprit , l'intelli;;ence?


DU MONDE

.. ANCFEN. ,

i . l

CHAPITRE II.

De la fondation' de l'Empire persan jus u'à

Alexandre-le-Grand. (560 à 356 avant J.-GI.) .

Le chaos dit monde ancien se débroriille ;les

élémens de l'histoire deviennent plils distincts

et se lient plus facilement; les sources hisloriues

deviennent arissi plus claires et plus abonlantes.

Les circonstances s'agrandissent ; il y a

un royaume universel dans les trois parties du

inonde ;les Grecs sont à leur époque la plus brillante

; Rome marche 5 pas de géans dans la carrière

des conqu4tes. Mais l'Asie est encore le

théiitre principal de l'histoire,

(Cyrus ou les ;luifs rétablis; Se âme du monda; Sr5 ans orant

J.-c., du mon%=3468 1. ' *

Au sud de la Médie, très puihnte aii commencement

de cette période. se trouve le pays

montagiieux de la Perse que la Rlédie avait conquise.

Astiages, roi de Médie, ayant donné sa

fille 5 rixi liornme de cette province, ordonna siir

l'avertissement d'lin mauvais songe , de faire

mourir Cyrris issu de ce mariage. Sauvé miracu-

1eii;ement (commencement ortliiiaire d'hommes

devenus par la suite célèbres, de fondateurs d'états),

Cyrus grandit, devint le plris hardi de ses

camarades et vit avec douleur ses compatriotes


persans sous le joug des Mèdes. Il n'avait peut-être

méme pas besoin de donner à ses, compatriotes

nomades le choix entre le jour du défrichement

pénible d'un champ et celui du lendemain, csnsacré

un festin jo eux, pour inspirer à ces coiirageiia

montagnarjs, le désir de s'affranchir. En

560, Astyages succomba dans la bataille de Pasargada

, et la Médie. reconnut Cyrus

chef. Celui-ci se toprna ensuite vers la

plus grand état de L'Asie-Mineure, sous la domination

de Crésus, beau frkre d'bstiages. La folle

confiance de Crésus en ses trésors, dont n'avait

PU le guérir le sage avertissement de Solon, et la

foi aveugle qu'il ajouta à l'oracle ambig9 de Delplies,

ne se dissipèrent que lorsqu'il fut vaincu et

lie, prisonnier, il allait expirer sur un bûcher à

lardes. Cyrus ilors lui fit grilce de la vie. Par la

cliiite de la Lydie, les Grecs de l'Asie-Minetire

fssèi-ent ausci sous la doniinaiion persane. Les

hocée~iseuls s'exilèrent et passèrent à Massilia

( Marseille ), où ils transportèrent l'olivier et

la vigne. La prudence inspiré2 par ilne politique

mercantile, porta les villes p léi~iciennesà se

soumettre volontairement. Babylone fut prise

par le détournement de 1'Euplircite qni la traversait

( 556) et tous les pays de la partie antérieure

de l'Asie,. jusqri'i l'Arabie, tombèrent an

ouvoir de la Perse. Alors se termina aussi l'exil

Eabylonien de; J iiifs,qui avait duré 70 ans ;mais

les lus pauvres d'entr'eux seulement profitèrent

de k permission de Cyrus pour retourner dans

leur patrie. Toiitefois le dominateur del'Oxus et

de 1'Iiidus jrisqu9à la Méditerranée n'était pas

encore satisfait. Les peuples nomades du centre

de l'Asie, enricllis par 11: commerce des caravanes,

fixèrent l'esprit con uérant de Cyrus.

biais il succomba à la perfilie d'une reine des


( 32 1

Mcssagktes, nomm'ée Tomyris;qiii, à ce qu'on

dit, lui fit tranclier la tête et la fit niettre dans

ilne oiitre rem lie de sang, en disant que la tête

(le cet insatiabre de sang, s'en assolivisse ( 529 ).

Canibyse, son fils, régna après Iiri jiisqil'en 522.

Conqtiéraiit comme son père, il fut le meurtrier

de son frère Sniei-dis, roi (le la Bûctrie, dont il

convoitait la possession. L'Egypte devint sous la

domination de Psanimenit une j)rovincr persane.

et la caste des prêtres, soiltien de 1'Egypte.y fut

le plils mnlti-aitée ( niissi représenta-t-elle pliis

tard Cambyse à HP1 odote sous les coiileuru les

pliis désavan tagciises) ;TIihht!s frit dr'trriite, mais

son plan contre la Lvbie et llEtiiiopie &L~IO~I~

complèteiricnt. Une téutative de? Rlages (le plncer

siir le trône (111 roi trés éloigné, iiu iàiix

Smerdis et de rappeler de noiiveaii ail limoii des

affaires les Rlèdes et siirtoiit lem propre caste,

obligea le roi à revenir bien vite sur ses \)as.

Mais );ir iml)riidei:c-e il s'riifonca sa propre ép6e

dans le corps et rnoilrut. (i'eptlnilaiit 19inspeetii>n

des oreilles coiipécs dii fails Sinerdis fit bientôt

décoiivrii. I;i foiirl,e, et des sept Per3es qiii le renvcrsèreiit

il y en eut tin qiii. par Ir Iiennissenient

de son clirvel (1). inonta siir le trôrie (le Ciiinbyse

; ce frit Dariiis, fils d'Hystas1)c:s ( ,331 ); il

donna une constittition à vcAt ilrimeuse état; il le

divisa en vingt Satraliies, le ~)otii:vi~t (le revtBnus

régidiers, In pliipart en inetaiix ))réc.ieirx lion

tr:ivaillés et en tl';tiltres protliictions riiicipales

des provinces et fit ailssi fraplier (lel>a niouniiie

d'or ( Dnriques ). Diirius iiussi étendit l'empire

(i) Il fut convenu entre lrs 7 Perses que celui dant

Ic cheval hennirait le premier deviendrait roi,


.(S3) *

en y ajoutant la Tlirace et la Riacédoine : son

entreprise contre les Scythes manqiia; il ajouta

6.galement aiissi à son empire une partie (Ili pilys

situé vers 1'Iiidris et il cliâtia les Grecs de l'Asie-

Mineure qtii soupirai~ut 11prl.s l'indépendance,

el qiii, sou tenirs par lc!irs co~iipatriotes (I'Eiirope,

avaient rléjj bi-ûle Sardes. Poiir- se-veii;5far

de cet appui prGtC contre lui, il envoya Rlnr(10-

niiis avec irne flotte et iine arriiée cSontre Iü Grèce

(49a ); mais M;irdoniiis arrêté pqr les tt.mlbGtes

el par les Scvtlies, ne JII IL :tlleinclre In Gréce. Une

set*on(le expédition socis In roniliiite cl5 Datis et

(l'Artapliernes et coiiiiiiand(:e par Hippias. Grec

erild, ~~arvint à I:i \rerite ( 490) à tlétruire Eretrea

dans l'île d'Etibée, i>i:iis ii fut J~a~tii eii retv-aite

près (le Mirrat\ion par les Xlli6iiiens sous la conduite

de Blil tiatles. t'etidiint de nouveSiiiu préparatif..

coutre la Grèce, 0;irius moiiriit, et Xerrès

sot1 fils Iili siiccédn (486 à 465 >.A la giierre nationale

contre les Grecs, coucoiii~irrent envitson

deux niillions de combattans de pliis de einqtiaate

~~eti~les, dont les noms ont dispürii desr

cartes niotlerries: iiiiiis i'exj>étlition fiit ari.êtée

près des Tliermop~ les et dlArtéiriise et empêcliée

d'agir par terre coinine siir mer. Les Perses parvinrent

bien à brUler Atliènes (lélaissée par ses

liabitans, mais ils éclioaèrent dans la cornbat

naval de Salamis (fait d'arines brillant de Thé-

~ilistoclesen 480); alors le roi inquiet du pont

qti'il avait fait jeter sur I'Hellespoiit, prit la fuite

l)récipitninmeiit. Les trotipes laissées sous le

commandement de Mardonius, fiirent battues le

meme jotir par terre et sur mer, par Pausanias

et Aristides (479). près de Platée et de Mycale.

Celte guerre inallielireuse, ce règne faible et le

règne aussi faible qiii le suivit, la succession 3rreplière

au trbne, même I'éteiidtre de l'empire,


( 34

où les gouvernelirs éloignés des capitÛles commencèrent

à se regarder comme de petits rois et

à se! révolter, enfin la mauvaise organisatioti des

troupes, tout cela contribua visiblement à 1i3tt.r

la décadence et la chute de l'empire qui avait

bien quatre villes capitales, .Ecbatane; S~ise, Babylone

et Perse]>olis, mais où il n'y avait ni unité,

ni obéissdnce, ni bonne constitution, ni sage administration,

quatre conditions nécessaires à la

prospérité de tout état. Ajoutons que Persepolis

etait le lieu de la sél~ulture royale et que l'éloi-

gnement des quatre capitales donnait à la cour

qui y séjournait alternativement ilne véritable

existence nomade. Xercès tomba sous le fer

d'un assassin, et les règnes suivans ne firent

qu'accroître la décadence de l'en1 ire. On fut

obligé d'adopter un système de Béfense et de

corruption'poiir se narantir d'un pays aussi-peu

considérable que ceyui de la Grèce: la Perse fut

> peine capable de maintenir dans le respect

l'Egyp te et quelques autres satrapies, et dans la

guerre entre les deux frères, Artaxercès II

contre Cyrus le jeune ( roi ) , il y eut même

lo,ooo Grecs qui combattaient pour ce dernier

à Kunaxa et qui sous Xenophon se retirèrent

presque sans perte, .par un trajet de 300 milles

au milieu d'ennemis victorieux. Un peu pliis

tard un roi de Sparte, Agésilaüs, allait détruire

tout l'empire perse, si des guerres, suscitées

dans la Grèce par l'or des Perces ne l'eussent

fait rétropder. Déjà plas d'un roi persan ne sut

se maintenir qiie par le massacre de toute la famille

royale, et plusierirs de ces rois moururent

de mort violente. Mais l'heure suprême sonna

pour la Perse d&s que la Grèce n'obéit plus qu'à

un seul chef.

L9Inde,la Chine, laPhénicie, l'Arabie par


I t 35 )

kduCuè par des hordes nomades et habitée seulement

du côté du Sud, aucune de ces diverses

contrées n'offre un intérêt quelconque pendant

toute cette période. Les Juifs seuls, sous la do*

rnination persane, méritent d'être mentionnés.

Leur état dsjà faible, fut encore déchiré par

leurs clisputcs contre les Samaritains, disputes

qu'entretenait l'intolérance religeuse. Ils parvinrent

enfin à bâtir un temple a Jérusalem ;le

grand pontife qui le deservait devint en même

temps chef du pays. Esdras et Nehemie renouvelérent

la constitiition mosaïqiie. Dans des situations

s0uver.t désespérées, ils n'a~tendirent

pas avec moins (le confiance le Messie annoncé

par les prophètes, qui mtmc dans l'exil continuérent

à l'annoncer. L'Egypte ne cessait pas

de faire des efforts, souvent heoreiix, polir se

rentire intlépendante des Perses. Cependant

Carthage, éloignée des conquérans persam qui

p'otilurent en vain envoyer ilne flotte contre cette

colonie, gagna eii étendue territoriale, et comme

le commerce des Pliéniciens soiiffrait beaucoup

du joii;. persan, les Cartliaginois s'en emparèrent.

Iis s'&Mirent en Espagne, livrèrent en.

530 aiix Phocéens'la première bataille dont parle

l'histoire, firent en 509 un traité de commerce

avec Rome et devinrent les maîtres de la Sar-

,daigne, de l'Afrique et d'une partie de ln Sicile.

biais roulant s'emparer de la Sicile entière, ils

commencèi ent dès 480 des guerres qiii continuèrent

long-temps contre les Syi-aciisains et notamment

contre Gelon, Dionys I et Dionys II

(lui leurs ripostèrent vigoureuseinent. Timoléon

le corintliien qiii avait sacrifié son propre frère

la liberté de Syracuse sa ville natale, protéqea

cette ville à h fois contre le deSpatirme de Ihonys

II et coutre les Cartt~aginois.Le tribunat


( 3s )

des cent veilla dans Carthage 'po~ir , le main tien

de la constitution aristo~ratiq~ie.

Le periplc grec s'offre à nous dans ses nombreux

petits états, pendant cette période, soiis

un aspect beaucoiip pllis brillant ii'aiicrin autre

peiiple de la même époque. biioiqiie son

pays fiit benucoiip plus petit qrie la moindre

satrapie persane, il avait glorieiisement combattu

l'immense ariliée persane, et niontré ce dont est

capable le patriotisine ilni à rine graiide stipériorité

intellectiielle. Les Grecs souvent désunis

entre eux, envisageant diffGreminent la constitution

qui convenait à leur ,pays; Atlitnes et

Sparte étant toiijoiirs en riva ité et voulant cliacnne

Gtre h la tête de la Grèce ;ces mêmes Grecs

Ctûient cependant toujours iinis contre l'ennemi

sommun, contre l'ennemi (le leur atrie. Ifs

étaient dignes de vaincre, car ils ne clercliaieut

pas alors sciilement à comb;itti.e l'ennenii, rniiis

iIs savaient encore dompter letirs propres passions,

et c'est à tort qii'on ne nomme qiie qitelqiies-uiis

de leurs Iiéros; c'était lin peiiple de

jiéros, ct c'est l'esprit cle tous qiii protl~iisit la

victoire. Aiissi hliltiade, Tliémiçtoclcs, Aristides,

Cimon, Léonidas, et Pniisanins avant clii'il n'eût

trahi sa patrie. furent-ilsplti tôt les coryphées de

l!liéi.oï+me i,ational qr!e des Iiéros pi-oprement

nits. Ces mots : (C Va, voyagerir, dirc à Sparte,

qsie noils sorrimes inorts ici pour avoir obéi à la

n, devraient encore niljoitrcl'lilii , aprBs

vingt-deiir siL:cles, retentir daiis l'espr!t de toiit

grierrier et de cliaqrie citoyen. Rlais de mènie

c ue la véritable grandetir ne se manifeste tjue

Jans ie mallietir, I'esprit de l'indiviilu, cornnie

celui des e1iple.s entiers, se porte, dans le bon-

Iieiir, beircrncnt i l'orgueil. En effet, la jalousie

entre Sparte et Athènes devint, après la conclu-


( 37 )

sion de la pix, dé plils en plus envenimée'. CIIBciin

de ces deux éiats votilait s'arroger la siiprématie

siir la Grèce entière ;et si Ailièiles pouvait

mettre dans la balance ses flottes, sa fine

politique, ses, ricliesses et sa .civilisation pius

avancée, Sparte, de sonocôté, avait à faire vnloir

ses troupes 1,1ris aguerries, sa fermeté et sa politique

droite et conséciiientc. Car comme à

Athènes c'était le periple qiii goiivernait, l'esprit

piiblic fut dnns une fluctriation continuellc, et

c'est cet esprit changeant qiii fit souvent condamner

I mort oii exiler par l'ostracisme, conime

dangereiia h la liberté, les ineilleurs généraux et

les politiques les plus ( onsommzs ;et l'approbation

popillaire eut souvent pliis de part à ces

décisions importantes, qii'un véritable avantage

nation;,l. Les Athéniens agirent aiissi souvent

arbitrairement avec leur; alliés. Aiissi la fin de

ces diffërens frottenleng entre Atliénes et Sparte

fut une giierre sanglante où presqtie toiis les

Grecs prirent part pour l'iinc ou ~~~~~~~~e partie.

Li~_~rrerre de 27 ans ou la giierre du Péloponèsc

(431à 404)~h la sriite de *légères coniestations

entre Coi:iiitlie et Corcyre, n'&tait ail fond qri'itn

combat entre l'aristocratie et la démocratie, partis

criii s'étaient formes dans presque toute la

Grice, et ce combat se termina, contre toute atlente,

l)ar l'anéantissement de la démocratie et

la ruine d'Ath6nes; l'opinion parut se confirmer

(lue le gouvernement popiilairc cst moins stable

(lue celui q~ii est dirige' par les hommes les plus

(clairés et les pltis considér6s. Au commencement

de cctte guerre, AtllGnes avait toritefois

encore PériclZs, véritable modèle d'homme POliticlne

d'ime r&publiqiie, embrassant dnns sa

vaste conception jrisqii'a~ix moindres détails des

affairesde l'état, réfléchi dans la bonne foi tiinc,

4


ine'branlable dans la mauvaise et-cachant au pètia

ple. le dessein de le dominer, niais remettant

sans cesse aux yeux de ce m4me peuple lc degré

d'élévation oh il l'avait amené. Rlallieureuse~

ment, ce profond politique devenu vieux, donna,

au commencement de la guerre du Péloponèsc,

le, cocseil d'adopter un système de défeuse sur

terre, et d'attaquer sur mer. Alors pres(jile tolite

la population du plat f?ys de l'Attique se pressa

dans Athènes et dans intervalle des longs murs

di1 port, parce que 1esSpartiates ravageaient r4-

gulièrement tous les ans le plat pays. De là, trop

grande açglomeration de peuple, et partout fitpiine,

et enfin une effroyable peste i1nqiiellcPéi.iclès

lui-meme succomba; il mourut en 429. Un

tanneur, uonimé Cldon, parvint, bientôt au

moyen de sa voix clesleutor, à coacluérir l'infliience

qu'avait eueP4riclc's ;il s'en servit pour porter

le peiiplc aux mesures les pllis acerbes coutre

des alliés devenus infidéles; cependant, dans un

cornbat yr&s d'Ainphipolis, il eut le bonheur

de tenir t4te au géne'ral spartiate Brasidas. On

conclut ilne aix dç cincjuante ans , mais

Atlsoes eiit afors pour elief Alcibiade, favori

et disciple de Socrate ; ce chef employa ses

grands talens

us à sa propre éIévûtion que

dans l'iutérit $ l'état; il ne croyait pouvoir

avoir de l'importance c[ue dans la guerre. Par

son éloqiience , Alcibiade parvint à engager

les Athéniens d'envoyer di1 secoure aux SGgestiens,

en Sicile, contre les S raciisains, ou l lu tôt

conquérir la Sicile. Une Hotte hien équipée se

rendit à cette destination sous la conduite d'Alcibiade,

de Lamaclius et du prudent Nicias.

Mais Alcibiade, accusé bientôt apr& par ses

ennemis d'avoir nuclacieiiscment mutilé cles sta-

$lies des Jicur ,fut rappelé; il se rgfuçia a~ipres


(39) .

des Spartiates qu'il excita à rompre la paix

cemment conclue avec les Athéniens. Alors les

Spartiates à leur tour se pourvilrent d'une force

navale et détruisirent complètement l'armée

athénienne en Sicile. Ils fortifihrcnt en mime

teins Decelea, bourg voisin &Atli&nes, et négocièrent

gnêrne iine alliance avec les Perses qili

n'eurent pas i'liibileté de profiter de la sanglante

désunion des Grecs poiir tirer vengeance de leiirs

précédentes (léfaites. Cependant Alcibiade parvenu

à. passer aiiprès des Perses, vint à bout &?

se faire nommer chef de l'armée athénicnne~

Avec son retour

cette armc'e le bonheur y retoiirna

@alement, et ce filt niaintenant aux $partiates

à demander la paix ailx Athéniens qui,

énorgueillis par In victoire, ne la leur accordérelit

as (4 i O). Comme pendant l'absence d'Alcibiade

% floite atliénienne avait été battue par I'ysan-

dre, Alcibiade, poiir acliapper à la frlreur di1

peuple, se vit obligé de se c~ndamner à un exil

volontaire, et les Athéniens, malgré cjiielcjues victoires

partielles, virent cnfin leur force navale

anéantie par Lysandre dans une victoire qiie ce

dernier reinporta sur eux aiiprès ti'Bgos-Potamos

(fleul-e des Clièvres) près de l'Hellespont

(44. Les alliés d'Athènes fiirent snbjugués ;

Atliènes fiit assiégée en 405, et se rendit parcapilulntion

aiix Spartiates (404) qui, non-setilelneiit

abattirent les miirs dlAtliènes et emmenèrent

~oiis les vaisseaux de guerre à doiize prhs,

inais ils reinplacèrent aussi la démocratie qii'ils

avaient en haine par une oli~~rcliie de trente

tyrans ; le go~iveriieinent tyrannique de ces der-.

niers fut renversé l'anne'e sriivnnte par Tlirasybrile,

et la constitiition foudée par Solon en

~l*it la place. Mais on ne put rendrc à l'état que

Son apçiease forme, inais ilonlui rendre son as-


-(40)

-cien esprit. La plus belle périocle d'Athènes ful

à sa fin; cet 6tat cessa de fleurir et n'a p11isdeiiis

cette époque joué de rôle important dans

histoire. Jetons donc encore un coup-d'oeil siir

la période florissante d'dtliènes sous Périclés.

Athenes ne voulut pas seulement, comme Sparte

et Rome, primer par les arnies; elle connut et

voiilut avoir une gloire plus brillatite: iine civilisation

plus avancée. Aussi parvint-elle par là à

iine supériorité d'esprit qui survécut loug-temps

à sa piiissancc politique, puisque même Nérou

frit jaloux de l'approbation du pciiplé artiste

d'Atlihnes. Comine toute l'rxistciice y fiit piibiique,

c'est i la viz publique aiissi qu'on y

donna le plus la splendeur la plus éclatante. Les

liaiics, les péristyles, les théâtres qiii contenaient

30,ooo âmes; Ic botq avec ses aradius

et ses propylées ;le Partlienon ou le temple d'Atlihnes,

voilà ce qiii excita l'adniiration cle l'étranger;

et la statue colossale de Minerve s'c'levait

majestueusement aii-dessus de la mer et dc

tout le pays, comme pour indiquer la suprématie

du peiiple atliénien. Mais Atliènes possédait

aiissi Pliitlias qui savait sculpter des statiics telles

q!ie celle de Minerve ct celle de Jupiter olynipien;

cette dcrnihre était liaute de 50 pieds et

faite d'ivoire et d'or ;il y eut Polygnote, Praxiitles,

Lysippe, Polycfbte, Zeuxis, Apellcs, Pari-liasius,

qui alors produisaient des cliefs-d'cieiivre de

sculpt~ireet (le peinture: c'e'taieut des Grecs,

c~tioiqu'ilsne fussent pas toiis d'dtlitnes et c;ii'ils

n'existassent pas toiis a la mGme époc~iie.Les trage'tlies

d'Escliylc, de Sopliocle et d'Eiiripitles faisaient

accourir en foule le peuple au théitre à

peine assez grand pour le contenir ;les comédies

coiniqiies OL~mordantes ii'Aristopliane produisirent

le m2me effet, La tribune atliénienneprd-


( 41 1

sente avec orgiieil Périclès, ciont l'6loquence fut

foudroyante ; Nicias, Lysiac, Isocrate, Escliine

et Déiiostliènes parlèreut devant le peuple souverniil,

devant qui He'rodote, dit-on, eiit la permission

de lire son ciief-d'œiivre d'liistoire, He'-

rodote, le premier de ce grand triumvirat cl'liistorieiis

qiic cornposèrent avec lui Tliucyditles et

Xénoplion. Ainsi I'Athériien vit devant et aritour

de lui cc qu'il y avait de pliis grand, et apprit

à vivre pour sa patrie pendant que le Spartiate

apprit à peine à mourir pour elle.

La pl~ilosophie des Grecs, commentant par

Tlialés et les Ioniens, occupée de la coiite~iiplatioii

de ln nature cliii, cliez les pytliagoriciens

dansla grande Grèce, avait pris une consistance

plus fixe et pliis de'terininee, cette pliilosopliie

est encore ertime'e aiijoiird'iirii par les moyens

~i'elle offre d'esplicper la cature cles clioses et

18 troi~ver le bien siipréine des Iioinines. Si les

ropliistes se permirent des c'carts, Socrc~ie sauva

la pLilosopliie coLniiie Tlirasvbrile avait saur4

l'état. Socrate, le plus parfait des lioinines, dont

la vie fiit niissi piire que la mort fiit ~rancle ,

etit l'art de cl6velopper oit jilutôt (le laisser sc

(16velopl,cr les facultt.'~ de chaciiii de ses disciples,

et c'est ainsi que les di;Téreiis systèmes

~Iiilo~o~iii<~iies yiirent se faire joiir. C'est cet

ioiniilc stiyérieiir que le 1>eiilile, toujoiirs Facile

;exciter, sédiiit par les enneniis et les cnvieiix

dii grand homme, foi-$3 en l'an 400 à toii-e la

cigu~. Le paiivrc Aniistliénes, chef des cyniqiies

dont fit partie aussi DiogGne de Sinope, cliercha

le souverain horilieiir dans ln privatioii et

dans l'impossible dessein de n'avoir pas cle besoins;

Aristippe le riche, ainsi que l'ecole cyré-

?laïque,clicrclin ari contraire le lionlieiir tlans la

Io11issance; Zénoa le stoïclue, daps l'inseniibi,


( 43

lité contre la douleur; Pyrrllon le sceptiqiiep~it

traiiquillemcnt voir Anaxarqiie enfoncé dans un

marais, parce que ce fait ne lui paraissait pas

certain; E«c4ide, avec ceiix de Mégare, ne pnriit

pouvoir exister qu'en combattant comme dialecticien;

Epiciire, qiii valait mieux que sa morale,

crut trouver la f6licité clans l'absence de la douleur

et dans l'illusion du plaisir erte'rieiir. hlnis

c'cst Socrate qui, dans la personne dii divin Platon,

attira le pliis de disciples; Platon qui, dans

son école Je l'académie, et appelé par cette raison

l'académiqire, sut ramener I'liomme, à trnvers

tolites les vicissitrides des clioses, à Dieri,

source de tont bien, de la vérité et de la beauté.

Socrate fut encore lionoré dans la personne d'Aristate,

fondateur dc l'école péripate'ticiennc ,

qui fit beaucoup dc cas de l'expérience, comine

soiirce exclusive de la connaissance, et qui fit de

grandes reclierclies sur 1:i nature, siIr l'esprit

Ilumain et sur la répiiblique , recherclics qui

existeut encore en partie.

Sparte se trouva pendant qiielquc temps à In

tête des Grecs; maispendant qu'Agésilas, un dc

ses rois, combattait vaillamment en Perse, Sparte

fut à son' toiir attaquée par queic[iies états grecs

et forcée d'accorder, par l'entremise d'Antalcidas,

en 387, une paix avantageuse atir Perses.

BientOt après aussi, Sparte, qui avait injiislement

envahi le bourg des Thébains, fut contrainte (le

1e11r cCder la domination dans la Béotie. Deus

lionimes de Thébes, Pélopidas et Epaminondas,

~)arvinrenten 378, non-seulement k (le'livrer leiir

ville natale, mais à l'élever à iinc haiiteur remai.q~iable.Les

batailles de Leuctre et de Mantinc'e,

conduites d'après une tactique noiivclle,

en 371 et 562, reiiverskreut Sparte (le.la haiiteur

P lac~uelielle s'étai1 Clerée ; mais ThCbes iirissi


( 43 >

fut entsaîn6e dam In chiile dcs Iiommes qui l'ad

vaicnt élevée ; car I'c'lopidas succomba en Thessalie,

et Epainiuondas prCs de Mantinée. L'inipuissauce

des partics belligérantes produisit la

paix et la liberté. Rlais l>ientôî celte liberté impuissante

devait faire place à lin esclavage général

qll'allait imposer à la Grèce un liomme irioitié

çrec lui-mêiiie.

Au nord de la Tliessalie, la RIacédoine s'était

peu à peu formée (813); faible à SR naissance,

deveiiiie libre di1 joug persan par suite

de la bataille cle Platée, la Macédoine parvint

après le déclin de la grandeur de Thèbes à

avoir I son tour un roi; c'est Philippe (550 à

356). Pliilip~e, poussé par l'ambition, ne dédaigna

aucun inoyeii d'étendre son état et de le

rendre plus puissant ; il soumit les Illyriens, les

Paconiens et les Thessaliens, grigna les riches mines

d'or de la Tlirace, et dirigea ensui te sa politique

à sotirnettre les Grecs. II ne xii,l'g -lr 1 ea rien

pur s'immiscer daas leurs affdires; il opéra d'aord

par la corruption, et il disait orclinairemeut:

a Il n'y a pas clc mur trop &levé polir qu'iin $ne

chargé &or ne fuisse passer par-dessus. r Nallieiiretisen~ent

cs Grecs l'attirksent cun-mêmes

dans leurs üff'tires, en coinmeu~ant(357) les

guerres sacrées contre la Pliocille et puis contre

les Locriens 3 cause des clinmps et des trésors

@Apollon de Delphes. Envain Déinostliènes, dans

sespliilippiclt~es, tonnait du liant de la tribune nationale

polir avertir les Grecs de se preserver de

l'intcrvsntion de ~1iilil)pe ; ses atlvers:iires, corrompiis

par l'or dii roi macédonien, s'a pliqukreut

i maintenir Atlii.oes dans iiue rnalteiii.eirse

illusion. Et quand les Grecs virent le danger de

leur position, il fut trop tard. Philippe avec sa

formidable phalange macédonienne arraclln en


( 44 1

338 la victoire c!e Cliéronnée sur les Grecs re'unis,

et parvint à se faire noinmer à Corinthe, sinon

le chef, du iiioins le géneral en chef de toiis

Jes Grecs contre les Perses. Assassiiié, il fit place à

un pliis grand despote (336),i son fils Alexandre.

I'endaii t que la liberté grecque succombait

ainsi, ln liber16 roninine se développait. A cette

époqae le Soiiverneinent de Tai.qiiin-le-Siiperbe

fit uaître à Rome, siii-Lou t cliez les Patriciens, nne

haine implacable contre lui ct sa faniille; et

lorsqiie son fils Sextiis eiit désl~onoré la chaste

Lticréce, que celle-ci se fut tiiée pour nc pas s~irvivre

à son de'stioiinerir, le signal fut ciouné pour

la décliéance absolrie dii roi et poiir l'expiilsioii

de ça fainille. Lucius Jiinius Erutiis ,et Caj~is

!i?arcl~~iiliiisColIatin~is, remplace' bientôt par

P. Valéi-iiis Poplicolû , devinrent alors consuls,

et frirent revCtiis du pouvoir exécritif. Ce

por~oir &tait figiird pr,r 12 licteurs qui pre'céclnient

les consiils ct qiii portaic~it des f3isceaus7

des verges avec une Iiachc. Lcs Tnrq~iiiis tentErcnt

vaiiieinentl~lrisieiirs cssnis poar rentrer dans

llonie ct pour s'emparer (le norivean dc la (10-

ininntioii, eii ç'ap~iiyant de peiiples voisins ;Rrutris

liii-ni6nien1li&sita 113s à fairemourir ses deus

fils, coinproinis tlaiis iine corispiriition de ce genre,

et sriccoiiiba Iiii-m6iiie dans un combat contre

les Tarquins. Lcs lloinains étaient dignes de

In liberté parce ciit'ils savaient la défeiitlre. Aiiisi

Porsenna, roi de Clrihiriin, se rit arrêté nu pont

du l'ibrc et eiiiy%cilc' cl'eiitrer dans Rome pas

Horatiiis Cocles seirl, josqi~'à ce cjue pont fit

abaltri ; ainsi Rlr~cius Scérola risqua sa vie polir

trier Porsenna dans son propre camp, et en brûlant

avcc sang-froid sa main droite, il montra le

pen de cas qii'il faisait Je brûler sou corps entier,

De gqreiIs traits prouvent I'en\hausiasm(:


( 45

des Romains polir leur r6piiblique nristocratiqiie

nouvellement conq~iise. Car le sénat en tete

duqiicl se trouvaient les consuls patriciens, clioisis

tous les ans dans son propre sein, gouvernait

seiil; cepeiitlant dans les grands clarigers on noinmait

lin dictnteiir pour 6 inois; ce dictateur

avait droit de vie et de mort, et poiivait in&iiie

se mettre ail-dessus des lois. Ahsi leselatins fiirent

battus dans la mémorable bataille prés clii

lac Régilliis (501 ou 4 ~~6) par le dic tateur Aiilus

P~s~hriiiiius, et furent lorc6s (jerentrer dans l'alliance

des Roniains.

De seinblables coinbats se scnouvelnicnt toris

les mais, soiivent tolites les semaines ; les froutiércs

étant encore trop rapprochées, le désir

des conquêtes toujolirs égalelnent grand, et il

restait peri de tenips aii .palivre plébéien pour

se livrer b la ciillure de son cliainp dont le produit

devait yoiirtnut le faire vivre. C'est polir-

( uoi le piiis grand nonibre frit souvent contraint

de contracter des dettes huormes envers les patriciens

plus riches ;ceux-ci traitérent souvent

avec (lui-eté leurs de'biteiirs ;il letir arriva meme

~[uelquefoisde les séduire à l'esclavage. Soiivent

lc peuple se scfusa de se laisser enrôler et se Xetira

enfin tout-à-fait siir le mont sacré oii il init

:l contribulion le bien dcs pntricicns. oIeoenicis

AgripI>a, nii moyen d'une prirabole de l'csto-

Iuac üuc~uel les niembres araietit refiisc' lciir secorirs

et qiii avaient péri avec lui, parvint, à la

vérité à obtenir le retoiir du peiiple 5 Rome ;

mais il n'obtint ce résiiliat qne moyennant deux

et ensuite plusieiirs tribuns du peiiple inviolables,

clinrge's de défendre les intérêts popuiaircs

dans le Sénat, qui ftirent accorde's aux plébéiens

comme contrepoids constitutir~nnel contre I'infliicnoe

dc l'aristocratie. An moyen du veto L la


orte de la citrie, ces tribuns potlvaierit iiiva-

Eder tout sénatus-consulte prijiidiciahle nü peuple.

Les trièuns dri peuple contestèrent ensuite

à leur tour les prc'rogatives de la noblesse

et c~uelques succès lerir doiinèrent le COLIrase

d'insister peu à peu sur la cessation de

toute disiinctioia .entre le peuple et la noblcsse,

et même Sur les mariages entre ces cteiix classcs.

C'est aiiisi qu'ils citérent devant leur tribunal

Coriolan, le hardi conquérant de Corioli ,le patricien

C. Rlarciiu qiii n'avait voiilii clonner (111

pain au yeiiple affamé que contre l't2loigneinent

des tribuns; ils le contlauiiièrcnt b iiiort ; niais

s'étant retiré cliez les Volsques et les ayant

amenés devant Rome, il consentit à la prière de

sa m6re et (le sa feinnie, i les faire partir ùe li,

et trouva cliez les Volsrlries la mort 3 laqiiellc I'avaient

condainné les tribuns. Ceux-ci parvilirent

enfin 5 faire passer une constitution écrite, qui,

à la vérité, encore très-aristocratique , s'établit

p?r dix pairicieiis muriis d'lin pouvoir dic tatorial,

polivoir qu'ils prolonghent et dont ils abusèrent,

siirtorat l'iiii d'entre eus, Appius Claudius

(Virginia) (44 ). Cetteconstitution ftit écrite sui.

12 tables de cléne d'abord, et dc bronze ensuiie.

Cependant iine loi qui Vasa alors donna iin

graiid pouvoir ail parti popii!aire : cc fut ccilti

qrii eut pour objet de donner force entière :I

toute décision (lu peuple par tribiis et devait

par conséqiierit lier également le shnt et les patriciens.

La fin de cette longue contestation enlre

le peiipte et les patriciens fut que bientôt après

toutes les dignités de I'Etat plirerit Gtre remplies

p;w les plébéiens; le consulat y passa en 556, 13

dictature en 556, 1.1 censure en 331, la préturc

en 337, et le pontificat en 300. Déjh eu 445 les

corznubia patrûnr ÇUIJ~plebe avgient été obtenus*


i47 1

Les oiieti-es à l'extérieur cont;nua;ent tdribiirs.

$&es, ville étrusque, fut conquise en 395.

nu bo:~t de io ans, par le diciateur RI. Filrios

f am il le; là seulement les Romains se familiaris~rentarec

la vraie tactiqiie indispensable à faire

'des siéçcs; il; apprirent ce que c'est que des

campagnes d'hiver et accordèrent aussi une solde

aux çrierriers. Mais Rome elle-même fut bientôt

inenacc'e d'un grand danger par les @rilois du

riord de l'Italie, peuple valeiireiix qui sons

Breoniis, son gc'néral, avait attaqiié Clusiuin,

ville étriisque, et, provoqué par les Roinains soiis

les Fabius, se dirigea même sur Rome après la

clefaite complète d'une armée romaine près de

l'Allia (389). Il n'y avait pas de nouvelle armée

:iopposer aux Gaulois ; Crimille, accuse d'avoir

rnoxitré de l'orgueil dans son triomplie de Véies,

sc troiivait en exil, et presque tout le monde

fuyait Rome ou se rélugin dans le Capitole.

(21iatre-vingts vieillards restés à Rome frirent les

premi~res 1-ictimes 'sacrifie'c; par les Gaiilois

lors de leur entrée dans la ville. Les oies sacrées

de Junon ct RIaulius Capitolinus ayant fait

ninnqiier une surprise srir le Capitole, les Gaulois

~oiilurent, prendre par la faim ceux qui s'y étaient

féfii.gi6.s. Dans ce danger extrême, et lorsclu'on

allait acheter avec l'or In retraite d'un enuenii

!si redoiiinble, Camille s'approclia avec une ar-

InCe et battit avec une 'telle impetuosité les

'Gai1Iois, c~u'ils se sauvèrent en toute hite. Rome

avait &té brÛl6e par les Gaulois: le peuple voulliit

se retirer à Véies, mais Camille parvint h

[faireabandonner ce plan et Rome fut rebâtie.

RInllieureusement avec le rétablissement de la

ville revinrent aussi les anciennes contestations

entre le peuple et la noblesse ; ces contestations

finirent celiendant par pi-oduire l'égalit6 enire


( 48 )

cttir. 11 y avait un point sur lequel tout Ie mohde

il Rome fut toujours d'accord, savoir qiie I'Etat

devait conserver sa constitution répiiblicaine.

Manlius Capitoliniis qui avait contrib:ié à sauver

le Capitole ayant été accusé d'avoir reclierclié

pour lui-même la royauté, fiit précipité de la

rocfie tarpéimne (383), non loin de la demeore

cl'honneiir qu'on lui avait désignée sur le Capitole.

C'est alors qri'on proposa pour la preiriière

fois des lois sur Ic partage des terres publiques

et siir les dettes. Les exemples d'abnégation

patriotique furent commiins à cette 6po -

que. Un pre'cipice prodilit dans le forum par

suite d'il11 tremblement de terre, ue pouvant

Gtre comblé qii'nii moyen du dévouement de

quelqii'un, le chevalier. RI. Curtius s'y précipita

avec son clieval. Dans iine guerre contre les

latins, RI. Decius Mils, consiil, se d6voiia ?a la

inort, parce qiie, selon uii soiige qu'il avait en,

la victoire devait être le partage du peuple dont

le ~Ciie'ral niourrnit : corribattant avec acliarnement,

il s'élanca au milieii"de l'ennemi où il

périt, et il donna ainsi la victoire aux lloinains.

La constitrition cl'abord aristocratique et oppressive

devint iiisensiblemcnt iine d6mocraiie

tempérée et les oiivoirs furent convenableinent

clistribués. PenLnt In guerre où l'unit6 du cominandement

était nécessaire, c'était une monnrchie

; au sennt, poiir In direction des relations

ext&rieiires et les finances, c'était l'aristocratie;

dans les élections et pour la législation ,c'était

la .démocratie. Le tribunal était c0mpos6 de

consiils, après lesquels siégeaient les préteurs récernnient

nommés. Les questeurs, élus parmi les

plébéiens depuis 418, avaient le soin cie tenir

et de srirveiller les comptes du trésor public;

les Cdilesplébéiens et les censeurs étaient cliargés


( 49 l

dela police. Vers l'ab 400 unc légion était colri-

OS& (le 4200 fantassiils et de 300 cavaliers; il

y avait yne discipline sévérc. La rcligion c'tait

étroiteinent unie à la 'constitiition de 1'Etat , et

l'on ne poiivait 'cornincncer aucune entreprise

sans qii'on consultA~ les dicrix qiii inanifestttient

leiir volonté par le vol des oiseaux, par les entrailles

des animaux, etc. (aiispiciurn, hariispiciiim,

extispici~irn). Lcs dicux des Ronioins, la

pliipart ernpriintés aiir Grecs et :lux E~rusqiies,

araieut été latinisés : Jiipiter, .Trinon, Neptiine,

Minerve, Diaue, Afars, Vdniis, etc. O11 ne hisait

encore lc coinmerce que siir tcrrc ,mais l'agricuitiire

restait toujoiirs la preinièie sorirce

des ricliesses, et l'on alla clierclicr pour dictaleur

Cincinnakiis, qiii se trouvait derriEre sa

cliarrue. Les femmes romaines faionient ellesmbrnes

cuire leiir pain; dl1 vin était encore

qi~elquechose de rare, et JIecezie tua sa leinine,

qui avait bu do vin saus sa perriiission. Les étli-

fices piibli~s avaient seiils de I'crppareuce; les

habitations des particiiliers étaient encore cliétives

et soiiventn'étaicnt qiic de simples ccibanes.

On eut h Rome la preinicre rhoniiaie en 01. en

484 ; elle fiit appelée peciinin, de peau, parce

qu'on avait aiiparavaiit estimé In valeur des objets

d'n11rL.s la valeiii des animaux. Le prcmier

méridien fut invcnté en 461 ; auparavant un

lionune était chargé d'annoncer I'lieurc c1'al)ri.s

la projection cle 1'onibie:Les ~~reniières cornc'rlies

fiirent jouées par des coiriédicns étriisqiies polir

se concilier les dieiix npiès iine grande peste.

Les Ilornains alors pre'fc'raieut eiicarc faire des

actions que de passer le teinps :i écoiiter et b

regarder.


DU MONDE ANCIEN.

CHAPITBE III.

Depltis A2exand.e - le- Grand jttsqu'd Oclaotr

Auguste. (536 à 30 avant J.-C.)

Dans cette importante périodeliisioriquel'Europe

apparaît srir In scèiie (Ili nionde, et en

qiiclque sorte siir le premier plan <le l'liistoire,

lion-seulement , parce que depuis lors l'empire

d'Alexandre s'étend sur les autres parties connues

dit inonde; mais parce qiic Rome aussi

s'avance toiijours plus à devenir' lin état er;valiisseiir

, et aussi parce que dans les pays du

nord de l'Europe une vi8ouretise genération s'élève

;ghération qui liérite ensiiitt: Lie la civilisation

et de IR puissance de celle ciu sud. Alors s'élèvent

et s'éteignent des étais et de'jà semanifeste

doublemeiit cette~grande ve'riié, que des royaunies

précipitainineut re'uiiis par la conquete sans

lien central et sans Gtre agernlis par quelque

chose, ne formelit pas un ét:it ou un tcut complet;

une telle agglomériiti~n est de courte

durée, et les états qui la coinposent doivent

bientôt se de'siinir.

Dans la même nriit oii la fatale ambition porla

Erostibateà incendier le maguifiqiie temple de

Diaiie j. Ephgse, afin de reiidre son nom immortel

(et il l'est, mais couvert d'une éterudle

lionte) iiaqiiit (356) ~lesn:tdre-le-Grand,filsjde

Philippe ; Alexandre qui devint disciple d'Aristote,

qu'il Iionora pliis qiie son père, parce

que celui-ci ne lui avait donné quc lCt vie, tasdis


( 51

;jue celui-lh lai avait enseignd l'art de vivre.

e grand.s qualités signalèrent la jeanesse d'Alexandre;

il montra aussi dès-lors iiile ainhition

démesurée qui devait bientôt se trouver à l'élroit

clans le petit pays dc Rlacc'doine. Ayint dompté

Buc~~hale, lc jetinc liornme se larricntait de ce

l e son pérc ne lrii laissait ricn à coticluérir.

Mais son pére dii moins lui avait trb-bieii préparé

les voies, et déjà dans sa vin~tihine année il

devint héritier de la piiissnncc de son père et de

ses plans qui avaient siirto:~t poiir objet la Joinination

sur les Grecs et les Pcrscs. filais il fiillait

d'abord a niser son propre pays, souniettrc

de noilveau fcs Tlirnces, les Illyriens et les

Grecs, lescluels, après Ic terrible châtinient qii'il

avait inflisé à Tliebes, dont il ne laissa subsister

que la maison de Pindare, fiireut obligés de le

reconnaître aiissi poiii* général cil clief contre les

Perses. Toiitefois se irouvan t devant DiogSne le

cyniqiie qui était dans son touneau, il ne pu1

s'empGclier de dire ces paroles remarquables :

Sije n'c'tais Alezardrcje voudrais&ireDiog2ne ;

car le vrai meiidiant est souvent le vrai roi !

Alexandre ouvrit la campagne contre les

Tliraces (534), avec Ciaooo 1:omines ;In Tlirace

lui fournit la cavalerie, et il passa l'Hellespont

pour se diriger vers l'Asie-Rliiieure. La victoire

qu'il remporta prbs c l Grariiqiiefiit ~ ~ dc bon aiigure

pour le restant de la cainprigne et celle

qu'il reinporta prcs de 1'Issiis sur Dariiis Codonian

lui-inerne, roi puri digne d'dtrc le ilcrilier

roi de Perse, lui oiivrit I'Asic eotiére ( .!j?).

Alors le jeune héros se diriçe;t \.ers la Plienicie

où le siége et la conqii6te de Tyr l'arrêta se t

mois. Lors de son entrée cn Egypte par a

Syrie et la Jiidée qii'ilavait facilemelit soumises,

il assigna nii couiinerce de Tyr lin si6ge plils


. (5%)

consid&raùle,à Alexandrie qu'il venait de bltir,

Il se fit .ensiiite proclanier fils de Dieu par les

prêtres de Jupiter Ainmon, et se fit depuis lors

repi-ésenter avec l'attribut de celte divinité, la

corne, svmbole de la force. Après la concluête

facile de-I'Egyptc, il poussa plus loin dans I'inté*

rierzr de l'Asie, et n'ayant guére avec lui qiie

40000 lromiiies , il se trouva Arbelles ou Gaiigainela,

en 531, en pré'seiice de l'armée de

Darius, forte (le plus cle 5ooooo liomines. La

@alange macéclonierinq remporla encore ici la

victoire. Darius vaincu courut se réfugier vers les

frontibres les plus reculées de l'Asie. Babylone,

Suse, et menle I'ersepolis tombèrent au pouvoir

d'Alexandre clai conqiiit cn même temps des

trc'sors immenses. L'incendie. de Persepolis

éclaira la cliute de la Perse, car le malheui.eur

Darius succomba sous la perfidie de BeSsris, satrape

de la Bactrie; riiais Alexandre récoinpeusa

ar la mort la honteuse action di1 satrape re4

!elle ( 530). c4nce tnontent le Jaxartes forma la

frontière de la Macédoine. Mais si l'armce crut

la campagne termiliée, il n'en fut pas de même

d'Alexandre; car les pays aux mines d'or, situés

clans l'Inde, tentèrent son ambition. II croyait

aussi arriver jusqri'auxsources rlu Nil ;son entreprise

roinantiqueavait enoutrr:pour objet de 301~

Der pour liinite à son pays la Mer-Baltique. Biais

c'est préciséineut clans le nord de l'Inde qii'il

rencontra les guerriers les plus braves de cette

contrée : par exemple, Poriis et soli peuple ; et

malgré ses victoires continuelles sur ces redoutables

ennemis, iine insurrecliou qui éclata

parmi ses troupes près de l'Hypl~asis, entre

l'Inclus et le Gaiige, le forcn de rétrograder

Dooze autels très-élevés et des jeiis solcnnel~

institues en cet endroit, furent destinésà marqiie~


( 55 )

la frontière éloignée de 600 milles de la Mac&

doine. La retraite ne fiit passans danger ; il y

eut encore des enliemis à combattre et des bancs

(le sable à passer. Une partie de l'armée fit le

trajet en batearix, de 1'Hyclaspcs dans 1'Acésines,

entrant de la dans 1'Ind~s et gagiiant la

Mer, suivant [es einboiic1~11i.e~ de 1'Euplirate et

fernontant ce flerive jusqii'i Babylone (oct. 326

a f6v. 323). Depuis ce temps-là il y eut des 1-elations

immédi:ites d':iffnires entre l'Inde et Babylone,

particiiliéremei~t par le inoy en des nouvelles

colonies londet'es A cetie époque, et il y en eut

aussi avec Alexaiidrie e t la Grèce. La géograpliie,

I'liistoire natiirelle et I'etiiuo-apliie profilkrent

infiniineut de ces co~nin~~uicatioris; et Alexantlre

cherclla à gagner le cceur de ses sujets (le pliis eii

pliis, en respectaut leur religio:i ,en les rii6lant

avec les BIac&doniens, eii prenant les goiiver-

Ueurs civils parmi les naturels d:i pays, cl en ne

réservant aux 'nI;icétloiiie~is qiie le comm;iiidement

militaire. 11 entrait sans cloiite tians le 1)l:in

d'Alexatitlre (le joindre 1'Ai.nbie son empire et

de faire (le Baby:one la capitale tle tocit cet itnincnsc

einpire. Riais la iiiort vint srirpreudi.e

Alexandre ilii milieii. (le se.; phils giganiésqiics ;

il morlriit le 21 avril 325, bcûiicoup trop 16t

pour l'üff erixiissc~neiit d'un enipire arissi vaste,

alais presque ti-op inrd oiii. sa gloire. Le cont:tgieitr

despotisine ile hrieiit, ses ~inssioiis vives,

son irascibilité l'avaient porté à cies nctcs ct

à une manière de vivre prti couforincs ;iiix pïéceptesd'Aristote

et ii la siinplicilé macétloiiienne.

Ou connaît I'liistoire de I'liilotas et de Parinenion,

celle de Clilus, la inort d'Hcyliestioii; in cl&-

hariche avait pris cliez lui uu eiiil)ire pernicieiix ;

qnarr;inte convives btircut jusqii'it la uiorL dans

!tn fçstig, Et pourtant sa perte fut irréparabfe ;

1


( 54 )

de l'Indus au Wil, il y erit un monde en riiines,

sans qu'il se trouvit personne pour remplacer le

grand arcliitecte d'iin édifice niissi colossal! C'est

~i'il faut faire l'importante distincti~n d'Alexan-

Ire comme Iiomnie et rl'Alexai:dre coinrne politique:

comme lionime on peut lui adresser de

graves reproches ; il montra iiiie ambition insatiable

et une cruauté rdflécliie ;niais comme politique

il indrite de grands éloges :il a fait faire

des proçrès à la civilisation, et la mêine main

ui abattait des armées établit des colonies,

Ionna de sages lois, rutosouvent niaîtriser ses

passions et accorda une lionoral>le protection au

coinmerce, à l'industrie et aux lettres.

L'héritier (l'Alexandre, et par conséquent de

son einpire, ne naquit qile trois inois après sa

mort ; aussi en résulta-t-il entre ses nombreux

~énéraux,Perdicas, Léonnatus, BIeleager ,Antipater,

Craterus , Cassander, Polysperclion,

Antisonus et son fils Deinetrius Poliorketes,

Eumenea. Seleticus, Ptoleinée, Lysimaq~ie, etc.,

d'abord des clisisio_ns et ensuite des guerres'sanglantes

jiisqii'en 301, et conime Némdsis se

venge ordinairement des couquérans, clans ces

f~iiiestcs divisions périt non-seulement toute la

famille d'Alexandre, mais encore la plupart de

ses rivaux, et tolite cetle vaste monarchie finit

par. ne plus former qiiz des états plus ou moins

gi-antls, dont quatre ou cinq seulement ont iine

ini~o~.tance liistoi-iqiie.

Le preinier de ces états etnit celui des Scleii -

cicles, sous Seleucris Bicator ,fondé en 312,ayant

Babylone pour capitale. Il s'&tendait entre l'E~iplirate,

i'Indus et l'Oxiis, coniprenait la Syrie

où fiirent fondc'es Antioclie et deiis villes nppe-

Ides Seleucie. Cependant plusieiirs nvs, tels qiie

18 Bactrie, le pays des Partlies ,lk-ménie, se


( 55 )

détachérent plus tard de cet état; la Plienicie,

la Celesyrie, roisius dangereux, s'étaient déj:

jointes aux Lagides oii Ptoleméens d'1'Egyple:

Il ac uit le pliis d'importance sous Aiitio-

CI~US II?, al> el6 le Grand, de 224 à

P

187 ;CO*-

temporain d Annibal, il n'écliappa riiix entrepi.ises

decelui-ci cjtii marcliait sur fiorne qued'iin$

manière particuliere et par conséquent dangereuse

pour lai-mi2ine. Lesinonarqiies qui régnèrent

aprhs Antioclius surcet c'tat ont acquis ilne

triste celebrité par In persécution qu'ils firent

endurer au peuple juif qui se tronvait sous leur

domination. Depuis cette epoqiie leiir pouvoir

alla toujours en diiiiinuaut, et lors n'enfin pliisieurs

autres provinces s'en furent %3acliées, la

Syrie cleviiit sous Poilipée (64) province romaine :

et tel fut le sort de jresqae toiis les autres e'tats.

L'Eg te, la ~!i&nicie, I'Ile (le Cliypre et Ii

Lylie jevinrent le partage de Ptolemée 1 Lagusoii

Soter, et i'Egypte, comme siégc da commerce

du monde et centre de l'érridition grecojudaïque,

joua iin très-grand rôle. Toutefois,

Soter , Pliiladelplie, Evergetès , ces trois seuls,

constituent le sihcle célèbre des Ptolemécs.

Mempliis resta l'ancienne capitale et Alcsanclrie

rlevint In rc'sidence. Les cinq ports (le ce pays

sertirent !I l'expéditioi: des marcliaticlises de trois

arties du .monde, et le cglébre phare e'ciaira

Pentrée et ln sortie de pliisieiirs milIlers de vaissraux.

Il y avait dans le Briicliiuin et clans le

Serapeum des bibliotlièqiies irnmenses c?e rouleaux

de papyrus ;des trésors précieiix de l'anli-

[]iiité classicjiie'y ont trotive' iiri refuge, mais y

bnt c'té aussi dans la suite la proie dbOS flammes.

Lé musée Btait le siége (Pune importante ncaddie.

Il est triste cjrie la célèbre inscri ~tion dc

gosette (de l'an 197, maintenant eu ~nhetern),


( 56

date déjà du temps de la dc'cadence de l'empire.

La faiblesse des autres Ptolemées leur fit chercher

rin appiii à Rorne, et sous Cléopatre (30) 1'Egypte

aussi devint province roinaine.

Le troisième royauipe considérable fut celiii

de Macédoine; plus petit que les précédens, il

frit ,coinme siége priiicipa de !a rnonarcllie, le

premier d'entre eux; il n une autre importance,

c'est d'être tris-étroitement lié à l'liistoire de la

Grèce. Antipater qri'Alexandre avait chargé du

cornihandement des troiipes laissées dans la Rlacécloine

, avait sii lion-seilleinent inaintenir daus

l'ob6issance les Grecs, qui, après la mort d'Alexailclre,

voulaient reconquérir la liberté, mais

il avait si1 aussi se iriaintetiir contre Olvnipias ,

inère d'Alexaridrc. Cassandre, fils d'Aitipater,

fit (le inême; il sut niêine, par Demetriiis Plia-

Iére, qiii avait acquis une grande autorité à

Alliénes , conserver son influence siir cette ville.

Eii 302 seiileinerit Cassandre se fit noininer roi de

Biacc'cloine aiix depeils de la ficinillc d'Alexandre;

]nais sa propre fainille fiit bientôt de'truiie, et Deineîriiis

Poliorcetes, fils d'Antigone, monta siir le

trône qiie conserv6rent enfin après pliisiears &réneinens

les descendans de ce dernier. Il s'agissait

nv;int tout de soiimettre tle nouveau Ia Grèce, où

Atliènes ,par ses forces navales, dorini lie, par sa

yositioi~ et par soi1 coriiiiicrcc coi:se~.v~rent une

grande iiifliience. Cans la Grthe une fiii glorieuse

devait s~~ccetlcr à des oragei si noiiibreua, et

deux fit]-autles conleclérations se présentereut, la

coiif&clérntion Etolienne (284), et i'nncieune conf&cl&ratioii

Acliriïc1iie, à l~qrrelle se joignit en 281

seulemeut , Sicyone, piiis.Coriritl~e, et Atliènes

se ranima égaleinent, Danç cette dernière alliance

il se troiiva, en 213 Arntiis, et en 183

P)lilopoemes, Jiornines qui eiisscst ((6 dipilep


( 57 1

des nieilleiires &poques de la liberté grecque.

Les rois macédoniens qui suivirent Dcrnetrius TI,

Antigone II ,Pliilippe II, ne clierchèrent c~ri'à

exciter iine conf6dération contre l'autre, afin dé se

yeudre maîtres dc tciites les dciix. Le rilçue clc

Pliilippe II correspoiid au temps de l'agrandisseiiieiit

de Ronie ct ail temps d'hunibal clui s'allia

avec ce roi iriace'donien; ce qiii portflome

à mettre les Etoliens daris ses iute'rêts. Les

Achéens seuls tinrent yoiir le roi niacédoiiien.

Mais Quiutius Flaminiiis lui enleva ces ailies ,

en reconnaissant ûus Grecs, au nonides Romains

(I~S),la liberté et l'indépend;~nce, et la batn'ille

près decynos-Cépliales ( 197) brisa ln puissance

macédonienne. Aiusi ,ln siipr6inatie de la Grkc

et de la Macédoine passa à Iloine. Cependant

Persée, le dernier inonarque de ce royaume,

tira iine fois encore le glaive contre Rornc, niais

d'iine manière si niallieiireuse que Ic roinniii Paril-

Einile mit fin cet einpire par In bataille dc

Pydna ( 19, etRIetellus fit (148) de la Rlacédoinc

une province romaine. Les deus conf6cléralious

grecqiies finirent égnleinent par se dissoiidre ;

celle des Etolicns se (1Ctriiisit elle-méiiie et celle

des Acliéens f(it affaiblie, parce qiie les meille~irs

hommes d'entre cllcs, entre aiitres Polybe, fiirent

transfërés à Rome; Rliiiiiinius clci'triiisit cnsiiitc

d'une manihre liorriblc Coriritlie, et c'est ainsi

que fut anéanti le reste de la libci.tt! Srcccliic.

Des autres roynuiries qui s'étaiciit formés de

la monarcliie iiniverselle d'hlcxnntlre , nieutioiinons

encore ici Pcrpme, dans l'Asie-Jliiieiire,

qui se distingiia soiis les Eiii;ièries et les Attaliis

par sa litterature floriss3nte, petidaut peu tle

temps à la vérité, par scs bibliotIiéques et l'inventicn

du parclieinin; le Pont soiis les Rlitliri-

Qtes fiit c&lébre soiis le sisicme de ce nosi


( 58

( i 2 i à Gh) ,ce terrible mais ixallieureux ndversaire

de Rome, et Ic royaume Partlie des Arascidcs

est remanjuable par sa durée jusqu'en 226

a rès J.-C. Pendant cc temps il restait roujo~irs

litre, f orrnait la frontière dii grand Empire romain

et absorbait ln Bactrianie. Rfais la Bylhinie,

la Cappadoce, la ~aphlagonie,l'Arménie, ainsi

que la Juclée ,ces faibles restes de l'Empire d'&

lexandre devinrent provinces romaines.

La Judée faisait partie dc la Macédoine, puis

dc la monarcliie des Suleoci(1cs et ensuite de

celle des Ptolcine'es jusqu'en 203 ; elle revint

après aux Seleiicidés. Les grands-prGtres ct un

conseil supérieiir ,le Syneclriiim (le Sanhcdrin)

el même ses propres Etlinarques goilvernaient

cet état. Mais bientôt les rois Syrieus,

avides de s'emparer des trésors du temple, appesantirent

leur joug sur ce petit état qu'ils vouliirent

gréciser et ils vendirent !CS fonctions de

grand-prêtre. Enfin, lcs Juifs se révolthent avec

siiccès soiis la condiiite des braves niIacliabées

en 167, surtoiit sous Jiidas, contrc Antiochus IV

qui avait soriillé le sanctuaire avec de la graisse

de porc ; ils parvinrent pen i peu , non-seulement

à recouqiiérir la liberté, mais ils aggrandirent

le~irs pays par l'acijonction de Samarie et

de 1'Illuinée. filais des sectes religieuses qui s'y

forincrent devinrent des partis politiques : c'étaien

t cellcs de; Pharisiens, comme Ortliodores,

et celle des Saducéens qui étaient des novateurs ;

ces sectes occasionèreni uiic foule de contestntioiis

ni1 sujet de la domination ;lesRomains

intervinrent bientdt coiiimc arbitres et en l'an

30 ils établirent siir la Jiidée iin Iduméen, Herodes-le-Grand

,39 ù 1 après J.-C., et en 70 ils

détruisirent Jérusa'lein et alors la Judée cessa da

former un empire,


( 59 )

Les Romains, tonjours les Romains, finisseiit

par absorber les autres états connus, même Cartliage

et la Sicile, comme nolis verrons bientôt.

11s étaient parvenus ar leurs giierres conlinuelles

à s'emparer $:une grande partie de

l'Asie centrale, et à cause du commerce inari-

:inle ils avaient, dès 343, conclii une nouvelle

convention avec Carthage. L'e'galite' des citoyexis

était obtenue, mais les ricliesses également acguises

par les nobles, qui par 1; gagnèrent en

influence, firent naître ilne scission entre les nobles

et les plébéiens. Il est firobablc que dès-lors

déjà des combats sanglans cntrc ces ileiix partis

eussent eii lieii, sans les giierres longues q?i

se renoiivelaienl fr6qiiemmcnt et qiii occupaient

les Romains, (le manière qiie le moindre d'entre

eux put se proinettre cles avantages considérables

que ne lui offrait pas In paix. Ce fut surtout

la guerre des Samnites qui f~-a a à Rome le

cliemin dç l'asservissement de 1.1tafie'; les Samnites

la mirent à la vérite' soiivent en (langer,

mais ils Iiii furent nn pre'texte dont slit profiter

l'ambition romaine (343 2 %go);c'était la véritable

époque Iiér6iqiie de Eome ; alors brillèrent

Valère , Corvus Ciirius Dentetus, Decius

BIUS, le pèrc et le fils, Papirius ~iirsor , Fabius

, Maximus, etc. En 358 eut lieu aiissi la

soiimission du Latium, après un combal dans

Iec~tiel nfanlins Torquatus s'&tait signalé comme

ère sévère et général distingnc'. Quoique pendant

guerre des Samnites (322) une armée romaine

frisonniire fut obligde (le passer d'une nianière

ionteuse sous les Foiirclies Caudines, Rome tependant

fut dans ce inornent le pliis terrible ;

ne respirant alors que la vengeance il eut la

graride masime de ne jamais faire 1s paix dans

de pareilles circonstances mallieureuses. II eut


( 60

à conlbattre ilne foiile d'aiitres ennemis ; les

Etriisqi~es, les Umbres ,les Gaulois inais ne les

frappant pas d'iiii se111 coiiy et d'après un plan

uni ue il rie put aisément en trionipher. Enfiii,

les Iomains eurent pour la premiére fois afElire à

iin ennemi non italien ; car les Tarentins qu'ils

avaient attaqiie's à cniise de la cynique offense

hite aiix ambassadeurs roiqains , appelèrent à

leiir secoiirs P -rrllus d'Epire, ce roi aventurier

B l'ouest de la klncCiioine ( 280). Pyrrlius gagna

aii moyen de sa plia!ange et de ses 20 tiléplians

(le guerre pliisierirs Liatailles ; inais il n'en d6si~a

pas moins faire la pais avec Rome, pour n'être

pis r6duit t retoiii.iier setrl dans sa patrie y annoncer

ses victoires. Rltiis le sénat, qu'un anibiissadenr

coinpara 3 unc asseirible'c de rois, refusa

lri paix avec Pyrrli~is. Le sénat alors, ans! l

bien que Fabriciiis, son général, était incorrupl

tible [et inébranlable. Pyrrllus SC dirigea ensuite

vers la Sicile sans y obtenir lin anntage qnelconque,

et i son r,otorii. il f11t tellement Battit

par Curius Dentatiis qri'il sr: retira en toute liâte

dans sa patric. Ce siicci.s vnliit aiix Romains le

plaisir dc voir quatre e'léplians amenés en triomplie

dans Rome. Tarente se soiiniit en 272 et

cette soiimissioii procura aux Romains celle de

toiite ln Basse-Italie.

Pyrrliiis avait pense' avec i.aison qiie la Sicile

deviendrait pour les Roniai9s et les Cartliaginois

ilne véri~ablcpomme de discorde. Il était iinpossiblc

qiie deux grandes répiibliques se rap ro:

cliasseiit sans fraitement et se rcnçontrassent $ans

leiirs plans. Mais Roinc, dCjh maîtresse de 1'1-

talie depuis la Gaule cisalpine jnsqu'ati srtd,

pouvait sc inestirer avec sa puissante rivale, laciuelle

(le son côté poiivait avoir ses vues sur la

Basse-1tali.e pour la conquête de la Sicile, Alors


(61 )

corninencepar la Sicile la première guerre punique

qui dura 24 ans (264 à 241). Carthage était

iiiaîtresse de la mer, avait un trésor bicli garni

et des mercenaires autant qu'elle en voulait ;

Roine n'avait que son propre territoire et ses

armes victorieuses ;c'était LIU état g~ierrier oppose'

à un état marcliand.

Les Carthaginois étaient parvenus après de

longs combats à frendre pied dans ilne partie

de l';le; Syracuse es bravait toujours avec bonlieur

1or;qu'ils cliercliaient à pénétrer plus avant.

Après avoir été vigoiireuseinent repoussés par

Timoléon, le plus beau caractère de répiibiicain

(lue présente Iliistoire ,les Cartllaginois elireut

d'abord dii siiccès , qiiaud le liardi avcntiirier

Agatocles s'empara dri gouvernement dc Syracuse;

celui-ci transporta bientôt la guerre en Afriqiie

(on iiilita lus tard cette tactique) et imposa la

P

paix aux Cartliaginois. Après sa mort ses mercenaires

(les blamertins) prirent Rlessana ,apqe-

Iée arijourd'liui Rfessine, et les Cartliaginois s a-

vnncèreut (le nou\*eaii devadl Sy racuse. Le succès

dc Pyrrhris contre Carthage ne fut qrie passa6er,

maisBierou qui battit les Mamertins devint rot de

Syracuse, en 269, et.au commeiicement de la

guerre punique, après avoir favorisé les Curthaginois

coutre les Komains, il ftit forcé par ces

derniers dc passer de leur cOté. Les amert tins

ayaient 'laissé entrer dans leur ville les Cartliaginois;

mais mécontens bientSt de ces hOtes, ils

ft~rentobligés d'invoquer le secours des Romains

qui, uon-seulement s'emparèrent de blessana,

mais forcèrent aussi Hieron de Syi.aciise à faire In

paix et même à contracter une alliance avec eux.

Cependant, pour expulser compléternent du pays

l'enuerni ,les Romains firent leur première flotte

de guerre, d'après le modèle d'une galère car-

6


( 62 )

tliaginoise qiii avait écliou6, et ~uiliiis inventa

les grappins d'abordage, afin qiie les Romains

tissent combattre comme s ils étaient siir terre.

BieniBt les eolunzna rostrata embellirent la preniière

victoire navale remportée (2Go) par les

Homains sur les Cartliaginois ;une seconde victoire

suivit bierilôt, et Attilius Regriliis put ti'ansporler

ensuite la guerre en Afrique. Mais Xantippe

le Spartiate ainena à temps des secours en

lionirues aux Cartliaginois qui battirent Regulys

et le firent prisonnier. L'éqiiilibre fiit qinsi retabli,

mais la guerre sur iiier eifdevint plus vive.

Metellus y battit As(lruba1; les Romains à leiir

tour sou@rircut aiissi plusieurs défaites ; enfin,

Luctatius Catiilus parvint, par ilne nouvelle victoire

navale sur AmilcarRacras, à im oser eu 241

la paix aiir Cartliaginois. Par siiite d>e cette pair

les Cartliaginois abandonnèrent la Sicile et q~elqries

petites îles, et oiitre d'aiitres conclitions ils

se soumirent encore à payer 2,200 tdens, euvirou

trois millions &écus. Amilcar doit avoir rdyanclii

des larmes en soi~s.crivant à une pais aiissi

onéreusc ; le séuat romain s'est sans doiite réjoui

d'avoir siiivi le conseil patriotique de Rcgul~is

prisonnier, de ne pas fairella pais dans l'adversité,

c iioique le nialheureiix liegiilus pay,$t ce

conseif sage par une cruelle mort à Gai-tllage.

Cartliage perdit par celle paix non-seiilement

la Sicile, niais encore la domination sur la Médi

terrane'e , puisque Roice aussi avait maintenant

une force navale formidable. Les finances

de la république marchande se trouvèrent épuise'es;il

en résulta une re'voke parini les troupes

mercenaires, et comrrie les liabitans ne poiivaient

supporter le joug qui pesait sur eux, il y

eut iine guerre civile; cnfin, les Romains enlevèrent

la Sardaigne aux Carthaginois en pleine


( 63 >

paix. Des dissentions intérieiires entre le parti

r pi il aire ét celui du sénat, oii entre Amilcar et

hannon-le-üraiid vinrent eon~pliqi~er les eirconstances

critiques dans lesqiielles se trouvait

Carthage. Le parti

eut le dessus;

et le projet tlc la conyiiête de l'Espagne ails

riclies mines d'argent , comme coin1)ensation

pour la Sicile et la Sardaigne, petit-être polir

devenir la propriété d'Amilcar et de son parti,

ce projet passa ; mais ce devait aiissi 4~re +une

occajior d'iine nouvelle guerre avec Roine dont

le pre'texie ctcvait se présenter tôt oii tard. Aniilcar

avait mené it la guerre d'Espagne son fils

Annibal, apr6s lui avoir fait jurer iiile Ilaine dternelle

ails liomains. Amilcar et Asdrubal parvinrent

A soiimettre le srid de 1'Espagiie ,]ilSqu'k

l'Ebre ; les nomaiiis avaient stipiilé dsns leur

traité avec Cartilage que cette province, de

mente que Sagonte, serait respectée, et Annibal,

dans la inaison cliicjuel la giierre contre Rome

était en quelque sorte une politique héréditaire,

fonda Carthagène. Il succéda à Asdrubal dans

le coininandernent de l'arme'e victorieuse en

Espagne.

Rome, aprtis avoir fermé en 236, pour la première

fois depuis 437 ans, le temple de Janus,

toujours ouvertpendant les guerres, Rome avec sa

iiissante nrntéc liavale, avait, pendant ce temps

RiIrnilie I'Illyrie, cet Btat de pirates, et'fai~ ilne

nouvelle perle glorieuse à ses voisins du nord,

les Gaiilois, les Bojers , les Insitbres, el avait

foiid6 des colonies dans le pays conqiiis (Gallia

yogata), telles que Creinone , Placentia. La

conqiiGte de l'Istrie (221) assura compléteineiit

la doinination romaine dans le nord de l'Italie.

niais voilà qii'Anniba1, iîgé de 25 ans, se lhve

pour enlever au? Romains toutes ces con quêtes et


(64) -

pour effacer la honte qu'avait imprimée àsa patrie

le preinière guerre punique ;c'était iiu jeune lion

q~ii lie tarda pas i faire tremble: Roine. Annib?l

avait déjà coinbaltu avec succes avec ses Aî'ricain;,

avait, malgrc' le traite avec Rome, pris

Sagonte et avait passé 1'Ibère. Rome, indignée de

cette infraction aux traités, envoie une d6piitntion

à Cartliage. Sapporle ici la paix 'ort id

grterre, dit Fabius , chef de l'ambassade ,levalit

lin. pau de sa robe, choisisses! Choisissez vousi~zê~~ze,

réponcli t le se'na t cartilaginois par l'organe

de son prc'sicleiit ; Eh bien! rel-evei ln

guerre, réplicjua le Romain, eu secouant sa robe,

et Roine déclara ainsi la guerre i Cartliage:

La deuxihine guerre l~unic~uc (218 201) transporla

le tliéitre de la guerre à ln foin en Italie 2t

en Espagne d'abord, et en Afrique seulemerit

en 203. Cette fois les Romains furent eu partie

rédiiits 3 la ùCfensive ; cette maniére de faire la

guerre letir ftit moins avanttigeilse qiie la giicrre

offensive. Annibal se mit en marclie pour passer

les Pyrénées et se rendre dans les Gaules

avec une arniée de go,ooo hommes et 12,000

clievaiix , armée qu'il avait forinc'e et cpi'il pouvait

nommer sienne; il alla jiisqii'à 1'Ebr.e sans

trouver d'obstacles, et de là jiisc~u'aiia Pyrtt'ne'es

où il eut 1 combattre les naturels du pays. Lorsqu'il

descendit les Pyrénées, son armée se troiivn

réduite i 50,000 liommeç (le pied, 9,000 cavnliers

et 37 élél~lians.II évitait iin conilxit avec

les Iioinains sous Pabli~is Corneliiis Scipioii,

arvint presque sans coiip fe'rir au Rl~ône et de

Fa :i gravir les Hautes-Alpes (le pctit Dlont-

St.-Bernard), d'où il put montrer scs soldats

les riches plaines arrosées par le Pô. Il y parvint

non sans une peine inexprimable et après avoir

perdii plus de 30,000Iiommes arec In plul'arl


( 65 )

des éléphans et des clievailx, pour lesquels il

fallait &abord percer des roiites, et il pariit en

218, pour la terreur de Rome, avec 26,000 Iiommes

dan; la laine de la Hnutc-Italie. Ti.oi8 bntailles,

près fe,Ticinus, près TreLia et près dii

lac de TrasiinGne firent périr (218, 2 i 7) un égal

nombre de troupes consiilaires et ouvrirent à

Aiinibal le cl~erriiii (le Boine. Nais sricllruit combien

sa propre arince était affaiblie et que, saris

instriimens de siége il ne po:ivait vaincre dans

Ieiir ville les Romains qiii se battaient eu désespErés,

Ar~nibal préfëra de passer dans,.ia Basse-

Italie par Apiilie , pendant que les i\o~iîains

avaient iiomriié proilictateiir Fabius Rfaxiilius

(Ciinctator), qtii, seinblable à iin nuage sur les

montngncs accompagnait priideinrncn t I'arixiée

d'Annibal et qu'il fajliit inêiiie prendre sans

IP l)récaiition qu'eut Annibal rle tromper l'ennemi

par des t:iiirenux auxqiicls il attticlia des

Lr.:incloris. Aunibal, tout en ravagea~iles terres

(les Romains, avait sagement fait respecter les

biens (le Fûbiiis , c'es, pourquoi le sén:it soupe

conneus qiii ne pouvait pénélrer la sage lenteur

de FaLiris tlonila la moitié de l'arme'e avec une

~xiissancc dictato;iaie à Minuciii~, gétiéral de la

cavalerie (inagister eqriilrirn); cclrii-ci fiit aussirôt

b;ittii par Annibal, et sans Fabius il aurait

été anéanti. Les consiils uoiivellemciil entrés en

fonctioiis ( 2 16), Palil E~iiile et snrtoiit l'ardent

et imprurlent Terentius Varro, vouliirent terminer

la guerre par iin combat de'cisif, mais ils

furcnt terribleinent battiis près de Cannes. Paul

Einiie périt, Varron parvint à fiiir avec un petit

noi~ibre; arrivé à Rome, le se'nat le remercia viveinent,

malgré la mall~eureuse issue du combat,

de ce qri'il n'avait pas désespéré du saliit de la

patrie, 7uod de reyubliecr nu!& des1~er~s$et, Ap.


hibal n'alla pas. encore à Rome, mais il réunit

ses forces à Capoue dans la Basse-Italie, négocia

avec Pliilippe de Macédoine , parvint à. mettre

le aoiiveaii roi de Syracuse dans les intérGts dc

Carthage. C'est ce cjtii engagea Rome à envoyer

une aririée en Sicile soiis la conduite dc Rlai-cellus

; après un siége de trois ans (214 à 2 r2),

cette armée pai-vint , malgr6 les machines inventées

contre elle 1)ar le grand mathc'maticien

Arcliimèdc ,à prendre Syracuse ; lh tlessiis toute

l'île et indme la Sardaigne devinrent des provinces

romaines.

De Capoiie, Annibal pénetra en 21I jnsq~ie

dans les environs de Rome, mais après l'rivoir

vue (le loin, il fiit obligé par un orage melé de

grêle de revenir srir ses pas ;de manière qiie les

Romains en frirent qiiiitt~spour la peur cllie leur

insy irèrent ces mots : Hncnibal arrte portas.

Mais Annibal perdit aiissi Capoue, ct ce qu'il y

e:it de plus iiial1leureu)r pour lui. il perdit l'espoir

dont il se flattait, clui &tait l'arrive'e de son

frère Asririibn1 avec de inoiivelles forces venant

de l'Espagne; Asdrubal avait été complétemeut

battu pc&s de Sena ( 207 ) et sa tête coiipée parvint

setile à Annibal. Celui-ci vovant claireinent

le sort qiii liii était rclscrvé h Cartlrage, ne songea

plus qu'A se retircr dans la coliti.de ln plus

recijlée, ail sii(! de l'Italie, et de se teiiir cntièrement

sur la tléfensive ; car en Espagne aussi les

Roinains après bien cles cle'f?ites, avaient appris

à vaincre sous le jeune P. Coi.ncliiis Scipiori.

Scipion doiit le génie giierrier est gc'iiéralenieiil

reconnu, conquit de 210 à 206 toute l'Espagne

carthaginoise jusqii'à Gades, et sut se ménager

en Aîri ue des inrelligences avec les ennemis

de car;fiage ; ces intelligences fiirent d'une

grande Importance pour lui, lorsqu'il parvint


( 67

ii engager Rome ù lui permettre de transporter

en Africliie même, la guerre avec Cartliage. On

ne convoit pas comnlent les Cartliaginois qui

dans la siiite eiirent encore 500 vaisseaux h livrer,

ont laissé trancluillement Scipion faire

voile onr l'Afrique et y aborder, et ce ne fut

qiie %os le retoiir précipitd d'Annibal pour

llAfriqiie, retour <fiii a dû être pénible- polir lui,

priiscju'il quittait e théitre de ses succès jeridaot

16 ans; c'est dans ce retoiir que carJiage

trouva le seul mnyen de salut. Annibal l>tant revenu

eut avec son cdlébre adversaire une copféreoce

qui n'eut point de rhltat, et il Ait forcé

d'accepter près cle Zama (202) iine bataille qiil

décida en faveur de Home. Les Cartliaginois se vireui.contraints

d'accepter 1a paix aux conditions

]'rescrites par les fiers Romains. Par suite de cette

aix Cartl~agc reoonca à toutes ses possessions

lors de L'AErirliie, livra toiis ses éic'phans et ses

vaisseaux, à dis trirGinesprCs, et proniit de payer

10,ooo talens, environ trente millions, à: des e'po-

(pies fixes; sans le' consentenient de Rome, Car-

[linge lie devait pas poiivoir eutamer iine guerre

t rendre ail roi nuniide RIasinissa les possessions

Ipii avaient a pparienu à lui ou 3 ses nnci2ti.e~.

Ilorne se trouva siiflisamment dédomiiia$e

$orir ses sacrifices et ses efforts Jar l'einpire assoi.&

stir I'ltalic, de la Gaule disalpine, par ln

~onqucte dc la Sicile, de la Sardaig~ie, de in

corse ct de l'opulente Espagne. Cette grand(:

r<p;~l;li~nemilitaire élait fh terrible ; pliis ter-

'ible encore fut, au rriiliea cl'elle, le sénat eseravec

persévérance iinc yolitiqiie de fer, poque

les victoires des armes romaines rcnencore

pliis ine'branlable. Un tel état derait

devenir l'ennenii naturcl de tous ies dlats

rocore indépeiidans.


( 68 1

Comme c'était la maxime dri sénat d'attaqtier

l'ennemi dans son propre pays, et qrie ce fut le

tour de cliâtier Philippe de RIacédoiiîe, à catise

de I'iniyrudence [l'il avait eii de faire une alliance

arec Auniba 9, une armée romaine serendit

en Epire et comrnenca la guerre ( aoo i 197)

La batciille prCs de Cynosceplialz se décida en

faveur de Qiiintius Flaniininus et des Romailis,

197, et amena polir eux rine paix riche en ~011-

séquences lieureuses. La Grèce avait de'jà ailparavaut

été déclarée libre; mais des coirirnijsioas

d'inspection trés importunes laissees da115

le pays par les Rornai~is,leur permirent desc lx*

ler toitjours des affaires de la Grhce. Bieulht

a~rèscoinmenga la guerre .contre Antiocliiis

$rie, qiii alnit également fait aliiance avec Carthage.

D'abord celle-ci se vit force'e tlc çougddier

Annibal qui étaitparvenu L se mettre i la tête

de l'état, et avait retabli lesfinances crie La der

nière giierre avait tout-;-fait (le'labre'cs; incil'

comme dans ce poste aussi Annil):il ne polivar'

manquer tie se faire (les ennemis, Cartliagc

sentit pas (l'abord le sacrifice exigé par les Ro'

inains. Annibal se rc'ftigia auprès tl'zintiocliii

en Asie (195) , qui l'arciicillit d'abord avc

distinction. Cliassé par Glabrio c!e la Grece 01

il avait pénétré, ce roi avait 616 battii trois foi

siir nier et avait elifin été ( rgo) cornp1t;teiii~o

vaincu prés dc RIagnésie par L. Scipion, qiii 1.

iiiit Iiors de combnt. Annibal donna à Antiocl~li

le conseil de porter ln giicrre en Italie, mais 1

jalousie des co~irtisaiis ayant rendu Annibal su'

pect à Antiocliiis, il se réfugia en Cri'tc, p1!,(

dans In. Bythinie, aiiprès du roi Prusias III; IJ

aussi poiirsiiivi par les nomains, il s'ernpoisoi~~

pour mourir aii moins en Iioinine libre. Ain;

~uoiirtità l'âge de 65 acs, 153 ans avant J.-(\


(69)

et 569 qrhs la fondation de Rome, Annibal le

dcruier grand Cartliaginois ;ce fut dans la même

aunée que moururent aussiPliilopémen, citoyen

de di&galopolis, le dernier grand Iioinme grec,

Plarite et Scipion-l'Africain , rival d'Annibal ;

de tels hommes n'ont été en grand nombre dans

aiicun siècle ! Les Romains combattirent à la

même époqrie avec iin égal bonheur en Espagne,'

en Ligurie et contre les Ganlois,.qui s'étaient élablis

dans la Galatie et dans l'Asie-Mineure.

Nais le! succès iniportans dans la giiewe,

les richesses immenses, les nombrenx étrangers

et les esclaves qiii se trouvaient à Rome, n'avaient

pas eu une inflr~cnce favorable sur l'es rit

dii peuple, ni sur Celui du sbat. Les grands lcipion.eiix-xii6ines

succombèi-ent aux intrigues de

Caton-l'Ancien, di1 reste si sévère. Uii parvint

bien à de'fendrc. les bacclianales dont oti venait

de-découvrir l'existence, mais combien n'y eut-il

pas d'abus non découverts ou non réprimés !

( Scipion ou Carthage vaiueue, 20% avant J.-C. - du monde,

3802 ;de la fondaiiou de Rome, 552

La deuxième çiierre macédonniene contre

Persée se termina par la bataille de Pydna (168)

et par I'incorporation de la Blacédoine comme

province romaine. Il en fut de in6me [le la Grece.

Là où les Roninins so présentaielit corrrme arbitres,

on pouv:tit prévoir lerir domination; ils

firent naître des dissentioiis. porir Are appelés

:NI secoiirs par un des partis ; ils favorisaient les '

faibles contre les puissans et mêiile ce qii'ilslriissaieiit

à leurs alliés, en quelque sorte 1eiirs.valets

d'armes, ils ne le considéraient que comme

un prdt. Cartliage aussi devait à son tous succomber

et en elle devait s'écroiiler la seille puissance

que Rome eût 5 craindre. Depuis long-


( 7O )

temps le vieys Caton avait termine tous ses dis-

cours par ces mots : et je conclus qr2ilfaut &-

iruire Carthage (ceterttrn censeo, Cu~lhaginern

essadelendam). Carthage s'étaitreniis (le ses liertes,

mais avait aussi soi-neuscment évité toute

occasion d'exciter la col$rc de Rome ; c'est poiirquoi

les Romains qiii avaient à cœur l'anéantissemen

t de Carthage, excitèrent eux-mêmes ait

moyen d'un efïroynble tissu de ruses et de perfidies

dont ils avaient eiilacé la r&piibliclue, la

giierre par le roi Masiiiissa de Numidie et s'dcrièrent

alors :La pais avec nome est viLlée!

Les Cartliaginois clierclihrent bien vite à apaiser

les Romains, mais deux consiils se rendirent en

Afrique avec une armée (ih9), demandèrent d'abord

300 otages des meilleurs maisons, piiis, qil'on

leur livrât toutes les armes et les miinitioiis de

gucrre, et aurés avoir ainsi Ôté à cet état les

moyens de & défendre, il exigérent aiissi la destruction

de la ville et la colonisation des habitans

dans l'intdrietir du pays, loin de la mer et

par conséquent sans commerce maritime. Le désespoir

s'empara des 700,ooo habitans ;on résolut

à Cartliage de mourir plutôt qiie d'abandonner

la ville. Les poutres des maisons furent

transformc'es en vaisseaux; tout le mc'tnl qu'on

troiiva fut converti en armes et l'on se servit de

la chevelure des femmes pour tendre les arcs.

Une armée de mercenaires nuinides. soits Asdriibal,

tint les ennemis éloigne's (le la ville, cliii rdsista

pendant (leas ans, et qui ae succomba que

dans la troisi6ine annde dri sidge dirige' pif

P. Cornelii~s Scipion, ge'néral d'lin talent et d'une

bravoure distingii6s. Pendant six jours oii continua

de se battre dans les rires, ensuite la ville

fut réduite en cendres liar un incendie qui durd

dix-sept joiirs, Elle cessa d'exister! Sur ces raipej


( 71 )

Ie noble Scipion s'assit en pleurant, ayant Asdrribal

à ses pieds et faisant entendre ces ~aroles

liomériqiies qui fout alliision à Rome :r dn jour

viendra et Troie-la-Sainte s'écroulera; Priam luimême

tombera ainsi qiie le peuple du roi, habile

à manier la lance! 1) Carthage et ses environs devint

sous le nom (l'Afrique une province roniaine.

Dans la même année succomba aussi la célébre

Corinthe, sie'ge de la confétlérntion achaïqiie,

ar lc fnrouclie Içliimmius qui fit jeter en fonte

res m agnific~ues trésors de l'art qui y étaient en

trhs grand nombre. Tliébes et Clialcis sur l'île

d'Eubée eurent le mênièsort. La Grèce comme

province romaine porta le noin d'Achaja ; la

Macédoine était alors depriis deux ans déjà incorporée

à Rome. Bientôt apr6s les Romains

eurent à soutenir un combat [le 1iii;t ans contre

les Liisitanieils sous Veriailiris, dont les vainqueurs

de Corintlie et de Cartliage ne parvinreut

à se défaire (140) qu'au moyen d'lin assassinat;

ils eurent aussi i c-ombattre Numance,

aujoiird'liiii la Castille, qui après iine défense

de 14ans, et qrioique affamée, iit bien être détruite,

,nais non sl~bju$uée (135); les derniers

liabitans de la ville l'incendiérent eux-meines

et s'y brûlèrent. Une sanglante insurrection de

70,000 esclaves en Sicile, le grenier d'abondance

de l'Italie; insurrection qui eut poiir chef Eunus

et où 13 vengeauce des droits de I'hümanité

oiitragée soiitenait le courage des révoltés,

Qc put être entihrement cioniptée qu'ail bout

de quatre ans, et nprés qu'on eut &gorgé 20,000

d'entr'etix.

Les Romains eurent à peiue clompté les Carhginois

qu'ils attaquèrent de nouveaux peuples,

et parurent dans toute la terre porir tout

envahir. Après l'abaissement des Çartliaginois,


( 72 1

ajoute Montesquieu que nous citons, Rome n'eut'

presclue plus que de petitesguerres et de grandes

victoires, ati lieu qu'auparavant elle avait eu de

petites victoires et de grandes guerres. .

Ainsi cette Rome si petite encore il y a deux

cents ans, posséda maintenant outre . l'Italie ,

les provinces de la Sicile, dc la Sardaigne, la

Corse, l'Espagne avec le Portugal, YAfrique, la

Ligi~rie(Genes), la Gaule Cisalpine, la Macédoine,

l'hchaja et l'Asie ( l'Asie-Mineiire où

l'insensé Attaliis avait IGgué aux Romains Pergame,.son

empire ). Ces provinces fiirent administrées,

mais soumises Sussi à de terribles concussions,

par d'anciens consuls, des préteilrç,

munis de pouvoirs civils et militaires, qui, à la

vérité ex iraient à la fin de l'année ;mais d'autres

les remp/& aient, la plupart parivres, car il fal-

Irit souvent épuiser une fortune consi~~rablc

pour obtenir un emploi, puis ils s'en retournaie:it

riches coinine m rés ris. Les questerii.j

étaient leiirs receveurs généraux; des troiipes

romaines occup aient les provinces Cori iiises.

Les revenus de 1'Etat aiiginentaient considéra-

CI

blement. Mais di1 moment que les giierres audehors

devinrent plus rares, il coninienca à se

manifester dans la capitale même des cornrnotions

tres dangererrses, car tandis que quelquesuns

s'enricliissaient beaiicoiip, une popilllttion

nombreuse sans propriété et sans amorIr (111

travail voulait pourtant vivre. Pour contrelialancer

cette aristocratie liéréditaire des patriciei)s,qui

savaient se maintenir presque exclusiyement

dans la possession des emplois les pl11s

lucratifs et de la plus grande iufluence siir le

sénat, des tribuns dii peuple s'élevèrent bientût

comme puissans démagogues ; ils insistaieut

sur un meilleur partaGe des terres de 1'Etatl


73 1

Ainsi le tribtin Tiberius Semproniuç Gracclius,

e'pollx (leCornélie, fille de Scipion l'aînd et enmite

ses fils Tiberius et CniusSzmpronius Gracclius,

illustres par leurs talens, se déclarèrent siiccessiveinciit

polir le , enti-eprii-ent de renoilveler

llancienrie ~ ~ k n isiir a l'acquisition ,

des terres ; ils cternandaient atissi le partage des

trésors léçiiés ailx Roinains par Attale, roi de

PerSnine ( 134). filais les projets les plris &quitabfes

en favciir dri peiiple inallie~ireux, troiiv2-

rent les plus violentes contradictions chez les

riches aristocrates, qui excitèrent des tiimilltes

où périrent les deiis frhrcs :avec plusieiirs milliers

cle Iciirs partisans ( 133 et 121 ). Les donaines

de i'Eiat ne furent pas répartis de noiiveari,

et les tr6sors (l'Attale lie furent pas donn&

au pcuplc; le tribunat nc fut pas renouvelc'

poiir les anciens tribuns; lcs pctiples de

1'Italieu'obtinrcnt pas lc droit dc citoyc~i. C'est

ce qni amena la corrripiiou des iricciirs, que ni

les lois contre le Irixe, ni celles contre le calibat

cilcore pllis afièctiontid, nc piircrit faire dispai'aî1i.e.

A cette corrrip:ion des iiiai~rs vinrent

se joindre I'assassinat des citoyens, lave'nnlitc',

et dans les provinces, la couciission lnpIiis de'sordoiin6c.

Lcs voliiptc's des contrc'es brî~lantes di1

3lidi et cle l'oïi~lit, devin~eiit très frc'qiientes

d:iiis Slorne. Le pciiylc indolent ne prit être éinri

que par Ic spectacle (les gladiateurs et par des

corribats d'auimatix ; personne ne vorilail travailler,

c?iaciiu\oii:nit avoir (les jouissances. Des

niiltiers ct'étran~rers et rlliiidigi.ncs, recllcrctiaiciit

avideineiit In vck dcs pliis obscurs citoyeris; on

vit cles rois meridiaiis ct cles mendians roya~ix !

mCme le skt, autrefois si respec\able, fut enhlii

par la rorr~iption,parce ciii'il n'était plus


( 74 1

conduit que par l'esprit de faction et par f'dgoïsrne.

lAa guerre contre Jiigurtlia, fils adoptif de

Blicipsa et petit-fils de Massiiiissa cZe Niirniilie,

fournit la pretive de ce que nous venons de dire.

De deux coiisins qui, ciescenda=ts de son bienfaiteur,

volilnien t sc partager l'enipire, il en assassian

lin. L'autre SC réfiigia i Roine et demanfla vengeance.

RIais les anibassadeiirs (leJngurtlia, allaient,

cliargc's de boiirses bien garnies, voir les

se'naterirs ct en raclietèrent la coli..re officielle.

Uue comniission romaine se rendit cn Afi-iqvie et

X>$,

artûgea le paysde JiigurtIiaentre ici et Adlierle

cousin qui ii~ait s~irvacii. Mais aiissitBt

Jugiirtlia asjiéçe ce tlernicr à Ciria, le fait prisonnier;

piiis il le fait mourir, pendant que les

ainbassadeiirs corrompus de Rome se contentent

de s'emporter contre cet acte. Un tribiiu (lu

peiiple accrisc la lâclie corriiption dii sénat. et,

])oui- sauver I'lionneiir, une armée cst envoyée

en Afriqtie, soris Calpuriiiiis Bestia ; mais pour

de l'argent le sénat accorde la paix. Les tribiiils

attac~iieiitcelle condiiite ; Jiigurtlia est appelé à

Roine; il y arrive cliargd d'or et a l'aud3ce d'égorger

presque sous les yeiia du se'nüt, Rlassiva,

autre desceridant de Rlassinissa et qui liii pûriit

un suc*cesseiir redoutable. Rlais il avait uii sarifconduit

et pouvait retourner en Afriqiie. u La

ville, dit-il en partant, est à venctre, il ne Iui

~xi;iilqne gu'iin aclieterir ! n Une ariiic'e consii-

laire le siii t de prks, ir~aisellese laisse siirprendre

( Ics oficicrs eu connaissaieiit le motif), cerner,

passe sous le joug et te fait imposer une pais

clct'savantagetisc.On envoya ensuite fiiéteilus qui

fcit inaccessihie à toute corruption de la part

de Jiigiirtha; il le battit, Ie repoussa vers la

PJa~iiilnniect aiirait terminé In bruerre, si son


( 75 1

lieutenant C.IIarius, plébéien d'Ar iaiini, mais

distingué par sa bravotire et capnEle de tout

par son ambition, n'était parveiiii, en calomniant

nlélell~s, à SC faire nominer consiil et général

de l'armée contre Jugcrtha (107 ). Marilis

frit le premier à lever ilne armc'e de la plus basse

classe du yeuple, qrii jusqu'alors n'avait pas &té

jig!e apte au scrvice, et il partit pour I'Afric iie.

Alais sou qiiesteuiv, patricien riisd, ~ornb!iiis

Sylla parvint par des négociations avec HoccIius,

roi de filauritanie, gendre et allié de Ji:.giirtl~a,

à mettre celiii-ci au ouvoir (les Romains et k

son tour il enleva à &?rius l'lionnciir de la vietoire

(106). Jiigurtlia fiit.condiiit à Rome où il périt

clans un cachot.

Mais iin grand Iionneiir était cl'iiii autro côtc'

réserve' à l'orgiieilleiix Rlariiis. Depiiis i 13, des

hordes inconnues étaient venues di1 côlé (le la

mer Noire et s'étaient approcliées des frontihes

de l'Empire romain, et par leiir stature gigantesque,

par leiir brnvoiire, coinme par leiirs dévastations,

elles avaient répandu un effroi ge'ndral.

011nomina ces llordes les Cimbres et les

Teutons; les Ambrones, 1esHelvéticnsetd'aiitres

l)ol>ulations s'y joipirent bientôt. Ces premières

tribus nomades, surtorit les Teutons, étaient

d'origine germanique. Pnpiriiis Carbo, avec ilne

armée consulaire, avait déjà &té battri par

elles, près de Eoreja, et elles avaient pénc'tré plus

avant dans la Gaule iusqii'en Espagne. C'étaieiit

des préludes (le la plus gralide migration des

1)eiiples qui eut lieu pliis tard. Dans la (;ailleo

ces barbares battirent le consiil Jrinius Silanus.

11 n'est pas sîir s'ils oct demandé des terres, eu

s'engageant au service militaire. ÿiioi riii'il en

soit, plusieurs consiils succombZrent en lescoinbattant.

Poiir la premicre fois, personne k ROMP


( 76 1

ae brigua le corzsiilat. Enfiu, en r 04, nIainus,

vnixiqiieur de Jrigurllia, fut élevé à cette dignité,

et, à cause de la il6cessitG où l'on se trouvait,

il conserva lc consulal trois années de suite,

jiisqii'en 101. Il fut oblige' d'organiser d'abord

uiie arm& coiirascilse avec laquellc il batlit

en roa, les Teiitons et lcs Anibrones; il jes inil

ensuite en pleine deroute, aprhs iine bataille de

pliisieiirs joiirs prés d'Aix, d'abord les Ambrones,

eucriitc les Teiitons soiis le gigantesque Tciitobod,

dont en Allemagrle on croyait clans la suite

i.ecoiinaître les osscmeus dails ceiix d'un éle'pllanl.

Cependant les Cirnbl-es s'6i:iient diris!: cl'1111

riiitrc côte cti se prc'cipitnnt d'urie maniere tcrrible,

des Alpes rlic'tiennes dans le benii I J ~ S

de I'ltalic. Ils descendirent les glaciers sur letirs

grands boucliers en bois, détournèrent l'Adige

ourpouvoirln traverser plus facile:nent,et dans la

Entaille, iisaiinc~ièrent enseml>ie avec des clieîiici

iesprernières ligiies des co~nbattnns. riéjà lcconsi!l

Liictatiiis Catulus avait reculé devrinteiis ; mais

3Iarius se joignit h lui, et tous les deus, h la faveur

de letir positionavantaçeuse et de la tactiqiie romaine,

Ics battirent dnus les plaines de Raude,

]>rés de Vérone ou pi-LSS de Verceil. i\I&me les

ièmmes qiii se troilvnient avec Ics équipages, se

defendirent en dc'scspe'rées coutre les Iion~ains.

On prétentl c iie i40,ooo Ciinbres sont tombés

1

aloi-s; illais 1 effroi inspire' par les Cimbres et

1ciii.s cris de giierre, restirent encore long-temps

dans le sorivenir (les Iloii~niris. Cctte giieri-e nppele'e

Ciiiibriqiic diira cinq ans et vnliit ?I Rfarius,

à son rctoiir ti Ronie, lc titre de sauveiir.

C'est alors qii'eiirent lieii les cxploits des RiIaclinbc'es.

Depiiis la mortd'Alexandre, la Judécavnitété

saccessivernent gouvernée par les rois d'Egypte

et par Antisoqe; puis par Selerlctrs NNiccrru?e!


( 77

eufin par Antiochtrs-le- rand. Ce priiice perséciite

les Juifs. Son fils, contraint par les Romains

de renoncer 5 la coxiqüête de I'Egypte,

se venge sur la Jiide'e. Les siipplices les plus

crirels nttenc2cnt les fidèles observateurs de la loi

de Moïse. Alors Xlatatliias, prGtre, encoiiragc

s2.s freres consternés par la mort cl'Elkazar et des

sept fr2res DIacliabécs, et la tête d'une peiiie

armée, il corninence i délivreï sa patrie dii jorig

des Syriens.LYiiu de ses fils, Jiidas Rlacliabt!e, fait

des prodiges de valeur ; il est tiié par derri6re

dans iin combat. Son frére Siinon lui succEdc

dans le coinrnaiidemeut, et en re'compense de son

zéle, l'autorité de grand sacrificateiir et (le chef

de In nation est rendue liéréditaire dans sa

fainille.

Vers la mêine épocliie, uue noiivelle re'volle

t~'csclnvcs (104 h ioo) qui arclit éclaté en Sicile,

fiit étoiiffee, ait boiit de qiiatre ans, et bien16

après, Rlnrius parliut ü se faire nom:ner porir la

~isièincSois cotistil,-à l'aide de dciix déinagogues

fiirieiix qu'il Stit lui-inkrrie obligé par la suite (l'assiéger

daus le cii~iitole. Aiix troubles intérieiirs

vint encore se joindrc la guerre des allie's (90 ü

88 ), escitcc contre Roine par une çrantle pariie

dcs peiiples iialiqiies, pnrcc qiie, ay:iiit à siipy,orter

toutes les charges que leiir irnposait Honie, ils n'en

avaient pas Je droit de citc'. C'est poiirquoi, Iorsqiie

le tribun Drusus reuo~ivela le projet cleleur

accorder ces droits, et qii'h caiise de cette prol~osiiion

il fiit assassiné, Iri plupart des alliés (Ic

Iioine se r6iinirent dans i!n plan de faire uiie

norivclle rc'yribliclr~e de l'Italie, et dc faire c!c

Corfiniiim lit capitale de l'esipire, avec un sénat,

deux consiils et douze prc'teurs. Leiir aisniée

forte (le cent inille I~ominas inspira lcs plus vives

craintes à Iionie; cependant les généraus ro-


( 78

hain$ vainquirent, ou plitiôt ce fut la politiqiié

plus sage dii se'riat roinain qui permit de donner

gar pure générosité, ce qui bientôt après eût 616

snyerflu oit 1n6ine impossible. Les fidèles Latins

d'abord, qiiis les autres alliés, obtinrent eufiri le

droit de cité demandé.

Plus Sylla s'était distingue' et plus la liaine

de blnriiis en fut vive contre loi, et q11and

Mithridrate, ce grand roi du Porit, fit invasion

siir Rome, après avoir & l'iniproviste fait inassacrer

80,000 Romains en Asie, qii'il occupn

la Macédoine et la Grèce, proviiices romaines ;

qu'il inenaja l'Italie (88) et que Sylla obtint

le consulat et le commandement contre Mithridate,

3rIarius soutenu par la classe plébéienne

et par 5,000 gladiateiirs arinc's , se fit

noinmer, après le départ deSylla, général contre

ce mime roi. Rfais Sylla se Iiâta de ramener de

Capoue six le'gions contre Rome, y entra après

un conibat trhsvifcontre les partisans (le Rlarius,

proscrivit Rlarius avec les principaux de ses par:

tisans, fit ensuite élire poiir consuls son :iml

Caïus Octaviiis et Cinna qiii était l'aini de Marius,

petit être poiir maintenir l'éqriilibre dans

Rome, et il partit ensuite pour la Grèce, en qunlité

de proconsul. Nariiis n'avait éclinppé ai1

danger qiie par miracle et il ne fut &me yas

en sûretc' siir les ruines de Cartliage ; m:iis rappel&

par Ciiiiin qui avüi t été obliae de sori ir de

Rome, ils y rentrèrent toiis les Qeux avec une

arrriée avaient réunie, el cornniencèrent

un innssncre liorril~le contre le parti aristocraticpie

de Sylla; la popillace exaspGrée et tles CSclaves

iiiis en liberté, inassacrkrent tous ceux 3

cjlii nlarius furieux refi~sait de donner la main.

&lariils se fit poiir la septième fois nommer consul,

fit également nominer consul Cinna, pros-


( 79 1

trivit h son totir Sylla avec tout sou parti, et euvoya

en Asie contre Sylla une armc'e solis 'Valériils

Flaccus. Sur cés entrefaites Sylla avait

pris à l'assaiit Atlièncs, avait vaincu Mitliridate,

prhs dlOrclioinhnes et avait oblenu par force

une paix tr&s avantageiise (83).

Valérius Flaccus, anvaut qri'il n'attei6nît Sylla,

fiit assassiné par son lieu tcnan t, Firnbria, lequel

abandonné par son armée se tua liii-même. Marius

inonriit aussi, siiccoinLant sous le poids de

ses crimes et tle ses debaiiclies, et Cinna fti t tué

dauç Urie rébellion. Blais Sylla revint de l'Italie

avec une armée quiiie connut plus de frein, vainquit

près de Capoue, Papirius Carbo que lui

avait opposé le parti ddmocïatic ue de Marius et

C. 3l\larius, le fils. se fit tuer i hrxneste par un

ami; Sertoriiis s'enfiiit en Espagnc. Aprb iine

noiivelle victoire aux portes de Rome, le terrible

Sylla y entra (82) fi~rieux,h la têtc $une arniGe

furieuse. niaintenalit les proscriptions, les

assassinats ne frappèrent pas serileinentles partisnus

de Marius, mais qiiiconc~rie n'avait pas eri

de parti, quiconqiie était riche, &ait uii obstacle

quelqu'iiu du parti vaincjiicur. Les liordes

cl'assassins de Syllri c'gorgeaieiit avec oii sans

ordre, celiii qui lciir était désigné comnle eniieini

; Catilina se distingiin parmi les sicaires

de Sylla. César était di1 nombre des proscrits,

inais 'Sylla se laissa flécliir en sa faveur, « quoi-

(1ii'il vit en lui, disait-il, pliisieiirs BIariiis. »

Ilnfin le sang coiil;i par torreiis et qiiinze consuls

011 Iiomines consulriires, go sénateiirs, 2,800cllcdiers

et plus dc ioo,ooo citoyens périrent alors.

Les favoris dc Sylla, ses coiir~isanes, ses clian-

teurs, ses affranchis s'enrichirent consirlérablemec!.

Un certain Crassus aclieta dails les ventes

tant de maisons devenues vides, qu'il pouvait


( 80

pi*e.sclue loger laiiioitié de la population de Roine.

Sylla eiiroyü I'arinée forte de i20,ooo dans

17Etrurie, où elle cliassa les allic's de Borne de

1eui.s possessions ct forina les colonies dites des

ve'te'raus. Dix iiiille esclaves libére's ( les Cornéliens

), coinposaiclit la garde (111 corps de Sylla

qiii se fit nommer dictateiir parpétuel, et cjrii fit

de nouveau ilne constitutiou aristocratiqiie.

Prescliie jainnis Ics aristocrates n'ont rcinporti

uiievictoire plus sanglan te sur leurs concitoyens!

Au borit de deux ans, Sylici dét~osela dictature

(79) et de sou vivant, déjà Iiorriblement dévoré

par la vermiuc , il inoiiriit coiilme il avait

vécii !

Dans Ics provinces aiissi, surtout en Afrique,

le jerine Poinl~ée avait fait siiccoixiber le parti de

nfarius: en Espagne il fiit oypriiné au bout de

six ans de guerre par I':issrissiuat de Sertoriiis(72).

Sertorius aurait reiissi, s'il avait pi1 se reiinir à

Spwtaciis qui se pr6euta dans I;i basse Italie

la tete de 70,ooo esclaves et gladiatciirs, iiiais

ceiix-ci frirent défaits aprks des coinbats sanglans

par Crasstis et Pompke (71); Pertorius aiirait

encore eii des clionccs dc r6~1ssitc s'il avait pu se

jointlre à RIitliridntc, qui avait corninence ilrie

troisièine çiierrc dri Pont (74), inais bnttii par

Liictillus, et ciiti~rcmeiit tléfait par Pompc'e ,

Dlitliridate, garanti coiitre le poison, se fit traiispercer

( 64) par 1111 (;aiilois. Pompée parvirit à

parer à tout; ce fiit ailssi liii qiii terinina lieiireriseinciit

la guerre coutre les pirates clans 1'1-

saurie et Ilails la Sicile ( 67).

. Ce ii'cst clrie depiris la cliriie de Alitl~riclate,

que Rome se troiiva à l'apogée di1 l>onlieui.*

Mais il y avait cricore à co~iibaltre dans I'iutérieur

des ennemis qiii se révoltaient coiitre dvs

chefs, tels-que Pompée et Crassus, et en général


( 81 )

contre tout ordre des clioses, où leur ambition

lie pouvriit troiiver place. De là les trois conspirations

de Catiliiia (66 à 671, hoinme debaiicllé

qui attira facilenient dans son parti cles milliers

de prodigues ruinés, ou cles coiil~riSlespoui.suivis

pour (les crinies. Çatiliiia voulait fonder sa domination

sur les ruines de Rome et sur celle des

çs;inds hommes de la république. Mais sa troisième

conspiration fut dscouverte par 11. T.

Cic6i.011 (63), et anéantie par Antoirie dans

]'Etrurie; aprSs une victoire sanglante remportc'e

sur ce fratricide, Catilina et son parti y fiirelit

:iac'antij (62). En génc'ral, dans cette colossale

Rouie tout se inontre maintenant (liins de plus

~randcsproportions ; les vices cornine les ~erliis,

les prissions, la pauvreté ct la ricllesse. RIais

avant tout il se montre maintenant. dans Rome

lin rapprodiemeut vers l'oligarcliie ; cZe lh i la

lnonarcllie il n'v a que quelqiies pas.

illais trois lio~mese firent alors reinarc~iier à

Roine ; ces hommes ayant miitiiellemeiit besoin

l'un de l'autre, se réunirent potiï former le premier

triiiinvisat ; ce fiirent le riche Crassus,

l'lieureiix Pompc'c et l'ambitieux, niais brave

C. Jules César (Go), en da lit qiie le yin .Cicr'-

ron, le noble prodigue Luculltis, le se'vere republicain

Criton pouvaient être regardés coinme

les liommes les pliis importans aprks les trois

premiers. (:euz..ci se partagèrent les emplois et

les provinces; César s'attribua pour cinq ans

les deux Gaiiles, en-de+ et au-delà des Alpes,

ainsi qiie l'Illyrie. I'oinpée resta en Italie. Ainsi

pendant le teinps clue dura ce premier triiinivirat

il n'était resté ail sénat qii'iine ombre de

ouvoir ;les triumvirs s'étaient partaghntr'eux

le commandement des ILigions. Crassus alla

trouver qu. Orieut une fin dé~lorable.Yaiucu


( 82 1

par les Partlies, il périt (53)ainsi qtle son fils

et toute son armée dans les sables de la Mbopotamie.

César se présenta dans la Gaiile, conime

général, contre plusieurs peuples indomptés,

tels qiie les Helvétiens, les Belges et les Aquitains;

combattit cies hordes a;lemantles commandées

par Arioviste, pc'ne'tra dans la Germanie et la

Grande-Bretagne et y déposa le germe de giierres

futures :niais en niême temps il se créa une armée

qiii, lui appartenant, pouvait par lui 4ti.e

dirigee sur Rome ;déjà i: avait vaincu, peu à peli,

plus de 500 peiiplnctes; des trois millions d'liommes

que renfermait la Gaule, on en tua d'abord,

piiis on emprisonna et le reste se soumit. César

avait coutume de dire : le danger et moi, iio~is

sommes deux lions, mais je suis le yliis $gé. Il

avait obtenii, incyennant lin arrangement avec

Pompée et Crassus, le renouvelleinent de ses

fonctions degouveriieiir pour cinqaiitres années;

Pompée avait obtenu l'Espagne et l'bfricjue qu'il

fit gouverner en son nom pendant qii'il resiait h

Rome ; Crassus, poussé par l'ainbition , avait

entrepris, dans la Syrie, qiii Iiii était écliiie, iine

glierre contre les Partlies, où il pe'rit. Qtiand le

moment arriva où le coinmnndement de César

allait expirer, celui-ci demanda, qiioiqiie absent,

le consulat ;mais Caton et Pompée exigèrent de

s:i part, qu'il déposât le commnndenieut dont il

était revêtu et le licenciementde sonarmee (49);

piqi16clii refus qu'il venait d'Cprouver, il dit en

niettant la main sur l'épée : Celle-ci obtiendra

ce qu'on me refilse injustentent. 11 était instruit

de tout ce clui se tramait contre lui parles tri-

Biiiis qui se réfugihrent dans son canip, parce

que, comparé ail fier Pompée, on le regardait

comme le soiitien de la démocratie; et César

passa les Alpes, 4 la tete de trois légions et s'qr.


rita à Ravenne. Ayaut eu connaissance di1 dk.-

cret lancé contre lui et qiii liii ordonnait de

i~iiitterson armée, il passa le Rubicon, frontière

de la provincegaiiloise qu'il coinmendüit et qii'auciin

gh&ral ne devait sans permission dépasser

avec des troiipes. Il s'écria alors : le sort en

est jpté! L'lioniine qui préférait être le premier

clans rine bicoque, qiie le second à nome, ne

pouvait pas agir riutremetit. Pompde se réfiigia

avec le parti aristocratique dans l'A.;ie -Miueiire

et de 11 en Grèce. Ali bout de soixante jours

César était maître de Roine et de toute l'Italie

et par sa sage inodération commepar sa douceiir

il avait gagné tous les cœurs. Noinmé dictateur

pendant son absence, il abdique la dictü?ure ail

bout de doiize joiir;, part rle Rome et se rend en

Espagne polir battre d'abord iine aririée sans

(c clief et ensriite le chef ( Ponipée) sans rirrn6e.n

Après un coinbat pénible, niais Iieureux, il passa

en Grdce, fiit à la vc'rité hattii sur mer, mais atteignit

Poin1)ée près (le Pliarsnle en Tliessalie,

lorsqrie celiii-ci, sans profiter de sa flotte victo -

riciise, risqua iine bataille avec une arniée coinposée

à la Iiiite. Les coliortes allernacdes dans

l'arme'e de César décidèrent de cette bataille cagitale

( le 20 juillet 48). Pompde se rifuçia en

igypte ety troiiva la mort de In main des serviteurs

de la Coui-. César y arriva bientat aprhs,

et lcs lariries qii'il répandit sur la mort de son

rival llonorcnt son carac tère.

Cc'sar fiit donc seul maître de l'empire, et son

éIé\-ation à la dictatiire eut maintenant lin autre

dessein pour objet. Après avoir décidé, en Egyptc,

iitie coutestatioii ail sujet de la siiccessioii aii

trône, en hveiir de lti belle Cldopitre ,qiii vint

aiissi le voir à Roine, et, après avoir e'touffé une

révolle eu Asie, il alla Rouie ; de là ,il se rcn-


( $4 1

dit, b la Iilitc, en Afriqiie, où il vriiiiquit les partisaus

de Pompée : Scipion et Jiiba ; Caton

seul, ce fier républicaiil, prdvint 5 Utique, par

iine mort volonlaire, la fiircur dri vainqiieur.

César fit ensuite de la Kuinidie, roynrlme de Juba,

iine province romaine ; il alla ensiiite en Espape.

oit, dans la sanglante bntaillc d2 3111~des,

il battit les fils de t'ompée cl ane'nntit leiri

ûrinée ; ce fiit là clrie pour la première fois il s'a-

gissait polir liii de dc'lendre sa vie (45). Il ne s'el1

fallait pas bcaiicoiip que le triorn~)lic qu'il avait

c6lCbré i Iioine, ?.t son retour de la Grèce, dc

l'Egypte, de l'Asie, oii il avait si promptemeiit

i>atti~ le fils de nIitliridate, Pharnazcs, qu'il

prit écrire à Rome : veni, vidi, ?)ici; au retour

(le sa campagne contre Jiiùa, oii il déposa, daus

le trésor public, environ 80 inillions d'écris et

2,822 colirontles d'or; où il donna, à cliaqiie

soldat, 1,000 éccs ; aux ofIiciers, encore davantage

; h shaque citoyen romain, iine ininc (20

~CIIS); oit il paya , i cliaqne solrlat inerce'naii-e

(le Roine, 1:i solde d'iiiie aiiuée ; où il fit rcprhen

ter des jeux qiii diiraient (les sciiiaines

entiL:res, et clans lcsc~uels on repi.éscnla cles

combats sur mer dans cl'c'uorrnes boçsins creiisds

à cet effet, et des coinbats sur terx oii il fil engager

J ,200 liommes coiitre 40 élc'pliaiis tle

guerre ; où il donna iin repas, i tout le peuple

romiiin, clans 22,000 chambres, et oii il ioiirnit,

pour cllacuue de ces cllambres, tleiix pièces du

nieilleur vin ;il ne s'en fallait pas beaiicoiip qiie

ce miignifiq~ie triomphe ne fht prti'i~iatrirc!! Aprh

la bataille de filundes, il cc'lébra niissi I I triorilplie,

mais ce fut siir des concitopeiis vaiucus.

~

Césni- fut nomnie' dictateur i vie et empereur,

aiusi , inaître de l'empire, c~~ioiqii'il eût soin de

faire illusigii aria nioins clairvoyans , par lacon-


( 85 )

servalion des formes répriblicaiues, le peuple lui

fiit aitaclié; le senat poi-té par lui à

lires, dépendait de lui. II joiiit des p~~~~

l~onneurs;on placa sa statiie dans le capitole, à

c6té de celle de Jopitcr; elle portait pour ins-

cription :ri Cdssnr-,demi-rlicrr. Riais pendant qii'il

prenait hi-même c~uelqucs dispositions escelleiites,

et, qii'avec lesecours de Sosigènes, il s'occupait

à mieux determiner le teinps , par lin

noiiveau calendrier qiii porte son nom, son propre

temps arriva, Sous le voile de nianières fort

douces, inalgr6 la sagesse de ses lois et son zèle

pour le gorivernement, la coiiroiine et Iri monnrcliie

réelle araissent avoir été le but qu'il sc

roposnit. &loi qiiil en soit, il se trotirait dans

!esprit (le quelqiies Iiomnles, même de cetin qui

devaient la vie ri César, un ancien esprit rc'publicain;

exallés, ils donnèrent cours à leiii. sentiment,

sans réflécliir sur l'impossibilité qu'il y

avait de rétablir l'ancienne république , parce

que l'état, pnrvenri ii sa rnatiirité, élait monarcliiqrie.

N'importe. Bruliis et Cassiiis se mirent

\, la tete d'une colis iratioii qiii dclattr aiix Ides

de Mars (15 mars 4[).

Dano le rçnat meme, prhs

de la statue cle Pompee, Cdsar , qaoiqiie averti,

fut poignardé ; Briitus et d'autres le percent de

plusieurs coups au milieu dri se'nat. En moiirant

il s'e'cria doulorireiisement : et toi aussi , cron

Iils Brgutns. Le séiiat accorcla , 11 la ve'rité , aiix

metirtriers de César des goiivernem:ns,

lorsque

ces derniers lie savaient pas e1i.u-iriemes ce qui

allait arriver. Mais le consiil RIarciis Antoine, ami

de César, assemble le peuple, lit le testament,

montre la robe eiisanglaritée du dictateur et

pousse à iinevengeance sanglante, polir se meltre,

coinme démagogiie, à la place de César ;et en

effet , le peuple se soulève, les conjrirés pren-

S


(M>

Beht la ftiite. Brutus et çassiii~ se retirent dans

la Bii.liynie. Mais Anloine ne rcstû pas seul; l'liéritier

de César et son fils dcloptif , Ciiris Julius

César Octave, jeune lioiiinie de 18 ans , plein

d'liv ocrisie et. de ruse, clierclia ,avec sa fortune

et &fie de CL'sar , à corrompre le pciiyle, gagna

l'armée ct Cicéi.on , qui avait parlé contre Antoine

et el: faveiir tles meurtriers de César; Cice'ron

avait, comme grand orateur et grandliomtne

d'e'tat, be:iiicoiip d'influence , et il trompa

Antoiiie , qiii ,i son tour, le méyrisnit. Ce LIsent

Octave et Tle'pide giii se partagbrent l'ernpire.

Antoine étant parti pour la Gaule , province

qui lui était écliue, il fiit proscrit, et deii-r

corisiils, avec Octave, fiirent envoyés à sa poursuite.

Antoine fiit vaincu ;ce ne fiit pourtant pas

par la bravorire d'Octave, qii'oii dit s'etre caclié

JerriGi-e Id qliis gros de son arinée ;Antoine prit

]a fuite; inzis les consuls aussi avaient péri et

Octave se troiiva à présent inaître de l'armée.

Ccpeudant, Octave crut encore devoir concliirc

un triiirrivirnt avec Antoine et Lépide (43),et

continuer à partager les provinces avec eux ; il

jugea à propos de poiirsriivre , avec eux , les

nieurtriers de César , et ,en géne'ral, a'anéantir

tottt le parti republicain. Pour y arriver ,on

coxnmeiica par faire des p!*oscriptioiis terribles

à nome :octave sacrifia Cice'roii aussi à Antoine;

Fiilvia , feinme d'Antoine ,peisca ,avec des

aigiiilles brûlantes, 1;i langue dii grand orateur,

aprh son supplice (7 fkvrier 43). Ensuite, Octave

et Antoiiie se dirighent contre Briitiis et

Cassius, et, par iin f;iclieiix malentendri , se

croyant dc'ji vaincus, Brutus et Cassius tombèrent

dans les bataiiles sanglantes ,près de Philippi

(@), non par la main de l'ennemi, mais

en se tuant eux-mêines, Ainsi finirent les der.


( 87 )

hiers rêpiiblicains; ainsi finit avec eux la liberté

de Rome, Sextus, fils de Pompee , ayant aussi

succombé aprc's ilne guerre en Side.

Il ne resta maintenant aux triumvirs que de se

combatlre entr'euu. Le'pide ,le moiris consitlérable,

devint bientOt victime de sri vanité et cle

sa faiblesw, et qui1 ta la scbne poliiiqiie en qualité

de po~ztifexnzaxinztcs. Mais lorsqiie Antoine,

par la répiidiation de sa femme, la noble Octavie,

offensa dans Octave uu frère, et que, par le

don qu'il fit des plus balles proviuces de Rome j.

la coquette Cle'opâtre ,il offensa, ddns le même

Octave. l'homme (L'état , le sénat déclara la

guerre contre Cléop,ître elle-mêiiie ,poi;r saliver

l'apparence de républicanisme. Cléopâtre d&irait

lin combat iiaval, et les flottes sc rencontrhrcnt

près di1 cap d'Actium (le 2 septembre 51).

On combattait encore avec Lravoiire et rien n'était

décidé, quand Cléopâtre s'enfuit avec ses

vaisseaus, et qu'Antoine coiirut aprhs elle sans

profiter de son armée (le terre, se rendit eu-

fin voloiltairemeut. L'année siilvante , Octavc

battit Antoiue prés d'Alexandrie. Antoine, délaisse'

et tromp6, se tua lui-menie, et Cléorstre,

voyant qu'Octave resta inscnsible aiiprès d'elie,

se fit mourir par le poison ou par la piqûre (l'un

serpent. L'Egypte devint province roniaine (30);

Rome donna à Ocrave le titre d'Auguste, einpereur

on César ( R~rgp),et le temple de Jaiiiis

hlencore une fois fermé.

Rome ,pendant ce temps, s'&tait tellement

agrandie, que le princi1)al pays, l'Italie, ne const~tiiaitplils

gu&re qiie la ;>]ils petite partie de

]'empire. De cet empire, étendr: dans trois parties

dii monde, Roine, qui avait cleiiz millioiis <l'habitai,~,420

riies principales, 400 temples, Iiome

('tait la capitale, le siége Jii gouverneinent, et le


( 88

sénat gouvernait. Sa considération, avant qu'il

ne fîlt ébranlé par les factions et par l'oligrarchie,

fitt iin~nense. Avec l'empire, croissait sa force

navale cornine sa force dc terre, et il eut soiivent

ilne arine'e d'un de:ni-million, répartie dans différentes

parties tZii monde ;cependant, on ne levait

ordiunirement les armées , que loi-sque la

giierre les rendait nécessaires , car les armées

permanentes étaient inconiiiies alors; cliaque citoyen

était oblige d'etrc soldat. Auguste institiia,

le prcn~ier, les armées permanentes. Les arnies

principales étaient la piqiie, In courte épée et le

bouclier. Dans les siéges ,on se servait de catariltes

et de balistes ,de béliers, de tours mogiles

avec des ponts-levis. Un soldat romain, pesamment

chargé, avait outre ses armes, des provisions

de bo~icl~e , des iistensiles de ci~isines ,

des pieux pour dresser des tentes, en toiit, i!

portait au moins un demi-quintal. César c'tait,

surtout, maître dans la tactiqiie militaire. Une

armée consiilaire consistait, ordinairement, en 8

légions, dont cllacune eut ,par la suite, 6,000

fantassins et de 3 à Goo cavaliers , sans les troiiyes

aiixlliaires. La religion des Romains se rapproclla

toujoiirs davantage de celle tfes Grecs.

Les fêtes religieuses y correspondaient parfaitemeut;

il y en avait iine, entr'autres, les Satrird

nales ,où, en mémoire dri vieiis âge d'or, sous

Satrirnc, et de i'nncienne libertc' et égalité, riiênle

les esclaves étaient servis par leurs inaîtres. S:ir

les sciences aiissi, les Grecs avaient iine infliience

maryiiée à Rome, influence que les pliis civilise's

ont toiijours, à la longue, siir les moins civilisc's.

JJa poésie seule lie réussissait pas

long-temps. Il reste pcii cle frngniens de la poésie

dramatique de Livius Androniciis ,d'Enni11sc

de Pacuviiis, de Nævius; mais il nous reste pllia


( 89

sieurs comédics entieres, de Plaute et de Tdrence.

Les tliéâtres devenaient toiijoiirs pllis vastes

et plus magnifiques; ccl~ii de Sciirus conteliait

~)l~is de 80,000 personnes ; c'est poiirqiioi

les acteurs, pour renforcer leiir voix ,portaient

des niasqrres (personas) avec iine très-grande ouverture

de boitclle. Ce t1iériti-e reposait sur 360

colonues de marbre, &lait oriié clc 3,000 st;ilues

Ct n'était pourtant destiné à servir que pendarit

un mois! La pkriodc lii plus brillante de la littérature

romairie, est depuis Sylla jrisqu'à la mort

d'Auguste. Il y avait des bibliolliéqiies pt!liqiics

et Jes biùliotliéqiics privées; ces ilernieres

se trouvaient surtout dans les villas magnifiques

des gr;inds de Roiiic , qui, soiive.,it, avec leurs

jardins ,leurs bois, leurs étangs occlipaient des

éieridues énorines et faisaient ainsi beaiicoill) cfe

tort llaf;riculture. Des !ibr:iires (sosii) procuraient

et vendaient des copies. Les miiiies de

Mattius et dc Publiiis Pyrlis a~~risaient par leiir

esprit et par leiirs plaisdritei-ies licencieuses. Soliveut

des Iiornmes reniplissnient les rôles de femmes;

dans d'autres espe'ces de poe'sie, Liicrhce

et Catulle se sont Ilisting!ie's; dans l'éloqueuce,

friiit de la liberlé et qiii dispariit avec elle, giiaii(1

or1 parla à travers les n:asc nes et que les Grecs

mirent des feiiillcs devant le visage ,dans 1'410-

quence, se sont Jistingn& : Autoiric , Horteiisius,

Brutus et Cicc'rou ; ce dernier brille aiissi

dans 1:i pliilosopiiie ; les doctrities dlEpiciire et

celle de Stoa étaient les pliis rcmarqiiablcs : on

distingue, parini Ics liistoriens , SalLustc,Cornéliiis-Nc'l)os,

CtLar, Tite-Live; Polybe ap11artient

aux Grecs. Les travaiix aclmii.ables en peintrire

et en sclilptlire , frirent, la plupart, exécu-

tés par dès Grecs, et mS~ne les Grecs envoyèrent

à Rome ,piir milliers: des chefs-d'txiivres en ce


( 90 >

genre. A Rome, dit Cassiodore, il y a deux peua

ples , égaleineut nombreux, des hommes et des

statues. Les maurs se corrompaient à mesure que

les ricliesses augmentaient, que les esclaves et les

&rangers semu1til)liaient tlansRorne. Tl y eutplusieurs

Roinaiiis qui ne savaieilt pas épuiser leurs

trésors. Liicullns, qui importa les cerises en Europe:

fit aplanir des niontagues, creuser de:, lacs,

et y diriger de l'eau de mer pour pouvoir conserver,

dans l'intérieur di1 pays, des poissons de

mer; Hortensius arrosait devin ses arbres ;Crassus

ne regardait porir riclie que celui qui youvait

éqiiiy er. à ses frais, toute une armée. Les

maisons de campagne avaient des clinn~brespour

toutes les saisons. Ori obtenait les plpces en gagnant,

en corronipant le pe~iple, ct en intrigiiünt

ailprès des 11articu1iei.s qui donnaient la place au

plus offrant. La situatioii cles provinces n'en fut

que pliis iniserable. Les clievnliers romains qui

prenaient à ferme les pc'ogcs, qui rendaient la

justice ,les usuriers qui prenaient jusqii'à 50

pour cent, ruinaient tout. Dans les festius on

agacait les estomacs bl:isés au moyen de plumes

de paon , afin de pouvoir recdre le superflii et

gagner unnoiivel appétit. Antoiilevennit de bou

iiiatiii , déjà ivre, au forunl, pour rendre la justice,

cf sonvent, les parties, au lieil &ententire,

t1e lui In décision jiidiciaire qu'ils attcndaieiit,

fiirent fort étonnées d'en apprendre tout autre

cliose. La vie des Roinains fut, comme celle

des Grecs, giileraleirient publiqiie ; aussi la magnificence

des temples, des basiliqiics, du capitole,

des bains, des iliéiitres, du cirque, cles

aqu"~ics, réponclait i cette vie publique. Dans

leiirs villas seulement, où souvent inille esclaves

étaient au service d'un setil rnaître, étant

cliaciin spécialement cliarçés cl'iin travail parti-


( 91 1

tulier, souvent de la moinili.e importalice, là,

seiilement ,les Romains étaient magiiifirlries. Les

esclaves étaient sorivent lecteurs, niedecins, 116-

dagogues , artistes et nrtisaiis , et étaient payés

selon leur capacité , qrielquefois 50,000 francs

par tête ;inais les maîtres pouvaient les crucifier

et les tuer à coiips de 1aniL:re. Et ~~ourtant, malgré

cette magnificence, l'on n'eut la coininodite'

iii des fen6tres à vitres, ni des clieminees; les liomains

n16taient pas propres à ccs iiîventions.

Ainsi Roine éinit devenue à cette époque le

centre de l'ancien monde. Mais si Rome doininait

alors siir presque totis les peuples civilisés,

dans les trois parties du monde , il n'y eut poürtant

pas là rin avantage polir le fiitur ddveloppement

du genre liiimain. Mais déjà la Providence

avait tout préparé pour faire mûrir et venir silr

la sc211e di1 monde de nouveaux peiiples plus visotireiix;

les syst&ines~~llilosoyl~icjries et religieux

étaient plus or1 moins cl~arges de superstitions;

les Romains et la plrisgrande partie des peiiyles

païens avaient des idées indignes de Dieri et de

son culte, et les Juifs qui en avaient (le pllisiristes,

les avaient obscurcies par cles préjiigés et par

des disputes ;il fallait, pour ranimer l'lioinnîc et

consoler l'liainanite', yu une re'volution eût lieu,

et qu'une noiivelle vie pliysiqrie et spirituelle

vint préparer iine époque nouvelle ; le clirislianisrne

apparut !


snsTom31:

DILI MONDE ANCIEN.

' CHLIPIT~~E IV.

Dc Cisnr Octrrve jirs~u'àla chrlle de l'E»ipirt.

romain d'occident. (30 avant Je-C., jusclu'à 476

après lui. )

Qnoiqrie pei~daiit la premiére iiioitié, au moins,

des Soo ans dont nous allons esquisser i'liistoii-c,

Roine reste sur le premier plan cians le tableau ,

et ~~uoic~u'elle atteignit soiis les premiers empereur;

son épocjue classique, sou pltis Ilaiit yoiut

Cl'4let'vation et d'éclat, il se présente déjà une

foule d'e'vc'nemeris et (lecircoiistances qiii, polir

ne pas être iin~nédinteiiieut liés à l'llistoire de

Rome, n'en sont pas d'une nroiodre importance

soiis le point de vue cle 1'11istoir.e du monde. En

lweiniére ligne vierit se placer la fondation de la

religion clir6tienrie ;puis l'al)püi+ition trioinpliale

des peuples germains ou allemands. L'importaiice

ct In durée des consc'qiieiices de ces évdnemens

ont, non seulemerit siirpnssé l'4clat de

Rome, inais elles lui ont aussi survécu fort longteirips.

Lc premies de ces éve'neniens noiis ramene

vers l'Asie, le secontl embrasse tous les

pays non souinis am Romains.

A l'esception des conquêtes faites par Auguste


( 93

et ses sucesseurs , telles cjiic celle du nord de

I'Ecpagne, de la Gaule méridionale , (les pays nu

bidi du Daniibe , 1:i pliipart occiipés par des

petrples Gniilois (tels qiie la Vincle'licic ,la RIiétic,

le Noi icon, ln Paurionie et la Tlirace); si l'on

ajoute la Lycie, la Rlaiiritanie, et que l'on borne

l'empire romain, en Eorope, par le RIiin et le

Daniibe, en Asie, par 1'EopIirate et le desert (le

la Syrie (vers l'Arabie qiii u'a jamais 616 souniise),

enfin, en Afriqiie , par la contrée sabloneiirc ;

8oine avait, à i'époqiie clont nous nous occiipoiis,

outre toiite l'Italie et presque tolites les îles de

la &liléùiterranéc, toute l'Espagne, y çonipris le

Portugal , la Gaule jiisqii'aii Rliin, l'Illyrie, In

Pannonie, la Dalmatie, la Grécc, la Thrace et la

'\Ioésie; en Asie, la Colcliide, Bal~ylone,1'Arimépie,

la Syrie, la Palestine, la Pliénicie et tonte l'Asie-&Iineitre

; CU Afrique, 1'Egy pte sans 1'Elliiopie,

Cyrène, les eiiviroris (le Cartliage, la NIIinidieet

ln b1aui.i tanie. Les antres pays du moudc,

alors connus, n'appartenaient pris à Rome.

On a peri de notions sur les ~ieu~)les à l'orient

de l'Asie. L'ancien roynuiile de Japon, soiis ses

Dairys fabtileux ;le grand ciripire de la Cliine ,

réuni cp 247, avant J.-C., soiis Slii-H0ar.ç-Ti;

ensuite, del~uis 207 , avant J.-C. ,jusc~ri'en220

après, soiis celle de Han, faisant alors de p n-

des conrpêtes ,iin com.nerce étendu , puis se

disloquant et diminuan1 , ces contrées ne sont

pas assez conniies polir $ire Iiistoriques. Il en est

a peu près de 1::t:ine tlu royaume (les Partlics,

soiis les Arsacicles, qiii, en 226 après J.-C., fiit

ciiglob6 dans le noavel empire perse, soiis Arlaucrxks

Sassan , jiisyu'ari septième sihcle, où il

tomba ait pùuvoir des Rlahométaiis. L'Arabie ne

se présente qrie plus tard, soiis Mahomet, siir la

6cbe historique ; mais le regard de l'liisforieq


( 94

est fixé sur Ic petit pays de Palestine, oh, sous

le rè-ne d'bugiiste, il arrive iine révolution don!

les efkets se font encore sentir aiijoiird'liui, qoana

toute la magnificence de l'ancien monde est tombc'e

en 1-uines.

Hérode-le-Grand régnait en Judc'e , grâce à In.

faveur cies Romains, il regnait encore sur la Galilée,

sur Sariinrie, et de l'autre côte' du Jourdain,

sur Pérée, Sturée et Traclionitis, enfin,

siir I'Idrime'e, avoisinant l'Arabie, ainsi sur toute

la Palestine. Il extermina 111 fainille des Madiabées

et en partie sa propre famillc ,pour s1ûffermir

sur le trône. Apiaès sa mort le royaume fut

partal;" ses trois fils, l'un appelé Arclielaüs ,

eut la Jridée, Samarie et I1Idiiinée; mais à carise

de sa marivaise ûdministrat;on ,il perdit les deux

premières qui , comine provinces romaines, furent

jointes à la Syrie et placées soiis des gounetirs

(prncuratores) particuliers, jusc~u'à ce

quvenfin un petit-fils d'Héi.ode, Agrippa, ohtiut

de noiiveau des liomains, la Palesiine comme

royûiimc. Ensuite, il y eut encore des procuratorrs

romains, yür exemple, Gessius Florus, mais dont

I1opprcssion porta le peuple une révolte sanglante,

par suite de lacjnelle, Jérusalem fi~tprise

et détruite par l'empereur Titus (70 après J.-C.).

Mais, si Jdrusalem flit encore plus tard regardé

comrtie centre par les Juifs, ceux-ci furent pourtant,

par la prise de Jérusalem et par des éve'nemeds

antérieurs , disperses par presque tout

l'Empire romain ; ce qiii contribua considéi,ablement

5 la rapide propagation des nouvelles

idées religieuses ;les religions païennes des Grecs

et des Romains étaient devenues pliitbt des instrrii~ieris

de la politirliic que des objets dliine

sainte conviction ;et déjà Cicéron disait, cju'iiu

auEure ne poiivait en regarder un antre sans


( 95 )

rire; nous avons déjà dit que la religion juive

aussi avait besoin de s'épiirer , de se régénérer ;

c'est ce besoin moral, généraleinent senti, qu'il

s'agissait t2e satisfaire ;voyoiis comment cela eut

lieii. Cinq ans avant la inort d'Hérode-le-Juif,

naqiiit à Betliléein Je'siis-Clirist fils de Marie

de Nazareth ,et se présenta coniine le plus grancl,

le plus estraordinaire docteur de la religion,

sous le gouvernement de Ponce-Pilate.RIais, comme

la simplicité de sa doctrine contretlisait les

principes des Jiiifs cte cette époqiie, il fiit poursiiivi

et enfin acciisé, devant le goiiverneiir de

Nonie, cnminc rebelle et eniiemi des liomnins.

Ainsi, cet arni de l'humanité mourut sur la

croix, et sa doctrine continua à être propagée

ar ses disciples. Le profoiid penseur comme

riutdligence Ir pltir siinple et la nioins ciiltivée ,

trouve dans cette docirine des ide'es jii~tes, des

notions claires de Dieii; cette doctrine inspire

arix liommes l'amour di1 prochain et la cliarité

universelle d'une manière I)eii conntie, oii moins

developpée aiiparrivnD t. Celte doctrine devait

Gtre en contratliction avec cclles cles autres religious

qui exisi:iient alors; elle devait provoquer

et a proroqiié, en effet, un coiiibat (lui serait

depuis long-temps terininé, si le cliemin qi;e

prend lit vér.ite', par les ilincs des liomnies, n'était

pas si lent; mais aiissi est-il le plus péiiétrant.

Jésus-Clirist a-t-il voiilii fondcr une nouvelle

religion oii 6purer l'ancienne? c'est ce que

noiis laissons indécis. Nous remnrqtions , seulement

, cliie cette doctrine prtkliée par les

doiize ap6tres , et iiotsniment par Pierre et

Jean , s'étendit d'alitant pliis r romp te ment ,

qiie les perséciitions , dont on compte dix,

vinrent en aide b cette doctrine qui est devenue

une reli~ioa.


Z 96 >

~iiiiroyenon soiimise i la donitiiation romaine

c'tait alors aiissi tin pet1 plus connue. Au

nord-est de 1'Eiirope se trouvaient les Sarmates

dont les races s'Gteudenl déjà en Asie dans le

iiord, prL;s de la mer Caspienne. Ari uord de

l'emboucliiire dii Danube etaient les Getes, les

Daces, les Bastnrlies, Ics Pauonciris dii Noid, les

Jazvges. Au nord de ces peuples, dans ln Prusse

acttÏelle, de l'Est jusqri'à In Livonie, lcs Bstiens,

les Vencdes et (l'autres. Plus importans de beaiicoup

é'taieiit les peiiples (le I'Allemngiie actuelle

qui demeuraient dcpnis In Vistule jiist ri'aii

Rilin, clepiiis le Dnuiiùe j iisqu'ii la mer du Lord

et de l'Est ;un ~eriplevigoiireiix, brave, aux cheveux

blonds, aux yeux blei~s ; tle inmurs simp!es;

guerrier, tantôt nomade, taiit0t cliasseur, nevivant

qne trhs-peu cle l'cigricultare, car des forêts

iininerises et des marais fangeux corivraient cet

antique pays. Pliis de citiquant6 tribus coniposaient

ces diffe'rens peiiples. Ils n'avaient (le

coiiimun que la lcingue, l'anlorir (le la libcrtc' et

les c~i~alités nationales, telles que l'liospitalité, 14

bi-avoiire, lin respect particulier pour le sexe,

l'amoiir (le la giierre, tlii ~wiicli;iiit pour la ho&

son et pour les jeiix. Les plus iinportantes de

ces tribris &taient: prEs (le la mer de l'Est les

Baurgiiignons, les Riigiens, les Variies, les Gotlis

yii 1)1ustaid se sont établis dans In Süi.de ; les

Ciinbres ( le IIolstcin actuel), les CIiauces; les

Fricses, prés de In irier du Nortl: ensuite le

long (lu Rliin, les Bal:iues, les Usipetes, les

Tencteres, les Uhieus, les RIattiaques, les Nemetes,

les Tribnques, les Vangions ; dnus l'intérieiir

du nord de I'Allernn~ne, lcs Siganibres,

les Bsiicteres. les Angrivariciis , les Cliasiiarienç,

les Cliattes (doiit descenden t les Hessois), les

(Iherusqiies dnris les contr6cs aux mises de


( 97 )

ffai-z, iesFozes, ies Longobartls, les Si~eves <luise

siibdivisent en d'aiitres tribus. ALI siid de 1'-411elnngnc,

mais au nord du Danube, il y avait surtout

les Hermuudures, les RIarconiannes, les

Nariscliies, etc. La lançiie et nGme la religion

scinblent indiqiier iine origine asiatique, mais

l'liistoire ne parle pas dc l'invasion (le ces ueuples.

Ils se prétendent descendans cle Teut

ori Tliuiskon et de son fils Mann; ils adoraient

dans lerirs bocages sacrés Vodnn, Tiior , In

Freia, Hertlia (la terre) ; attribuaient la vie imlnortelle

en Vallialla; dépendaient tantôt de

prêtres, fonctionnaires nationaiin , tautôt de

piinces (premiers), et de rois ; dans la guerre

ils avaient des ducs (de ducere). Leurs vêtemens

consistaient en peaux d'animaiix , qiielqriefois

aussi en tissus de fil :l'&pée, lt! bouclier et In

coiirte pique composaient leiirs arriîes ; chaque

tribii était clivisc'e en nobles, en affrancliis el en

esclaves. Ils étaient sauvages avant leiir commerce

avec les Roinaiiis qui craignaient Iciir bravoure;

ils avaient peu de villes : ils n'apprirent

In lectilre et l'écritiire ( tle mots latins) cliie (les

Eoinains; mois neufs et forts, ces peiiples non

encore corrompus, étaient capables d'il11 plus

rapide cléveloppement. Aimaut la liberté et iiiitics

aux arrncs des les temps les plus recule's ;

ioiijorirs prêts pour la défense comiiie liour l'attaque,

a jnnt de bonnes meurs, de la cliastete ,

dii respcct pour la vieillesse, etc., ces vertus

avaient cliez eux plus de valeur qiie p:ii.totit

ai1leiii.s. En Annltterre se trouvaient les Bre-

Ions et les üatil$s, en Ecosse ou Calédonie, les

Scotes et les Pictes qui ne sont pas d'origine

allemande. Iierenons a Octave.

Le sénat romain liii avait decerne' le titre

&4ilg~<stcou I'inviolahl~,le respectable, et cc-

?


lu:-ci avalt, en reconnaissance, cotiserve' des formes

de ln république autant qiic possible, puisque

d'ailleurs les titres réuuis de tribun, de

consril, d'empereur, lui assriraient 13 su1)rême

dignité; il se fit aussi prier tous les 5 oii toiis

les i o ans, (le reprtnclre le pouvoi: suyrêine.

Le sénat resta le conseil d'état, quoiclii'un filecèiie,

rin Agrippa Rlessala, fiisseiit Ics conseillers

secrets et les tniiiistrcs. On iiistitiin cies arniées

pernianentes et des gardes dri corps (co-

/LOI-tesy/-etoriann.);les Iégions restérent dans

les proviuces, dans des camps permanens. Octave

fit rine foule d'autres iiislitiitions iinportantes

pour le vrai bien de l'Etat, et fit aiiisi oublier

les moyens dont il s'était servi pour parvenir A

ln dotnination. Dans les longiies giierres civiles,

les républicains les plus cxaltés avaient péri, et

quand inGme il y eut quelques conspirations, elles

furent promj~teineiit coiiîpriilie'es , et Aiigiiste

aurait bien pn se passer de la cuirasse q~i'a11

sénat il portait soiis ses vêteniens. Sous Aiigiiste,

il y eut plusieiirs guerres, moins peut-Ctre pour

co~iquCi.ii-de iioiiveaus pays qne pour occripei.

les Homains clc clioses ext~ricurec: il v eiit cles

caml)ajnes contre les peiiples qui Iiab'itaieiit le

siicl du Danribe, contre le pays cles Bastarnes, en

Espagne, dans la Gaiilc occidentale, en Ariilénie,

en Arabie et en Eîliiopie (ce fut sans siicc?~

dans ce dernier pays) ; les plus importantes de

ces calilpagnes sont celles contre les Allemaiitis.

Driisus, le p!iis jeune des beaiix-fils tl'Aii~tistc,

coininenja ces campagnes en l'an XII avant J-C.,

claiis le Bas-Rliin ; la Basse-Allemagtic (111 Vestplicilie,

la Basne-Sase, la Hesse ), fiit le principal

tlie'itt-e (le la giierre. Les Frieses, les Bataves, les

Cl~auces&taient alliés aiix Romailis. Dr~isus vainq11It

les Glieriisqiies, aprés plusierirs expéditions


( 99

il parvint jusv'h l'Elbe, mais il mouriit snbited

]rient. Tibere, sou frkre, et d'aritresgénéraux continiikrent

ces giierres et avaient surtoul eii vue

par leurs nolnbreux cliâtea'ux forts, par l'introductioii

de la langue romaine, par celle des lois,

de l'administration jiidiciaire de Rome, enfin par

ln propagation des i1i~iii.s romaiiies, de convertir

les pays libres eii provinces romaines. Enfin

Arrnin, jeuue lionime C~ieriisqric, liardi, leqiiel

élevé à Rome, où il avait été nommé clievalier:

avait appris à eri connaître la politic[rie et la tactique

iiliIit2ireJ Armin, attira dans l'inte'rieiir de

la forêt de Teutobourç, Variis, ~énc'ral romain

plein de sécurite' et en défit les le'gions enlières

(9 ans alwès J.-C.), clans un combat (le lrois

joitrs, près de Hervord ct d'Uffel, où aujoiird'liui

encore de longiies files de collines qii'on dit

caclier des cadavres, OU, les noms de Fallroin, de

I\ocnierfeld ( cliamp des Ilomiiins). de Vin~iefeld,

de Colilstaclt, de Todengruiid (fosse des rriorts),

altestelil la inallieiireuse défaite di1 général romain.

Ainsi les Alleinauds se garanlirent polir

lorijotirs di1 joug romain. De noiivellcs troupes

romaines sous Gernianic~is, fils de Drusus, rcvinrent

à la ve'rite, et même victorieiises, sur le

cliainp de bataille de Drusus, mais elles ne purent

se consolitler dans le pays. 11 est triste qiie

les Alleinauds finirent par se combattre entr'erix ;

Avinin toniba victime d'un assassinat. après qii'il

cil: vu fuir devant lui vers les Romains Rlarhorcl,

priuce (les Blarcomaiiues. Mais ce qui

rendit célèbre le règne de 44 ans d'Augiiste,

fut non-seuleineut la pacification et l'açrandissement

de l'empire romain, Ics grandes et bounes

institutions dans 1'Etat faites par ce prince, siirtout

le joag devenu moins pesant dans les proviaces

;inais son règne s'est eaçore éternisé par


( loO

les grands eiicouragemens donnés aux sciences

et allx arts; voilà s:i gloire la plus durable.

Blecbne, favori de l'empereiir, protégea les savans

et les oètes : alors brillkrent Virgilc,

Ovide, Tibule , Properce, Horace, Vitriisc ,

Tregi~o Pompée, Valériiis Flaceu; et pliisieiirs

arrtres Iioniiiies ce'lèbres. La bibliot1iL:qae palûtiiie

fiil oiiverte ; Rouie devint de pliis en plus

magnifiqiie et brillante. Mais Auguste fut mallictireiix

comme époux et coinnie père. Sa troisiéme

femme, Livie, fenirne niécl~ante ,fil t cause

de laperte dcsa fille Julie,dese;petits-fi1sCûï11set

Luciil; César, aiusi qrir d'Agrippa Postliurnu~.

Ces inallieureiix siiccomb&rent aux macliinations

diaboliques de Livie ,qiii sacrifia même son second

fils Drusiis et son pctit-fils Gcrmanictis,

afin de t'aire monter sur le trôiie Tibére, son fils

clie'ri, et c~ti'Aiigiiste avait adopte'. Peut-être

rnêine cjti'on peut attribuer à Livie la mort

cllAriguste: celui-ci inouriit ( r4 après J.-C.), i

Nolcs, après avoir fait cette qiiestion :Ai-je bien

joué mo11 rôle? Applaudissez donc, amis !

Aiusi, grice arts lionteiises trames (le Livie,

axi lieu de la innison de César, ce fut l'aboiiiinable

race des Claiidiens qui inoiita sur le trône

dans la personne de Tibère.

Le règne d'Auguste parut recevoir iin noiivel

éclat par l'incapacité et les vices de scs siiccesseiirs.

Tibtre fut un tyran soiipconneux, et

son règiie (de 14 à 37 aprks J.-C.) est lin

tissii d'liypocrisie , de cruauté, de jalousie!

de rapacité, de piisillanirnité et poiirtnnt aiissl

cl'iin Iiorrible mCpris des Iioinmes rliii, ji Iri

la vérité, devaiest dans les inaniéres rampantes

de cr:rix qui l'entoiiraient et inthe au senat, Itli

paraître bien mé,)risables. Il enleva les comices

sri peuple et établit les terribles tribiinqux clisr-


( lot )

gis cle connaître des crimes de 1Czc-majesté

qii'a~i despote sait toiijoiirs rendre comnitins.

Après avoir assassiné la plupart (les siens, il se

retira 3 1'Ile (le Capre'c, où il se 1ivr:i niix plus

infsmes débaiicl~es, et il abandonna le gotivernemenl

ni1 chef (le ses gnrdes (prqfectus py-

torio), nommé S6jan. Tibère fut enfin assassine.

On lie peii t cependant pas lui refiiser de la bravoiire,

l'amoiir de la discipline iriilitaire et de la

générosité ; son mallieiir fut d'8tre lnonlt! trop

tard sur le trône.

Par contre, Ciiit~s Césai* Caligrila, igé de a5

ans, fils de Gerinanicus (37 b 41). n'avait pas

une seule vertu. Le noln c'le Caligula lui avait

été donné à caiise de ses petites bottines mi!itaircs.

Sn criiaiité lc rendait plu tU t seinblüble à

un tigre yii'à un liomme; sa protlignlité (il dépensait

132 lnillionsd'écus par an), était un effet

de sa folie (suite de sa jeunessc dépravée 1, qiii

le porta à voiiloir élever au consiilat sou cheval,

i se faire appeler dieu; ce qui ne I'eiripêcha pas

de se tapir soiis le lit à l'approcl~e d'un orage.

Dciia ofliciers de sa garde le poiguardèreilt, ct les

préioriens élevèrent au trône son oncle iigé de

50 ans, Claude (41 h 54), coiitre une donation

qu'il letir fit. Des femmes et des affranchis régnérent

à sa place. Si son pre'de'cesseui. dgsirait

que tout le peiiple romain n'eîrt clu'iinc tête,

afin (le pouvoir l'abattre d'lin se111 coup, le uouvel

empereur aussi troitvoit du plaisir aux tortiires

convulsives des inourans; il inoririit biciitôt

lui-mêmc empoisonné par des cllampignons

~ U Csa femnic Iiii fit inanser. Selon qiielqriesuns

ce fut saris son r&gne (lue In Grande-Bretagne

fut coiic~iiise. Nlj'ro~r,Ag6 de 17 ans,liii

siiccéda ; &levé sévèrement par Sénèque, qui

plus tard paya de sa vie cette sévGrité, Néron


( 102 >

inoota siir le trône (54 à 68), avec le projet de

vivre de'sorinais sans frein. Il tua sa mère, sa

feiiime, persécuta les cl~rétiens, inceudia Rome,

pour ~~oiivoir réziter quelqiies vers sur Troie en

fèii ; ce qui ne I'empCclia pas d'accuser (le cet

incendie les chrétiens, et de les en persécuter; il

se présenta devant le peuple et aiix jeiix olyinpiques

comine chanteiir, sut maintenir le peuple

clans la jouissance et dansl'enivrement, le teinps

dela tyrannie étaut ordinairemect l'âge cl'or de

la pol~ulace. Les pre'torieos se révoltèrent et

I'empereiir fiit force' de se faire poignarder

par un affranclii. On dit, qu'il s'écria alors,

qrtalis nrtifix pereo !Avec lui finit la inaison

de César et celle d'Auguste, indis 1% noms de

César et d'Auguste furent conserve's par les empereurs

snivaus. Dans l'espace de deux ans,

Galba, Agé de 72 ans, Othorz, qui aiinait Leniicoiil'

la parure. ec le gourniand Vitellius, ces

trois géuéraiis qiii avaient découvert le sccret cle

faire de; einpei.eiirs Iiors de Rome, et sans le

se'nat, s'emparèrent siiccessivement du trône à

l'aide de leiirs légions. Otllon et Galba étaient

pleins de courage; Vitellius rappelait C'alig~~la

dont il avait été lc favori. En contemplant le

champ de Bc'driac oit avait e'te' vaincii Othon, il

dit en voyant lcs cadavres : Le cor-ps d'un entrerni

mort se~rt tozijnnrs bon. Ce mot Iiorrible peint

l'liomme. Il fut assassiné. Les légions de la

S rie proclainèrentempereur leur général Titiis

daviiis Verpnsieii ,qrii stii se maintenir siir le

trône, et fut lc clief des Flaviens, q!i lui s~iccédtreiit

(69 à 79). Son rlbgnc se fait remai.cjtier

le rétablissement des finances, celiii lie

~~iscipline militaire, par la constri~ction d'f -

difices publics ( coliseum) , par la nomination

de professeurs payés par I'Etat, la siippression


( 103)

de jndicin ntajeslatis; il rétablit aussi In considération

du Sénat, il fit la paix avec les Bataves,

([iii s'c'laicnt révoltCs; enfin Vespasien fit aiir

JtiiEs une guerre sanglante, qiii leur coûin un

million d'liommes et entraîna la perte de leur

ville capitale. Tiiiis qiii lui succétla devint

lneil!eiw siir le trône; il regardait comme perdit

le joui. où il n'avait fait de bien 3 personue.

Soiis son règne court (79 h ai.), arriva la

graude éruption d1i Vésiive qui renversa et

coiivrit I>ompeia et IIerculailiim, éruption c~ul

fit perche la vie aii naturaliste Pline l'Ancien ;

il y ent ausci SOUS son règne une peste à l\omc

et un ..rand incendie. Il clicrcliû% aider partoiit

et mézta le titre tris-l~onoi-able de nmo1- et delicia

generis hutnnni. Autant Titus fut hoo, ;lulaut

Doiiiilieii c~rrile rernplaca sur le tivône

( 81 à 9G ), fut un despote acconipli. Lcs tribunaux

(le léze-rrinjesié, judicia ~najestalis, et

les dénonciateurs, delatores , recoinniericèrent

comine aiitrefois. Piqiie mallieiireux dans ses

guerres contre les Iinttes, les Daces, les Rlarcoinannes,

etc., Doini tien n'en cc'lébra pas inoins

cles trioniplies. Il fut enfin nssassinc'.

Coccejus ATerr)a(9G à 98), est lc prcniier

d'rinc norivelle ct ineillciire dynastie. Presqiie

trop rloiis polir le peiiple accoutuiné aii saJlg, il

fit tout son pour faire oiiblier les Iiori.eiirs

des precédens empereiirs et il adopta l'es-

~)~~nol Ulpius Trnjnn ~iui liii ~iic~édo siir le

trtne (98 h 1 17); ce fut lc p,rrnier diraiiger np-

])cl6 à cet honneiir ; Trajaii fut égaleiiient graiid

conine motiarqiie, coniine ge'ne'r*al et coiiiine

lioninle; il rc'tablit la constitutioli, et cet eucelleut

empereur se déclara sujet de In loi. 011 rendit

les élections iiiix Comices, la liberté du

vote aux sénateiirs et la conside'ration aiin ma-


( 104

gistrats. Ses actions, ses giieinres condiiites avec

bonlieur, même contre les Yartlies et les Arabes,

sont élernisdes par iine colonne, Iiaute de il5

ieds, soiis laquelle ses cendres fiirent (léposées;

Kiine le eun ne-a céi~hrd dans son p:in6gyriqiic

les grandes qualite's intellectuelles de Trajan, qiie

fail encore mieux connaître la col-respondailcc

de ces cleux grands Iiomines. Sou cousin Eiiris

-4drirn lui succeda ("7 "38)' et régna yaisibleirient.

II renoucn aiix conqii6tes dc son pridecesseur,

excepté à la Dacie, ajoiitée à l'empire

par Trajan, fit de; réformes consitlérables dans

les provinces qri'il parcoiirut eu entier, la plripart

à pied. Iledisait qu'un souvcraitr, semblable

au soleil, doit dclairerl torttes lesparties de son

empire,et il fit arissi pour l'Italie tinc foiile J'étiibli;seinens

utiles. Les Jiiifs serils éproii\rèrent

sa sévériit!; après iiner6volte de leur part il fitrcnt

fortenlent cliâtiés et leur dispersion en devint

pliis coniplète. LesMoles Aclr-inni, actuellemeut

Ettgelsboiirg, servent de tombeari & ce

grand Iiomrne. Le règne le pitis iieureiix poiir

l'Empire romain fil t celrii dti successetir d'Adrien,

AntoNzitt, surnoinnlc' le Pieux (158à 161);

ce fut peut-6ti.e t'homme l~plus noble [pi se soit

jnniais assis siir un trône. Actif, sans briiit, il

doniie peu de matière à l'liistoire, sinon qii'il a

été la bénédiction de son peiiple. II merita IC

nom dc second LVunta et de Pére rZc k tPati.ie:

II ent porir successeur Illarc-Aur.Glc, stiruoniine

le Philosophe, ( 161 à 180);celui-ci eut potir associé

nii trôiie jusqu'en 169,L. Verus, son benrifils,

qui r,e lui resseinbln pas. Le régne de Marc-

Aurèle est rcinpli par des Suerres sniiglantcs

contre les Chattes ,les P:irllies, les BIarcoinünnes

et coiitrehea\icoirp de yeiiples qui denieilraient

depuis la mer Noire. jtisqii'aii Rllin :les Vandiiles


( 105)

lesJaryges, les Quades, les Alanes etlesBastarnes,

(,pr4curseiirs de la migration des pe~ipier ), qui

etîient plus dangereux par leiir alliance naturelle

et attac iiaieiit inriinteriant l'Empire romain,

mettaient l>/iis d'iinc fois I'empereilr en danger;

il n'y eiit pas toujours iine Ie'gion Julininatztf

(c'est iine ldgende clirdtieni-ie) , pour parer a

cc! danger ; inais iiiallieui.eiisement Riarc-Aurile

prit aussi tléjà à sa solde des Barba~mes; c'est

~iinsi qu'on nominait tous ceux qrii n'e'tnient pas

sujets de Ilorne. qui ne parlaient ni latin, ni

grec. Il est probable qiie Contnzode, ce nioiistre

de criinut&, d'orgiieil ,et de vices, qui succGda

ail trône ( 180 192) ii Marc-AurCle, fut plutilt

fils d'iiii gladiateur cjue de ce prince, pnisqu'il

aclicta illclieiileiit la paix par des tribiits, et qii'il

s'abandonna nilx vices les pliis eiFrériés. Ce fut

trop tai-(1 pour des milliers [le ses victiuies qci'il

fiit enfin empoisoiint! et étranglé après avoir figuré

devant le public 733 fois comirie gladiateur,

diaque fois moyennant un niilfiou de sesterceç.

Rorne était encore dalis lin étai qiii parkit in&-

branlable, niais déjii sa décadence approchait

rapiclerr~ent, et les beaiis temps de 1'Enipire romain

finissent avec les deux Antoniu. L'diat

elait trop grand, et pli13 tard l'orateur Aristide

disait de Roiiie :Tii as posé tes boriies 1; où la

possession cesse ù'6tre désirable. Toutefois les

arts et les sciences florissüietit encore, sortoiit

sous les Flaviens et sons Trajan. Soiis Tibère

vivait le c4lt:bre niétlecin Celse, I'liistorien Vel-

Iéiris Paterciilus, Valére hlaxime, le collecte~ir

~'cneinples,et le ~>é~grjpli~ Pomponius BIela.

11 y eut a:issi Ciirtius Ri~fiis et Columelle, plus

tard les poètes Pcrse, Lucain, et Séii6(1rie, plulosoplie

et trap!dien. Soiis les Flaviens vivaieat

!'hue )'Ascieu et les pobtes YalGriss Flnccus, Si-


( 106 1

lii~sItalicus, Stace, Martial, Juvénal et Q~iintilien,

grammairien et rliéteur. Aux empereurs

suivans a partient le graiid historien Tacite,

Pline le Qeune, SuBtone, ~lorus, et peiit-être

aiissi Justin. Dans la décadence de la !iberte civile

on ciiltiva siirtout la science du droit; cc

furent Labeo, Capito, Sabinus, Çassiiis, Jiilianus,

Caïus, Papinien, Ulpien, etc., qui ctiltivt\-

rent cette science ; h cetle époque onperniit ailx

médecins d'exercer leur Iiot~orable profession,

saris 1x1'er Lt'iinposi tion. L'c'loqiience dispariit

avec In [ibertd; on n'en~eiidit plas qtie 'les oraisons

fiinèbres et des exei-cices scliolastiques. II

y eut des collections d'objets d'art et des galeries

de médailles ;(les artistes grecs eurent leurs

ateliers à Roine. Les pantomiines, les combais

de taiareaiix, IL'S combats de çladiateiirs (1110~

nzorituri, te salutant, Cmsar), étaient les spectacles

favoris du peuple, et juscjii'à des s4nateurs

mêine se prdseitèi*erit dans cette dernière esyèce

cle combats. BIais la plupart du tenips ce n'éiait

qii'iine brillante misère ; il n'y eut lias de constitiitioii

rég~iliére, pas de loi sur les siiccession~,

pas de véritable droit de citoyen ; les nlociirs

étaient corrompoes aii dernier-degré; lcs vices

les pliis lionteux furent effrontément affichés;

l'esprit de l'an tiqiie Rome s'effaca, tout fut vend1

et corriiptible ;plus de cent mille personnes se

levaient le matin ft fioine, sans savoir conirnei~t

'se procurer le nécessaire polir se sustenter le

jo~ir, t:indis qne cliez les gens riclies, star-

'tout cllez ies femmes, le Irine était ail-dessus

de tolite espression.

A la inaison cles Antonins snccéda Pertinag

qai régna trois mois , ensuite J~tIien Didilrs

iii , comme le pliis offrant obtint le trône

le In main des prétoriens moyeiinnnt six mil-


( 107

lions d'&cils. AIws les troupes jalousés choisirent

dans les provinces trois empereurs à la fois;

Septirnus Se'vt?r.e, l'un de ces trois einpereurs,

conqiiérant, mais cruel, sut se rnaintenir dix-

Iiiiil ans sur le trône (193 i 211). En mourant,

il donna i ses enfans le précepte d'euricliir les

soldats et de ne pas faire attention au reste. Caracalla

agit d'après ce pre'cepte et assassina Geta,

son frère, dails les bras de sa mère, Jiclitr Dorttna,

syrienne de naissance ; il rappela les crimes et

les folies de Calignln. Assassiné par Jlarcien, préfet

ilil prétoire, cc dernier lui siiccdda et fiit

assassine' à son tour. Ensuite lcs soldats clioisirent

polir clief, Bassianus H&liogabale, petit-fils

de Jlnsa,sœur de Donzna. I-Iéliogabale (21sà

222) fut sans contredit le plus misérable et le

plus liorrible de toiis les einpereurs romains.

Rlettnnt des liabits de femme, il se forma un se'-

na1 de feinmes ; des daiiseiirs, des cochers, cies

barbiers occiipCrent les einplois (le 1'Etat. Il se

fit appeler feiiiine et reiue, se promena siir de'

la poudre d'or et d'argeut, et clans ses penchans

il fiit nii-clessoiis de la brute; coinme tel, on

~'asçoinniri.~1exanrlr.eSio6r.e , cpii lui siiccéda

(222 à 235) fut un meilleur prince; cc fut sous

son rt:gue citic s'&leva l'enipire de la noiiyelle

Perse. A1esnncli.c Sévhre ayant &te assassiné,

lVaxilnilz, autrefois palsan tle la Thrace, monta

sur le trône (235 à 238); il avait liiiit pieds (le

11aiit; sa force c'tait extraordinaire, son ignorance

(tonnan te, son caraclère cruel, sa bravoure le-'

méraire. Avec He'liogabnle 6riit l'ancien nion-

(le; avcc nlnxiinin coinmence le iioiiveau; il

fut assassiné par ses soltlats. Gorilieii etPl~ilippe

sont moins iinportans cllie Decircs (249 à 251) soiiS

lecluel les Goilis fondeut de la iner Noire sur

l'einpirc et, tuent l>einpereiir.


( 108j

Les Francs aussi et les ~llernands, afiinncd!:

de peiiples qui s'e'laient forniées en Allemagne

de petites tribus, devinrent ioujours plus

clangereiix aux frontières' roinaines , pendant

que Sapor, roi rlcs Perses, fit des dispositions

pour reconqiiérir toutcs les provitices asiatiques-romaines,

qu'il prdlenclait lui appartenir.

bous le rcgne négligé de Gallien, dix-huit b

dix-neuf çoiiverueiirs de psoviiices (np clés

les trente tyrans), se rendirent ind6pen&ns.

'iisqu'ù ce que Clodius II ( 268 :I 270,) refoula

les Gotlis Iiors de ln Moésie, et qu1Aurr/ien (270

à 275) eut bntto les TTandales, les Alemannes et

d'autres periples allcniands; aussi passa-t-il pour

le restaiirateiir dc I'einpire romain. Il tourlia

aussi ses arincs coutre Zénobie, veuvc &Oclenate

et reine de Palmyre (Tadmor fondée par Snlomon),

qii'il vainquit. A Tucite, Iiomme respcctablz,

mais tro vieux, qui répandit des copies

des ceuvres de flliisior*iendu nieme nom et de Ir

maison duqiiel il dcscendai t , siicce'cin ArrriLius

ProGrrs (276 h 282) qui coiisiruisit une graride

iniiraille (Illur dii Diable) de Ratisbonne jusquç:

vers le Itliiri pour prot6ges l'empire roinain; il

fosca ûiissi les Perses :I accepter la paix, et planta

acs vignes prhs du Rhiu. Sa pnrolc rnagnanime

(le faire en sorte qitc le mondc pi~isse se

passer de soldats, Iiii coûta In vie. Eosiii(e viennent

Carus , ~'~tnzt.i.ianrts,Cariflus et Diocft!-

tien.

Dans cette période du ylris farouche despotisnie

militaire, la religion cIirélierixie qui s'e'tendai

t, par les perstkutions meines, offrait encore

le sciil spectacle consolant; niais déjà il se fol.:

mait une e.;péce de liic'rarcliie, puisque ceiix qui

enseignaient dans les comniuues cctte reliçion,

to~ise'gaiix d'abortl, vouliirc~itpar la siiite QC-


( 109 1

tiiper iin rang plus élevé, et mestirant letir rahg

sotivent sur la graii(1erir cles conimiines siirtoi1

t clans les villes principales, ils clierïlièrent

à attaclier à leiirs titres pliis de yo~ivoir qii'il

ne convenait. Les pers6cutioiis provenitient d'abord

de ce qii'on coufontfait les clirétiens avec les

juifs qiii étaient en Iiorreiir niix Romains, en

partie aussi de la résistance des clirétiens à pliisieurs

empereurs qui Itwr demaiirlaient 3 eiix

aussi de les adorer ; de là l'opinion qiii faisait regarder

les cl~rétiens comme une secte rebelle et

dangereiise à l'état. Mais les clirétiens préféraient

célr'brer leur service divin dans (les tombcaiix

et des catacombes, ori acceptaient pllitfit le

martyre qiie de trahir leiir foi. Alors le ciboire

était 'de bois et la croyance d'or! A cette époc[iie

il existait certainement peu de motifs de contestation

au sujet du rang parmi les évêques ou

inspeïteiirs. Mais 1'Eglise clirétienne allait recevoir

iin grand changement politique. Dioclétien,

piir mieiix se défendre contre les invasions,

s etait associé plusierirs collègiies (284 3 3051,

comme co-régens, soiis le titre d'Auguste et de

Césai., et avait entrepris lepartage de l'empire, en

re réservant le dia(t6me oriental. Il abdirl~ia en-

6n volonlairement l'empire et moiirut à Salone.

A sa mort (305) Constatice goiivernait les Gaiiles,

l'Espagne et la Grande-Bretagne, Etnnt mort 'a

York, Constantin fut appelé (306 à 337) par les

]%ions ail goilvernement d'une partie de I'em-

Pire. Pour combattre efficacenient ses cinq coré~ens,

Constantin clierclia à sc former lin partt

Pitissant clans l'empire ; il y parvint en se dêchant,

en 31 1, polir le chi.istianisnie ; (le manière

qi>'apiks 17ans de perfidies, de crimes et

de guerres, il reiissit, en 323, i s'emparer seul

de la dornioû(ioq de l'Empire romain! Ainsi

10


clisngea la ljositi~n de ceiix ctiii s4ap1>ela:ent

clirétiens; de yerséciités ils devinrent persécuteurs

des pnyens ;ils eurent cles églises inasnifiqiws

et un ciilte divin brillaut; ils eurent iin

$rand nombre d'ecclésiastiques et iin clergé à

ivcrs degres, et bientôt les évilqties de Bysanco

(Consiant!nople), où le rusé Canstantin avait,

en 330, tran~portésa résidence, loin du sGnat et

dii peuple romain ;ces évGc~ues et ceux de Roine

lie furent plus contens de leur tilrc d'arcliev4-

ques; ils prirent celui de patriarches. Non-seiilement

la ftireiir dq rang et de la domination

qui animait les ecclésiastiques, mais encore les

dispiites siir le dogme, psr exernple, si le fils

de Dieii est étersel, piiissaiit et de même nature

qne Dieii le pcre, ou nou, comme le soiitcnait

le prehyte'rien Ariiis; tolites ces apparitions

montrent que l'esprit de l'antique et primitif

cliristianisme commentait ?t se perdre. Le symbole

de la cousubstantialité fut confirmé comme

véritable dans lin concile général qui eut lieu à

Eic&e,daus l'Asie mineure (5~5)~ sous la présidence

de Constantin, et Ariiis fut excommunié.

On clécicia en mhe temps, ce qui existe encore

aujourcl'liui, de célébrer toiijours la fête de Pâques,

le premier dimanche yiii suit immédiatement

la premiére pleine lune, aprés l'éqiiinoxe du

printemps; de manière cliic cette fête est tantôt

en mars, tastôt en avril. L'Egiise &tait dovenue riclic

et piiissante ;le clirdiien avait accés à tous

les emplois de l'e'tat, el 1:empereiir sut appuyer

sa puissarice sur la hiérarchie de I'Eglisc, yendant

que le clergé siit à son tour se procurer tie

grands priviléges, iine jiiridictioii particiilièi-e,

des donations, etc. Nais bientôt il y eut des

cliréticns qui se retirèrent dans la solitude pour

S.'y livrçr b uiie pieuse çonternplation ;ils deïiq-


( 111 1

rent anacliorhtes, comme Paul (le Tlièbes, Antoine;

il y en eiit d'autres qui réunirent autour

d'eux des disciples, comme Fachornias : ces disciples

s'établirent daus le voisinage de l'aliacliorète,

devinrent moines, et occnsion6rent la fondation

des couvens. Cette vie s6vZre et solitaire

inspira lientôt beaucoiip clc respect et troiiva

des imitateurs. Rlais revenons 5 Cohstantin et à

Ses successeurs.

Constantin avant transféré le siégc de l'Empire

à ConstantiriuPle, les frontières orientales furent

à la vc'rité plris assurées, mais Rome commenca

aussi à déclioir ;il y eut aussi iine noiivelle division

de l'empire en quatre prefectures otl souverncmens

(przfccttira Orientis, Illyri~, Italiæ

et Galliartlm) avec 13 dioc&ses et 1 ig sotis-provinces

; puis iine foule de nouveriiis titres et de

noiivelles dignités à la cotir, dans le civil et dans

le militaire. Çes divisions, ces formes et ces dénominations,

si elles ûvaient pi1 fonder le bonheur

public, si elles avaient pi1 doriner qttelque

chose de plus qu'un simple éclat oriental, auraient

rendu trés-heureux l'Empire romain;

mois il n'en fnt , et Consfaniin qui,

pour le service qdi~~:a:t?ndu nueliriitianisme,

avait mérité le nom de grand, ne piit assurer le

bonheur de l'Empire dont la consistance se perdit

presque entihrement sotis ses fils. Des trois

fils de Constantin,levoliipttteux Constaiice, gouverné

par des eunuques, obtint le règne aprt! lin

long combat (337 à 361); mais Flavius Jlrlien,

nonimé déjà CCsar en 354, se vit enfin se111 maître

de l'Empire (361à 363) ;ce fut de la maison

de Constantin le dernier, et l'hoinmc qui avait Ic

P~USde talent; déjà il avait victorieusement coii-

vert les frontières du côté du Rhin, et avait pénétré

bien -an$ es Allemagne; cet empererir


( 112

joignait abx talens militaires et politiqiies le goût

poiii. IR ~)ltilosoj)liie,I'arrstérité des iriœurs, I'esprit

tAt l'kioqiience; il abaridonna le cliristianismerléhillant

polir retouriier ail paganisme. Aiissi

fut-il siirnominé l'apostat. Blais ce n'est p?s

dans ce oint qiie se trouvait précisément le

sali1t de l'Empire.

Soiis les empereiirs siiivans , Jnoien , Yalcntinien

I, Valens (363 578), il y eut uon-seiilement

lin colnbat coritinrlel et toiijot~rs clangereiix contre

les Allemands dri Rliin et dri D:tiiiibe, inais

en 375 arriva aiissi l'iiivasion iinportante par ses

réstiltats, des Hiins en Eiirol,e, oii le coininencetiicitl

(le ce gr~ncl nioiivement appelé la grantlû

niisration des peiiples qiii, cent ans plus tai-(1,

finit I'Einpire occideiital cle Roine. C'est iine

miisse de peiiples cliii, du fond de I'Asic, se

transportent d'iiue dist;ince (le 1,500 niilles jiisqu'aux

colonnes cl'Herciile en Espagne ; ces

peiiples n'ont (le comiriiin entre eiix qiic de se

tt-oiiver sur la (lireciion (111 nord-onest au sirdoiiest,

et (le transporter des tribiis sauvages dans

des pays l~liis civilisés. Les Hiiris, peuple nomade

du filogo1, peut-être pouss6s eris-miines

par des peuples pliis orieniaiix, peiit-être par

Jxinrlue cle piîtiiragc, s1élnnrèi.ent des plaines (le

I'Asic* ceiitrale et se dirigèrent vers l'oliest. On

lcs regartla coinnie enfnns de sorcières ou (le

m:il~viiis esprits. telleinent ils )arureiit sailvages

Pt ri1de.s avec ieiirs vêteineiis de peaux qui couvraient

le~irs corps difforiiies.

Lm Alanes, leiirs voisins (le la Volga, ne résisterent

pas à lciir irriiption, et furent entraînés

par eiix coutre le penple des Gollis cpi, sous

Hermnnrich, venait &être tliviséen deux empires.

LPplias oriental ile ces deux empires, depuis la

Yolça jusqu'au Dniestcr, ne put résiste!. celte


( 1x3

masse de peuples asiatiques, latluelie étaient

veniis se joindre d'aiitres peuples; les Gotlis

orientaux Fe retirèrent donc de l'autre côté du

Diliester vers les Gotlis de l'ouest, et ceiix-ci s'enfuirent

les tins vers le nord, les autres pribrcnt

1'cinl)ereu r Valens (le leur accorder un asile dans

ses paysan sucl du Danube; ils s'obliaeaient de

garder dans ce cas les fronti6res. la% lorsqiie

lientôt après d'aiitres essaims de Gotlis forcérent

le passage dii Danube, Valens succomba en 378

près ti'Andrinople, à leur grand nombre, dans

la tentative qu'il fit de les repousser. L'empereiir

Tliéodose parvint à dompter les Goths (379

à 395). pendant que les Huns, nienant encore

une vie nomade dans les grandes steppes di1 sud

(le la Russie et de la Pannonie, y trouvaient un

pâtiirage abondant pendant O ans. Théodose se

debarrassa de ses collbçucs Jans l'Empire, combattit

avec un akle trop aveugle l'arianisme devenu

doiriiriant dans l'Orient, et qu'Ulfilas avait

aussi, par sa traduction gotliique de la Bible,

fait passer cllez les Gollis convertis ; clierclia à

étoiiffer entiérement le paganisme, et à a aiser

avec une M~orireuse sdvél-iti! l'intérieur de I(~in-

7

pire, en meine temps qu'il le prote'geait aii de-

Iiars. Mais, sanss'eu doiiier, il mina L'Empire en

le partageant (395) à ses deux fils; les préfectrires

orientales fiirent le partage d'Arcade son fils

aîné, sous la tiltelle de Riifiniis, mais les préfectures

de l'oriest devaient être gouvernées à Rome

par son GIS Honoriiie, âge de I r ans, sous la tiitelle

du Vandale, Stilico. Ce fiit surtout dans ce

siècle qne les Francs commcncérent à passer le

Illiin ; leurs expc'ditioris, sorivent ninlliei~reuses,

leiir periiiirent pourtant de former à la fin un

établissement considérable entre le Rtrin et la

sertse se. Ce fut par là qo'ils entr6rent daas la


( 114 )

Gaole pour en faire la conrluite. La religion

chrétienne prit une grande extension. Le premier

concile, appelé concile de Nicée, eut lien en

325 et dura 2 mois et 12 jotlr~.

L'empire romain devait cependant former encore

toujoiirs un tout, mais jamais les parties n'en

ont plus été réilnies. hlalheureusement les miiiistres

desdeux empires eurent une contestation, et

les Romains orientaux engaghent les Goths de

l'ouest qui étaient soiis la conduite d'dlaric à

faire une invasion en Italie. Stilico parvint encore

à battre en retraite (403 à 406) les Gotlis de

l'oiiest, et bientôt après de noiivelles hordes venant

de la Hongrie, sous Rhadagais, c[uoique la

Gaiile se trouvât alors dépoiirvue (le ses légions

qui ordinairement ardaient ses frontières, et

qu'elle fut inondée fe ~rancs, #Alanes, de Bourguignons,

de Suèves et de Vandales, dont les

avant-derniers s'établirent en Espagne et les derniers

en Afrique. Mais après l'assassinat de Stilico,

Alai-ic fut plris Iieureux et pénétra jusquli

Rome. Rome fut plusieurs fois prise el dévastée ;

la mort seule tirrêta les progr& (1'Alaric. Ses

Goths l'ciisevelirent clans le lit d'un fleuve dont

on avait détourné le cours, et qu'on fit ensuite

refluer dessus. Athaulf conduisit sprkç cela les

Goths (409) dans la Gaule et en Espagne, ct Foudn

dans ces deux ays un ro aumede Goths de l'ouest

dont la enpitare frit Tou rOuse (412) H~noïiusent

pour successe~r, Jean, son secrétaire particulier,

et à celui-ci succéda, de 425 à 435, Valentinien

III. Sous cet enfant; l'Empire romciin perdil

in Grande-Bretagne en 427 ;des hordes saxonnes,

anglaises et jiitiques s'y établirent (449) après y

avoir été appelées sous Hengist et Horsa contre

les Pictes et les Scotes; de 429 à d77, l'Afrique

se détadia de l'Empire par Genscric ;l'Illyrie, de


ir5 )

l'oiiest, par un mariage, et la Gaiile, dÿ sudouest

par les Bourguignons. Mais il eut un plus

rnd danger lorsque les Huns aussi réunis enfin

epuis 444 sous un seiil général, le pnissant Attila

(Etzel), appelé aussi Godgcisil, ou fldaii de Dicu,

attaquèrent le pays romain de l'ouest. Les BOmains

orientaux [es avaient apaisb par des tributs.

A la tête de beaiicoitp de rois et de 700,000

coinbattans qiii dévastaient tout par le fer et le

fer1 (on en voit les traces darrs~plusieurs villes dtz

llliin), Attila péngti-a dans les Gaules; là, il se

trouva en présence d'une armée de Romains

sous Aétiiis, de Francs, &Alanes, de Bourguignous

et de Visigotlis, et dans les clicinips Catalaiiniques,

près fie 1:~ Biatrona (aujourd'liui CIiâ-

Ions-sur-Marne), eut lieu la bataille des peuples,

où le fléab de Dieri frit lui-même battii (r60,ooo

cadavres des deux armees couvi-aient le champ

de bcrtaille! ) et, forcé de rétrograder, en 451.

Dans la liaute Italie, Ayiiileja fut alors détruite;

les lieu les s'enfuirent par milliers dans les Iagunes

fe la mer Adriatique et y fondhxnt Venise.

Mais le pape Saint-Léoii et de riclics présens

portèrent Attila à ne pas liénétrer jiisqu'à

Rome; il inourut bicjntbt après (453) eii Hongrie,

et il fut enterré soiisle briiit de jeun et de clian!~

guerriers ; on tiia ceux qiii l'avaient enterre,

afin d'emp6clier clii'o~ ne traliisse le lieii de

sepiiltrir-e du grand Jiéros cles Huns. Son royau-

]ne fiit d6labi.é. LesGoihs orientaux, les Gépides,

le? Avares, les Longobards, tous assi~jétispar

1\11, redevinrent libres. Mais Aétius frit poignnrdé

par l'empereur Valentillien à qiii on avait irispire'

de la n~éfiance contre lui.

Les dernières 21 annees de l'Empire romain

de l'oiiest comptent encore g empei-eiirr. En 45 5

Gesseric fit une irrttption en Italie, et comme


( 116 1

accompagnk des mânes des vieiis Cartliaginois, ik

pilla iiriyitoyablement Rome. JIes paro!es d'Homère,

mises dans la ho~iche de Scipon, coinmenckrent

à se réaliser. C'étaient sartout des

étrangers à la solde de Rome, derniers soutiens

tle I'Elripire, Ricimer, Gondobalt, Orestes;

iii en occupèrent arbitrairenient le trône. Ce

Qcrnier le donna en 475 à son propre fils, Rouiil-

Iris Aitgiistiiliis, niais qiie le commantlant de la

garde impériale, com osée de Hérules, de Riigiens,

de Scires, de ~urciln~es, d.Odoaçres ,assiégea

dniis Pavie, jiisqii'à ce qu'il se rendit et

ppsit la pourlire, en 476, après J.-C. a<;a%

(St.-Severin, cn Bavière, l'avait prédit ail pieux

giierricr) s'intitula depuis lors roi d'Italie, et il

régna 11; ans. Ici finit la suite des empereurs.

L'Eiiipire romain avait duré r 220 ans, et ainsi se

trouva accompli l'oracle de l'ancien aiigiire des

12oiseaux dii sort, q!ie Rome croîtrait pendant

6 siècles el décroîtrait. pendant 6 autres, Roine

cornmerlfa par iin Romiilus et finit par un monarque

de mGme nom ;de meme c~iic!Constantiooide

cpii fiit fondée par Constantinet que per-

(lit iin niitre Coostantin en 1455. L'liisloire de

laEmpire orieiit.al ou grec n'offre rien jrisqu'à

cette époqiie qiii appartienne à l'liistoii-e universel

le.

Ain4 arriva ce qui (levait arriver. Le colosse

put à I'estc'rierir facilement &ire c'bradé ct

renversé, par cela inelne qiie ce qi~i liii servait

de base, et qiii sert de base à toiit Etai, la sincérité,

la bravoiire et l'amour (le 1ii patrie en

avaient tlepiiis long-temps disparil. La politiqiie

ya&Lait perverse, et 5 la fin inArde, sans inuxirnes

sures ; la brdvoiire des temps aticiens était cliose

ou1)liée. Depiiis long -temps les soldats des légions

c'étaient dénris de leurs lourdes cuirasses, sans


( "7

doute poiir pouvoir mieux coiirir. Des peiiples

allemands offrirent coinme mercenaires leiirs

bras vigoiireux, afin (le tourner, le cas écliéant,

la pointe de leiir glaive contre le protégé luimêine.

Une génération dégénGrée, dnervée, qiii

se laisse alle;, doit périr; il n'y a pas de Dieu cliii

puisse ou veiiille la soiitenir. Res in 1 2 0 ~scefus

devolilta ernl, ut nisi qrli mnlrts firerit, salvus

esse non posset, dit le noble Salvianus de

Marseille. La vie scientifique des Romains -aiissi

avait disparu; l'on peut à peine nommer depuis

Dioclétieii , un Claudian, un Aiisanius, liistoriograplies

des empereiirs, un Ammianiis Marcelliiiiis,

Eutrope, et les grammairieus Festiis,

Donatus et Priscian. Le :droit y frit encore le

lis ciiltivé, quoiqu'il euCpresque 'disparu dans

F d pratique.

Aux l\omnins succèdent les braves et vigoiireiix

peuples germains destinés à donner aux siècles

ftiturs cle la gloire, et ut1 nom ailx Etals prêts à

s'élevei.. Parlni ces peiiylcs ies Francs qiii avaient

fait desexcursions Jans la Gaiile, tiennent le premier

rang. En 420 , ils ~'6111rent lin roi ,

noirimé Pharamond, qiii fut, dit-on, l'aiiteiir

de LA LOI SALIQUE, qui exclut les femmes de

la couronne. , Mais la inonarrliie francaire ne

commence véri~allement qu'avec Clovis. Ce

prince belliqueiix s'empara de presque ioiite la

Gaule, vaiiiqriit le dernier général des Romains,

Syag,.ius, à Soissons ;Afaric ,roi des Visigoths,

à Poitiers; les Allemands à Tolbiac, et d'aprés

les conseils de sa femme Clothilde, il embrassa

le christianisme.

Mais comme le développement des Etats qui

furent fondés alors , et qui subsistent encore

a~)jourd'liui, fait le comniencenient d'iine nouvelle

époque, corne le crcle de l'ancien monde


( 11s >

paraît &couléavec la dernière grande révollition,

avec la cliutc de Rome, comnie ce qiii lui est

postérieiir est de nature différente et tl'iine autre

manière ,nous terminons ici l'liistoire ancienne.

C'est une époque importante à cause des grands

développemens que prit le genre hiininin sur

quelques points (lli globe. Si de nouvelles révolutions

ont visibleineiit encore une fois tout

aneaiiti, les derix parties principales de l'ancien

monde ont poiirtant légué au nouveau, deux procllictions

importantes sans forme et n'ayant rien

d'extérieor, fruit de l'esprit et de la méditation,

ces productions sont restées: de l'Asie est vcniie

la relieon chrétienne, et de l'Europe, les œuvres

du génie des Grecs et.des Romains.


LIVRE II.

H1[8T01[R'4E:

\

DU MOYEN AGE.

Deyzci.9 la chute de FEmpire romain juspic'd

la découverte de CArnérique. (476

à 1492.)

--CL-

CHAPITRE PfiEMIER.

Depuis la chte de l'Empire romain jusqulà

Clrarlcnzagne. (476 i 768.)

Ce qui est vieux et usé doit faire place à ce

p i est jeune et vi~oureux, commcun nouvel

édifice s'elève sur des ruines. Les yetiples qui

avaient de'cid6 (111 sort de l'Empire romain s'en

adjiig&rentles <Iépo.uiI!es et formèrent de nouveaux

états. Ces peuples &taient encore peu civilisés

; la civilisation romaine n'a pas mnnqiié

d'exercer de l'influence ~111. eux. Cependant, à


t lzr i

l'exception de l'Empire oriental, tout en Eiirope

paraît recommencer lin nouveau coiirs yorir se

développer et réussir d'autant mieax. C'est poiirquoi

le irioyeii ige, qiioiqiie trés-grossier encore

et dépo:irvu, de culturc, présente toiitefois lin

aspect imposant, et comme dans iine terre vierge,

tout devait y pousser et mûrir plus rapidement

; si de l'ivraie s'est mêlée à la bonne herbe,

cette ivraie meme, clans le montle pliysiqiie

comme dans le moude moral, devait avoir son

iit;litc'. C'est l'Europe et l'Asie méridionale qui

sont le tliéitre (!e I'liistoire ge'nérale di1 moyen

$ge. L'Afrique reste en arrière et paraît se reposer;

petit-Gtre pour reprendre plris tard rin rôle

principal. Mais l'orient et l'Occident se séparent

de plus en pliis ;si là un despotisme çaerrier et

reliçieiix eiicliaîne des peiiples dressés à l'esclavage

et fontle rapidement des états, en Eirrope

tout se subdivise pour former cles états moins

grands, mais florissans dans iine liberté ternpérée

;l'Europe grandit en intelligence, s'enrichit

pas des inventions, s'instruit par des clécouvertes,

et la civilisation s'avance à pas de séant.

Parmi les empires florissans dans ce1 te période

se <listiugiient les suivans :d'aboi-d celui des 0 s-

trogotlis en Italie. La priissance d'Odoacre avait

été reuversée par le piiissant Tliéo(1oric-le-Grand,

roi (les Ostrogotlis ;et depuis 49%l'Italie et l'île de

Sicile, puis les pays clii Daiiribe jtisqii'à l'Empire

grec restèrent au poiivoir des O~trogotlis, établis

auparavant en Pannonie. Tliéodoric nioiiriit,

en 526, rdpiité le prince le 111~sage et le pliis

puissant de son temps. hiais après sa mort il y

eut des princes pliis faibles, et In coiir grec lie

clierclia , soiis Jiistinien, à recooq~iérir1'1l8ie.

Le célt:bre géndral Bélisaire, qui avait dejjà niis

fia à l'Empire des Vaudalcs, en Afrique, et son


( r2r )

silecessetir, i'eiiaucpie Narsès, coinbattirent si

vaillaniment qu'apres de longs combats, où Rome

particulièrement souffrit beaiicoiip et fut inênie

presque dépeuplée dans l'espace de quelques SCmaines,

le granil peiiple des Gotlis ,malgré 1'6-

nergie qui clwz liii avait siiccédé à iine mollesse

prolongée, fiit bnttri en 534 et leiir Empire cessa

d'exister. Mais les Lombards (Longobards; ils

donnèrent letir nom à l'Italie septentrionale, la

Lombardie) venant eii qiielqiie sorte (le ln Pannonie,

s'emparent (3%)de 1 Empire des Ostrogoths

sous Alboin, c~uoique les Grecs conservassent

encore quelqiies parties de l'Italie (1'Exarchat

et Rome). Cliai lemagne mit fin en 774 à

l'Empire des Lombards.

Dans les Gaules un aiitre peuple devint bientôt

doniinaut ;ce fut celui des Francs ,inot qui

signifie ltomnzes libres, car plusieurs peu les clil

nord, pour défeudre leur liberté contre fes Romains,

avaient fait ail 3e siècle iine alliance contre

eux. Cette alliance s'c'tendit insensiblement

daus diff4rentesiribiis par le Bas-Rliin, daus 1'Ile

des Bataves, et parmi les cliefs qui la composaient,

dont le premier estpharamond. il s'éleva

en 481 un prince nominé Clovis (Clilodwig

Louis), qui, à côté de grancies vertus, eut des

vices détestables, tels que l'anibition, la cruauté,

la vengeance, etc. II comnlenca par conqriérir le

dernier reste di1 Inys des Romains dans les Gaules,

au moyen d unc bataille près de Soissons

contre Syagrius, leiir général ;et, comme nous

l'avons dit, il battit ensuite lts Allemands, autre

alliance de peaples, dans les contrées entre le Rhin

et le Dnniiùe (àcetle occasion il devint chrétien

de nom), et leur prit une grande étendue de terrain;

il Coiirna aprh cela ses armes contre les

Visigoths do~t il d6irriisit pmsq!le entièrement

. .


( i22 )

la pu;ssr\nce dans les Gaiilcs , en la bornant à la

seule Espagce. Il rendit tributaires d'autr.es peiiples,

tels qrie les Tlluringiens, les Boiirguignons,

(au siid-ouest des Gaules), fit périr les autres

cllefs des Francs, et laissa ainsi, en 511, ut1 einpire

qui s'éteuclait sur presque toiites les Gnriles

et sur une grande partie de l'Allemagne occideiitalc.

Ses snccesseurs (les Bléro~ingiens, descendans

cle Ilérovée) partaghrent le pays, y ajoiitèi-ent

Thiiringiie (531) et la Bourgogne (534).

Illais les noml>i.eiix partlites, les contestations

intestines dans la niaison royale ( ii'on se rappelle

ces fsries ,Bninelinut et ~réjé~onde ), ces

inisérablcs ,prioccs. qui passkrent leur vie i

manger et a boirc d'rinc maniGre déraisonnable

et à sc laisser conduire toiis les ans sur des

cliars nttelc's de baiifs à l'asseinblc'e di1 peuple

ou au Çliainp-de-Rlars, firent tellement dégénérer

cette race royale, qiie leiirs grands maîtres

dlliô!el (majores domîis, espèce de fermiers) enrei~t

bientôt une grande cousiilc'rntion; tels que

Pepin de Landen, Pepin dlHerestel, Cliarles

BIrirtel, qui en 732 battit j~rès de Poitiers les Arabes

oii Sarazins venant d'Espagy, et enfin Pepiu-le-~ref

(ou le petit) ,.qiioi(jli il eiit assez de

icûrce pour abattre d'un coiip d'épée la tête à un

lion. Pepin-le-~ref enferlna enfin en 752 le roi CIiildéric

III ilans un cloître, oprCs que le pnpc qu'on

avait co~isrilté, y eût ccnscnti, et Pepin se fit roi

à sa place. Le fils de Pepin fut (Itlmrlemagne.

Les mœurs et les coutuines dcs Francais sous

les rois de la premihre race etaielit d'une grande

simplicitc'.

L'élection des cliefs se faisait ainsi : on élevait

le nouveau roi sur iin boiir!icr et on le promenait

trois fois aiitour di1 camp, aux acclamrition~

de tous les spectateiirs ; leur premier chef, dont


( 123

parle l'histoire, est Plinrairiond (420); Clovis

fut le preniier sacré roi à Reims, et c'est à cette

cérémonie qit'on attribue l'origine de la Sainte-

Ampoule. C'est i Clovis que doit veritablement

commencer la moriarcliie frnncaise. Les rois n'dtaient

dans l'origine que des chefs militaires;

1eui.s domaines consistaient en troiipeaux , et 1%

nation etai t divisée en Ilommes libres et en sel-fs.

L'ignorance e'tait si granrle alors que soiis Clovis

11 (670) ,un concile dc Narbonne ddfenclit d'admettre

dans les ordres quelqii'iin qui nc salirait

pas lire. Dons lc principe, les Fi.ancs parlaient la

langue germaniqiic ; lorsqia'il~ s'établirent clans

les Gaules, le latin, mélé rie franc, devint la

la laugue vulqnire. Pli!sieurs inoniirness qiii existent

encore nctiiellenicnt à Paris, où Clovis &tablit

(508) le siége de son Etal, et plusieurs personnaçes,ce'lBbres,

montrent, à l'époque dont noiis

loris, un pragrés très-remarquable dans la civilisation

di1 peuple francais.

Ce fut sous les rois Rlérovingiens que fiit institue

le Chan2p-l{e-Mar.~,assemblée tolite mi -

litaire oh les giierriers venaient apporter des

dons à letirs et coniine tout alors était

sur le pied de gllerre, on petit appeler ces as-

~emblc'esassembk&es nationales.

Les Alleinands linliitaient, clans le 3e siècle,

aprh J.-(;., la partie cle la Germanie, appelée

depuis la Souabe. Clovis Ier,roi de France, les

vainquit à Tulbinc.

Les peuples les pliis importans de 1'Aliemagne

a cette époque fiirent les Frieses , les Saxons,

(peuple c ui apparaît pour ln première fois, 130

"rés J.-A., d'abord dans le pays appel6 aiijourd'lii~i

le Holstein et plils tard eiitre le Rliin et

l'Elbe, où ils se partagèrent en Ostplialiens ,en

Engers ct en Vestplialiens!; puis les Tburiq-


( 124 ).

giens (sous Hermanfried jusqu'en 531 ), les

Bajoires (plus tard les Bavarois) et les Alemanes.

Qiiand la piiissdnce des Ostrogotlis tomba, les

peuples au sud du Danube, ainsi que :es Bavarois

deviurent .A la vérité, libres, mais eurent des

guerres violentes avec les Francs. Dans 1'Allemagne

occidentale le grand peuple des Slaves

ou Vendes, avec ses nombreiises tribiis éparses,

commenca à péuetrer vers l'Oder ctl'Elbe. Venu

de l'Asie il s'étendit peii 3 peu de l'Elbe jiisqti'k

la mer Adriatique par toutel'Allemagne orientale,

la Boliême , la Moravie, la Silésie, la Pologne et

la Hiissie. La langue, les mœiirs ,la religion et

la manièi-e de vivre les distingtièrent (les races

allemantles; leur Czerubog et Bilbog ,esprit bon

et esprit malin, letir Rûdegüst , leur Swantevit

et leur Siva étaient souvent de singulières idoles

à pliisieurs tetes, qui ~'robablement devaient

symboliser des forces de la nature.

Dans la Grande-Bretagne les 7 ou 8 petits

royauines Saxons (Heptarciiies), se maintenaient

à côté des anciens Bretons et Gaiilois, et se réunirent

en 828 sous Egbert pour former tiu seul

royaume ;pendant qiie les anciens habitans se r6-

fugièrent à Vales et dans la Gaule, nord-ouest, et

doniièrent à la nouvelle patrie le nom de l'ancienne

(Brelagne). Dans le D;ineniark, dans laNorwége

et dans la Suède, des états de Iiardis pirates

se formèrent soiis le iiom général de Normands,

homtfirs du Nord, gui ,soiis leurs rois maritinies

,vinreut bienf ot visiter les côtes de la mer

dii Nord et de la mer de l'Est. Les Francs avaient

borné à l'Espagne L'Empire cles Visigoilis ;mals

cet Empire s'accrut des Suèves dans le nordouest.

D'un autre côté les Arabes qui, soiis Tarik

, avaient débarqiié pi-és de ~ibel-al-Tarck

(Gibraltar) et qui avaient su se mainteuir après


( las )

des batailles sanglantes, se rendirent dans le sucl

1i:aîtres du pays, depuis 711. Outre cela les

Tscliudes ,les Finks viennent en Europe près de

la mer de 1'Est; ail nord d ~i Dauube viennent

les Gé ides qui avaient été vaincus par les Longobarfs,

et à l'est (le ces derniers, plils vers

l'Asie, viennent les Bulgares et d'autres peuples

encore iiioins imyortans aiiparavant.

Cependant l'Empire oriental de Roine contiquait

encore d'exister; exceptc' lie les ecclésiartiqties

avaient rcrnplacé les prles rétoriennes,

pour gouverner l'litat, et par les 8spiites de

ces ecclésiastiques sur les natures, les personnes

et les volontés doubles, etc., en J.-C., on vit

éclore une foule de cloctriries, cle la recherche

trop niinuticuse, desquelles la yiéte' simple d'un

chretien. n'a niil besoin pour son salat. Outre

cela des femmes, des eilnuques, des moines répaient

sous le noir1 de monar<Iiies faibles. On

apaisait-par dei'tribiits des peiiples voisins tou-

]ours menajans ,te!~ que les Billgares ;les Perses,

les IIuns ,et lorsque les-Arabes assiégeaient

Constantinople elle-meme ,on lanja contre eiis

le feu grec qu'on ne pouvait éteintlre et qiii ùrîllait

mhe sous l'enii. Parmi pliisieiirs empereurs

se distinguait Jiistinien 1.r (521à 565) qiii, nonseiilement

parvint à reconqiiérir -1'1talie, mais

(lui fit niême rédiger pour son empire un code de

droit d'a 1-2s des sources anciennes et des édits

plus mofernes ;ce code porte son nom :Coder

Justininneiis) et est encore aujoiirct'liiii très-es-

tirné. Mais inalgré tout son mérite par rapp~rt à

la science du droit, il ne put doiiqitar les p;irties

des verts et des 61eirs qui se répandirent bientiit

à la ville et à la cotir et formérent des factions

f armi le peuple. Il y eiit à la vérité plus de laci-

)té ait sujet des écoles pbilosophiqoes d'Atlià-


( 126 1

nes. Dans le Se siécle c'clata à Constantinol~lela

guerre des Iinages; qiielques empereurs chrétieris

ayant fait sortir des églises les Iinages , il

s'éleva iine secte appelée secte d'Iconoclastes 011

briseurs d'Images; cette secte s'attache h la lettre

de la loi BIoïse qui de'fend de rendre aucun culte

i des idoles. Qiioiqiie l'intention des empereurs

qui soiitenaicnt cette secte fiit bonne, ln dispute

ui s'devi~à cette occasion frit très-violente ,et

8regoire 11, év6yue 'le Rome, qui depuis longtemps

épiait le inoirient de se détacher entièreincnt

cles einpereiirs de Constaiitinople, se déclara

favorable aux Iniages, sc joignit aiix majordoiiies

francs et se détaclia de Byzance. Il y eut aussi

une dispiite :tu sulet du rang clc l'6vêque de

Rome à côté (111 pitlriarcl~e de Constantinople ,

coin~nesiIr le dotrine conceriinnt le Saint-Esprit,

s'il procéde cl11 &re etdir fils (croyance romaine)

oii du père seril (selon la croutincc grecqiie ). Des

flots de sang coulèreiit aii sujet de la que,rre des

Images ;on fii t enfin obligé de lever la défense

qui les exclilait des églises, et l'entreprise de faire

cesser le monarcliisine ,(iclioria égalcinent. Cependant

Léon III 1'Isaurien. et Constantin V,

sous lesqiiels coininenci.reii t ces guerres d'Eglisc,

compi.ent au nombre des meilieurs empereurs*

Mais l'iinpératrice Irène, con1 emporaine de C11arlemagne

, srlivit rin aritre système.

'

L1iinport:ttioii des vers i soie dont des moines

avaient apporte les ciifs des Indes en Europe,

dans des roseaiiic (555), fut pliis inlportante cj~le

plusieiirs noins d'cinperciirs.

De l'Asie il ne resta plus 3 l'Empire oriental

romain que l'Asie-Milleiire et les pays vers les

côtesdela Syrie, et l'Empire romain étiiitborné à

l'Orient par la Perse ;derrière elle étaient les états

isolésde l'Inde et l'Empire immense de la chine,


( 127

tautat divisd, tantôt re'iini, soiis les dynasties

de Tsin, de Sui et de Tang. RIiiis malgrc' ses

bonzes, ses écoles et ses (locteiirs, 1'Eiiipirc cliinois

resta mncliinalement imniobiie sïir le degré

de culture qu'il avait atteiut, el c'est poiirqiioi

il ne mérite pas d'être sitôt mentionné de noiiveaii.

Rlais un pays qui Ic inérite et qui jusclii'à

Trajan (rer siccle après J.-c.) n'avait éte' siibjugiié

par aiicrin conquérant, pnrce que dans

ses deserts il se trouvoit comine cltins une forteresse

inexpugnable, ce fut l'Arabie. La partie

méridionale du pays avait seille, ainsi qiiz les

côtes prhs du golfe Arabique et du golfe Pcrsique

, des villes et iin cornmerce très. florissaut

avec lesIncles, 1'Etliiopie et 1'Egvpte. Des Iiordes

de Redouins, avec leur aniiqhe conslitlition

patriarcliale et leiirs émirs ou ciiefs de tribus,

parco~iraient l'intc'rieiii- du paw. Le clieval et

le chameau , cette bête de soihine infatigable

et par là utile au inarchand, utile encore aii

voyageur altéré h qiii il fournit l'eau qu'il conserve

comnie iine citerne, le lait, la viande;

le chameau dont inêine le poil. l'urine et le filmier

, sont iitilcinent employées, voili prescIiie

la seille forliiiie (le l'Arabe. Li oi~le terrible

Samum parcoiirt la terre coinuie l'Ange de ln

mort, oii la tempéte coiivre promptement d'une

colline de sable (les caravniies c1ilit:res. tandis

que dans les contre'es fertiles de ce ineme pays

croisscnt la canuellc, 1;c cascie, l'encens et le cale,

et où paraît étre iin jardin de ~ieii, enfiii où

1û vie et la mort se rencoii trcnt (l'une inariière

admirable, surgit rin cinpire qrii bientôt s'étenct

sur trois parties dii uioude, et une religiou qiie

reconnaissent encore aiijoiircl'liui la plupart des

peuples de l'orient. Riafiamet , fils d'kibdallali,

ne' à la RIecque en 570, de la noble famille de


( 128 1

Cdreisch, fut le fondatei~r et dc cette religionet

de cet einpire ;ce fut lin homme d'une imuçination

riche; profond penseur, coilra~eux, d'un

exterieur avantageux, veritable idéal oriental.

Sa famille avait L'inspection du tombeau d'Ismael,

fils d'Abraham, le patriarche. La Caaba

oli pierre noire coiivrait ce tornl~eaiii; les de'vots

en faisaient le tour 7 foiset I'en~brassaient 7 fois.

Mais tous n'avaient pas la mtme croyance. Celle

du feu repe en Perse, lc mosaïsme chez les

jiiifs et même le cliristianisme né dans le voisiriage

clc l'Arabie et d'autres religions se rencontraient

en Arabie. Le joug politique qu'avait

appesanti In désiinion des tribus et des

voisiiis iiissaus était très-dur. Alors l'esprit

youssa kaliamet dans les effroyables déserts et

la lui fut manifestée sa vocation de réfoi.mateur

politiqile ct religieux. Il n'v a qu'un seul Dieu

a et Maliainet est son propli&te. ivependant il

« reconnut aussi comme envoyés ( lvins Moïse et

cc J.-C.) La prière conduit à moitié chemin ail-

«. devant du Seigneur; le jcûne, jusqu'à la porte

« de sa maison ;l'aumône en ouvre Ics portes. n

C'étaient là les yriuçipaiix préceptes de l'islamisme,

sa religion. déposée dans le Corart, ce,

livre qiii est la seule réglc des musulnians. Les

grandes joiiissances que rêve l'imagination brûlante

des contrées orientales devaient être en

partage au ciel à celui qui tombait dans le conibat

pour la propagation et la cie'fense cle ia religion

;mais les terretirs de l'enfer attendaient le

mécréant et le 13clje. D'autres préceptes tels que

celui de In circoncision, de la yolygarnie, la défense

de la cliair de porc et di1 vin, étaient fondés

siir des motifs locaiix. Mais le 15 juillet Gz2,hIabainet

se vit contraint de fuir (Hedsclira, liégire)

de la Mecque à Médiue; taut il est vrai que .ntil


( 199 )

h'est p~oplièteJans son pays ;à Médine il trouva

des partisans, soumit la Mecque et bientat après

tonte l'Arabie. De celte fuite date l'ère des musiilmaus,

appelée Hegire ,mot qui signifie fuite ;

Blaliamet fit son dernier p6lerinage à la Cabba,

i la tete dc 40,000 croyans, et mourut en 632.

Sous ses successeurs, les califes (vicaires) :Abolibeker

(son beau-père) , Omar, Otman , Ali ,

( gendre de hlahamet) ,la Syrie et la Palestine

furent enlevés à l'Empire romain oriental ,

l'Empire perse fut ensuite subjiigué, et en G40

I'Bgypte, où s'éleva bierit0t le Caire, fiit conquise.

Omar brûla les plus,précieux tr6soïs littéraires

dlAle.rancirie, parce qu'il y avait des clioses qiii,

ou ne se trouvaient as dans le Coran, et par

cons&quent étaient, seyon liii, condamnables ;oii,

si elles s'y trouvaient, disait-il , elles étaient

inutiles. Rien ne pouvait résister i un pciiple endurci,

plein d'entliousiasme religieux, pénétré

du fatalisnie oit croyuuce que nul ne pouvait

échapper à son sort long-tenips arrêté d'avance,

et à qui le repos paisible ou la bataille sanglante

deveit être égaleinen t dangereux ou Cgalement

indifférent. A'Hassan, fils d'Ali, suivit une autre

famille cle califes, par 31oavijali ;cc fiit celle des

Ommijades qui dura jiisqu'à 749. Damas devint

lc siege-principal ùügouverneinent ;les généraiir

des calites remportèrent des victoires dans les

Indes et en Samarkand et ç'e'tendirent sur le

nord de l'Afrique, et de là se rendant, en 711,

en Espagne, ils vainquirent les Visigoths, près

Xerés et établirent plus tard, à Cordoue, un noureaii

califat. cllaries Martel fit écliouer, en 732,

jeitr projet de retourner en Arabie par la France,

l'Allemagne, la IIongi-ie ,Constantinople, afin

Je répandre l'islamisme dans tous ces pajs. Les

Arabes $établirent aussi eQ Sicile et uqos 18


( 130 1

Basse-Italie. Mais, dans l'intgrieur de cette moi

narcliie religieuse et politiclue, la doiniiiation fut

dis utée jusqu'en 750 où la grande famille des

~biassides parvint à se maintenir, et elle se distingua

par des llonlmes qui surent non-se~ilernent

manier le glaive, inais encore faire régner la jiistice

et faire fleurir à un liaut degré les arts et les

sciences ;entre autres Al-Rlansur rlrii, en 774, établit

sa ré>ideuce à Bagdad, nouvellement bâtie ;

Haroun-Al-Rascliid, ce grand contemsorain de

C11arlemaf;ne (806) et Al-Rlainiiin ($32).

Pendant qii'une foule d'c'tats plus ou moins

grands se développaient ainsi à la suite de la migration

des peuples, et qu'une domination universelle

fondée sur uiie nouvelle religion surgit

de nouveau en Asie, la vie intérieure des peiiples

se forme aussi, surtout en Euimope ,d'une

manière très-reinarquab!e. Le clii-istianisme eut

surtout dans le moyen age une infliience trèsmarquée

sur l'liunianité. Parmi les peuples de

la Germanie, les Gotlis avaient les premiers embrassé

le cliristianisme; leur exemple fut suivi

par les Francs, les Bourguignoqs et d'autres

peuples. En Allemagne serilement et cliez les

Slaves les anciennes religions nationales coinbattirent

encore long-temps le cliristianisme qu'on

regardait ordinairement coinine un moyen de

subjuguer les peuples, et que par ses principes,

par son clergé, avec ses prerogatives, par ses

mystères, par ses usages étrangers et incompréhensibles,

il se trouvait souvent Jans la plus vive

contradiction avec ce qu'on avait cru et observe'

jusqu'alors. L'Empire romain si e'tendii et cliretien

lui-même avait, 9 la ve'rité, déjh fait connaître

le cliristianisme arix barbares, mais coinme

c'était la religion d'un état odieux, ce n'était

pas le moyen Je la recommander, Une foule


d'hommes, tels que Severinus, Coliimbanus ,

Icilianus , Gallus , Corbinian, Custasius , Ruprecht,

Vilibrord et surtout llAnglo-Saxon Vinfrid

oii Boniface, avaient fait beaucoup d'efforts

y6ur l'é~endre dans différentes coutr6es (le l'Allemague

,de même qii'Anschariiis chez les Danois

et les Slaves. L'évêque de Rome et les majordomes

francs appuyèrent fortement Boniface :

le premier eut pour objet de se faire reconnaître

aussi par ces peuples allemands comine premier

év6qiie de la chrétienté; le second voulrit sur le

cliristianisme fonder le complet assiijétissement

politique des peuples. Aussi aiix nombreux évêcliés

déjà euistans dans l'ancien Einpire roinain,

tels que Trèves , Cologne, Mayence, Spire,

Vorins, Strasbourg, etc, vinrent se joindre ceux

de Wurtzboiirg ,Eiclistatlt, Riirabourg, l'abbaye

de Foulde, et soli:, Cliarlemagnc et ses successciirs

immédiats, Osnabrtick , Brême, Verden,

Paderborn, Halberstadt, IInmboiirg et Munster ;

il y eut des coiivens de illoines et de religieuses,

et ce qui contribiia à donner bientôt une grande

consi~léi?ationaiix eccle'siastiques , fut qu'ils

étaieut presque les seuls d6positaires des scieilces;

ils furent souveut les seuls qiii sussent lire et

e'crire ;aussi appelait-on ces connaissances, connaissances

spiritiielles; ce qui rendit le clergé

indispensable ü la cour et dans tontes les affaires

&rites, et c'est ce qrii lui assigna bientôt le premier

rang dans 1'Etat. Quoiqile cette science tant

vantée ne fut pas toujours tris-profonde et que

le latin des ecclésiasliqi~eç fiit presque toujours

lin latin barbare, il y eut pourtant peu cle laïcrues

yiii less~irl~ass4ssent. Arec cela le clergé s'enricliit

cic plus eii plus par des donations, des legs ,et

par cela aiissi que les possessions en main inorte

ne furent ni divisibles, ni transmissibles par liéri-


C i32 )

tage, inah siisceptibles sei~leinetii d'être siigmente'es.

La piété du cleikgé toutefois ne marcha

pas d'un pas égal avec sa richesse. Les moines

recurent aii sixième siècle leur rig 1e. appelée

d'après le nom de leur fondateur, Benoit de

Nursia; d'après cette règle ils devaient vivre ensemble

; et c'cst précis6ment leiii. isolement du

monde, le célibat auqiiel i!s étaient astreints ,

qui leur procurèrent iine grande considération ;

s'étant clîarçés dii cléfricliement de vastes terrains,

a ant cultivé les sciences et les arts, leur

mérite ,y a cette époque fut incontestable.. Les patriarches

de Roine , ayant conservé le souvenir

de la domination universelle de cette cité avaient

déjà travaillé à se rendre indépendans depuis

la translatiori dit siége impérial, et quoiqiie depuis

Grégoire-le-Grand 595) ils s'intitulassent

serviteurs des serviteurs 6e bien, ils clierclièrent

pourtant à se procurer la plus haute considération

cccl6siastiqiie. Leiir amitié avec les majordoines

francs leur fut dans cette circonstance

#un grand secours ;ces derniers les soutenaient

contre les Lombards et leur firent don de contrées

éteudiies en Italie ;ce qui leiir donna la première

puissance temporelle et leur fit prendre

alors le titre de pape. Peyin ayant consuIté le

pape aii sujet &un meilleur établissement de

sa dignité royale et ayant étc' sacré par lui, les

papes s'en aiitorisèrent pour élever de noiivelles

rétentions. Mais le véritable développement de

& domination de 1'E~lise ou liierarchie appartient

à l'époque suivante.

A- chté de ln Iiie'rarcliie se ii~ontre aussi

le secoud levier de to~ii le moyen 3ge, la fioodaalité.

Deces alliances volontaires avec des liomnies

yuissans et braves, qui avaient polir objet des

entreprises guerrières, alliances qui fomaient


te qu'oti appelait la suite ou la société des cana

qiiérans, et oii les armes et une partie dii bntin

servaient (le dédommugement, il résulta bientôt

dans les conquetes de pays entiers, ilne concession

de terre, outre la part générale à la conqiiete,

& ceax rii voulaient s'aitnclier les cliefs

par des liens étroits. Ceux qui recevaient

la cession devaient s'obliger envers le cessionnnire,

A ilne fitlélité et à une servitude spéciales

poiir atitnnt de temps qu'ils voiilaient conscrver

la cession. Ces services Claient ou des services

de guerre oit des services de cour, et

comine de ces services, par exemple, le service

militaire dans lin district ou une dignité de cotir,

d6pendaient certains avantages ou ail moins une

plus grande protection de la art du cessionnaire

oit inaître du fief, on c[erclia très-soigneusement

à devenir vassal ou dependant d'lin

plils puissant. Mais comme ces gens n'étaient

réellement attachés qii'aii suzerain, ils devinrent

étrangers ?A I'iutéret de I'Etat, et ils servirent

soiivent contre Ic véritable intérêt de 1'Etat.

Or, il arrivait par la suite que, le possesseur

d'un fief, melant la cession avec sa propre possession,

ou s'établissant si forletnent dan) son

fief qu'il ne yîlt plns sans danger en etre expulsé,

il le gardait pour toute sa vie et le trans-

Inettait inhie par héritage ;il arrivait en outre

que celni, par exemple, qui possgdait un fief en

(]unlit& de luge oii de comte de tout un district

oii d'une contrée, considérait par la longue

p~sscssion ces fonctions et son district, comme

sa propriété, et bientôt presqiie tous les emplois,

toiites lcs digtiités, les titres, les bieiis

fiirent convertis en fiefs, de manière qu'il y en

eut peu d'entièrement libres, nais que le toiit

te trouva assiijéti aux plus puissans. Ceux-ci ac~

sa


quirent ilne prépondérance très-dangereuse à la

liberté commune, en ce que leurs vassaux formaient

une armée, tantôt permanente, tnnt8t

passagère, toujoiirs prête à combattre, n'importe

pour quel biit, et qii'ils tenaient cerix

qui étaient encore libres dans une obéissance

servile.

Ainsi se perdait aussi de plus en plils la liberté

du conseil dans les dictes ge'nérales oii aasemblées

du euple, et il se forma iiii Etat noiiveau,

réritabre Etat dans 1'Eiat. hléine des ecclésiastiqiies

obtenaient les biens de l'Eqise

coinnie fidis et étaient obligés de servir, soit a la

cotir, soit à la guerre. Les divers Codes des clifierciis

peuples de cette dpoque, cn remontant

jrisqu'au cinquième si;cle , eurent également

leurs yarticiilarités, par exemple : les Francs,

les Visigotlis, les Longobarcls, les Bourguignons,

les Bavarois, etc. Les rapports entre les divers

E~atset siirtoiit les piinitioiis polir des offenses,

sont si exactement déterminés, que le meurtre,

Te vol, mrrne le; moindres dommages personnels

et 1il4ine les injures, y ont lerir châtiment suivant

que celiii qui a recii l'offense oii le dommage

est prince, ecclés:astiqrie, vassal, liomine

libre ou esclave, Gaulois oii Roinain. Un cointe

de Cent présidait le tribunal d'un petit district;

celui (le tolite une contrée était présidé par lin

comte pliis considérable. Ou. prononciii t avec le

secours des échevins d'après la loi écrite oii traditionnelle;

dans les cas tlifficiles ond6cidait par le

serment qiinnd il pouvaitse trouver des CO-juraus:

on se décidait aussi par les ordales ou jiigemens

de Dieii. Celui qui retirait sans lésion sa main

d'un cliaurlron d'eau bouillante, celui qiii marcliait

sur cles fers chauds, celiii qui sorlait vainqueur

(l'un diiel, celiii qui avalait sans mourir


( 135

un inorceau consacré, celui qui pouvait se tenir

le plus long-temps les bras étendlis et formant

la croix, &tait innocent, parce que la divinité

scule a pu le faire trioinpller!


DU MOYEN AGE.

CHAPITRE II.

Depuis Charlemagne jusqu'au conzrnencement

des Croisades. (7M à 1ogG.)

Un liomrne extraordinaire vient se placer à la

tete de cette période : c'est Charleinagne; Lin

liorniiie non moins extraordinaire la terinine :

c'est Je pape Grésoire VI1 ; mais entre eux deux

il y a encore des siècles pleins d'iine barbarie

saiivage, qiioiqiie pleins de grands développemens.

Ces deux lioinmes d'une gra~ideur si inégale,

sont tous les deux les représentans de leur

temps, véritables instrumens de la civilisation

du genrc humain. Car, comme la piiissance du

moiide et la grandeur eccléçiastiquc sont parvenues

par eux aii point le plus éleve', en ce que

tout paraît déplacé du centre de gravité, commence

par eux aussi un noiivel aplauissement et

une décroissance de la puissance, et l'effort visible

de rétablir le paisible et salutaire équilibre

qiii seul donne le bonheur aux Etats et

aux peuples.

Cliarles est un dc ces Iiommes dont les siècles

sont avares ; grand en actions, en parole et en

volonte' ; d'lin regard pénétrant dans lc préseut

et dans l'avenir; on le comprend riandsoi-même

04 veut ce qu'il y a de pliir nobye, et qu'on sait


( 437

aussi que le nouveau est toujours I'eniiemi d4

l'ancien et le mieux, souvent l'ennemi du bon;

enfiu,~and on sait qoc celui qiii combat le

plus e cacernent ses propres passions et celles

des autres, manque souvent son but ori ne l'atteint

pas compli'tement. Nais loiter Cliarlemagne

d'une maniére absolue, ce serait autant

traliir l'histoire qiie de le blimer sans rcserve ;

ses actions pendant son long rcgne de 46 ans

( 768 à814 ) parlent le us distinctement. Fils

de Pepin-le-Bief, CliarY' einaçiie lui succ6da en

768; g:uvernant d'abord conjointement avec son

frère Carloman, ensiiite seul depuis 771. il eut à

la lois pour objet de narautir et ~I'étendi-e ses

Etatset c 'y répandre le cPiristianisme. C'est polir-

~poiii conimençaune guerre qui a duré, à quelques

interruptions près, dc 772 à 803, contre

les Saxons, braves mais encore payens ; ceux-ci

ravagérent souvent ses frontières et le menacèrent

même à Aix, sa capitale. Les Saxons

sous leurs ducs, Albioii, Wittekind, opposèrent

la force à la force, et souvent battus, ils

puisèreut toiijours de nouvelles forces dans

absence de Charles, parti poiir cl'aritres entreprises.

Ils promirent, à la verite', souvent de se

soumettre et d'adopter Ir:

cliristirrriisme, car

Charles faisait quel iiefois poiir y contraindre

les peuples, pousser lani des fleuves et baptiser

011 trniisporter à l'autre rive du Illiin, des milliers

cl'entr'eiix ;mais seulement après avoir battus

les Saxons par des tle'faites sanglantes, (4500

prisonniers fiirent égorgés en iine fois), et avoir

rdclriit au bapteirie leur clief Wittekinrl, aprés

leur avoir facilement imposé des conditions de

gix, ilsise soemircnt, lorsdela paixde Seltz 805 .

avait en olitre soumis l'empire des LomLards

(774 ); aprEs avpir arriéç6 i Pavie, Didier lei%


roi,pris ans Arn1)es ilne partie de l'Espagne jusii

a I'Ebre (778),(appelée par la suite la 31;ir-

31e espagnole ou le comté de Barcelone) ;enfin

il avait ci6posc'Tassilo II, drlc de Bavière. et fait de

la Bavière une province franque (788).La giici.re

contre les Avares à l'orient (le ce pays, se rattaclie

& cette époque; on leur prit iine vaste

coi] trée coinine Rlarclie orientale ( Ostarriclii,

Autriche ). lJes Flaves dans le Meklenboiirg et

en Boliême, ainsi qiie les Normands dans le pays

apjbelé aujoiird'liiii Danneiriarclr, éproiivhrent les

effets de sa valeiirciise Gpéc, de manière que les

Eides ail nord. le Tibre au siid, I'Ebre à 1ouest

et le Tlic'is, l'Elbe et l'Oder à l'orient, formaient

les frontières de son puissant Empire. Une circonstalice

vient ajouter h son acitorité : étant

l'an 800 à Rome porir protéger la vie clu pape

Léon III, celui-ci Iiii niit par reconnaissance,

pendaut qi.'il était à gcnoiix au pied dri g-rand

autel, la coiironiie impériale de Rouie sur la téte

et le yeiiple romain le saliia par des acclamation;,

Cliarles-Aiigiiste, cnzpereur des Romains;

ainsi l'ancien titre iinpérial fut renouveld ?I

Rome après 324 ans ci'interriiption, etl'on atlaclia

de iioiiveau à ce titre l'idée de la domination de

la terre. Quoiqr~eCliarles "'y pensât pas, il entra

probablenlent dans son plan du récinir sous

son sceptre, tous les peuples de races germaniques

et dc les fondre ensemble par une niéinc

religion, par des meurs semblables, par iinc

égale coristitiiiion , par icri mênie gouvernetiieut

et par une 1ang11e comnli~nc; plan 61-

gantesqrie, qni, pour le bonlieiir de 1 Eriroye,

ne se réalisa point, ptrisyue alors l'esprit ~t

l'indiviitualitd de ces ctiffgrens peuples n'auraient

iis pli se dc'velopp.er (l'une manière particil-

Cependalit Cliarles eut soin de répanlli'e


159 1

partout le cliristianisme, donna même uue foule

de lois saliitaires ( les capitulaires ), fit faire des

livres de prédication, améliora le cllant de 1'6-

glise. puisqu'on dit que ses Francs ont plu+ôt

liiirld que chanté; il fit venir d'Italie des organistes

et des clianteiirs; eut soin de faire épurer

la Iangiie allemande; à ce dcsseiri il essaya de

composer lui-m6me une grammaire; il f~ndn

une foule de nouveaux évêchés et des écoles où

il assistait souvent aux examens, encourageant

ceux qrii faisaient des progrhs et blsmant lt-s

üresseiix, qiielque considérables qiie fussent

feiirs parens. II apprit encore lui-même tar4 à

écrire, s'entoura d'une espèce d'académie scientifique;

fit écrire les anciens chants nationaux

de ses peuples et leurs coutuines legale<; eut

soin d'améliorer 1'agricult:ire et l'économie doinestique,

en donnant l'exemple sur ses propres

biens, car on trouve des prescriptions qu'il

donne sur le nombre d'arbres fruitiers à planter

et sur la maniére de vendre les œiifs de sa

Lasse-cour. Il envoyait dans les provinces des

inspecteurs pour surveiller les cointés, chargés

ortliiiiiirement du soin de rendre la justice, de

percevoir les impôts et d'adininistrer les affaires

de la gtierre; il taait r6~ulièrement des cti6tes

oit ioiis les citoyens armés, espèce de garde nationale,

étaient passés en revae, où l'on ddlibérait

sur la paix et la guerre et sitrious les besoins

di1 p:tys. Sans doute que ses guerres fre'clucntes

devaient obérer le pauvre peiiple, ct des cliefs

éloignt!s devriientsoiiventmnltrailer leurs subordonnés;

mais l'un et l'autre étaient foin de ces

intentions, quoiqu'inévi tables,vu la grandeur ùh

royaume, la manière dont il avait été coriquis

et les arme'es nécessaires poiir le maintenir.

Cliarlemape regardait le commerce comme un


( 140 )

lien consictérable de civilisation cntre les yeiiples;

aussi fit-il de sages prescriptions à cet

égard; il voulait faire aussi en Franconie un canal,

polir joindre Redniiz et Altmülh, ainsi le

Mein et le Uanube, par conséquent la mer du

Nord avec la mer Noire. C11;irles fiit grand non

point ail milieu des guerres., mais bien lorsqu'il

s'occu ait du bonlicur de ses siijets. C'est

la qiie nousPe voyons porter ses vues sur le goiivernement,

les mœurs, la religion, les lettres et

les arts, qui, ensemble constituent la vérit~ble

grandeur. Son extérieur annoncait en lui, par

une véritable ma-esté, le premier de tant de peuples;

il mourut le 28 janvier 814,et fut cnterrt!

a Aix-la-Cllapelle d'une manière trh-reinarqiiable,

comme il avait vécu :ornb de la pourpre

impériale, assis siir un trône d'or, ayant autour

des reins une gibecière ,de pélerin, en or, une

coiironne srir la tête et;l'Evançile:sur les genoux.

Mais ses successeurs (les Carlovingieus) lui

ressemblèrent peu. Louis-le-Pieux, fils de Cliarles

déclina avec ses fils, qui lui firent même la

guerre, le firent prisonnier et l'humilièrent ;

après la mort de leur père (840), ils se firent la

guerre entr'eux, c'est alors qu'eut lieu la ft~rneiise

bataille de Fontena en Bourgogne :cette guerre

diira jusqu'en 84J: oh ils conclurent enfin R

Verdun ce traité célhbre , in vertu duquel

Cliarles-le-Chauve eut du pays des Frnncs la

partie occidentale,. jusyu'à la Rleiise et l'Escaut,

le HliOne et la Saône ( la France clepiiis ce

temps ); Lotliaire, l'aine, eut le titre d'empereur,

l'Italie et les provinces situdes entre ces

flerives, entre le Rliin et les Alpes ( Lotharii

regnum, Lotiiarigniim, la Lorraine );et Loiiisd

le- Gerlnaniqiie eut l'Allemagne ropreinent

dite, au-delà du Rhin; et en-dep ce fleuve


( 141

il eut Mayence, Spire et Vorms. C'est à cette

6110queque commence proprement la 1'rance

moderne, qui est coinme on voit un démembrement

de 1 ancien empire des Francs oii de la

inonarchie de Clinrlemagne. C'est Cliarles-le-

Cliauve ( 840 ) qiii, A vrai dire. fut le premier

roi de France, et c'est à cette épocjrie que les

Francs occidentaux çess&rent propremelit d'être

Francs, et qu'on doit les appeler Francais.

I'enùant qu'en France les Carlovingiens régnaient

jiisclu7en 987, d'une manière si pitoyable,

qir'ils portèrent des épiili&ter, tels que

le cliauve, le lii.glie, le gros, le simple, le fainéant;

que non-seiileineiit 011 fut obligé d'riclieter

cIiGrement la pain niix Normancls qiii avaient

attaqné le pays, mais qu'il fallut eucore leur

abadonner tolite ilne province (IaNorinaiidie),

]a faniille de Lothaire, l'empereur, s'éteignit

aus;i bientôt, ( 950 );1; dessus, l'Italie et Iri couronne

imp6riaIe devinrent In pomnie de discorde,

entre les grands rle la France ct d'Allemagne,

et &me entre les grands d'Italie. Eu

Allemagne, le brave Louis ( l'Allemand ) et ses

successeurs Charles-le-Gros ( à qui le llaznrcl fit

encore réunir polir cluelqutrs années les trois

royaumes 884 à 8s7), Arnoiilf et Louis-l'Enfant,

eurent des combats resque continiiels avec les

Hongrois, les ~la~es,fes Avares, les Dloraves, les

Normands t arec les grands de l'empire eiixmêmes.

La kodalit& fit alissi dans les trois Etats

~arloviu~ienç de tels progrés, cliie les grandsvasballx

qui étdient ducç 7.p

rinces, comtes, palatins oit

alitres, et ad~niniçtraient cles provinces entiires,

finirent bientôt pîr s'approprier ces ~~ossessious

et les considérèrent comme leur propre pays.

Ceci alla si loin en France, que denr n,oilverneLirs

francais dans le ci-devant rovaumede Roiirgogne,

$eproc)arnèrent rois de le @aiit<:et cle la Basse-


<[ 14% )

Bourgogiie ( en-decà ct au-eelà cl11 Jura ), et

coinine les autres vassaiix n'afirent pas beancoup

mieiix, lc dernier Carlovingien Louis V,

n'eiit plas que Laon et Reims; ensuite les Pran-

$ais firent, par Hrigiies Capet, monter siIr le

trône, une nouvelle race de rois piiis puissante,

et qiii par une ligne collatérale, occiipe encore

le trhe aujoiird'liui ; cette race s'appliqua à briser

la puissance des vassaux et finit par faire reieni?

peii à peu 5 la couronne, les différeils fiefs.

Soiis les rois de la seconde race, l'Europe

était retombée dans la barbarie; au Xe siécle

les personnes les plus distinguées ne savaient

pliis ni lire, ni écrire. Ce siècle flit avec raison

nominé le defer. Sous ces rois la langu:

rorwrrce, jargon nîêle' de franc ~t de mauvais

latin, reinplaca la langue laline. C'est la langue

roln~incequi , en s'épurant inseiisiblenien t , a

douné naissance 5 la langiic francaise. C'est Pepin

clilil ail commenceinent dela secoiide race, transporta

au niois de iri;ii la convocation périodique

des Francs; de lh le noin de Chnnzp-de-Mai et

sotis Cliarleinaçne ccs assemblées cessèrent d'avoir

iiu caractère esclusivement militaire.

L'AIIcinngne adopta ilne marclie tout opposée.

Lorscltilt>n91 1, Louis-I'Er!fiznt, mourut eri pleurant

sur le inallicrir de l'Empire, les différwtes

races depeuples alleinands ,les Saxons, les Thilringiens

,les Lorraiiis, les Soiiabeh( qiii avaient

ris leirr noin des anciens Siièves) ,les Frieses,

fes B;irarois, les Francs, crurent pouvoir clioisir

eux-iiiêines riil roi, et de celte munike, ils ch:in:

gèrent I'hlle~agne en Einpire électoral; ce qui

e11t cles suites iiic;ilciiiables. Les princes les plils

piiissans alors eL dans I'époqiie suivante, étaient

les ducs ~iationauxde Saxe et de Tliiirinçe (dout

le dernier eiil bientôt ses comtes particuliers) 9

ceux de la Bavière, de la Franconie, de la Soual


( 143 )

be, les comtes de la 1CZarclie de Rieissen, de la

Rlnrclie du Nord (Brandebourg) ,de l'At1 triclie

et enfin du Palatinat, près du Rhin. Mais il y

eut rarement de l'unité parmi eux, surtont dans

les choix des rois. Aiilsi, les Fraucs et les Saxons

ne clioisirent pii'iin comte riche , Couraci de la

Franconie ;à lui, succéda le duc Henri de Saxe

et Tlruringc, sous le nom de Henri Ier (918à g56),

et qui coinmenja la famille royale de Saxe Incliielle

subsista jiisqn'à 1024. Henri, siirnommé très-

i~n~roprement l'oiseleiir , parce qii'on avait eii

égard à la circonstance futile, qu'il était occiipé

i prendre des oiseaiix quand on vint lui annoncer

son élection comme einpei.cur , mérita plutôt

le siirnoin de grand, parce que, non-seulement

il sut maintenir même les grands de 1'Allemagne

,mais qri'.il battit aiissi , snr pliisieurs

points, coinplèteinent les Slaves, qn'il chassa

de la RZanche clii'il leur enleva. et qu'il. forina

des provinces frontières bien fortifiées; de plris,

il battit sans retoiir les Hongrois, qui, annuellenient

, faisaient irruption en Allemagne ( 35),

aprés avoir appris aux lotircls cavaliers et c9ieoaliers

allemaiids à se mesurer avec cette cavalerie

légère des Barbares, el avoir étab1i;coiitre ces derniers

yliisieurs places fortes. Qiiancl soiis son fils,

Otlioii Ier ( 936 à 973)' les Hon, mrois revinrent

pourtant (935), ils furent tcllemeut bnttiis pr&s

dii Lech, que depuis ils n'on1 lrliis reparu en

Allemagne. Othon fut aussi invité à venir en Italie

poiir recevoir In coiironne de fer des Lombards

à Milan, et lu couronne impériale roinaine

Rome, de la main du ppe, parce que la pos-

Session de ces couronnes avait fait naître des

contestations et meme cles guerres parmi qiiel-

Pues grands de l'Italie. Quelques précédens em-

P.creursd'A1lemai;ne en avaieat été investis et le


( 144 1

roi Otlion f'r les obtint en 962. ciest ce 1";&

naître l'iisaç~ que chaque nouveaii roi des -411eman&

faisait un semblable voyage à Rome, 2

cause [le ces deux couronnes ;cette circonstance

amena aussi de grands désastres sur I'AIlernagne,

car les Italiens s'opposaient sonvent à ce coiironnement,

et les papes d6battant Ieiirs droits et

ceux des ernpei-eurs, crirent souvent avecces derniers

de fortes contestations et finirent par soiitcnii.

Ia pre'terition de ne donner la couronne inipériale

que selon leur bon plaisir ;(le Ie~ir côté les

empereurs cl'Alleii~agne s'attribuaient ledroit de

s'en emparer, et, cn leur qualité de princes sécriliers

de In chrétientd et de protecteurs de la ville

de Rome, ils s'arrosaient an droit qu'ils excrcèrentfréyuemment,

celui d'iustitueretde destituer

les papes. Aiissi, les deux Othon suivans eiircnt j.

soutenir des guerres sanglantes en Italie, où ils

trorivkrcnt la mort. Leiir successeur, Henri II,

fondateur de i'6vêché deBamberg, devint boîteus

en Italie, parsuite d'un sautdiihaut d'iiue fenêtre.

La maison de Franconie salique qui rnontn

eusnite sur le trône, était conlemporniue des

rcmiers Capétiens; Conra(1 II (1024), cn Eiit

r>e premier finpercur. Ceite dynastie prdsente

yliisieurs j)rinces très-eritre reuaus, nais aussi

un roi tri.5-n~allierircur, fienri IV, 1056

1 106;totalenient corrompii dans sa jeunesse

des flatteurs , il opprimait beaucoup les AI::

~nandset slirtotit les Saxons ; aussi ces derniers 9

de meme que les Th~ringiens,~pi-irent les armes,

le battirent p!usierirs fois el meme avec le çecolirS

d'aritrcs princes me'contens ; Iiii opposErent iin

autre roi, dans la personne du dric Rodolphe de

Souabe, et plus tard, dans celle de Herinan de

Liixerriboiirg, appelé le roi de l'Ail. Ils accusérat

aijssi lc roi Henri prés du pape , et pour


( 145 )

lc mallrenr de cc prince, ce fut Grdgohe VII, qui,

alors, monta sur le saint-siéçe; ciiioique fils d'un

simple charpentier de Savone , ce pape ne se

proPoLa rien moins qne de rendre l'église complètement

indépendante de l'état . et même de

porter la diçuite' papale au plus haut degre', et

cic la rendre arbitre des princes et des rois.

Toiis les ecc1dsiasLiques devaient garder le célibat,

afin qiie leur famille oe les rendît pasdépendans

de i'etat, et que la fortune de l'église

lie fut pas morcele'e : aricun cccl4siasliqiie ne

devait pas, non pliis , se trouver par des fiefs,

soiis la piiissance temporelle ; il ne devait yliis

pouvoir acheter de place. L'état devait 6tre soiis

l'dglise et son chef, comme dans les élections

impériales, une pomme d'or, symbole de la

terre, se trouvait soris la croix , pour figurer la

lune soiis le soieil. Tous les royaumes du monde,

ajoutait-il , sont les fiefs du pape ,et sans son

consenteinenl, nuciiii empereur oii roi ne pourra

être élu. Ceci devait porter la liiérnrcliie ail faîte

de la pilissauce. Il est dom~iiage, pour la prétention

des papes, que les empereurs et les rois de la

terre ne partageaient pas cette opinion ,et qii'ils

prétendaient gé~~&r,?leinea t, clu'ao pape nppartenait

seulement la piiissance spiritiielle ct non

la piiissance temporelle; qu'il était, à la ve'rité,

le reprc'sentant de ln commrinion clirti'tienne et

goLivernetir de J.-C. siir la terre, inais que le

royniiiiie du Christ n'est pas de ce moncie.

Gi-66oire accueillit les

des Saxons avec

hienveillanie. et escominiinia Henri qiii avait

~0ul:i le destituer. Personne ne devait plus rien

avoir cie coinniiiit avec ce prince ,et personne,

d'après cette cxcommiinication , ne devait lui

pbéir. Si Henri avait possédé le catir de ses supis

, il ne se serait pas rendu commehumble

1a


( 146 )

ÿélerin en Italie , et n'aurait pas &te' récfiiit à

~iiendier sa dc'livrance de i'excomm~inication ,

après iine pénitence de trois jours dans la cour

tlii château de Canossa, oh se trouvait en cr

~noinent Grégoire. Son pardon liii fut enfin accordé,

mais il ne devait reprendre le goiivernement

qu'après que le pape eut examiné l'affaire

qiii le concernait. Cela parut trop fort. Henri

courut en hâte en Allemagne, y trouva des Fartisans

et tua le roi son rival. Il se re'concilia nvec

quelques autres adversaires et il aurait rétabli ses

affaires sans l'intervention du pape, si soli proqre

fils nes'était révolté contre lui ;celui-ci après

I avoir fait prisonnieï, le forp enfini abdiquer In

coiiroiine. La terrible excominunication pesa

même siir lui api.6~ la inort. Car le cadavre impérial

resta pendant ciuq ans sans sépulture,

jtisqu'h ce qii'cnfin l'cncommiinication fut levée,

et qii'on accorda h Henri la sépiilture en

lerre sainte ( x 1x 1).

Par ces terribles expériences, la puissance papale

ne yoitvait certainement que s'accroitre;

cette pnissance s'augmenta en effet par le recueil

dds canons, des Etats du pape (les vraies on

fa1.isses dccrétales), par les nornlreiix moines,

par la richesse et 1:i conside'ration rl'iin clei.gé

cpi prafërait dc'pendre d'un pape &loi-né C~UC

de rcconnnître I'autoritd de priuces Tiiquer

Aussi, malgré la conditite scandaleiise de plusieurs

papes , qiioiqii'il y eilt quelqriefois deris

ou trois papes clioisis à la fois, enfiu ,mnlgi'é

les contestations qii'eiirent entr'erix des difféyens

papes contemporains, ln croyance dans le

pouvoir suyrfime du pape n'en frit pas dbraulee,

parce que, chez les grands clii pouvoii. séculier,

il fallnt aussi distin~iier !es liommes d'avec leurs

places.


( 147

L'Einpirc roinain oricntal frit gouverné de

802 à 107s par deux impérat~*ices et vinçt-qua-

tre empereiirs, dout lin abdiqua , trois fureut

assassinés , trois enipoisonnds ., quatre rendus

avciiçles et six destitiiés. Au lieii de protdger I'Etat

à I'estérieiir contre les Bulgares, les Arabes

et les Turcs, qili, depiiis 1050 clescendnient périodiquement

du Caucase, oii prc'fc'rait aclieter

la paix, dispiiter sur des siibtilités tlie'olo,'

9 lies; 01

et, pendant ce temps, une province aprcs 'antre

était prise par les Barbares.

Ari côte oppose' de l'Europe, en Espagne,

on comincnjn à s'affrancliir du joug pesant des

Arabcs qui s'y étaient établis. L'nffrancliisscmciit

espagnol commenca à renaître srir les montagnes

de i'hstarie, où l'on était parvenri à se maintenir

par la bataille prés de la Caverne de Cavadonga.

Dans les pays reconquis oufitdepetits étüts qui,

peu à peu, s'étendirent, formèrent deux grands

états, la Castille et l'Aragon, et se réunireut ensuite.

Le liéros espagnol, Don Rodrigo Diaz, comte

de Vivar , appeié le Cid ou el Campeador (le

combattant), combattit le plus vaillsminent les

Arabes ; sur son clieval excellent, Babieka ,*il

soumit et rendit tribiitaires Y son roi Ferdinand

( 1035à 1065) les princes Arabes de Tolède et

de Séville, et reconquit la belle Valence. A la

fin de cette période on prit aussi aux Maures le

royarimc nomme' ensiiite le Portugal, innis il ne

devint un comté indépendant de l'Espagne qu'en

1x09, sousle comte IIenïi de Boarçogue.

Eii Angleterre il y eut iin combat d'une autre

espèce avec les rois de Daneinarclc. Alfred-le-

Grand avait, à la vérité, créé (go I ) ilne force

navale et avait refoulé les Danois ou irates Ror-

mands ;il avait ai~ssi dot6 son de lois et

~cacellentes institutions ; inais au bout de roo


( i48

ans, les Danois, Sweyen Ier et ensuite Canutele-Grand,

son fils, redevinrent maîtres da pays.

&lais aprks qu'on se fût débarrassé des Norinands

de ce côté, ils revinrent de la Normandie au

nombre de 60,000, sous la conduite de leur duc

Guillaume-le-Conquérant et prirent pied après

une bataille sanglante pi-6s de Hastings ( 1066).

Le roi Guillaume divisa alors le pays en grands

fiefs et gouverna avec heaiicoup de rigueiir. Mais,

comme en sa qualite' de diic cle Nornianclie, il

tgtait en même temps vassal de la couronne de

France, il en résulta des guerres violentes entre

ses successeurs et les Capétiens. De même qu'en

Angleterre, les PJormands se fixèrent aussi clans

la basse Italie, et en braves combattans des

Grecs et ctes Arahes, ils fondérent aussi comme

en Sicile , Lin royaume qui leur devint propre

(ro61). La conquête clil plus grand Ctat de

1'Eui.ope , celui de la Russie, leur cst aiissi

attribuée ; qiielqiies colonies dc Normands,

sous Kurick , Oskold, Dir, Sineus, Travor ,venus

de la mer Baltique avec leurs hordes, se soiimirent

les petits états Slavons, rès de la Newa,

prhs du Dilicper ,prés du ~uffi.a, Kiev, à

Nowgorod, et ces colonies étendirent tellement

ces états qiie déjh le prince Vladimir-le- Grand

et' après lui ses douze fils, rtign&rent vers l'an

1000, le long du Dnieper jusqu'aii Ladoga et la

Diina. Il devinrent bientbt voisins de l'ernl~ire

grec, d'où ils introdriisirent le cliristiaiiisme dans

leurs Etats, et r4pandirent par là cette église

grecque qui nc reconnaît pas le pape. Ces Normands,

hardis navigateurs, découvrirent, même

en 862, 1'Isl:inde , et en 983, ils décoiivrirent

Vinland ou Grenland. Ou les trouvait partout

où il y avait c\u butin à faire; seulement dans les

Etats qui constitiie~tletir patrie, tels pue le Dq-


( '49

nemarck, ln Norwège et la Sukde, il pc'nétrn quelq11e

lumière par suite de l'iutroductioii dit ch+tiniiisme

vers l'an iooo.

L'Allemagne orientale , entihement Iinbitée

de Slaves, ne comrrienqa i foririer uri tout homogène

que vers l'an 880, parce qu'un prince,

Swjaetopluk (Zwentibold ) , fonda un empire

très-puissant qui s'dtendail sur la Bohême, la

hloravie , sur des parties de ln Silésie et de la

Pologne, et sur toute la Pannonie ; mais cet empire

succoinba sous la puissance des rois allemands

et des Hongrois, peuplde finoise, qui,

peii à peu, occupa la Pannonie, et que, par la terreur

qii'ellc répandait, on confondait soiivent avec

les Huns. Sons Etiennb-le-Saint , descendant

cl'8rpad , les Hongrois rejurent le bapt2ine

aprés avoir éte' très-tiangereiix 5 I'Alleningnc, à

l'Italie et h la GrCce, qu'ils effrayaient par la

guerre qu'ils y portaient comine brigancis. La

Vologiie ,nouvel Etat q~ii s'était foririé soiis les

ducs (devenus rois par la suite) (le la niaison du fabii!eux

Lccli et du paysan Piast, devint insensiblement

an état Slave considérable.

Parmi les e'tnts asiatiques, le califat (le 1'Argbie

à Bagdad présente sa période la plus brillaiite

sous -41-Mansuer, Iluriin-al-~rtscliil (autrement:

Aaron-al-Rascliilciasclil oii le juste calife) et Al-Mainoun

,son fils, surnomme' l'A1cguste des Arabes.

Mais bientôt quand l'esprit de guerre religieuse

finit par s'y &telidce, le califat coiniiienqn h çc

diviser, à s'affaiblir et enfin siiccomba soiis dc

1)uissans enneniis, tels que les Tarcs (les C11;i-

Lares, les Osinans, les Seldscliiilies, noilts de clif-

Grentes liordes turques). RI~llieureuseii~ent les

califes formérent leiir garde du corps d'llommes

pris parmi ces Tnrcs ; cette garde, coinme la

garde prétorienne des Romains finit par exercer


un despotisme sur les califes ; les Emir-al-Oina

, ministres trircs des califes ,,parvinrent

même, coinme les RIajores domtis, a perpétuer

leur (lijinitc' dans leurs fümillcs et à isenclre esclaves

de leur volonté les califes, leurs ninilrcs.

De 59princes des croynins, 38 sont inorts de mort

violente, soit par assassinat, soit parce qu'on

les laissait mourir de faim, clii'on les cloîtrait ou

u'on les jetait dans des glacières. Mais le liatit

jegré de culture intcllectuelle auquel parvinrent

les rab es de cette époque est d'une plus liaute

iinportaiice que la foule des familles régnautes

des Arabes 6tablies l'iine à côte' de l'aiitre en

Asie, en Africiiic et en Espagne. Le grand RIamoiin

disait, ciue le hnheur d'lin peuple iie

consiste clrie dans la civilisation, et fidèle h cette

inasime on établit des Acaclémies arabes, des

universités, iine éco!e, près de cliac~uc inos(juée

et des bibliotlièqiies rnCrne tfa~s les petites villes ;

0x1 construisit cies I~ôpitaiis, des laboratoires

FOUI- les cliiniistes et les inédecins et des observatoires

pour les nstronames. 11 y ciit de grands

poètrs; des princes et même des fe~iiines concoiirurent

polir le pisix (lu cliaut; les arts el les

scierices inspir6rerlt généraleinent tant d'amour

et de respect' que lc grand artiste et le savaut

distingiié étaient assurés de trorivzr lin acci~eii

6gaieiiient bienveillant cliez les Sarrazins en Asie,

en Afrique et en Europe. Aucun peuple de 1:i

iiiême époque ne peut être &ça16 nilx Arabes pour

le goût, le ton délicat de la société, et la nia-

gnificencc ; dans leurs li~ttes, dans leiirs lorirnois

ils devinrent des ixiodèles pour les peuples de

l'occident. Les ouvrages de ~tolemée,d'Hippocrate,

de Galien et d'Aristote furent traduits cil

arabe. Avicennes, qu'ils appellent Al-liussein-

~bu-Ali-Ben-~bdallal1-1i;bn-Fiiin fut le prince


( 151 )

des médecins. Ce peuple se disiiugua aussi dans

l'architecture ;cette architectiire cl'iin style liardi,

orné, riche et fantastique fut bientôt imilée

par les autres surtout par les Visigoths.

Déji considérabieinent modifiée elle parvint

ainsi dans l'ancienne Gaule oii les peuples

lui imprimèrent la gravite, la solidité, et par cet

appareil respectable finirent par la rendre nütionalc.

II7Occident a encore aujourd'hiii conservC

daus.ses Iüngues les chiffres des Arabes et une

foule de mots cmployés par eux, car ils furent

presque les créatciirs de plusieurs sciences et les

transmirent aux autres peuples. Ajoiitons aussi

que les plus beaux inonumenç de la littérature

rabbinique sont de la dme c'pope; les Juifs,

en fréquentant eu Espagne les Maures, eii ciiltivirent

la littérature, et non-seulelnent traduisirent

de bons ouvrages arabes en liébreu ,mais

lnême dans leur propre langue, ils écrivirent à

cette époque des ouvrages en toiit genre qui

n'ont rien perdu de leur beauté.

Revenons à la France. La décadence (le la race

des Carloviiigiens peut êtra attribuée h quatre

principales causes : io à la division de l'einpire en

/?lusieurs royaumes ; 2" à la faiblesse de Loiiise-Débonnaire

(814 840) et de ses successetirs ;

3" aux ravages des Normands ; 40 enfin aux révaltes

des seigneurs et à leur élévation sur les

debris (le la l~iiissance royale. ~prcs la mort de

Louis V (986) Hugues-Capet, comte deparis, fut

llolniné roi de France. Il frit noinmé le chef de

la j e race dite des capétiens. A sa mort il fut

hieu regrettr des pr6trcs et des gens de guerre

(1u'il avait également fiivorisés; le peuple n'était

rien dans l'état. La souveraineté universelle

des papes tilt alors solennellement proclaln~een

France. LBon IX y tint iiu coucile


t '53 )

inalgré le roi, Ilenri 1.. ( 1031), Mais si les papes

étaient tout-puiusans en France, le peuple alors

y était très-malheureux ;,il était serj'oii esclave,

on appelait vifairrs les gens de campagne, e'.

bourgeois ceux des villes et des bourgs. De leur

côté les seigneurs se battaient entre eus L 011-

trance.

Sans doute que les peuples occidentaris furent

loin d'être aussi civilis6s que le furent alors ceux

de l'orient, mais leur de'velopyement pour avoir

été plris lent devait aiissi donner une civilisati~~l

plus durable. Les sciences et les arts, les occilpations

de toute espèce ortaient enccre le cachet

de la barbarie et Bu besoin qui les avait

enfantés. Cependant cette civilisatiou avait fait

iin pas immense tlepriis que les nouveails

élats avaient polir la plupart cherché leurs ricliesses

dans l'agricülture qui attache ari sol et

inspire l'amour de la patrie. Si le cultivateur

languissait presque partout encore dans la servitude.

il s'élevait polirtant peu à peu dans les

nombreuses grandes villes niie classe moyenne,

robuste ,qiii tenait le milieii entre la noblesse

despotique et guerrihrc, et le pauvre et mallieureus

paysan ; les villes offrirent asile et

protection ; avec les besoins croissait et s'étendait

le travail ; l'esprit d'iiiveiition fiit excité, et

il en r6siilta plus de, bien-Gtre ;la confiance dani

ses propres forces s auginenta dans l'individu, et

Jans les masses se fit sentir le désir d'une plus

grande liberté et l'üinoiir de l'indépeudance*

Dans l'Aragon Ics villes se développèrent al1

point de pouvoir se donner des institutions, une

administnitiori, et de prendre inêine part au3

délibérations des princes, conjointement arec le

clerg6 et la noblesse. Le clergé fut bientôt l'état

le pllis riclie et le plus considérable de chaqlle


( 153 )

pays ;mais la noblesse clierclia la gloire daus les

coi~hats, et là où il n'y en avait pas, les iioblcs

se combattaient entre eux, laiqaient la guerre

aiir villes oii mzrrie au prince. Retrauclié dans ses

cliliieaiix forts, le xioble bravait souvent les lois

di1 pays et cie là il faisait sentir son injuste puissance

nu inarcliancl oii ail citoyen qiii y passait.

De 1h il arrivait que fréqiieniirien-t le droit dii plus

fort était leplus f'ort,clroit. Les princesayantbesoin

de la iiol>lesse ne purent que rarement s'opposer

ces actes d'injristice. On ne respectait guc're ln

trt:vede Dieu qui, delmis le jeudi jiisqii'aii tlimanclle,

inlerdisnit torit coiilbat, prCcisCinent parce

qiie les peines encoiiriics pour la transgression de

cette trkvedeDieu étaient trop dificiles à exe'ciiter.

Avec cela les petits fiefs fiirent regardés comiiie

légalement liéréditaires en Italie et en Allemagne

depuis 1037. La Iiie'rrtrcliie des papes n éprouvait

d'abord qii'uiie faible résistance et pouvait avoir

du succès avec le secoiirs (l'iine yolitic~iie viçoureuse,

exercée par des Iionimes et des vieiflarcts,

par des célibataires indépendaus, enfin, par

des papes. Les sciences étaient encore bieii arriérées

parini les peuples germaliiqiies , parce

qtie les écoles ne donnaient que l'enseignement le

plus nc'cessaire et avec iine inesqiiinerie proportionnée.

Les ecclésiastiq~ies etaient presque les

seuls ssvans et artistes, et si iiiie religieiise dc

l'iiistitiit alleinand Gandcrslleim , nomiile'e Roswitlia

,écrivit en 980 des coinédies latiiies , et si

l'ar~liev6~ue Gerbert, 61~1 plus tard pape soiis le

nom de Sylvestre IIJparvint vers l'an 990 à faire

des liorioçes avec des e en du les en place cies Iiydroscopes

et des clilepsytires dont on se servait

jusqii'alors, il faut en convenir qiie c'&tait cles

apparitions extraordiaaires pour celte Cpoqne,


HaSTaERE

DU MOYEN AGIE.

CHAPITRE III.

Dcpzcis le conrnzenccnze~ztdes C~wisarZesjusqrc'n

la découoer*lede I'Anz&rique.(1096 à 1492.)

L'hiimauité en Europe n'élait as destinGe . i

rester Bteri~ellenient enveloppée $ans les langes

de la féodalité et cle la liic'rarcliie; douée d'une

siir6bonclauce de force. elle avait besoin de la

ddpemei-. Aussi, quatld le pape Urbain II fit un

appel alix elirL:tiens, par L'entremise de Pierre,

l'liermile d'Amiens, pour les engager a reprendre

aiis Inficlcles le Saint-Se'pulcre tleJdrus:tleni,

ou yliitôt tolite la Terre-Sainte, cet appel fut

entendu. Rome et 1'~lleinagne doniinaient alors

en Occi<ieiit. Ln France cornnience à être un

peii plus tratiquillc. Les cliics de Normandie sont

devenus redoutable; [lepiiis la conquéte de l'Anolcterrc.

L'Aquitaiiie a des ducs qui rkgnent silr

frtendiie qui sc trouve entre la Loire et. les

~yrc'nées, les Cévennes et l'Océ:~n ;les cointes de

Toulouse coniinandent i presque toiit le Languedoc

; les cointes de Cliampagne sout innîtrcs

de la contrée qui porte cc nom. Pliilipye Icr1.ègne

( 1060 ?t i 108) en l'rance. C'est dans ces

circonstances cjuc Pierre parcourt l'Europe et

écliaufl'e les têtes contre les hliisulii~ans. Les Ara-


( 1% 1

Les, innitres depuis 637 du pays et de la viiie

vCnéi.4~ par eux aussi, lionoraient à la ve'rite

Je zèle fervent des pieux p6ler;ns qui, tlepiiis

Constaiitiri, s'y rendnieirt par niilliers et eii rapportaient

des restes sacre's di1 temps di1 Clirist

((les reliqiies). Rlais les Seldscliiiks , race de

Turcs, s'emparérent dii pays, rendirent diflicile

l'ncc6s des lieux saints et tourrnenthrent extreiiiernent

les cllre'tiens. Aussi, l'ardent cliartreiix

iiionté sui. son âne et portant des lettres de la

Palestine lettres pre'teiidiics toiiibées clri ciel),

trouva-t-i \ partout des partisans, et dalis les

conciles de i'laisance et de Clertnont , des inilliers

s'attachèrent dans leur zèle, à l'c'pnule, iine

croix d'étoffe rouge :commc signe de letir pieiise

entreprise ( 1095). C'est pourquoi on les appela

Croisés. Il y en eut plusieurs qui n'attendirent

pas la formation re'gii1it:re d'une armge destinée

a se rendre dans la Terre-Sainte, mais coiirurent

en avant sous la conclnite de Pierre, d'ailires

soiis ccllc de Valter Habeniclits, sans dtre

n~iinis de vivres, d'armes, de çiiides ( qrielclueslins

prirent poiir gliiclcs iinc oie et une chèvre) ;

mais la plupart pe'i-ireilt aussi ; d'aiitres se jetèrent

siir les palivres Juifs, dont ils massncrGrent ,

pillèrent et brûlcrent lin grand nombre. Eufin,

11 y eiit une armée bien éciiiiyée destine'e 3 cette

eup4dition. Godefroi (le Bouillon, tluc c'ie la

Bnssc-Lorraine ,~aldiiin de Fl~in(Zres, Raimond

de Toiilouse, Robcrt de Normandie, Eticiine

de Blois, le comic ~oemond de Tarente, Tancr&dc,

son coiisin ( 1'~cliille de l'espédition),

le iioble Valter de ln Tour, de Liinogcs, avec soli

lion fidèle et des milliers de seigneurs avec lciirç

lloinmcs et leurs cavaliers, ensemblc environ

300,000 Francais, Lorrains, Flaniands, Nornian!ls,

Italiens ;telle fii t I'armCe qiii partit le


15 noAt 1096. Après des combats innombrables

et ilne niisère extrême, i\y en eut 40,000 qui par

Iri Hongrie, par le pays cles ~ulpres, la Grece, les

Etats tiircs de l'Asie-3liiieure arrivbrent devant

Jérusalem, et le 15 j tiillet iogg, aprhs rin assalit

sanglarit, le drapeau des Crois& flotta sur les toiirs

de laville sainte. Lenoble Godefroi refusamodesiement

In couronne royale qu'on Iiii avait ofierte,

maisse borna i prendre le titre debaron de Jérrisalem

el prolecteiir du Saint-Sepiilcre. Ce n'est

rjn'eïi I xoo cluc son frère ~nuduiii prit le titre cle

roi.

Ainsi cominenca uiie suite d'entreprises conniies

sous le nom de Croisades, dont il y en eiit

six et qrii ressemb1t:rent. h iine migration de

peupIes en sens inverse, de l'Occident h YOriexit,

et qui dans l'espace de 200 ans, anienércnt environ

7,000,000 d'liomines en Asie, dont à peine

lin dixièlne crit le bonlleur dc revenir clans

sa patrie. ('l'c'tait la pi.en1iGi.e fois que lotis les

peiiples (le la Germanie s'dtnient sgunis pour

t'ormcr iin grancl plan. L'idc'e était neuve, inai.;

conforme aii temps, et le priucc cornule le

paysan, qiii ci1 y prenant part recoiivrait la liberic',

le clicvalier, le inarcliaiid, le dévôi, le yécl~ciir,

toiisadoptérent avec joie cctieentreprise-

Le peiiple îiit dc'livré de la pre'seiicc! de beaiicoup

de seigiieiirs ;ceux-ci vendirent une partie

(le Ieiirs terres ;tri roi oii nu clergc', pour siibvenir

aiix frais Jc l'expe'dition. Debarrasse d'eux, IC

pouvoir royal comnlenca iiu peu ise r&iab!ir-

BientOt le uoriveau soy aume s'c'tendit iiepuis

Antioclle, le long cle la l\lc'diterriinéc jiisq~ie vers

1'Egypte ; mais sans nouveaux renforts il n'aiirait

prolableincnt pas pi1 se niaintenir, aussi y ctitil

de nouvcllcs troiipcs qiii s'y reildirent, surtoiit

en 1147, 00 L~uisVII, rui de Fraucç, ynriit b


( 137 j

ia voix de Saint-Bernard, abbé dc ~lairraiis.

ConradIII, empereiir de Gernianie, se joint à liii

avec une armée de ~oo,ooo lioinmes, et toiis cleiix

se rendent dans la Terre-Sainte. Nais coinrne

cette armée nc parvint pas à J&rusalem, les rois

de la Terre-Sainte dcviiircnt toujours plus înibles

et leurs ennemis toiijoiirs plris nonibreiix cl

plris actifs. Aussi Salatlin, dominateur snri.nzin

d'Egyptc, parvint ( I 187) 9 s'emparer de Jériisnlem,

et ce fiit grûce aux grandes qrialités di1

vainqueur que la villc sainte fiit redevable d'élre

bien traitée. A cettc nouvelle filnede l'emperciir

&Alleinagile, Fre'déric Ier, Barberousse, Ricliard

C~eur~de-Lion, roi d'Angleterre, et Pliilippe-Auguste,

roi de France , forment de

noiivelles el ptiissantes armc'es : et entreprelinent

un? troisit:inc croisade ; inais Fre'déric

meiirt entraîne prir son clieval dans le Cydnus,

et les autres clicfs désiinis entre eux mancluent

à leur mission. Ce n'est qii'avec peinc qu'on

pi-lt Akkon ou Ptoléinaïs, et qii'on put maintenir

une partie (le ;a côte. Porirtant l'espoir se maintenait

toujours. Une quatrième croisade ciit

lieu, et une armée considérable arriva, en i 204,

fievant Constantiiio~)lc, polir y réini&~rer un empereur

dcstitiié; mais coinme celiii-ci ne yiit

payer Ics récoinpenscs c~u'il avait proniises pour

cette 1-sintéçration , cette arinée s'empara de la

ville et Un pays, et y e'tablit Irn cinpirc latinet

f mc. Cependant (16s 1261la füiblesse inte'rieiire

i c cet einpire Ie fit déclioir, et l'aiicieii Einpire

romain oriental en prit la placc. Rlais Frédc'iic

11, empereiir d'Allcmng~~c, malsr6 l'excorrimiinicaiioii

c iii pesait siir lui et niû1gi.c' les trahisons

des cfirétiens dans In Palestine mérnc, pnrvint

;'i pguer, parun traité, Jériisalcinet les autres

liciis 5;iints. Eu i 348 eut lieu la cinqiiit:~nc

14


( 158 1

croisade , l>rê~lia~ par ~udës; do Cliitenurot~r,

cardinal, elle fut dirigée par Saint-Louis. Cette

croisade fut incillicurciisc. Après la perte d'une

113taille, les croise's sont défaits ; le corntc d'Artois,

II-C~Cdri roi, pc'rit dans le coinbnt ;ei-ifin

en 1270, Saint-LOL:~S qui était revenu se met j1.3

téte d'uiie riouvelle croisaclc (sixieme et dernière

) ; des Anglriis, des Ecossais, des Cataians,

(les Portugais ct des Castiliaus se joignent aux

Franc:iis. En ge'nc'ral, dans Ia preinière partie dit

IPsikcle ,l'envie. dcs croisades resta la inCine.

Des enfans inGme figiirèreut des croisades dans

ieiirs jeux?et comme ail camp devaiit Ptole'mjis

de jeuues garjons Sarrcizins et (le jcrines clire'tiens

avaient conibattii les lins contre les autres,

il y eiit, en 1213, 30,000 jeunes Francais et

20,000 jeiines AIle:~~ancls qiii, sous la conduite de

prGtres, se rnireiit en route pour iine croisade,

inais ils portéi-cnt la peine de letir imprudence ;

iinc parlie cl'eritre eus fiit ttic'e, et unc autre

pjlrtic filt einmeuée en esclavage en Eçyp te.

Un certain roi, Antlré, de ln IIoiigrie, et lc coinie

GuiIlaiilne ,cle ,IIull;iiide, firent Cçalement i~ne

croisade ( i 21 il 12x9)~; inais ils ne prirent que

D ~ I ~ ~ Ben L zsypte ~ C ; Saint-Louis avait d4jipris

( 1248)cette ville, lors de ln précaente crüisnde,

à la siiite de laqiielle il avait c'té faitprisonnier

ct oblige de se raclietcr. Mais clans IR

dcrniére expédition l'nrliiée de'barqria i Tunis,

oit Saint-Louis nioiiriit ( 1270). Enfin en i 291,

Ptoléinaïs, le dernier resk dii royaume chrétien,

retomba aii poiivoir (les Snrrazins.

Ces entrepiiscs gigantesq~ies n'aulrient - e!les

clone eii cl'n~ilrc re'siiltnt que clc mettre à meille

les papes de 1ioin:::ei. toiijours des &Cques irzpffrtibus

(in fidelinm)? non, Ics siiites en ft~rent

irnrnenws, Taris les lieiiplcs tlri midi et de l'oiicst


( '59 )

de 1'Etirope avnicnt appris it sc connaftre mituellement;

letir poiiil rlc vile ])olitiqae s'etai t

considérablenient étentlii. Qiiclqi~esétats italieiis,

coininc Venise, Gênes, qui coiidiiisnient

des vaisseaiix niarcliaiids en Asic , eiircnt en

leurs inniiis le comincrcc clri inon(le, qui de l'intc'rieur

de l'Asie ct du fond dc l'Afrique, se dirigeait

vers la mer par cles caravanes; la petite

vérole vint cn Eui-ope, (te inGmc qiic 1'6tablissemeut

des Iiôpitaus et des riiaisoris de cliarité,

la canne ?I siicre et les moulins ù vent; l'liydrarilicpe

et les sciences cil génériil, sui.tonl l'liisioire

et la gc'ogr;~l)liic v gignhrent bcaucoiip:

'I'occidcilt se fairiiliaris$ non-seillenient avec le

liire, mais encore avec ln (louccur cles inœurs de

l'orient ; l'iiltelligcnce sc cieveloppn en m$me

teinps qiie In pliissnnce des gouverneurs du

Glirist sliiK;iiblit ; d'un autre côté, par. 1'nfF:iiblis-

senient des grali(ls vassaus dont plusieurs étaient

lilorts et d'autres devciiiis paiivrcs, la piiissance

royale se de'veloppa de pliis en plris, l'esclavage

dans Icqiirl avait gtlnii, en Asie, plus d'un sei-

Sneiir jadis redoiiiable, dcviiit inoins cliir pour

les esclaves e:iropc'cnc, 11;ircc qu'on ~ioiivait se

reiidrc libre p:ir la croix. I.es sciciiccs, lc com-

mercc et les arts s'c'tant accrus i'i~rc~it bieiitdt le

P~tagcde la l>oiir~eoisic dont les princes farorisaieut

les libel*i& et le hien-dtre, et dont Lii

liisssncc devint bicnf<;t forinic1;il~le 3 ln no-

Elesse. Alors naquit ln ligee des villes ans6ati-

( ucs (alliance dc né~ociaus, partant de Liihck,

de Hambo~ir~ el de BrCrnc et cornprenant Iiienlût

"0 villes en Alleinagile et liors de ce pays). Mais

$influence la plus directr des croisailes se fit

incoiitcstablement seiitir ti In noblesse ~iicrrihre.

Dans un tenilis oit l'lioiniiie riçlie et considérable

pouvait seiii servir a click-ai, il ii'y avait


( 160 !

pas loin de l'ide'e d'iin cavalier A celle d'iiil ciîeviilier.

hiais, avec des armes conveniics, le clievalier

avait besoin de signes de ralliement pour

reconnaître lessiens daiis lc coinbat ;de là des

marques distinctives, a11 moyen iles couleurs da

pluinet, dii casquc, m:iis sortoiit sur le boiiclier,

et depuis les croisades la croix était faite de pliisieurs

manières, et les desceuclans portaient ces

marqiies en memoire de lenrs anches. De 1P

vinrent les armes des fa'arnilles, lc blason et les

noms de famille empruntés la pliipart à des fiefs

devenus lit!rCtIitaircs, ou ail siege de cciix qui

avaient donné letir iioiir h leur race ; ces nous

furent uelqiicfois tr2.i-bizarres, par exemple :

la famine des cliicns dc K;ieoring, des loups de

l'observatoire des Morts, les clievaux de Ballstad

, les reikards de Fraiiconie , les boucs de

VuIfinsen, la bouclie dii bcciif. etc. Rlais pendant

les croisades il se forma, 21 l'instar des 01.-

dres dc moines, des ordi.cs de clievaliers soris le

nom de clievaliers de Saint-Jean, de Templiei.5

( 1118 ), et de clievaliers allemands ou de RJarie

(1 igo) ; CC furent des forines pliis solidcs de la

chevalerie. Ils s'obligeaient ari cclibat et i l'escorte

des pélerins qii'ils soignaient algrne, et ils

s'engageaient à combattre les itifitlèles. Après 13

perte de la Terre-Sainte deux de ces ordres se

reiidiïent ?I Riiodes ( les clievaliers dc Saint-

Jca~bfinirent par allcr h Malte, et en portArcnt

le nom ). L'ordre de RIarie alla h Venise, et de

là en Pologne, oit ils prirent aiix Prussiens, eucore

payens, Ic pays qui est ail long dc la iller

Baltiyiie et dout ils firelit un état clc leur ord1.c

(par la siiite la Prusse). Api.6~ ces trois ordres

moitié séctiliers et n~oititi ecclésiasiiq~ies, il s@

forma dans le reste de 1'Eiirope ilne foule d'ai!-

tres orclres. Mais la digaite' de la clievaleric se*


( 161

crilière n'était pas llér6ditaire ; il fallait coniinencer

le service par étrc valet, lloininc il'arines, et

se distinçiici- par ln bravoure : tlc inêinc qiie clans

les corporations (l'artisans, il fallait c1'abai.d etre

appreuti , puis ouvrier, pour devenir ensriite

maître, et de rnêiiie qrie dans les institlitions S:Ivantcs,

l'e'colieï clevieiit Lacllelier, licencié et

pilis docteur, la réception cl'iiu clievalier était

d'abord un combat d'arincs; c'&tait le cliefd'ccuvrc,

la promotion mi doctornt .de l'c'l&re

chevalier.

Les orclres de moines se iliultipli&reiit cette

c'poque eu inêine teiiips qiie ceiis des cliev a1'iers;

les premiers formaieiit les re'gi~iieuspirituels du

pape so:is les généraux de le~irs ordrcs respectifs.

L'ordre des inendians cle Franjois d'Assise

(les franciscains 1216), ct celui de l'cspngnol

I?ominiqiie (les don1inic:iiiis ~zoG),avec leurs

subdivisions clevinrei~ t'iiriportms cornme exccllent

appui dc la IiiGrarcliic. C'est porirquoi aiissi

que les membres de ce dernier orclre, qiii avec

raison s'intitLiJaielit les cliieiis cle cluête tlii iiiaitre

(dûntilzi cases), fiircnt cliargc's d'exploiter la

terrible Inqiiisilioii, hiidée par Iiinqcen t 111

(~98à InlG), ce tribunal sl>iritricl' institiic'

poiir recllercller et cll;^itier l11iér6sie. afais sotis

le nom d1hdrdSie 011 nc comprenait pas seillement

dcs idees qi~i slécart;iieiit du Caoon eu:

seignc' par YEgiise, iiîais niissi lc iiloinrire dolitea

la puiss:kllce papale et ecclésiasliyue ,el hient61

inenle cliaqiic teiitalive d'al~olir (les erreurs et

de rcmedier lt des d&faiits. Aiais plii~ ICS papes .

iil~rés Grépire VII, 11ex;iiidt.e III, Iitnoceiit

111 et IV, Grégoire IX etautres étaient deveu~is

elitreprenans, plus s'dlevaient contre eiix des

honiines rne'contenç de ces entreprises, comiiie

Aruould cic Brescia, élhe du grand ~beilard;


( 162

les Catlinrieus ,les Valdensieils (clc Pierre Valdus,

(le Lyon , qu'avait réveille la mort subite

ct'uii ami, comme cela est nrrivc' 111s tard Liitlier

), les Albigeois daus le mii <le la France,

contre lescluels iine ve'riiable croisade fut bientôt

prêcliée et c~ii'on punit par le fer et le feii.

A cette époqiie dii monvenient intellectiiel

escitd par les croisades, la poésie nationale des

peuples du midi (le l'Europe se développa, sii?

tout en Espagne, clans le niidi de la Fi-aiice, ou

les troubadours provensaiix, en Alleinügiie, GU

les clianteurs d'amolir. (appeléselés aussi poétes de

Sotiabe) acqilirent une grande céle'brité. Des

princes ct m6iiie des eiiipereurs ne crurent pas

iiu;desso~s cl'eiix d'en faire partie; et coinine ces

poétes celébraient g4nérsleineut la chevalerie,

l'ninour, l'lionrieur et la religio~i, ils donnèrent,

réiiiiis ails croi~ades, lin? plus liniite consc'cration

à la clicvalcrie inêiile ; bieiit6t le chevalier,

qui autrefois3 sa reccption solitenait iin combat

d'éprerivc., &tait à cette solennité obligc' de promettre

ci'lionorcr et dc ~)i'otCgcr la religion et

!a vertri, et (le lie coinbnt~re que loyalement, et

dans lei tournois (ccs jciix olympiqiies t h

moyen âge). 011devait rivoir égard iioii-seulement

à la naissaiice des clievaliers, mais cncore

h leur bonne rc'piiintion. Lc toliruois &tait fermé

iriix clievriliers ddclar&s indislies; on leur &tait

i'éperon d'or et on les jetait sur le fiiniier ;on colla

rait la qiieue B leur c1iev:il ;leilrs annes étaient

,risées ; leurs ~irinoiries efface'cs ,leur boiiclier

etnit traiiie' daris la l~oiic à la queue d'une rosse,

et bien rl'autres punitions de cc geure leulq

étaie111 infligées.

J~'ef6cacité de ces nioyeus était on ne pciit

plus graiide pour dompter le sauvage esprit dc

rapine de ln noblesse ;car les cliefs e'laieut cians


( 163 )

celte naissaute institution jiidicinirc el lcçale,

rareinent en d;it de faire respecter ces pais de

Dieu et dii pays, si soii\.ciit oi.do:ine'es. Il y en

avait qrii , bravant toi1 tc piini tion seclilière et

ecclc'siastic i~c, devenaient lc flériii de toute iirie

contr6e. Alors comme il Ctait difficile de vaincre

le droit dii pliis fort, fi caiise (le la inultiplicité

des inaîtres et des doniaines, il seforma une espcce

de tribiinaux qiii, par leiirs ope'i.ations en partie

secrhtes, et 1)ür ln tcrrciir qiie répalidait cii les

agraudissant, ce secret mêine, ne fi~rerit pas saus

influence. C'e'taicnt les juridictions criiniue~ies

siIr la terre roiigc (en Vcstplinlie), ayant leiir

siége, principal 5 Dorinunù, soiis 1:i 1)rtsidencc

de i rircllevCqiie dc Cologiie. Cl~iiqiie tribiinal

(sie'ge libre) avait son conite libre ou président

avec dcs c'clieviiis libres oii s:ivniis pour assesseilrs.

Les coup:ti)les pi;iss:ili~ treulblaieiit h l'invitatioii

de par;iîlrc clcyarit ces ti.ibunaiis et devant

le bnri de çctte jiiriciictioii, parce clii'oil

ne coniiaissait pas les assessetirs qui poiivaient

tuer de siiite le coripablc convaincii. RlCiile des

pinces et des rois fiirent obligés de s'y rc1idi.e.

Ces tribriiiniix existèrent ji~sqr\'au in~liicnt oit

ceux des pays tlivers fureiit iilicux orgariise's ;

alors aussi la clicvalcric ccssii tlc se reiuiier, et

ces tribunaiix eati.aoi.diiiaircs piircnf îoriiber en

désiiétiide. Laluii1ii.i.e que ré1)aridirent les scierices

renaissantes :i<lûiicii,cnt aiissi ce cjuc les

lntieiirs avaieut gi.osçicï; tle 1'Italic ct de la

France se rél~zndircnt cles iiniversités; les sa-

Taus fiireut estiinés ;les niriîtïes cic choit calioliiquz

et de droit roi-iinin obtirircnt ln noblesse.

Les sciexices r.econimellccreut :i avoir itrie licul'cuse

influence slir les classes iiife'rieiircs de la

"ciéte', et, cjrioique les développeinens f~isseiil

lents, et que dans tous les états (surtuiit dans les


( 164 1

états Slavoris ) la civilisntioil avallcrlt d'un pas

inégal, les lieiiples rivalisèrent entre eux, et la

question ,si l'liumanité eiii.ope'enne devait d4-

périr tlans le despotisme fc'odal et Iiiérarcliiqiie,

ou si elle devait se relever, se trouva r6solue. Les

croisades avaient décidé en faveiiï de ce dernier

sens, et, quoiqil'e!ies diissent leiiï existence à ilne

pieiise aberralion, considérées sous ce point de

vue, les croisades ont pourtant &te'un moyen

d'e'ducation donné par la I'rovidence.

En France, Louis VI, fils dc Philippe Ier, appelé

Louis-le-Gros, est lin des meilIeu.rs princes

de la monarchie fraucaise et son rhgne est ilne

époque trés-iiliporlante de notre histoire. Toujoui-s

en çiierre, car c'est alors que commencèrent

les guerres désastreuses entre la France et

l'Angleterre, incapable de protéger les bourçeois

contre les brigû~idnges de ses rasciux, il dtablit

les conimuiies, espece dc petites clémocratieç indépendautes

cies seigneurs. Alors cliaqiie ville

prit s'artministrer libreirient, eut ses inaires et ses

échevins. I)&s lors ;)lusieors soiiverüins imitèrent

le roi de FiV:ince. SoiisP1ilipj)e-le-Bel (izSS),les

coinmunesfiirent assez~~uissaiitespoiir qii'ou leur

pertnît d'envorer des tléputés üiir c'tats-gc'nérau?;.

Cetlc institizt:on fiit un coiiirnciiceincnt d'affrancliisscinent

pour Ic periple clui dans la suite dut

faire toiiibeï la féodalité. Cc fiit cncore sorts

Louis-le-Jeiine cllie lcs plris grands vassausprenneni

le titre de pairs et coin1,osciit la cour OIL

~~nrkenrent : iiistitiilion cini ue prit iine forinc

fisc quc sous Pliiiippe-le-Bel. Henri II, roi

tllAngietcrre, fait en ri 72la coiiqu4le de1'Irlaucle

qui, pendant long-temps, avait c'té partagée en

plusieurs royaumes. Les guerres se tcrmineiit

1 avantage de la France qui recouvre les ~~rovixices

que les Aiiglnis avaient souniiser.


( 1s; )

L'~1fernagtieeut :i se fClicitcr de plus d'tin

excellent chef, mais elle eii t a~issi ses temps mal-

Iierireiis. A Henri V .,fils (le IIeiiri IV ( I 106 à

1123), qlii, dans le concordat (le Vorriis ( r 122),

avaitapnisc' la coutestation siir l'investiii;re, succéda

d'aborci le faible J~otliaire, de Sasc, h qui sa

mère, pendant qiic dans sa jeunesse il se trouvait

A la cotir dc Henri IV', avait envoyé iirie

belle c'pé'e, inais cjui avait ilne lainedebois ; cilsiiite

l'~1leliiaglie eril la ~iinison considérable de

Hol-ienstaiifcn ,1i 37 3 1254, avec Conrail III eu

1x52 ; Frédéric-le-Roii~,en 1190;Henri PI en

3 197; Pliilippe cn I 908 ;FrédGric II en i 230;

Conrad IV en 1254. filais un triple coinbat,

soirveiit réuni, traverse presqiie tous ces rignes-

Kt; d'abord coiitre la grande et antique maison

(les Guelfes, (le Soiiabe; cnsiiile conti-e les villes

de laliaiite Italie, dout la plupart, ayaiit Nilnn en

tGte et dniis la conscience de leiir force, voulaieut

se rendre iiidépeiidaiites de la puissauce itnp6-

rialc, et eiifin contre les papes. Comme ceus de

la maisoii clc Hoheristaufen posséd~iiciit le siége

<Iiical.dc So~inbe,et bieiitôt aussi celui de la

Francoilic, les Guclfes rc'giiL'i.ent d'abord dans

la Bavière, et aiissi eii Saxe, deptiis l'avèiiement de

Lotliaire II à l'einpire. Se fontlant sur leur piiissauce,

ils pre'tendirent h la corironne d'ailemagne,

que les riises IIolicnstaiifcn srirent

leur enlever; et ces (1crniei.s inarcli6rent coiiti-e

les rebelles avec le fer ct le fcii. ins si Henri-le-

Fier perdit ses duclic's cie Saxe et cle BaviCre;

mais Henri-le-Lion, soli fils, si ce'lébrc par la

suite, conserva la S:isc pair In ficlélité de ses

siijels; et l'empcrtiiir Fr&tle'ric 1.1liii rendit enfin

la Bavière. Mais lorsqiic Renri-lc-Lion voultit se

créer un einpirc libre et in(1épeiid:int dans l:i

P~mCraiiiet dails le blckleiiho~irg,oit il y avait


des Slntes, et que par sa l)uissnnce qui liii valut

la haine et l'envie, il s'éleva d'uiie manit're menacantc

sur toiis les princes de l'Allemagne,

lorsqu'il refusa à son enîpercur cie l'accompagner

dans iine cincpièine carilpagne coiitre les villes

de la Lombardie, qii'il ne sc laissa pas même attendrir

à la vue de I'empereiir son suzerain, qui

sc jeta à ~cnous(levant lui, et que Fréile'ric frit

battu yres du lac. de Coiner, en ri7G, toiis les

enileinis de Hcni-i se réveill&rent, et, & la suite de

l'empereur, ils mirent le duc ail ban et le déclarcrent

privc' tlc son fief. Del~iiis ce telnps la

maison <le Wittelsbach a r6gnC en Bavihre. Il ne

resta Henri cllie Briins.uvick et Liinebonrg ,ses

pays liéréditaires, et dont les princes sont montés

depuis 1713 sur le trône d'Angleterre, où rhgnent,

comme à Briinsnrick encore aiijourd'hui,

des Guelfes. Dans les guerres de FrécléricIer contre

les Lombards, un pape non rcconnii par lrii, eut

qrande part; ce fut le pape Alexandre III, et cc

lut toiijoiirs la politiqiie des papes de se ranger

généralement tlu côte'des Lonilartls et des Guelfes

coiitre les Holienstaufeii (oit Gibelins). c'est

pourquoi on confondit pliis tard en Italie I:r

cause des Guelfes (011 \T'elfes), arec celle dcspapes,

et la caiise des Gibelins avec la cause impériale.

Par çoiitrc ,f;i.&déric parvint, par son niariage

avec Constontia, Iiéritiére norinailde, &

procurer A son fils TIenri VI le roynuine de Naples

et de Sicile. Nais Frc'deric, comme noirs

l'avons d&jhdit, se iioya lors (le la crois:ide clans

l'Asie-nlineiirc ( i r90), et Henri. après s'être

fortifié dalis son noiivcari royaume par (les coinbats

sanglans, laissa lin fils ( 1197)~Fréddric,

qui conimcnca d'abord à regner dans la Basse-

Italie; mais quand son oncle Pliilippe, 61iiroi d'~1-

lemagne, en mt'nle tenips qiic le guelfe Otilü~


( 16j j

IV, tomlia as~9ssitié à Bamberg, Frc'd&i;ic ht

élevé, coiitre lc: compdtiteur giielfe, siir le trône

d'Allemngiie qu'il siit conseiveIi. Ce Frédéric

II qrie la bravoure, l'esl~rit et toutes les vertiis

royalcs, Glevc'rent facileilient ait rang de I'einpereur

le ylris distingiid da nioyeri igc, eut h soiitenir,

prdciséiiient à cause (le sa inanic'rc cIc

voir, grande et c'levée, des guerres presque continuelles

contre le3 papes, contre les Lombards

que ceux-là excitaient, et contre des rois rivaux

que le pape sut lui siisciter eu hileinagiie. Son

fils nc fut pas pllis heoreux; et coiilrne une mort

tragique enleva pi-esrliie tous ces princes, le

dernier rejeton de la grande innison, Conradin

moiiriit stir l'échrifii~d en 1268, quand il voulut

reconqiiérir le royntiiiic de Naples et cle Sicile,

son liéi-itage, donne' 1131- le pape à un prince

Francais, Cllarles cl'hiijoii. Voilh la punilioii (ic

cette mallieiireuse ailiarice entre l'rilleinaçiie ct

l'Italie.

C'est nii corninencement du 1 SCsihcle q~~~eiircnt

lieil des événeineiis iinportrins eii Eiirope. En

1214eut lieu la f;imerisc bataille de Bo~ivines

entre Lille et Tournay, 021 Pliilippe-hiiçuste, roi

de France ,avec une nrrn6c faible eii coinlharaison

de celle de ses adversaires, defil lc roi d'Auglelerre,

Jean-snns-Terre , le comte (le F1:indre

kt i'en~pereiir Otlion IV. Cette victoire niiglneiila

l'nu toritc' du roi sur ses rnssnus.

En r 229, Loiiis VTII, fi!s de Pliilippe-Aii-

:.,asle, recouiniancln une iioiivelle croisarle contre

les Albigeois, secte clir61icnne dolit un grand

noinbre linbitnit le (1ioci:se $Albi, et contre lnclueile

avait dc'jà toniid Ic ljapc Innoccnt III;

l'exliortatioii du pape nrnit cri poiir suite unc

croisade qui clvnit entraîi16 Ic inassacre d'iin

grand nombre cl'Albiçeois. Louis TI11 rno1iI'~it


f 168)

en rei-euarii dd 1;i campagric mrt~~itlii~eiisc qu'il

avait faite contre ces hérétiques, c:tnipaane qui

paralysu les ïorces di1 Lan~uedoc et de fa Provence,

qui y riliiia des citc's riches et commer-

$antes et ddtruisit une civilisation florissante en

inerne temps q~i'ellc abattit une piiissaiice rivale,

celle de ll~ngleterre, qiii, agent de l'inqiiisitiou,

avait essayé de s'établir en Fraiice.

C'est ~JC~I prcs vers la inênie époque qiie

Jean-sans-i'et.1.e excita par son despotisme lx

révoltc des barous anglais et fut obligé de signer

la cli:irte qu'on exigen de lui. Cette cliarte

fiit appel4e la Grande-Charte, yiilon regarde

conime le fondement des libertés auçlaises, parce

c~ti'elle fiit peiidant long-teinps l'unique objet

cles re'clnmntions faites ail poiivoir.

C'est vers la fin du 15. siécle qu'eut lieii le

nlassacre coniiu soiis le nom de .r.&pres siciliennes.

Cliarles cl'~njoii, dont no~is avons arléplus

lia11 t . non content d'avoir dCpoiiillé fa maison

impériale de Soiiobe en Iiii prenant le royaume

(le Naples et de Sicile,avait fait périr siir l'échafiiiid,

Conrndiu, qui &tait veiiii cn Italie pour re'-

cla~ncr l'héritngc cle scs phes. De liilne exasp6ration

contrc liii et contre toiis les Francais.

Jean de PI-ocida, geiitilliomme de Salerne, trama

cette conspiration qui avait pour objet cle faire

égorger toiis les Francais, ila iii6ine heiire, le

joiir cIc P~qries ni1 son de !a cloclle des vêpres. Le

troisihine jorir de Piqiies (12Q2), au soi1 desvGpres,

(lesa ttroupemeris se forment et au cri de nzerrrerzt

les vrans, 1011s les Frûnjais sont inessacrés clans

l'flc. Il yen eut j~liis de liiiit inille cl'égorçés clans

les e'glises, dans les places piibliqiics et part011 t ail

l'on en troiiva; cleux geiitilslioii~iiies Francais filrent

seiils saiives de cc m:issacre géiie'ral.

En Allemagne il y eut alors beaucoup de coli*


( 1% )

fusioii et iihe coinplète anarclliu pendant ip~elque

ten~ps ;il n'y eut alors presque que des ltraxigers

revêtils du titre de roi jiisqii'à ce cpie le

brave comte Rodolplie de Habsbourg, pourvii

de nombreux biens en Alsace, en Souabe, dans

le Sitntlgaii et prhs de Zuricli fiit nommé roi en

1273 par les princes de 1'Alleni:içne. Son bras

vigourciia siit rutablir lc repos et l'ordre; il négligea

l'Italie et la coiironne imperiale, et conleur

place, polir ausinenter la puissance

rit e sa iiiaisoii ,le grand diiclil d'~utriclle, poiir

iui et ses fils, nyrSs qiie le boliémien Ottokar

eût succombé. Le comte Adolphe de Nassau siiccéda

en 1291 i Rodolphe, et ensuite vint la In

tete dii goiiverneinent le fils de Rodolphe, le

sombre Albert, adversaire et r;iinqiieiir de l'ern-

])ereur yrécéclent et qiii ne s'appliqiii qii'i augmenter

ses pays Iiérc'dilaires. Mais lorscluc, par

le ministère de gouvcrneiirs impitoyables, il

voiiliit niissi souinetti.epar force à la maison d'Autriche-Habsbourg,

la Siiissc,, qiii jusqiie-li n'avait

reconnii poiir inaîlre que 1 einpereiir tl'~llemngne,

il siirsit clans ce pays (les lioinnies libres ,

coinnie Valter, comte d'~tting11nusen , dans le

pays (l'Uri, drnoiild, prcs dri IIalden, dans IeRIelciitlial,

d'0rtnderviild et V'eïner Sl;iriffaclitr, de

Sclivytzct 50 aiitres dans Ic Rutli, et, les nrincs

ii la main, ilç cliasshrent du pays les intendans.

On (lit qiie Gessler, gouvcrueiir d'Uri, slrivis:i

d'lin genre de tyrannie ridicule et Iioi.rihle, srivoir

: il fit metir:rc ail Iiaii t d'une perdle un de

Ses bonnets avec ordre de saluer cc Eonnct sous

Peine de la vie. Guillaume-Tell ,iin desconjiirés,

ne s'ltnnt pas sounlis ?I cet ordre, lo Fouvcrneiir

le condamna à Ctre pend11 et ne 1\11 donna sa

S ~ ~ Cqu'a

C condition que le coripnbie, qiii était

'in archer ildroit, abattrait d'iin corip dc fléche

x 5


C 130 )

tiiie pomme pincée sur la tête de son fils. Le pkre

treinblant, tir:i ,ct réussit :t abattre la pomme,

sans tuer son fils, mais il profita ci'iinc occasion

et débarrassa le pays d'un 5o:iverneiis aiissi criiel.

Poiir venger ces diverses inj:ires, Albert se init

en route; iiiais son propre coiisin , Jeiin de

Soiiabc , l'assassina ( 1308). Les Suisses firent

iine alliance étroite et sirrcnt hien (lc'fentlre leiiï

liberté contre l'hiitriclie, à Norpsien ( 1.313),

h Nefels et à Sernbach ( 1386). La Suisse avait

encore ses ciubs. Henri VI1 , autrefois comte de

Liisenibourg , devenu cnipereur cl'Aiicrnagne,

ajoiita la Bolisme à sa iii:iison et nioiisiit empoisou~e'

en Italie. Frédéric d'kiitriche et

Loiiis tlc Envière avaient été éliis en inême

tcinps einpereiirs par deux partis opposés, et

ce fiit l'épe'e (pi décida entre eux; le ~ircniier

siiccoinl>ü à BluliIdorf, à iiu cnnemi grand, 3 iin

adversaire noble. Mais Louis, tout cil aiigmcntnn t

ln piiissance de sa maison, trouva en Jcnn XXII

ct daiis la France, des adversaires d'autant plus

redo~itnblec que iaiis les iteiix venaient de serétliiir

p~ur n~ircontre 1'Allcmagne. Car de 130.5

<{n'a 1347, les papes filrerrt oblige's cle résider en

France. Loilis le Bavarois trouva uri roi rival dat~s

la perscrnnc rle Cllnrles IV, du Liixemboiirgeois,

roi dc Balieme, mais il moiirilt en 1347 avec In

gloire d'avoir coinbattii ûvecforce et bonlieur 13

liiérarcliie papale.

C'est an coinii~encement de cc siCc1e que fut

aholi en Fi-ance l'ordre des terripliers, ordre 613-

1)li à JCi.risaleni en i r18 par pliisieitrs

Iiommes francais. Alais so~is le ri:gne de Pliiliypele-Bel,

on les accusn des criines Ics plus atroces

et des eacCs Ics plris 6poiivantables; le 15 ocd

tobre ils fiirent toiis arrêtés et 59 d'entre

cii!i, parini Icsq~relsil y avait lin ;,iirnbuier


( 171

du roi , furent brûlés à Paris en 1.509, et le 22

mars 1312, le pye ~IL'inent abolit l'ordre des

teinpliers. Ce meme Pliilippe-le-Bel se signala

par un excessif ninour de l'ar5ent ;c'est cc qui lui

fit commettre beaucoup d'injustices, son rkgne

peiit sc résumer pnr cof$scation et exdczcntio!~.

Celrii de soli fils Louis X,dit le fI[rlin,est remarqnable

par l'affrancliisseineiit cl'uuû grande pnrtic

des serfs de- Cain agnes.

Pliili pe VI de vafois &tait parvenit G 1a corironnc

f e France nprEs la mort des trois fils de

Piiilippe-le-Bel. Mais la couronne Irii avait d'abord

616 dispiite'e par Edoiiard III, roi d'angleterre,

qiii prétendait y avoir clroi t, comme neveu

de Cliarles-le-Bel ,par sa mkre Isabelle. Cependaut

PliiIippe lyt.mporta sur lui cn vertu de la loi

salique qiii excliit de la couronne non-seiilement

les fenimes ,mais aussi leur postérilé. Edouard

s'dtant fait reconnaître roi de France par les

IJlainancls rtt'voltés , Pliilippe perdit contre liii

la bataille de lYEcluse, eii 1340,et en 1546 la

bataille de Gréci, eu Picardie. Eu 1347 les Anglais

s'emparèrent cle calais, et la principale

cause de lcurs succès contre les Francais fiit le

carion dont les Anglais se servirent les premiers

la bataille de Créci.

En Italie il y eiit des guerres qui ,renouvel&es

à diffc'rentes époques, coûtèrent à la France un

sang precieiix et des sommes iinmenses. ~liarles

VI11 qui succc'da & Louis XI, regarde' cornine

le Tibère de la France, par ses crueut&s,

conquit avec une rapidité cstraordiilaire le

royaume de Na les, en 1495 ;mais en inoins de

sis mois il per8t tout Ic fruit (le cette brillante

expédition. Le pape Clément VI, les Venitiens,

Sforce, duc de Alilan, Isabelle de Castille et

Perdinand d'Aragon se liguèrent conire liii pour

le forcer j. sortir dii royaume de Naples.


( 172 1

Loilis XII, su~*nomniéle père du peuple, et

qui avail joint la Bretagne à la France eiit à soiitenir

en Italie trois guerres principales, à Aiiloii,

à Naples et dans les c'tats cle Venise. Loiiis XIT

frit exconîn~unie' par lc ppe Jules II par suite

de la jaloiisie qii'inspirait à ce pnpe les si1ccl.s da

lnonarque francais en Italie. Ce pnpe faisait la

giierre en personne, ct montait à labrèche. Loiiis

fit contiriucr la guerre par soii neveu Gaston de

Fois qui gagna la bataille de Raveiine où se disiingiia

Bayard, surnommé le chevalier snns

yerrr et sans re~~i*ocl~e. Ce roi refiisa de ven-

Oer les injures qui lui avaient été faites quand il

$était que duc d'Orl6ans : K Ce n'est point, ditil,

ail roi de France à venger les querelles di1

duc LZ'OrlCails. » Loiiis XII, pour justifier son

dconomie dit : cc J'riiine mieux voir les courtisans

rire de lnon avarice que (le voir mon peuple pletircr

de mes ddpenses.

Ces guerres d'Italie out exercé siii. la société

fraujaisc iinc grande influence. C'est de là iie

lui est venu le gofit des arts, iIii luxe et de l'$égance

qui prdpara la veniie du grand sihcle.

L'empire alleinand après les dissentions intestines

qui l'avait troublé prit une forme plus

stable sous Charles IV, de Liixembourg ,roi de

Boliêine clont nous avons parlc'.

A 1'6poqiie de sa mort, P~llemagne fiit affligée

par une terrible peste connue sous le nom (le

la mort noirc. Partant originairement de 1'~sie

elle parcouriit en peu d'anne'es presque toritelvEurope

et enleva plilsieurs millions d'iiomrne~

Cliarles IV lutot que de faire valoir ses droitsr

nima mieils ~[ccornnioder de tout, et i l'exception

de la Bollêuie qu'il vcnait de doter de la

iinircrsitc' allemande, établie à Praçiie en 13497

il n'aima cliie l'argent qiii chez lui balan:ait to~itt


( 175

Il fit à PJiiïemberg (1356) la constitutioii de

l'empire connue sous le noin de bulle d'or ; cette

loi de l'empire germanique détermina ou, comment

et par quels sept princes de l'empire

d'Allemagne, le roi d'bllemagne et l'empereur

rorriain devait être clioisi. Venceslas, son fils,

régna d'une manière encore plus déplorable ;on

lui suscita pour roi rival, d'abord Robert, comte

du palatinat, et quand celiii-ci fut mort il eut

deiiarois rivaiix en meme temps dans la personne

de Sigismond de T-Icngrie, frère de Venceslas, et

de Jobst de la Moravie; a la même époque trois

papes contemporains remplirent de leur contestations

toute la chrétienté. Un concile général

devait obvier à ce dernier mal et apaiser les

plaintes siir le mauvais état de l'église qui allait

en enipirant, mais le noiiveaii pape sut rendre

illusoire to:ite tentative d'ainélioration.

L'Espagne eut pour roi, en 1350, pierre-le-

Cruel, qui succéda h son père ~lplionse XI.

Célébre par sa cruauté, il eiit quelques démêlés

avec Pierre IV, roi d'~ra~on,-~iii fut aussi le

fléau de ses sujets.

Le pape Clément V avait transfdre' le saintsiége

à Aviqnon. Depiiis ce tem s l'Italie était

(]ans ~'an&c~iie la pliis compble , et ce fut

pendant la r6sidence du saint-siége , à Avi-

$noil, que les Romains clioisirent pour triha

Nicolas Rienzi , homme distingué par son

éloquence, sa liardiesse, et il régna quelques

inois d'une manicre absolue. Il fiit assas;iné par

lei factioiis des familles patriciennes, apres avoir

déciaré que tous les peuples d'Italie Btaient libres

et citoyens romains.

EU Allemagne on condamna la doctrine de

HUSde iriissineti, doeteiir de Prague et de

Jacob de &lies, toucliant le sncremeut sous les


( 174 )

deux esphces ,celle contre la siipre'iiiatie papale

et les trésors temporels du clergé ; ou fit pliis,

on brûla Huss, quoiqu'arrivé so~is la garantie

de l'eiliyereur Sigismonci ainsi que son ami

Jérhme de Prague (1415 et 1456). Ainsi moiirurent

deux liommes hardis qui au moins avaient

ilne conviction, à laqnelle ils piirent sacrifier

leur vie. Mais i la flamme de lerir bîtclier s'alluma

aussi Ia terrible çuerre des Hiissites ( xl;ig

h 1453), parce que les nombreux partisans dc

la doctrine nouvelle, prêciiée pour Ia premihre

fois par Jean Vikliff, célhbre tliéologien d'Oxford,

se révoltèrent et prirent à l'assaut l'liôtel-de-ville

de Prague, pr6cipitèrent 14 sénhteiars

par les fenetres siir des piques placées

au dehors, rlestitirèrent Sigismond coinme roi

d'Allemagne, et ravadhrent les biens des ecclésiastiques

et des seigneurs ilri parti opposé. Une

armée croisée, conduite contre eux ar Sigisinond

n'eut nncun succ8s. Leiir terrihPe inf~nterie

noire battit non-seulement tous les ennemis

dans la Bolieiile, mais de lh comme de sa Terre-

Sainte. Cette infanterie se répnntlit dans la Silésie,

dans la Bariérc, dans la Franconie, dans

le Meissen (qu'ils appelaierit pays des Philistins,

des Moabites, cles Cananéens ,etc. ), y porta le

feret le feti, et fit sous son Ziskaset son Procope,

cette preiniérc giicrre de religioii avec unc fureur

ct un entliousiasmc qui n'est le partage qiie de

cette esphce de guerre. Lx force de ce parti ne

fut brisée qrie lorsqu'il fut de'suni, quand 1:s

Caliaiiines ou les plus inodérés furent -d g ries

par le nouvearl concile de BLile en 1433, et que

les plus rigourciis de ce parti firen~ la guerre

aux premiers. Ail reste ,le concile de Bile n'eut

pas rion plris porir résultat une réforme, mas

un principe frit seiilement décide', savoir: cp'un


( 175 )

concile éiiéral est au-dessus du pape et peut lc

juger. 2 court régne d'Albert d'~uiric1ie ( ,437

i 1457) et celiii plus long de Frédéric (iddo à

1493) sont moins in~portans qiie ce qui se passa

pendant ces règnes dans d'autres royaumes.

Eu France les Capétiens gouvernaient, comme

nous l'avons dit, depuis 987 ~nsqu'en1328. Pendant

qu'à l'intérieur. on Ilrisait la puissance des

grands et qu'on favorisait les bourgeois, les rois

d'angleterre, comme vassaux francais, excitèrent

plusieurs guerres qui ne devinrent violentes

que lorsqu'uue nouvelle maison royale de la faiiiille

de la précedente, celle des Valois, succéda

par ~liilippe IV à ~liilippe-le-Bel et à ses trois fils.

Car Edouarcl III, roi d'Angleterre, petit-fils de

I'liilippe, par suite dc ses prétentioûs siir le

trône de France, y avait porté la giierre et avait

été rainqiieur dans la personne de son fils, le

prince noir. Soiis le petil-fils de Jean, Ic roi

Cltarles VI, In France fut clécliirée par (les

guerres civiles (1580 à 1422); ce roi s'&tant

trouve' dans un incendie à la suite d'une innscnradc,

il en devint fou et il y ciit de sanglantes

contestations au sujet de Ia rc'gence

entre les grands vassaux de l'eiilpire ,le duc de

Bourgogne et le diic cI'Or1é:ins; on appelait ces

partis les Bourgiiignous el les Armagniics. Pendant

(1il'il s'amiisait lui-même ari jeil de cartes

qu'on dit inventées par liii, la mort fit des victimes

5 sa cour, coinme le fit clans le pays son

ennemi de l'Angleterre. Henri V gagna ln bütaille

près $Aziiicourt (1415) et fit monter siii'

le trône, à Paris, son jerine fils (Henri VI j.

Une province aprlis l'autre se dhtnclia de la

France poiir passer à 1'An;;leten.e; Ic dauphin

CIiarles VI1 perdit courage. et déjh Orl~ans, la

clé de tout le midi de la France allait subir le


même sort quand ( 1429) une jeune paysanne de

S1.-Hemi, Jeanne d'Arc, parut à la cotir dc

Charles VI1 et proi~it de delivrer Orleans, de

couronner Charles a Reiins et de sauver la

France, car ainsi lui acait été donnée la mission

d'en liaut. Cela parut un miracle dnns le pressant

danger oii l'on est d'ailleurs le pliis porté à

croire aux iniracles. Simple bergère de &.-Remi,

elle sut inspirer di1 courage (et c'était 19 le talisman)

,Orléans frit délivré, parce que les Aliglais

croyant avoir à combattre le diable pcrairent

courage. Cliarles VI1 t'rit corironné et l'armée

anglaise fut battue. Jeanne d'Arc prise par

les Bonrpiçnons fiit brûlée à Rouen ( 1451 par

les Anglais) ; niais les Anglais perdirent toute la

France, h l'exception de Calais. en da ut cc temps

les ditcs de Boiirno-ne n'iivaient ccssé de s'euricliir

(depuis x&?) et le dernier d'entre eux ,

Charles-le-T&n6i.liire, avait encore, oritre son

fief de l'en~pire, la Franche-cointe' et la plus

grande partie du pays appelé par la suite les

Pays-Bas (c'&tait une parlie de la ci-devant province

conside'rable, la Lorraine). Déjh il n6gociait

avec FrédGric IV, empereur d'Allema-nc

pour obteiiir le titre de roi. quand celui-ci Beriinnda

pour sou fils, le chevaleresque arcl~idnc

RIaximilien, In main de Marie; fille unique de

Cllaries et son Iiéritiére. C'est ce qui rompit les

négociations. Maislorsque clans une guerre mallieureuse

contre les Siiisses le fier ~hnrles perdit

sa gloire niilitaire par les journées sanglantes dc

BIurten et de Grauson (r476), et sa vie dnns la

bataille devant Nancy, Louis XI, roi de France,

prit à la vérité les fiefs de Cliarles et plus encor:,

inais ilc pnt empeclier Marie de doillier sa malu

à RIasiinilicn et avec sa niain les antres pays

Bourguiçuons. Mais ce fut poi~r la maisoiijtlc


( '77 1

Hsbstoiirg en Awtr-iclle une ncqtlisition pleine de

fatalités.

En Angleterre la maison Plantagenet-Bnjou,

alkit. succédé, par Henri II, en I 154,a la dynastie

normande. Des çouvernemens mailvais et tyranniques,

port6rent le peuple à arracher des lettres

<le liberte, et une représen~~tion nationale

( iin parlement ), qui malgrc' sa cle'fcctiiosité tenait

en bride l'arbitraire royal et inspira an

yetiple de la confiance cn liii-meiiic. Ailx guerres

contre la France si1ccédt:rent les guerres intérieures

; c1eiix niai~ons consitlérables , celle de

York et de Lancaster ( la rose blanclie et la

rose ronge ), se disputèrent en 1453,d'iine manière

sanglante, la possession de la couronne.

Un niariage de Henri VI1

1485à 1509), termina

cette longue qnerelle. l a maison Stuart,

la pliis malheureuse qui nit jamais régne, gouvernait

1'Ecosse depuis '"1.

L'Italie se présente plris morcelée que jamais.

Naples et la Sicile, pays d'héritage des Hohenstaufen,

languissaient sous le joug de Cliarles

d'Anjou. Dans la Sicile seulement on était parvenu

à cllanger la domination francaise contre

celle de l'Aragon par suite des vêpres siciliennes.

Mais Naples n'éclilit en partageà l'Aragon qu'en

1458, après avoir fraquemment écliangé de domination.

Dans les etats de l'e'glise, Ronie avaiL enfin été

délivrée par les papes des gouverneurs romains ;

lin collége Je cardinaiix (1300) avait &té institilé.

et Boniface avait c'tabli lc grand jubilé avec

"ne rémission géneràle, rkclierclie'e par plus de

200,000 ~'élerins qui laissaient cfe si fortes marcI"es

de leurs pieuses libéralités, que deux prêtres

étaient occlipc's pendant une semaine de les

ddcllarger del'autel. Les pnresseiix Roinains res f


( 178 1

sentirent d'autant plus l'absence des papes qui

étwent à Avignon. Les graudes familles des Colonne

et celles des Ursini tivaieut rempli Rome

de leiirs sanglantes contestations. Dans la Iiaute

Italie, il y eut pl-esque dans chaque ville d~s

combats entre les Giielfes et les Gobilins. Mais

bientôt il y eut des faii~illes qui surent aussi

se procurer la plus Iiaritc consi(1Cration daus

ces villes,, telles qiie

Sforza), n Milan, les

cians ct protecteiirs des arts et cles sciences h

Florence, Ics Gonzagiie à Mantoue, les Este

Ferrare ct 5 Blocléne. A Venise et i Gêues, la

r6publiquc resta sous les doges; le coinmerce

était l'ame de ces deus états. Les comtes de

Savoie orieinaires d'une rnaison alleiliande s'élevèrent

alors.

En Espagne deux royaumes consid6rables,

celui d'Aragon et celui de Castille, ayant cliaciin

leur roi, s'c'taient fornie's de petits &tais clirétiens

qui le coinposaient, pendant qiie le califat

n'Arabie perdait dans le midi une province après

l'autre. lle mariage de Ferclinantl-le-Cathotic~ue

d'aragon avec Isabelle de Castille (1469), coilzmenca

la réunion des deux états qui ne s'effectua

complètement qu'en 15x6. Le sage ministre Ximencz

avait bien me'rité dii pays. Mais déjb

en 1484, l'inquisition fiit introd1iit.e en Espagne ;

elle contribua ii intimider le eilple et ohscursir

dc plus en plus son granfcaractére. Ell:

fin en 1492, le roynumc de Grenade passa ausjl

de IR puissance mahonié'tane clans celle des

chrétiens ct c'est en ce' 111L.rnctemps qiic 1'~inérique

fut cléco~iverte.

Le comté du Portugal lie devint un royaillll~

qu'en 1131),etle~~~aiime des Algaraves y fut. ajoute

en 12%. Eu ia:>i, Pierre Jer fils et rrlcces~~tlr


( 179 )

d'-~l~lionse IV iiioiita sur le tr8ne; if se fit aimer

deses siijets et nioiiriit regretté en 1367. La nouvelle

hranclie des Bourguignons, illéçitinie depuis

1383, se distinsria par les conqliêtes de

l'île de Ceuta et du Tanger, en Afrique, et Par

des décoiivertes inaritimes, entreprises dans i inierêt

(111 comirierce pour lequel paraît favorable

la positiol: dc ces pays. Il s'a-issait d'abord des

Indes orieniales, l'on désira% ti-oiiver iin cliemin

inaritime pour y concluirc. Pei1 à peii on

trouva les Acoreç par les efforts de l'actif prince

Henri ( le marin); Gninée trouva en 1452 les

îles dii cap Vert; mais il fut aussi mallleiireusenieilt

le premier h réclriire des nègres

en esclavage, et lorsc1u'on s'aperciit qilc sous

l'c'qriatcrir m4me la mer n'était pas boiiillante,

la terre n'était pas enflamine'e, on arriva successivenient

jiisr:ii'an cap deBonne-Espc'rance (1486),

décoiivert par Barilielemi Diaz, et bientôt après

Vasco dc Gama tt-oriva prit. incr le clleniin cles

Indes orieiitaics. Coup inortel pour les Ve'iiitiens

qui juçc~ii'alors avaient par l'entretnise de

l'Egypte, ibit ie cornmercc avec ces contrées.

Itamcner les royauixies de Danemarck, de Nor-

-vlL,c .," et dc Sric'lrle soiiç iiu seid clicf pnr l'union

(le Calmar ( 1.39~)~ frit iine pensée ntallieureiise

de la reine filürgiierite de Valdemar, siirnoniinCe

la Séii~irarniscln Nord. Cette pi incesse, descentlante

des rois (le Dariemarcli époiisa IIagiiin

ùefloriv~:~c. Dans la suitc, les seiçneiirs Siiédois

l[ii offi.ireiit la couronne de Siiècle. Devenue

~naîtresse cles trois royniimes dii Nord, elle as-

Seinbla ii Calmar iine diéte çc'ne'rale et fit jurer

à tous les dGl,iit&s, le inaintie:i dc la r6union

des états Gii Nord. Nais celte iinion forcée ne

Pouvait Gtre de longlie durée. Aiissi ne faut-il

Pas s'étoiiner que bieiiiôt après cllacun de ces

l'oy-uimes reprit son train pnrticiilier et qtie la


Norwège seule resta, contre la nature de sa siraation,

jointe ari Danemarck. Cependant l'ordre

allemand des seigneurs en Prusse, et celui des

frhres de l'épée en Laponie et dans la Courland,

avaient cliristianisé ces ya s et en avaient fait

des pays particuliers. La r>ologue et 18 Sil6sie

avaient souffert par le passage des nlogols conquérans

qui ne rétrogradèreut c~ii'apres uiie bataille

opiniâtre' près Liegnitz ,en Silesie, qiioique

cette bataille leur ait été favorable. Dans la

Hongrie, la descendance rnâle arpadicliie était

éteinte. ( i3ox ), et la branche d'Anjou-Naples

était parïeuue au trône par les femmes. La IIongrie

fit de grands progres dans la civilisation,

et soiis le rapport de sa ~rarideiir politique, sous

Louis-le-Grand (1342à 1$82), qui fioit par monter

snr le trône de Pologne. D?ns le quinzième,

siècle, la Hongrie trouva cles enuemis dans les

Turcs qui, en 1444, tuèrent yrGs de Varna le

roi Vladislaw. Mais l'lige d'or des Honçrois fut

sous Mathias Corvinus, fils de Jean 1Iun);ades

(1438 à 1490); non-scxllement ils furent lieureux

dans les giierres . qii'ii soutinrent contre le

fiiib!e empereur Fréci&ric IV: à qui il prirent

Vienne, le Steiermark ,l'Ukraine et Kerntlien;

non-seulement apr2s de longs coi~ibats contre

le grand roi, Geor es Podiebrad (le Roh4me, ni1

successeur de qui Viadislaw prit la Silésie et In

Moravie; noil-seulement ils ont peutlant ce

temps tenu cn respect les Tiircs et les Polonais,

mais les sciences et les arts s'accliinatèreiit

cliez eux par les savans, les artistes, les ilnprimeurs,

l'université, les bibliotliCques, etc*

La Bohême, eut soiis la maison de Lnsemboiiib,

1310h 143 ,son teinps le plus brillant et $agrandit

de ra Silesie, de la Laiisiiz, et pendant 11"

temps aussi du Brandebourg.

Mais In Russie se prt'oente cneprc bien pll1s


( 181 1

arriéiiée, d'autatit plus q~'eilèetait envahie par

les niosois ( i 238) , aur Kans desquels , les

grands d~cs russes furent obligés de payer un

tribut. Cependant, le grand duc Alexandre

Nemslroi pouvait. de Nowgorod, battre les jrères

de i'kpée dans 11i Laponie (1241), et un Jwan

Wa~ilje~itscli, a pu de RIoscoii, briser peu à peu

la puissanccdesNlogols,qiiiétaient deveniis encore

plus puissants soiis Timur. II déclara à une diète,

la Russie saavée et étendue, état indivisible. Ce

monarque fit alliance avec depuissansprinces,ra,~sembla

les lois dans un code, introduisitle cvmmerce

dans ses états, disciplina, ses troupes et

Porta le ~rernierle titre de Czar. L'empire grec

avait plus qu'auparavant, marclié d'un pas rapide

vers sa complète ruine. L'empire latin avait,

a la vérité, déjà été forcé de reculer dès 1261,

devant les paie'ologues grecs; mais bientôt ceuxci

à leur tour, furent obligés de sacrifier les provinces

de l'Asie-RJineure, ailx Turcs ou Osmanes,

qui avaucaientvictorieusement, et qui s'établirent

en 1 3 ~ Prose', ~ ' ~ .en Bitliynie, sous leur chef

Orchan. La jalousie commerciale, entre les Vé-

~iitiens et les Génois, excita aussi bcaucop de

désordre à Constantinople. Enfin, les fils d'Orclian,

Solinian et Amurat ,prireut Gallipoli en

Europe, ensuite ln Thrace, la Thessalie, la Macédoine

et la Biilnarie, et établirent leur résidence

à ~driana~je. K?ijh Bajazet. surnommé

l'&clair et fils d'hmiirat ,aiirait pris Constantinople,

si, au-dessus des ptiissans il ne s'était

présenté un plus pilissaut, le conquérant mogol

rimur oii Tamerlan c ui ,cléji siir les ruines de

!

Bagdad, avait place

1 comme monument de ses

victoires, une pyramide de go,ooo crines hiimains.

II battit Bajazet, dans la grande et san-

!]ante bataille $Angora, dans l'Asie-Mineure, et

16


( 182 )

tnîna'5 sa suite, le prisonnier enferuid dans rine

espèce dc cage ~riilée. Jeaii Huuyatl, chef de

Hoiigrie, et Castriota ou Scaiiderbeg cl'E,~ire,

o:ciil&rcnt les Turcs peutlalit cluelqcie teii1l)s-

Les eiiipereurs grecs, yrévoyant iine caiastrol)lle,

avaieiit en vain iieuiandé ilil secotir3 à l'occideril;

en vain ils avaient ofiert, polir reconiiaîlre ce

secoiirs, de se joiridre à l'église catliolicliie, dont

ils s étaient s6pai.G~ alji.2~ la iiioi-t du pape Gd-

g;ire Xi, ce qui iivait occasioné ~egratrl schtsma

LL OCC~CL~III.Ei~fiu, Mülioiiiet II, erifl.irniii6 par

les-actions liéroïqiies d7Alrxaudi.e, se préaeula en

1433,avec aoo,ooo iioniiiies devaut Constoiitinople,

où, srir uii inilliou cl Iial>it;in,i, ils eri 1)ré.ienta

à peiue4,ooo pour In déleiihe tle la ville; \iu brave

géuois, Giiis:iiiiani, y coiriiiiauda 2,000 Iioriiines

de trori1)es auxil~aires. Le ciuqtiauie-troisiéme

joiir ( le 29 riirii 1453 ), coiiiineii5v le deriiier assaiil

des '~USCS, par nier el par terre. La ville

succoiiiba , et I'eml~ereui- Colistantin (XI j Pa-

Iéologcie, pi iuce estimable et digilc! tl'iin meil-

Icrir s0i.1, ioiriba iiico~uu dans la cl&Sensè de la

ville ; il s'était rappelé l'aucienne maxime : Un

enipereiir doit rnoiirir debout. Bieiiiôi toiite la

Gr4ce roii~ba au poiivoir (le la Turquie, de inêtne

qite I'Ei~ipire iisiritiyiie grec Trapezonte, et d6jà

1es'J'urcsavaient débarqtiés eu Italie, lorsqiieMa-

Iioniet y iiioirrut (1 dao), avec la gloire d'avoir pris

en aoails [le vicfo!res, dellx empires,douzeroyarinies

elcleux mille villes.La croixdispai-iii; le croissant

lu remplaca. et Hyzancedev~niic la cnpit:ile(!e

l'Empire depriis Constantin ,s';lpp"a désorinais

Isiamb~il,et devint le siége de I'einl>ire oilonian.

Eii Asie, ~.iii.git aussi durail[ cette Il&ijode lin

roy:iiinie, celiii des Rlopols. Dissélrliiiés eri l)tnsietirs

liordes, ils ~>arcouraie~t d':,bord i'Asie

ceutiSüle eu vraisnoinades. Uncbcfdecesfiordes,


( 183)

Temiidscliin parvint vers 1180, par la hravorrre

unie à la criiaritb ( il fit boiiillir dans 70 cllati-

<Irons. les 70 premiers prisonniers), à se rendra

maître des tribus mogoles ses voisines, et ensuite

de toiites lesaiitres. II se nomma donc Dschingi(;-

Kan Gengiskaii oii grand Kan. Poiir effectiies la

conqii&tede toiitel:~ terre qui Iiii avait t.'téprklite,

il commenca par s'emparer de la Chine (i 209.

Pékin, (ville ail nord ) et résitlcnce depiiis 1125,

brûla (r 215)~endanttout un inois. Alors tom1)n le

rogaiime de Cliowaresmie avec Bokliara et Sainarcand.

Le roi de Tongiiet siiccomba arec

500,000 Iiommes, srir iin lac pris de dace. et

alors toinba aiissi Nankin (c'est-à-dire, ville

au midi ). Après la iilort de ce roi, la conliiête

de la Cliine fiit consommée, le Kalifat de Bagdad

renverse et le siiltan turc dg1c.koniiim rendu

tributaire. Enfin, en r d 7 , la Riissie frit conqiiise,

et l'on pénétra jiisqii'h la Silésie ( i 24i ).

Ainsi cet empire s'étendait depiiis la Cliine, iiis-

(111'àla Vistiile, rin espsce de 1500 lieites. II se

fondit. à la vérité, bientôt en peiits kannts, mais

en 1360, il sorlit de l'lin d'eux, dans la personne

de Timiir, un nouveau conqriérant. qiii. (le Samarcand.

conquit non-seiilement lcs aiitrcs tribus

mogoles, mais encore la Perse. l'Asie centrale

et I'Tndostan. La défaite de Bajazet (1402),

livra aussi l'Asie Mineure. Timnr moiirlit en

$09, et Bnbiir, lin de ses ~lescendnns,fonda

1an 1509 (inos 1'Indostan. Peinpire clil Grand

nfogol.~èsr6voliitions qiii coûtèrent des millions

(l'llornrn~s, n'étaient pas rares en Asic. En Afrique

se formérent qiielqires 'etats maliométans,

Parmi les riels 1'Egypte qui, appartenant d'nbord

à ln aominntion arabe, dépendit ensiiitc en

1254, des Mameluks, fut la yliis distinguée.


( 184

On pouvait prévoir que, dans cet espace, de

400 ans, le genre humain devait faire d'importans

rogrès dans les arts, dans les sciences,

dans Es inventions et en général dans la civilisation.

Et quoique les couvens et les Gcoles ecclésiastiques

avec leur trivium, ( la gramniaire,

la dicilectiqiie, la réthoriqrie), et leur qriatri-

virim, ( l'arithmétique, la music~ue, la géométrie

et l'astronomie, fussent d'abord les seiils refuges

des sciences ; les Universités de Paris, de Toulouse

(1228 ) d'Oxford, de Cambridge, celle de

Bologne, 1'Ecole de Médecine de Salerne, l'Université

de Naples en 1226, de Salamanqiie en

xa;io, de Lisbonne en 1190, de Rome en 1313,

de Prague en 1349, de Vienne en 1563, de

Heidelberg en 1386, de Leiysick en 1409, de Upsa1

en 1476, de Tiibingue en 1477, de Copenhague

en 14 g et beaucoup (Vatitres établissemens

scientiiques, firent pourtant faire lin pas

pliis rapide aiix sciences, et réveillèrent un esprit

d'investigation, auquel les sciences ecclésiastiques

ne purentrester étrangères. La France

avait ail XIVe siècle, Bartliole, Jean et Clernent

Marot; Cliarles V, dit le Sage, roi de France

( 1364 à IBO), encouragea l'enseignement; les

Universités se iniiltipliaient ;on ne s'y occripai~

guère que de thé010 ie, mais ou traciuisait aiissl

Salluste, César et d f: autres ouvrages latins ;1'1-

talie avait sa triade, Le Dante, Pétrarque e4

Boccace, et le célèbre voyageiir Marco Polo, ne

à Venise en 1253; l'Angleterre avait son Jean

de Salisbury, Giiillaume Occam, Roger Bacon;

l'Allemagne avait ses meilleurs- historiens, Lambert

d'Aschaffenbourg et .,Yévêqiie Othon de

Fre'isingen, et à la fin de cette même

9

plus d'un excellent pliilologue ;l'étude des langues

anciennes se ranima dans l'occiclent, par


( 185

les réfiigiés grecs, Les Arabes enrent aussi leiirs

écoles à Bagdad, à Bassora, au Caire, à Alexandrie,

à Fez, à Maroc, à S&ville,à Grenade et surtout

à Cordoue; ils eurent comme I-iistoriens

Abailféda et Emncin ( après 1300 ) et dans la

médecine, ils présentent Averrots. Les 1:raélites

avaient alors des universités à Tibériade, a Babylone,

en Espagne et en France, d'où sont sortis

plusieurs rabbins distingiiés ; aim mon id es, médccin

pari.iculier de Saladin et graud écrivain :Aben

Esra, les Kinichi, Yarclii, Abarbanel , qui ont

écrit des commentaires remarquables sur l'Ailcien

Testament, et ont cultivé avec fruit diverses

antres branches de la science.

Pendant cette même période,la vie civile et

h~ili,.eoisie, ce novaii (le chaque ayait

fait des progrès. X'e commerce et Vindustrie y

trouvérerit de la protection, oit siirent se la procurer

par des alliances, par des corl)orations, par

descommunailt&s. Quand les villes cornmeuc+rent

jse donner elles-mémes des lois et des autorités,

il y avait soiivent contestation entre les anciennes

famiiles et les corporations, car ces dernières

aussi, vaillaient prendre une part éçale a

I'adininistration dr la ville. 11 en résultait sonveut

des guerres sanglantes, lorsque des corporations

entières étaient en désaccord avec cles

villes. Soiivent des villes s'alliaient ensemble

contre la noblesse, IatluelIe à son tour, faisait des

alliances dans son iotdrêt. Les pri~cipales oceu-

Wons de la noblesse, étaient la guerre, les exercices

clievaleresque , les toiirnois, les festins et.

la cliasse; and elle voulait s'timuser, elle se

rendait i Xeval en ville. Comme vassaiix. les

nobles composaient l'armée des seignetirs féodaux,

maîtres du pays. Mais cette institolion

=ililaire, prit bientôt une antre facelors de l'in-


( 186

vention de la yoiidre à csnou, qii'on employa

désormais à la guerre.

II est possible queles Cliinois, aient cIéjL conuu

cette invention 1600 ;tris auparavant, et clrie les

Arabes s'eu soieut tléji servis dans le XlIe siècle

poiic letir feii d'artifice; qiie c'ans ies mines de

résine, on ait fiiit saiitet. las carrièresitvec de la

poiiclre, 600 atis avaiit l'époque dési .née poiir

son invention ; toiijoi~rs ne servait-ehe pas aiiparavant

clans la giierre. D';iprès iine tradition,

fort cloiiteu.ie à la vérité , Bei.iliold Sclivartz ,

Frnnriscain de Friboiirg, ayant remarqué la

suridairie int?;\mination de la poiidre qui se

trouvait clans un niortier, venu en contact a.vec

du feii, aurait en I'idée d'ittiliser comine iiistrument

de çiverre, la force de l'explosion de la

poudre. Selou d'autres, ce fut iin corcielicr qui

iaveiita la poiiüre 3 canm ; qiiel c[ue fut I'inventeiir

de ce terrible élkinent cle giierre, ii ne se

doutait pas qa'utz joiir l'inégalité des forces indicaviduelles

serait détruite. On forgea ou fondit

d'abord des pièces d'artillerie de la forme ct'lin

mortier; on en alongea ensui te les tuyaux en forine

de canons, et t'on produisit des pièces d'iiue grandeur

si extraorciinaire, qu'à peine put-on clans

un jour décharger trois fois : inais aussi on put

lancer avec ces pièces des borilets de plus cie 10

quiniaux. On r6duisit ensuite les canons et ou

les fit d'une dimension plris portative, ce qui

prod~iisit les fauconiiearix, les j)iéces de rempart.

Les canons et les fauconneaux, ces derciers pose's

siir un affut, furent décliargés aii moyen de

la niL:clie, jiisqaJàce qu'oninventa eufin à &remberg

le ressort, avec la roue, et plus tard cette

armc rept d'autres perfectionnemens. On se

servait our celaide pierres à feu oli de carreail

slave. [cette derdre s'appelle en ~llemand


( 187 )

Jin; de là, dans cette lan~iie, le rnotJittte, qui

signifie fusil). Alors les bourgs. les villes, ne

bravaient plus siir leiirs miirailles fortifiées les

attaqiies cles assnillans, ct l'ormiire fëodale fut

brisée. Maint clievalier poiivait dnns le combat,

malgré sa cilirasse et sa loiirde épée, être étendu

mort par le l&er effort dri pliis 13clie. Aiissi

ln noble~se, ail lieii de se rcndrc à la giierre, préféra-2-elle

donner de l'argent polir paver des

hommes de gi1eri.e ( sokdati ). qui combattaient

poiir elle. De li l'origine des armées permanentes,

la pliipart compocées de fantassins, et qui

sont rinechai-gepour 1'Etat. Cependalit I'arnii~re

(balliste morlifiée de l'antiquité dont l'arc fut

l'origine), la Iniicc, rnêine l'arc et In flèche, restèrent

encore lo~ig-teii~l)~ en iisage. illais c'est

particiilièreinent depuis la giierre de 30 ans

toiit <lerint d'une din~eosion plus petite et pu':

éle'gante dans l'attirail de giierre; le bouclier devint

lin chapeaii ;plilmets (aiijourcl'liiii le dia-

]CO le rernplnce ), le harnois pectoral devint

liaosse-col, I'époulière (le la ciiirnsse devint épaulette,

la loiirde épée devint sabre. Depiiis I'cmploi

de la à canon les batailles sont moins

meiirtri6res q!i1s~itrefois: In gtierre ne produit

plils cesexaspern tions in(livicitielles,et elledépend

plris de l'art Ilri genéral que de In force di1 poing.

Si cette inveiition a proilnit iin chaiigement

total dans l'art militaire, rin cliangeinent non

moins important dans In littératiirc, fiit le fruit

de l'invention de l'imprimerie, invention ln pliis

bienfaisante, npr6s celle de la lar~~~iir et de I'écriturc.

Jrisqii'alors oii avait et6 :édiiit 11 des copies

; egpé(Iient ùispenctieiis ( iine Bible coûtait

jiisrlr~'à 800 livres), et qiii euricllit les moines.

Delix peiiples, toiis les deux d'origine gcrmaniqiie,

les Hollandais et les Allemands, les

Premiers par Latirence Janszoon Coster de Har-


( 188

lem, les autrespar Jean Giittemberg de Mayerice ,

s'attribuent cette précieuse invention. Il n'est

pas sans probabilité que peut-&tre deus personnes

ont fait cettc invention, I'iine indépendamment

de l'autre. Mais cette invention a dû

être précc'dée de plusieiirs autres. Au i@siècle

furent inventées les cartes à jouer, par des Allemands

; c'était d'abord d'informes gravures

sur Lois, qui rendaient nécessaire l'indication

du roi oii saint qui y était représenté; car on

essaya certainement d'abord par représenter des

saints qu'on mit sur la carte, pour rendre le jeu

favorable au joiieiir qui tenait leiii-image. Bientôt

au lieu de mots on ajouta à ces images des passa,ges

entiers de In Bible ; plus tard des pages entieres;

ct l'on eut une espèce de stére'otype en

bois. On mit Izs types en coiileiir ;on lesimprima

sur du parchemin, siir di1 coton et sur de la toile;

car vu la cherté du parcliemin et du papier de

coton, inventé en 1300,l'invention dii papier de

toilede lin préceda aiissi l'imprimerie. Enfin un

allemand, nommé Gensefleiscli, d'une famille de

clievaliers de Forgenloch, et né à la Bonne Montagne

(Guttenberg), prhs Mayence, où il demeurait,

Jenrz Gullenzler.ç ( né en 140i), eilt

l'idée de tailler, 3 reboiirs et en relief, des

caractères d'kriture en petits morcealix de bois

de buis (biiclien, de Ifi Buclistaben, b3tons

buis), de les attacher ensemble et de les imprimer,

pour pouvoir s'en servir ensiiiie à d'autres

usaçes. On en fit ensiiite des caractères en

plomb et en des mgtaux eilcore plus durs ; il inventa

aussi en 1439, la prcess, qui remplaca

l'instrument iiiforme dont on se servait pour imprimer

la feuille sur les1 ettres coloriées. Guttemberg

se lia ensuite avec: un riclie orfèvre de

Mayetice, nommé Faust, et avec un nomme

Pierre Schrieffer de Gerrnersheim, et ce dernier


( 189 )

inventa In fonte des caractères, au moyen de

poincoris et de matrices. Guttemberg établit

ilne imprimerie à Strasbourg, en 1452; on croit

pocrrtant qu'il y en eut iine à Paris dès 1455.

Quoi qii'il en soit, il y eiit des livres impriiiiés

en 1462. L'encre à imprimer fut fabriqiiée avec

du noir de fumée et de i'liriile de lin, après qu'on

l'etit fabriquée qtielqiie tcmps avec de la siiie de

lampes. La chose fut d'abord un secret ct fut

décriée -par les moines comme iiu orivrage di1

diable. Mais lorsqile RIayence fut pris ( 1462 ),

les compagnons de Faust trouvhent moyen cl'&-

cliapper poiir répandre l'escelleut art de l'iinpriinerie.

Depuis cc temps jusqu'à nos joiirs il

a &té fait de notables améliorations à cette invention,

par les cél6bres typograplies Didot de

Paris, et par des Allemands en Angleterre. Réceininent

RI. Diiverger, iiiiprirneur à Paris, a

trouvé le moyen d'impriiner les notes mrisicales

en même temps que les paroles. II est rernar-

([liaùle que 40 ans nprhs l'invention de l'imprimerie

eut lieil la décoiiverte de l'Amérique,

1492, par Çliristoplie Colomb.

A li'nvention de llimprimerie.par laquelleentre

dans L1liistoire une puissance inconnue aux anciens,

piiissance exploitée d'abord par les moines

et perfectionnée ensuite, celle de l'opiriion

])nblique, vient sc joindre l'invention de la gra -

\riire ;elle fiit robablernent contemporaine de

la premiire : res Allemands, les Hollandais

(Israël de Meclieln, appelc' arlssi Racholt), et

les Italiens se la disputent. Elle se développa de

l'art du formier, et Martin Scliœn de Kulmbach

(mort en 1486),fiit en Alleinagne le premier

maître graveur ; il frit suivi par Volilgemtith et

Albert Durer, ( ce dernier est né en I 47 1) qui y

appportèrent de notables améliorations. Roger

Bacon, an~lais, est regard6 commel'inventeur des


( 190 1

lunettes d'approrlie ,dri verre ardent, di1 microscope:

et l'Italien Flavio Gioja oii Giri(aii cornmence~rient(III

ide siècle ). passe polir l'inventeur

rle la polarité de l'aimant dont on fit iisage pour

ln boiissole ;cependant la boiissole fiit déjà connue

aii 13e siécle; onla dit inveritée par 1.11 Napolitain.

On att -ihue B un Florentin. Salvioo

Dcgli Ar~iiati ,vers i 290,l'invention des litnettes

On ne peut mallieiire~isement pas intliqiier avec

certitiide I'invcnterir de pliisieurs ohjetc utiles :I

I'iiomme, tels que les inoiilins 3 vent, les écliises,

les cligiies. qui viennent de l'orient ;on indique

Pierre Hellé, comme inventeiir des liorlogcs et

des montres.

L'art était généralement ni1 service de la religion

; l'Italie est la patrie (le la peintrire inoderrie.

Il y erit déjà vers l'an 1200 des écoles

de peinlrire à TTcnise. chtvers 1300 il y en eut i

Perii;;in. Mais bien avant on y fit (Xe la peinture

siir verrc et de la mnsriiqrie siir fond d'or; on y

fit &haleinent l'émail. L'école nioderne eiit polir

origine Pise, et en 1240 celle de Cimabi-ie srirpassa

de beaiicoiip la première. Dii nombre des

pliis grantls maîtres des teiilps mod~rne sont

Léonard de Vinci, ne en 1444, puis Bramante,

distiugi~é aiissi comine arcliitecte, Pietro Périlgino.

né eu 1446, et par-dessirs toiis son rand

élève Rapliaël Sauzio d'Urbino ;né en 1485.11

y-eiit des écoles de peinture en Boliême. en

1348, à Breslati en 1450, et bientôt aussià 811-

remberg. A cette deimiére appartiennent Jean

Traiit, Baeiirlein, Vohlgemritli et le ~rofond et

raisonnable Albert Diirer, Hribert et Jean d'Evk,

perfectionnaient dans les Paus-Bas. depuis 1410

la peintcire à i'liuile. La musique se perfectionna

en Italie dt~puis!Guido d'8rezz0, qui, dks

1028,avait inreuté le système des notes. La poésie

du moyen -Gge gorissait le plus sous !es


i tst 1

troubadours, en France, soiis le Dante el

Pétrarque en- Italie, soiis les barcles. en Allemagncs,

et elle ftit iiiGiiie mist. eir corlioralion

eu Aller~in~nc, par ce qti'oii appelait les rnaitres

clianteiirs. L'arcliitectiii-e de cette dl~ociiie présente

(1:*s niot.ceatir iiclierés qiie L'artiste étii(lic

encore nii joitrd'liiii ;ntliiiiroii î les rriervcilles de

l'esprit Iiiimüin, il piiie ails iiieitres cle ces rliefsd'cicuvres

lin juste tribut de recon~i;iiss:inc~t!~t (le

respec.1. On pl;ice In prc~iiii6rc. inariiiFitcii~i.e fie

soie eii 1470 : la ~>reinihrtr ol~ériition (le I;i pierre

en 1474 , l'iisage (le I1.ilpi.bi.e cn 149;, les cillossiJs

et les (:li;c~)eaiix de friitrt? en 1440. 011 attribile

à Loiiis XI , roi de France, 1 diablissemeiil

rlc la poste ailx lettres. en 1464.

L);tns les piiiss:insefTorts di1 nioven âge, on ne

petit ni6con11:iîire les voies t!tei.nelles tle la tlivitie

])rovidence.L'individli doit se motivoir, doit créer

et pi-o(1iiire ; (te iiiCiiie les pei\l)les entiers. Clinciin

se c-de iine exi-tc~nce.oii en s'abantlonn:int &

l'oisiveié périt. Mille essais sont teiitc's, mille

e~p6rieiice.s sont hiites ; hieil des fr.otLeinens

])rotliiiscni cles éiincelles intell~ctuelles oii politiqries

; niiciiii n'en est terd du. Les peiiples

jelines se fornient 5 l1exp&rience (les yetiples

cliii oiit d6ià grandi. afiu qtie si Iri perte tics tins

est inévitable, l'liéritage intellecliiel ne se perde

pas. Aiusi cles peiiplcs barbares tle ln Germ:inie

niûrissent polir poiiroir acciieillii8 pnrnii eiix tles

peuples i-oinaiiis, arabes, et la civilisation grec-

(lue; ainsi soiit dc'cotiverts cies 1)nq.s où va se

transplanter la civilisation (les anciens peti ples,

et parcet éternel érliangk se vh-ifie la grantle et

consolanle veritt!, qiie rien dans I:i grande cliaîue

iles elioser ne se petxi de ce qui. à lin temps, h

un lieu qiielcongiies, a compl~temealatieiiii s~ri

biit,


LIVRE III.

-

DES

TEMPS MODERNES.

Depuis la découverte de tArnériptce juspu'&

nosjours, (1492 Ù 1835.)

CHAPITRE PIiEhITER.

Depuis la clécouve~*tede 2'Anzérique jusqu'à

paix rfe Yestyhaiie. (14~2à 1648.j

Il peut y avoir tlu vrai dans celte icle'e cltic

l'histoire de l'antiquité coinme celle dti moyen

âge! est plus poétiqiie et parle plus nu coburque

celle des temps moclernes; mais la première est

arissi l'liistoire de la jciinesse comme la siiivantc


( 193 )

est celle de liddoieseence du genre liutnain. voila

que i'âge viril, et awc lui, l'empire de la raisoa

avance ;l'liistoire des temps modernes est plris

grave, plus inesuréc, les voies que parcourt le

genre hrimain sont souvent plus mystérietises ;

ridie de grands soiivenirs et d'iinportantes es-

6riences. dans la plenitutle de sa fbrce, le- genre

fiiiniaiii commence sa crrribe ; pliis rDolu,

ayant pliis de conscience de lui-même il s'y

avaiice : les Buts sont plris éloignés, mais ses

forces pour les atteindre sont aussi plus développees.

L'liunianité actuelle troiive daus les précédentes

périodes de grandes réminiscences, et

elle les coin are, poiir en profiter, à ce qu'elle

est ap ~elée F a accomplir elle-meine. Le Grec,

le in de vie, YIndien, qui en est fatigué, le sombre

Egyptien, le Romain B la vaste ambition,

tons ont fait leur teriips ;ils se sont 6 iiisés dans

les mille formes de la fantaisie et de f'idéal dont

se berce l'enfance fieiireiise de l'espoir d'atteiiidre.

De noiiveaux periples vinrent ct doniièrent

une nouvelle vie. Daus ,le sentiment de leurs forces

ils ont fait des efforts prodigieiir ;ils savaient

bien ce qu'ils voulaient, mais ils ne suivent pas

d'abord comment ils devaient vouloir. Toutefois

ils fondsrent des Etats; ce qiii donna au moins

à Ieiirs efforts iine forme dzterminée, et qui peut

4tre le tl164tre de lcurs inouvemens. C'est sur ce

solide fondement que I'époclue moderne continua

son édifice. Mais elle non plus ne pouvait

se passer de grandes re'vo:iitions. On secoua d'abord

avec inlpatience les vieux langes (le la hiérarcliie

et du systkme féotlal; les lisières par

esq quelles ces temps çotliiques conduisaient le

genre liumain Iiii étaient à cllarge, et il s'en débarrassa

enfin en parlie. Mais se sentant respirer

plus librement, il perdit d'abord le bon usage de

r 7


( I$I$ 1

fa liberté, ct il Ilii fiit diflicilc! dc tfotiver levrni

point tlc I1éqiiilib~.e.

L)ei,x gi'an~I(~s apl)nriiioi~sse niontrelit (lés le

c~iniaeiic.en:cnl cic t-ctte itartvt*lle ~>tiriocle, à

I'ob ;crt-:tt,.iii- rittviitif, ce soiil tics c:v&iit?nicns impo:.t;m,

niais cliii II(* siir~)ribiiiitBnt ~~>iut :la ci&-

corlvcr.te rie I'Allrt2~*i(lue et In r.éjBr.t~ra~lo~t. L'riiie

a ét~nllii le poiiit cle vile l.oliIi.li*~. t!t 1'aiiti.e. le

roilit ile vile 1>ir.it~it*l ;les siiiles dt! I'II~P el (le

aiiire sont encore i i i ~ ~ ~ i ~ i i i i ~ ~ i ~ ~ aiijoiir-ci'i~iii. r i ~ l ~ I t ! ~

Cliristo~ilie Coloii:l). n&en 1447, (1;iiiti le fi111-

11ni;r.: SliIiit-Autlré. Ci$iie.i. Ioiiriiit riil gi.a~~d

ex( III~~IL'de c.e qiic ):ciivc*iii pl.otl..ire (los (.onnaiss;~iic.es

nctliiisc.~ tle l)»iiiie \leii:-e. joiiiics à

ties exyt!neric es rtiiiGi.c;tli et :I 1;i rc'flexiciii soiitcniie;

t-c ( lie >el.r<?nt I'iii1répitl;té et la persévérnii-e.

l!iirniIiaris<( (Gr soi1 enfani-e arec ia

iiier. et nniiiié tlii elésii. g611i:r;iI a1oi.s (le cl&c.otivrir

la roii te par nici. des Iir,les oi.ieritül(*s. ses

coiiiiriiss;iiicesIiii tlorinérent la t,oliviction cjri'tiiitlelà

de I;i iiier Alt:iiitit~iie il devait y nikir lin

$r;~ndp:~ys,00 qile ~~q"-t!tre I'estrcmité (le

IIA?;ienrl! devait pas cri ê11.e éloiglic'e, el qii'on

~>oiivnit tlc'r*oiiv:.ir aiissi les Irt,les orien1:tles. en

iiavigii:int vcrs I'occiilent ;celle opiiiioo n'avait

1x1s 6t:lial)l)é no11 pliis à I1:itiiic~iiité dniis la traclitioii

flet llAtl;is. Frnppc.l ~ I Pcette irlc'e. il s'aclre+sii

siir*t~ei~ivc~iiit~nt à Gènes. sa p;itrie, à la

Friint.e, illAiigletri.re et :III Por~iigiil, tlciri:induiit

l)ai.taiit clii'on lrii tloilnit les irioycJns d'est!-

ciiter ce rjii'il ;irail conpi : ini~is ~;iii.!oiit il fiit

repoiissé. fiel)r,lt! par les ~~liiis;iutcries (pt'h Gê-

nes et d:ins le Portiigi on opl~o-ait& srBses?&-

rances, il ~)itrvinL à i~iLt:i*esst.i'a srlii l)lii~~ I:i ~~~iile

Isabelle <le Castiile. et le 3 noîtt 1492 il partit

di1 cap Palos avec trois pclits bitimens çt i29


( tg5

Iiommes ponr ~xéciiter sa dan~ereriçc d6coiiverte.

Apr& une longee nnvipÜon. 1'fqiiil)nge

clcii se croyait tronipc: se miitinii et, d6ji voiilait

faire mourir Colorrib, Inrsqii'eilfin le 1 i octobre

on clelcorivrit la terre. Ce fiit Giianalini

rie la reconnaissance fit appeler Saint-Salvador.

insiiite poiir décoiivrir les plaques d'or données

~olontairement pas les sniivages pour (lu verre,

drt corail, etc, on se dirige:, vers le srid où l'on

dé(.oiivrit l'île (le Ciiba et Haïti. Coloinb, 5 roll

retorit. en Espagne. fiit repi avec (le gra~des (16-

monstrations d'lionneur, et le 25 septembre

149.3il reparitt, mais celte fois, avec 17 bâtirnens

et I 500 liomnies, parce qrie les trésors appariés

dii preiriier voyage avaient tent4 plrisicrirs de faire

ceseron droynse. II troiiva les(;ai*iiibes. in Doininique,

la Giindelou~~e, Poitorico ;mais il iroii*a

aussi déti-riite In petite coloiiic espagnole qu'il

avait &übl;e à HaXti ( ii 1':ivait noirirnée H~spagtrola;

c'est celle qrii pendant ~iliisieiirsi6cles

a été appele'esaint -I)omingiie.et qui cle{)ui.;r[iielqiics

aiiiiées a repris son aacieii noni d'Hilïli ),

et el!e fct reniplacée par ~ine ailire. II clécoiivrit.

aiissi la J;iiiiiiiqiie. J1:iis le inProrilenteillent

parmi les siens, et les calomnies doiit il

éiait l'objet en Espagne 1'y rappelbi.erit, parce

qiie seul il poiivait faire toinbprces rüloiiinies. Ce

he fut qii'en 1498 qu'il 1111t effectiier son troisiéine

voyage avec sis bâtilileus; il décoiivrit I:I

Trinitlad et le contirieiit. (le l'Aiiiérif[tie. Rlais

sur un ordre esy;ignol il fiit arrete' à la Jamaïque,

inis dans les fer:. et recoiidiiit en Europe.

Li on liii 6ta. i la \ft!ritC, ses fers; on attribua

mt.me à iine erreur le trniieinent qii'on

venait de Iiii faire souffrir, innis contrairement

à la première convention, oii envoya iin aiitic

Rua ludes orieatales eii qiialité de goiiveriielir


( 196 1

et de vice- roi. Enfin en i50r il visita dans iin

quatrième voyage les côtes dii continent, dans

l'espoir de troiiver rliielc~ne part iin passage. N'y

ayant pas réiissi, et après avoir combattri des

dangers immenses clont le nienapient Ies élémens

et les Espagnols eux-niêmes, il retot~rna

en 1504 en Espagne oit, rc'compensé di1 sort des

pliis grands Iiommes, (le l'ingrntitiide, il mourut

dans les fers en 1506. Ce qu'il y eiit de 111ssingulier

fiit qii'a resla dCcoliverte cliacun fa trouva

facile. Mais E~iristop~leColomb demanda un

joui- à qiielques-uns de ces Iiommes sages :romment

on s'y prenait pour faire tenir droit sur sa

pointe iin ccuf? Persoiine n'ayant su répondre,

il prit tranquilement l'ccuf et en écrasa la pointe

et I'œiif resta droit. Cciia-ci ayant dit qu'ils auraient

pi faire cela egalement, il rkpondit :

Très-bien, mes chers iiicssieurs, voilà précisément

la diffé'rence, voiis aiiriez pii faire ce que

moi j'ai réellement fait.

Pendant ce temps un Florentin, nommé Améric

Vespuce, eu dernici- lieu au service du Pol*-

tiigal, avait fait pendant les années 1497, 149

9'

1501et 1503, plrisieiirs royages dans la nouvel c

partie di1 inoncle ; c'est polirqiioi on nomma le

pays d'après son nom, terra anten'ca. Le notivel

état lihre, la Colonzbie a réparé cette iniquité*

Cependant d6ji vers l'an 1500, Cabral, portugais,

détoiirné par des teinpGtes, di1 cliemin des

Iiides orientales, avait clécouvert le Brésil ;le

Port1's;ais se firent nierne donner auparavant

( 1495), parle papeAlexan(1r-e Vl, tout lepays décoiivert,

evaliiéà 630,000 marin s(4en font 3 milJ~

géogrnpliiques), L l'occident des îles di1 Cap-Verd;

ce ~ I I Jen était au-delh devait apparteuir ails

Espagnols. Balboa, Cortier, Cabot, Frobischer,

Fran~ois Drake ( qui n importé du nouveau


( '97 1

inondcles pommes-de-terre, cette plante si u~ile).

Davis, Baffin, Hudsoxi, Bermudes, Hertog, etc.,

continiièrent des (lécouvertes depuis ce temps.

3Zagelbaens fit déji en 15x9 le toiij. de toute la

terre par eau. Presqiie toutes les nations maritimes

de l'Europe s'éttibJii.ent les unes après les

autres en Amérique et sur les îles, et fonclercnt

des colonies européennes. et bient8t des états

florissaiis, par le commerce, l'agriculture, les

planfations et les niines ; bientôt on se servit

en place des natrirels sauvages, d'esclaves DL:-

gres anieués de I'Afriquc; c'est alors qiie commenca

l'effroyable commerce d'lioinmes. Déjà

on ne SC contenta plus de simples établissemens;

on voulait avoir tous les pays de ce Noriveau-blonde.

Ainsi Ferdinand Cortez prit facilement

depuis 15x9 le nlcnirliie (où les enipereiirs

nlonteziima et Guatimoziu devinrent ses victimes),

et depuis i5,5i les Pizarros et Almagro

prirent le P&roii, oit le mnllie~irenx Tncü Atabalipa

acheta pal* iine clinn~ùre $$ne d'3r et

par le baptême, la triste faveur clre étranglé

au lieii d'6tre brû!é.vif ! Les armes à feu, la cavalerie

et de grands chiens suffirent à qiielqnes

centaines d'Eslfagnols, avides (l'or, à soiimetrre

usieurs ioo,ooo milles carrés et yiiisieurs milde

bons Indiens. Qiie celui qui veut nprendre

à mépriser des liommes, des chrétiens.

Ese ces sci.nes d'liorrcur décrites par os-casas!

Biais par pitié poiir les Indiens Las Cnsns-pro-

posa d'employer coinine travailleiir~ les pliis robustes

nègres, et arijoiird'liui pliis (le 12 millions

d'Africains , traînés siiccessiveineiit dans

les colonies, le maudissent pour sa malïieiireuse

idée. Celui qui avait échappé au fer clii vainqueiir,

celui qui ne succontba pas ail travail,

tomba victime tic i'affreiise inquisition qui ne


( 198

tarda pas h être introiluitr clans ces mallieiireirx

pays. Comme ail RI-ésil IcsPoriiignis avaient déji

aiipni.ovant cwmmencé à s'élentlre dans les Intles

aricnlalc's ( à l';le de (:evlnn cn 150,). Après qiie

Vnsct) (le Gaina elit ét;tbli (les rc.lntior?s commerciales

avec. le zamoriii ( 1 ~Caliciit. Cabral, Albiiquerqrle.

Perc.it-a, ~lnieitla (le premier vice-roi

tle 1.505 à r.ïoc)). fonrlérc*nt (les é abli.;semens et

const.ri:isircnt des forts i Goa. à R1alacca. à

Ormiis, à I)iri et à Macao : ils c1r:coiivrirent

Java. ~rnbniri;~, lesîles Rloliic~ries, IeJalmti. Roisnes

et prob:~bleiirent aiissila Noiivelte-13nll;tntle.

Rlagelliaens troiiva ( inais ail service (le l'Espagne),

les JJatli.ones. !es >farianes, les Pliilippines,

et orivrit ainsi les voies poni. 1:i décoiiverte

de la cinqiiième partie du monde, l'biistralie.

Des 1486 BartliCleiny Dias, 1101 tiigiiis, eii cotov:int

1'~fricjtie, parvint jiisqii'aii cap qrii in

termine ail siirl, et qrie Ic roi Einaniiel uomma

cap cle Bnnrre-E.spé~.al~cc.

Ces iniloinbi-ables dc'corivertes . mais uiiriout

celit. tle 1'~inériqiie. qui, h sou tour prépara

celle de I'~iistr7lie. éleiillii.ent non-sriilenieut In

science géo::rapliiqiie encore t 4s-peii avanckc,

iniiis elles orivrireiit ailsri iin vnste tliGtre h iine

no~ivelle activité. Bientôt les 1 rodtiits cles Iiitles

orientales et cciix tle l'ancien continent fiirent

transportés en Amériqrie, et le re'siiltat de ces

transports fiit <:ousirlérnblc: le commerce de la

RIédi terran6e se perdit poiir devcnir corriniercc

iiniverscl. Des somincs iinmenses frirent, siirtoiit

depilis la (Ic'coiive~.te(tes miues d'or et d'argent,

eii Amlriqtie, aiiniiellenient expc'riic'es poiir

l'Europe, et depiiis 1492 iusc~u'ei~1803,pliis de

5000 miliions de riastres oiit tiwversé In mer.

Combien ces revenus devaient favoriser l'indus-


( 199)

trie, mais nussi coinbien ils ilevni~iitniigmenter

les prix (le toiit! Toiite la nitiniere de vivre

des I?ii~.ol~@eiis, qiii se noniinaient alors org~ieille~iscmrnt

les don~in;iteiii.s clii Noiiveaii-

RIibnrle. cliangeo . et des ~~i.otluciions eii partie

encore incoiiniies aiiparavant, telles qiie Ic tlié,

In porrelaitie, I'e'corce dii Péroti, le ciiirl?lire,

les bois (!tb teintitre, le tabac, le clioc.olat, et

niille autres objets devinrent cles ndcessités. Si

les Hiins et les RIogols, les Plienicirns et les

Carlliii~iiiois, les Asi;itiqiies oii les Afi.icSains ont

~PSpi-eiiiiers peiiplé i'Aniériqiie :si les liabitans

de cette partie t1.r nionde s'v sont rendiis de

1'Eiirope par I'Tsiande et le Groënland, oii si

tolite sa ~~oj)ulation ne date qiie de l'an I zoo tic

nolre 61-e. toiit cela est aiissi incertain que l'opinion

cliii veut qiie par I'éldratioil postéi-ieiire (le

l'Amériqrie dii sein de 13 mer. I'eaii refoiilée ait

fait sauter le dos cle la montagne, en foriiie de

crète, (le l'istlimc pr&s (le Gibraltar, et qii'il ait

rempli le bassin entre SEurope et ilAfriqlie.

Peud:int ce temps il se passa qiielqiie cliose

de non moins important siir un théâtre plus rétréci.

La rcyormntion de 1'Eqlise eut lieii en Alkniaçne.

Maiç jetons $abord nu coup-d'@il rapide

siir l'aspect qiie prc'sciitent à cette c'poque

les diffe'rcns pays de l'Europe. Les uiœiirs se polissnient

; des inventions sublimes, des décoiivertes

importantes avaient donné une nouvelle face

à ceite partie dii iiiontle. La France s'e'tentlait

depuis In RIaoclie jilstlri'aiix Pyrénees. Le gouvernement

fëodal était abntta ;le peuple voyait

dans le parlement un corps permanent et reçpecté

sc constitiier soli défenseiir. Francois Ier,

g(8ndi.c tlcLouis XII, Ctait monté sur le trône en

1515. Ce priiice brave, prodi$iie, galaut! plein

d'lionneur ,reu~porta, des safi, rine victoire


( 200 1

éclatante à la bataille de Riarignnn, contre 1s

Siiisses ligués avec l'empereur Maximilien, le

roi Ferdinand-le-Catliolicjue et le pape Léon X

qui voulaient lui cle'feiitlre l'enlre'e du Milanais,

pays perdii par Louis XII, dix aus auparavant.

La France, a rès ses longs et désastreux clémêlés

avec lv*ngreterre, redevenaient p~issante sous

ses rois.

En Espagne. lcs Maures avaient perdu leur

dernier asile. Ferdinand et Isabelle rendaient

leur règne célébre; mais Isabelle. avant de nionter

siir le trône, avait juré sur 1 Evangile, au directeur

de sa conscience. que, si jamaiselle était

reine, elle enlploierait toute son autorité à l'extermination

des juifs, des musulinans, des 11érétiques,

cles magiciens et des iinpies dans ses

Etnts. Ce directeur était Tlioinas Torquenzada

d'liorrible niémoire, et le Saint-Ofice fut établi

en Castille. Cliarles V, fils de Philippe et de

Jeanne-la-Folle . avait été appelé par le testament

de son aïeul à liii siicce'der. La rivalité qui

existait entre ce prince et Francois IerItii fut la

cause des guerres continuelles cjui eurent lieii

ent reces deux princes.

L'Italie était le centre des liimiéres. Toiitefois

le midi de ce pays ne joiiissait pliis di1 boulieur

dont ~lplionse-le-Blngnanime l'avait fait joiiir.

Pierre de Rlédicis régnait tyrauniqiieiiient à Florence,

et les guerres cliii avaient de'soll6 l'Italie

soiis Cliarles VI11 et Loiiis XII avaient continiié

sous Francois Ier. Ç'e'taient les rovarimes de Naples

et de Sicile et le duclid de ~hlan qui occasionaient

ces guerres fiinestes.

Léon X, qui à cette épocpe occupait le siége

pontifical de Rome, encoiirageait le mouvement

des lettres que fit naître l'invention de l'impri-


( 20c >

merie; mais ses tr&sors ne pouvniit siiffire aux

frais de la protection r u'il accordait aux arts et

aux lettres, il invoqua /a cllarit4 des fideles, leur

yroinit les incliilgences cle I'Eglisc. Les dominicains

qii'il cliargea de les priclier abusèrent di1

privilége dont il les avait investis, et firent un

trafic honteux des ii~diilgences.

L'Angleterre, aprcs les troiihles caus4.s par I'nnimosité

des deiis roses, respirait sous Henri VIT,

qiii &ait iin des piiissans et riches monarques de

l'E(uropc.Henri VITI, qui lrii siiccéda.s'annongia

5011s d'lietireiix auspices; nous verrons bienth

con3bicn peu il justifia l'espoir qu'il avait fait

naître.

Le Portiigal était occiipé à des décoilvertes

nou~elles, et fondait des colonies puissantes.

Lû Pologne etait 1111 royaume électif; elle prenait

ses rois d;ins In faini'lles des Jagellons. Elle

avait des guerres frécpentes avec les Turcs et

avec les Riisçes.

L'Aiitriclie etait ln plus puissarile maison des

zept électorats qiii composaieut l'empire d'Allemagne.

Revenons à l'Allemagne.

Soiis le rapport politique, l'empereur clievaleresqiie

Maximilien Ier , fils dii vieil eniyererir

Frédéric IV, avait fait beaucou11 (1493.à'i519) ;

il avait ordonnt: une pacification générale di1

pays à Vorms, avec les moyens dc coriserver la

pais. On avait siirtorit travaillé à l'amélioration

de 1s justice, de la chancellerie et di1 colle'ge

aulique, par une ordonnance appelée régime impérial;

il s'agissait d'adininistrer l'Empire durant

les noinbreiix voyages et excursions de sou

chef, et de distribiier 1'Alleuiagne en dix cercles

(1512) pour l'cs4ciitioa du ban de I'Emyirçcon-


( 202

tre les pertiirbateiirs de In paix du pars. D~ns~a

politiqiie à I'cxtGrierir, Maximilien était téinéraire

et avantrireiix, coinine il l'&tait dans ses

cliasses arix clinmois : il reclierclinit plittôt les

obstacles qri'il ne les écartait, et il s'embarrassait

clans tant de clioses q.c:'il ne piit presryiie en mener

nnc sei11.e à bonne fin. mais moins encore

son plan (le devenir pape. Heiirerisement on se

ravisa à temps; les enfans qii'il avait de Marie

de Boiirgogne, Pliilippe et Rlar~iierite, époiis&-

rent Jean et Jeaune, enfalis de Fei dinand et d'Isabelle

d'Espagne ;il arriva de là. aprèspli~sieiirs

morts imprévues, qiie le fils (le Philippe mont?

en 1516 stir le tsône d'Espagne soiis le nom de

CliarlesIe', et c'est soiis son règne qiie fiit ddcouvert,

noiiveaii iiiontle. Malgré 1,'activitd de Maximilien,

la réforma tioii dc l'Eglise, demandge

même imtamrnent par &?s princes, pariit ne

poilvoir s'effectuei-. et déjà elle pariit tlésespérée

lorsr~ri'elle appariit cl'iine antre manière. L'implimerie

avait (lonlié iine voix a n esprits, ~ et sa

pr *iiiière parole frit :Re'fornzalinn.

Une inrliilgence génériile (levait foiirnir les

sommes nkcessaires polir I'nchèvementc?e la noiivelle

église St.-Pierre, l'étlifice le \)las magtiifiqiie

(les temps modernes. Les papes croyaient

poiivok, par le moven (lu trr'sor des merites

du C1irist et des saints, faire réinisssioa porir

rle l'argent à ceiix qrii. par 1.7 propre piété,

ne pouvaient pas c,las:nfr le ciel. Qtli n'attrait

pa.. voiilii se saliver avec les siens (lri piirgatoire!

Mais, (lit Erasme, Oe Rotterdam, les ecclésiastiqiies

aiment tant le purgatoire 1)arc.e q~i'il est

si utile à ~~~~~~s cfiisincs! II v en avait qui pretendaient

qiie le papc n'employait pas toiijorirs

et argent aii but qii'il annan~iit ;il y eiit mêins


( 203 1

des ferrniers-gdoéraiix (le cette espèce d'impbt,

des riiürcliaiiûs siibal tei.iies d'iiitlulgetices qui

poiiss2rt!ut si loin leiirs eiiigt~nceb, cllie ce yiii

resiait (le iiiœiirs c.t tic pielé eu j~;irul coi~ii~romis.

Ce s~iiiitiale frit si~iiiile h la ibis par Uiricli

Zvinsli, ~)~*Gtlic:itei~~- ZIII~I~~, cl il. I\liirIiii, il&

à Kislebeii cu 146.;.iiioiiie aiigiisliir el professciii*

tle Iii iioii\elie Uiiivers,té (le Viireiiibt*rg.

Ct:s tleiix Iioiiiines r'élevGreut forte-iienl t.oiili e

le (.oiiriiierce d iiirliilgt!uïes fiiil 1)ii'. 11" Siiinson,

itit 'I'tazel ;11s ~~rSclièreiit et 6,rivirerit h. aiic oiip

~olitre cet 'I~IIS. JJ~it1~~~~~, iiioi~~e ~IIISIIS~~I~, slirt~iit.p!.ol)o>üle

51 oc,toLre 1.r 17, s-loi: 14 iiinnie*-eüc~acL~ii.iiliie,

gj tliéses oii prol)o'iiions, à

!effet d'une c.ouirovcrse yiiblicli;e colili-e la vente

d'iiii~i~l~iit~es: ~i'aiit;i~~t pliis qii'i~iie élii4e ayprof~iiuietle

1ii B blc liii avtiil fiiit voii. q11 II

lie s'y tro,iv;ii~ rien oii clii'il s'y troiibait le contraire

de ceitc i:sliec.e de tr:ilic, et lin voyase yr&-

cétiemint~iii à Ilotrie ne l'avait p;is siiff sariiiiieiit

4 0iivainc.11ut: Iii siiiuleld dit pape et de la

citrie roinaiiie. Loi-sclti'erisi:i~cle ciirtliual de

Güëta ((;itjrt;iii) ne ~ "it""lshire Liitlier à Augs-

Liirg; qiic les iii.;l~ittss cl ics rel~re'seiiliiliotis filites

avec t1oi;ceur eurent niirirqiié Itlur tbffei, Léon X

larira i:iie ~iiIie est lJi~iiil~iilic;iti~~ cent re Lii-

th; et ses piirtisaris On avait d1üboi.tl itdnagé

Liiilirr h <.ai<st: iltr Fi.éilGi.ie-Ie Sngy, priure élçc-

1ç.tir qiii le favori~a~t, et qtii,. spi-es 13 niort de

hlaxiiiiiliei~, éiiiit cl~a,.~é cl11 vicariat de I'Einpire,

cciiii ciiii eut I'inil~ienre la pliis niarclii6e dalis

le cliriix cl'iili eiiil~erciii-, el cjiii serait devenu

empvreiir liii-indiiir: s'il ii'ut~iiit pas dirigé le clioix

sur Ckiarles (l'Espagne. Lutlicr, de son côte, jeta

ait feii la biille et le droit canonicltie, et insista

sur une r~forrnation véritüble de 1'6glise et dq


( 294 )

daus ses sermens et dans ses dcrits,

ses cro:Ances,

qui, h cause de leur Iiardiesse et du langage ro-

~~ul;;ire dont il se sei'vit, se rcpandirent i~ientot;

ainsi la bulle du pape fit faire Luther ce qiii,

il y a trois ans, entrait encore il peine dans son

plan : coiirs ordinaire des grandes entreprises

qui se développerit et se complètent d'elles-mêmes.

Dans un si rude coiiibat que cet Iiomme Iiardi

entreprit contre l'édifice que dix siècles avaient

élevé, l'édifice de la Iiiérarcliie, contre le pape

et contre un -clergé l~uissant, il n'eut pour soutien

qu'iine ferme conviction ciiii a soiivent été

le talisman des efforts de cet Ilcimine eatraordinaire;

elle lui donnait l'assiirance qrie ce qii'il

avait entrepris devait se maintenir si Dieii l'approrivait

et si Dieii l'avait résolu ;qu'en slic-.

conribant lui-même, rien n'était perdu. Car il .ne

se regardait que comme lin faible et chétif instrument

de la providence toute puissante. Fort

de cette conviction, il pat proclainer haiitcment

sa conviction à vorms devant l'empereur Chürles-

Qiiiiit,et souffrir l'ercoinmunication yrouoncée

contre lui dans cette ville. En effet, Charles-

Quint convoqua plusieurs diètes, à Vorms en

1520; à Spire eu 1529; puis une autre à

beurg en 1530, toujours dans l'intention Au d

Fé-

s-

touffer celte réforme naissante. ALI retoiir de

Liittler de Vornis, il fut secrètement conduit à

Vartbourg; là il traduisit, sous le nom de seigneur

George, le Noriveau Testament, qii'il fit

suivre l'année aprks de sa traduction de l'Am-ien

Testament, où se manifesta bien i'avantn, ae immense

de l'imprimerie. Il revint ensuite en toute

hite à Vitteinberg lorsqu'éclatn dans les églises

le fanatisme aveugle de Bodrnsteiu ou CsrlstaJt


( 205

cdntre les images, fanatisme qni menaGa de db

triiire tout ce qui pouvait rappeler la papauté.

Car la vérité devait s'étendre, non par la destruction,

mais par la persuasion, par la puissance

de la raison plils mi'irie. Lorsque la guerre des

paysans éclata dans le siid-ouest de 1'~llemagne

et pénétra jusqn'à Thuringe, puanci Thomas

M:inzer se mit à la tête des pa sans, ce fut Liither

lui-meme ui conseilla dés mesures énergiques

(1523 à 1125) contre les paysans, malgré

les noinbreiix griefs contre leurs seigneiirs qui

Ieiir avaient mis les armes à la main.

Cependant le culte extérieur avait aiissi subi

des changemens ; les augustins de Meissen et de

Thuringe fermèrent leurs coiivens ; Luther même

se niaria en siiivant l'exemple d'autres qui

l'avaient devance' en cela; on rcjetta l'autorité

dii pape dans ce qui avait rapport à la foi, el on

Prit la Bible seule pour règle. La messe et la

croyance de la transsiibstantiation dans le sacre-

inent de lJEucliaristie cessèrent, ainsi que la

croyance du ~urgatoire et l'invocation des saints

et des anges. Les sept sacremens se fondirent en

un seul. Le service divin cessa d'être fait en latin,fon

le fit dans la langue nationale. On rédigea,

polir les niaîtres et les élèves, un petit et nn gi and

catérllisine. Çoinme Luther agissait parsa popularité

et par sa vivacité sur les masses, son savant

mi, Pliili pe Mélanchtlion, homme plus doux,

eut de lVetPet sui- les savans. En peu d'années la

re'forrnation se &pandit par toute la Saxe, Tliii-

'lnge, la Hesse, le Melklenboiirg, la Poméranie,

daos da parties du diichf de Brunswicli, dans la

Prusse, pays d'un ordre allemand et transformé

Par là en un duclié temporel, en Danemark et

en Suède. L'œuvre de Zvingli trouva des collaborateurs

ou des eontio~iateurs énergigiies i

111


( 206 )

Bâle. dans ~erolornpadiiis, dnns~itllcr à Beriid,

et C;llvitl à GenCve, qiii transl~ortèreiit bientôt

1:iir tlocirine iiu peii (lifftt'i-eiite(le cr4le de Liitl~erdaus

le i~iitii de I;r Frarice ( les Hiigiienois)

et tliitiz Ics Pii\s-Bas. Aiii4, en moiiis (le IO :IIIS,

tine 1'4forin:itio~iiit noil-sciileiiient foiitle'e, i~i:lis

m2iiie a 616 adoi)lt!e par d #siiiillions d lioiiiiiies.

Ri:iiiiieniiiit il ~'iic;iss:iit tlc savoir si iiiiri telle cldfeciior~de

I';ltwienne croy;inc.e ne ~~oi.ter;iit pas

les cailioliclties 5 ile fortes iiie.siii.es 01)t~o~ees.

Le pape :leiil iie poiivait rieii Ciire polir s'opposer:iii

stsfiisn~ct niiissiiiit, oii il fiillait opposer la

v&i.ilGà la véi.ilé, oii bien of)yriiiic!r I'iriiioviitioii

par la violence, oit bien eritiii I;iisser aller les

clioses leur traiii. Ne voiilaiit oii iie 1)oiirant pas se

servir du premiei. moyeu, on tie ~oiiliiii pas di1

deriiier; oii clioisit le tleiixièiiie; oii coiii1,ta siir

la force dii lxirti cuilioliqiie de la clirtliienté, iiiiiis

oti coin itn nvanl lotit siir I'eriil,ereiir (.'Iidi.les-

Qiiint. Cepeii

I

:ünt ce!ui-ci, occiil,é il'uii trôté de

Francois ler.roi clicvalier de Fraiice, son rival 3

la t.oiironne alleinande, d'an üiitre côté iuqiii61d

bientVt par les Tiircs soris leur piiiss:irit siiltan

Solimau II, (dont l'armée parlit mêine cn ij29

devant Vierinej (;liûrles, roi à la fois (l'Espa;iie,

de Na les et (le la Sicile, maître (le Rliliin et des

P y las, voiilait d'abord, coiilme noiis l'avons

dejd (lit, par cles 'dit'tes, des coutrover-ses rcligieiises:

par la couvocation d'lin concile g6iiCral,

ou arreter par .la doiiceiit. ce scliisme, oii (1"

irioins ajoiiruer à ilne époque pliis E~voiüble irae

décisioii violente. D'ailleiirs le noiiveaii p;irti (le

1'Eglise ne liii parut d:~ngererix pour 1'Eiat cilie

lorsqii'il se pr6senter;tit en réiinions ûriric'es, et

formerait ainsi iinp faction politique. Et riiland

cela eiit lieu, alors seulement il en fut irritS ;cil''

Charles-Qiiint malgré lespromesses que sur plu*


( 207

sieurs points il avaii dté obligé de faire aux priiices,

lors de zon élection compren:bit cependant

sous l'expression liberté nller~wnde, beaecoiip

moins, ei par cellepuissance i~nptrriale, bealicouy

plris que les princes electeiirs n'üv:\ientvouluvoir

coinpris soris l'one ~t 1'ailti.e. Défiant par caractère,

riisé, iinph6trable dans sa politicpic?, mais

grand aussi en projets, éiiergiqrieclan- l'exéciition

deses plans ; il ne fiit pas facile à qiii crile cc fiit

deliii re'sister impiinément. ~a rivalité cliii existait

entre ce prince et Francois Iert depiiis la mort de

I'ernyererir Maximilien Ier, en 1519, fut corrime

nolis l'avons déjà (lit lit cause cles giierres coiitinuelles

ryiii etirelit lieii entre ces detir moiiarrliics.

Clini-les-Qiiint, petit-fils ile I'ernpereiir ,et Fr:incnis

Iec briguEi-eut ensemble la coiironue (le 1'Elnpire;

mais comme les élerteiirs s'éi;iieiit déclarés

Pour le roi ti'Esj)agne . Francois Iernc lili piIrdonna

jamais c~tie préf6rence. Dilas iine iioiivelle

coalition qiieCliarles-Qiiint forma coritrela Fraiice,

et dans Intqiwlle entrèrent les 1)1-inces tl'Italie

et lec~oun6i:ibledeBo11rbon rliii coiiih:i(tiiit contre

pi)! s, Francois Pr fiit. battii à I;ébec, où perit

Bayard, et il 1,erilit le Mil:iiiüis en 1524. L';iiiiié~

Suivante, Francois Jer vo:ilrit le reprendre, mis

il filt blerîé et ijerrlit la lmtaille de Pavie. C'eht

aPri.s reiie bataille qli'il écrivit 3 la ducliesse

(l'~n~orilén,e, sa nrére :toilt es<pet.nii,rnadnotr,

f'hottneur. Le roi ale France ne sortit de

Madti.1, oit Çlinrles le retenait captif. ii'ul>rès

avoir ripé lin trait6 ondrriix ilans leilid il cdda

la BoiirgoEne et irnonqo à ses ~)reientions sur

I'Iialir. Mais romnie IPS Etats gdn6rai1x sluppo-

"ient ait démembrenieiit rlii royailme, Fran-

Ier ne put remplir ses engagemens, et les

bostilités reromn~sn:.èren t. Tolites ses pierres

CQNre19 Fqqce (de i 52 à 1529) où son général


( 208 1

Charles de Bourbon prit Rome mime par assaut

et fit prisonnier le pape; ainsi que celles

de 1533 B 1539, et (!e 1542 à 1544 n'oyérérent,

aresqu'aucu~i résultat nouveau; ses campagnes

e 1535 Z 1541 n'abattirent que faiblement le

courage des pirates barbaresqiies ; Cliarles, et

son frère Ferdinand' devenn roi de BohGme et

(le Hongrie, par suite de la mort de Louis, roi

de ces pays, et qui a péri dans la guerre contre

les Turcs; ces deiix frères, ne piirent obtenir

sur ces derniers que des avantages épliémères;

mais il se vit aussi obligé de trop disperser

ses forces r6pandues au loin; il vivait

en général dans rin temps trop orageux, tant

soiis le rapport politique que sous le rapport intellectuel,

pour qu'on eut pu se promettre d'obtenir

partoiit des siiccEs grands et durables par

la seule supériorité des forces. Ce n'est que

lorsclii'il crut avoir du repos au dehors qu'il s'occupa

pliis sérieusement des affaires de la religion;

alors aussi elles avaient pris iin aspect

grave et politique.

On avait, à la véritd, décid6 dans une diitte à

Spire ( r526), cjue ciiacun devait, jrisqri'à rio

concile général, se comporter d'une manière i r

r4procliable devant Dieu et l'empereur ;mals

clans une seconde diéte tenue dans la même

ville on décida, à la majorité des suffrages, contre

la propagation et la durée de la réforma tioq ;

les Etats évangéliques répondirent à cette déclsion

par iine protestation formelle; ce qui leur

a valu le nom de protestans (i52q). jlorsqu'en

1530 Cliarles lui-même diri ea ;ne diéte brillante

à Augsbourg, on lut piigliquement devan!

l'empereur et l'empire, une profession de foi

évangélique rédigée par hlelancfiton conjesslo

fidei augustana, mais les çûtholiques, h leur


( 209

toilr, publikrent une réfritation, diie confutatia

à laquelle les évangéliques riposlkrent par une

apologie apologia eonj: augustana?. Les partisans

de Zvingli présentèrent une profession particulière.

Mais comme Charles n'avait accordé

aux protestans qiie peu de temps pour réfle'cllir

sur l'invitaiion <le se réiinir de nouveau aux catholiques,

six princes ~llemands, surto~it le

prince électeiir, Jean-le-Constant de Saxe, avec

son fils Jeaa Frédbric et le Landgrave, Philippele-

Généreux dc Hesse, 2 comtes et r !villes firent

une alliance à Smalkalde, pour la défense de la

nouvelle doctrine. On croyait d'ai!leurs savoir

il existait déjà auparavant unealliance des cat

ioliques, et quoiqu'on la niàt, il s'établit en 1538

ilne alliance du coté des catholiquesl appelée la

Sainte-~lliance.A celte époque la sociétéde J6su.s

fut instituée (1530) par Ignace de Loyala, et approiivée

le pape Paul III. Le but de cette société

était de combattre les infidbles et les hérétiques,

el d'aller convertir les peuples c'trnngers. Loyala

se disait invite par J.-C. lui-milne à cette institution.

Il disait que J.-C. Irii avait apparu en

insrne tems que Satan sous la figiire d'un officier

de recrutement. Enfin on convoqua en 1545 le

concile de Trente, proniis depuis long-tenips ;

mais l'alliance de Smalkalde refusa d'y envoyer

des dépiités, parce cjiie dans ce concile il ne devait

siéger comme jiiges qiic cles catholi ues

sous la l~résidence di1 pape qui Eiait partie laos

la que: tion qui devait y Btre agitée. CllarleeQriint

O'ltré (le ce refus, se prépara à la guerre et ne

cacha pas SOU intention de châtier maintenant

pel ues états rebelles de l'empire. Cela sr~ffisait

"'anisnec de Smalkalde qui, s'étant de'jà yuelquefois

rcnouvele'e , voulait alors se prdparer

ussi. Les armées alliées du nord de 1'Alle-


magne s'avaiicèrent en 1546 vers le Dantibe,

d'riiie nianihe toiit-à-fait inattendue, se faisarit

prdcéder d'tir1 maiiifeste tic giierre, aiiqtiel

Cliailes avilit rélionilii y r une exronimiiiiiratioii

;pendant ce teinps es Etats tle l'alliance de

Iii Hai, te-Allemagne, le Virieniberg, Ulm, Costnitz,

Augsbourg, etc, soiis Sébastien Sc.linertli~

n'avaieiii pas été inactifs clans cette rnti~it: coutrée.

Mais alors se iiiontra tlens son vrai jour

la misérable constitiition d'iine alliiince soiis

deiix cliels. Qiiand l'électeiir Jean-Fr&!'tleric tic

Saxe voitlnit reposer, Pliilippe tlc Hesse voiilnit

se 1~atti.e ct vice versB. Il n'v eut iii rinit6 (le

plan. ni iinion, et oii laissî aiiis~s'dcoiiler le temps

prFcieiir qtie cliarlrs-Qiiint einplovait, a~aiit

a peine 8,000Iioinines couti-e G'o,oao, ;mir se retranclier

pr&s (le I\atisbonne et piiis prEs d'Iiigolstridt.

Mais Cliarles c.onnnissnit trop bien s c ~

. adversaires, et il savait qrielle niinc tlt1v;iit procllainement

joiier coutre ciix. L'cxl,losion (le

celte mine ciit lieu, elle cut de l'effet parce

qit'elle fut calciilée.

C'est qiie Cl~ai-les ne s'était pas seiilement lié

avec le pape Pttiil III, inais encore secréteinent

avec le diic RI:iiiiice (le Saxe, coiisin (le l'électetir

et maîlre cles ],a-s Albertinico-Saxons dont

la capitale éi;iit Dresde; ce prince, qitoir~tie

protatant, n'étdit pas de I'alliaiice de Sniolkaltle,

et diarles avait c.liiir~;d le duc en mêrnc temps

qtie Frédéric cie BoliGriie tl'exéciiter siir l'élccte~lt

1 excc>iiiii,i~i,icaiion en Ini prenant son pays. A 1s

noiivelle dc cette niissioiî, Jean Frctle'ric perrlit

la tete, et, coiilnie on ne pouvait obtenir de

l'cinpereiir uiie ~>iiis raisoiiniible. il s'eu retoi1:'na

en Saxe avec la pltis gi.an(le partie de I'arrnGe;

ce qiii faciliiû à Cliarles de poiirsuiv~.~ le reste

de 17arm6e alliée, et de forcer P la soiimission


( 211

les états isolk~ de l'alliance. L'élec*tettr reconqrt:t.

i la vérit6, ses Et:~ts et ~)resqiietoiit le pays

dit tliic Jlaiirice : niais ait 1)rintemps 1,547.,

Clinrles traversa lui-inSine Id RohGme, sr rendit

en S:ir~. siir1)rit (le 24 avsil). 1)rbs cle R1iiliIbei.g

siir l'Elbe, son at1vers:iir.e ti.oiripé. qii'il ballit

telle:rieut tliie ~~e~~tl'liornrnes (le soli armée pi1 -

rent gasncr Vittenibei-g;I'élec.teiir Iiii -in&ne,

aprh iiiie de'fense tlésesl)e'rt!e, fiit fait prisonnier

de I'einjlereiir. 11 fiit obligé (le rCnoiicrr cievarit

Vitternbcrg à ses Et:rts et à ses dignités, rester

prison'riier (te 1'c.inpereiir et voit. peii apres son

cotisin i\Iuiirice obtenir cn fief son propre électorat.

Mais Pliilij~pe tir Hesse se livra Iiii même.

Ainsi fcit anéantie I'alliai~ce de Smalkaltle, inais

non le ~)rotestaiitisnie!

(;ar lorsqiic Cli;irle:, enflé par sa vicloire,

presc.rivit liii-n-iênie aiia pi otesinn.; iitie rilg\e

religieiise j~rovisoire (irrterinr); quand les discours

clans les (lihtes (1evini.eiit ~~~~~~~~~~s 1)liis

Iiaiitoins, ail point de hire craiiitli-e à pliisiriirs

la perte (!etniitc? In liberté allernancla, ce mèine

decteiiv Rlarii-ire: jiisclii'ici si éqiiivoqiie, se 11réselitil

eL sc nionira le tléfeiiseiii. (le la noiivelle

(~octrirrc, ainsi qiie (le 1';inliqiie liberté (le I'einpire.

Rlauri(~e, :il)ri.s i~ne alliance concliie secrètemen

t avec Hei1t.i Ilde France, et cliic~lqiies princes

alleiii:iii(ls. niarc11:i iiiol)iriémeiit siir Ii:sbriik,

printemps I 5j?, ~otlli~e~'eni])ei~eiii~~~lnr~e4 qiii

était (iirns iiiie sécririté coinplt'*te et iiiill~nieiit

j).r<l~aré; il forca I'emperc,iir niola(le 3 friii, précipiianiiiicnt

i ti1inc.1,. el obtint ainsi 5 I'assati

'ln irait6 le 2 août 1552, par tnqiiclle tiiir! liberté

coml)lEie de religion ftit assiirc'e aiin protestans,

liberté qiii trois ans apiaès fiit confirmc'e

daus ln pair rlc irligiuu (I'Aiigsboiirg. Maiirice,

ce Iléros çoitrageils, n'eiit pas In joie de voir


( 213 )

cette confirination; il était mort pendant ce

temps. Il y eut ainsi repos de ce côte, et la réformation

fut politiquement et eccléiiastiquement

reconnue.

Pendant ce temps, Henri Il, roi de France,

après que le duc de Guise eut obligé Çharles-

Quint de se retirer de Metz qu'il avait assiégée

avec une armée de ioo mille hoinmes, s'était emparé

de plusieurs parties importantes de la Lorraine,

et ÇIiar les eut l'humiliation de ne pouvoir

les reprendre à son adversaire. En ge'néral, ln fortune

qui, autrefois, l'avait favorisé, lui avait

tourné le dos, et clans iin accès de mélancolie

(l'héritage probable de sa mère Jeanne-la-Folle,

et qui ne l'a presque pas quitté pendant toute sa

vie), il cétlales pa s italieris, les Pays-Bas et l'Espasne

ilon filn pEilippe II, mais il donna ~'Aiitriclie

et la dignité impériale à son frère Ferdinand,

roi de Hongrie et de Bolleme ( 1535,

1556). Viiant à Iiii, il abdiqua et se retira ait

couvent de Saint-Juste, dans la province d'Estramadure,

où il célébra ses propres fiinérailles ;

(son grand-père Maximilien .avait également

gardé près de lui pendant 4 ans con cercueil ),

et mourut le 21 septembre 1558, après avoir

connu par expérience qn'auciine piiissancc hiimaine

ne peiit s'opposer à la iiiarclie du sihcle ,

et que des iddes qui ont iine fois acqiiis le droit

de boiirgeoisie clans le domaine dii bon et du

vrai, ne peuvent pas plus en être chassées à coiip

de canon qiie par des bulles d'excomniiinication

et d'interdiction. La providelice avait épargné

au fondateur de la réforme l'aspect di1 spectacle

long-tenips redouté ci'iine guerre de religion,

car Lutlier mourut peu avant la guerre de

Smalkalde, le 18 février 1546, ail lieu de sa

naissance. Zvingli était mort dès 1551, de la


mort d'un liéros, dans une guerre de religion

qu'eurent les allic's entr'eiix,

Dans tout état où la réforme trouva accès et

devint dominante, les précédens rnp~>oït~ devaient

nécessairement subir de grands cllaitnemens.

Le prince obtint dans son pays la silyreme

priissance dans les affaires d'Eglise qii'exer$ait

autrefois le pape ; les arclievbcliés, les évêcliés,

les abbayes, les coi~vens qui s'y trouvaient furent

supprimés, et les revenus en fiirent la plilpart

employés des œrivres pies, telles qile

écoles, universités, etc. ;les soinines énorines cjrii

autrefois passaient à Rome. resthrent maintenant

dans le pays dont le prince n'avait plus besoin

de partager son avtorité avec le pape, et qui

se troiivait en rapport plus intime avec son peu -

ple. Les classes inférielires eorent atissi plils de

ciiltiire, étant détachées des siiperstitions et ramenées

versun~plus granr1e:activité. L'état de serf

qui opprimait le paysan (lisparrit de plus en plus.,

Les sciences réu~siient d'alitant mieux que l'esprit

dii proteslantisme devint un esprit d'examen

et de combat contre l'ignorance, et u'il eut

pour objet le régne de la raison. ~'~Ierna~ne

doit à la réforme uue plus grande culture de

la langue; la réforme eut aiissi pour résiiltat

une édncation nationale et iine littérature nationale.

Le protestantisine a-t-il torijoiirs conservé

cet esprit d'examen et de tolérance? A-t-il

été aussi favorable aux arts qii'~~i~

lettres? C'est

une q~iestion résolue tiégativeilient par dcs Iiommes

dont l'impartialité est connue. Toiijoiirs

cette défection du catliolicisme dut Ctre doiiloiireuse

sous bien des rapports pour la cririe romaine.

Il ne faut donc pas s'étonner si Rome

chercila le moyen (le lirevenir d'autres pertes, si

elle établit des qmbassades permaneu tes ( rcua-


( 214 1

fiatrrrœ ) dans plusietirs pays, et enfin si elle favorisa

beaitcotip un ordre dbnt la règle étai1 l'iittacliement

le pliis fidèle ail pape, iin cornbat

contre le yro1est:intisme. Aussi le fanatiqiie esi?gnol,

Ignace (le Loyola, eut beau jeii poiii

1inbtitutioii de la sociéte des jésuites dont nctus

avons déjà parlé. L'organisation v6ritnblc dcs

jéstiite; ne date qiie (les géne'raux (l'ordre suivans,

d'ut1 Lainez, d'un Xavier, d'un Aqiiaviva

,etc. Comme les ordres monastiqiics avaient

beaiicoup pei.clii eu consitlération, ce noiivel ordre

devait clierclier à se faireatis iciees tlii siècle ;

une mise décente, la connaissance du bon ton de

In sociéte, I'e'rtidition et la cultnre intellrctuelle

devitient lui procrlrer un accès dans les coiirs

et I'élevet. üiis fonctious les plas influentes. Les

membres (le cet ordre clierçliérent avant tout

d'être nommés i.onfesselirs des priiices et des

ministres, dese faire donner en main l'e'dtiçation

dii periple. Une iongiie épreiive des novices qui

devaient ct'nbord passer par les grades de scliolastiqiie,

de coarljiiteiir, (le professetir, de recteur,

de provinrial, aprt\s n'on se fiit assuré de

leiir utiliii:, offrit le gran3 avantage. de n'employer

clinqiic membre qiie polir l'objet :iiic~iiel

il paraissait le pliis pi.0pi.c; <lemanibre qiie les

pères tle l'ordre devinrent tantôt rriissionna;~.~~,

yrétlicaleiirs et confesseiirs , ta1ii6t ininistres,

p~ofesseiirs, convertisseiirs tl'liértt'tirliies, né~ocians

m$rne, en un inot, toi1 t ce qu'ils devaient

être. Vne inoinle trés-fiicile qrti aiir:iit mêinr:

jristific'le r6;;icitlc. qiiantl I'lioiineiir et I'avaurage

de I'Eglise en rési~ltat, parce clrie I'Eglise seille

peiit sariver, fit rec!ierc.lier les jesiiitescomme dire(.tciirs

(le consi.ience. Le g4nGr:rl de l'ordre réshlait

toiijorcrs à Rome, et c'est & liii qiie s'atlressaient

dc presqiie toii tçs les parties dri ntonile. les


nombreux rapports rle l'ortlre, c~rie\qtiefois6 à

7,000 par an, de niaiii6r.e qiie mieiix instrciit qiie

le pape il po~~vaiii, de Itoaie, diriger toirt par le

mojvn cl<. ses assistans. II y eiit aiibsi tles iriembres

qiii ne portaient pas I'liabit de I'orilre, 1h

où cette nii.e iitirait pli entraîner (Io danger. Il

n y eiit aiiciin ordre aussi bien constili~é,aucun

noil pliis n'a agi aiissi priideninrent et tl'iine iria-

1ritt.csi éiencltie; car dans les pays où il ~)oiivait

CtaLIir scscollégcs (non lias çoiiveii.i), la réformation

eitt iii~terinc. (:et ordre ne se trompa que

siir LUI se111 poini. Penrlaiit qtie le moritle in1 :Ilectiiel

nvaircaii . il devait, pour ê~t-e con3éqiient

datis son coiilbat contre la raison, iiéressatrement

rester eu arr;&t-e, et par là se srirvivre peti

a peii. Aiilsi il tomba enfin clans l'opinion, (16-

coiivrit sesdéf.~uls tle toiitees sl)&ces, et tilt ainsi

obligé de se voir clans le 1tj. siècle, bien pliis

loin tle son bii t qiie dans le seizième. Il fiit aboli

d'abord eii Po~tugnl,eii Espyne, en Fiance,

ensiille en 17 5, il le fut toiit a-fait painle pape

Clémeil t xIV? Dans sa pliis g~-an,le ~~rasp&rité

il avait eu 1,400colléges et plus de 22,000 membres.

En Angleterre, le roi Henri VJII, 61s et stw-

cessetir de Henri VIT, :watt piibliC cl'iiborcl un

traité contre Li~tlier el i~~érité le titre de d$enseru-

de la Jr,i que lrri avait doiiiid le pape cléineut

VI1. Alais lorsqiie le pape ne vo~iliit pas

al)proaver soli divorce avec Cirtlieriue d'Ara

Henri roinliitÿvee Roine. et se fit clicfile ~'~$ise,

dont Ies biens ainsi qiie les caonnissa~ices tlisologiqties

qu'il p03d élt peiivciit hii avoir iiisyii-é

cc désir. La religion c;ri'il étnhlil etnit 11u nt&-

lange tle catlioliçistne et de protesrnntisnie;

Par ce cllisme le roi iie\.int Le chef s:tprGme

de \'~gliseanglicane. On perniit la \ecttiqe de


( 2x6)

la Bible, mais non de l'approfondir; aussi n'y

eu eut-il qu'un exemplaire par paroisse, et encore

était-il attaché par ilne chaîne. Les couvens

cessèrent d'exister ; mais il n'y eut pas dans

sa réforinatioli de plan décidé; il n'y eut qiie cet

arbitraire et ce caprice qui liii dictèrent ses procédés

durs envers ses femmes (il en eut successivement

six dont il fit mourir pliisieurs), envers

ses ministres, surtoi~t envers le célèbre. cardinal

Volsey, et qui le portèrent à faire monter sur

I'écliafaud le noble Thomas More, à cause de

son refus de prêter serment à la suprématie religieuse

dri roi. La réforme ne fui accomplie en

Angleterre que soiis le fils de ce tvran, Edoaard

VI ( 1547 1553);mais elle fiit abssitôt étouffée

par DZai-ie qui lui succe'tla. Qiiand la sœur ae

Marie, la célcbre Elisabetli, monta sur le trône

( 1558à iGoS),trois partis religieuxvinrent se présenter

à la fois ; d'abord celui de 1'Eglise de la

cour ou de llévSque, avec plus d'un reste du

papisme : l'autre,, celui des réfoi.inés sévéres ou

puritains, presbyteriens, qui devinrent siirtout

dominans en Ecosse pendant que la catliolicisme

existait encore dans les deux royaumes, sririout

en ~s'ande. Les presbytériens en Ecosse furent

aussi la cause du malheur deRlaric Stitart, cette

reiue si belle, niais si passionnée, qui bientôt

n'eut d'aiitre ressoiirce que de se jeter dans le5

bras d'E2isabetli. Celle-ci craignant d'une part

le catliolicisme, d'iine autre part la beauté de

celle qiii devait probablement Iiii siiccéder, tint

pendant plusieiirs années capive cette mall~eilrelise

princesse, qii'elle fit enfin en 1587. par de5

raisons c116tat, mourir sur l'écliafaud. Au reste,

1'Bngletcrx-e s'éleva soiis Elisabetli à ttn liaut

degré de puissance et de civilisation; cette princesse

posa les fondemens i~ la domination uniq


( 2x7

verselle sitr mer, qri'cxerïe aiiidutd'l~ui

ivAagleterre.

La inaison niallieiireiise des Stiliirt par le

fils de Marie, Jac lies Ier 1625,et pur le fils de

celui-ci, Cliarles ?el, 1649, s~icc&d<la à Eiisü1)etli.

La France aiissi fiit ensanglatilf!e, 5 carise de

la reforme par des giierres civiles qiii eiiretit lin

doiible [langer, enioiirc'a qo'ellc était dctpiliç

C,Irni.Ics-(>iiiiit et Pllilil>pe II, par la maison de

HabsLoiirg eii Alleiriagne et eii E5yagne. Pendaiit

plus dc 200 ans, la politiqrie const;:nte de

12 Frailcc etoit (le faire In grierre cette niaisoii.

La religion protesiarite et surloiil calviiiisine

fit eii Friinçc dc rapicles progrès sous

Ht-nri II, fils (le Fraucois 1.. ( 1347 à ijj91,

iiiiilgrd les etlits c ue ce soi l:i~ip contre leç

I r s . Suis I!railCois II, (]ni a

Henri II, les giierres ex térieiii-es n70cciipi:rent

])liis les grands. Al)rès la inallietirertsz b;it;tille

dt! Sitint-Qiientin, 1)ercllie ( tji7) pal1 Ics FI-au..

SIICC.~~~

pis, et Iï prise de C:tl;iis 1)" ceiix-ci, In paix

;iv;iitété conclrie en rajy eiitre la France, l'Angleterre

et In Savoie; alors ltts fiiçtions rel)ai 13-

rent cil Fn~nce: la religion en ftit le iiioiif ott le

prdtexte. Le yrinre de Cotiilé el le roi de Navarre

son fi'ere, (le: ID 1)i-at~rlie(le Bolirlion,

éiaietit cliefs clil parti protestant. Giiise, oncle

de Marie-Siiiart. dpoiise (lii roi. dii-igeait celrii

des cntlioli<lties. Un magistrat, ayant éI6 pen~lri

coinnie ~)rotest:iot, ses coreligioounires Ioririèrctit

a Arriboise iine coiijiiratit~n polir le venger.

Giiire la fit éel~oi~er : les çoniiirés périrent les

arincs à la main. Les slipl~lices des calvinistes

!'cdoiiblèiviit. Un i.e'soliit de convoquer les Etats

a Blois, innis les Etats ne pacifikrent pas le

'ouaiirne.

Cliarles IX,fils de Henri II et de Catlieriue

'9


( 218 )i

de Illr'diiis. ~iicc&(laà Fr;incoir 11. Salis son

goiivc.ruetririit la Fnince hi1 [le iioiir eaii boiilevt'rhée

1t.s j)tliszantes mnisonq ([es et

des Borir botls; les pi-einiers à in tete cles callinliq~tes,

le:, aii11.e~ à crlle (les ~)role~t;l)ls OLI 1111-

fiIlinuts tloiit i'i~iiiital de Coliplly elai[ l'$llle.

Qllai~eb:rtsil!cs ~~rinc~iljitles etirenl Iieti piilre

cailiolicjites 1.t les j,i.oiestan.s : ce le de Di-eiix,

~ a g d rt.11 156.2 par le duc (le Giiise; celle tle

Sui111Orni., pqnee par les protc siiiiis, sorts le

t o~~uér;~bls (le 1Cl0iitirii~roic~~ eu I j67; c.eIic tle

J,:rniic. gagner 11;ii* IIwri. iliic ci'Aiiioii. fi-4rt. (iii

;.O;, cri i ili$),cl ctxlle (le Moiitconiorir . g;tKiiée

5 iirois alces. püi- IV iiiêiiic Hvni-i. scir. I';tiiiii~i1tle

Colifi'a~. :'.plte gwri.2 fi11 lcrniiiiét~ p;ir III j):iis

s:li)lt-Gtb~III:I~II elt-lAa>e, signe't: t 111570. (lnilieriiir

clc. Rléslicis, feiriin- ast ii(.ic rlsc, gorivei.uüiii

jteiltiiinl la iiiiiioi itt? d~ Cli;trles . lie

~OIIF,~I~~

SV ddbnrr~s~er cles prof tl~tiiiis Ilar la

iO!x*eries armes, rwoliil de les tiiii e iiiiis itcg.er

torts ri1 tii$in , te~iilt:,dans tutite 1.1 Fi.ance.

1'. nt!:il,l la iiriit di1 2; :ioÎit 157'2. vtniilette la

S;iii,i Bar-iliCl~ani!, on totiilia siir les .;~,r.oieb!ituç.

tloiii II s (-11 t~oiiva1411 gi-iil~d nnrnl)rr~ ic I;i ioilr,

à I'trct iistoli tltt ir);rri;i$e rlir roi IJ 11i.i de Niivririe,

i,irg~iluot. iivet Rl;i*.giit~i ite sœiii. dc (:liiii Je<. et

eiivir~i>(;o,ooo(1't.iili.e CI~Y ftii.eiil 1iia.s-at 1.6-

lJ;ir'ib et tjii~i>t011tv la i:i ;II), e. 1,':injit al (le COlisri,

j&it ciüii. ( rile iiiiil :tff~-eiisct. où I'oii tua

Ir3 I H - O L ~ ~ s;rit- ~ ~ (li I I tiiic*t~otr

~ (le riitlg, d'age, 11;

c:e sexe. Lrs jri.ot<*,*liin~ iie rcspir;ir)t ~~liis iiui* ln

vcnqerrnce sr lort,fibi.~~I 3 Rloiitatih (II etsiirtnr~t

à 1,ii Ilollielle. tlotil le -16~rc.oUtü (tan.; In suile

1je;iiic o. p t te srcii r à lit Fi.acic.a. Clriii-!es IX,t111'on

cli t ar oir abirl lit IIJI IJI~JII~ qiielqiii~> Ii\,gi~eiiolsr

pIa(.i: à ilri Liilt oti dtt palai, et arnid d'ti~ieorq~iebuse,C1r;ii.l

s J&, yc sirrvéctit qiie detix siis


( 219 1

i la Sain t-Barilit:lriiti : il inoiir~it i.onpt! tle reinorils

et île re1)eiitii.. II e.st rciiinl.cliiable c1r.e

nos lois Ics !)liis s;rges el nos ordoiinaiices !us

pliis snliii:iires ~)at.iiretii soiis !e r<'bgiie ~;iiigiiinaire

tle Cliaries [;Y, p:ir 11-s soiiis dc I'iiiinioi.?~l

cli.incelirr iVi(.liel de lllinsl)iial, et ce f.11 Ciltlierine

de RIGtiicis qiii fit coitsti-uire eii i564,

le palais cles T~tillcries. Hilnri III siit~t~étla 3 809

frt'v-e Charles 1s. Soiis soli rhgiie s'olxpitiqa I:t

ligitc, tloiit le biiL ajbpnreiit Ginil le iii:iiiiiil-ii (le

la religion catlic~liqiie ,iiiais rliii rbii i.C:ililr' off!-nit

à Hvnri, tliic (le Giiise, c.lieF tle la I I ~ ~ I P les ,

moyens de s'ein1i:irer de la conroiint-. Heiiri,

pottr se sotitenii., Ic fit assassiuer Biois, ainsi

c'lie le carrlitial de Ilorraiiie, flqEi-c (III tlric de

biiise, en I i83. C.i>iiiiiie c~:te nt-Lion Ilii fit lierdre

Ic trfiiie tlont il fiit cLi.spo~e' eii ~;ivt*iir ti'iiu

troi-iiaine Giiisr; le tliic (le hlaveniic. Heri1.i se

jeta tl:ins les bras (les 1iiigr:enots ( 1.j8g). &lais il

fil t assa3sine' peii tfe t~i~ips r?prGs, $ Sili ttt-CIn[~tl,

par Jarrliies Clthlent. moine tloiriiuit~iio. Henri

III, étaiit inort sans enf:iiis, IIriiri IV. di1 le

Graittl, Iiii siiccétla ail trhiie. II étnit issii de

Robert, comte (le Clet-niout ,cinriiiii~iiie fils de

S.iint-~oiiis. Avec Henri IV les B ~iirbons parvinrent

311 ti ôiie de France. Hriireiix (laris la

Siierre. les ligii~iii-s Iiii opposi:rrnt ot!:inii~oiiis

son oncle, le cnt.flin.11 tle Doiirbnii, qiii él;tit >on

Pr~sonuiet-. Ils I'avaiet!t ~irocl:iirié et I*:il)i~elaient

C11:crlesX. Henri IVayant serrr'tle;~rPs P;rris, les

])aricieus Irii cil oitvrirerit les portes, al)r-i.s qii'il

se fût converti ail catliolicisme. Henri IV nrérita

le trône par sa bonte. sa inngn:ciiiniité et sa bravolire.

Ii eiiL dan+ le diic (le Sitllv ian ininhtre

d'voiié et iiu aini siiic&re.à qiii In Frant-e doit

Pint pour la prosperité intérieure (le I'Etat.

HesriIV fit avec bopl>eur 14 8~ierreà PliilippqJI~


( 220 >

roi d'Espagne. La pais, concllie L Varvins,

le 2 mai 1598, tei-mine ii la fois, et les giiei res de

la ligiie et celle cj~ie.le roi faisait à l'Espagne.

L'ii1iport;tnl &(lit de Nantes 1598, assura aux

Iiugiienots le libre excrcice de leiir religjoti et

la facolté (le parvenir à loris les euil)lois publics.

Il étenc1,t sa proier-tion même aiix protestans

cic l'Allemagne. Henri avait foriiié le

plan de faire (le I'Eiiropc iine vaste r&piibliqiie,

coml)osée cle 15 E~ats réiiiiis. Ce plan d'iine

exe'cittiou paii prob:ible est le reve d'uii Iioinme

de bicii, comine celiii cl'iine pais 1)eryétiielle.

Biais le poigriartl d'iin vil assasqin. Ravaillacy

vint trnncl~er I'eslsiei~ce dii bon Hen1.i ( I 4 mai

1610). 1,oriis XIII. son fils. Iiii siiccécl;~ à 191;ge

cie gans. soirs la régrnce de sa nière. RIai.ie de

Mt.'tlicis. Soiis ce r&gne, 1610 i 16&ï, le cürdinal

de Ri(+ lieu, iniriistre (le Loiiis XJII, tenait

les rênes dtt goitveriiement. Qiioiqiie pers&

ciiteiir cles ~itigiienots. ce iriini5ti.e i.eila poiirtant

fidèle à la ~\olitiqiie de Ht~nri IV contre

1'Aiiti-iclie et 1'Esl)agne. Se ccalisatit avec les

Hollaiid:iis, les princes luiliéi.ietis t1'A'II:inagne

et le f:tineiix Giistuve-Atlolplie, roi (le Suède,

Kiclieiieii parvint à abattre la pi~issanc-e de la

maison d'Atitriclie, et fit perdrt: le Porliigal 2

l'Espagne, et dails la giierre cle trente ans, tout

en agissant par-ambition. il ftit d'lin grand secoiirs

aiin protestans (le I'Alleinagnc. L'~iitricl1e

perdit clans cette giierre l'Alsace, (leveniie pas:

session de la France, excepte Strasloiirg, ainsi

qiie le Siinds~ii. B~.icncii, et les trois éviklids,

Metz, Tc111 et Verdiin, comme noiis le verrons

plus loin, en entrant daiis quelqiies details SLI~

la grierre de tretite aiis.

Noiis avotis vu plirs Iiaiit les Ilngrienots se

f~rtifierà Nostaubas et à La Rocl!el\e, C'cite


.( 221 )

derniéi*e ville etait le centre de tontes leurs

forces, et c'est là qiie Riclielieu vouliit les forcer.

A la tCte d'iine armée iiombreiiseil vint attocliter

les Rocl~ellois qiii liii resistt:reiit on einois; inais

ils fiirent enfin forc6s de se rendre. Riçlielieu

port:i les (lerniers coiips à I'arisiocratic féodale ;

devrint cet lioinrrie toiit-piiisstnt, toii~ flccliiasait

le genou; mais con~bicn d'lioinmes distingiids

pavèrent de leiir sang la Ilaine qii'ils liii

pnrtaient 2 rniise de son effrav:int despotisme!

Cinq-blars et de Tliori . d4Ca1>iiés en 164%;

Moiiiiiiore~ic~, Blarillac, Clialai~ et tant d'autres,

attestent la tyratiriitl (le ce niiiiisire !

En Siikde, la réforme c-onso\itlii la nouvelle

d~iiiistie des TTasasiir le trône. Le cruelCIliristia~r

If, de L);inem;irc.kv~iilait p:ir 1;) vio1ent.e inaiiitenir

en force l'iinion oppressive de Colmar. A

ceteffet il fit en 1570, loiit-à-COIIP mettre 5 mort

nri gr'ind noi11Li.e cles pi-incip:iiir Siié(1ois ( irias-

Sarre tle Stoc~hlioltri): iiiais Ic iioble jeiine

Giistiire-Vasa ~~iwviiit à s'éc~liapper: il troiivn

bieriiôt des ~>wti ans dans les valrées libres de

ualécarelie et (le Blora , el. dél;irrassn Stock-

Iiolrii (le ri: tvr:in, qiii fiit cltbstittié bientôt

.?pi 6s en Düneinarck, ei eii 1322 (fiistave-Vasa

nioiitn siir le t~.i)iie tle Suètle. TI iiiirodriisit

In réforme (le I,iitliei., brisa par 1i l'iiifliiclice dri

linut clergé. clont le roi pa1ivi.c. sc partagea les

L;eiis avec la iioLlecse, iii:iis il liii laisa son

siégt: daiis le coiiseil de l'empire. II fil aiissi

entrer dans les Etats di1 roJaiiriieln classe boiirgeoisc,

et iri6ine les paysans; ce fiit le ;)reinier

e~c*inplede ce geuie. (le irianière qiie totite la

lintioii lit t représcntéc (lalis ses divers Ctats. Le

c~tliolicisme cIierc.lia bien soris les siicccsseurs

de ce 111 iiice à ~ntrtbi' de noiivcBnu iliiiis ce

pays, mois il fiit sérieusemelit repotissé, et dans le


( 222

siècle suivant il f~tt même combattti en Allemagne

par Gustave-Adolplie, petit-fils de Vasa,

lorsqiie le protestauîisiiie püriit 7 siicconiber.

Dans les Pays-Bas aussi. la réforme opéra iiiie

révolrition remnrciiial>lc. Ces pays riclies par le

coininerce et I'iuil~istrie, qiii venaient en partie

d',être clispiités à la mer, entre la Dleuse et 1 Escatit,

et entre le Rliiii jiisiiii'à l'Eins, avaient été

donnés ail roi Pliilippe TI d'Espagne par son

père diarles.Qtiiiit. Pliilippe Iiaïssait 1;i réforme

p~.e'esqt~epar initinct, j)art*e qu'ou avait iospii.6

de boiine lieure à ce soiiibre et egoïste tyrau, qcii,

(lu fond de son $abin(-t, vaulait goiiverner ses

imincnses Eiats, on lui avait inspirc' l'opinion

qiic, /Idr&iqt~eset rebellesetaieni synonyines, et

Yale fiap devoir de prince ,et(le clirétien exigeait

,a ne sorifft-ir dans toits ses Etats c ii'iine se~ile relipiou

et une seille volont6 et de rétablir cette

iinilé qriancl elle n*exi.stait pliis. Aiissi avait-on

depiiis loiig-temps rédiiit a II silence les Etats

( Gort& ) (It? l9Esl>agl~e. et l'op devait enlever aux

Pays- Ras à In fois leiir noiivelle cro!arice avec

les anciens droits et les antiqiies liberte's cles

pl-ovinces. Mais lorsqiie poiir 1'opl)rersion tle la

liberté religieiise et politiqtte Pliilippe envoya à

Bruxelles le diic (l'Albe, et qiie celui-ci fit mourir

sur l'échafaud en 6 ans (cleyuis i566), outre

18,000 persoiines, les cheik dii pays, lin Egmont,

iin Horne; lorsq,i'oti imposa à cc pays (le

noiivelles contrilutioiis, de nouveaiir évêcjues,

qu'on y introtliiisit meme l'inquisition : la iiation

n'eut plus d'espoir que dans qiielques vaisseaiix,

tlaus Ieiir magiian:me clief. Giiillaiiiiie d'O;.an?e,

et dans le secoiirs de I'bngletere, qiic la reine

Eiisîbvtli n'accorda qii'avec parcirnonic et cl'iilie

mauiére intéressée. Enfin il fut conclu à Gand

une pacification pour l'expiilsian des Esl)guols,


.( 2a3 )

d'abord par cinq .provinces bataves (de l'Est)

et 6 y~.ov~iiçes belges ( (le l'Oiiest ), mais les

dernières Ia pliil~art catliolicliies. Coiiiiiie .les

Belges se récolicilii.rent bientôt arec les Espagiiols,

les .provinces N.-E. ou bataves s-. réunirent

entre elles à -Ut1 eïl~t, ,eu i.i?g, et le 26

jiiillet 1331, les Etats de la Hollande , de

Zélanrle, tl'Utrei.lit, dc Friedl:ind. du Bi-abdnt,

de Giieldre, de Flandre, d'Oberyssel , de Rleclieln

et de Ziitp;ien , se déclarèrent, sous

Giiillaiikc d'orange I'excornniutiié, qiii se taisait

, indépentlans de l'Espagne. Giiillaiinie

toiiiba à In véritt! v,içtiine d'ttn assassin, m-ais son

fils Mani-iqe le reinplaca. Pliilippe dirigea inaintenniit

contre les P;ivs-Bas .et l'Angleterre sa

grande flol te invincib'ê jiisqii'aloi.s. mais qui fut

presque entièrement brisée par lesteinyê~es et la

vigoiireuse re'sistance (le I'Angletei-re ( 1588).

L'Espagne 3 la vérité continiia la guerre, mais

saas rés~ilht ; et les Holl;~ndais tii-èreut inêrrie

partie des avantages de Pliiliype, (le la conqu6te

di1 rovaiime dit Portitgal qiii lui avait réiissi en

1581.'Car arec la force navale c iie la nécessite

letir avait eréde, ils prirent niir dsl,agnoh les colonies

du Yortngal, en fondèrent (le noiivelles

polir eiix, siirtoi,t Batavia. dans l'île de Java :ils

eurent en leurpoiivoir les &Ioliirliies. l'île de Ceylan

et toiit le corriinerce des épiceries. Ils se fortifièi,eat

en raison (le I'tiff aiblissement (les Espagnols

;il y eut bientôt iine trève, 1609, et après

ilne noiivelle giierre,où scpréscntt;rent d'iinc part

Spinola, et (le l'niitre Frétléric-Henri d'Oi-ange,

la p:~ir fiit <.onc.Iiie eii 1648, rn niFrrie temps

qlle la rec.onocti~snnce de leiir indépendance.

En Espagne, Pl~ilippe avait forcé \es Rloi.iskos,

des~.eodans cles Jfnrircs, à crnbrnsser le cliristianisrne

( son successeur, Pliilippe JI, les ciiassa


( 224 )

toiit-à-fait), avait bâti l'immense coiivent de l'Es4

curial qiii coûta cinq niillioiiç de diicats, i~xiisil

avait nl.issi fait condanitier h tnort, ;ir un tribiinal

de cliev:iliei.s, son fils don ~aryos, prince

qtii, dks sa pliis tendre jethnesse, avait trotive'

plaisir à 4traiigler des aniiriaiix icnocens, 3 en

conte~nl~ler les convtilsions de la mort, et avait

nierne voulii assassiner son père. Eiifin le maître

des pays où le soleil ne se corrc/lc? pas eiit

I'liiirtiiliation de se voir obéré de dettes qiii se

morttaient à 15omillions de diicats, m;ilgi-6 tons

les trésors di1 Péroii et du filexiqiie. et d'sire

obligé de faire faire en son norn, ]jar des erclisidsti711es,

iine collecte de niaison en inaison.

SO~ISC'harles et Xirnenenz, I'Eslmgne était trèsfloris$ante,ail

point de faire nailre le pi overl~e :

Dieu do~rrtedu pailr à Inarrger etr Espngtre 2

celui qrr'il artjte. Qiie celiii criri tleiiian~tece

qu'est devenii cet etat rosj16r-e acciise ce Philil)l>e.

rlrii enfin, en ijy!, bcviiicoilp trop tarJ,

nirn(liaiit d;ins son Esctiri;~l dorc'. voulirt par la

so~it;ine dii iiioinc, se gli~ser fiirtivement da~s

lc ciel. A Iiii siiccLdérent Pliilil~pe III, Pliilippe

IV, Charles II, importiiur: seiilerrient par leurs

ministres, et le dernier par sa mort, 1700.

La rélorine rie pénélm pas ~diis en Etitlie, en

Riissie et cil Tiirqiiie qri'elle n'avilit l)éii6tré en

Es,bagne et en Pow.tiigqI. taritlis qri'en Hotigi.ic

elle t:.oiivti ail moilis qi~elqiies p;irtisans isoléset

qiie la Priisse enti61.e I'dtlopia. En Italie, Rooie

eeritit le pliis viveirient les sriites de la réforine

par la diin!ntition des rentreesen argent clil reste

de l'Erirol~e. Gi-&goire XIII- ue piit iiiêinr. el1

I 582. faire iiciopter par les prolesttiiis, son calendrier

rectifié ; iiiisi;i cella-ci rz,t&rent-ils encore

lori<.-teinpc. coninie aiijorii.d'hiii les Kiisses, de

?

IO a 12 jo~~rs cn arrière des catlioliques et de 19


( 295

véritable siipputation di1 temps: ~cpendantles

papes réussireni à agrandir letirs Etats par l'adjonc*tioii

de Roiogne, d'Ancône, (le !laverine et

de Ferrare. Nai>les et la Sicile laug~iissaient sous

le joiig de vice-rois d'Esp:igne, joug qiii yroduisit

bearicoup de révoltes, eritr'aiitres celle du

l.&Iieiir ~liomas~niello (1647))qui fut très-con-

sitlérable, qiioique RIasaniel Io fiit eirfin battii

par ses prolwes partisans. Rlilan avait passé des

mains des Viscoiiti tlaiis celles des Sforze, mais

letir avait été i.el".is par Louis Piloron, qiii olliinia

unc giierre retloiiiable au sujet de Naples et de

Rlilan, entre 1'Allemagiie, la France, I'Espa~ne

Venise, et qiii finit eiifin par perdre Rlilan

aiii-I qtie sa libertt.'. Pliis tard, Cllarles-Qiiiiit

le c'oiiiia à son fils Pliilippe.

Veriise, après la perte di1 commerce principal

qii'elle faisait entre 1'Eurol)e et llIude,

et par le d;ingereux voisiu:ige des Turcs, retoiriba

de plils cn pliis dans rine aristocratie

ol)pressire, peritlntit qiie Gêiies troitvait daus

son (loge Antlré Doria, non-seiilenient le dus

grand atiiiral (le ce tcmps, iiiais aussi iin sage

1éSislateiir ; cependant la ronstitiition aristoeratic

lu^ de GCnes serait bientôt (leveuiie la rictiine

d'une contre-révolci~ion de Fieaco. rointe de Lüvagila,

(1547)si celiii-ci n'avait péri dans la mer

lorscli1e la conspiration roiiti-e Doria avait déjà

prescrite reiissi. La Toscane était parmi les Etats

de I'rtalie le plus florissant; E!at I;bt-e à la tete

diiqiid se troiivait la rit lie famiile de négocians,

fi's de celiii-ci, Fi-andevenu

plus célèbre


par ses relations avec la belle ~mpoisonnetrse

Bianca Cnpello, cliie par de graiides actions.

Celle inaison i.é;nn jiisqii'cn 17.37. Ide(Iii('11é(le

Siivoie arissi, ainsi qiie 1e Piéiliont, s'élel:i bcaucoiip

diirant cette période.

Eri Rii~sie, le griiiicl-tlric Vasilei prit, (le 1505

à 1574, le titre tlc czar ,le tolite les Iliissics. Son

fils Ivan f1, (1734 à 1384) le-Teri.ille, fut Iieurerix

et montra tle 1a priitlc~nce dans ses giierres

contre la Pologne, où en 1.572, la race des Jngel-

Ions étant éteinte, l'essai d'exercer le droit cl'&

lection pni. la noii~inationcl- 13erii.i 1S tl'Aiiioii

toiirnn inül, pitiscliie celiii ci prit la firile: contre

la I~iiliiiaiiie qui flit ensiiite toiit-h-Eiit re'linie

à la Pologne ;cctitrc la Siièilc qiii s'ét~iidaitoiijoiirs

pliis loin (III côté tle la mcr Balticliie; eiifin

coritrc les hlo~ols et les l'art;ii.es. Mhis il (:lierclia

ails4 i tirer sot1 Elnt de la riidesse asi:iiiqiie

à Iaqucile il se livra Iiii-niêmc soiiveut en nicttant

la in.iin à (les e~éciiiions à inort, on loi-scliie,

igiiorani le droit tles arrii>assatleiirs, il en ptinit

iiri c~iti n'avait pas ôté clcvant Iiii son clinpeait ;

il le Irii fit cloiier sur la tête: toiijoiii-s acctreillait-il

cles artisans alleii,arids, et fit-il faire

de nieilleiirs oiivrages cle loi imiir son pays. J~ri

Sybérie conqiiise par Jer~iiak Tiinofrljew snr iine

liostle de rosacliies, cliycrse'e en i.ci78, et (Ionnée

aii czar, le pfris gi-and prdserit qii'ait jamais filit

iin bripnrl ; les conqiiêtes faites dans ce!te piovincr,

avaicnt déjà pnrt'son Empire à iine étendiie

de i4o.000 milles carrés. La maisoii ~iirik

s'c'teignit avec 17cotlor (1 598); ensuite vinrent

les teinpsorageiir de Boris Gl~otliii~ow et (les

faiis D&iiic'triiis aiixqiiels init iiisensibleiiient fin

la maison Rom:inow, ;ippel&e au trône par 1'4-

lection cles grands en 1513.

Les Turcs eurent leur grand siiltanSqlimae II


t 927 )

'1520!1 I 566).qui reprit la Syrie. renversa Intfornination

(les Alaiiieliicksen Egvpte, prit HIiotles aiir

Ilnlirns, concliiit Btilgratle, L;,tiit près de Alohacz

Loriis II. roi de Hongrie et de BoliCnie, aasiégea

Vieiine en 1529, niais rie pst rieii, malgré viitgt

ri?sai,ts (ontre le brave Nicolas <le Saixn.11 ne pal1-

vitit pas nou pliis j. prt~ridre l'île de Rlnlte qiie 46-

ft+iitl;tila briivoiire des clievaliei-s (le Saiiit- Jearr

oit rle Alalte qtii. (le Rliodes s'y ét.iieul trans~)ortés,

d~ltitis1529, et ce viriiu liou uioiii.~it devaut

Sigrtli. pi1 Hongrie, oit Nit.ol:is, coiiite (le Zriny

PP sacl-ifiii 11éi oïqireiiierit ]>oiir son cmpereiir.

Drl~tis lors la Tiircliiie ii'oifre 1)liis qiie des gouvevnriiieus

faibles sortis tlii Sontl (111 sérail, la

niilice iiitli.(*il)liiiée et 1,ei'iri::tienie (les janissaires.

ln pei.fidie (les lia( Iiüs tl A3ie tlt cl'Afriq1ie ct

iliie tlec;ideiic-e visible (le 1'Etrit. Les deiix Etats

il(* pi*.att.s foiidr's eii ASriqiie par Jeiix fils de

Potiers, 1,ovak et 1luyr;itliti R;ti.barossn, se ti-oiivaieiit

en cliielrliie sorte en vasse1;lge d;ins leiiis

rap~)oi ty arec la ~ ote.

i Yoiir la ti.oisièiiif fois

I'lii\toire rt+pi.és~~iie 1111 grand royaiime (le Pei re;

cal- al11 ibs qiie le ])rentier prit SII(~I*OIII~L!SOUS

Alexantlre. Ic <letiaii~inr: soiis RIülioiiiet, I~tiiiiel

h i . tlrfisrriirliiiit d'Ali. geiitli-e (le BI:tliuiiiet,

fontla eii 150 1 lin nouveaii rotaiinle tlc Perse qiii

lti.oti\ait (i,iiis I'tSkrit le l)li;s pro31,Gre soiis le

frstlrii itle Abbas (158 5 1629). el qiii eiit Ispa-

Iiiin I'oitr rC idi III E. T>restluP PPULI~II~ le iiiênie

t'iri))s qiie le uoiiveaii 1-o\aiiiiie (le Perse, le

ro)iiiime tlti Gi.eiid. Rlogol itit Sont14 tlniis l'Inde

Par B;rl,irr, drsc.enrl;in t (le Tiniiii-. 1,'eiiipire (le

0()111iI II~\*iiiiicitpar Iiii, el son petit-fils Akb-ir

Y hjoiiin Delran : mais l'élaf iloi.i~satit(le ce

l'o\iiiimr8 ii'eitt lieii qiie soiis Aiireiiz Zeb 011

Alllitiirllir ( 8 6i8 à 1707).

Pt yd ,t~tces évéuen~ens,l'état dcs çIioses avait


pris cn Allemagne 1111aspect si singiilier. le niécoi1

tentemen t récil)roq!ie entrt: les catlioliqiies

et 12s prolcst:riis avait tellement augnlenié. qii'il

ne fallait l)liis gti'iine éliucelle sur ~ rttematière

combiiatible polir alltitner iin grand inceritlie.

Fri.dinoiic1 Irr, fi*èi.e de I'eiriyereiir ~liarles (1558

à 1564), él;iil à la ve'rilé assez tolérant envers

lessiijeis Iiéi-étlitnires proiestans de son royaiiine,

ct deirignda ii18me :III pape pour les -411 triclijen~

le calice clans 1'Eiicliari;iie; oii alla iriêrrie lits-

( ri'à croire Masiuiilieu II, sou fils (1564 à r '3 6)'

<liiPoïL: à pisset. ail protetantisine : inoiî ir en

fiit Loiit rii~treirieiit so~is son fils Rodoll)lie II

(15 6 h 16~2).elève (les jésiiites, astrologiie ct

;ilr~iiiiiste;?on propre fri:re I\liitliieii, ;iiilf de

ses siijeis protestans gîigiiés par dei lib&ralitt!~,

Iiii ôta eiifin ln yliip~rtlc ses provint.es. Dails

cette sitii:,tiori désespérée tlont les jésuites ne

gireiit lt tirer, les Etats iiirnijiii~tiqiies (le-13

oliCine liii ari.acllèrent, par une lettre appelie

fetfreJe majrste', l'exercice de Iri religioi~ et le

droit de ]).;tir de uoiivelles églises et (le noiivelles

écoles. En inêmc temps il y eiit en Alleiriagne

dciix gi.iintIcs fe'tldiïiiions aririees rlni se trolld

vèi-ent en préserice; I'rine, 1'CJiiiori pi.otcstünleq

soiis I'é'lecteiir Fr&tle'ric IV. (III Pal 1tiii:it (rtio8);

l'aiitre, 1:i Lislie cntl\olitlrie ( Gog), soirsiin 1)i.inc.e

égaletnent tle Vittelsb:irli, le tliic Rliixii~iilieii (le

Bavière. Rlais iine 6pc'e rt-te~init enisore I'aiitre

dans le foiirreaii, et llo~lolplie iiioiirii t en 16120

RI;iis loi.scliie RJîttliieii eiit été e'lri (itir 2 à 1619)

ernperelir 5 E'ranrfor!, et qiie, se iroiivaiit sali"

eufa:is, il eiit m;inife.stt! I'intentioii (le III-OCII~~~

la siiccessiou ail ti-&-in tolérüii t tliic k'ertlin:ibd'

de Steiernai-k, il y eut iine grande ferinent:ition

parini les protestans.

Dans cette sitiiatio~, dans cette dispositio*


( 2% )

d'esprit des detix partis, il arriva en Bolième lia

emp6cllei:ienl h la coristruction d'iin temple protestant

et la fermetiire d'iin autre.Les Utraqiiistes

portèrent cles p1;iinles en invoqtiant la lettre

de niajes~t!, mais ils obtinrent une rdponse trèsdéfavorable;

ils s'assemblèrent dotic en armes

aiitour dii comteTliiirn qu'ils yrirentl~oiir cfief,

pénétrèrent 5 Pragtie dans l'liôtel (1ii goiivernerir

et précipith-eiit, par iine feneire dii )reiiiier

Étaje, les conseillers royaiir. hlartiiiir et balvata,

avec itn secrétaire. Ces lioiriines eiirent l'éionilant

bonlinur de ne pas être blessé, et (l'écliapyvr

(23 mai 1618). Qiii aurait pensé qiie cette

exéciition vraiment boli6mieune serait le prélride

de trente effro\alles aunécs (le giierre? Les Bo-

Iiéiniens cliassErent aiissitôt les jésiiites, se IigiiSrrnt

avec les l~rotestaiis (les aiilrt~s Etiits de Rlatliieu,

obtinrent, soiis le com!e Ernest (le Rlansfeld,

secoiirs de l'iinion, et élnrent eiifiii poiir

rüi, après In niort de RJatbieii, le Iioiivenii c.11ef

de l'union,. l'électeur Frérléric V dii Palaiiiiat.

De son côié, Ferdiriand tlo Steierniark réiissit à

se fairr élire empereur, à Frnncfort, et se li;;iia

avec son aini de jeiiuesse, Rlaxiinilien de Baviére,

conime clief de la ligiie, et avec d'aiitres priiices

all,smauds, ni211ie protestnos. hlauiniilien üttii(liia

alors les Boliémiens et les battit d'iine manière

dc'cisive le 8 noveiribre 1620. devant les 1)oi.t~~ de

Prtigiie, prPs la Bloiit:ip~~e-Rl;inrlie; le roi Frédéric

se rdfiigia .en NulInnde. Alors Ferdinand

fit son entrée à Prague, déc.11ira la lettre de majtrstd,

ramena les j&siiites, cliassa les prc'dicaieiirs

protestans et fit éclater sa vengeance (i;ins des

exécritions, datis des banisseineiis, dans (les confisc.ations

(le bieiis, etc. L'iinion se tlibpersa (l'ellenieme

; Maximilieii occtipa eiisiiite militairenient

Le fiptt-Pülatisat; I'espc?~a~l Spinola eu fit

29


( 250 )

cititant di1 Ras-Palatinat, et Per(tinan(1 donna enst1itt-j

à- son üini, Maxiiriilicn (leBavière, les pays

de Frdcidric, mis nu ban de I'Einpire, contre toi13

droit et tortte justice, et il y joiguit la dignité

d'électet~r;niais il clorina les cle~iz Laiisitr h l'élecletir

Jcan .Georgei de Saxe, pour reconwiilre

lesi services clii'il Itii avait rendris.

La.çrierre atirail aiiisi été terininée si l'exrtme

de Fi.6déi.i~et de la Boliênie u'crrait doilnt3

laime me à une foiile cle princes et 5 toiis les pro.

te-tans. C'est poiircluoi le roi Cliristian IV, de

Cüiieinarck, crrit, en sa qtialitd de cl~ef(te cercle

de 1:1 Büssr Saxe, devoir prendre parti pour les

]>roiesinris. Mais à peine s'était-il inontrc' en

canil*agiie, qu'il se vit tellement battit près du

WariOvrc 1)rirle géoc'r.al de 1:t ligiic, Tilly, ct 1,ri.s

de 1,ritliei. :il1 Bareiiberg f i6ab) ar le Géiiéiril

iinpCrinl, iTalleosteiii, qiic tour & cercle de Id

Bitse-Saxe. cle iriêine qite Ic coiitincnt du Daneniarck,

ioiiiba aii poiivoir (les iml:ériaiix, qiie les

diics'(lk Mtbklenbotirg cdcnt le 1):iys fiil dotiaé à

Valerislrin) fiirent niis :ILI ban, et qtie Cliriskiitn

se vit forcé ù'abancionncr, clans la paix (le Lii-

belr (iG)c)), Irt carise des protedans. Mais voilà

qiie ~ei-ditilincl II, eiiivrt! pitr In victoire et escite

))ni. les jr'stiitcs, sc prti'aente avec le cé1;bi.e

dilit de-restiltition (iG*)g), el1 vert11 <Iiiqiiel toits

les biens eeclc'siastiqiies confisqiiés (lepiiis le

trait6 (le Passati (2 arcliev6cliés, ia év6cliés et

iine fotile cl'aiiti~es iiistiliitioiis, des nbS;iyes et

cl& coiiveiic) devaient Gtre rentltis en mains eccl&~iastiqttes;

les rdlormés devaieiit $ire exclils

cfe In pair (le religion et les stijets pi.o~ehtans!de

princes cnilioliqiies devaient êti e rnirienC.~ a11

critliolicisiire. Cet édit diir, et III ~iiotiiei.e impi:

io~hleavec 1:iyiielle on coinmenfa le mettre a

mécution, rcinrreql de pguvei\ii les armes aux


( a31 )

mains cies yrolcstrins. l'îlais il est fort probable

que Ferdiitancl ne s'attendait pas à rine vive ré&

ristarice, car il accorda la destittiti~n deValcnslein

dont l'armée et son propre orgiieil pesaient lolirderrien

t siir lesairiis comnie sur les ennctriis. airisi

qiie ln clis;olirtion en grande parlie de!'ai.inée de

ce ge'néral. R1:iis si en effet il s'agissait de I'rxisleacc

dit yrotcstniitiinie, iin priiice dont le trône

reposait sur le pi-otestantisme et en dépendait;

cio lbriiice jerme, m:ik eq~ériinen 16 daiis In gtierre,

Giistave-Aclolplie, de Siiède, enfin, iie pouvait

pas Ic laisser s'éteiurli.~. Nous avons d4lR vri

qu'en France Ricl~clieri l'avait aussi exliorlé à çe

combat; ailsri Gustave (ICblrqria le 24 juin 16 ,O

sur les côtes de la Poméranie avez iine aririee

pet1 nonibreiise, miiis él,roiiv6e, réiiistalln les

diics de hlekletiboiirg, forsa les princes de la Poménnrie

et tlii Brandenbottrg à entrer dans tine

ligiie, et clinssa les iinpc'ria:ix devant soi en 1011s

les endroits. Le c1)ancclant prince Jean-George

Je Saxe, ineiiacé également (te ~ ~rès par les Siiédois

ct les iinperiniix, fut enfin oblige' de se <léclnrer

pour les premiers. Alors le roi de neige,

c'est aiiisi qii'on appelail Giistave-Acloli)lie, donnci

à penser à la cotir de Vienne, car jiisqii'h

1"esent Fcrdinûnd II s'était conlei'té ile dire :

vt)ilci encnr.e rrtl petit ennemi rlutlt trous nuojzs

grat@C:s. L'liési~ation impolitiqiie de la Saxe

cn~isa à la vérité la perte dc Magdeboiii-8, car,

prise i'assaiit par Tilly, le 19 mai 1651,et le

feli 1 "vaut été iriis. probübleriient par Pappenheim

seul, cette ville ftit livrée nt1 pillape ]>endant

pliisieiirs joiirs. et les liabitans prntestnns,

à cles ninr: vres liorrihleç. BIais le clliliment attei-

Vit lieui6t les incendiaires; car s'ils acciipérent

eiiïore L~ipsig,,ib fiii-ent coml)lttcmrnt

battiis sous Tilly, pres de celte villii, à BI-eiieale

7 septembre 1631,


( 239

Cet dvénement changea tout d'iin corip la situation

(les affctir-es ; car il n'y eiit pas d'armée

nouvelle assez grande polir empdciler le maître

di1 nord nlleinnnd de pdnétrer Jans le sud cjui

se troiivait à dc'coiivert. Jeaii-George pe'uétra en

effet en Boli6me, Giisiave-Adolplie se dirigea

lui-même vers le Rh, et de là, se retournant,

il entra en Ravière, aprEs que Tilly eut, par le

sacr.ific.c de sa vie, vainement teilté de liii ciispiiter

le passage (lu L~cli, Depiiis Breitenfeld, la

fortune avait quitté Tilly, ce vaiqiierir dans 36

combats, qui ne s'est jamais approclié d'me

f(.mrne, qiii n'a jamais été ivre! Augsboiirg,

Lanclsliiit, Municli elle-mênie, toutes ces villes

virent le vainqueiir suédois dans lerirs miii.s,

indis ~arloii t il agit avec graiideur et liiimaiiité.

Daiis ce danger pressant polir ses propres pays,

Ferdinaud s'était déjà rappel4 Valenstein qu'il

avait renvoyé :celui-ci faisatit le prince clans ses

biens y dei-rieiirait p-tisiblemrnt. Mais ce ne îut

qu'à des conditions onéreiises qti'il consenlit à

former ilne noitvelle arinc'e et h la condiiire contre

les Suéclois. II eiit I~ientôl iine arniée de

50,000 liommes, ariiiée dont il &ait le soiivarain

et q~i'il powait appeler sienne. Mais plein de

liaine contre Maxiniilieu, il ne se dirigea qu'avec

lenteur conlre les Siiétlois qiii étaient en

Bavière, se retranclio vis-à-vis (111 roi, près de

Fiirth et tle 1Viirrriberg, et soutint avec bonlieur

iin assaiit de l'enneini. Il se porta ensiiile en

Saxe ; Gustave-Adolpc, conjiiré par l'électerir,

l'y sitivit et s'opposa i Valenstein, à L11tze0,

près Leillsig. Le IG novenibre 1632, orrrvn la

mémorable bataille; Pappenlieirn pdsit ;Valensteia,f!it

coniplclem~nt battii, mais iine piiissance

superieure avait vaincil le héros sué~loi~. I;r?ppe

par ilne balle partie, soit de l'armée ennemie de


( a33 )

laqiielle il s'était trop approclit!, soit de l'arme

du duc Francois (le Saxe Laueiiboiirg rii I'ac-

Comyagnait, >e roi graiid et pieiir tomta, non

loin de la place où ;iujortrd'l~iii encore la pierre'

siiédoise, d'une éloqiience muette et coiiverte de

moiisse, rappelle le Iiéros cotli-onné. filais avec

sa niori, soli œiivre ne périt pas. Soli ami le

cliancelier Oxenstiern dirigea de son cabinet les

opéraiions de Bernard, de Saxe-Veirnar , cpi

teiiait la campaçiie. Raner, Vrangel, Horn, Tortenson

et Kœuigsmark etaient sortis tout forinés

soiis un maître grand comme l'était Gustave.

Mais iiiallieiirerisemeii t, avec l'absence de Giistave,

manquait aussi l'âme de tout; siirtoùt

quand le chancelant &lecteur de Saxe ne-voiiliit

pas marcher soiis les ordres d20xtenstiern; il

quitta les Suédois lorsqiie ceiix-ci eurent perclti la

bataiile sanglante pres Nordliugue (7 septembre

1634), ct passai l'eiiipereur, à Iû paix de Prague

eu 1633. Diais Valcnstein avait déjà auparavant

qi~itté le tlicâtre de ia giierre, et if ne l'avait

pas fait volontairement, Il ~araît qri'il s'agissait

])Our lui de la possession de la BohCine oii de la

fiIoravie, et pour les arracher à I'enipereiir, il

Pensait i tine alliance avec les Siiédois. Cette

allinrice e'tait-elle déjà concliie ou non; il in+

Portait peu pour Vienne ;Ic soiipcon existait, et

coinme on ue poiivait le prendre vivant, qiiel-

~[~~~-LIIIs de ses gens l'assassinèrent (25 février

1634). Un voile couvre son iniiocence oii sa ciil-

Pabilité; ce qui est certain, c'est qu'il était un

disciple sauvage <l'iine époqiiî sauva::, riiùe;

c'e'tait un Iiornine polir qui il ri'y aiiriiit pas cil

place dans le coiirs ordinaire des clioses.

Après la bataille de Nordliugue, la cause de

!'.f?ml)ereiir parut la plils lieureuse, sans Iû politl(~rie

de Richeliuu qiii avait déclaré la giierre à


( 234 )

l'Espagne ;rien ne poiivait être pllis favoi*able

ailx iutéi.&tç des proi.esl;ius dc I'Alleniaçiie. Mais

lorsqtie le duc Berriard de Veimar crut avoir

avec la possession de Brisacli contiiiis celle de

l'Alsace, il nioiiriit ci'iine mort subite qiii donna

à penser. L'etnperecir Ferdinand 11 éiait niort

deiix ans aiiyairrvant. Son astre fiit brillarit à

son aurore conime à son declin, et cependant

la victoire ne s'était pas encore toiirnée de soi1

côte d'iine mauitirv stalle. L'empereur Ferdiniind

III ( 1637 à I 657) lie contintrait la guerre

que parce qu'il ne yaiivait pas convenablenient

la terininer ; car chez lrii 1'iriRtit.rice de 1'Espagne

et des jésuites éiait moins forte. On commeuca

à voir qri'iin parti religietrlr ne parviendrait

pas à opl~riirier entit'reinent l'autre ,

et l'ou rie continiiait à se battre que polir

enlreieiiir les armées aiix frais des étrangtirs,

et polir pouvoir :,e ddoiincr plus t\'inq>oriance

deus la conclrision de la paix. Géuéralement

les Sué lois et les Fraiicais étaient depuis loi's

les plus Iieureux; ils &taient inême sur le poiut

de prearli.e I'empereiir (1 640)' et la diéte réiinic

à Katisbonne piii. Torteiisou, miilntle et

pourtant vif coinine l'<clair, ils avaieiit fait

111-eut1i.e Oliniitz et menacer Vienne même ;Torteuson

avait cie pouveau battu les impériaiis

sous Piccolomini, près Breitenfeld (2 novembre

1642); il av,iit de noiiveaii fait des cxcrirsions

jiiscliie devant Vienne , et tout-a-co:~p s'&ait

moiitr6 Siir les côtes de In mer Biiltiqiie polir

1)iiuir le Danemarck de sa jalocisie des victoires

de la Sitticle (1645?i 1644). Enfin la Saxe, vivement

toiirineirtée, fiit forc6e de faire iinc trht

avec les Suédo;s (1645);.de même, ~lüxiniilien

de Bcivière ( 1647 ), mais celui-ci la viola

bientôt, et eut à supporter tolite 1s colère de


( 2% 9

Vrangel et de Tiirenne. Mais ln guerre ilévait se

terminer 1À oii elle avait commencé. Le 25 jriillet

1648,Konigsmark prit À l'assaiit u~i côté Je

Prague et se disposa 3 l'attac~iie tle la partie de

cette ville appelée la ville vieille, lorsc~ii'ciifin la

parole de paix, vainement aitendrie depuis 50

ans , retentit de Vcstphalie. Que dc millions de

victimcs de cette giierre qui ne piirent plus entendre

cette parole !

Après qu'on eut néaocié depuis 164i 5 Ilambourg,

et depuis 164.35 l'tliinster et b Osnabriik,

la paix fut conclue le 20 octobre 1648à Munster

entre l'Autriche et la France, et à Osnrtbri~k

avec la Suède. Ces deux traités n'en formèr~nt

q~l'un, celui de la paix de Vestphûlie, qti'op

Voyait bien dictée par (1:s tetes coiironnées, ati

ut61 par la France et la Suède. Car oiitrc que

P1

a paix de reliçion ù'Aiigsbourg f~it re'pétuz et

étencliis aux réforinés, et qu'il fiit accordé à toiis

les r rot est ans la liberté el regalité politi([tie et

religieiue, qrie 1624 fut fixée ouc etre l'année

no&alc des restitiitions. qii'i! devait y avoir

rine amnistie générale, A l'exception de In Bolidme

toutefois; la France s'agrandit (le I'A41snce,

Jii Siindgau et cle Brisach ; la Suède obtint la

Poméranie ant&rierire avec l'île dc Rilgen et iiric

l;artie (le la Poméranie post&~.iesre, Vismar,

rêine et Verden avec le coniiilerce de l'empire.

Ainsi tous les amis de 111 Suède et de la France

ftirent proporti~~nnellementindemnisds ; ainsi

Cliarles-~oiiis,fils du iiiallieiirenx Frc'cle'ric V,

ftrt réinstallé avec une Iluititnie dignitc' électorale

clans le Palatinat inférietir ori di1 Rhin. Maxiniilien

obtint Ic Haut-Pa1atin:it. Inclépindaniment

de cela on coiifirma aux Etats allemands la

Sorivcraineté exercée par eux Jepriis long-temps;.

l'in dépendance dc la Siiisse, dc l'Allemagne et


( a36 )

-celle des pavs bas (le l'Espagne, fiit généralemeut

reconniie. Les siiites de cette grierre frirent trkstristes.

Dans plusierirs pays la moitié de la poptllation

avait p&ri par le fer, le feu, par la peste et

lii famine. Le bien-être se trouvait abaltii avec

des milliers de vil'cs et de villages, et poiirtant

il fallait exiger (le nouvelles contribiitions k

carisc (les arine'es perinaneiites qiii devenaient

alors plris coiiirniines. L'Allemagne était alors

iiiie confGtlératiori cZ'Etats. mais oiiverte .atissi à

l'iiifluence dtraiigére. siirtoiit à celle (le la ,Francc.

Le commerce aiissi était riiiné (le manikre

q n ~de I'Anse;ite, aiitrefois si floris~ante, il n'y

alait pltis qri'tin bible reste à Brê.xie, A Liibek

et à H:irnbaiirg. Enfin c'est tle ta guerre de 30

ans que date. srirtorit cii A:femagne, la décadence

des villes aritrefois si )rospéres.

Trois é joqiies s'offrrnt <fans la giierrc de 30

ans; dans la première, I'biitriclie cornl~lèiemeiit

victorieiise soumet toiite l'Allemagne; pendant

,la seconde, les Siiéclois sont victorieils : dan< In

iroisirme, la victoii-e est pliis incertaine. Les

grands Iiommes sont : en France, Kit lielieit,

Tiirvnne, Conde': en Aiitriclie, Tilly, Valenstein,

Gallas, P;ccoloinini, et en Suètle, Gustave-

Adolplie, Baiinier, Torstenson et Oxensiiern.

. Pciid:ir't la période <]rie noiis venons de parcoiii.ir,

de 1492 1 1648, ies sciences, les arts et

'ln culture intlitsti-ielle, soit teiiiie par iine foiile de

noiivelles inveutions, ont mnrclié d'iin pas rapide.

La iiiére des sciences, la pliiiosopliie, s'&

carta toiijoiirs p11is de son anliqrte carrière scliolnslico-ari~totélic~iic.Rlui-e'tiis,

Heiiri Etieniie,

Casaiibon sc ~)re'st*nteiit en preinièrc ligile parmi

.les Francais ; l'anglais Bacon rlc Vertrlani, 1626,

ramenii I'e.;périenre. Cnrteiins 1650. Spinoza

-1677; lui doniièrent une fornie matliématique


( 237 1

plus sévkrc. Pierre Ramiis mérita bicil poiir ses

travaiix dans la logique. Jean Reiicliliii 1522,

Eritsnie de Rotterdam 1536, Camei.ariiis, Fa:

ber. Glassilis, Freinslleiin , les Biixtorf, paririi

les Alleniands; Riidacus, S nliger, Lipsiiis, Vossius,

Heiusiiis, Sclirzveliiis, Rleiirsiiis et les Gronoviits

parmi les Hollandais; Coniacl Gesner

dans la Suisse; les saviiis imprimetirs Altliis

Pilis, Paiilris et Aldiis Maiiiitius en Italie .enfin

Ricliard Crociis en Angleterre, 1)oiisl;èrent très-

loin les travaux

pliiloso~~liiquc~s. Les sciences

m:iiliéniatliic ues et naturelles firent des progi-ès

linmenses ; \'astronomie par Copernic 1543,

Keppir3r 1650 à Prague. et Tliyco de Hralié

1601, Galil6e 1642. Cnrdaiius inventa I'algèbrc

,Reinesils Gemma , la planclleite, Liitlolpli

de Kctileii iGio, le nombre qui porte son

nom. Conrad Gesner, Agricola, ies tleiix Janse,

inventeurs dii microscope, O I to de Giierike

1630, invanteiir de la ma, liirie pnciimatiqiie,

Nriy gens, cle i'liorloge à pendille, firent fleiirir

les sciences natiirelles. Toricelli. 6lhve de Giili-

Ic'e, inventa Ic bai-omi.tre, et Lar~rence Drrbbel,

aiiglais, le tlierinoniètre. Pour ce qiii regarde

proprement les sciences dites iles fiicriltés, la

ihéoiogie. la inédecine et la jiirispriidcnce , Li:-

tlier, Calviu, Rlelancliion, Spalatin, Fabriciris ,

Tliéodore Beza, Arncls. Hiitten, l'espagnol Ximenés

se distingiièrent dans la tliéologie; la polyglotte

d'Alcali de Ximen6s fait ct'poqiie ; daiis la

médecine se distingii&rent Théopliraste Pnracelsiis,

Glauber, Falopiiiç et Vesalius ;l'anatomiste,

Harvey. qui découvrit la circulation du sang,

iG37, et S -denliam. Albini. etc. Daus la-sciencc

du droit :terenbek, Haloander, Ciijnciti s, Gotliofredus,

Hiigo Grotios, 1644,Alciattis. 1550

8tryk. Daes les sciences bistoriqiies, surtout


( a38 )

dans la cl~ronologic se font remarquer Usserilis,

1655, Peiav 1652, Calvisius, Scaliger , ~553,

Alo siiis et Autoniils Lilius, rétlacteurs dii ç;i-

1en(rrier Grci'gorien ; clans lart n16ine d'écrirc

I'liistoire, Carion, Reiticrliç Reinecciiis, b1t:lanclitlran.

Sleidan. les centiiriateurs dc Rlngdeboiirg,

Ma~cliiiivelli et Griirciarcliiiui. Le uombre (les

Universitc's s'acrriit aiissi consirlérableirieut à

cette épocliie. Wittemberg 1502, Fraucfort-siil--

l'Oder 1506, Genève 1521, Alcala 1515, Marbourg

1527, Ziirich 1528, Kwnigsbrrg 1544,

Iéna 1358, Olinutz 1367, Leyde 1575, Helnistadt

1376, Eclinibourg 1580, Allilorf 1581,Bariiherg

I 50 i, Diillin r5c) i, Gicseii 1607. Ilin tclii 1621,

Abo iGi;o, Dorpat 1650, voila qiielques-unes des

pliis iinporiantes de ces Universités.

Piirtrii les arts, In poc'sie et la peiiitiire se troiiveut

à celte éj~oqiie au premier rang; taules les

derix particu1ié.reinent ciiltivées en Italie. ~?LLI.II~~

les poètes, nonirnous Rabelais, Arioste avec

sou Rolaiid fiirieiin 1533,Le Tasse 1595. avec

sa Je'riisalem délivrée , ie célèbre portiiçais

,Camoëns 1579, aiiteiir dc la Loiiieiatle, I'espagnril

Cervaiites 1616, aiiteiir Je don Qiiicliotte

; Lope tle Ve;.a, aiiteiir d'environ 2000

draiiies: Y. Caltleron , Koclianowslci , le Piu-

d:ire polonais, 1584, les Alleirritnds ont Ulri(.l~ de

Hriiteu (les c.yitt,lœ obscur. virw~trrt, piibliécs

par Iiii, et dftgsta, tfoiveiit soi~s un certain rapport

être mrniionnés ici ) ; le cortloiinier de

Nureniberg. Jean Siictis 1576, Rollcnliagen, auteiir

de la Boiicliede Grenoii~llc, Sébastieu Brant],

aiiteiir dri Vaisseaii des Fous, Omeii 1622, Rlûrtin

Opiiz 1ti79.Lopii iG5.5 ii; l'anglais Blillon, aiiteiir

di1 Paradis Perd11 1674. Btittler, avec son

Hurlibras, est celrii qiii plane aii-4essrts de tous,

çii;i!aunie ~fi&es]lcar 1564, jusqu'en ,616,


d9 )

Parmi les peintres se distingiièrent en Italie,

oiitre RapIiaëb, Rlicliel-Anse, Corrège, Tilian,

ce peintre mallieiireiix, iiiodcste et oiirtant si

pnil, Ciiido Rend, L6oiirrd de gnci 1520,

t~ugina1524, et les Carncci. Parmi cetix des

Pays-Bas , cn~trc Jean ct'Ek, it 7 eut. Pierre-

Paul Rubens, Nceh, les Teniers, Jordan, Ant01r

Van-D\k, le roi des peintres de portraits,

de 1'Ecole fllatnatide; Lucas de Leyde, Poeleirsbtirg,

de fIcern, Voiiverinana, et avant tous.,

Iteinhrandt, etc. Pnrnii les peintres allemantls,

il y o à citer Alb. Diirer 1.528; LIICPS Kraiiacl1

1555, Jean Holbein 1554, Elzlieiiner, etc. L'ai--

cliitectiirs fui perfectionnée ge'néralement deiprès

des mod&lesnutiqiies, en Eran1.e par blercier

et Wansnnl; en Italie par 1Clicliel-Ange,

Eaniniante , Efarozzi, Palladio i 58a, Fontana

1607), eo Eernini ;en Espagiic par Covarruscar,

LIerrcra, Batiista dc Tolhtle.

II y a à citer ici püriiri les inventions et Iris ink

stitiition.: iin )ortanies ;_les joiirnaiis (lvnt l'orii

ginc est de \ enise iafw ;et clout le noin rient

de la peiite j~ihce cjii'on donnait polir les lire,

Gazettu. En Allemagiie, le joiir al CIPFrancfort

a coirimencé rn 1615;eusitite l'iiistitiition des

PO-te.;, srirloiit Ior3qiic le cornnierce s'acçr~it et

11.8les vovageiirs el les iioitt Iiers uc piirenl plris

soigner toittes Irs lettres. Loiiis XI ,roi de

France, institiin les postes A clieval lors de la

pierre contre Cliai.le3-1 e-Témtt'raire. Le coiilte

Rogc.r (le Tliiirri et Tassis institria (l'aborrl dans

le Tyrol. ensiiiteeu 1516 de Briixelles. à Vienne,

~ne-~loste, et iiiie poste (le I'ernpirc fiiisaii (en

1522), le service dc Niirembei.g à Vienne. On

ft.appn les ~)reiiiiers bntz. ( iiiotinaie tl'Allemagni*)

à Berne, ilortant Ics aienies (lecette ville, iin

ours (baetz) et des e'ctis (iliüler ), daus le


( 240 1

Joachimstlial , en Bolleine , t 5'7. Nancius inventa

en 1542, l'art de graver 5 l'eaii forte les cadrait~,et

Obizzi, vénitien, cclui de graver sur des

obiisiers: les Siiéclois se servaient cte tiibes d'airin

miuces, entourés de cortles et #le cuir en guise

de canons ; la yreniiiiré loterie ( que n'a-t-elle

éié eri même temps la dernière!) a Gié tirée, à

ce qu'on dit, potii. 111 preniière fois, en 152 1, à

0sn;ibrcick. Cevalliiio itivenia le seinoir, el Loratelli

le perfectionna. Le tailleiir de pierre. Surgens

de Volfenbrittei iriventa en 1580, leroilet à

filer; Barbara Uiliinann clans 1t.s montagnes aux

mines, en Saxe, inveuta le niaillet ü dentelles;

Dobsingcr fit en 1561, le fiisil à vent; Janbrn, de

MitlelLoiirg la Iiirietie d'approclie :1;i c.loc.l~ede

gei~rIiit inveritée en 1538 ;le yremiei* jartlin

P'O" ~ot~iiiqiie ftit fait à Piidoiie eu 1333; I'afiuerie

de sel vn 1379, à Miinlieiin. En 1624 on inventa

le papier !iiiibré, et en 1650, le jésiiite Kirclier

inventa la lrarpe éolieniie ,le c.oi.net acoustique

et le porte-voix: Martin Beliaiin de Niirtiniberg

fit le premier globe terrestre, siir leqiiel se t~ouva

éqaleinent I'Amériqiie: son cornl~atriote Pierre

Helé invcn a en 1 ,40, les ri~outres, appelées les

wufs de Niireniberg. On croit cliie c'est en Es-

])asne qu'on rominenca à tri< oter : que cette

invention passa de là en 1561, en Italie. et 1564

en Augirlterre. Ce n'est qu'en 15% clii'on trouve

des luétiers de bonneteries.


MODERNE.

Cotnrne la France et la Sitède étaient sorties

victorieuses et avec des forces JJIIIS gn~n(les.de

13 giierre de 30 ans, l'liiatoire cle l'orienr et de

F0i:cident de I'Eitrope se r;iitaclie aitssi e en da nt

10iit le 15" siècle à ces clet~x rovaiiines. Ce qile

la France ébtit (Ieveniie. elle en é~aitretle\~;il)ie

1 son grand et bon roi Henri IV; atir araods

blinistres qli'elle avait eii Ric-l~eli*~ii sous Louis

XII[, et en Mazarin soiis Loiiis XIV.

Loti is XIV ( 164.5;i6$), avait cinq ans

Lol~isXII1 triolirlit. C'est pentl:int In minorité

'le ,ce prince ql19~vait été roncliie la pair (le

westp1ia\ie. H ~ I - ~ la S vit.toii e du grand Conde

SiIr les Esi)agnols et Ics Iiiil~ériatix. Anne d'Ailtriïlie,

mi..re (iu roi et répute dl, royaiimr, confia

toiit le soiil cies af:lire.; ail carilinal filnxarin, .*on

fdvori, élevé par ~iflie[ieti. C'était lin linmme

adroit et soiiple, qtii faisait drl Oecpoiisme avec

'les riIse+, et qiii srniblÿit regarder l'art de régner

conjme rart de faire des dupes. Pendaiit la

minorité du prince, la guerre entre la France et

21


242 )

l'Rspagne avait continue; la paix des Pyrénées,

~wécédc'e de pliisierirs victoires dcs Franci~is,

termina cette giierre en i659. La preinihe condition

tle cette paix flit le iriariage de Bilrrie-

Tlierèse, infgilte d'Espagne. avec Loiiis XIV.

Alors aussi la France fut troiibl6e par la giierre

dite de fnJi.ottrle, cxcitée par le piirieiri &nt, soiitenue

par le cardiiial de Retz, les priuccs tle

Conde, de Conti ct autr es personnages iiinrqrians

de l'&pocliie. Il y eut uue bataille dnus

le faiiboiirg Saiut - Antoine ,entre Turenne?

qrii commaudiiit l'année royale, et Contlc! cl111

était h la t2ie cles froiitleurs; R1,tzariii. obligé de

se retirer deiix fois, finit par triomplier tlc ses

ennerriis et contiaira cie gouverner la Fra~i~e

jiisc ii'à sa niort, qui arriva eu 1661. tors Loiiis

XI+ scd6clai.a niajeiir et se mit j. goilverner Ilsr

Itii-meirie. Il placa Colbert à Iii tête des finances,

et alors coirinienca réelkment. ce révie si

long, si glorieiix pour la France, et rempli par

cfes grierres presqiie con~intic~lles et des victoires

éclatantes. Lotiis XIV ~~iiliit Gtre I nioiinrcjile

le pltis puissant del'Eilropc, et, secondc' par cles

Iioinines siipérieiirs clii'il eiil le talerit de clC*:otivi-ir,

il y réiissit. En 1667 il déc1iii.a 13 giierre à

l'Es~~ügne, polir fai1.e valoir les droits de Marie-

Tbérè*e, sa femine. srir ce pays et scir les lPn)ts-

Bas. Urie siiite di? victoires, diies j. la vnleiir tle

T~ireriiie frit close y ar In paix (1'~ix- ln-Cli:t1)elte

en I 668,et la Flandre resta A la France. En 1672

Louis, aidé de ContlE, (le Titreo~ie, (le J~i~ueinburirg,

etiv:iliit la Hollande et passa le Rliiii. Il fiit

néanrnttiiis obligts tl'thactter Itt HoIlanrie, ni:iis il

rec.oricjtiit la Franclie-Comié et fit incendier le

Palatinat par 'i'rirenne.

La paix (le Nirnégiie,

1678, consolida les conqti6tes (les armées fraogaises.

De iMi à iw les Praueüis prennent


( 24% )

Strasbourg, bonilardent higer. en bnt ar~tanth

G6iies polir avoir assisid AIser. Louis c'tait ait

faîte de la ptis5ance.

Dans toittes ces gucri-cs la fortune le fnvorisait

;iI avait coiicii~is la I,orrain~ et des parties

~~i~si~ldi~ables des Pays-Bas espagnols. Il se fit

0iiti.c cela adjuger pal* ce qii90ii appelait !es

clrambi-CS de rc'iinion, a11 milieu de III paix,

Deiix-Ponts, Morr~)elgard et d'aritres parties (tu

territoire alleiriaucl, et se présenta conime le 16-

gislateiir (le I'Eiiro)~e. L'in térieiir de soli pays

pi.c:s~niait l'aspect de l'ordre ct (le ln ~raiitieiir

dails le 1>oitVoir absolti. lloiiisXIV (lisait:I'Elnt

c'est mo!;et ce niot donue In clé dii système de

son gouvernemciit; et pourtant Ic régne de

I.oiiis est regardé comine la grande époque

la France. C'est qu'il y eut un Colbert poiir admiciistrer

les fioa~~ces, poiir clotiiicr ail pays des

maniifactcires, cl11 commerce, cles ports, des canaux,

iin bien-être imrnense et une force navale.

Des (.onipagnies de toniriiorre poiir les Indes

"rieniales et occiilentales, s'établirent, niuçi tpe

des colonies en Aaiérique et en Afriqiie. Toiit

cela, c'est Co1bei.t qr~i eu eiit le mérite. Les arts

et les sricnceç parvinreiit atissi à un liaiil ilcprd

de ~~eifectron mils le rt:gne dc Loiiis XIV :il les

Iionorait , parce qii'ils devairnt l'lionorer et

l'imniortaliser. De ce qtie ses ambnssndeiirs commencèrent

5 se servir dans les traiixs de la langue

francaise ail lieu de la langue htine; de ce

9Ile /oo,ooo faniilles des piiis actives fiirent clias-

Sées ilii pays à catise rle It:iir ntlaçliement à la

religion protestante et tlii'eiles ne vo:ih~r~nt pas

Se laisser coiiverlir par :a révociiiion de l'e'tlit tle

Naotes ( ,685) et psi. les iIrugooa(les, et que re-

C'leillies dans les pays ~oisins,5 l'orient (le lri

Fraqce, elles y forn~érent des colonies fran-


$aises, enfin par les écrivains distingiiés qtt'eiit

alors la France, tels que Bossuet, Fdt~élon,

Pascal, Racine, Coriieille, Rfolikre, Boileaii, etc.,

de toutes ces ci:.const;inces r&iinies, il rdsulta

yoiir la langiie fra $aise, peu à peu, une domiiintion

qii'auctiue aiiire langue ,t'a jamais etle. La

capitale de la France doiina dés-lors le ion en

fait de goût et de savoir vivre, t;e (lue la mode rie

soumit pas à la France, siiccomba à la fine politiqiie

dit c:thinct fraricaisoii à la bravoure éprouvée

de ses généraux, tels que les Luxeniboui g , les

Scliotxiberg , les Catinat, les Ventlôtne, les Vailban,

les Condé,.et siirtout les Tiirenne. Mais

malgré cet e'clat, cc roi si Gei* devait bientôt recevoir

nne grande lecon. Jetoiis d'abord enroi'e

un coup-d'ail sur (jiielques autres états iinportans.

\

Elisabeth d'Angleterre laissa en t 603 son trône

au fils cie Marie-Stiiart, Jacqiies Ier, 1iio;i à 1625,

qui réciiirt alors à la Graiitle-Bretagne I'Ecosse

où il avait régné jitsqiie-là. Jacqries était un

Iioiiiirie doux, wais faible; pacifique, mais pusillaiiiine.

11 cliercltait à se faire des partisans et

favorisait surtoiit les Ecossais, ses compatriotes*

Eu favorisaiit, ou di1 nioiiis en ménageant !e

ca:liolicisme, en gouvernant it'iine ni:inière arbitraire,

il se troiivait dans une dangereiise coutradiction

avec l'esprit du peiiple, contradictiol'

qui ne pouvait qri'êlre nuisible aux Stiiart ;

autre danger vint se joindre au premier. ~ u a d

au corninencement, Jacques ne voulut pas, ni'

grd de leurs dbirs, favoriser ouvertement les

tlioliques , il fut fait soils la direction, dit-opj

des jésizites, iln plan .d'après lequel on clevait~

avec 36 tonneaiix de poudre p1ac6 sous la -IIe

des séances du parlemen:, faire.saiiter en 1'alrle

roi, le prince de Valis, son successeur, et toute la


&

( 245 1 .

hiaison haute du parleinent. Ce plan fut décolivert

, les conjurés échappés tl'abord, frirent

pris et exécutés. Blais il se foi.nia en merne temps

une opposition contre le roi, ol)positiun dout la

pllis3ance ne devait se faire sentir qu'à CIiarlesIer,

1625à 164~~. Son fils, (=harles, prince éclairé,

ferme, était aussi pénétré que son père de l'omnipotence

royale. Il voulut se passer du parlement

et de son consenteinent polir lever des imph,

mais il tombii enfin daps uue telle opposiqn

avec son peuple, qii'il a en résiilta iinc giierre civile,

où le parti de la noblesse, des édqries el

des catlioliques, fut battu par l'armc'e da parlement

et du peiiple, soiis Fairfax et Croinwel,

près Mai-stonmoor et Naseby, 1644, 1645, le

roi fiit fait prisonnier, et mis à niort à Londres,

le 30 janvier ~649.~roniwel, autrefois ét~idiant

libertin à Canibridve. avait été, coriime

mernljre du parlenient, t'âme de cette révoluiion,

et par la riise. par la bravoure, Pr

la dirsimillation et par le secoiirs de scs armees

victorieiises il parvint enfin à se faire reconnaître

Protecteur de la noiivelle répiibliqrie XAnglcterre.

Il refusa sagement la coiironne : il ne l'ailrait.

peiit-être portée qire qiielqiies joiirs. Malgré

Sa sanqlante iisiirpation il releva I'Anglelerre,

surtoiil en oppriliiant la comrnerre (les I'ays-

Bas (acte de ilavigation de ,652, qil'il rnriin i

b~lit même p~nilnnt la giierre). et par de sages

lois poiir le véritable hien de la rt;l)iihlique. Il

n.'y a qiie ses retnortls poiir lesc~iiels il ue piit

'1- par iin a[ te! Son fils Ric1i;ii.d abdiqiia eu

16~9,ail borit (le 6 iiiois. Alors lin iioilve:iii )ailement

royal ré~ablit les Stiiarl, et rappela dlarles

II, fiII (le Cliarlrs III, 1660 à 1685, qiii s'était

réfitgié en France. Mais sa niéfiance, sa fidi-


blesseet sou a~bilraire ne potlvitientpas convenir

à one épocjlie tl'aoarcliie, et ne servirent qu'à

mettre les Aiiglais à mênie de s'assiirei*leiirlibarté

politiqiie et religieiiqe, parcles actes piillics, par

exeiriplt!,l'acte de I'Habeas Cotpus (ili79), et il se

fornia iin parti de la cottr (Toi-v) et riii parti du

pettl>le (Wliig). A cc roi siiccéda son frère Jacq"es

II,devenu cntlioliqiie, rnais conire leqiiei le:

Whigs appelèrent cufin à Iciir secoiirs son gendre

Giiillai!nie III ti'Orange, gaiiverneur (les Pa!s-

Ras et tipoiis de Marie qrii'sint avec une armée:

Jarqt~ese réfiigia en Fi-ance. Soiis Giiilltr~me qui

r4gnüaIors,la bancluerieLondres fiitétablieiiM.)

Mais aiissi la cleite nationale q~ii, en 18.'iz, s'étevait

déjà b 1,000 millions (le livres sterling (Ia

livrea 24 fr.), prit ai015 son origiue.'En 1.702sriccéda

à G1ii.lturne ,Anne, sa belie-smur. juscju'e~i

1713,et ensriile vint ia maison qiii règle encore

aujourd'liui, la maison de Hanôvre.

Depttis letir &pai.ation déjà metitionnée de

la loiirde domination espagnole, jusqii'à l'acte

de navigation de Çromwel, les Pays-Bas joiipnt,

à çütise de leur commerce iiri rôle iinportüflt

dans I'liistoire; car quoi.lue dans l'intdrierir !l

s'élcvit des dispiites religieuses contre les arml:

niaris, oti remontraris , qri'il se foriiiât lin pa1.t'

anli-oraii~iste, m&.or.teut dtc gouvernetir , on

avaiit porirt~nt anéanti le comiii~rceilel'Espagne

et dii Poi.liig31, an ;ivai? e'tabli cies coinpagtiiej

corriinerciales clans les Tiicles orieutales et ocrideiitales,

on avait fontté iine foti~c dc iioiivelles

colonies, iin c't:iblisscment ail cap de Borlne-

Es1)érance ( 16j3), et l'oa srit les rrlaintenir ])ar

les nirnes. :tri moyen d'escellens 1161-os rnzrins!

tels que Tromp, 'Riigter. filais 1;i riviilite' IieUreuse

de 1',4ugleterre, les nombrerises goerres


( a47 1

contre ta France et l'alliaiice avec l'Angleterre,

SOIIS un >elil iiioiiarque, fil, pet1 à perr, descionc1i.e

considéralleinent 1ü rcl)ulliyue de la hauteur

où elle s'étiiil :rouvéc.

L'Alleniagne avait de la peine à se remettre (le

l'ébraulenient qiie Iiii avait caiisé ta giicnrre de

So ans, et cet état d'ailleiirs iufornie ,compose'

de pliis de 300 membres imixiérliats de I'enipire,

püriit, si non rester enfin glacé dans des foraies

aiii eulapieni liresqii'en entier 1'csl)rit g&Lreux

II peiiljle, iiii moins nt! pouvoir se niaiivoii- qiie

trk-yêuibleinent. Ce qiii iw fut pasnon plusde

natiire à roiiiribiter à iine pmnil~!c activité, fut

la permanmce cleptrisrr6f3 de fa diète à Raiisboane.

L'empire r1'Alleai:tgne devint toiiloiirs

trs in~proprr: à sedéfeudre Iiii-mGixie contre !a

FIrance. Bn 16% il vit anssi les Tiircs encore

une fois devalit Ics murs de Vit nne. Ferdiiiaud

III ( 16J7), eut pour siiccesseur son fils Léopold

1 ( 16&3à 1705 ), dout le caractère était beitucorip

trop paisible en présence (le son voisin

Loitis XIV, si avide de conqiiêltes. Ce ]endaut

ce fiit un bonlielir poiir IIAiitriclie ditns ses

giierres canire la î'iiryiiie qiie larerriiiante Hongrie

tlevirtt (comme ai~trt-fois, la Boli6iiie) un

empire l&réditiiii e de H;ibsbotirg, et ilcie, çircc

ari ~I.;IU(I liiidigei- de Stareirtberg, un put défendre

Vienne contre les Trircs, et rnhe les

battre pi+s cle Snlalikemen et de Zcniii , d'irne

1iiaiiié.r~si Enei girllie clut' par la pais de Carlow~tz(1690).

1;s Trürrs~lvaiiie et la Slavonie fiircwt

concliiis& polir iotijotirs. hlais ce Siit siirtout

d'une graiitle iml)ort:inr.e poiir I'AlIetxiagiie qiie

si eii liii-iii2ilie .l'eruliire ne 1)tit se nioiivoir cliie

pénillei~itint,il v eut poilriant des Etiits alleinarids,iriênie

sanSI'Aiiti-iclie,tliii p:irvinreiii à ilne

imporiance cousidéralic, pitî exemple, le Bran-


( 248

debourg, sous son électeur Frddéric Gnillauinele-Grand,

qui possétla aussi le diiclié de Prusse,

et dont le successeur Frédéric III se mit luimême

à Kœnigsberg, la corironne royale siir la

tête; la Saxe, où le développeinent intérieur avait

auginenté soiis Auguste Ier, fi-ére de Maurice-le-

Cri-and, le Justinieii saxon, et qui, pendant la

guerre de 30 ans s'était considérablement augmentée,

se remit promptement aiissi de ses

souffl-ances, ail point que l'éiecteiir Frédéric-

Ariguste Ier, ou le-Fort sut, par de grands sacrifices,

siiriotit par celui du protestantisme, conquérir

la coiironne polonaise donne'e par élection;

le Hanôvre qui s'éleva à la neiivième. di-

~gnitééle~torale, et qui en 1714 vint dans la pcrsonrie

de son prince George-Louis, siir le trône

de la Grande-Bretagne. La inaison Vi~telsbacli

en Allemagne se y!.ésent:i sous iin aspect non

moins iinportant ;elle possédait deux pays Clettoraiix

,la Bavière et le Palatinat, et, en 16%

elle avait déjà donné lin roi aiix Siléclois dans la

ersonne de Cliarles X, Gustave, comte du Pa-

Etinut, de Deiix-Ponts, apl.2~ que ÇIiristine,

fille (le Gustave-Adolp1ie;eut sacrifié la couronne

à sa vanité. Ces agrandissemens, ces arigmentations

de piiissance des princes allernantis devaient

nécessairement porter plus d'riiie atteinte

à la siiprêrne considéraiion impériale ; mais

Léopold espérait se fortifier lui-mêine par lin

Iiéritage qi:i devait donner isa rnaison la dignité

de primat (le toiite I'Eiirope.

C'est c~~i'eiiE.;pagnz Cliarles II, salis enfaas,

sans actions tl'c'clat, se troiivait l'ûgouie; et

toi1 te 1'Eiiropc était dans l'atteute pour savoir en

faveiir (le qciclle maison cles noinbreiises maisons

princieres son testament s'expliqiici~ait.

Uu préçéderit testament et le droit de sucees-


( 249

sion s'expliqitaient, à la vdrité, polir le fils de l'électeur

Màximilien, Emmdniiel de R;ivil.re, r6-

sidant avec éclat à Rrlixelles, en qualilé de goilverneiir

des P~IYs-B~s dlEspagiie, mais le pi-irice

c'lecteiir irioiiriit; alors les deiix bcaiis-frères de

Cliiirles préteiidaient à tout I'liéritnge ;llEmpereur

L6opoId y prétenilit polir sou second fils,

l'ürcliitliic Cliarles, et Loiiis XIV pour son petitfils,

Philip e c2'Aujoii. Enfin Clinrlcs se décida

polir la $rance, et Louis XIV (léclnia 5 sa

cotir, qu'il n'y avait pliis dc Pyrénées. Rlais

]'Ansleterre, la Hollande. et eusuite le l?ortiigal

dont la inaison royale (le BI-açaiice se joiguait

presq~ie toiijours à l'Angleterre, cle'clar&reut

que I'acqiiisition de si imnienses pays dans

111s d'me partie du monde, ~eenacûit la li-

Eerté europGenne, et ùanr aon illusion la maison

d'Aiitriche . ainsi qu'une partie (le l'enipire

d'AllemaSne ( h I'enceptioii des deiix frères

princes électeurs, celui de BaviAre et celiii de

Cologne ui se déclarèrent llour la France), se

rangea v3ontiers du côté des p~iissnnces opposêes

à In France, lo~.sqiie la giierre, celle dite

de siiccession cclntre la France, ne poiivait plus

être évitée ( 1701à 1714).

Louis XIV avait terminé la giierre de la ligtie

dlAugsborirg par le traité de Ryswick en 1697.

hlais dans cette circonstance la fortune parut

lui avoir toiirné le dos. Lc duc de Marlborough,

le prince Eugène de Sa~oie, Louis dc

Bade et la yolitiqi~c de Guillûii~neIII, roi

d'Angleterre , parurent avoir irr<vocableinent

fixé la victoire de leur côté. A la bataille de

Hochst, en Allemagne, en 1704, les allies étaient

commandés ar le prince Eiigène de Savoie et

par le duc le Marlborough ; l'armée francaise,

conduite par Tqillardel DIarcbin, fut taillée en


( 250%)

pi&ces; à Ramiilies, prés de Namur :Ir maréclinl

de Villei-oy fut coinplGteinent cle'hit, en I 06, et

A hl;ilplacpet, eri t loodre, le ruar6cli.d <7e Villars

perdit la bataille, en 1709, contre Eriçène

et RIarlboroiigli. Eii Allemagne, eii Italie et d:iiis

les Pays-B:is, Loii is XIV fii t inallreiirerix clans

cette grierre, quoi oe Vcn(1Ginc erit d'abord repoiiïi8

Eiigéiie enlialie. Eu Espngnr seille, les

siii8cès fiireiit iin instant balancés. Le diic de

Yeatlôrne ballit coinplèteiiient les Anglais en

17IO, à Villa-Viciosa. t'arinée fi-an pise fiii batiiie

aiissi'à Tiirin ; Toiilon ftit assiégé. Eii 170!1,

hiiis tleinanda la pais, mais on voiilait qii'il

cfëirGnât Iiii-mihie son petit-fils. II aiinri mieiix

continiier la giierre. Enfiii en 1710, Villars

a)ant siirpris Eugène à Denain, reinporta une

grande victoire dont la paix tl'Utreçlit ftit 1~ risiiltat.

Cette paixsignéeà Utreciit, en r7 15,entre

la Frrini.e, l'Espagne, I'Anglrtcrre, la Gavoie, le

Porti~gal, la Prisse et la Iioliünrle, teruiina

la grierre de siiccession. On stipiila poiir Bliilippe

V, I'Espagiie et les colonies, sorts la condition

cependant qiie la France ct l'Espagne ne

scraient janinis rc'uiiies. L'Angleterre conserva

Gibraltar qii'elle avait conq~iis, mec la No~ivelle-

DIiuorq~ie et la Norivetle. hr*osse en A n~éi.icjue.

Le duc de Savoie eut la Sicile avec Je titise de

roi. L'année stiivantc Villars ayant pas56 le

Rliin et repoussé les iinpériaux, la paix de

nastadt fut signée avec l'emperear Josepli 1er9

qiii avait succétlé à Jkopold ler.

Si cette guerre aunit cortipliqrié toute I'Eiirope

occitleiitale , une alitrc? giierre , celle du

Nord, qccupa à la fois toritc I'Eiirope orientale

( 1700 a 1712). En iGq7 Clrarles XII, Igé de

15 ans, nloriia sur je tt8ne de Stihde; et c'est ce

a~onientque la Russie, la Pologne et le Dane-


( 251 }

jnnrck, crureiit com*enüi>Ie poiir s'agrandir, aux

dépens de la Suètle. Eu Riissie le czar Alexis

(~645à 1G76), avait succétié ail czar 8.liclicl

Homanof ( 1613h 1645 1; les cosaqiies de l'KTkraitie

( periple composé de Hiisses, de Polonais,

(le Tiircs et de Tartares). s'étaient sdumis au

noiiveaû czar de Russie. Ddjà celrii-ci avaitvoufi~

effectrier son plat1 siir la Livonie qiii a1oi.s appatteuait

à la Stiède, mais qui &tait constamiiient

iine pomme de discorde e~tre la Suè?de ,

la I'ologne et la Riissie; cependant ce fut sons

siiccès. h ce czar sticcCda Léodor III (1676 à

1682 ), cjt~ipassa par-dessiis scn frère, l'inca-

)able Inr:ro, et il destina pour son successeur,

bierre, qui fi.t plus capable. Mais Sopliie, setir

de tous les deiix, arnbitioonant la régence, sut,

par le secoiirs des Strelilz ou Striehi (corps de

cituoniers r2guliérement organisé depuis longteinps,

ruais gui joiin bientBt un rôle poliliqrie

Iinportalit, coinme Ics janissaires, les gardes prétoi.ieiiues

et les niiiineliiks), arracl~crpar la force la

Co-régence ;elle chcrcha aussi à écarter Pierre et

à laiie inonter stir le trOne lmtrn qtii était moins

capable ;inais Pierre s'empressa de pi-éveiiir sa

chtrte (poiir son bonlietir ses compa, "nies d'enfaos

étaiciit deveiiries de bearix re'gimens cle grenadiers

1, et il envoya Sopliie dans riu coiiveut. 11

laissa volontiers à soli frère 1er:om et l'liorinerir de

Co-régent. Pierre motita sur le trôiie avec la r6-

soiictioit de taire de la Russie irnrEtnt vbritnblenient

eiiropéen d'après l'idde qu'il s'était faite

iles Etats dc I'Eürope qu'il avait visités dans ses

voyages, et, avant tout, il votilüit étendre son

ro'aume iusqiib Id mer Baltique, pour y etablir

des I~oi.tS et v constrtiire des flottes. Riais la

Siiède ~'~~~Iriàit edcore de la CO -posses'sion de

cette mer, par Ingerm;tulan(l, Eslliland, Cardea.


( 952 1

le Finlande et la Livonie. Commela Pologne et

le Daiiemarck clierckiaient aiissi à 1;rirer la piiiss;ince

tfe la S~Ecle,ces trois puissances réiinies

déc!arèrent la giierre à C'liarles X, roi de SuBde.

Illais conibien on s'&tait tronipé siir le compte

de Cliarles, cc prince royal aiitrefois si mou !

Cl~arles partit aiis.itôt poiir le Danemarck et assiégeki

Copenlingi~e. Frédc'ric IV frit obligé (eritaore

eu r700 ). (l'accepter la paix à Traventlalil;

Cliarles se dirigea cnsiiite contre Pierrc: qiii alors

assiégeait Narva.Cliai.les, avec8,ooo Suétlois. battit

80,000 liiisses. pendant qiie Pierre ti'étaii pas

à I'ariiiée. .Mois ail iieii tle poiii.suivre . celiii-ci

aussit6t dans son empire, (:liarI~s nesiiivant qiie

ses ])a-jsions, se jeta siir Aiiguste, roi tIel'ologiie, le

fit sortir (1~. la, Livonie el tlii Ciirlaiicle avec ses

Suroiis, battit ccs (leriiiers pr6s (le~lissow,Piil tiisk

1702, 1705, ,et fit élire roi de Poiognl, à Varsovie,

à la place tl'Aiigiiste, le jeiine Stiinislas

Lesczy~iski,se rendit ensiiite dans la Saxe ntêiile,

el dans la p:iix d'Altransta{lt il ari-arli;i à Angiiste

la reriont.ialion à la coiironne (le Pologrie.. Pendant

ce ieinps Pierre avait pimis InGcriiianland(4

avait (-oninieiice' à v fonder Pétei-sboiirg I 703;

~lgiizikow,(:ep~iissint fdvori de Pierre (aiitrefois

garcori pâtissier ;, avait biittii en 1706 It*i Siié-

(lois prlts de Kiilrseli. Charles 1~6ue'ti.a vivtorieuseiriciit

jusc~ii'h Siiioleiisk. inais ÜII lieil tle se diriger

siii. Rloscoii oit P&tersLoiirg, il se la;>sû engager

par. I'avcniiireiix Het~ riian (les Cos;iqiic.~,

Ntt~el)~>it (qii'iin Polontiis qii'il avilit offeusé avait

altaclié siir lin clieval tl'Ukraiiie qiii coiirti t avec

liii dani cette province), (le veiiir tlans l'Ukraine,

oh, à ce qii'il dis'iit, les Cosaqiies devdieiit Se

joitiilre à liii. Pelidarit ce temps, Pierre battit

ili.oi,o S iiétlois soiis 1,~ionliiilwiid ( ~ovenliaiipt)

prés (te Siop, sur les Lords clii Dnieper, et ensrlit@


( 153 )

Charles lui-même, si fortement près Pultava (8

luillet r yog), que celui-ci fut obligé de se réfugier

auprès des Turcs, à Bender.

Cependant Auguste avait repris son royaume

de Pologne, le Danemarck avait renouvelé la

guerre, et Pierre s'en ara de la Livonie ainsi

que d'une partie de la &,lande.

Mais Charles, à

son tour, porta la Turquie à faire la guerre à la

Russie (I 7 I 11, et en effet, Pierre fut si totalement

enfermé rés di1 Pruthpar les Turcs, que sans les

moyens f e corruption de sa maîtresse, devenue

par la suite Impératrice Catherine 1 (la fille de

Marienbourg), il aurait été perdu, tandis qu'il

échappa au danger par la seule perte d'Asow.

Charles eut beau s'emporter et travailler à faire

naître une riouvelle guerre ;ce fut en vain. Pendant

ce temps le Danemarck, la Prusse, la Saxe,

prirent les provinces allemandes de la Suède

jusqu'à Stralsund. Charles poussa l'opiniâtreté

jusqu'à s'opposer à main armée à l'ordre qui lui

enjoignait de quitter la Turquie, et il se défendit

avec 150 hommes, dans une maison appelée Vernitza,

près Bender, contre xo,ooo janissaires et

leurs canons, jusqu'à ce qii'ilfut enfin fait prisonnier

dans cette maison enflammée et prise à l'assaut.

Les Turcs étonnés extrêmement d'un pareil

courage appelèrent ce combat Kalabalik ou Chasse

aux Lions. Voilà ensuite Charles parcouraut à

cheval, sous le nom de son propre courrier,

appelé Charles Frisch, la Hongrie, l'Allemagne,

et il parut, au mois de novembre 1714, à Stral-

Sund. N'étant pas en état de se mesurer alors

avec ses ennemis, il chercha à obtenir, par l'entremise

du célèbre comte de Gœrtz, d abord la

Paix avec Pierre, afin depouvoir, par sonsecours,

reconquérir ses propres états allemands et d'y

Pouvoir ajouter ensuite la Narwège (~717.Mais

a2


!( a54 ?)

novembre 1718. Sa sœiw Oulrique

Eléonoi-e nionta alsrs sur le trône contre tout

droit d'héi-iv'dité, mais *ellie nbandonna ,aussi k

pouvoir royal illimité et transmit le gouwi-nement

k son o'poux , le rinoe héréditaire, .Fxd-

&rie de Hesse-cassel. Ke promptes caneIusianr

Se pir qui privErent la Siitde depres rie toiis

ses riats !sur le aontinent, anéantirentla pincipauié

que cette puissance avait eu atitrefois

dans l'Europe nord oriental, comine da pai~ $'Utrecht

.et de +Rastadtavait brisé Ja pr,incripa~t4

qu'y avait elle la France.

Loriis XIY avait vu eu mains de 4 ans, périr

rancie partie de sa famille, et ce {prince,

d0~<fecommencemeilt avait eii tant d'éclat et de

bonheur, _\rit sa vieillesse accablée Je doiileur et

de~chrtgciiis; il ,mourut en 17'5, à 1'Gge.de

7 7

ans. Ce prince a donné son .nom à son sièc e.

Corneille ,;Racine, Boileau, Molihre, -Regnard'

Lafontaine,~Qiiinault, parmi 'lespoétas ;Pascal'

Malbrandie, poilr la puneté (de Ia langiic .et la

métayl~ysiqcie;Lully pour la ,musique; .enfin

dans la littérature, les scien~s, t'histoire et les

arts des noms tels qrie ceux de Labriiyère,

Méiiage, Fleury, LRollin, Girardin, Puget, Perrault,

Lenôtre, font de Loiris XIV,,lereprésentant

du siècle, Je pliis *rand dcs temps modernes.

Qire dirons-nous $es grands.cq)itaiees de

son règne? Turenne, Condé, Lunenrb~~irg, Catinat,

'Vendôme.et ViHars ;de ses ministres Colbel*,

Louvois, Torcy ;des ,grands orateurs Bos-

*silet, Boiirdaloue, Flécbicr, Massillon ? C'est avec

cet .auguste cortège de gé~iesimmortels, 4"


( a55 ),

l'abbé Maury, que Loilis XLV, appuyésur tous

ces grands hommes, sirt n~ettre et conserver

à lmir place, se présente aux regards Je la

postérité. Louis XIV a rend11 la France pitismute

en Europe, es~laveclia elle. h sa mort il

recammiinda à wn fils Loiris XV cle ne pas I'imiter

dans son amour excessif de la guerre. Ce

goût belliqneiix du monarque avait en effet

esposé le royattnre aux plus grantls dangers.

C'est sous sari rèpie qu'etit lieu la de'claration

dri clerg&de France tln r682, et qui devait

asç:irer la liberié de 1'Eglise gallicane.

Soiis son règne aussi la doctrine de Janseniiis

fut condamnée, et les janséiiistes perséciités.

N'oiiblions pas les montimons qiii restent ile ce

dgne c&lébi-e ;tels 'lire l'liôtel des Invalides, le

palais de Versailles, celiii de Marly, (le RIeitdon,

etc. La France soiiffrit encore long-t~~rnps

de l'affaiblissement qtie lui avait c:iusé i'arribition

de LotiisXIV, dps dettesdont l'avait grevée

ce prince par ses pierres ruinerises. Loiiis XV,

arriére petit-fils de Loilis XIV, petil fils du Daiiphin

de France, et fils dii diic de Boiirgogne,

etait monté sur le trône i 1'Cge de 5 ans et (terni

yaii 1715. Pliilippe d'Orléans, iio cles débaticliés

éhontés, séduit nr l'horrible Dubois, avait été

déclart; régent au roi peniiant la minorité de

Louis XV. Le ryst&me de Law ruina lotis les

créanciers de 1'Etat; clans la même année 1720,

?ville de Marseille futen proie à iine pesle horflble

et meur~rière. Lotiis XV étant devenu malelir

en r 723 titiand le régent mourilt, choisit lt?

Qrdina\ de Fleury pour minislre; celui-ci s'efforcl

de réparer les maux passés. Revenons à la

:lierre du Nord,

La Russie était sortie de la guerre contre

Charles avec la possession de 13 Iiivonie, d'Es-


( 256

th!and, d'Ingermanland et d'autres arties de la

Suède. Pierre était devenu le seconacr6ateur de

son em ire, et il prit le titre d'empereur de

toutes Tes Russies. Ayant fait décapiter Alexis,

son fils, qui s'était révolté contre lui, Catherine

sa femme lui succéda à sa mort (1725 à 1727)~

ar le secours de Menzikow ; ensuite vint Pierre

PI, petit-fils de Pierre-le-Grand. 1727 à 1730;

uis, Anne, duchesse de Courlande, fille d'Iwanflmbécile

( 1730 i r 740). L'année dans laquelle

mourut cette princesse fut pleine d'dvénemens

importaus, non parce qu'elle fut remplacée au

trône, à la suite d'une révolution de cotir et au

mo en des gardes gagnées par Elizabeth, fille

de %ierre, mais parce ue dans cette année rnourut

aussi, ~rédéric-~uzlaume ~er, deuriérne roi de

Prusse, et ue le trône fut occupé par son fils

Frédéric I?, appelé le rand Frédéric, et enfin

parce que l'empereur tharles VI mourut sans

qtstérité mâle, et que la maison de Habsbourg

s eteignit en Autriche dans la ligne mile, en

1740, comme elle s'était éteinte en Espagne en

1700.

CharlesVI, effrayé ar l'exemple de l'Espagne,

avait fait beaucoup le sacrifices poOr faire reconnaître

et agréer par presque toutes les puissances

européennes sa pragmatique sanction, au

moyen de laquelle la succcssion au trône devait

y appeler pour réuner sur tous ses états hérdditaires,

sa fille aînée, Marie Ti'térise, à l'oeeasion

de la guerre de succession, excit6e en Po:

logne à la mort d'Auguste II, 1733 à 1738, qui

donna au fils d'Auguste la succession au trône

de Pologne et au ci-devant roi de ~olope Stanislas

Leczgnski, la Lorraine, dont on indemnisa

le précédent possesseur, le duc de Lorraine;

par la Toscane. A cette occasion il avait dispose


( 257 1

de Naples et de la -Sicile, en faveur de l'Infant

d'Espagne don Carlos, fils de l'ambitieuse reine

Elisabeth ;mais Cliarles s'était trompé dans son

compte, parce qu'il n'y a pas de traité durable à

faire avec les passions des hommes. Car à peine

l'empereur avait-il fermé les yeux (20 octobre

1740), que d'abord le roi de Prusse, Frédéric

II, en vertu d'anciennes prétentions, demanda

ses principarrtés silésiennes qu'il enleva aussitôt

à la reine Thérèse étonnée ( première guerre silésienne,

1740 à 1742) ; ensuite Charles-Albert

de Bavière éleva des rétentions de parenté sur

tout llliéritage de ~Rérèse; en troisième lieu,

pEspagne arla aussi d'un traité ancien, mais de

peu de vaPeur et de même contenu lue ln )>récédent

;quatrièmement, I'électeiir deSaxe oublia

amsi, pour des prétentions d'héritage, la reconnaissance

qu'il avait faite de la pragmnti que sanction

; enfin la France voulrit, sans avoir ellemême

de véritable droit à faire valoir, aider

tous les autres à faire valoir les letirs. 'Enliardies

par l'exemple u'avait donné FrétlCric, ces

cinq puissances s'ajièrent alors, et lie\-ingèreiit

d'avance entre elles la monarchie autricliicnne.

Et en effet, Thérèse se trouva dans l'ti@t le pliis

embarrassant; car déjà on Iiii avait pris une

partie de l'Autriche et toute la Bavière,et charles-

Albert avait été élri empereur d'Allemrtg~ie

(Charles VII). Mais soit à cause (le l'attitiide des

nobles Hongrois et de l'appui du loyal Georges II,

roi d'Angleterre ,soit parce que It'récieric était

sorti de l'union, soit aiissi le l~onliei~r des armes

autrichiennes , In sitriation de T11drèse

changea bientôt ; Charles VI1 perdit ses états

et fut obligé de se réfugier à Francfort. C'est

lorsque Frédéric se détaclia de I'nnion en faisant

.la pair (à Breslau 174a), avec I\IIririe -The-


( 258 1

rèse, pais qiii lrii valut la Silésie, que le ma:

réchal de Eclle-~sle sauva l'armée francaise qui

s'était vue obligée de se jeter à Prague, oh elle fut

investie, et d'où elle fut tirée par le courage de

Belle-~sle, et cette retraite de Belle-1s1e fut trèsadmirée.

Mais précisément ce bonheur de l'Autriche

rendit de nouveau Frédéric inquiet polir

la possession de la Silésie, et il entra encore iine

fois en campagne (2. guerre de Silésie 1744 à

1745). En meme temps la France déclara la guerre

à George Ir, guerre que Louis XV ouvrit en personne

(1715 à 1774), et que le niarécliulMliiirice

de Saxe, condiiisait dans les Pays-Bas; Rla~irice,

incontestablement le plus grand héros de son

temps (car Frédéric se préparait à en devenir

lm), gagnait ilne baLqille après l'autre, et Fré~

déric Il, aussi, était au total heureux. Maurice

prit Courtrai, Menin et Ipres. Le roi fit ilne maladie

dangereuse i Metz, et ses sujets alarmés

lui donnèrent le titre de Louis leBien-Aimé. Rétabli

de sa maladie, les Francais prirent Fribourg,

en 1744; et en 1745,le maréchal de Saxe

gagna la bataille de Fonie~zoi.Une fouled'aiitres

batailles en Flandre et dans les Pays-Bas rendirent

les armes francaises célèbres durant cette

campagne. Charles VI1 revint à Miinich; niais

presque seulement pour pouvoir mourir sur le

sol natal ( 2a janv~er1745); son fils, le bon

BIanimilien-Josey11,:fitensuite la pair avec l'Autriche,

renonca h toute prétention et aida à faire

élire empereur d'Allemagne, sous le nom de

Francois Ier ( 1745 à x765 ), le mari de Tliérèse,

Francois-Etienne, duc de Lorraine (ensuite grand

duc de Toscane. ) Frddéricjs'était maintenu dans

la Silésie par les batailles de Hohen Friertberg,

de Sorr et de Kesselsdorf (cettb derni6i.e contre

les Saxons, alliés eeti ce moment à i'Autriche), et


( a59 )

ThérBse reconnut dans la paix de Dresde( 1745)

ia Silésie à Frédéric. La giierre ne continue

alors qu'avec l'Espagne et la France ;mais Thérése

la termina aussi, gi-âce h un secours de

35,000 Russes qu'Elisabeth , autocrate de la

Russie, lui envoya ( 1740 à 1702). Ainsi toute la

guerre de la siiccession autrichienne ne coûta à

Thérèse, dans ln pair d'Aix-la-Chapelle ( 1748);

que la Silésie que gagna Frédéric, et Parme et

Plaisance le plus jeune fils d'Elisabeth d'Espagae;

car Louis XV renoiica à toutes ses conquêtes.

En ~755,la guerre dc sept ans donna d'abord

aux Anglais quelques avantages sur la France,

laquelle répara ses pertes l'annéesuivanté, par la

prise de Port filahun, sous le maréclial de Richelieu.

Fréddric If, prince dbtié Je nres taIens, et

formé au oommandement ,par la grande école

du malheur qu'il soiiffrit dans sa jeunesse, avait

résolu le problkme cl11'i1 s'était proposé, et introhit

soa petit royaume de Prusse dans le rang des

premiers royaumes etiropéens. Il pouvait prévoir

pue Tliérèsa n'oub\i~rüitpas si facilement sa

belle et Rd~e province de Silésie ;et en effet,

hrp5ratrice concut le projet de réparer cette

perte le plus tôt possible. Il fallait seulement

d'abord être assuré de la France; et

bunitz, ce grand homme d'Elot; se cliargea

de mettre dans les intérêts de I!kutriclie la

France. En ce moment, la marquise de Pom-

Padonr dominait le roi et son ministére. Et

en effet, tout-&-fait contrairement aiix vrais intéi.6ts

de la France, cette puissance consentit à

Une alliance, tendis que George II, roi d'Anglelete

erre, toujours cn gtierre avec la France, de-

Pis s755,-au sujet de ses ooloaies du nord da


( 260 )

l'Amérique, fit, à cause du Hanôvre et de la Cotirlande,

une alliance avec Frédéric, qui vint audevant

de lui à moitié chemin; car sa précédente

politique l'avait privé de tout autre ami puissant,

et il ne pouvait s'attendre à iine alliance

de la part d'Elisabeth, impératrice de la Russie,

princesse qu'il avait personnellement offensée;

il devait plutôt s'attendre, de sa part, à une déclaration

de .erre qii'aii maintien de la paix.

Le grand ministre de l'Angleterre, Pitt, depuis

lord Chatam, pensait d'ailleurs qu'il fallait, en

Allemagne, conquérir l'Amérique. Dans ces,ra .

rrts politiques, totalement changés, ou Pa

rance, l'Autriche, la Russie, étaient rdunies

contre la Prusse et l'An leterre, et où deux causes

toutes différentes, fa Silésie et le nord de

l'Amérique, auraient dû produire deux guerres

étrangères l'une à l'autre, ces deux guerres devaient,

à la vérité, en apparence, se confondre en

une seule, avec la différence que celle qui renait

de commencer la guerre de sept ans, ou

troisième guerre de Silésie (1755 à r 765), fut

concentrée en Allemagne seulement, tandis que

la guerre des colonies frit conduite également

en Amérique, dans les Indes orientales, en

Afrique, où il y avait des colonies anglaises et

des colonies francaises, et enfin sur toutes les

mers où les flottes ennemies se rencontraient$

et cette guerre devint ainsi une guerre générale-

Profitant des avantages que donne une guerre

offensive, Frédéric, aussitôt qu'il eut avis du

partage de son royaume déjà projeté entrel?

Saxe, l'Autriche et la Russie, surprit, au mors

d'août i756, avec xoo,ooo hommes, et sans declaration

de guerre, le petit royaume de Sasî

I'occiipa et fit p~isonnière la petite armée non

préparée qui s'y trouvait (l'électeur, avec s*?


( 261 1

vol~iptueus ministre Bruhl, se retira dans son

royaume de Pologne) , pénétra aussitôt en

Bohême et battit les Autrichiens près Lovositz,

le ier octobre 1~56.C'est ainsi que Frédéric,

fort de l'or dc l'Angleterre, et soutenu seulement

de quelques petits princes allemands, commenca

la guerre contre les 3femmes, comme il l'appela

par la suite plaisamment, ou, comme la SuEdevint

aussi se joindre à ses ennemis, contre plus que la

moitié de l'Europe, avec ses6 millions de sujets,

contre plus que go millions, mais avec une armée

exercéeaux combats et avecun trésor bien garnie.

Dans l'année r 7 57, il poussa lesnutrichiens jusque

sous les murs de Prague, et les battit en cet endroit

(où tomba son bien-aimé Schwerin), inais

il fut à soqtour complètement battu, près Collin

( 18 juin ), par le maréchal Daun ;cette défaite

l'en agea a lever le siége de Prague et à se

renire dans la Lausitz, pour couvrir la Silésie.

Pendant ce temps une armée fran~ai, avait occup6

le,Hanôvre ; roo,ooo Ruses avaient fait une

invasion dans la Prusse occidentale, avaient

battu un corps prussien près Grosjaegerndorf

et une armée allemande d'exécution impériale

s'était mise en mouvement contre lui, et avait

fait près d'Erft~rth, sa jonction avec les Francais.

Ces deux armées combinées s'avancérent alors

au-devant de Frédéric, et les 60,000 hommes

r i craignaient seulement que la etite poignée

e Prussiens ne tint pas devant elEs, se trouvèrent

en peu d'heures, complètement battuesà

Rosbach (5 novembre) et dispersées. Mais si en

cet endroit la victoire fut facile, Berlin, pendant

ce temps, était occupée par les Autrichiens

;Schweinitz et Breslau avaient été prises

par les Autrichiens. C'est pourquoi Frédéric

courut en toute hâte es Silésie, battit avec sa


( 26%

garde de parade de Poisdnrnrn, 8qaoo Autrichiens

près Leuthen (5 février), et reprit aussi

Breslau et Scl~weinitz. De cette manière il put,

en 1358, se remetlre à l'offensive, et, après un

essai manqiié pour attaqiier Otmuz en Moravie,

se toiirner contre les Russes, sous Fermor, qu'il

battit près de Zorndorf (25 août). h, peine cet

ennemi fut-il refoulé que le sié e de Dresde,

par Dam, le rendit inquiet sur fa Saxe. Mais

qnoiqiie ce siége frit levé à son approche, le roi

et l'armée furent pourtant menacés il'nne riiine

complète, dans la niiit du 14 octobre ~758,par

la terrible surprise, près Hochkirchen. Cependant

Frédcric échappa encore ici, qiioiqu'avec

une perte assez considérable. Ce fut un bonheur

Our lui ue Ferdinand de Brunswicl;,

son fifèle générûY, cotivrait toiijoiirs au moins

le côtd dri roi contre les Franjais et les trolipes

de l'empire, avec son armée composée de Hessois,

de Brunswickois , de Hanôvriens , et de

qiiclqries Prussiens, et clrie les Suédois entreprirent

si peti.

L'année 175~était la plus malheureuse pour

Frédéric. Le diic Ferdiiiand fut battu à Bergen,

près Francfort. par le duc de Broglie qiii vengea

ainsi les journées de Rosbach et de Crevelt,

Mais cette défaite des armes prussiennes se compensa

par la victoire que remporta Frédéric près

de Minden siir les Francais qiii s'étaient rendus

maîtres de cette place. Les nuases, sous Soltikom,

bnttirent les Prussiens au-dessous de Vedel, près

Zullichaii, prirent Francfort sur l'Oder, et se réunirent

avec les Autricliiens sous Loiidon. Frédéric

les attaqua (12 août) près Kiinnersdorf, et fut

tellement battit, qii'il écrivit lui-même à Berlin :

lie tout était perdu! (ici tomba aussi Kleist.)

gresde aiiei fut pris9 . p,

q~les troupes de !'Empire


(2639

et :6,or>o Pnussiens, sous Fink, furcntfaits prisonniers

p&s de là. La position de Frédéric deiint

terrible, car ses meilleures troupes et ses trésors

tirèrent à Ieur fin ;mais non son courage et sop

esprit inéptiisables. Cependant Fr6déric ne parvint

pas à prendre la belle viile de Dresde malgr&

un terrible bombardement, ni à saiiv,er Glatz, ni à

fermer Beslln aux russe^. ais à Liegnitz, il

remporta une victoire sur Lotldon, dans ,la bataille

terrible près Torgau (3 novembre I 760) où

6,000 grenadiers priissiens hient étendiissurle

clianip de bataille avant le véritable commencement

de l'attaque, 17i:Gdéric regardait déjà la

bataille oomme perdue; Zietlieu vint à teinps

et la gagna. Alors il avait obteuii par les armes le

moyen de pilendse ses quartiers d'hiver dans da richeville

et aiir environs de Leipsick. La mart de

GeorgeLI (r760) le priva, :? la vérité, des subsides

anglais,.et.Frécléric ne put plus agir qiie d',vilemaniére

dofensive. Rlnis hientôt moiiriit aussi Eli-

"beth (1762),et son.neveu Pierre III, son adorateur

enthousiaste, liii siiccéda sur le trône,

rappela aussitôt les Rtisses ,d'auprès les Aiitrichiens,

et les 1,tissa venir )dans le camp de FrédPric.

Ainsi la Priisse proprement dite revint

ail moins à son yoi. La Siièdc !fit la pair à Hambourg,

avec les Prrissiens. Pierre frit à la vérité,

ail bout de six mois, déjà renversé par iapropre

feini~ie,.~atllerine-la-~rande (de la maison d'Anlldt);

lpais celle-ci conserva au moins la paix. Les

Aütricliielis perdirent atissi à leiir tour, Sc'liweinitz;

et enfin ils perdirent, près :Freiberg, contre

le prince Henri, homme .expérinienté daus les

combats .et.frère du roi, une bataille qui fut la

dernikre dans cette guerre. Toutes les puisssn-

Ces désiraient la paix; la ,France avait perdu

presque toittes ses flottes et ses colonies; l'Au-


( 264 1

triche n'avait plus d'argent Tour faire la guèrre,

et Frédéric avait sauvé la Si ésie. Ainsi arriva !a

conclusion de la paix entre les uissances maritimes

B Versailles (io février r7[3), et celle entre

la Prusse d'one part, et l'Autriche et la Saxe de

l'autre, à Hubertsbourg en Saxe (15 février 1763).

Tout resta comme avant la guerre. L'empired'Allemagne

s'était déjà auparavant déclaré neutre.

Si la Prusse avait conquis par cette grande

guerre une influence politique immense, la

guerre maritime et coloniale n'avait pas été

moins avantageuse pour l'Angleterre. La France

avait conclu en 1761 un traité avec toutes les

branches de la maison de Bourbon, connu sous

le nom de pacte defantifle. Malgré ce traité qui

rendit l'Espaçne ennemie de l'Angleterre, celleoci

n'en fiit pas moins lieureuse. Les Anglais s'emparèrent

de presque toutes les îles et possessions que

les Francais avaient, soit en Amérique, soit en

Afrique et en Asie, et prirent aux Espagnols l'île

de Cuba et les Pliilippines. Le coiip priiicipal fut

porté devant Québec, dans le nord de 1'Amérique,

où le ooble général Wolf remporta la victoire

u'il ava de sa vie (13 septembre 1 59)T

et ohles &&$ais perdirent le Canada. autre

cela, les flottes francaiees furent battries par Boskawen

près la côte d'blgarbe, et par Hswka

près des cates de la Bretagne (1759). La guerre

dans les Indes orientales ne fut pas d'une moindre

importance. L'empire di, Grand-Blogol, à

Delhi, était tombé, après Aurengzeb, en déca*

deuce par les attaques des princes inférieurs

(Nabobs, Subalis) par des tribus guerrières,

telles que lesseiks, les Rlaraties, et par le Shah-

Nadir de Perse, de manière que les Anglais, les

Hollandais et les Francais eurent dc leurs Ct?

blissemens plus beau feu sur ces pays. Depuis


1600,les Anglais avaient une compa nie des Indes

orientales qui, de Cliarles II, oslint aussi

Bombay; la compagnie francaise des Indes orientales,

établie par Colbcrt, fonda Pondichéry, et

Labourdonnaye conquit aussi, en 1746, Madras

sur les Anglais, et même Dupleix battit le premier

le Nabob de Kar-Natik, et eut en général

l'habitude de procurer à la France une longuesuite

de possessions, de plus de cent milles,

dans Coromandel, Orixa et dans le Bengale.

Mais a rès que l'excellent Dupleix eut été rappelé,

Es intérêts de la France dans ces contrées

se perdirent, et l'amiral Clive, célèbre

anglais, parvint, par la force des ai-mes ou en

profitant

des contestations qu'avaient

entre eux les princes indiens, à gagner du

Sliah ~llum, depuis 1756, pour la compagnie anglaise

des Indes orientales, le Bengale, Baliar

et Orixa, avec rn à 15 millions cl'liabitans; le

Grand-~ogol fut ensuite pensionné lui-même

(1765). Varre~ Hastings continua depuis 1770

Fœuvre commencée ar Clive. Il s'agissait, avant

tnut , du ipuissant &der ~ l de y Mysore. Mais

ce ne fut que sous lord Cornvallis (pendant

que Hastings e'tait mis en jugement en Angleterre)

qii'on parvint à démembrer tout à-fait le

grand royaume de Mysore, sous Tippo Saïb,

fils d '~l~ ;ensuite eut lieu la concliiête sanglante

de Seringapatams, le 4 mai 1799, où Tppo Saïb

s'ensevelit sous le. ruines de son empire. Pourquoi

aussi le sultan citoven a-t-il souffert un

club d'anarchistes De uis ce temps les Anglais

ne trouvèrent plus $ennemis importons que

dans les Marattes (la piiissauce des antres Euro-

Péens dans les Indes orientales était brisGe) et

dans ces derniers temps, les blarattes silccomhèrent

aussi. Ainsi une societé de négocians fon-

23


a& ]

da un Empire comme il n'y exr eut jamais de

pareil d'une semblable origine, yuisqu'il compre~c!

sujourd'liui ~)lris de 45,000 milles carrés,

avec plus de zoo millions d'habitans. L'histoire

qui va suivre indique, par comyarnison, le sort

qui peut un jour être r6servé .cet empire.

Uepnis la décoiiverte par Cabot, de la Noiivelle-Finlande

pour les Buelais (1496)~ les Espagnols

trouvèrent la ~lorige (i512), et les Franpis

le &nada (I 535 ), cédC tous les deux

arix Auglais 1765, corErne 1x011s l'avons vu plus

Iiaut. Mais.le xéritqble établissement des Apglais

dans 1'Ame'rique nord-est ne coipmerica que defuis

le r&gne d'Elisabeih ;ainsi, soiis valter Raeigli

dans ln. Virginie (1585); sous Jacqiies Pr, à

Jarnestown (~620) et dans le nouveiiii PJymouth-

Ce frirent avsnt tatit les puritaios qui, b cause de

la liberté de conscience proniiseà ces établissemcns,

y foncl6rent une Soule de çolonies, par

exemple , Nouvglle-Hampsliire , &l;rssachusetsr

Rhodeisland, C~nneoticiit.

Les catlioli lies expiilsés fopdhrent en 1634

~t.-~~ar~-~an!, les quaiers ou trembleurs, secte

reiigie~lse 8foodde en 1649 par le cordoonier

Georges Fox, secte qiii ,croit à une révélation

immédiate de la divinite', qui pe prate pas de

serment, ne fait pas (le service milifpire, et tu-

.taie tous .les hommes, les qu;ikqrs, fondèrent

Noriveari-Jersey, Newyorlr, et surtoiit la Pensilvanie,

où le ,noble ,Guillarirne-Penn racheta de

noiiyeau, avec une aare loyfiilt6 [les Indieus, le

pays que Iiii avait ,déjà coiic&ld la cqprapne, et

il fonda la ville de Pliiladelpliie .(amorir ,fraternel).

Dans le nord de la Caroline, s'établirent,

en 1710, des palatins, tlaria le siid de la Caroe

line, en 1562, des Hu.grieoots, mais qui furent

(issassi~dscomme ht'rétiques par les .Espagnols,


C 267 )'

ensuite, en 1728, s'y établirent des puritains; la

Géorgie fut peuplée par de pauvres Irlandais,

des Ecosçais et par des Salzbourgeois cliassés.

Depuis ce temps l'oppression politiqiie surtout

a fait naître de hoilveaux &tablissemens daiis ces

contrées. En 1764,s'établit Verniont, et en 17~5

Kentuky. Ainsi le desir de trouver la libert6 civile

et religieuse attira peii à peil près de deux

millions d'liommes dans ce pays ;ce soiit rarement

des gens à détlnigiier, ceux qui polir de pareils

biens qiiiitent le sol nxtal! Là, s'écroulèrent

les priviléges et les prejugés de l'ancien

moade; la aussi il n'y eut point de noblesse,

mais il n'y eut pas non plus (le popiilace ;ie

commerce et ~urtout l'a rictilture, mais toikjonrs.

l'activitl'. &taient l'Arne !e l'existence de ces pet>ples

noiiveaux. Mais tous. de q:ielq~ies pays

qii'ils fussent , reconntirent les Anglais comme

maîtres originaires du pays; ils f~~reiit aii~sidéfendus

par les Anglais, et ce sont ces derniers

qui en eurent la haute ailministration. Mais on

viiit i croire aussi, dans le ministère anglais,

Pouvoir imposer des taxes et des coiitributions à

ces colonies si dispendieiises, auxqiielles il fallut

ajoutèr les Florides, le Canada, la Nouvelle-

Ecosse et le cap Brcton, si riclie en prodiii ts ;ces

impositions devaient indemniser des dépeuscs

q~~~ccasionnient ces coionieu ,comme d'ai\lerirs

le commerce avec elles était ilepiris long-temps le

monopole de l'Angleterre. Rlais depuis r 765,

quelques provinces se déclaréreiit trh-fortement

contre cette prétention, parce qii'on ne

leur accordait dans le parlement. anglais ni le

1)ouvoir de se faire représenter, ni se représenter

personnellement. On retira alors toutes les

tanes, et on ne maintint qlie celles sur le thé,

('770).


( ' 268 )

Si dé'&auparavant les colons préférèrent se

passer de tout commerce avec la mère patrie,

ils se refuséi-ent nettement maintenant d'acheter

du thé soumis ?a une taxe, et h Boston, capitale

de Massachusets, des hommes habillés en Indiens

escaladèrent les vaisseaux anglais, et jetèrent

18,000livres de thédans la mer (26 février

1~~3). Quand ensuite la constitrition libre de

Rilassachiisets fut changée,le,port bloqué,:et Boston

occupée par des troupes ro ales, Lin congrès

général se forma à ~hiladel~1;ie (septembre

I 774), et se déclara, non pas contre la couronne:

mais contre les décisions du Parlement. Malgre

l'éloquence de Burke et de Cliatam, on déclara

alors en Angleterre, rebelles, les provinciales, et

le 19 avril 1775, le sang pour la liberté coula

pour la première fois pres de Lexington. Naturellement

la guerre pour les colonies ne pouvait

être qu'une goerre défensive, mais elles eurent

aussi un Vasliington Our la conduire. cc On

n'eut besoin ni d'un d>ésar, ni d'un Fabius; ce

ne sont pas des journCes brillantes, mais des

années pénibles ;non pas un succès prompt)

mais une grande persévérance, voilà ce qui a

fondé la grandeur héroïque de Vashington et

la liberté des Américains di1 nord n. De

nos jours les Grecs ont travaillé à lerir émaa-

ci~~ation, et que les malheiireux Polonais ont

entrevu la leur, et qu'ils auraient conquise

avec l'union d'une part el la loyaut6, de l'autre.

Quoiqii'iine campagne contre le Canada sous

les généraux Arnold et Montgommery eut eclioué,

Ies Anglais, sous Howe, successeur de Ga es)

furent obliges d'évacuer Boston, et, le 4 juflet

i 776, treize provinces : Neuharnpshire , Massachusets,

Rharleisland , Conecticiit , ~ewyorkv


( 269 1

Neujersey, la Pensilvanie ,Delaware ,Riariland,

la Virginie, la Géorgie, la Caroline du sucl et

celle LIU nord, se proclamèrent indépendantes de

l'Angleterre. Cette démarche décisive et la circonstance

que Gates, génèral des colonies, fit

prisonnier, prhs Saratoga (1i octobre I777),

général anglais, Bourgogne, avec 6,000 hommes,

et que Clinton, successeur de Howes, fut obligé

de revenir de Philadelphie, qui venait d'être reconquise,

à Newyork (1778) , eurent la conséquence

heureuse que la deinailde de secours du

célèbre Benjamin Franklin fut ensuite favorablement

accueillie en France, et (1 ;.78) qu'un

traité d'alliance et de commerce entre la France

ct les colonies déclarées indépendantes, eut lieu.

Nous reviendrons sur ce sujet. Bientôt l'Espagne

et la Hollande prirent également parti contre

1'8n4eterre; pendant que le Danemarck, la

~uè$e, la Prusse, l'Autriche et le Portiigal se déclarèrent

(1789)pour la neutralité armée de Catherine;

de manière qu'une nouvelle guerre générale,

au sujet de la domination de la mer était

imminente. Mais quoicjue la prise de Minorque

réiissit, le siége remarquable de Gibraltar (1 7 79

à octobre 1782) par les dix batteries flotlantes

#arcon, chargées de zoo pihces de canon, éclioua.

Car les 4,000 boulets rouges du brave Elliot firent

ulz désastre épouvantable dans ces batteries.

Ce endünt, quoiqu'au total, les Anglais eurent

le Sessus sur mer, et prirent une foule de colonies

aux ennemis, le sort de l'Amérique devait

se décider sur le continent, et ce ne fut pas à

l'avantage de 19An leterre que tourna cette décision.

La cause de fa liberté attira une foule J'Etiropéens,

et outre Rochambeau et ses troiiyes,

ta Fayette, Gates, Pulavski, Kosciusko, Steuben,

xal, Lee, etc., y prirent part. Mais l'honseur

le


( 270 1

principal de la guerre revenait cepe~dantà

Vashingiop qui réussit enfin d'enfermer le général

anglais Cornvallis, prCs Yorktown, avec

7,000 llommes, ct de le forcer à une capitulation

(19 octobre 1781). Les Anglais n'eurent pas

alors de nouvelle armée à y envoyer, et un changement

de ministère facilita à Londres la paix

qui, à Paris (3 septembre 1783)' consacra l'indépendance

des Etats-Unis dit nord de 1'Amérique,

laissa Rfinorque 3 l'Espagne, tandis que la

Hollande céda à l'Angleterre Negapatam dans

les Indes orientales ,et que tout le reste demeura

presque comme avant la guerre. Depuis ce

temps, cet Etat libre, non-seillement subsiste,

mais s'est aussi accru sous un président nommé'

polir 4 ans (Vasliington, 1797; Adams, 1801;

Jefferson, 1809; Madison, 1817; Monroc, 1824,

etc.), et un congrhs général depuis 1801,dans la

capitale Vasliington ;et cet état a eu un si grand

accroissement en pays et en habitans venus de

l'Europe, que la circonfërence en est maintenant

de 108,435 milles carrés, avec plus de 1I millions

ù'hakitans, et, Iieureiix pays ! n'ayant que

9,900 soldats ; le nombre des provinces- s'est accri1

à 25, avec 50 sénateurs et 210 re résentans

au congrCs. C'est un enfant pour Ls annëes

d'existence, un géant en grandeur, un vieillard

en sagesse!

Revenons (le ces jeunes Btats de l'Asie et. de

1'Amérirpe. à I'Eiirope qui vieillit, et à la France

oit de grands événemens se préparent.

Au total, la guerre de sept ans, malgré la gloire

acquise souvent par les armes francaises, ne

fut pas heureuse pour la France. Par le iraité

qui termina celte guerre, les Anglais erigérent

la démolition des fortifications et (ILI fort de

Dunkerque, et ne rendirent à la France qu'une


(

ptie deses ossessions en Amériqtie et en Asie.

n 1768, la {rance fit i'ac uisition de I'ile de

Cone que lui cédèrent les &bois dont cette île

avait secoué le joiig sous la coucitiite de Pascal

Paoli.

Ilouis XV, avec lin esprit sage et jiiste se livra

trop aux plaisirs, négligea souvent les affaires

et laissa prendre à ses favorites une scandaleiise

influence. Marié avec la fille de l'ex-roi de Pologne,

Stanislas Lecinslri, ulie maîtresse succéda

chez lui à iliie autre :Lemailly et ses trois saurs,

mestlaines CIiIZteaitroris, la marc~iiise de Pompadour,

inadame du Barry ne firent qrie trop soi1 .

vent oublier II Louis qii'uq roi se doit à son peuple.

Ses ministres mêmes, a l'exception de Fleriry

(1726 i 1743), parurent être destinds à augmenter

toujoi~rs le mallieur de la nation, tandis

que la part vie prit la France à la guerre de

succession de I'Autriclie, it celle de la Pologne,

fi celte appelée guerre des sept-ans, enfin la

guerre navale, tontes ces circonstances firent

motitar à l'infini la dette de I'Eiat. D'un autre

cGté, les interminables qaerelles religieuses et

les intrigues politiques snscitées pii: la biille

unigcnitus qui supposait l'infaillibilité du pape ;

les persécutions des jésuites contre les janshistes

et le parlement, troublirrent le pays ct 1liitè'-

~ilt la marche des événeinens. Cependant les

]?nsénistes étant devenus assez puissans, et le3

ecrivains, silrtoiit Laclialotais, ayant signale' les

torts qii'oil pouvait reproclier attx jésuites, ces

derniers frirent enfin expulsés en 1764 soris le ministère

de BI. deClioiseul, le m6mc qui ajorita la

Corse à In France. Ce sont les jésriites qu'on R

60~pconnésd'avoir conduit le',bras de Damien qui

frappa Loriis XV d'un coup de coriteau, en 1737,

@ri&omeht où ce monarque montait en voiture


( =72

pour se rendre à Trianon. L'expulsion des jésuites

est un événement d'autant plus curieux

que le fanatisme immola vers la même époque

le vieillard CalaS.et le jeuiie Labarre. Louis XV

mourut en 1774,à l'âge dc 65 ans. Le siècle de

Louis XV vit fleurir les mathématiques, la pliysi

lie, la chimie, l'astronomie, l'histoire naturJie

et la lé, oislation. Une foule de swans et de

liltérateurs ont lionoi-é ce &le. Parmi les principaux,

citons entr'autres d'Alembert ,Diderot

et les autres collaborateiirs de l'encyclopédie,

Duclos, Mably , Condillac, Marmontel, Helvétius,

Raynal, Bayle, Vaucanson, célèbre mécanicien

; Leroy, fameux horloger ; Duhamel qui

erfectionua l'agriculture ; Franklin, Lagrange,

guffon, Linde, Daubenton, Jussieu, Maupertuis,

Lacondamine; enfin Voltaire, Rousseau et

Montesquieii. Ainsi, si d'une part une police

secrète terrible, et les horribles lettres de cachet

semblaient devoir enchaîner la pensée ;

d'un autre côte, lamais une telle réunion de

penseurs profonds, hardis, ne s'est trouvée, presqu'à

la même Epoque, pour ouvrir les yeux du

peuple. Rousseau, l'écrivain le plus élorpent

des temps modernes, égaré par sa vanité, trompé

par son Iiiimeur, a prêté sa plume au paradoxe,

mais il l'a consacrée plus souvent à la vérité.

Ainsi que Montesquieu, il a ,contribué 3 1a:réforme

de nos mœurs.

Noiis sommes arrivés au prince le plus noble,

et même, dans la cour la plus corrompue, le

plus pur; sous son règne devait éclater la tempete

qui devait abattre le despotisme; 1,ouis XVI

devait porter la peine de ses pères. Voyons d'abord

ce qui se passait vers la même époque dans

d'autres contrées.

L'empereur François ïer mourut 2 ans ap&


( 173 )

la guerre des sept ans (1765);son fils Josepli II

lui succéda (1 765 à i 790) dans le règne de l'Allemagne

et de la Hongrie. Ce prince qui avait

employé les premières années de son règne à

parcourir les royaumes qii'ii devait posséder uu

jour, fut à la vérité encore bien gêné dans sou

gouvernement, jusqii'en 1780, par sa mère, Marie-Thérèse,

qui i'emp6cliait de se diriger d'après

ses propres idées, mais il régna seul depuis cette

époque oir inoiirut cette femme célèbre. Josepli

était le reflet d'une époque noiivelle et plus sereine,

tel que de uis 1740 il se montrait, et qu'il

fiit impossible cre le méconnaître; c'était un

I-iomme plein de la volonté la plus noble pour ce

qu'il regardait comme bien; d'une activité peu

commune, libre de préjugés, soit religieux, soit

politiques ou civils, mais beaucoup trop prompt

dans les eiitreprises qui, d'après leur nature, doivent

d'abord être mûries par le tem s et ratifiées

par l'o inion. Aiissi ie paisvint-il) à reposer

à l'omire des arbres qu'il avait lantés, et

d'en goilter les friiits, r~iioique plus :'<in droit

authentiqiie de ses peuples fut anéanti qiiand ce

droit lui faisait obstacle. II succombait nrissi trop

souvent à la politiqiie de son temps qui voiilait

tout trancher, tout arrondir, pour ne pas faire

mainte démarche dont il aiirait mieux fait de

s'abstenir. Tels furent ses plans sur la BaviEre

(1777 à i 783), ailxquels Frédéric II s'opposa la

première fois par une courte guerre en Bohême,

et la deuxième fois par l'alliance appelée l'Alliance-des-Princes

;sa prise de la Bukovina, et sa

part dii clc'inembrement de la Poloune. Mais il est

grand par pltisieiin deses 1-6formesaans l'intérieiir

de ses Etats, surtout par son édit si connii de tolérance

(1~811, et les israélites de ses états ne le

nomment que pénétrés de la pllis vive reconnais-


( 274

sance. 11mourut enx7g0, et sou frère,LP'opld Il,

lui succéda.

Frédhic II brilla d'une manière pli~s éclatante'

endre à I'liorizoir politique. Les derd

niers 23 ans de son règne devaient. rendre intérieurement

heureu% le pays que, pendant les préce'dens

23 ans, il avait accru et sauvé. Frédéric

était un prince adoré cle SOLI peuple, r~iioiqii'il

parut ne se complaire qiie dans la société d'un

petit nombre de savans étrangers. Il avait le

rare talent, non-seulement d'agrandir ses Etats,

mais de les maintenir grands: c'était l'homme

le plus actif de la monarchie! Souvent le matin

trouva ch& lui déjà fait le travail de toute une

journée ; cc car, dit-il, rien ne ressemble pltis à

la mort que l'oisiveté ;il n'est pas nécessaire que

je vive, mais bien ue je sois actif. » 11 n'ajourna

rien de ce qui%erait ktre fait, et ne cessa

de régner par lui-même qu'avec le dernier inoment

de sa vie, le 17 août 1786.

La Sémiramis du Nord, Catherine II de Rnssie,

peut seule être comparée à ces deux 1)rinces,

a cause de sa très-grande activité, féconde

en heureux résilltats, guoiqlie dans l'apprdciation

gértérale de son regse il faille, sur plus d'un

de'tail liorrible, fermer les yeux ;aussi, passons

par-dessus son avènement au trône, par-dessus,

la fin cie Pierre, son mari, et sur la misère des

derniers jours de l'empereur 1van III à Schlusse1bonl.g.

Sa politiq~ie extériciire fut particiili&-

rement dirigée vers la Poloone et la Turquie.

Combien fut significatif le pyan qri'elle exécuta

de donner arir Polonais, aprhs la mort d'Aliguste

III (17S3), Stanislas-Auguste Poniatowski,

pour roi ;l'appui qu'elle accordn ati mali~eureus

parti religieux des dissidens, qni, sans doute,

(levait, avec un secours étranger, devenir tia

parti politique, et enfin, le joug de fer qu'elle


4 275 1

exery par l'entremise de Repnin. Ce fut en

vain qrie les mécontens de l'iiifluence russe formkrentiiue

confédération à Bar, en 1768,qu'ils

engagèrent la Porte-Otomane à déclarer la gurere

à la Russie, et qu'ils .clierchèrent même à

enlever l'Impératrice ail milieu de d.e sa capitale

(novembre 1771). Ils ne firent par-là qu'accélérer

ce qui avait ét4 décidé d'Jior.rible sur la Pologne.

Calvdéjà I'Aiitricbe, la Prusse et la Russie

étaient convenues de procéder à lin partage de

la Pologne. 11 s'agit ici inoins de sgnoi? qui le

premier a conrpi ce plan, que d'en mentionner

uri dont i'importance co~lsiste plutôt à ?voir été

concu contre tout ce qii'on regardait jiisqiie-là

comme le droit des peuples et le système de,téquilibre.

On détacha donc en 1772, de la Pologne,

3,400.milles carqés; on se ,les partagea chaaun

à Sa convenance, et la diète de Narsovie fut

obligée,.en 1773, d',y consentir.

Catherine ne fiit pas moins heureuse dans la

guerre contre la Tiirqiiie ,après qiie Romanzow

se fut placé à la tête de l'arpiée,russe. Les victoires

près dti Priith, dri Kagul, les conquetes

de Chotzimi, de Bender, la guerre navale

près Scia et.le terrible iiicqpdie de la flotte

ttirqiie dans la baie de Tscbesme, dans l'Asie-

>Iineure, par Alexis C.)rlof, l'alliance ,avec les

Grecs -(qiii la payèrent cher quand la Russie

avait atteint son but et obtenu la paix), celle avec

Ali, br,y <i'Egypte, enfin la reso ution du grand

visir clans IPS montagnes de la ~ uprie, tout cela

produisit la paix de Kiitscliuk-hainarclge et la

cession à la ,Riissie de Kinstirn , d'bsow, de Jeiiilial

et de Kertscli dans la .Criinée, avec la

grande et la petite Kabardie. A rès que la rébellion

du cosaque .Pugntscheff (un Pseudo-

Pierre) eut été repprimée , que la division de


l'empire par gouvernemens fiit exécutée ,Catherine

s'occupa d'un plan beaucoup plus grand, le

projet grec où son favori, l'or~ueilleux prince

Potemkin croyait monter plus ?laut. Ce ne fut

pas pour rien que sur l'une des portes de bloscou,

on avai~ écrit : chemin de Constantittople !

Ce n'était pas pour rien que son deuxième

petit-fils portait le nom de Constantin et eut une

nourrice grecque. SLII- les ruines du royaume des

Osmanes devait s'élever un noiivel empire grec

soris un prince de sa maison ! Enfin, on en vint

aussi à iine guerre ; mai3 comnie c'est la Porte

ui l'avait déciarée la preiniére , l'empereur

]osepli fut obligé, d7nl>rès les traités, &y prendre

ét;.dement part, ayant eu peu auparavant (1787)~

une confërence avec Catherine à Cherson. Mais

Joseph souffrit la défaite près Lugoscli 1788 , et

en emporta une maladie dangereuse. Quoique

Loudon et Cobourg remportassent encore de

grandes victoires, u'ils prissent à l'assaut Poternkin,

Oczakow ,(Siiwarow,Isrnail ( d'une manière

assez sanglante), quoique les journees de

Driwitza , Foeksani , Martinjestie et la conqu6te

de Bender amoncelassent lauriers siir lauriers :

I'Aotriclie fut obligée pourtant, à cause de la

jalousie de la Prusse et de l'Angleterre, et à cause

de la triste mort de Josepli, q!ii laissa ~~Itisieurs

de ses provinces en pleine revolte et presque

toiites les classes de ses sujets excitées contre lui,

qiioiqii'il n'eut voiilii que le I)ien de son pays, à

la vérité, à sa manière, l'hiitriche fut obligée de se

retirer clela guerre et Catherine diit se contenter

de la paix cle Jassy, I 792,avec Oczakow et le pays

entre le Bug et le Dniester. Malgré de si grandes

armées et de pareils gén+atix, combien s'en fallait-t-il

encore pour 1 aneantissement de l'Empire

turc ? Mais le fanatisme religieux et politique a


aussi en d'antres temps résisté aux plns grands

adversaires. Vers le même temps, Catherine ter-'

mina aussi avec bonheur ses démêlés avec la

Suède. Ce pays élait depuis assez long-temps divisé

en deux partis; celui de la Russie ( les bonnets),

et celui de la France (les chapeaux).

Gustave III, (1771 à 1792) rétablit en 1772, par

une révolution hardie, la considération royale

perdue en 1718.On sai tcombien cette révoliition

fut prudente et prompte, et cc qui vaut plus,

yli'elle s'ol>éra sans effiision de sang depuis le

sigue de I'écliarpe blanche qui date du 18 août;

on sait aussi qu'après que cette révolution fut

consomniée, le noble roi déposa modestenient la

couron:;e, tira le psautier de sa poche et entonna

lui-même uu :Mon Dieu, nous te louons. Quelque

excellent que frit son gouvernement, les partis

n'en furent pas pour cela tout-à-fait désarmés,

et lorsqii'il déclara la guerre à la Russie, à

caiise des plans secrets de cette puissance à s6-

duire ses siijets, et pour faire une diversiou à la

Porte, ses officiers refi~sèrent tout d'un~oiip dans

la Finlande, cle lui obéir. cependant, a un combat

saugiant, siirto\it siir la Mer altiq que, siiccéda

encoreune pair honorable à Verelae ( I 790). Mais

2ans après, Gustavefiit assassiné dansiin bal pariin

~eniilliomnie nommé Ai~karstroeme ,et il tomba

victime de l'aristocratie exaspérée contre Iiii.

Cependant Catherine n'avait pas perdu de vile

la Pologne. La Pologne, en relations d'ümitid

avec la Priisse, avait enfiri reconnu, trop tard à

la vçritb ,qu'une nouvelle constitution, conforme

temps, avec l'abollition du veto, cause ilnipue

de tant de diètes titmiiltueiises., qu'une nouvelle

constitution qui substituerait la royauté

h9éditaire à la royauté declive, porivait le

mieux la garantir contre l'influence de la Russie.

24



( i70'

Le' 4 novembre , Suivai.oi46 inoh tg à l'assaut àI

Pra a, faubourg de Varsovie, tt la ville se rehdit

fe cj suivant. C'était bien aussi la fin de la

Pologne, car un troisième partage ( 1795 ) ciitre

la Russie, llAutriclie et la Priisse, laissa à peine

an pays son nom. Le roi destitué obtint ane pension

à Pétersboarg. Les plrts doble$ PolonaiS

s'erpntriérent pour ne yliis voir ld &c?solàtion ;

Kosciuszko alla en Ameriqne (en 18i7 il vint en

Suisse et sa dépouille mortellè seule rétint à

Cracovie'; un monument nitional sur ii fnohhgne

Bronislawa et l'histoire l'éterniseront).

BientGtnons trouveronsla Pologné encoré nSe fois

ponssée à. l'indé endance par son ardent Im6dr

de la liberté; Zathdrine mourut &ri i996. Des

335,000 milles carrés que 1d Russie hait à sa

mort, Catherine en avait conqiiis 11,000.

Du côté opposé de I'Euro e, eti ~ortiigdf, il

se nianifesta bientôt un peneKant décidé pour

l'Angleterre, et une grande faiblesse de )a art

des gouvernans, qui, depuis 1640, étitiedt & ld

maison de Bragance et qui s'étaient maintenus,

malgré les efforts de l'Espagne. Il n'y eut qiie le'

règne de Jose 11 Emanuel ( 1750 à 1777) qni se

distingua par L rhinistre Sombal; il avait eherché

à rendre de iiorivelles forces 3 l'état affaibli.

Nature~lerxieut, dans lin tel affaiblissemeat, ses

énergiques mesures de féformê devaient de+enir

op~ressives. Le terrible tremblement de térre ,

let noteml>ré 1755,. qui avait entraîné la perte

de la moitié de la ville et coûté la vie à à11 moins

50,000 âmes, ftit expliqué par le clergd comme

ilne manifestation de la colére divine, h cause des

Innovations du ministre. Un attentat sur la vie

du roi, où l'on soupconna les je'suites Gavüir eu

lamain au jeu, etleur'résistauce,lors de l'échange

de St.-Sagramento contre le Paiaguay espagnol,


(280 j

où ils s'étaient formé un empire à eux, composé

d'Indiens, entraînèrent leur expulsion du Portugal

en 1758. L'armée totalement démoralisée

fut reor anisée par le comte Allemand de Lippe-

~chaumkour~. Mais la bigotte Maria Frencisca,

fille du roi, qui régna apres lui et devint enfin

folle, congédia Pombal, et préféra tenir un autoda-fé

eu 1778. Son fils Jean entreprit en 17ga de

gouverner pour elle. Les anciens jours lieiireiix

étaient del)iiis long-temps passés. Il n'est

pas étonnant si, long-temps encore, en mémoire

de ces jours, le peiiple superstiiieux coitrait, a

certains vents de mer, sur des collines et regardait

vers le sud pour voir si son Saint-Sébastien

de I 759 ne revenait pas de l'Afrique.

En Espagne, Ferdinand VI avait succédé en

1748 au faible Philippe V et à son ambitieuse

femme Elizabeth de Parme (avec son extravagant

politique Alberoni) ;en 1758, Ferdinand devint

fou, et il eut pour successeur (1759 jusqu'en 1788)

l'Infant don Carlos, roi de Naples, son frère consanguin,

qui prit le nom de Charles III ;et Naples

eut pour roi, Ferdinand, son troisihme fils. Soi15

son règne se distinguèrent comme ministres, les

comtes Aranda et Campomane. L'expulsion des jt

suites et les limites posées au pouvoir de I'inqnlsition

furent un bienfait pour le pays. Charles ranima

l'industrie, encouragea l'agriciilture et tous

les genres de travaux. C'est CIiarles III qui a jet!

des ponts sur les fleuves, creusé des canaux, trace

des routes, élevé des manufactures, colonisé la

Sierra Morena.

Charles III se vit forcé de conclure le pacte de

famille qu'avait re oussé son prédécesseiir. Il s'y

vit contraint par [audace de la puissance an-

$aise qui, après avoir réduit le Portugal à l'élut

e province de la Grande Bretagne, semblait voi1°


loir traiter en tributaire le reste de la Péninsule.

La uerre de l'indépendance américaine dans

layue8e la France prit une part si glorieuse, remit

bientôt en question ce qui avait été convenu

relativement à l'Amérique. Cliarles III fut

forcé de s'unir à la France par les iiouvelles insultes

que les Anglais firent à son pavillon et à

ses colonies. Et lorsqu'en ri83 les Aniéricains

combattirent pour letir iiidépendarice , 1'Espagne

prit part à cette guerre en même temps que

la France. Nous reviendrons à l'Angleterre en

parlant de la révolution francaise, révolution qui

a tant occupé la Grande-~retagne et siirtoiit le

ministrePitt. Remarqiions seulement, avant d'aborder

ce siijet intéressant et important que si

pendant, et surtout vers la fia du dix-huitième

siècle la France eut une foule d'hommes distingués,

I'Angelterre eut Milton, Newton, Locke,

Drydeu, David Hume ; 1'Allemagnc eut Gieim ,

Kleist, Gellert , Klopstock, Lessing, Gessner,

Burger, Scliiller, Cotsbo~ie, Goethe et ilne foule

d'autres, I'on poiirrait dire que le dix-huitième

siècle a pensé ce qiic le dix-neuxième a déjà en

partie exécuté.


mslnioxag

DES

TEMPS MODERNES

DES PLUS R~CENSBVÉNEMENS.

CHAPITRE III.

Depuis la Révolution francaise jusgu'à nosjourse

, (1789 à i 835.)

11 est impossible de ne pas faire l'observation

conibien est frappante la ressemblance entre le

temps moderne et le commencement de l'époque

la plus récente, Au sièclc de la réforme, des milliers,

mt.nirt des millions d'hommes, faisaientdes

efforts vers la liberte religieuse et ecclésiastiquei

parce qu'ils se croyaient rnÛ1.s polir l'obtenir, et

en état dc briser les liens de la hiérarchie. Depuis

le milieii du siécle pre'cédent, des écrivains eurent

une autrc direction, mais analogue. Nous

avons vu en France les plus distinçués d'entre

eus, examiner avec attention, les droits des peu:

ples par rappori à leurs princes, et peser ainsi

dans la balance de 111raison, des priviléçeç q,'une

lisute antiqriité praissait devoir Iésitimer. Bien.

tôt après éclata en Amérique, la guerre de l'in-


( 283

dépendance, si importante et mehée à si borine

fin ;alors le désir de briser les cliaînes de la féodalité,

qui seules rappelaient encore le moyen

âge, de conquérir la liberté civile et politiqire,

une liberté légale, ce désir devint toitjotirb plus

ardent, surtout en France. Certes il est naturel

à une nation privée de la liberté, non-seulement

de la désirer, mais même de la conquc'rir; mais

vouloir se la procurer par des rhoyens ilijustes,

répandre des torrens de sang pour l'arraclier,

c'est là ce qui sépare les hommes raisonnables,

des hommes violens. Un peuple miil- pour la liberté,

l'Our la liberté compatible avec I'ordre,

reste rarement SOUS le joug du despotisme; le

temps tràvaille à son affi-anchisseinent. Mais se

jeter au-devant de la inarche du temps, en précipiter

le moiivement, c'est s'exposer d'être écmsd

par ce mouvement yrdcipite. Et quatid nous

voyons que la liberte a triomphg non-seulement

des obstacles que lui offraient l'aristocratie, le

despotisme et la routibe, mais encore de ceux

pi faisaient naîtreun système de terreur et d'oppression,

iioiis devons noris féliciter de vivre à

iine époque où même la cruauté et les itijustices,

n'ont Pa~einptcIié le triûmplie de la pliis belle

(les causes.

C'est un fait ffénéralement admis, qde ln rero\iition

btaii dzjà laite dans les esprits quand

Louis XVI monta sur le trône ( 1774) Le gaspillage

des deniers publics, l'inégalité des cl~arges,

les tiraillemens des parlemetis, torit cela

avait depuis long-temps fdtigiié !a natiofi, et avait

appelé une crise que Louis XVI, !rince éqiiitable,

mais faible, n'était >as capab e de conjurer.

IL avait rétabli dans leurs fonctions, les nnciens

parlemens, exilés en x 71 par Louis XV;

es 1780 et ~781;il avait ordlonnéla destruction


des cachots souterrains, amélioré le régime des

prisons, aboli la question et les corvées : Turgot

et Malesherbes secondaient les vues bienfaisantes

du roi. Malheureusement Louis XVI n'eut pas

cette fermeté qui sait tailler dans le vif et déplaisant

totir-à-tour à la Cour et à la nation ;l'explosion

de la révolution s'approcha avec une effra

ante rapidité.

Jepuis 1778 jusqu'en 1783, la France avait

à soutenir une guerre maritime contre 1'Angleterre

au sujet du traité de commerce, que la première

avait fait avec les colonies anglaises de I'Amérique

septentrionale, qui s'étaient déclarées indépendantes

du gouvernenient an lais sous le nom

d'Ela&-Unis, traité qui avait déJu aux Anglais.

Celteguerre àlaquelle concoururent, comme nous

l'avons dit, plrisieurs Francais de distinction, entre

autres Lafayette, et qui avait excité en France une

sympathie bien naturelle pour l'indépendance et

la liberté, avait aussi contribué à miner (le plus

en plus l'édifice vermoulu de la féodalité :les finances

étaient dans l'état le plus deplorable.

Necker, qui avait déjà été appelé en r 77 h la

tete des finances, fit connaître en 1787 à fassernblCe

des notables, un déficit de cent quaraiite

millions. Le mal allait en augmentant, et Necker

donna le conseil d'appeler les Etats généraux

polir leur ex oser l'état de la France, et le 5mai

1789, Louis $VI, suivit ce conseil, et les Etats généraux

furent convoqriés. Ils étaient composés

des trois ordres de la nation : le clergé, la noblesse

et le tiers-état.

Assenzblée nationale. Quatorzejuillet.

Les états avaient été assemblés à Versailles,

ah la Cour crut pouvoir mieux les diriger. Dès


( 285 1

l'ouverture de cette assemblée, il s'y éleva des dé

batsqui excitèrent ilne agitation, laquelle se communiqua

bientôt à la multitude. Ainsi les trois

ordres étaient d'accord à demander les réformes

qu'exigeait l'intérêt général, et conformément

aux cahiers dont Ics avaient cliargc's le~irs comnietlans.

blais ici l'étiquette vint, dès le premier

moment, troubler l'ensemble dont eu ce moment

siirtoiit, on avait tant besoin. Le clergé ni la noblesse,

ne vinrent point .& 1ü salle commune des

séances pour la vérification des pouvoirs, et le

tiers-état se déclara assemllée nationale. La Cour

voulut agir avec sueur, les députés

se rendent au !ie%rn%% font le serment

de donner une constitution à la France. Dès

lors la souveraineté du peuple exista de fait.

Des troupes environnent la capitale. La fermen-

tation du

euple se fait jour par la prise de la

Bastille ( ifjuillet i~$9).Des Iiorreurs sanglantes

signalent cette premiere victoire populaire. Ce-

Pendant on vou ait encore une nionarcliie, mais

très-tefipérée. Déjà se formait le club des jacobins,

formé de républicains ardens. Tout le

royaume se ressentit de I'effervescencepopulaire;

les châteaux furent pillés et inceudiés. Dans une

nuit (4 août ), l'édifice féodal qui subsistait depuis

rooo ans, fut abattu en France. L'émigration~ommenca.

Le château de Versailles devient

1 le tliéiître di massacre (5 et 6 octobre), le roi

vient à Paris, et recoit de Bailly la cocarde tricolore.

Déjh l'assedbiée a décrété la declaration

des droits de Pliomme, la suppression de tous les

Priviléges en France, la confiscation des biens

du clergé et la création d'un papier-monnaie,

appelé assignats. Elle décrète la liberté de la

Presse et celle des opinions religieuses. Enfin,

en 1790,la France frit divisée en 85 départe-


mens ; les couvens et la noblesse furent supprimés.

Cependant les princes francais retirés en Allemagne

et en Russie, travaillèrent à l'organisation

d'une armée contre-révolutionnaire. Ces di8érexis

e'vénemens et l'incorporation h la France

des pays situés à la rive gauche du Rliin, et apfartenaut

à des princes allemands, provoauèren,t

es délibe'rations de l'Autriche et de la Prusse, a

Pillnitz. Mais la présence du roi à la fête dela

Jeiiei*ation, et son serment à la constitution prononcé

au pied de l'autel de in Patrie ( 14 jaillet

I go), firent croire que le roi avait recoiivré Sa

liierté, et les délibérations de Pillnitz n'eurent

poiir Je moment pas de suite:

L'embarras des finances allait en augmentant

malgré les dons patiioti ues. Necker se retire.

L'aristocratie se remue ; les ennemis de la révolution

se réunissent à Jalès. L'assemblée, en exigeant

un serment du clergé catlioli ue, occasiooe

iin sclilsrne ficheun et grossit ?e gombre

des méconteiis. Mirabeau défenseur de la rnonarchie

constitu tionaelle, et le plus célèbre orateur

de l'assemblée coiistiuant~, meurt ( 2 avril

17 1) et recoitles lionneurs du Pantliéon.

fouis X~I,abreuvo d'amertume malgré les

efforts qu'il faisait pour plaire à l'assemblde nationale,

tente de quitter la France avec sa famille;

mais arrêté à Varennes, il est ramené à Paris et

sùspcndu de ses fonctions, jiisqii'après I'achèvement

de la constitution dite de gr, Un soulèvement

rdpublicain qui eut lieu alors au Cliamp:

de-Mars, fut dissipé par Lafayette et Bailly, qui

firent tirer siir les pertubateurs.

L'assemblée, aprés l'acceptation de la constitution,

se déclara dissoute et fut remplacée par

l'assemblée législative.


( 287

L'assemblée nationale législative, plus ardente

que la constituante était divisée en trois parties :

les républicains modérés, tels que Vergniaux,

Condorcet, Brissot etc ; les cordeliers ayant $

leur tête Danton, Camille-Desmoulins etc., et

les royalistes contistutionnels :ces derniers étaient

les moins nombreux. S'appuyant sur le peuple

qui lui était clévoué et qui était payS, l'assemblée

nalionale déclara la guerre à Francois II,

ni avait succédé à son pkre Léopold ~ f frère ,

je Jasepli, 1790 à 1792;la Prusse, I'.Autriclie et

l'empire d'Allemagne, répondirent à cette dedaration

par une invasion en France, qui toutetefois,

frit de courte ditrée. Pendant ce temps,

eurent lieu à Paris les scènes les plus liorribles ;

le 20 juin, les jacobins irrités de ce que le roi

avait refiisé de sanctionner les décrets de l'assemblée

contre les princes, les émigrés et les

pri?tres, assiégèrent les Tui1eries:et prodiguérent

ail roi' les plus cruels outrages; le IO août, on

tira contre le roi aux Tuileries, la garde suisse y

fut assassinee, et le roi même dont la declléance

est prononcée, fut conduit prisonnier de 1s nation

dans la prison di1 Temple. Le 2 se tembre

eurent lieu daus les prisons de Paris, !es rnassacres

horribles. Leprétexte de cette bo~icherie,

fut l'approche des alliés et la proclamation du

duc de Brunsmisk. Déjà la giiillotine était en

permanence, indépendamment cles massacres de

septembre avait coûté la vie à environ 7,000 innocens

prisonniers. Cependant tous les princes

francaisne furentpas atteints par le décrc t de banbissement,

prononcée par l'assemblée législative.

Ce décret fut lin moment rapporté en ce qui

concernait la faniille di1 duc d'Orléans, qui

avait embrassé la cause de la révolution.

Le duc de Chartres, son fils, aujourd'hui roi


des Francais, défendait son pays contre l'invasion

étrangère. Officier supérieur d'abord dans

l'armée de Kellermann, puis dans celle de Dumouriez,

il combattit glorieusement à Valmy, à

Jeinmapes et à Nervinde.

La convention nationale cornmenGa ses séances

le 21 septembre 1792. Elle proclama dès le lendemain

l'abolition cle la royauté et l'établissement

de la réljublique en France, et le 21 janvier

1793, Louis XVI est décapité. Marie-Antoinette,

son épouse, et madame Arlélaïde, sœur de

I'infortiiné monarque, périssent de la même mariière.

Des liommes tels que Nohespierre, Marat,

Hébert paraissent sur ln scène. Des torrens de

sang inondent le pays le plus civilisé. Tristes

fruits des révolutions outrées par les uns, contrariées

par les antres. La pierre une fois lancée

prend toiijours le chemin le plus tortueux. On

corninetlait les crimes les plus inouïs au nom (111

salut de la patrie, et le bien ii'a produit la

révoiiition , a été aclieté par les maux incalculables.

A la mort de Louis, la Vendée s'insurge;

l'Europe prend les cirnies. La républiqite, de son

côté, déclare la guerre à l'Angleterre, à la Hollande

et à l'Espagne. Quatorze armées se mirent

alors en mouvement. Custine avait pris Mayence*

Montesqitiou avait enlevé la Savoie, et Dumou

riez inonda la Belgique des troupes de la république.

I,e peuple se leva, toute la France fut convertie

en un c;lirip,et les armées républicaines, animées

cl'un coiirage en quelque sorte fiinatique, firent

éclioiier le talent des plus grands généraiix. Le5

cliefs n'avaient qu'à entonner la Marseiffaise;

on vainquait en chantant. Pour anéantir tout ce

qu'il y avait. de sacré, on abolît en novembre


( 289

1fg3,lareliÿiod clir-étieniic et1 I:i*anrc,on érigea

iiii teiirple tle la Rei-oii , on iii;~ la tliviiiité ct

I'itrimorialit6. cl ce tie fut qiie le 7 i~iiiiL ;g$ qrie,

par uil tl6cret de la c-oiiveiition, ~'Qtre siipi.$nie

fiil rétabli ! Polir l>i\rrraiix embarr;is fiiiiiiicier~,

oii avilit crP6 lepapier-i~io,iiiaie. oit nssigiiats ;c'4-

tai~iitlrs bons siir leproduit des biens iiaiion:itir

dant In vente :irait été décrétée; mais ces ascigniits

avant ét6 bbriqiiCs impriidcirinienl, otit1.e

itiesiii~e,lavaleiir eii tomba tellement qi~'nntlnntix

drs sowuics iirirnenses polir le plils niince ob;ct ;

aiusi. on donna 2,000 fi.. d'assignats piir riiie

piire (le iloiies. i\ic.titd~ Ics iiioti6:'i-es riirent polirsi*ivis

romnie .s~tspect.s. lAnVeiitléc coiiiiiiiiiiit son

iiisiirrrt liori. l,vo.i, Toiiloii s'in3iirgi~reiit à It~iir

loiir. Celte é~)oqiic est coiinrie soiis le noni de

rCgi111e de Ir Ler~.r.rrr.Le tlévorîiiieiit (le Cliarloite

Cortlnv ue (lelivra la Fratice qrie de I'iiifinie

11:1riit. ~shtizd'atitres tigres 5 fi~iireIiiiiii;irtie

désotnieiit uotre tri:~llieiireiise patrie: des proc on

siils, tels qcie Ctiri.ier. Josepli Libbon ,ctc.. ti&-

relit tl'iine iriani&resysléiiiatirliieel ce fiit iiii Lori-

lietir poiir \a Fr,itice c~iieccsysti?me (Ir terre~irs'a-

nt;;iritît tlc ltii-m6:ne, el comtne S;itiiriie, la Révo-

Ititioil d&orii sespi.oi)i.e~(~ufiiii~. Le ciinyen Egalile(,li~ctlq()r]&n.i)

avait tlejh c't&sac.rifid, el rlii:iiid

30bes~)it'rreavait fait tainber (les triilliei.~ tle t&es

et clu'il voiiIiit mettre la nisiri siir ses t-oll&gties,

sa11griin;iires c.oini1ir.l liii .c-eiis-ci le fireril i~rréttr

:vec sou parti (le 17 jiiillel 1794). et il fiil livxt='

il la giiillotiiie. II y ecit I~o:~rt;ii~~ encore (les SC;-

!ips

avant (III'OII ~>arvirit h a\);iltre le-

1iil'~biiis et les auart.liisies. Uiie tio:ivtslle coii4itiliinil

( le 25 octo;)re r 795 ) fut prorlmnt:c:: el12

mit à In tête des ;iEitircs ciiiry dii.ecteiir, ;îvec iitk

conseil des anciens t*t iin coiiseil (le ciiicl cents.

çcl)eallast la guerre avait été coutinui!~vive-

2,a


( 196 1

Ment, el la ldii art du temps la victoire s'&tait

i?éclarc!r pour France. De grands talens se

montraielit clans le comité de salut piiblic ;Carno

t orgnriisait Irr wictoirc.et tâchni t de déjouer la

traliison. Dumoiiriez avait livré l'ennemi les

commissnires de la convention pour se soiistraire

it la guillotine et avait émigre'. Les lignes de

IVeissemboiirg avait e'ié livrées par des traîtres.

De son ci%, Jourclan, par la victoire qu'il remporta

5 Fleiirus (26 juin 1794) conquit toute In

~elgiqiie.

Un jeune lieuteaant d'artillerie, nomme Bo-

~layarie, contribiia 3 reprendre Toiilon siif les

Anglais qiii, avant de fuir, détrilisirent notre flotte.

C'est encore Bonaparte qui, J la tête de qiielqiies

iroiipes. conibattit l'insiirreciion dans Paris, le

1x3 vendémiaire, an irr.

Cependant les principes de la r6volo tion pénétrère~tà

la siiite des armes victorieuses de la

France.

La Holiancle, qii'on venait de conquérir., devint

'la républiqiie batave, plus tard il en fut ainsi ?e

l'Helvétie, de la Haute-Italie, de Naples. u Ilair

aux chaumières, guerre AUX palais, r, avec tin

arbre de liberté siirmonté d'un bonnet roiige,

teffiit 1e signal cles arnaées révoliitionnaires. Riais

dès 1795 on vit la France conqtiérir à la fois In

ix et la reconnaissance tle la répriblique. Car

Tuscane, la Suède, l'E,spaglie et même la

PFrrsse conclorent la paix a Hâle, et la Pru;se

i'üsstira aussi par une ligue de démarcation ail

nord de l'Alleinagne, pendant que Ic sud de 1'~llemagne

resta cncore en guerre. Mais le mallieiir

était. qu'or1 fûtoblige de condiiirela pliipart de ces

gtl~tr't:~ et des suivantes avec l'argent de l'Angle-

terre-A quoi ~erventles bras aux çénns qiiand 11

~~:itIe~çco~rs~autrespou~ssoiil~~er?La guerre


( 29' )

~an~laute. dans l'intérieure de I;r Franco contre

la Vendée royaliste étaitaussi enfin terminée.les

Vendéens acceptèrent l'amnistie ofiérte par la

convention le 17 février 1795 ,et déposèrent les

armes. Une dernière tentative dans l'iutériew

de la Frauce, excitée par les Anglais, dchoua

i Quiberon (juin 1795). Combien fut vraie la

parole de Dumouriez, K que la rc'volotion francaise

était un draine immense dont la partiepohilue

inspirait l'effroi, mais dont la partie militaire

excitait l'c'tonnement. »

C'est ce qiii se de'montrait alors eii Ilalic OB

vint sc mettre à la tête d'iine armée toute délahEe,

un homme iii laissa loin derrière liii polir

le taleut inilitaire(les antres gén&raux. ses collkglles,

et qui, en m6me temps parfait politiqiie, devaitenfin

6trc1'11ériticruniverselclela r6volrition

francaise. Bonaparte, ndle 15 août 176 ,en Corse,

s'était déjà distingue. comme noiis ?avons dit.

devant Toulocse, s'c'tait battit clans Paris, et

maintenannt il savait presque constainment atlaclier

la victoire à ses drapeaux dans les batailles

de Montenote ,de Millesiino, de Dego, de Cevf

et de Mondovi. Il forca Parne ct laSardaigne a

conclore un armistice, 1796, et par son passase

Près Lodi, siir l'Adige, 11 décida du sort de la

Lombardie. Modène, Naples et le pape (Pie VI)

aclietaient chèrement des armistices pendant que

la Haute-Italie fut convertie en rc'piiblique cisalpine

et répulliqile ligurienne.

Après que les Autrichiens eurent aiissi été battils

près d'Arcole et de Rivoli, la reddition de

Jlantoiie (2 février 1797)entraîna polir I'Aubiîl~e

laperte de presque toute l'Italie. Ainsi ce directoire

qui, en entrant au Luxembourg, trouva à

Peint des chaises pour s'asseoir; qui n'avait ni fiuances,

ni repos daps l'intérieur; qui avait & sou-


( 292 1

!yeriier la France décLirCe par l'nnarchic. ce directoire

siit trioinplier <le toutes cr*s dinici~ltés,

grâce j! la inasse de la nation qtii voulait le rellos,

et 5 I'habiletd de sesgénéra~ix qui sawaient la lui

proriirer glorieiise.

Deux arrriées fraii~aises avaient pénétré en Allemagne~~~~~

Jourdan et Moreari, niais ce dernier

fiil obligé cle retrogrrider près de Miinicli et (le

coniniencer iine cél6bre relraitc, lors lie le pre-

.mer fut baitu près de h'eumarck, leiniiig 7 et

Ambe1.g ar l'arcliidtic Cliarles, fi.ère (le 1'Eiiierettr.

Eel)etlda, t Moreail revint bientôt, mais

r~iilrielie, pressée par les siiccèsde Bunaparie,

en Italie, couciut le 18 avril 1797 ,à Léobe~i,

les 1)rélirriinaii.e~ (l'une pair qui fiit raiifitk le

17octobre suivant à Campo-Forixiio. LIAiitriclie

rrnunca à ia Belgique ct à Milan. et par des ar-

3ic.les secrets, elle renonca aussi à la rive gaitclie

di1 Rliiu, i.ecorioiii la république cisal,)ine qii'on

ava t foriiiée dit Rlilanais, el obtiut polir cela la

pli!s grande partie de la répiibliqiie de Venise

q~ii, par là, toiicliait politiqucmenl à sa riiine.

A Rabtadt on n6gocia Iii paix avec l'empire d'Al-

Irmagne; triais le congrès où la France parla fort

liaiit. ?>rit fin avec !'assassinat des airilassadeiirs

fratijais (a8 avril 17%) et une uouvelle guerre

~6iiériile éclata.

Reniar(ji:oos d'abord qiie si 16s succ6s des

srrnies francaises en Italie ftir-eut I'œiivre de BOnaparte.

c rii avait troiiré l'arinée d'Italie dans le

pliis p-anl <Ibniinient, Hoi.1~ s'6tiii t illiislr4 iI:io!

la VendCe; c'est sn nio(lér;ilion et son activité qill

a\ aieri: pacifié ce ni;illieiireiix pays; et coiliine Bl:

liaparie, il siit v;iiricre el n6gocieiq. Rlorenri ~'étiilt

ecSriiis cle la gloires (-11 Allc niagrie, el les él(:niens

revis einl,î.çli+rpnt 13 tenialive sur I.Irlande. m6

ditee par IZoclie et couduile par Humbert*


î an;

Toii~efois,ta France ne fiit pas aussi liciiretiseb

I'intérierir c ii'elle était glorieiise el ~~iiisraiile à

1'exti:rieiiv. l e parti royaii-te ronsliiraii h ~li<.liy:

les aiiarcliistes. (le leur cbtl:, ro!ilaieiit relever la

Rlontagne. Ct*l)end.in t (le grancles cb1ioses s'ex6

tiitait*nt rn Fran:e. Lei étoles centrales fiirent

cre'6es ;délà précétletnnietit le systhne nif:triclrie

avait niis I'iinité dans les poids el mesures. hktis

ciie iioiivellc criqe, 1111~Iiaiigerneiit siirvenii flan. le

goii\-errieiiientdc la France alliiit clianger la face

des ;ifXiire?;.Ln divisioti qiii régnait entre les deiix

conseils et le directoire arnena In r6toliitioii du

18fructidor anv (q septeiiîbre i796). qui reinit

le poi,yoir absolii entre lcs niains clec clirecteurs.

Voyons ce qui ie passait alors mi <teliors.

Rome convertie en rdpubliqiie ( 1798) ;1~ pape

Pie VI, SgC de Br ans, condirit prisrnuicr en

France. où il mouriit 1,911 ; In Sriisse riirolutiot~n6e

p:ir les arniées fr,iiipijes; eiiiin . les enlre-:

prises des Fr;inc;iis en Egy )te, tolites ces circoi~slances

rendaie;< difficile \a Ion, crile drirée de la

pix. Soiis le prYtexte d'iine expédition en Angleterre.

Bonaoarte s embai.qiia, le 22 mai 1798,

avec iine arniée, sur Ilne flotte, à Toiilon, près

l'île de Rialte, et délarrliin en Egypte. JI est probable

que I;i prise et ta roioiiisation de ce 11aprlevaient

Gtre un de'clomtnagement pour les colonies

rerdiies coiitre lJAnqleterre, niais cet te expétlition

(levait aiissi offi.ir la pos~ibilité ctlniié;rntir

pal. In Syrie et la I'erse les éiablissemen; nzigl:iis

~ P SIntles ori~ntalcs. La flotte francaise. sous

Briieyes, fiit i Ia vérité an4antiepar la flotte anslaibe,

sous Nelson, prls Aboiilrir ( ter ai1 3 août,

Biiieyes sauta en l'air sur le l3Ot-ieut,de 120 Calions),

inzi.:s Bonaparte avait pris pendaiit ce

temps AI~xalitlri et le Caire el b:ittu Ics vame-

Iiiks et leiii-s i%eys, Ics m:iîtres <lupays, cyiioirlo en

appareiice sous la d6pendance de la Turqriie. Il


c 594 >

fut assci singulier de voir la Russie, la Porte ottomane,Naples

et y~ngleterre seliguer contre ces

entreprises. De I'Egypte, Bonapartepoussa vers la

Syrie ;El-Aricti , Gaza, JafFa tombérent ,mais

Saint-Jean-d'Acre résista et Bonaparte retourna

en Egypte ;cette expédition tourna au profit des

arts et des sciences. Lessavans et les artistes que

Bonaparte avait emmenés avec lui, tels ue MOP-

Se, ~erthollet, Peyre, etc., explorérentle pays ait

qrofit de l'Europe. Mais bieiitôt L'Egypte devait

etre abandonnée par les Francais.

Cependant une armée russe arriva aux frontiè'

res d'Allemagne, l'butriclie était là encore une

fois, et ce fut la France qui commenca la uerrc.

Mais Masséna, Jourdan, Eernadotte ,~c%erer,

sprouvEren t des revers ; Jourdan siirtout fut

battu ar l'archiduc Cliarles ,pres &Osirach et

de ~tof;acli;mais Masséna vainquit h Zurich et

en Italie, où Suwarow ayant pris le commandement

de i'armée ,avait battu les Francais de maniére

à ne leur laisser que Gênes et ~fce. La fortune

devint encore favorable à la France ; grice à

Blasséna et à Soiilt. L'empereur Paul, fils et successeur

de Catherine, mdcontent de l'Ailiitriclie,

rappela ses troupes et montra de l'ingratitude au

brave général de ses armées.

Tel était l'état des choses quand un nouveau

clianaement de gouvernement eut lieu en France.

~etit:&tre que Bonaparte avait déji connaissance,

en E ypte quc dans le directoire nussi bien que

dans Ses conseils, il y avait de violentes scisriou~

et que surtout qlielques directeurs étaient très

de testé^; que les revers en Italie et sur le Rliia

faisait murmurer contre le directoire

iccuwit d'incapacité. IL confia à Kléber~:~:;:

mandement cn chef de l'armée d'Egypte, s'embarqua

secrètement et revint en France avec


( 295 )

bfouge, ~erthollet, et les génératir Lannes, Mii~

rat, iîfarmont et Andréossy. Son débarqriemrnt

surprend, et par la force militaire dans Paris, il

vint à bcut,le 18 brumaire (9 novembre 1799), à

obliger les directeurs à accepter leur démission,

et le conseil des cinq-cents, présidé alors par

Lucien Bonaparte, frit dispersé par les grenadiers,

tandis que le conseil des anciens, à SL-Cloud,le

déclara lui-même avec deux des anciens directetirs

, Sieyes et Roger-Ducos ,provisoireinent

consul. Le 15 février on publia une quatrième

constitution et on y accorda beaiicorip plils qu'auparavant

au pouvoir esécutif. Au directoire succéda

ainsi le cousulat. Brinaparte fut ierconsul;

Cambacérès le 2e, et Lebrun le 3e.Sous les consuls

se trouvaient les ministres, un sénat conservateiir,

un tribunat et un corps lé islalif-

Comme l'Angleterre ne voulait pas de L pair

qu'on liii avait offerte, le premier consril se mit

en mesiire cte la conquérir. Avec 60,000 liommes

11descendit, second Annibal, la chaîne des Alpes,

\)assa inopinément le mont-S t-Bernard , et par

la grande bataille de Marengo ( 14juin ~Soo), il

(lécida di1 sort de ln Haute-Italie; tandis qu'en

Allemagne, Moreau se fraya le chemin de Vienne

après plusieurs combats, notamment celui de

Neubourg, où tomba le célébre Latour-d'Auversne

,premier qrcnadier de France, et par la

bataille de ~olièn\inùcn( 3 décembre I 800!,

et parvenu jiisqli'à 20 lieues de Vienne, il forja

I'empereiir d'Allema5ne j. demaniler la paix.

Api.cs pltisieiirs armistices, la paix fut concille

à Lunéville , le g fdvrier I sot , où la

vallée du Rhin devint la frontière cntrii la France

et rAllemagne ; cette dernière puissauce perdit

alors 1,200 milles carr6s de pays avecune population

de prOs de 4 millions d'nmes. UAutriclia


t 79G

naparte ~onirne ler consiil, resiitria à la Franc.etlt

à .el alliés ce (iv'elle avait ac(11iis daus les deils

J~fbariisi1lervs.

Peti iiliri~ son arPnement ni1 consiil;it, Ponaai

te envoya iiiie ririii6c (le vieiix soltlats b S1-

Roliiiogiir polir rtfpiimer j*iii,lal,en<lan,.e (les

116grc.s, c liez lesqiiels les i(lécs de liber16 el d'&

palil& avaient ~reiiéiré et a convegtioti ii'a.

rait ,)assu ~m.nteriir. Le cie~hrGiaut dcstrol>iqiici

nioi.;~oarin ces braves.

Hoiiii~~~tt*, ;i]r1'6~ I;I conciilsion tlt? la paix, aCcorcla

tiiit? ;iiiiiii: tic ge'iie'rale aiix ériiigt és ,sigu:!

are(. le pnpi* l ir \'II lin ctinrorcl;it par le(li~el il

i.Piabii1 In reli;ioa i.ntlioliqiie en Fiance et la déci;ira

religiori de 1'Etitt. II orgaiiisa I'in.ti.iic.tiou

?iiib~iqiie, csrtfa 1'oi.di.c de la Lt.'gion-tl'Hoiiii~11~~

fit< ilila le cornnierce par lesraiiaiix, les roii tesqil'il

iit eiablir, et tloiiii:~ le Code civil. (ligne friiil tlej

reilles de ilos jiirisc~onsiiltes les pliis distiiigiiés*

Ct?l>en*lanl ~rliisie!trsaltriitnts siir la vie dii pre.

niier çoasiil avaient étd coniiriis, surloiil celiii de


( '97 )

la innchine inferuale ( 24 décembre 1500). Mais

eu 1802, on liii accorda comme récoinpense nationa!e

polir les services qu'il avait rendiisà la répiibliqiie,

le consiilat h vie, avec le droit de

noiiinier liii-mSnie son siiccesscur. Qiie resta-t-il

oiir faire le dernier p3s versla nionarcliie, qiiand

~ P Sco~~juratioiisdont on accusait Piçlirgrti ,

Georges, Rlorea~i et le diic d'EngIiieii, petit-fils

de Condé ( qui, enleve' en Alleniagne par cles

Francais, fut jiiritiiqiiement assarsine' à Vinceniie;,

prhs Paris, le 20 mars 1804), devaient

a1,lanir ce dernier pas? Après s'être fait noininer

colisul &vie, avoir augrneilté sa garde et agrandi

sou irifluence. il ne liii restail pliis qii'h niettrc

la couronne sur sa tête. C'est ce qu'il fit. Le

18 inai 1804,lia séiiiitiis-co~isulte organique éleva

Bona1iartc. sous le nom de Nalinléon I;r, ail rang

d'einpereiir 1iéi.e'ditaire des Francais, par la

gdce de Dieu et par les ccnstitutions de la ré-

~iibli~nc. La plilpart des p~iisssnces le recon a

niirent et Iiii envoyèrent des, anibassatleiirs ;

hiais l'Angleterre s'y refiisa, et Louis XWII r6-

sitlant alors h Varsovie. protesta, à la face de

!Europe, contre une éI&atiori qui portait pré-

]ildice h ses ciroits, à la couronne. Ainsi fut parcour11

le cercle des révolutions, de la moiiarchie

à la monnrcliie, presque comrne dans l'ancienne

Rome, après qii'ou se fiit approrlié par

!:r

ires de celte fin de la révolrition. Ail mois

août 1804,Francois II prit le tiire d'empereiir

1l~i.éditaii.e de l'&iitriche. Le 2 février s~iivaiit,

eut lieri le sacre (le I'empereiir et de l'iiiipe'rafrire

par le pape Pie VIT, et l'einpereiir se posa

Iiii-~~iéme Iü roiironne siir la tête. La r6j)iiùliquc

hlieuue le déclara roi 1iéiSditaire ~IIItalie.

hlii s tiéjà :in nn avant I'aveneirietit de Na o-

leon i reinpire (18 luai 18oj), la ~iandc-&e-


( 298 1

lagne avait de nouveau déclare' la guerre P la

France, et la France aussitôt avait iiiilitairement

occupé lc Hanôvre. Depuis ce moment l'Angleterre

recominenca une guerre ui ne discontinua

pas jusqii'eii 1814.~atu-alement elle re-

fusa nou - seulement de reconnaître l'empereur

, mais elle devint l'ame, et comme le

payeur militaire de toutes les giicrres et de

toutes les alliances contre la France; ces giierres

et ces alliances commencèrent dès i'anne'e suivante.

Car l'infatigable Pitt avait formc une Goalition

entre la Russie, l'Atitriche, 13 Siièrle et

l'Angleterre; coidition h laquelle la Prusse n'ac-

'céda pas. Trompée par la politiqiie de Na olCon

qui fit faire naître la mefiancc entre les c:tEinetS,

afin de les désunir, goiir les subjuguer plus facilement,

IR Prusse onua dans le pidge, en nc

se joignant pas à la coalition; lc iiord cle 1'Alle-

'magne n'y accéda pas noil plus, et inêtne dans

le sud de l'Alleinagne, la Bavière, le Wur-

'temberg et le Hade, inclinaient vers la France.

Mais avec une yroniptitiide inattendue, les Fransais

se troiiraient en Allemagne, forêérent I\Iack,

général autrichien c~u'ils avaient cerné, aprè~

des combats sanglans le 14 octobre, à se rendre

à Ulm (17octobre i803), avec 24,000 hommes*

L'arcliiduc Ferdinand, écliap a seulement arec

2,000 hommes et se rendit en folleme. Napoléon

se rendit alors à Vienne et battit, le 2 décembre,

pres d'Austerlitz, les Russe! qui, pendant ce

temps, avaient accoiirri, conjointement avec une

armée autricllienne, et ce fut la première bataille

de trois en~pereurs dont il est c~uestion

dans l'histoire moderne. L'arcliiduc Cliarles se

$roiivait encore en Italie avec iine armée, en facc

'de Masséna : inais l'empereur &Allemanne préféra

une suspension d'armes, et ln paix &t eufia


999 )

conclue le 25 décembre, à Presbourg. cempdreur

Alexandre Br, q!ii, depuis le 24 mars 1801 ,

(tait mont6 siir le troue de son père, ne prit pas

1)artà cette paix dans laquelle 1Autriclie erdit

le Tyrol, le Voralberç, Venise, etc., &us de

1,000 milles carrb et presque trois millions de

siijets, et n'y gagt~aque le Salzbourg. Par contre,

Napoléoii donna à ses alliés, les électeurs de Bavière

et de W*iirteinberg, le titre de roi, dignité

souveraine indé endante de l'empereur et de

lempire, avec Ses parties cousid6rnbles du pays

conqtiis. La Prtisse avait c'té obligc'e d'accepter

le Hanôvre, et se trouva par 1h engagée dans

une guerre contre l'Angleterre, qui avait déjà

PRS~IIR détruit la flotte fraiico-espagnol? p;ts

de Trafalgar, le 21 octobre 1805, mais ou perit

le brave Nelson. Les courriers qui annoncèrent

ces défaites en Allemagne, trouvhent William

Pitt, fondatciir de toute la coalition, sur le lit

de mort. Cet homme mourut pauvre et endetté,

et le cœur brisé ( 23 janvier 1$06), lui qui, jusqii'au

dernier soupir, avait été le soutien de la

liberté. Fox, son successeur, votilni t la paix et ne

l'obtint pas.

Ainsi, dans la première guerre d'Autriche avait

été fdit le premier pas pour le plan d'une

nionarcliie iiniverselle fëdéi.ative, dont Bapoléon

Pensait se faire proiecteur supérieur, et la France

devait être l'état central de cette monarchie. ?éjb

le roi de Naples et de Sicile avait c'té rel6gue en

Sicile, et le royauine de Naples avait été donnd à

Josepli Bonaparte. Eugène Beauharnais, beaufils

de l'empereur, devintvice-roi d'Italie ;Rlurat,

beau-frére de Napoléon, devint grand duc de

Berg et de Cléves; Berthier devint prince souverain

de Neufcl~âtei, et Louis Bonapariep roi de

bllosde. On institua dans les pars conquis et


( 300 )

siirtotit en Italie, iinefoiile tlediicli6s etde granth

fiefs, en fü-air des griincis (le 1ii cotir et (le I'aviiic'e.

Toiit en di~pos:iiit de res coriqii~tes, N~lto-

1Pon ass:i:nis~ait l'air iriiyiir tfe M:intoiie, et coltl'nit

I'It;ilie, coiiime la Finiice, pnrcl'iitilesc;iniiix;

(tc noiii brerix établi-s~ineiis twt:iit>ti t (!iiit~ P;iris

la pi~opwtt! et I;i r:iIiil~~ii~. 8 orgaitira a:ir.i 1'11-

niversilé, ct r6j);ind;iii l'in tt ticlion clans taiit

1't:iril)ii.e. C'est ainsi rliie cet lioniiite cxtr;iort1iri.iii.e

ab:itiit d'iine 1113iii, et rt.1 va de I'iiiitre,

m;ii.; siir (les I~ascs pliis solitl~s. Un noiivPiiii

vers la inonarc-hie iiniverselle fiit le reiivei.seni~r~t

de li~con-titiitioii imy~eriale (le I'Atlrii:;igiie, cbt I:i

foii(1niion(le la conféllt.'raiion dit I\liiii (17 jiii'let

et 1'. uoût 1806). par Iaqilelle seize ~)i*iiic.es alluninntls

se clélaixliereiit (le la diilte pour recSoiivrcr

iinr eiil ièi-e soriveraiiictt! ;ces priiices rt~c*oiiii:irrnt

NapolCon comme leiir protecteiir. Rliiis le diète

fétle'rntive à Francfort, soiis Iü pi.t:sitlenre di1

~)riiice ~~riiriat Dnlberg, ii'eiit. jamaisliert. Leprotetvteiircini

devait terminer I:i giierre c! la pais,

ain-i qrie les conlicgeiis polir l'iirni6e ft4le'raiiv~~

foi te tlc 63,000 Iiomines, tandis qii'il deviiit Iitim61ne

assister Iü coiif6dérntioii par 200,000

Iiooiines, s'assiirnit pais là son irifliieiicc cil Alle-

ni:igrie, en (ICtac-liant les tttits pi itiïes dcs intér6is

tic I'Autriclie et ile I;i friisre. ~ e3 ïh 400 <fiais

iiiirnéc!iats (le I'eiripire se fondirent aii clixii~irle

18ar In t.oiicliision principale (le Iü dP )iiintion (le

1'ernliii.e et par la ïonfc'tlt!ration dii hliin. t Francois

IT tlt.'liosii alors le tiire d'einperciii- (l'Aileniagne,

litre qiii ii'avai t plrrs (le sens, et s~noiriiiia

Francois Ici. eiripereiir d'Aiitriclie (6anAt). Telle

étiiit In facilité qli'il v avait à faire croiiler l'cmpire

d'Allemaglie, (lri: stibsistiiit depiiirniille :,os!

La Pi9iissevit dans cctte conft!d:'dér~tion,et (lefa

avec; raison, une attaque j~directccoutre elle-


( 301 J

mèm~,et voiifi~t former, pour opposer à cette

contéd<.'rcition, iine alliance de ~leiiples dans le

Norti. Polir parer à cela, Napoléon ofi-it à l'Ang:rterre

le Hanôvre, poiii. le trel la Priissc avait

Pi6 oblig&cde e6der AnshaJi, (:IPveq et Berg.

Cetle circonstance, ainsi c iie phisitiirs aiitrcs,

aiiienn la riipiiire entre les deiix ~ii~isiances. riip-

Liire qiie ceriaini.rneiit Na ~oltt'on (lésirnit, et c'eit

ainsi clii'eiit lieil la pierre Ac 1806 et 1807.Blalgré

la force iurontes~übie (les ariiides priissiei~nt~s

,

coilime il leiir ninnqriait cet esprit cl'iinittt' si nt!-

es sa ire a111 grandris entrepri*es, yoiir IPS 1it.r et

les diriger, le roi (le Pri,sse, vainrii à la 1,ataille

d'Ittria, le 14 octobre 1806, perdit son nrm6e, sa

capilale et presqiic toiis ses états. Les Hiisses,

arriv6s trop lard ail secoiirs de la Pi-lisse, ftirelit

biitiiis j Evlaii, le 3 Gvrier 1807. où brilla le ioleil

de hlnïenqol et le 14 jiiin, ils pertlirenl la

bii~nille r!e Friedland qrii termina la cniiipagiie

et la giierre. Pliisieiirs parties di.+l)erse'c*s (le l'arni&,

siirtoiit les foi-teresses, se rendirent avec

iirie pr&'.ipiti~tion inoiiie; la saxe co~~l~romise,

obtii1t In neritralitéet lapaix iPosen. II cl4ceiribr~),

et ncc&da îornnie royaiinle $ la couf6dt!ration du

Rilin, ainsi qiie le firent aussi scs cinq lignes

(liic ales, Wiirtzboiirg et pliisieiirs aiitres petits

rinces. La -ilerre fiit tritrisporie'e alors eri Po-

POOnc,pilis jRns la Priirsc o:ien~nle, et le 8juillet,

la pair (le Tilsitt fiit concliie. La Pri*sse

pertlit lwesqiie la moiliF des po.;se~sionî clii'elle

avilit eiies, avec cinq millions tl'l~~ninies (iriênie

1;i Riissie s'enricltit de cette perle). ci de ces

ressioilstle la Priisse. on for-ma le tluclitt' de Varsovie

cn faveiir de la Saxe, et on coinposa des provinces

westplialicwnes eu y ajouiaiit les pays Hessois

et (te Brunswick, le royaiime de ~'e~tplialie,

en faveiir de Jdrbnic Bouaparle, L'uniufrs était

SV


( 50%)

iraralip4d'étonnement ail rc'cit de victoires si raides,

et s'inclinait devant iine puisstance si COrossale.

Mais I'anlbition de Nalioléon ne liii perinettait

pas de s'arrêt~r là.

Dans I'intérieiir de In Francc, nous voyons

Napoléon travailler à ramener L'ancien régime,

en effacant toutes Ics iinages de la liberté. Des

prêtres annonpient clans la clinire qii'il avait

une mission divine. II créa une noblesse militaire;

les impôts ; les :[bus et les prodigalités de l'ancienne

moiiarcliie furent réiablis. La presse était

opprimée, le jiiry &naturé. Un terrible impat

sur la vie des liomnies, la conscription, se percevait

avec une activité effrayante ;u on rép6te souveut,

dit un dcrivaiii que nous abrégeocs, que

Napoléon dédommagea la IIrance de la liberté

et du re os, par les illiisions de la gloire, mais

rien ne &(loxnmage (le la liberté. » Retournons

ai1 tliéâtre cle 1;i guerre.

Les conséquences de la paix de Tilsitt furent,

outre l'élévation des frercs de Napoléon, la recounaissance

de la confédération du Rhin par

l'en~pcrerir Alexandre, qiii s'engagea en même

temp~L feriiier aux Anglais les ports dc la

Riissie.

Mais les Aii~lais s'emparèrent de presque

toutes les coloiiics de la France et de celles de

leurs alliés. L'Angleterre, qii'on ne pouvait aitaqiier

en Angleterre m4me. se vit maintenant attaqii&

dans son commerce arec le continent (le

1 Eiirol)~. En vcrtri di1 syst6ine nouveau et inoiii,

appel6 systcme continental, on déclara clès ce

ce moment tous les états brit:inniques en Llocus;

tous les Anglais qiii se troiivaient sur le Contin~nt,prisonniers

de guerre ; le commerce avec

l'Angleterre et ses coloiiies, crime d'etiit; toutes

les marclraudises anglaises, corifisyri(es ; et une,


( 303 )

partie de ces harchanilises fut ulêinc livyée a u

flammes. C'étaient des auto-da-fës de l'inqiiisitiou

cominewiale.

Napoléon, à la fin de 1807, envahit le Portugal

qui servaitde cléboirch& a:ix rnarcllandises aiiglai-

S a ;puis, profilant dcstroubles qui régnaient h la

cour d'Es agne, il dépoiiilla de leurs droits

Cliarles 13et Ferclinand VII, son fils. pour donner

la couronne d'Espa ne 5 son frère Joseph,

gui renonea > celle de 8aples, le 5 jiiin 1808,en

faveur de JoacIiiin hliirat, son beau-frère.

Nais les Espagnols, secondés par les hiiglais,

qui ii'étaicnt pas rest&s non plus oisifs, et riui,

aux de'creti de Berlin (i806), de Varsovie (:807),

de Dlilan (r807), avaient répoudo par des ordres

cabinets dplement fermes, et par Iesqi~els

p~o~leterre avait, solis peine (leln confiscation,

défendii à tout vaisseaii anglais l'entrée dans un

port francais oii allié (le la France et déclaré

94 état dé bloeiis, le Vdsser et l'~lie, et enfin,

toii; les ports où le pavillon anglais n'était pas

admis ; les Ejpngnolç combattirent vaillainment

f oiir leur indé endnnce, et lcs Francais, malgr6

es talens de &ssFnn, de Suclie t et de Rlariilont,

n'obtinrent que de faibes avantagcs, et la guerre

traîna en longueur. Cette insiirrection espasnole

dcvora des armées entières, et coûta des somnies

imanenses 'û la France. Napoléon se reudit lrii-

?ême en Espngnc, mais il voulut (l'abordse mettre

a couvert contre la Russie et L'Autriclie; c'est ce

qu'il fit au congrt.s d'Erfurtli, 1808. Rlais la provition

de p61que (le cette ville il fit faire h

Angleterre n'eut lieu qrie pour l'apparence.

Pendant que Nayoleon se rendait en lm-

Sonne en Espagne, qu'il y introdiiisait soli frère

et chassait les Anglais ;pendant qu'il arrachait au

Pape tous les états de I'Eglise (iflog), après 1 ~ i


( 304 )

en avoir, tiltparavant ,pris iine partie; qu'il se

souciait peu de l'excomniiinicatioii lancée coutre

lui par It: pape qu'il considérait seulein~nt cornnle

freinier cardin:>l et obligeait de se rendre dans

e iriidi de la France en faisant de Rome la seconde

ville de l'empire francais ;erifin,pendant

que Napoléon faisait subir le &éniesort à la Savoie,

ni1 Yi+morit, à Gêiies, à IaToscatie, à Parine et

à l'.i8i :ailce, l'Autriche fit de grands prdparatifs

de gticrre, et poiir la première fois on vit paraître

cette milice appelée Landivehr. Il s'agissait du

i8élal)lissement de l'tliitriclie siir le pied OU elfe

se tiouvait avant 1805,elle voiilait briser les

cl~aînes de l'étranger et se garantir de noriveIles

cliiiînes. Mais qiielqrie grands qiie fiirerit les efforts

de l'Ailtriclie, il ne lui était pas donné de

s'opposer seule ?t la France. Les princes allemands,

dont I'Aiitric he avait invoqiié le concorirs,

reciilèrent avec litnidité ; les Tyroliens seiil~

qii'on avait forcés de devenir Bavarois, montrèrent

qii'ils n'avaient pas oublié leur ancienne maison

arcliiducale clont ils sc rappelaient la douceur*

Cependant les armées aiitrichieiines sotis la condrtite

des frères de 1'empereiir ,Ctiarles,Jean et

Ferdinand fraacliirent les frontières allerrandes.

italiennes et polonaises; di?sle inois de juin ,808

1'Autriclie se l~réparait à In grierre. Après le cori.

gi-ésd'Erfiirtli, et lorsqiie ses forces furent prêtes,

elle cornme~ca les hostili!és sans auciine déclaration

de guerre, s'empara tl'iin~ partie de la Baviere

et entra dn~s le Tyrol. Mais Napoléon, passant

rapidement avec riue partie de son armée des

rives di1 Tage 5 celle du Iihin. gagun en 4 joiirsc

stir les hutricliieris, les batailles d'dbensberg 7

d'Eckrririlli t3t cle Ratisbonne, et le rz niai il fit

son entrde à Vienne, el par les victoires d'Esselinfi

du Raab et surtout de Wagram, il forfa


( 305 )

l!emperet~rd'A~itriclieà clemnnder la pair qui

fut signée à Vienne le 14 octobre 1809.

L'espoir qu'avaieiit fiiit naître les entreprises

de Hofer et de Spckbaclier, dans le Tyrol, de

Scliill et de Dernberg eu Wcstpiiolie, ne seréalisa

pas, et les efforts qiie faisait eil Bolieine le diic

de Briinswick-Oel fiirent intitiles. Le traite de

paix fut d'une tiureté excessive pour l'Autricl~e,

qiii y perdit iin espace de 2,000 milles carrés,

avec plus de 5 ii~illioiis112 de srijets, qiii lui fit-

'rent enlevés en partie par les alliés cle Napoleon,

et en partie par le vainqzieur hii-même ,tel ciue

le noiivel état des provinces illyriennes. Trois

mois après CBS désastres de l'hutriclie, Napoléon,

parvenii ari comble de I;i gloire, n'ayant pas d'héritier,

et ayant divorcé avec Josét>liiiie, s'adressa

a l'einpereur Frnnjois Ier pour liii deinander

cn mariage sa fille Marie-Loiiise. II eut de

ce mariage un fils, le 20 mars i8i I : dès le

berjeari ou clonun 9 cet enfant le nom de. roi

Rome. Napoléon s'occii a alors embellir sa cnpitale

et fit 6lecer la cJonne de la place VeadOme

dont le bronze provient de 1,200 ihccs dc

canon prises sur les Russes et les Arltricl>>iens.

La tranqiiillitd cilie la pain de Vienne avait

procurde à la France fut troublée par les dérn6l4s

que Vapoldon eiit avec son frère Louis qui abdiqua

In couronne deHoIlande, et avec Ie pape qiii

fut coliduit à Fon~aiuebleau. Ainsi, outre scs

noiivclles conquetes, Napoldoa iiicorpora lc

royaume de Hollande d'abord en partie, puis ensuite

tout-à-fait 5 ln France ; enfin soiis le prétexte

de mesure contre l'Angleterre, la réiinion

à l'empire francais des boiiches de l'qscaut ,.de

la Meilse, du hliin , de l'Ems et di1 Veser frit

décidée. Aiusi ,l'empire francais s'éten(1ait ]lis-.

qu'à Liiheck et la iner Bnltiqiie. Il n'y avait


( 306 )

;c\ perçohue pour s'opposer à dette exteilsion :

ailleurs les ennemis de la France fiirent plus heureux.

De iiis 1809, sir Arthur Vellesley , plus tard

duc le Wellington, avait pris en Espagne et en

Portugal le coiiimandement supérieur d'une armée

anglo-espagnole , quand Jiinot avait été

obligé d'évacuer ce pays avec les ~rancais par

suite de la capitulation (le Cintra. II' s'était

formé en Espagne iine foule de corps plus OU

moins consid6rables; c'était souvent de simples

bandes de 'guerillas, qui, se trouvant partout,

faisaient d'autant plus de mal ailx Francais. Des

lismiiies tels que Palafox , Cuesta, Castannos ,

Roinana, Rallasteros ;les Anglais Moore, Baird,

Rlake, Beresford ,Rluitlantl ,Hill , combattirent

p011r la délivrance de l'Espagne avec une ardeur

qui était à la liaiiteur de l'héroïsme (les ~rancais

conduits par l'élite des généraux, tels que Soult,

Ney ,' Victor, Mortier, Goiivion- Saint- Cyr ,

Marmont . BIacdonald , Jourdan, Augereau et

Suchet. Il se forma à Séville, ensiiite à Cadix une

junte centrale d'Espagne. La défense Iiéroïque

de Saragosse, (l'Espagne di1 xge siècle avait

aussi sa Sagunte et sa Nilinance celle de Gerona,

de Cadix, de Tarragone, d e Valence; les

batailles de Talavera, de Salainanque ,de Vittoria

,etc., montrent ce que peut lin peuple qiii

combat poiir ses foyers, surtout qiiaiid le fanatisiiie

religieux eralie les esprits. Sans cette campagne

malheurerise, Napoléon se serait maintenu

dans toute sa grandeur, mais poiw avoir voulii

avoir toiit, pour avoir risqué toiit, il perdit tout.

La France, h l'apogée de sa prospérité, avait 140

départemens ail lieu de 83 qii'elle avait auparnvant,

et 4a millions d'hommes au lieil de 25 millions.

Et, gouvernée par NapolCon, ellene pouvait


( 307 )

manquer d'étre redoutable ai reste deP~orb~e;

par le bonlieur qii'avnit l'Empereiir ;par son esprit,

par son intelligence, par son activite, par ce

regard percant ui Iiii fit toujoiirs prendre le véritable

homme, iioisir le moment lc plus propice;

car qui connût aussi bien que lui le temps et les

hommes? Toutefois vainciis par tant de résistances,

les Francais furent obligés d'évaciier le

Portu al pour la troisic'me fois et de lever le siége

de Ca%ix, et avec le roi Josepli ils abandonnent

3Iadrid qu'ils repreunent l'ûnnde suivante.

Le projet d'iine giierre contre la Riissie prenait

sa source dans cette idée de inonarcliie universelle

cjiii occiipait Napoléon, et sans doiite

qu'il n'avait pas non ylris oublié la Turquje,

1Asie, et l'Inde ; car qirelles bornes se serait lamais

posées un lieirreiix conqiiérant? La Riissie

souffrit extrêmement du systhme continental et

elle s'en aiFrancllit ; c'est que Bonaparte, en

taxant trop liaiit les frnncliises coinmerciales

avait liii-même eiitüminé ce système. La Russie

avait été eras))ére'e par la prise d'Oldenbourg

dont la maison régnante, alliée b la sienne, attcndait

encore l'iii~lenmitéqui Iiii avait été pro-

]nise;par. 1';igranciisserncnt projeté de Varsovie

et par pIi,sieurs autres menaces. cependant cette

I)iiissauce &tait loin de désirer iine guerre avec

Napoléon engagée qu'elle c'tait dans iine guerre

contre la Porte ottomane (lepuis 1809 et où la

fortune n'avait pas toujours été de son côte'. Çe-

pendant en 1819une paix fut coiicli~e entre la

ussie et la Porte ( Bitcharest, 2s mai) et où le

Pruth jiisqu'à son confluent dans le Dantibe devint

la frontière des deux empires ,et une partie

de la Moldavie vint ainsi an pouvoir de la Russie.

Quelques états seulement purent d'abord res-

ter neutres. Ce furent le Danemarck et la Sutde.


( 508 )

Dan$ ce dernier pays, ~crnadottc,apïbr avoir

servi la France, sa patrie, avait été clioisi coriime

siiccesseiir ail trône du vieiix CliarlesXII1,apri~

qiie Giistave IV, AdoliJie (1796 à 180g, le méme

qui, en 1808 avait perd11 la inl lande cmtre la

Russie, et qiii perdit l'affdction de son armée), eût

étéarrêté par ses généraux lc r 5mars 1809et (léclaré

par la nation clécllri di1 trône. Ce roi décli[l

alla dcmeurer à Leipsig soiis le noin de colonel

Guitavson. -Ce fiit un assemblage de peuldes

qiie cette formidable armée de 500,000 combattans

avec i ,200 canons à la tête de laqiielle IYapoléon

voulut rc'tablir le royaume de Poloxne et par laquelle

il oiivrit la deiixième guerre polonaise

(13 juin 1812). Napoléon avait polir Iiii I'Aott-i:

die, 1ü Priisse et toute 1'~urol)e centrale qui 1111

foiirnissaient leiirs contingents. La Russie s'allia

à la Siiètle ; elle était perdue sans le désnstreilr

l~iver de 1812. Le3 Francais passhrent le Niémen

le 24 juin à Rowno, en cliassaut d'une positioii

à I'ititre les armées rrisse.; ,et ils se renilirent

maîtres de Wilna et de Witepsk aprhs les

batailles près Smolenk (18août), près de Boradino

sur in Bloskowa (7 septeinhre): lcs Riisses

se retirèrent, et Napolc'on entra le 14 septembre

cla~is l'ancienne r6sitlence des czars, à Moscoih

et dans leiir boiirg antiqiie, le Kramlin. Selou

111i la giierre était terininée, inais il ne tarrla

à voir qu'elle coinmeucnit seulement. Aii lieu de

incssaçsrs de paix, des colonnes de feu vinrent le

saliie~.à son entt-ée à bloscoii, et cette vaste cité

fiit prescliie enliéreinent la proie desflainines. Ce

n'e~t pas l'ordre exprCs clil gouverneur ~ostopllshin

,orclre qiie celiii-ci désavolia di, moins plils

tard, mais bien la propre volnntt! des Ilribitans*

secontlée petit-être par des Fraiijais,qiii all:ima

cet incendie dont le résultat devait être le signal


( *309

de la clintc de I'liomme extraordinaire qiii depuis

1804 était l'arbitre de I'Eilrope. La siiison

ne permit pas d'avancer vers Péieraboiirg : on

ne prit pas non plris rester & Noscoii ;Nal)o'éou

fit proposer la pais ii 1'einl)ereiir ~iex~iidi~e ;

mais c'était trop tard. 11ne rejiit a-lcilrie rél~oi~se

et rlonna le signal de 1ii retraite le 4 octobre..Penùant

les premiers ioiirs, l'année marcha en bon

ordre, mais bientot les neiges et les glaces ren-

dirent les cl~emins i~nraticables, A1oi.s ce ne

furent pas seuleiiient Es elinernis, siirtoiit les

Coçaqircs, qiii tombc'rent sur les Francais, inuis

ce fiirent à In fois la faim, le froid, l'~ff:~iblisscment,

qiii fiirent conjiirés Contre lc redoiita~le

conqriérant; ci si jusqu'à SniolensZr l'on ne perdit

que 4o,oao Iiorrimes et 400 canous, il n'y

eiît giihre q11c 50,000 liommcs qiii passèrent la

Bérésina ,où le danger résiilta également du feii

et dt: l'eau (26, a7 noveinbrc); et dans qiiel état

fiirent ces 50,000 Iiommes (on I~rûla en 1813, en

Rrissie , 200,000 cadavres gel& ! ). Depiiis ce

moment, ce ne fut plris qu'iine déroiite continiielle.

Elle avait <lisparii, cetto grande arinc'e !

Napole'on, à la noiivelle de la con: yiratioii de

Miillet et, dans l'espoir de reprirer 1~s maux de

cette affreiise campagne, pensa qire sri présence

était nécessaire dans la ca itrile. Aussi, après le

passage de la Bér&sina, il PÛissa > D111rat le commandement

de l'armée, et traversant rapiilemeut

la Litliuanie, la Pologne ct l'Alleinagne, il arriva

à Paris pendant la niiit dri 18 ciécenibre. C'ependant

le sdnat fournit h Nûpole'on une nouvelle

armée de 530,ooo liommcs de gardes nationales,

ainli que de l'argent et des clievaiis.

Mais derriiti-e liii grondait l'Europe entière

daus rine conf&d<:ration de souverains. La Yriisse

se détaclia rle la France et fit une alliance avec


( 310 )

la Ausie. Elle fit des efforts inouis'eü promettant

la liberté à son peuple et provoqua un entliousiasme

sans eseinple; aussi créa-&-elle une

armée ,'et rétinie à la Russie , elle partit SiIr

1'Elbe; i'biitriclie et la Hollande ne tardèrent

as à secouer leurs chaînes. L'Angleterre et

giiéde e joiw ont aux ennemis de la *ance 5

Napoléon, de son cDté, après avoir noinlne

l'impératrice régente pendant son absence,

rut sur la Saale avec une armée composée a.e

vieilles troupes et d'autres nouvellement levt?es ,

et il ouvrit la campague de 1815, le 15 avril. Les

armées se rencontrèrent le 2 niai 1815,siir la

terre classique de Gustave-Adolphe et di1 grand

Frédéric, près de Lutzen oti Gœrchen. Battus,

mais non vainciis , les allic's se retirèrent de

l'autre côté de I'Elbe. Les batailles prts de Bautzen

et de Wiirchcn, le 20 et le 21 mai, n'eurent

pas'un rdsultat plus bciireux pour eux et refoulèrent

les armc'es de la Prusse et de la Russie

vers la Silésie. Rilais Napoléon aitssi était épuisé.

Ou concliit à Peisclvitz ou Plnesvitz une suspension

d'armes de daux mois et demi (4 juin). Pen-

dant ce temps, les deux parties se fortifihent;

Franeois Ier ,beau-{ère de Napoléon, se déclara

pour les allies, et chvazenberç deviut le général

des armées alliées réunies. Le prince royal

de Suède, qui était venu aussi se joindre avec

une armée suédoise aux eiinemis de la France,

vint se mesurer avec celui qiii avait un jour ét6

son maître. Les alliés gagnèrent la bataille de

Grosbeeren ( 23 août), de Dennevitz (6 septembre),

et quoique l'attaque sur Dresde (26 et a7

août) eut échoiié (bloreaii y trouva la niort),

Bliicher, prince de Valilstadt, obligea ,

Katzbach ,les Fraiicris de quitter la Silk>s!iy:~a

a&), qinsi, le yiaE dc Napoléon d'avancer jus-


( 3ii

quedons la Bohbme éclioua, parce que Ics alliés

avaient fait prisoniiier Vandainme, près de Koulnt

(30 août ), et qu'ils avient vaincu près de Bollendorf

(1 septembre). Enfin, aprés des passages

siir ~ 'dbe, obienlis par la force des armes

silesiennes, eut lieri la grande bataille de Leipsick

:xG, 18,ig novembre), qu'on appela alors

le conzbat des pe~tples;on criit Y voir fa libertc'

cles peuples! Quelle difference de cette bataille

avec celle d'Austerlitz, où les irois empereurs

s'étaient vus pour la premiEre fois! Les Fran-

$ais étaient sur le point de triompher, malgré la

supe'riorité des forces des allies auxcjuels étaient

vcniis se jointlre des régimens entiers qui avaient

d'abord conlbattu pour Napoléon ; et malgré la

bravoure incontestable des troupes qui combattaientpour

la France, la défection cl'iin corps de

12000, Saxons, jetant l'alarme dans les esprits et

le désordre dans les ran-s francais, cliangea la face

des nffÿirrs. Cette hatzlle, les combats pendant

la retraite, siirtout celui prEs de Hanaii, oùVrède,

général bavarois, voulait arrêter Napol~on, coût;-

rent à ce dernier ln deuxième grande armc'e dans

la même ann& et lui firent perdre I'Allt-magne.

Tous ceiix qui avaient fait partie de la confédération

dri Rhin s'en détachèrent et vinrent grossir

l'armée des alliés. Lc royaumede Westpl~alie disparut

avec son roi ,et plosieurs Etats revirent

eiirs oiaîtres qiii eu avaient e't6 bannis. Uii seul

prince allemand, à qui les circonstances n'avaient

pas pzrir.is de se détacher assez à temps [le Rapoléon

,le noble prince Fre'ddric-Aiigiizte, alla

a Berlin comme prisonnier cles alliés. L'a~née

1813 fut au total une année d'une grande importance

;clle frit signalce par des combats glorieux

ponr les Franpis comme polir leurs ennemis.,

quoique souvent malheureux pour les premiers.;

par va eail~ousiaomerenyrqual~lc,par des pro,


( 313 )

messPr les plus brillantes et les pl~isriantes es#-

rancees ;et ce qui, polir Ics allie's, fut c.ncoi.e pliis

rem;irqclable, c'est (l'avoir reconquis dans les derniers

joirrs de cette nnirée, le Rliiu, ce fleiiverle In

(icrmanic; et, enliarclis par les revers (les Frxncaic,

ils le passèi.erit, et la France, tt'tonnGc, revit

ÛI>ri.sun grniid nouibre ti'auuées (les vainquetirs

sur. le sol [le la patrie.

Lc 30 mars it313, NapolGon déc.1ar.n dans le

se'nat : qiic iiantl rnG1r.e l'eiinrmi serait siir les

Iiniitelirs deh~on~martre , ii ne eéclerait pas iio

police dc terrain; ~t en effet, NapolL:ori, h la

noiivelle (le celte invasion, organisa à Paris la

garde ndfionale, à qiii i! confia l'iinpéi.ati.i(-e et

le roi de Rsnie, et le 25 janvier 1814 il oiivrit la

campagne de France nu de 1814. LLS Francais,

qiioique Lien inférieurs. en nombre, n'en

sdrent p:rs moins une vigoiirerise résistante aux

alces, et les avantages qli'ils reniport&rent à

Ei+ienue, h Cliamp-A~ibert, h Montmirail, à

IIoniereaii, à Troyes. n Bar-sur-Aitbe, à Cliaiimont,

pro~ivèreut qicils n'avaient rien perdu de

leur premihe valeur. La campagne de France

r6ve'l:i 17Cncrgie, la constance et la supériorité

cln génie de Napole'on. Luttant avec Ilne poignée

cl'linmines contre cies forces immenses, il prcirwa

qii'il pouvait vairicre salis avoir des masses à opposer

Q l'ennemi. Cepeuclant, malgr4 ilne (léfense

liéroïqrie, où ln jetinesse parisienne et les

élèves di: l'école polyteclinique rivalisèrent avec

les invalides vieillis driiis la guerre, Paris capitlila

le 31 inars i814, et l'empererir se retira j. Fontainebleau

où il abdiqua. Dts le 2 avril, le gouvernement

provisoire avait t16clard la ciéché:tnce

dc Wnpol&on, ct celui-ci partit pour l'ile d'Elbe

qui Ii~i fut accordée en ttn~teproprieté, et il arriva

le 3 mai à Porto-Ferrujo,, capitale de cetteîle.

Aiusi cet,b~iqmo,yii nvait élevé la Fraqce


( 3if 1

ail plus iiaiit degé de gloire et de piiissadcd,

tomba, parce qrie la France, asservie et haillonii~e,

l'avait abandonné, ou ai: moins Irii avait

fefiisé crt appui qii'iin monarque troiive tou-

11)iirsclans lin yciiple libi-e. Mais si Nepoldoa,

par ses giierres coiitiniielles, él~iiisait la Fraiice

en honiiiies et en itrgerit, d'iiii autre côté, il fit

oii romiiieiicii de grandes çlioses dans,l'intérieilr

de la ~i.aiic:ct et à Paris siirtoi~t ; des étebiisseniens

sricnt ificliie.; , intliistrirls et coriiiirerc~iaiiu,

tels q~ie le musCe (les aniiqiies , Ir canal dc

I'Oiirq, quittre ciin~tières, (:incl abattoirs, Iiiiit

rn:ircl~é~, plii.ierirs ponts, cles arcs (le triomplie,

etc., attestent le génie de Napo!éoti et le

rt*iidciit iinmoi,tel arissl bien qiie ses vic.toires;

CPS monunieus du moius n'ont pas coûté de

larmes !

Wel ington, aprh In bataille de Vittoria (21

biin 18i3), avait clicissé Josepli de RIüdritl et

f~incliiles Psrériées (7 01-tobre). 11 était à Bor-

(leitiix le 12-mars 1814. IIiirat ,roi de Naples,

ie'lait clécl:iré arisqi ronire Napoie'on , petit-être

i)oiir obteuir 111 possession des proviuces ita-

11~nne.s re'tiiiies. L'iinl)e'ratrice Riarie-Loiiise obtint

le tli~cliéde Pnixne et de Plaisancc et s'cn

rPtoiirna en Aiitriclie arec son fils. 011 prociarnn

!q rc#stüiir;ition clcs Botirhoiis, et le 4 mai 1814

Louis XVIIZ entra à Paris.

Stanislas-hiigiiste-Xnvicr, ci-devant comte de

Piovence, frit1.e de Loiiis XVI, s'était fait ap-

elo or Louis XVIII iiiiiiie'di;itement après la

inort dit m:illietir~iix d;iiipIiiii (I~cJ?), qii'on

Y)pelait TAoiiir XVII , et luoiqiie en exil ,

Loitis XVIII avait tlnté sori regne dc 1795.

EiigGnrr, vice-roi d'Italie, posa lesarnies et alla

vivre comme Iiomine priva à Rllinich. Murat se

insintint iiisqu'u I'auaée siiivnnie. Alon sa PO-

7


t 3x4 j

k;iique se montra à .découvert et l'entra~na ausri

;sa perte. La première paix de Paris du 50 mars

1814,ramena la France à l'état où elle était en

1792. Pie VI1 revint à nome, Ferdinand 1'11,

à Madrid, et Victor Emmanuel, a Turin. Mais

en Allemagne, eii Italie, .en Pologne, en Hollande

et dans les Pays-Bas, tout était encore en

confusion. On rie crut pouvoir mieux faire polir

debrouiller ce chaos d'une manière prompte et

heiireuse, que par un grand coiigrès des souverains

et de leurs ministres ;car l'amitié que se pop

taient, ou du moins cpe semblaient se porter miltirellement

les monarclues, avait déjà aplani le>

premières diflicultés.

Cependant la France pouvait se croire un moment

au bout de ses tribulations, après le retour

des Bourbons. Fatiguée dri joug impérial et

de In gueïrc-perpétuelle, la France avait salilé

la pais avec joie. Malgré des omissions et quelques

imperfections clc la cliarte octroyée par

Loiiis XVIII, elle alirait pr6senté des Sni.anticÇ

siiflisantes si elle avait étc' francliement exécutée*

Mais les niinistres se coiitentf rcn t de déployer la

charte sans l'exc'criter francliemcnt. Ils iiren t des

argiities siir son texte. On fit des prodigalités;

pnrlies serelevèrent. Les ncqriéreurs de biens nationaiix

e'taient inquiétés. L'armée &tait niécontente.

C'est dans ces circonstnnces, el pendant cp"

le congris de Vienue était assemblé, ce congrès

(octobre 1814,iusqu'en juin i8i5), où, à clt;

des empereurs d'~utric1le et de Russie, siégeaient

les rois de Priisse, de Danemarck ,cte ~avière

et de Wurtemberg (le roi de Saxe, mis en 11-

berté, demeurait prt's de Vienne), l'électeur

de Hesse, le grand duc de Bade, les diics de

Saxe et Weimar, et de Coborirg, de Bruoswick,

de Knwsi~,et bcaiicoi~pd'aiiiies princcfi


( 315

ainsi qiie les plus habiIes diplomates de presque

toutes les cours de l'Europe (la Porte seule n:y

avait pas envoyé d'ambassadeur), ce congres

enfin qui avait à vaincre des difficultés presins

in sur mont ab les, et qui était sur le point de

se désunir ai1 sujet de la Pologne et de la Saxe,

qu'ou apprit qiie tout-b-coup en mars 1815: Napoléon

avait quitté son île le 26 février, avec

1,100liommes, et avait débarque dans le midi'

de la France.


( 316).

le nom de Cc,itfe~it!ratirlnget*nlanique,qui a pniir

objet le uisinticn de la sûreté extc'rieure et iiilerievre

(le I'Allemao,nc ;la diète siége à Francfort-strr-le-Mein.

Les alliés rassen~blèrentiine

armée soiis les ordres de We\\iuçtoii n ,~de %IIIclier;

et c'est là cpie se décide eu ce moment la

destinée de 1'Euror)e.

Le second règne de Napoléon ne cliira qiie

cent jours. AprGs que les restes de la grande arinde

se furent ralliés avec joie aiitoitr dit drapcal

qui leiir était connri, et qii'uue ai.in6e (le 150,000

hornines fut organisée; nprEs avoir offert à Pa:-

ceptation du peuple, i'ncte a~ditinnnel,imité

de la charte, Napoléon prentl promptement le'

armes, rnarclie vers les frontières dir Nor,l, rem.

orte sur les Prussiens lin avantage signalé,)

%leuriis, s'avnnîe~~ers Briixelles, oh se troiivaip~l

Eliiclier ct Wellington, avec ilne arniée noin.

hreiise. Il battit en effet ~lriclier (Je rG jriin)?

prés de Ligny. De'ji Blucher se troiivait ahailu

soiis son proprc clieval. pendant qiie Ney don,

nait à faire ail duc de ~riinswick-OEIs qrii, prèj

Qrtalre-Btsas, tomba victime de sa bravourP1

M~isla bataille près Belle-Alliance oii mon?

Saint-Jean (Waterloo), le 18 juin, se décii13.

contre Napoléon. Elle paraissait d'abord gagnée

goer 1i:i , mais Ir bonheur poitr les alliés4

Iiirlier vint de $arres et arriva à point mr le

cliainp de bataille, tandts que Groiirliy, cllie

Napol6on attendait, n'arriva pas. AprL:s ;ne dé*

fense déscsj~éi.ée, la vieille gai.~\e céda; et 00

lui prête cette réponse, révoyride (lepriis efl

doiite :la vieifIe garde rnerirt, mais ne se rend

pas. Toiit, ensuite, meme Na oIéon, qiii toilied

fiiis fiit pltrfût entrain4 du &amp <lebataille?

toiit przt la fiiite dans l'armée francaise, et ce flii

Napoléop lui-meme qui porta la nouvelle de 9


( $17 1

défaite & Paris. Là se termine la carriire cle

Napoléon. Il prévint iine noiivelle déc1ai;ition

de décli6ance (le la part des clirtml>res. par uiie

1 abdication volontaire en faveiir de son fils. Cette

abdication conditionnelle n'ayant pas été acceptée,

et la fuiteen Arnéi.iqiie Itii àyarit été rendrie

imliossible,. il se rit contraint de se rendre aiix

Aiidais yi,1e regardant scule~nent comine général,

el e prisonnierclesalliés. le transportèrent

i Sainte-Héltne. OU, cloiié en qiielqiie sorte siic

un roclier;ce Promethée du iy si6cle resta avec

iielqiies serviteurs qui lui demeurèrent ficléles

!ans la mallietir, depiiis le 20 octobre 1815jiisqu'ail

5 mai 1821 ,,jour de sa mort. Pendant ce

tem s il avait mene une triste existelice qiie n'eiit

pas Pionte de rendre plus d$ioraiile encore, par

des vexations de toiis genres, 1111 ~nglais qiie d6-

savoiieut ses conipatriotes, sir Hudson Low. Kapol6on

abrégea les tristes moinens de sa captivité,

en décrivant les souvenirs de sa grandeur

passée. Ainsi finit, P l'âge de 52 ans, cet l~omrne

e plus célèbre des temps modernes ;produit de

la révolution, il y avait piiisé une destinée gralifle,

niais dont la fin fil t mallleureuse. La dernière parole

de Napoléon fut: FI-nnce!Son fils, appelé

ensuite le diic de ~eiclitndt, le suivit dans \a

tombe, le 22 jilillct 1832;il nioiiri~tà Vie~iue.

Loiiis XVIII, absent de Paris depiiis cent joiirs,

y revint le 8jiiillet. Le lencteniain, les trois mo-

narqites alliés du Bord l ' sriivirent. ~ Mais ce ne

fut que le zo uovcmbre siiivant qiie la seconde

Paix (le Paris fiit concliie, en reinetfant les clioses

sur le pietIo6 elles se trouvaient en 1790. 150,ot~o

allie's restèrent jiisqu'en 1818 dans les provinces

prkc cles frontières, porir le inaintieu (le la tranqliiIlit4.

Pentlnnt le m6me temps ils occi~pérent

alissi 17 forteresses du Nord. L'armée des alliés


( 918 )

eiigea dc pliis et obtint iine cbntributioa de

7~000,ooo, et l'entretien de l'armée d'occupation.

L'arm6e francaise alla au-delà de la

IAoire, subir paisiblement son licenciement, et

immolerà la paix de la patrie, jusquiaux moueiemens

d'humeur d'une espérance trompée.

Les Bourbons ainsi rétablis cherchèrent à rérrer

ce qu'ils appelaient eux-mémes des $tutes.

e 28 jiiiii le roi l~roclauia que son gouvernenient

avait peut-être commis des fautes, promit d'ajoiiter

à la charte toutes les garanties qiii peuvent en

assurer l'exécution, et déclara le maintien dl1

gouvzrnement représentatif.

La chambre de 1815,dite -des IntrouvaGles,

sembla donner le signal aux plils filrieuses réactions.

Les cours prévotales et les commissions

anililaires verscrent lc sang d'{ln grand nonibre

d'accusbs de crimes politiques. Ney, appel6 le

brave des braves, fiit condamne' par la chambre

des pairs et exéciité. Dans le midi dc la France

l'assassinat paraissait organisé. Brune, Ramel, et

d'infortunés Mameliicks expirèrent sous les

coups d'hommes exaltés et fanatisgs. Les protestans

furent 6gorgés à Nîmes. Le mécontentement

de la France et même le désir des cabinets

étrangers avertirent le ministère de la nécessité

d'arrêter la réaction. C'est ce que fitl'orcionnance

Jii 5 septembre 1816 qtii cassa la chambre.

La noiivel e chambre adopta ( 18171, iine loi

d'élection coriforme à la charte. L'enseignement

niutuel, encouragé, vint offrir des secours

à l'instruction populaire.

Une loi de rccrutemect, rédigée d'après des

~rincipes liberaux, fut adoptée sur la pro osition

du ministre <;ouvion-Saiut-Cyr ( 1818):

cepeudant l'aristocratie s'agitait contre la 101

électorale, et la clianibre des pairs acciieillit ]a


( 319 1

proposition de la rnoclifier :mis soixante iioit 2

veaux pairs vinrent déplacer la majorité. Une loi

satisfaisante sur la presse fut adoptée (1819).

L'année suivante, la uestion du changement de

la loi électorale fit 8e nouveau agitée; le ministère

se retira pour ne pas participer h cet

acte. Dans cette menie annc'e 1111 événenient déploiable

vint affliger la famille royale. Le 13 février,

Louvel assassina le duc de Berry? ail nioment

où ce prince sortait dc l'opéra. Environ

7 moisaprés, sa veiive, la duchesse de Berry, mit

au monde le duc de Bordeaux. A la iliort du duc

de Berri deux lois suspendent la liberté individuelle

et la liberté des journaux. Des rassembleniens

ont lieu dans Paris, el des dépiités sont

publi uement insultés. Murat aussi, qui, au retour

8e Napolron, s'était d6clsré en sa faveur,

f!i! battu par les Autricliiens, et se réfugia dans

la Corse. Ferdinand IV revint de la Sicile à Napies.

Mais Miirat, ayant de nouveau débarqrib

en Calabre (13 octobre 1815) frit fusillé comme

rebelle.

Cependant les ~ffaireç d'Allemagne avaient étC

fixées le 8 juin 1815 par l'acte d'alliance dlAllemamne.

et le 9 juin, les relations générales de

ll~Urope le- furent par l'acte du cooyrés (le

Vienne. On y avait pris polir base la légitimité

et lldquilibre iiniverscl. D'aprzs ce dernier acte,

l'Autriche recouvra les provinces d'Italie, soiis le

noni de royaume Lombardo-Vénitien. 'La Tos-

?ne, Modène, Parine et Plaisance, furent rendus

a des princes autrichiens. Les provinces illyrevinrent

%alement, comine royauine,

à 1'Aiitrjclie, augmentée par la Daliii tie vénitienne

et Ragiise. De même le Tyrol, e Vorarlberg,

le Salzbourg, le Hausriikvie tel et Je

Rukviertel intérieur de la Bavière, et me partie


(a 320 )\

cle la Gallicic méridionale, de manihre que cette

pi~issance 1)ossède lnaintecant 12,265 metres carrés,

avec 29,7j8,4oo ames. La Priisse reconqiiit

aussi la grandeur qii'eile avait avant la guerre en

1806;seuleme~tel e ne recouvra pas toritesses anciennes

provinces, telles qiie, ~nsbacb, Eavreritli,

la Prusse mél idionnle et la Nsu\eile-Pnisse, etc-

Mais en revanche elle obtint les ducliés de Posen.

de Saxe (la moi!ié dri royûumc), la Pométanie

suédoise, ~lgve, Berg, et la plus grantlc partie

de la rive gauclie du Iiliin jusqri'à la Saar, ensemble

5,014 mètres carrés, oyant près de

~3,000,000d'aines. La Riissie obtint la plus

gran le partie du. duchd de Varsovie, comine

royauine de Pologne, et elle a, aveccela, en Europe

et hors de l'Europe, 367 mCtres carrés, avec

4g,ooo,ooo d'ames. L'empereur Alesandre ler

~loiirutle ier décembre 1825,> Taganrog, et le

34 suivant sonplus jeune frise, Nicolas Ier, monta

srir le trône auquel avait dCji rctioncé aiiparavant,

le czarewitsch Constantin, plus âgé qiie

lui. Cependant le nom'i!e ce dernier servit E

exciter une révolution sanglûute, qiii s'étendit

jusqu'en Pologne ; mais elle Cchoua par suite de

la fermeté intré ide du noiivel eiiipereur. La

honorable le Turkmantschni , qui donna

F2:mdnie & la Russie, mit fin, le la fdvrier

1828,j la giierrc contre la Perse. Cette conclirsion

de la paix fut bientôt suivie d'une déclaration

de perre qiie Gt (le 14 avril), la Russie à

la Porte.

La Grande - Bretagne , oiitrc le rétablissement

de son commerce universel ,. obtint plusieiirs

colonies francaises, néerlandaises er espgnoles,

qui sont le plus avaiitageuservent. sitiiaes

potrr elle, pais exeinple, le Ca l'île

(le Firnce, etc.; elle obtint aussi di1te el


(. 321 1

Helgoland, Gibraltar et le rotectornt des 7 iles

Jonienries. En Eiirope 5,558 métres rarr&ss. aavrc

9 1,2g6,ooo atries, et avec des possessious t1:ius les

4 aiiti-es parties du monde 182,525mètres carrés

et 136,540,000 anics.

La. rance, malgr4 ses revers, totijoiirs encore

i1n cies cinq priilc.ipaiix états eiiropSrns, reroiivra.

le Sén4gal et Gode en Afriqtie, la hlariiriqrtt.,

1.1Guadeiot~~e, (;itv~nnc, etc., en Améi-icltie :aiix

Indes orientales, Pontlichéry , bial16e et Cl~anderuarroi.

, l'île Hoiirl~oil; clle a ni:iintt*iiaut

10,74$ mitres carrds avec 51,851.540 ames.

La Stiisse eut un iioiivel acte d'alliatire et 22

cantons (696 mètres carrés, 1,835,500 liabitans),

La Sardaigne recouvra la Savoie, Nicc et le

Piémont, aiiisi que Gènes, avec queIrpies parties

tlii Nilanais , par exemple, Alexandrie

(1339mètres carrés, 5,176,200 âmes). Les Btats

du pape restèrent ccmme avant la révoliition ,

seitlrmeitt Avignon n'en fit plus partie cornine

alors ( Si I mètres cnrrds, 2,425,800 ames). h

i.oyauine cles Deux-Siciles perdit l'île d'Elbe et

le stato degi presidi; il n 1987 m Atres carrés,

avec 6,991,800 amcs. IL? maison (l'Orange obtint

pour royaume l'état des Pays-Bas, foriné par

la réiinion des provinces Belges et Bataves,

Liége et le Liinembourg. Des colonies cf;t état

recot~vra Surinam , Cui-acao , Saint-Eiistncl~e,

Batavia, Malacca et les Rloliicjrtes(5475 mitres

cdr~-68, I 2,2 18,300 ames. Iie Dnnnemarck renonca

à la Norwége, et n'obtiiit enfin, poiir dédon;magemcut,

qtie Laiienboiirg ( 2688 mètres

C;IT~'~S,r ,98~~.500 ames). La Sttède avait clélàcbtenit

dans la paix de Kiel (18r4), la Noi*wF.etre,

cotnme <16domni,7genieat poirr la Livonie q~i'elle

avait pei*dlie ( 13,736 in2tres carrés, 3,G r 0,000

ames). Voilj les plus importantes cles limitali~ns


[ 322 )

territoriales des puissances européennes, dans et

apss le congrès dc Vienne. X~llernaçne, l'état

central de l'Europe, recut, comme nous l'avons

dit plus haut, son organisation par L'acte de l'alliânceallemande.~ransformerl'~llema~~e~n

Iine

monarchie eût été préparer la tombe de la civilisation

allemande et de la liberté européenne. Par

28 états de l'alliance, l'Allemagne forme une

alliance, dont le centre dirigeant et agissant, est la

diète à Francfort.siir-Mein. Les états qui en dépendent

se composent de I 1,755 m6tres cari&,

et 30,086,348 ames. Plusieurs décisions de la

diète ont été perfectionnées et confirmees par

un congrès de ministres, à Vicnnc, en novembre

1819;et par la résolution définitive dc

ce congrès, en date di1 15 mai 1820, une vle

nouvelle anime les états allemands, dont quelgiies

princes ont commencé à donner i leurs sillets,

des constitutions conformes à l'esprit du siècle,

mais que depuis les grandes puissances ont

cherclié plusieurs fois à entraver. Aux délibérations

du grand congrès vint bientôt s'en joindre

une d'une nature lus élevée :pour le maintien

du nouval ordre b>es choses, et pour la ronservation

de la concorde, on invoqua aussi le secours

de la religion. C'est l'empereur dc Russie

qui fut l'auteur de la Sainte-~lliance, 26 septembre

i815),dont on comprend peut-être le

mieus le sens, en adoptant une explication toulc

simple. Les années 1812 à x815 avaient tro visiblement

annoncé les voies éternelles c!e la

Providence, pour ne pas toiicller le cacur de

tous. et si~rtout celui des princes; aussi durentils

être portés P se serrer étroitement sous 1'6-'

gide de la religion. L'acte qu'approuvèrent les

premiers l'empereiir Alexandre, Francois Ier et

fréd6ric 1U,et otiqiiel s'associérent toutes les


(.h%)

puirstiiicèh chrétiennes de i'Europe, même le

pape, annonca comme principe fondamestd :

(ï Conformément aiIr, piroles de i'Ecriture -.

M Sainte, qui ordonile a tous les hommes de s'ai-

< mer comme frères, de rester attachés p3r les

u liens du véritable et indissolable amour fra-

[r ternel, en se considérant comme compa-

K triotes, de se prêter secours ct assistance mua

tuelle, de gouverner leurs sujets comme pères

« de famille, de maintenir la religion, la paix

(( et la jristice,:ils (les monarques) ne se con-

(( sidèrent que comme membres d'iine seille et.

rc meme nation clirétienne, chargés par la Provi-

u dencc de gouverner les branclics d'une niéme

K famille. >> Sicette alliance dcvai t se transformer

en une idylle diplomaticiiie, si plus tard on se crut

en droit, en vertu de la Sainte-Alliance, de s'o 7

poser à une autre alliance non moins sainte, cefie

des periples qui demandaient la liberté qu'on

leur avait promise, toiijours ses fondateiirs paraissaient

avoir éténiiis par tin sentiment d'humanité.

-La coui. de Molnc sans doiite ne s ' ~

conforma pas ; cllc rappela les jésuites (1814),

qui bientbt se re'pancticent chus plusieurs autres

états; elle corrdamiin les sociétCs bibli-

ques (x$r7), et rétablit les rapports de i'Eglise

avec quelques états catlioliques, par des

concordats c ui faisaient bieu coniiaitre l'esprit

cons6yuent de la cour de Ilorne. Cctte niiw Pr

raissait ni6mc travailler au rétablissement et a e

propagation de la terrible inqiiisition rappelée

à L'existeiice, en 18x4 (dilit de la Sainte Inyisition

de Forli 14 inai 1829). Léon XII, p?pc

c epuis 1824: mourut en 1829, et le caïdlual

Casiiglioni devint soli siiccesseur, le 30 mars

1829, sous le iiom 'le Pic VIII. A celui-ci succida,

le a {évriçr 183I ? Grr;loire &YI(Capcl-

#


(324 >

lari ).Ce qni 8 ~nrfoilt

liai)ce, c'est Ic seco1it.s ciiiese sont prt!it!

discrédité Ia Sainte-At-

les jiiiissançes

contre les efforts des peirples, 5 conqiiCrjr

la liItert6, ail norn de lacliieile on Ièur avait

poiirtant iriis les arnies à la niain.

1,e c.oiigrGs d'Aix-ln Cllai elle ( ~Sit?), débai-rassit

la France de Ili. clinrge des ,5o.o00,

jioninies rl~ii coiii~)osaieiit I1ai;niée d'occii~~atioii,

et retleveiiue ilne cles grandes et prinïil~nles

pi1i~snnr.e~(le I'Eirrope, elle fiit d6bnrrdsscfe

de I'e'ti.aiigei.. Les iroubles cjue cniis;rit.nt dans

l'interieur clciix pnrlis violeiis, les iiltra-ro) a-

listes el les iiltra-lib6raii.c, tes fréqiiens ciiângtn~nt*nsdeminihl2rt?s,

lits infractions i la cliiirle

octro!Ge par les Boiirbonç, ne mouti.èrcnt, à

la v6rilé. qiie trop cl:~ireiiieiit, qvie les es* rits

6 iliriit loin d'être tle'jï apnir6s en France, qil'y

n'y avait pas eiicore troiiv& le point d'appiii neces-;;lite,

1'4 m3tldriition et la coniiancc mutiielle

entre le prince el le ~)eiiple.

Une îen(lnnc*ennti libérale se minifestnit dans

13 restaiira tioii. Aiissi , pliisir urs c0nspir:i lions

&datèrent eii 1822, dans 0ifft:relites parties de

1;i 1;raiice. Le cornplot *de Ssutnur avait polir

nioteiir le génCral Rrt.tan et le c.liiriirgien niaior

~'nfi't!.Le prcmiier monte siir I'ét-liafalitl, et ;e

setoiid s'oiirrtt les veines tlniis son lit. La conspiiatir,n

de Ln Itoclielle. également <ie'çor~verte,

avait I)OIII* cliefs cjiiaIre jelines sous-officiers,

c iii pr'rissent éplem~iie victimes de leiir ardeltr

prtriotiqiie, mais le jolir de In relie lihc~té

n'6i;iit pas eiicore veiiii polir lit France.

Eii er&ctiiion du traite de In Sainte-Allinnce,

~inearrnéefraucaise en1 re en Espagne, à ce rjil'on

<lisait, polir délitrer Fert1in;intl VII, prisonnier

des ~ ort~s ; mais en réalitb polir faire ir:ornplier

1.1 contre-rtivoliiiiou. Ceci rlrmnndç q~clqiier

~lCtails,


( 525 )

D'apr&s les révoliitirins qui, dé 1989 1830,

ont tour à torlr effrayé 1'Eibrope et même l'Amériqiie

( Saint-Doiningiie), on ue peut niéconnaître

la marclie de l'esprit Iiuiriain, dont .la

teiiilance est l'amélioration de l'lliiinani té. Ces

i.évo11itions ont soiivenl été violenles, sanglantes.

La pliipart cl11 temps, ce fut par de inalencdntrerix

efforls poui' arrêter ces motivemens progressifs.

Un congrés de ministres s'était assemblé

eu I 8 19, à Carlsbad, où L'on s'occupa de

maîtriser les irnivzrsités et d'entraver la pensée

notion~ile, liaiitekneilt exprimée, la liilérature.

RI;,is comme d'itne part les niouvemens étaient'

géiiéralemeiit IR suite des cllarges lourdes qui

écrasaient !es peciples, et que, d'un ai1ti.e côté,

1'1nc~riisitiongermaniqiie ne put s'étendre partoiil,

elle fut souvent vaine.

Louis XVIII mouriit le 16 septêinbre I 824,

igé de 69 alis. A qiielques consj>irations près

qu'il siit laire avorter, il a r6iabli le calme et

!a tranquillité en France. Ce roi se i.ecoinmande

a la po3t&ritë, comme aiiterir de la charte cons!itiiiionne]le

; oii aurait évité bien des tribulaiions

à la patrie, si oii avait pu se tlécitler à

I'exécutei- avec bonne foi. Loriis XVIII moiirut

aimé et vénéré de ceiix qrii ont été à mênie

d'itPpr~cier lit jilstesse de son esprit et ses intentions

paternellc~ et écliiirées. C'est liii qui

a dit :

est la politesse des rois. Plu-

Sleiirs monumens ont été élevés sous cc roi,

entr'aiitres la stülue de Henri IV, la salle de

l'Op4ra et la statue de Louis XIV.

Le comte il'artois sriccétln, le 16 septeuibre

1824, sorts le noin de Cllat.les X, à son fr&re,

Louis XVIII, et fut couronné à Reims, le 29

mai 1825. Ce prince sut, moins que son prédécessetir,

apprécier le teinps et les besoins du

18


peuple. Les paroles qu'il prononca à son avèiienient

au trône, faisaient cependant mieux esyérer.

Ainsi, à son entrée à Paris, aprks la mort de

son frère, il dit :Je veux consacrer jusqu'aii

dernier de mes jours à assurer et consolider le

bonheur de mon peuple. Aiix soldats qui contenaient

la foule, un jour qu'il allait visiter l'hôtel

des Invalides, il dit : mes amis, point de hallebardes.

Mais ce prince ne fut pas heureiix dans

le choix de ses ministres. De Villèle qui, sous

Louis XVIII, était long-temps depuis le ministre

dirigeant, le fut encore sous Charles X, qili erit

ensuite Frayssinous, Peyronnet, et qiii finit par

le niinistère Polignac. Des lois impolitiqiies furpt

votées sous son régne ; lin milliard accordé,

comme indemnité aux émigrés; ilne loi

contre la presse. Charles .X se montra aussi

trop favorable aux jésuites et aux congrégations.

Le licenciement de ln gardemationale parisienne

fut encore une inesure fâcheuse

devait contribuer à faire perdre de

aux Bourbons l'attachement des

la guerre qui existait depiiis pliisieurs années

enire ces deux peuples; eufin la cou .uête du

royaume d'Alger, le 4 ji~illet1830. Joiis reviendrons

sui. ces événernen~ ;entrons d'abord

dans quelques détails sur les révolutions, qui

eurent lieu vers la méme époque, clans diverses

c~ntréesde l'Europe, et revenons d'abord à l'Espagne,


( 327 1

Pendant la guerre contre les Francais, la

junte centrale avait donné au royaiime, une

constitution des Cortès ( rg mars iS12). Mais le

roi, à son retour dans son royaume, le 3 mars

1814,n'accepta pas cette constitution qui paralysait

trop le pouvoir royal, et q~ii était trop

républicaine ; il promil de donner lui-même une

constitcition à son peuple. Rlnis quand, non-seulement

cette constitution iie fût pas donne'e, l'on

rétablit encore, sans 6gard pour toute id6e plris

liimineusr: qui, dans une guerre aussi vive, devait

surgir chez le peiiple, les ordres de moines et les

couvens, les jésriites, l'inquisition avec la tortrire,

la police secrète la plus terrible ; qii'on

poursiiivit, d'une manière effrayante, tous les

partisans du gouvernement de Joseph (Josepllinos,

Afrancesados ), de même que les libéraux

ou amis des Cortès ; lorsque le commerce,

les finances, le crédit (le l'Etat, tombèrent toujours

plus profonclfinent ;que les troupes ne furent

pas pavées ; que dans 5 ans, 25 ministères se

succédèrent, et que le roi ne parut lus être

qii'un instrument (le ces entoiirages ( cf'e la Camarilla

j, l'armée se refusa, à ~adix, so~is le

commandenient de Qiiiroga et de Riéço, de

se laisser embarquer pour I'Amériqiie ( 1 e= jan-

vier 1820)~ et demanda la constitution des

Cortès, de 1812. Ce va311 fut bientôt si hautement

erprinié dans tout le pays, que Ferdinand se

vit enfin obligé ( 7 mars 1820), de jurer cette

constitiition.

Les Çortès, un sur 70,000 ames, furent élus

jar le peupie, et ne formèrent qu'une cliambre.

Toute la force du gouvernement se trouva pres-

(Irie en leiirs mains. Les grands changemens qui

alors eurent lieil en Espagne, l'abolition de l'in-

'Ihisition avec ses tortures, celle des couvens,


( 328 .)

qui furent réciuits à 14, des jéstiites, des mojorats,

etc., appartiennent à I'llistaire intérieiire

de l'Espagne. Mais il Y avait inanqiie d'cinion

dans le pays, et, ni la noblesse et le cler-é ni

les paysans fanatisés par ce eleigé, n'éhient

conteris (le laconstiiiition. Les grentles puissances

élrang6res le fi~rent inoins iie personne, etcoinrrie

1a sûreté (lu roi paraissait. je en jotir. pliis exposée,

et qii'itne contre-t.évoliition qiii éclata Ier

juillet 1822 ,n'avait prodiiit yii'tine infr~ict~ieuçe

effusion (le sang à Matlritl, ces piiissatices ensagerent

In FIance ail congrés de Véronne ( octobre

isa?),à intervenir tlrtns les affaiises d'Espagne, eià

trnnsforii~er le cordon sanitaire, qu'elle avait

ét:ibli prés des frontièrcls rllEspaçne, en une nrmée

d'invasioii polir délivi.er le roi. Cependant

une régence s'était forme'e ( r5 août), penclailt

la captivité du roi à la Seil Urgel, ainsi ii'une

armée appelée Arnre'e de la Foi.Le j avrIi825

I'arrriée francaise passa la Bidassoa, soiis la caridiiite

du duc d'Angoulême, occupa Rlaclrid le

24 mai, pendant que les Cortès condiiisirent le

roi à Séville, piiis eiisiiiteà ~adix. Pendant qiielej,

géndraiix Abisbal, RIorillo, vinrent se joindre aux

FI-anpis, Mina et Riego coutiniièren t à combattre

pour l'indépendance ;niais après la prise tlu Troa

cadero par les Francais ( 30 août), le roi (levin1

libre le ier octobre 1813, entra aii qiiartier-gc'néi.~I

francais; et toiit ce qui avait été fait pendant

teml~s des Corth fiit rcgardé coinnie noil avenil,

Cadix, le berceau de I:i révolution. en cleviqt

aiissi le tombeaii. On rétablit les moines, l'iiiqui'

sition et les jésuites. Lepartiapostolique, qiii avait

horreur de tolite coriçtitiition réclamée par

temps, créa dans cet esprit, et par ses ~)i-opre'

moyens, vu le fricliei~x état (les finances de 1%

pagne, une armée d'observation sur les fron


( 529 )

tières du Portugal. Cettr armee aurait anéanti

la iiouvelle constitution portiigaise, (i8a6. 1827)

sans la puissrinte intervention de I'Angleteri-e.

L'état de l'Espagne est encore presque le même

jiiscpt'à ce jorir. Il y a encore iin parti formiclable

tlc carlistes oii.agrnviados. Ferdinand est

mort, et par son testament il a It.'giié le trcne h

sa fille sous la régence cle In reine Ciiristine, à

l'excl~isionde son fi-&i.e don carlos. Ce mallie~ireux

pays déjh épuisé, 1 en vain mis son espoir

sur l'ex édition, pour le contineut do RIexicjue,

partie & la Hnrnne (noht I 821)), près Tarnl~ico.

Cette expédition a nianque, et le pays est déc11ii.é

par la guerre qiie se font les cliristinos et

les cal-listes.

Quelque Cliose d'à-peu-prCs semElnble s'est

passé en Portiiçal. Par la capitiilation de

Cintra (30 août iXoS), les Francais avaient

quitté le pays, et les Portkiçais avaient, conjointement

avec les Anglais, assisté les Espagnols

clans leiir guerre d'intlépeiidûnce contre Ics

Francais. ~e~endai~t La fainille roy;iie ne revint

])as encore (111 Brésil, iilnis cc pays colonial frit

(!levé avec la inhre patrie, en iin royaiiine de

Portugal, dri Brésil et des Algarnves (16 f6vrie:.

181.51. IJn folle Marie Fran 7iscn inoiiriit crifii-i

(20 mars 18r6), et le ',ririce régenterit le titre

de roi, oris le noni de $car? VI. Mais comme on

était très-rne'content de I'ndrrrinistrntioii dirigée

flans lc Yorti~~nl, par Hercrford et les Aligliiis,

il e'clnta du ah au*24 aoîlt 1820, h Qporto, soiis

coiitliiite du colonel Sepii!vetIa et C;ibreira,

line r&oIritioii ?I laquelle se joignit Lisbotine, le

le1 octo1)rc. Les Anglais fiirent éloi~nés du pays,

la Corti~sdu Poktrigal fiirent convoqii&s, ~t iÏne

constitution noiivellc fti t prnjctée et introdiiitc

avec deiix cllapbres. Jean VI jiira, le 2G février


( JJo)

1821, la nouvelle constitution également pour le

Brésil, et rentra, le 4 juillet 1821, à Lisbonne.

Le prince royal, Pierre, resta comme régent

en Amérique. Mais la reine refiisa le serment à

la constitution, et les coiirs de Riissie et d'Alitriche

rappelèrent leurs ambassadeurs ( i812).

Le xeV mars 1823, le comtesmarante Le déclara

coutre les constitutions, ct le ag mai, le second

fils du roi, l'Infant don Migiiel en fit autant. Le

roi lui-même qiiilta aussi la capitale, mais plus

tard que le prince; et les Cortès furent obligés

de clore leiirs séances. Les mesiires des Cortés

furent anéanties, mais le roi lui-même promit

de faire rédiger une charte comme loi fontlamentale.

Ainsi périt la seconde constitiition obtenue

par la force militaire. Ce qiii restait eucore

d'esprit constitutionnel, soiis le nom de

franc-majonnerie, fut étoiiffe' par don ~iguel,

au moyen de la conspiration du 50 avril 1824.

Jeaii VI moiirut le IO mars 1826, avant l'accomplissement

de sa promesse. Son fils, don

Pédro, Ter empereiir du Brésil, renouca à la

coiirorine ilii Portugal, qii'il destina à sa fille

minetire, dona Maria da Gloria ( née en 1819 )y

promise à son frère l'Infant don Migriel. Don

Pédro .Ionna d'abord la régence A l'Infante Isabella

Maria, qiii introdilisit aussi In coustitution

donnée par I'enipereiir du Brésil, le 13 avril

1826; mais l'empereur tronipé, conféra ensiiite

la régence à son frère, don Migiiel, qui de Vienne

arriva en Portiigal, à la fio cle février 1828:celiii-ci

abolit la constitiition q'i'il avait fni t seniblant de

Jurer, et consoqiia les Cortès de Lnmego ( de

i 1ii3), et comme la contre-révolrition d'Opor!o

echona, les Cortès le proclamèrent le 25 jliln

1828, roi de Portiigal et des A$araves. Tous les

états, excepté I'Espague, rompirent les relations


( 331 )

diplomatiqiies avec le Portugal. Mais le nouveau

ministère anglais fut le premier à les renoiies, et

donna ainsi aii prince, à sa mère et à tout le

parti absolutiste, le coiirage de faire naître la

plus terrible rGaction contre les partisans de la

récédente constitution et (le don Pédro. ,Les

Rorreurs de la révolution francaise furent, en

qiielqiie sorte, dépassées. Enviran 40,000 personnes

fiirent succe~sivementraînées en prison ;

et au lieu de la guillotiiie frïnpise, ce fut la yotence

qrii servit à don Miguel pour battre monnaie.

Et qiioique les Anglais eiissent traité en

reine la jeune dona Maria da Gloria, qui avait

débarqué sur leurs côtes ;yrioiqii'il se fût fornié à

Teirceire (l'une cles Acores), un centre des constitutionnels,

qui battaient les miguélistes d'une

manière décisive, don Rliguel el sa mère n'en

devi.,rent pas plus raisonnables. II en a qui

ont cru remarquer des signes de &ence en

don Miguel ; il en doiina un le 6 janvier 1830,

comme uous le verrons par la suite.

La découverte d'une dette de l'dtat de plus de

20,000 millions, dcvaitavoir, sur la politiqrie de

l'Angleterre, une influence immense. La mort

de ses grands ministres, Canning ( 1827 ), et

Liverpool ( 1828), auxquels succe'dèrent d'abord

le court ministère de lord Goderisch, puis

le sevère ministère tory de Wellington, est

devenue décisive pour la politique de l'Angleterre.

La guerre contre les bii-n~ans fut, à la vérité,

te'rminée avantageusement eii 1826, mais

dans l'affaire lielleno-turque, le traité de Londres

du 6 juillet 1827, devait certainenient plutôt

lier la Russie que sauver les Grecs. Aussi

n'appelait-on avec liiimeiir, la grande victoire

maritime de Codrington, près Navarin, ( 30 octobre

I Saï ), qu'un événement importun. Mais


des divisions int6rieiires vinrent en Angleterre,

se joindre la frayeiir u'inspirail la Riissie et

une giieri-e européenne. la siiite montrera si 1'6-

mancipation des catholic~ries d'Irlande , qiii

],assa enfin ( 13 avril 1829), devalt contliiire à la

réforme parlementaire. Si elle devait peut-être

ainener une réforme intckieure de l'église catlioliqiie

d'Irlaude, que quelques-uns ont aussi réclainée

en Silésie et en Bavière, c'est ce que la

suite montrera. L'abolition de l'acte du test et

des serrriens de coi-porations poiir les dissidens

(a i avril 1828),l'établissement d'une norivelle

London w~ivet~si~a~ d'apr&s des principes liùérasx,

le travail gignntesqiie mallieiireusenîent

encore inaclievé de Briinel, ayant poiir objet de

constriiire iin trinnel, ou cheinin sous la Tamise,

montrent qiie la nation a encore le sentiment

de Id vraie ;;rai?deiir; inais dans cette

grandeur elle veut aiissi favoriser ses intérets.

Les essais cle constitutions de Naples, (le la Sicile

et dix Fiémont, eurent to~is le même sort*

Après que Ferdiriand IV f~itréintCgi.6 à Naples,

il s'intitiila Ferdinand Ier, roi des Deiis-Siciles

( ra fëvrier 1816,4 janvier 1825); iine partie clil

peiiple frit très-indisposée contre les niinistrris

de Ferdiiinntl, contre I'inflriencc (111 général autricliien

Niigent et conti-e les accablantes iinpositions

dont le pays e'tait grevc'. Avec cela il

existait clepnis pliisieui*~ années, iine socie'td trèsétendue,

:ippelée sncie'té (le carhonnri ( cliarbonniei~s),

qni paraissait voiiloir opérer. l'unit:

politiqiie et l'indépendarice Se l'Italie, et (111'

avait une fmle (le loges oii venclitnts. On yol.t!

à pliis de Gon,ooo le nombre des carb0n:ii.i (jll!

existaient en I 820. C'est sans do~ltc dc ceilX-Ci

Iiie snrtaient déih, en i 8i 5, les caldcrari ou cliall*

c ronniers, çonime parti opposa, dont se servirent


( 333 1

les ininistres de Ferdinand, pour contrebalancer

les carbonari avides ct'innov,itions, et poiir les

épier. Ils ne purent poiirtaiit pas ernp6cller c lie

le r., et le 2 ~irillet ,820, les troiiyr.. ioiis dorelli

dc Concilu, et Ic cnnoniciis RIinicliitii se

prononcassent à Nola poiw iine constitiition, et le

g6nér:ilaPepé vint (le Naples, avec tlqs régimens

se joindre i cestroripes. Le roi, polir parer à la

tempête, transpoi.ta, le 6 jriillet, la couronne au

prince 'royal Fraiijois, conime devant 6ti.e son

alter*/*go,et celiii-ci tléclnra (7 jriillet 1820 ),

ln constitiition esp?gtiole des Cortes introduite

daiis le yays, constitiition à lacliiell~ le roi luiiilcnie

fiit obligé cie prêter seriiient.

EnSicile, où l'on tenait, avant tout, à se détacher

de Naples, il y eut des sc&nes pliis saiiçlantes

et plus effroyables qiie dans ce dernier pays.

Cornine I'A~itriclie étai1 inquiète poiii. la conservation

de ses piopres états eu Itiilie, cette révo-

1rition,'celle de 1'Esp:i-e et celle d ~iPortiigal,

provoquérent une réiinion des cing princiljales

Piiissarices de l'Europe en un cougrés qui eut

lieu à Troppri~i, en octobre 1820. et qui, le 6

janvier i 82 1, fut transf61 é à Lay1)acli. Les piiissances

invitèreiit Ferclinand s'y rendre, et

ce!iii-ci y alla avec la permission dii parlement.

filais il fiit obligé (le ,donner son consentement

à I'intcrvention militaire des Autricliieils, SONS

Friniont, daus les afFiiires de son pays, intervention

yiii fut reholi1e i ce congrès. L'armée de

R'aples était mal organisée. Aussi, après riiiel-

(lues coinbats dans les Abriizze; ( depilis le 7

1iiai.s 1821), elle se débanda de tous côtés, de

lnaniére qiie rlCs le 24 nlars, Naples se trouvait

aii pouvoir (les Aiitricliiens. La noiivelle constitution

fiit abolie, et iine ariiiee aiiti.icIiieiine fiit

laissée dans le yays polir 3 ans. A FerdinanG IV

succéda, le 4 janvier 1825,son fils, Fransois I,,.


( 334 )

Larévolutlon du Piémont eut encore une durée

moins longue, mais l'issiie en fut la même. Déjà,

en I 8 14, Victor-Emmanuel était revenu de la

Sardaigne à Turin. Le 10 mars 1821, !e colonel

comte de Palma, proclama à Arexandrie la constitution

espagnole, à la tête dii régiment de

Gêlhes. D'autres régimens et des citoyens vinrent

se joindre à cette manifestation. La même

chose eut lieu à Pignerol. ,4 la tête di1 mouvement

se placèrent Ansaldi, comte de Santa-

Rosa, et le rriarquis Chvles da Saint-Marsaü,

leqtiel se rendit à Casale. Le i I mars, la niême

constitution fiit proclamée devaut les portes de

Tiirin, par des soldats et des étridians. Comme

la troi~pe ne voiilut pas dissiper les révoltés,

Victoi--Erninanriel abdiqua le 13 mars le gouvernement,

et nomma le prince de Carignan

poiir régent, lequel jura, le 14 niars rSzr, la

constitution espagnole poiir le Piémont. Nice,

Monko, Chaniliéry, la capitale de la Savoie, et

Gênes, se déclarèrent poiir la constitiition; mais

le frère du roi, Charles-Félix, duc de Gênes,

protesta contre la déclaration ;le prince de Carignan

se déinit de la régence, et le général

Latour, goiiverneur de Novara, se réunit aux

Autrichiens, sous le conite de Biibna, et vainquit

(8avril), les coristitutionnels, près Novara.

Le io,, Turin et les autres villes fortes furent

occupees. Mais Charles-Félix prit le titre de

roi, le 2 1 avril 1821. Tl s'ensiiivit des eséciitions,

des confiscations, la fermeti~re des universités de

Gênes et rle Tiirin, et 12,000 Autrichiens vinrent

occuper le pays jiisqii'en 1823.

niais iine révolte sanglante attira dans la Turquie

d'Europe, l'attention des contemporains ;

ce fut celle des Grecs opprimés depuis si longtemps.

Le noble Sélim III était monté sur le


( 335 1

trône en 1789, avec l'intention de relever son

empire défaillant, par la culture européenne, et

avant toiit de chasser les janissaires, cetle troiipe

orgueilleuse, par des troupes européennes exercées

( Seymens). Après 4a paix (le Jassy, 1792,

I'expéditiou d'Egypte, par Napoléon, lrii fit

prendre les ariiies, et des troupes turqiies aidèrent

même à rétablir l'ordre dans les états de

l'Eglise. En 1807, iine nouvelle guerre éclata

contre la Rrissie, à l'instigation de la France; là

les Serviens, sous le brave Czerny Georges,

cherclièreiit, mais en vain, à secouer le joug

turc, et la flotte anglaise assista la Russie. Mais

Sélirn fut déposé, le,31 mai 1807, par ses troii-

pes mécontentes de ses iiinovaiions militaires,

et bientôt après il fut l~orriblement étranglé, et

sou successeur P1Siistapha IV, abolit ces innovations

si détestées. Rlais lui aussi fut renversé

)Jarune contre-révolution qu'opéra le paclia,

JIustapha Bairaktar, 1808, et son frère, Mahomet


( 356 )

une haute cultiire intellectuelle qiiè-reciire'nt de

jeiines Grecs, tau1 dans les iiriiversités é~rangèrcs

(surtoiit de Paris et de I'Alleiriagne) que tlaus

les Ciablissemeiis d'instrur tion 4tabiis en Grece

même: à Scio, à Aivali. 2 Sinyi.ne,l Jariina. Leur

coinpa triote, le niinistre riisce, cointe Capo d'lstria,

fonda, peiidant le congrès de Vienne, iine

réunion littéraire de*secours, l'Hétairie des aniis

des Muses.

Dans les yrernie'rs mois <le l'innée 1821 .clcs

troiibles kclaiCrent dans la Valacllie; occasioiie's

pai- Tlieodoro WladiiriiresKo et dans la Rloldavie

; le comie Alexandre Ipsilaiiti, gé'rréral

riisse et fils de l'ancien ~~ospodar de la ilIoIdavie

se leva, et (le Jassy (7 et 20 mars ), il atinonJa

la guerre ~OLII-I'iiidépendarice di1 yetiple grec,

Une révolil tion ~jréparée dans le quiirtier cles

grecs, ii Constaiitiuople ( dans le Faual 1, devait

éclater ari inoinent rneme de I'apparilioh tl'rpsi

lanti (levant cette ville. R1;iis lin des conjiirés (lécouvrit

le plaii de cette couspiration à I'ainbassadetir

anglais, qui en fit par1 au Divail. L'empereur

Alexandre, sur qui Tpsilanti avait beau,

coiip coitipté, s'était dé(:laré forterrient conlise

cette i/rsurrectio!s, et alors, non-seulemeri t SC$

liétairistes et d'niilres acillérens fiireiil tolaleinent

battus par les Turcs, mais il y eut une effroyable

effu~ionde sang parini les Grecs à Constan.

tinople. Cependant la révolte éclata aiissi en

Rlorée et dans les îles. Les Grecs. a1iiin6s par les

yuissans soiivenii.~ des ieinpç anciens, cl~ercl~aieni

à se tlébarrassei. du joug pesant soiis Icqiiel ils

gémissaient. Sans doute qu'il fallait, avant toiitj

qu'ils se foi-inaisent par les coiribals, à redevenir

un peiiple l~éi.~iqiie, puisqu'iin esclava-e prolongé

avait aussi déuaturé lei~r earact&e. Les

Grecs furent inalheiireux dans la Moldavie, Jaas


( 557 1

la Valachie et à Coiistantinople. IJe bataillon

sacré d'Ipsilanti siickoinba par la ti.aliison., le

15 ji,in, près Tergc)miclit et prks Tergorrssi.

Ipsilauti se réfugia da~is 1'eini)ii-e d'Ai1 ti iclie,

et trotioa rine dure capiivité à hlunlratscli, où il

resta jusqii'en 18.27. (Il est niorl à Vieune le 31

Iaiivier 1828). On vit à Constantiiiople, des

princesses grecqiies être ventlites coinme esclaves

ilil rnarclté, poiir iine piastre, et livrées

à la plus grossière briitalité. On vit peirdre le

vénérable pati.iarclie Grégoire devant son église,

clii'on rasa avec 15 autres, et tuer coiriine des

rliiens les Grecs désarmés. Les airibassaderirs de

Fran~ et de Russie intercé<lèi.~nt en vain poiir

détoiirner ces n~allieiirs. Strogaiioff qiii tta enfin

la ville. L'intervention de l'Autriche fiit également

vaine. La flotte grecque avec ses Branders,

combat tit avec d'aiit:~ni. pliis de bonfleur, contre

le cnl,itailie-pacha ; de merne Odyssée, près de

Zeituni, à Gerniano prés Patras, qii'il prit ; Navarin,

Napoli di Malvasia, et Tripolizza, Tlièbes,

Arta, se i.endrreiit aiissi. Pour leur bonlieiir le

~11ali de Persedéclara aiissi la guerre à liirI'urqriie;

le despote farouclie Ali Paclia (le Janinn {16 février

18~2), combattit également contre elle avec

~iicc:ès. Pendant ct teiiips on projeta des constittilions

pour le continent oriental et mériilional de

ella las et dti Peloponèse; et le gouveriieiiient fut

transféré d'Argos à Epidarire. Le rer janvier 1822,

pexistence politique et l'indépendance de la Gi~èce

furent procl~mées, et le pi-iuce Blaurocordato

fut noinmé de l'asseinblc'e nationale.

Tant d'en~r'e~rises si lieiireiises depuis le çomniencernent

de la révolte, iani sur terre que sur

mer, furent exécutées ; deiix capiiaiiies-pachas

sautèrent en l'air avec leurs vaisseaux; Colocotroni

et Nicetas furent vainqueurs près ~rgoiite,

29


( 338

Odyssée le fiit contre ~hurscliid, pacha, près Foutana

;la prise ci'~tli&nes, de Corinthe, de Napoli

di Roniania, le 16 dCcembre 1822 ; les victoires

maritimes près Mitylène, Patras ;celle de Bozzaris,

pr&s (;arpinissi, 23 août 1623 ; cinq fois on

combattit avec bonheur les Turcs près les Therniopyles

, il manqiiait cependant de l'union dans

l'intérieur ;au dehors, il y avait absence de désintéressement

et manque d'argent. Car les fruiis

des comités grecs et les efforts du brave Eynard,

de Genève, ne clevinrent,visibles que plus tard.

Quoique la constitution propre de toute la

Gréce fut projetée par la seconde asseniblée nationale

d'Arta (14 mars au iS avril i823), des

divisions ultérieures inontrérent ensuite le peu

(le diirée qu'avait ce qui était opposé aux forces

rérinies de la Turquie et de 1'Egypte. Car c'est

à la désunion des Grecs entre eiix, et à leur cl&-

génération qui leur avait fait perdre l'liabitude

de conduire un combat régulier dans une bataille

rangée, qu'il faut siirtout atti-ibuer les iiiallieurs

qu'ils ont éproiivés dans les années 1823 à

1827, tandis que Mahmo~id se fortifiait essentiellement

par le licenciement des 196 Ortas de

jaiiissaires (Hatti-Scliérif du ier juin 18a6), et par

l'organisation d'une armée esercée à la mauikre

eiiroyéenne, et il a été assez heureux de dompter,

pal- la Iiaclie et la corde, les nombreuses insurrectioris

(les janissaires qui éclataient à Constantinople,

par des incentlies (surtoiit le 13juin

iS26). Quoique la terrible prise et la dévastation

d'Tpsara (3 juillet 1824) par les Turcs furent

iin peu réparées par la reprise qii'en firent

les Grecs le 14 juillet: malgré plusieurs combats

mariti mes où la fortune fworisa les Grecs, entre

autres celui de Samos, le 17 août, celiii de Stnncbio,

du 4 au 6septembre, celui de Nitylène, le


( 339

6 octobre 1824;ils perdirent poiirtant Navarino

(12inai 1825), Tripolizza (2 1 juin 1825) et Misolonghi

(24 mars 1$26), c~uoiqi~e ce dernier endroit

ne fut qii'iin monceau de pierres qu'avait

fait sauter en l'air Noto-Bozznris ;ces places tombées

au yoiivoiï -des mains sanglantes des Turcs,

il y eut i peine 1,ooo Grecs qui parvinrent à gagner

Alcazyntho. Mall~eureiisemeiit la Grèce se

divisa encore, en 1825,en pliisieiirs partis (Colocotroni

,Maiirocordato. Coricliiriotti, etc.), et

I'asseniblée nationale d'Epida1.n-e (mai 1826) se

forma également en deux assemblées à Castri et

à Eeine. Même le manifeste de la nation grec ue

(25 juillet 18251, par lequel elle place son inlépentlance

soiis la protection de la Grande-Bretagne,

trouva contradiction, et, par cona&~uent,

en prodiiisit moins d'effet. Enfin, depuis juillet

1826, Atliénes, le palladiiim du pays, fiit assiégée

par les Turcs, et I'Acropolis ,. où se jeta en décembre

le brave colonel Fabvier, parvint à obtenir,

le 5 jiiin, une capitulation honorable. Les

Grecs se dirigèrent de ce côte' pour débloqiier

cette place, après s'étre réunis eu assemblée nationale

à Trazen (Damala), et avoir conféré le

grade cl'ainii-al à lord Coclirane, celiii de généial

en chef à ~tiurch, et avoir nommé président

de leur république pendant 7 ans, Capo d'Istria,

de Corfou, et ministre de Riissie. Mais les batzilles

du 2 au 6 mai, où tomba Caroiscakis (1; mai)

et 2,000 des pliis braves Grecs, siirtout Ics Souliotes

et les Pliillielltnes, Gcrasés yar la s~ipériorité

du nombre des troiipes régu ieres tiir.qiies,

firent échoiicr complètement le plan de déblocj~ernent.

L'espoir. des Grecs ne reposait maintenant

que sur l'intervention des graniles puissances

européennes. Cette intervention fut cil

partie immédiate et en partie médiate,


( 340

Dans tons les pays civilisés, les efforts liéroï-

,es Grecs yoiir recoiivi.er leur indépen-

Iiiles aut.e,'l a\aient exciié le plils vif entlioiisiasine.

En France surtoi~t, ia ~nanifestation Je l'opinion

p~ibliqueen fûveiir des mallieiireiix Grccs fut

grande. Partout il s'était foriné des comités occilpé'

ù rétinir (les secours de torite espi.t-e polir

les illiistres desceiitlans (le Tlir'iiiistocles et de

I~t:orlidaç. Qii'ou juge de la joie qrii éclata en

France cjiiand on vit le goiiverneinent prendre

parti oiir eux ! Qiiaiid on vit les esca(1res combinées

cre la France, de la Riissie et (le l'Angleterre

se présenter à l'entrée di1 port de Bavarin, polir

arr4ter les ra\ages terribles qiie carisait daus la

Morée Ibraliim ~;aclia, fils de B'léhemed-Ali. d'figypte;

polir faire tin dernier effort afi~id'obtenir

une ~'ru1ong;ition de i'arrriistice viol6 par Ibralii~n

~)ac*iia,. et s'assiirer de la stricte ~xdciition (le cet

ariiiislice! Leur dessein Ctait dc rédilire les Turcs

à rernf,ttre en rnr*r, s'ils avaient l'intention d'app~rciller.

La flatte oiton~anr était forte de plus

de ce t ~oiles, et le cliâteaii de Navarin, garai

de batteries, coniplétait le systè.rne de ddfe~ise

d'Ibraliim. Les flottes réunies des priissaiices

avaient poiir chefs : Rigny: Codrinçton et Iiei.

den, et elles parviurent f ctc'triiire la flotte turco.

égyptienne, le 20 octobre 1827. (Jitn~une Sanglante

batail le navale. Ces flottes rpirent eu même

temps iine disiir puissante à la piraterie $recqiie.

La joie qii'éproiivérent loris les Pliilliell&nes filt

très - srande. &lais la ne devait pas se borner

1'intei.ventioii de In France. Le goiivernemerit

avait cléciclé qii'une expédition aurait lieii efl

Morée poiir pratc!ger les Grecs contre les atroria

tés de la Porte. Cette rtcsoltition généreirse rept

l'approbation générale, et, coinme l'indépep

dance trouva toujours en Francc de, nombreus


défensenrs. une foule de jeunes Francais voulurent

se joindre à l'expédition, et fotiler le sol de

1'1i~roïc~ueGrèce, poiir secourir les mallieiireux

Hellènes. L'exp&litioii partit de Toiilau sous le

coinmandement dii marc'clial Alaison, et arrivii

Ileureiisement. en Morée (août iS.8). Navai.iii frit

pris; on y trouva GO boiiclies a feii, des vivres

et des niunitions, et les pavillons d ~ trois s 1)iiissances

(France, Angleterre, Russie,) furent Iiissés

sur les tolirs de I:i citadelle. Pendant ce mouvement,

le général Diirieii prit Rlodon, également

poiirvii de vivres et de miinitioiis. Le général

Sébastiani prit Coron, ct le général Sclineider

forca Hadji-Abduloli, paclra de Patras et du

châtrai; de Morée, à capituler.

L'expéclition en Grèce fait beaucoup d'lionrieur

à la France, et le. colonel Bory de Saint-

Vincent, qiii cil a fait partie, a voiil~i enricliir la

Fiance d'une description de la Morée que le

niontle savant acciieille favorablement.

Rlais les Grecs fiirent aussi secoiirlis rl'iine manibrc:

indirecte par la grterre qtie résolut de faire

aux Ttircs l'empereur Bicolas Ier, à c:iiise de l'incornpliate

exécution dii trité qu'il avait fait avec

eiix à Aclrernian, eii septembre 1828.L'interition

l'cinpereur était de maintenir son droit, celui

dc ses siiiets, vt de cloniier force à ses traite's ; et

cctte déclaration (le giicrre ne fiit niillement contraire

aii traité d'intervention conclii en faveur des

Grecs, à Londres, le 6 juillet 1827, avec la France

et I'AnSleterre. hlnliino~id ayant rcjelé ce traité

qui liii ;vait e'tépresentc;' le 16aoilt 1827. et n'ayant

PSfait droit aux aiitres réclamations de la Rus-

'1% les trois ainbassaderirs des priissances contfactanteç

qi~ittt'rent (rlérembre 1827) Constantfnople,

et, le 14 avril 1828, pariit la déclara-

!'on de guerre de ln R~issie.La Ri~ssie conduisit


cette guerre à l'orient et à l'occident de la mer

Noire ; là, par le vainqiieur de la Perse, .e général

Paskewitscll-Erivansky (c~iii prit successivemeni,

avec I'al)l)ui de la flotte russe et de l'amiral

Greigh, Anapa, Yoti, Cars, Acl~alzik et

d'aiitres places, jiisrlue dans le voisinage de Trapeziint

et d'Erzerum) , ici, ce fut par le cointe

Witgenstein.

L'armée russe, arrêtde long-temps par les débordemenç

du Daniibe, traversa ce fleure, après

avoir occupé et oi.ganisé de nouveau la Rloldavie

et la Valachie, prit Tsnktsclii (1 I juin), Matscliin

(16 juin), Braila (19juin), Koiistendgi et Hirsovri

(24 liiiu), et plusieiirs aiitres places d'une moindre

iinportance. Mais on trouva pliis (le résistauce

et (l'obstacles qii'on n'avait pensé, car l'importante

place de Varlia ne . tomba au pouvoir

des Russes qiie le I I octobre 1828, eti ce fait

d'armes termina la campagne.

Celle de 1829, soiis la contlriite clil comte Didbitscli

(r), fiit 1~111s bi-illantt*; car après pliisieijrs

combats sanglans près (les forteresses du Daniibe

non prises encore (Silistria se rendit le 3

juillet), et près de Scliouinla ou Djoumna, on

franchit, le r I jiiillet, ces montagnes redo~itablesl

liorneli des précédentes' campagnes, et l'on pisil

pliisieurs places le long de In mer Noire, et enfi!,

août 1829,Antlrinople, où (tlans la faiblesse vislble

cIe l'armée et de l'cnipire tiircs) le siiltan

Malimoud, afin d'éviter iine re'volte dans la capitale,

concliit la paix, à la persiiasion (tes amb.

sadeurs et avec I'interveiition cle la Prusse, pal%

qu'il ratifia le 2 septembre. Que!qiics districls

asiatiques der Jiirrs devinrent seiilenient rus-

(1) Silésien de naissance qui, 21 caiise du passage

aur Ic Balkan, eut te surnom de Sabalkansliy.


ses, mais l'iufliieiiee cZe cette puissance sur la

nIoldavie et la Valacllie, et sur la Turquie ellemême,

apparaît ylus importante qiie les rnillions

d'indemnités qu'il y eut à payer. Ainsi se trouvèrent

à la vérité anéanties les espbrances cle

330 ans à délivrer I'Eiirolie de ces asiaticjues,

mais la crainte d'une giierre géuérale européenne

fut également éloignée.

La position des Grecs, pendant ce teiiips, avait

natiirellement été plus paisible, inêine lorsque la

plus grande partie de l'armée francaise se fiit

retirée. Le 22 juin 1828, le nouveau président

de leur répiiblique, Capo d'Istria, prêta serment

en cette tliialilé; il organisa le ~anliellion, ou

Conseil d'Etat. à Naiiplie, et le goiiveraement

grec, et il étabit une banque nationale. Rlais ce

fut l'année 1830 qiii devait décider (lu sort de la

Grèce. Dans les conférences de Londres, des 4

et 22 février 1830, les trois piiissances ~lécitièrent

son inclépendance, fixèrent. ses liiriiles; la Morée,

le continent cl'Asyropotamo jiisqu'à 261tiini ,

Negropont et les Cyclades; et le priuce Léol)o!d

de Saxe-Cobourg fut désigné cornnie souverain

tlii plus jeune, et en même temps di1 ylus ancien

Eiar europeen.

Ciest à-l'eu-pr&sainsi qiie se troiivait l'état de

l'Eiirope au commencement de 1830. Rlais cette

année (lui peut, en qiieiqiie sorte, commencer

une ère nolivellt: et les deiix années suivsiites

sont si remarquables par les événemens importans

qi~i s'y sont passés, et don1 la conséqiience

sera proballeiric!nt cl'iine importance

nori inoins grande qri'iin COIIP-d'œil spe'cial sur

cette pério<le remarcliiable nous paraît ici h sa

p ace. (1). C'est la France qui préserte d'abord

(1) Ce qui peut paraître trop Bfend~~ trouve sa jus-


les événemens les plus fiirieiix et les pliis sanglans.

Le a~écontentement qu'inspiraient les

Bourbons et l'opposition hrinidable qui s'était

iriariifeitde dans la nation et dans les chambres

allaient en croissant. Le court niinistbre Martignac

avait fait place à celui de Polignac. CllarleçX,

effi-ayé sans doute des exigeances libérales des

dé11~1 tés éli~s en I 827, nialgi-é le ilouble vote, avait

cru po~ivoir tenir tête à l'orage et renforcer son

systéme rdactiorinaire en confiant la direction du

noriveau niinisthre à Polignac, homme dont le

nom sen1 c'tait une contre-révolution, et la

Francc apprit avec niitniit de stupeiir que d'6toiinemcnt

In üoniinntion diiiriinist&re du 8aoÛt 182

BCjà des associatious s'ataient fo~mées pour 7;

refus de I'iinyôt. La cliaiiibre des dçt'piites, à

l'ouverture tle la session ,avait exprimé dans une

adresse énergiqu e votée par 221 de scsmembres

la, réptigiiaiice de la France pour les noilveaux

ministres. C'est eu vain qri'on avait ailginenté la

clininbre des pairs nii ~iombre (le 367. La chamhre

des députés oriverle seiilement depiiis le 2

mars J 830 est pi-orogéele ig(lu mêine inois et (lissoute

bi~ntôt apr4s. Les noiivelles élections sont

~~~~~~~e plus défavorables au gouvernement.. Les

feu;lles de l'opposition deviennent toi~joiirs pliis

violentes. La brillaiite expédition c1'~lger n'était

pas parvenue, ainsi (pie Pavai t espéré le gouw-erne-

.

tification dans l'espoir que nos lecteurs seront bien

aises de n:passer encore uiie Sois cn abrégi! la suite

des ev9nemens dorit ils oiit éti: témoins, et dont la

multiplicité produit bcileu~ent une conf~sion dalis

l'esprit. L'auterir invoque l'indiilgence pour les errciurs

involontaires qii'il pcBiit avoir commises, et dont

il acçueillera la rectification avec reconnaissance,


( 345 1

ment, àdétoiirnerl'atteution entièreme nt fixée stir

l'intérieur. Cette expédition inaritiiiie ne coûtaitelle

pas de nouvellescent;tinesde ii~illions !Et pourtant

cette inême e\ édition aiirait, dans d'aiitres

cirronstonee.;, fait Pa gloire (l'iir. regne! Le dey

d'Alger avait insulté notre cousril à la régence, et

la France deinantlait par itn étroit bloriis la satisfaction

dg cette insiille. Coirime le dey avait répoutiii

(8 août ,829) ])RI' le canon aii contreainiral

de Iü Bretonnit'te. qiii Iiii avait été entrové

comme parlenientaire, le général Boiirmiiat,

alor5 mittistre i\e la giierre, quitta Paris et

'enibarqiin à Toiilon avec I'nrmér destiiiée h

cliâticr I'insoleiice (le Hrissin. Cette arine'e ,clirigée

vers Alger, débarclria siir ta pla~eafricaine le

1s jiiin. 1850 Bientôt lesBarbares rout ïiilbii tés et

le tlrapeau blanc est arboré sur la toiir de Torré-

Clrica. Les solt1;it~ fiaanpis, animés d'iine ardeur

extraordinaire, trioni1~I1ent de? bédouins et (le leur

cavalerie. Eiifiii, le fort de I'Einl~ereiir qiii domine

~iger est attaqiié (4 jiiiliet 1830) et emporté.

et Alger capitiile le lentle~nriiu .5. On

trotive dans la Casaiiba ori palais dii (le?, 50 inillions,

et le dey d'Alger se retira en Eiirope. Alger

est arijourd'hni la .plus belle colonie de la

France.

Ceprndant, nialgré les crainies qu'avait inspirées

le miaistèrePoligi~ac, l'on n'était pas encore

sorti de la légalité, et 1'1 cliarten'avait pas encorc

soiiffert d'atteinte. Toiit-à-sorip (36) pariirent

les ortlonnances cte jriillei datées clil 25 .conti-esignées

1131- tous les miriistres présens à Pili-is. De

ces ortlonnances l'une siispentlait la librrté (le

la presse périodiqiie, les aiitres prononcaient Iri

dissoIiition de la clianrbre des d6j)iités avant soi1

Oiiveriure, et en convoqiiaient iine nouvelle; la

dernikre enfia restreignait la loi électorale. Jus-


que-là le peuple, tout-en se préparant à la résistance

n'avait opposé qu'une force d'inertie aux

rétentions de la couronne; utais à présent que

fa constitution était eutammée et qii'il n'y avait

plils de garantie contre des atteintes encore plus

graves à cette constitut ion ,la capitale fut d'abord

conirne étolirdie, inais bientôt la stiipeiir et la

consternation du peiiplc font place à une révolte

qui devint une revolution. Des groupes rnenacans

se forment partoiit. Les députés préseris à Paris

protestent contre les ordonnances ; les joiirnaux,

sans e'gard pour ces ordonnaiices , continuent

de paraître; les redacteiirs des principaux journaiix

rédigent le 27 une protestation conlre ces

mênies ordonnances, et le tribrinal de coinmerce

de la Seine prononce un jugement qui oblige iin

imprimeur à continuer l'impression d'un joiirual.

Mais le peuple s'est déjà armé; l'habit de garde

nationale reparaît ; de cette garde nationale SI

brys iiement licenciée par Cliarles X. Le POLI+

voir %e son chtd a nommé Marmont, cornmandant

de la premiere division militaire, et chargé

de comprimer toute rési.;l.ance, et déjà la troupe

fit feii sur le yeiiple. Le combat s'engage. Le 28

Paris est mis en état de siége, la lutte devient

terrible, c'est iia combat à outrance, iin combat

à mort. Bien des personnes tombent vice

times ou de leur fidélité ou de leur patriotisme.

Du liaiit des maisons des pavés sont lancés

sur la troupe, et celle-ci riposte 1,ar des coups

de firsil et des canons; des barricades sont construites

et emp6client la troupe d'avancer, des

coiips de feu lui sont tirés souvent à bout

portant. Sur les barricades flotte le drapeau

tricolore; le nombre (les barricades est porte^

à 4,000; tout sert B'armes; des haclies; des

barres de fer, aussi bien que des armes à feu i


( 347

des femmes et des eufans combattent. Iiafayette,

ce kiéros des Deiis-Nondcs , se met, malgré son

grand fge, à la tete de la garde nationale. Des

régimens de ligne passent (211 côté des bourgeois.

Polignac est sourd à la prière qui lui es1 faite

par iine déput at ion d'hommes lionorables et parementaires

de retirer proiiipterrient ies ordonnances.

Il ne reste bientôt plus d'autre retraite à la

cour, aux ministres et aii reste de la garnison

?e Paris, qiie St-Cloud. On se bat peudant 3

jours, et, pendant cet intervalle, on compte environ

5,000 morts et blessés. Pendant que le peuple,

conduit par plusieurs élèves de l'école polytecliniqiie,

lritte avec avantage contre la garde

royale et les Suisses, toujours aiix cris de vivela

charte , iine commission municipale s'organise

à l'hôtel-de-ville et dirige le iiiouvement. Le 29

le peiiyle est maître de tolites les positions, la

victoire lui deinture et le drapeau tricolore flotte

sur les édifiees ~iiblics. Le mouvement de I'aris

se propage dans les provinces, et partout la 1-6-

voliition s'opAre ;l'édifice s'écroiilait parce qu'il

était attaqué par sa base.

La cominission municipale donne des cliefs aux

diverses adiriinistrations ,réorganise la garde nationale

de Paris, et en donne le commaridenient

a Lafay &e. Un gouvernement provisoire déclare

la destit~ition des ministres de Charles ;Y. celuici

ne se faisant plus illusion siir sa position veiit

en vain rappeler les ordonnances. Mais dès le 30

~~iillet sa déchéance est déclarée. En présence

des partis dont les lins voulaient la république,

les autres le rappel de la famille de Napoléon ,

la France avait besoin d'un chef pour éviter les

llorreurs de l'anarchie ; c'est pourquoi Louis-

Philippe d'Orléans accepte la Lieutenance-générale

du royaumequi lui est offerte. Charles 8,


( 348 1

retire' à Ba'mb.oiiillet, abdiclne en faveiir de son

petit-fils, le diic de Bordeaiix, et le d11,cd'Ango1tl6iiie

suivit son exempte. Le lieutena .t-général

cotivoqxie les cllainbres pour le 5 août, I end

Si la nation le drapeait trico1oi.c; et, dlrnsune pro-.

clamatiou adressée aii peiiple, il (léclare que ta

cltwtc sera &sort)tnis utte v&~.;té?

Cliarles X ,fore6 par le peiilile parisien, iie

s'éloigner de Rainboiiillei , s'einbarqiia 5 Clier-

Loiirg pour 1' Anglc terre ;d'où il se rendit d'abord

Si floly-fiood, en Ecosse ;il liübite'maintenant le

I3l:ii.dschin ,près Pi-agiie, eu BoliGnie.

&%alré l'abdication de Cliarles X , le trône

&ait $&çlat-4 vaeani en fait et en droit, et la

cliambre des dépiités , après a'voir modifié la

charte (7 août 1830 ), appela au trôiic lu Lieutdnant--géfi&*a!di1

royaiiiiie ,qui prita serinent à

la charte et prit le noin cle Louis-Pliilippe Ie',

roi des Francais (9 aoîtt). La cliarnbre des

pairs s'était jointe à la cliambre des dépiités.

Ainsi s'était accomplie une révolution qui, en

3 joiirs ,a renversé la brancxlle aînée (les Bourbons,

et y a appelénn prince simple dans ses

n~œurs, qiii, a rès avoir pris une part active

am giierres de fa première révoliition, où il a

fait preuve cle bravolire et de yatriotisine, avait

été obligé de s'expatrier polir se soiistraire au

régirne affreux de la terreur ;il avait vécu comme

liomine privé en Suisse, où, soiis un noin éiranger

, il enseignait les nintlieinat icjues dans une

institiition, dans le nord de l'Allemagne, et en

Sicile. Depuis soiiretour en Fraiice ,en 1814,il

s'e'tait fait remarquer coinme bon père Je famille,

encourageant les arts et les lettres. Cette

rc'volution de 1830est remarquable en ce qu'elle

n'a duré que 3 jours, et qu'elle est restée piire


( $49 ) '

de teint encéS. Liber-tt!, ordre p~blC,tei fut,

dès le cornmencc?merit de l'action, avec respect

artr pr*oprt&t&s,le nlot d'ordre et de ralliement.

La France a eu à regretter la mort de plrisieiirs

personnages remarqiiables niorts sous le règne de

CharlesX (16 scptenibre 1824 ail 29 juillet 1830) ;

entre a11 tres le gén6iSal Foy ,ora teiir et guerrier ;

l'abbé Feutrier, mitiistre des affaires ecclésiastiqiies;

Girodet , peintre d'liistoire ; Talma , Desaugiers,

et enfin ce %vancl ami rle l'humanité, i

qiii la France doit l'introduction de la vaccine,

la fondation de l'école (les arts el métiers de

Cliâlons et l'établissen~ent cles caisses d'épargne,

Ic vertueux et immortel Larochefoiicault-L ancourt.

Soiis cc même règne plusieurs rnonumens ont

été élev6 à Paris, entre anires le palais de la

Bourse, les 12 statues di1 pont Louis XVI, et

celle de Louis XIII, clui se trouve sur la Place-

Ravale.

Ainsi, la France n'avait plus ilne charte octroyée,

mais une charte consentie par le peuple,

représentée par la c1iitmbi.e (les dépiités et par le

roi citoven nommé par cette m6me cliambi-e.

La ré"o1ution dc jui!let, pour avoir éte grande,

de courte durée et exempte de tout excès, n'en a

pas moins eu et, a encore ses ennemis cachés oii

Piiblics. Recoiiniie par les grandes puissances elle

a el1 de Lien mauvais joilrs. Ses ennemis vouliirent

profiter du desmiiiistres de Cliarics X

Polir seiner le trouble et ensanglanter 1111e révo-

I~~tion iiniqne dans l'liistoire. Siir les sept ininis-

Ire: de Cliarlcs X ,quatre seiilemen t avaieut pli

[ire arrrtds. Ils fiirent jiig6s par la chambre des

Pairs et condamnés à une lwison pet-pétuelle. Les

3litres.ministres sont con$amnds par contumace

3s


*?aq lsa aS?!s ap lelaLl no!lessea ap mon e[

ap l9.r.1~un sa~di: Cn!ii[ Gz al 'uyua !s?!qqiid lnos

paiua!3na3![ ap sa~ueuuop~o s~na!snld ' aS?!s

ap le13 na p.lep?p lsa S'!Je6 *ap~oj lsa aila 'uon

-F3 ne la adno.17 el ap aJnoAi!.xq e1 F aq.rD ' ug

-ug *alduraxa sucs Inarnaulcrpi? un Daae aiipaq

- 'Aa?ju -1s a.q!o~a ne aulibnb snld alsaJ na,u

,PP sa?nalua luos sapca!Jreq s.Ina!snld *soauiaqa

-ae.ria~s.rnal snep sn!ea!lqiid?.r sa! aiibellr! 'au%[

3p adn0.i~ el ap la anaqueq el ap alla3 ap a?p!e

Laleuo!len ap~eS el 'g aq *a[el!de3 el ap s.in!od

s~na!snld .iris a?Se$ua l!elabs apall!stg aaFA anii

isuo81~1psa1 Daatl sn!eur xni, tinaa ly~l? ua a~d

-nad al la 'a~pnalna l!ej lua!el?$ 'ad~!yd-s??107

svq p i ~n,!qqna'+iDI anp ap ~1.13 saa *sn!sa!lqnd

-2.1 Sap la sais!lan3 sap '~liaa nobl!s 'al!nl-ioj ame!l

-jchl lnnuo3a.x no 'a3ne.r~I:I l!eaS!gje s.101~' !tiT>

soq~our-e~?lorp np l.iour lanb~eur~q lai?u?D np

aJcl?nnj !o~noa iip uo!saa30Ll (zsgr n!ti! c) 13 ç)

u!iiI ap sa?n.inoI sa1 snea *s.inall!i? la all!n arup

tq suep piel siqd ns eL1 auru103 .xarlduro!g na

Ins ~uauian~annoS np a!S.ran?,q *U!EUI 81 F saur

-JEsa1S!UI alrias sed e .inal au sua5 saae.rq sa3 ap

aJ?S!Ul cl Je3 'a!os na s.ra!.uno oooco~ e aalual d

<(1981aJ maaon) uo.iq ap alIoA?.l el suep J!OA

nd E IioLn! aa lsac3 ?!lan!>s!p a.r?peJea al l!ej

ua !nb uo~~e~?poui es ap uo!lnIoAp el .ra!.\?p a.qej

ap no no!%nloa?~-a~luoa aun aqnp0.d ap .r!s?p al

~U!~!JO ~iiod na qoae luass!e~ed salqiio.rl sa3

*a39

-sn! F[ ap a.r!enl3nes al ~al3adsa.I a.r!i?J Ins aleu

-ogen ap.1~4 el 'sanh!~enir~sap JECIaJqrneya r!~

ap .IiioIne s?ssnod.r~our ap s!~3 sa1 la saorlap nr

~!euSg~ !nb no!l~l!%,l ?.ia91e~q*an!ad amam el y

( )


rembre 1832, au moinent où il se rendait à l'ouverture

de la chambre des dépiitds.

Le parti considérible que trouva la ducliesse

de Berri lors de son apparition dans la Veutiée,

dans la même année, et qui Ii~i resta jus ii'h son

arreslation à Nantes, le 7 novembre 1832; son

emprisonnement dans le chiteari de Blaye, d'où

sa grossesse inopiuée ne put niéme la tirer; les

troiibles de Paris et de Lyou, cil :ivril 1834 ; les

efforts que coûta la pacification dans ces deux

villes, surtout dans ladernière, où ii fallut acteter

le rétablissement de l'ordre par de grands

sacrifices; enfin l'attentat liorrible qui, le 28

juillet 18.35,au moyen A'iine mncliine infernal~:

faillit coûter la vie à Louis-P!iilippe et à ses fils

qui l'accompagnaient à la revue de 1i1 gdrde nationale,

et qui tua plusieurs personnes de sa sliite,

tout cela montre que les passions ne sont pas

encore calmées, et que le roi des Francais a encore

de nombreux ennemis. L'éclat qri'a eu la

première partie dii procès di1 coniplot d'avril

1834 jiigé par la Cour des pairs 1835, I'exaltation

des accusés et de leurs défenseurs, des tentatives

d'assassinat sur la personne di: roi, antérieurement

à celle t2u 28 juillet, toutes ces circonstances

prouvent aiissi que les ennemis de

l'ordre des choses son1 aussi énergiques que

constans.

Peii de temps après la révoliitioii de jitillet, la

secte dcs saints-simoniens fit une coiirte apparition;

elle voulait réformer la société ; le ridicule

et la police correctionnelle y ont mis fin. La politiqiie

francaise, dirigée sur l'estérieiir, clierclia,

p3r l'occiipation d'Ancône (23 février 183a), i

affaiblir la grande iufluence de l'Autriche sur

l'Italie.

On parait avoir pris la résolutios de colosi-


( 3.52 )

ser définitivement plv,er, et de rassiirer cette

yosse;sion üfricaiiie cléfini tiveinent contre (lenoilvelles

invasions <les bélloiiins; et jl est perinis de

CI oire 111' Iuler~iièreqiii a fait périr pliisieiir:

bravesdr l'armée rl'occ~rpation (iiiillet i b3j) aiii'a

enfin oiivert lus yeiix a11 gorivernement cliii ,par

des mesiires à In fois fermes et c-onciijatrices, en

prévieublrn de nouvelles. Toiit est à espc'i-er du

goiiverneilr ac.tiiel, le brave maréclial Claiisel.

Le contre-coiip de In révolution francnise (le

1830a eii un long retentissement à 1'éirnrigcrl

et s'y est fait sentir bien plus foriemeiit qiie la

réroliition de 1789.Voyons d'abord oii en &tait

la Grève à 1'éj)oque de la seconde révoliition siirveniie

en France.

La sitiiatiori des Grecs allait en empirant. Le

priitce Léopoitl renoiica ail goiivernement de la

Grèce qii'il avai t!+c.ceyté il y a qiielqiies teinps,

et sans avoir encore vii son noiivel &ta t :les Grecs,

par ieiirsîac.tioris et par leiira: dispiites intérieiirej

contre leiir pré.sident Capo d'Istria. dans Ieqiiel

on ne volilait voir qii'iin organe (le la I\:issie, se

priv&rent(letolite force à I'intérieiir et à l'extérieiir

; l'amiral Miaillis, dans sa liaine contre la

Riis-it! et cSontre Capo cl'I.sti.ia. alla iiisqii'à incentlier,

le 13août. 1831, daus le port de Porosl

la flotte precqiie Cam >osée de 28 biî~iinensde la

valeur de 'io million5 Je francs, et dcliiipbe en irard

tie des dons qiie l'Europe avait filits, à la Grèce:

parce ciiie dans son opiuicn, oii avait I'intentioo

(le faire passer cette flotte ailx maiiis des Riisses;

d6cla1-écortpable (le liante traliison ,il coiiriitse

réfiigiei. à Hvdra. Une terrible explosion clétrilia

sit en ménie temps le fort Heidegger. Eufin, apréj

des révoltes étoiiffées précédemment à Maina?

février 1831 , deux inainottes-maiiro~nic.lralisacrifièrent

le président, le g octobre 1831 ,b leur


vengeance pai*tictiliere, à Nauplie, devant la porte

de l'église, au moyen du pistolet et dii poignzrd;

de manière qu'il 'fut formé iine commission provisoire

de régence, coinposée di1 frère dii président,

le cointe Alignstin C., lequel y resta jirsqu'au

13avril 1832, (le Colocoiroui et de Coletti.

hlais cette conîinissiori ne parvint pas non plris à

conjiirer l'esprit (le discorde et s'éteignit bient0t.

La scission cles partis entre les îles, le Continent

et le Yéloporitscr , entre les partisans des Capo

d'Istria et leurs adversaires, devint toujours plus

grande; elle se mitpartoiit, dans l'assemblée nationale,

dans le goilvernement et dans l'armée.

Des Grecs marcliereut contre (les Grecs, et même

ils eu vinrent aux niains avec les Frnncnis qui

les yrotégeaient , comme cela est encore arrivé

à Argos le 15janvier 1833;les finances qiii se cornqosnient

pour la pliipart de papier et de cuivre,

etnient engagées qiielrltiefois , en yelqi~esorte

par bail, pour i'aniiée suivante; i ne pouvait

venir tIeasaliit qtie du dehors, et c'est de la qu'il

vint aiissi. Les protocoles des coiif&reiices de

Londres des 7 janvier et 8 mars 1832fixèrent le

chois du chef siipi.ême de l'état grec siir le jeune

prince bavarois, Otlion , ( né en 18I 5), ainsi qiie

la frontière noril (lu noiivel état, entre Arta et

'CTolo;la Porte recooniit ces noiivelles dispositions

(21 juillet 1832 ) moyennant iine indeninité

de iz,ooo,ooo de francs. Les meilleurs et. les plus

inteutiounés iles Grecs virent avec joie que la fin

de toiite tribulaiion était enfin arrivée pour eux,

et ils y apercurent iinc garantie (le temps meilleurs

; Augiistin Capo d'Istria et ses partisans

ft~rentpetit-&tre ceux qui ne partagérent pas ces

idées consolantes. RientBt iine députation de

Grxs, ayant k sa tête l'airiirril Miaulis, se rendit

à Munich pour prêter le serment de fidélité ( 46


( 354

octobt*e) ail jerine roi de la Grèce et à la régence

qui, soris le cointe Arm:insperg devait l'assister,

coinme il avait été fixé par le ieruier traité (le

Londres di1 7 mai 1832, auqiiel avait siiçcéde'

l'acceptation du titre (le roi par le jeiine prince

(3 octobre 1832).Conformément à l'alliance conclue

entre le roi Loiiis de Bavière avec son fils,

3500 hommes de troupes de ligne bavaroises accompagnèrent

le jeune monarque qtii débarqita

enfiu le 6 février 1833 à Nauplie, ait inilieu de

l'allégresse d'une multitiide immense. Puisse avec

la nouvelle destinée de la Grèce une nouvelie

ère de bonheiir s'être fixée dans ce pays, et piiisse,

après de longs nuages, reluire encore le soleil

d'Homère !

Dans plilsieurs contrées, le sang a eucore coulé

3 longs flot; dans ces dernières années mémorables

! Des milliers d'infortunés gémissaient

daus les horribles prisons de don Rligiiel, à Lisbonne,

près de celte ville el dans tout le i'ortiigal.

Des régimens entiers se révoltèrent; ce fut

en vain. Iles échafauds étaient constaii:rnent inondés

de sang; toujoiirs de nouvelles victimes,;

le terine de tant (le désolations paraissait éloigne.

Car ce rie furent pas ces crimes inouis qiie veiigèrent

la France et I'Angletei-re ; mais seillement

le tort qiie leur faisait l'usurpateur fut plini par

des indemnités en argent o;i par la prise de la

flotte dii Tage, comme l'a fait l'amiral Roussin,

le 13 août 1831.Mais le goiiverneiiient de dona

Maria se consolida totijours davantage sur Pile de

Terceire, et le duc dori Pédro de Bt-apnce (exempereur

do Brésil), proclira cles bitimens francais

et anglais avec des ti-oiipes pour soutenir

[es droits méprisés de sa fille. Le 3 niars ,832,

il se remit à la tête (lu goiivernen:enl de sa fille,

et débarqua le 8 juillet à Oporto ; mais comme'


malgré ses promesses, les Portilgais ne paraissaient

voir en liii que le frkre de don Rli~riel, il

fut long-temps avant de trouver cette a(fiiésion

qu'il avait espéree, et ce ne fut qu'avec des

troiipes étrangères et des biîtimens étrangers

qu'il parvint, après plusieurs coinbais malheui-eiix,

à se maintenir ari inoins A Oporio.

Pendant qiie la cathédrale de Lisbonne et I'église

de Saint-Roch possètlent à elles seilles des

millions de trésors, le peiiple et le pays étaient

dans la misère, i'esception di1 clergé pui.;sant

qui fi~t bien loin de vouloir reconnaître don

Pédro coutre son frère don i\liguel, qiie le pape

lui-même avait reconnii poiir roi. Cependant

l'amiral Napier, et Villaflor, duc de Terceire,

parvinrent, après que la partie méridionale di1

Portuga! fut occupée par les troii es cie clon Pédro,

5 s'emparer, ie 24 juillet ,83f de Lisbonne,

poiir le diic de Bragance et sa fille, et Boiirniont

fut obligé de lever le siége d'Oporto. Don Pédro

est mort en 1834, avec la répiiiation d'un bon

capitaine et d'i~ii hoinine vraiment libéral.

De son côté, Ferdiiland VIL, roi d'Espagne,

i (le'farit(le postérité niiÎle, abolissaut la loi saliqne,

avait assiire à sa fiile la siicce. sion au the,

et aneanti ainsi les esl~&raiices de son frére cion

Carlos et de ses partisaus les carlistes. Eu octobre

1830, coula anx frontières, entre la France

et l'Espagne, le sang des 61nigi,és espagnols qui,

sous la condiiite de VaIllez et de Mina, avaient

voiilu pénétrer en Espagne poiir y Gtablir par

les arrnes un goiivernement plus lil~éral. La inaladie

di1 roi, qu'on crût même mort, mit à la

vérité, le 16 septembre 1832, la reine à la tdte

du gouvernement ; elle pivit diverses mesures salutaires,

entr'aiitres celle du biinissement de

!'exécrable Espana, et l'annonce d'uue amnistie



( 337:)

ture,stibite de plus d'une chambre législative; le

ersérittion, par clouzaines, des jorirnai~x avec

feurs dditeurs; 1.éloignenient de leiirs eliaires de

plnsieurs professerii.~ cl'iini\rersités ; les résoliitions

cle la diète des 28 juin et 5 jiiiflet poiir-la

siirveillance de la presse et cics assemblées législatives

qui ne (leviiient pliis refiisei. I'iinpÔt contre

les associations poliiiq~ies, et contl e torit einhlêine

politiqiie, etc D'iiii antre côté, l'accession

de 20 iiiiIIiotls allemnn(1s au systhme (le doiiaiie

de la Priisse, conime paraissent dans l'intention

de le faire pliisieilrs Etats alleinan(ls, porirrai!,

soiis It: rapport politiqire, coiriine sous celiti dit

coinmerce, drveriir iiriportante.

Dans la Siiisse se combati;iienl en silence, coinme

cela a lieri tliins les i~éoiibliciiiesori cotifc'dératiotis

répiiblicaines, la tléiiiocraiie et I':tristoci-atie, siirtoiit

tlepiiis ~ ( Ile Psage acte de méditation (le Napoléon,

de 18 13.par leqtiel 011 ne reconnaissait ni

pays de :siijets. ni priviléges (le personnes et de

farniiles, qiie cet acte, diail toliibé el1 désriétude.

hIais, par la siiite, la cli.3çortle qii'occ.asionè~-ent

les besoins priblics et la réforme de I'Etat éclata

en sanglans combats. Dans pliisieiirs cantons,

cornirie, par exeiiiple, à Bâle, il v eiit une pierre

entre la ville et la canipagne; à Bèi-ne, à Aargari,

à Ziirich, à Tiirgait, iLucerne, à Solotliiirue, à

Fribourg, on fut obligé de faire cles c.oacessioiis

ail parti démocr;itiqiie par rapport à ln coiistitiition.

et Neiiclrâiel votilut mêrrie se soiistraire

au gouvernement priissicn. A Si liwyz et à Bile,

les paysans marcl~èrent contre la ville et se scindhrent

en demi-cantons avec voix partagees à la

diSie. D'aiitres coricliir~nt iine confétl4ration

particiiliSre (confërence de Sarne); Ziiricli, (le

son côté. établit iine ilniversité particulihre sur

le pied des grandes universiids allemandes. La


. . ( 358

siiite montrera si, comme dit Zschokke, l'hiimanité,

dans la Siiisse, n'a rejeté l'enveloppe qui

la pressaitque pour se développer. Le dernter acte

du gouverneineut francais an siijet du canton de

Bâle-Campagne, qui a refiisé de ratifier I'acquisition

faite dans ce pays par un citoyen francais israélite.

en mettant à nu les préjugés d'iin yavs où

la tolérance n'a pas encore fait assez de prigrès,

fait en même temps Iionnciir à la libéralité di1

goiivernement né de la révolu\ion de juillet.

Dans trois Etats italiens, la mort ctes souverains

fit naître l'espérance à d'autres prince:.

Dans le ro aiime des Deux-Siciles siiccéda, le

4 janvier 1&5, à ~erdinondIer, son fils Frau

cois Ier, et celui-ci eut pour successeur, le 8

noverribre 1830, son fils, Ferdinand II, duc de

Calabre. Dans les Etats du pape, le cardinal Mauriis-Capellari

succéda, sous le nom de Grégoire

XVI, le 2 février 1831, à Pie VTII, 'mort le

ier décembre 1830. En Sardaigne, Cliarles Al-

Lert, de la maison de Savoie Carignan, monta siir

le trône de Charles-Félix. Sons Charles-~lbert,

reparut en Sardaigne, en I 837, l'inciiiisi tio~i avec

ses to:-tures et ses jiigemens secrets. II y eut de

grandi troubles soiis Pie VIII, dans les Elats du

pape, s~irtoutà Bologne, à Pérugia, à Romasna,

a Forli, à Ancône, etc. Pli~sieiirs de ces villes et

de ces contrées proclamhrent leur Indépendance

et institiièrent des administrations. Mais ici,

comme à Modène et à Parilie, à Lucques et à

Piombino, les troiibles ne furent pas réprimés

sans efliision de sang, .par l'interv!:ntion momen.

tauée cies Autrichiens. Cette intervention ne

poilvait que réveiller des inquiétudes en Fra~ice.

En 1832, iine norivelle intervention des Ailtrichiens

clans les Etats (lu pape, devint nécessaire;

de leiir côté, les Francais, comme nous l'avons

dit, entrèrent à Ancône,


Les évgnemens qiri eurent lieu dans le royaume

desPays-Bas furent plus sanglans et bien plus

considérables par leurs suites. II y avait ici, outre

le grand diiclié de Ltixemboiirg, deux peuples

qiii devenaient toujours plus étrangers l'un L

l'autre : les Hollandais et les Belges, fondus ensemble

en faveiir de Guillaume de Nassau-

Orange, ail congrPs de Vienne, en 1815, polir

servir de boulevard contre la France, ou mieux,

liés ensemble par l'acte fondainental du 24 août

1815. Un roi rotestant, avec sou n~inistère, devait

hientôt fevenir un objet de haine pour le

parti catholique ultrainontain de la Belgiqne.

Sous le niasqiie d'iiii grand libéralisme, le haut

clergé fit des efforts pour s'emparer de toute

I'instructioii qii'on aiirait ensuite facilement fait

passer aux inaius des jésuites. Un grand inécootenternent

éclatait contre le ministre (le la justice

et de la police, Van Maanem ; les Belges

croyaient aussi qtie les Hollandais letir étaient

préfërés. L'arase ,r6volutionnaire, long-temps

coinprimé, éclata a Briixelles, apr&s une représentation

de l'opera : la Muette de Portici, le 25

août I 830; cet opéra a fait époque pour cette

raison dans ce pays; car la révolution se propagea

bieniôt à Liége, à Gand, à Anvers et dans

d'autres villes. Le 3 septembre, ou exprima dé'à

le désir Sune çampl&te séparation d'avec la

Hollande. De Potter et d'autres formèrent un

~oiiverneiiient provisoire, quoique le peuple en

f~ireurse montra bientôt pliis fort qu'eiix. La

garde nationale, précipitamrrient formée, marcha,

sous clon Juan de Halen, à la rencontre

des troupes que le prince Frédéric, second fils

dii roi, dans l'impossibilité de rétablir l'ordre,

conduisit vers Bruxelles ;mais la garde nationale

cte fut pas heureuse i c'est à Bruxelles que le


( 360

combat fiit meiirtrier : là, par des barricadés,

I'oii coml~atiil pied à piecl, de manikre qrie le

prince se vil obligé de bombarder la ville basse.

Fais q~rantles troupes belges se fiireiit mises

du côlé du peuple, le priuce quitta Briixelles,

et bieuiôt toute la Belgique, à I'esccpiion de la

citadelle d'Anvers, bien défendue par le génêral

Clinssé. Des le 4 octobre i83c, la Bclgiqiie fut

dérlarc'e Etat iiitiépendant de la Hollantle. Le

roi Gciiilaiin~e appela le 4 octobre les Hollandais

aux armes; mais ie prince Gliillaiinie d'Orange

(beari-frère de Nicolas, empereiir de

Riissie) reconnut, le IO oclobrc 1830, I'independance

(les Belges, pect-être pour con;

server le pays i la ninison d'Orange rnalgrc

sa séparation. Tout cela ne siiffit pas atia Belges,

surtoiit ail peiiyle exalté, et ~liassé ayant bornbardé

Anvers, l'esprit public fut si irrité, que le

congrès national, ouvert à Bruxelles, le r O novembre,

déclara la maison d'orange exclue pour

ioiijours du trône de la Belgique (24 novembre).

Une coiiférence d'ambassadeiirs des cinq grandes

puissances, à Londres, opéra, le I 7 novembre,

ilne suspension d'armes, et reconniit, le 12

dc'cembre, l'i~idépeiidance clu nouvel EtaG Le

clioia du nouveau chef de la Belgique fut long

à être arr&ié. Snrlct de Cliokier, pendant ce

temps, était à 1ü tete du gouvernenieut. On offrit

la couronne au duc de Neuioirrs, secood fils

du roi des Francais, et iine députatioti se rendit

Paris à cet eff'et; mois Lo~iis-Philippe refusa

pour soli fils cettc couroniie. Le 4 juin 1831,

seulenient, le congrès tomba d'accord à offrir la

coiironne au prince Léopold de Saxe-Cobourg*

Celui-ci l'accepta le 21 juillet, ainsi que la grterre

contre la Hollantle, qui venait d'éclater. Cette

guerre kit si malheureuse, qiic l'arniéé belge de


( 36k )

la Meuse, soiii le général Daiue, fut fortement

battile', le 8 août, près de Hasselt, de.même que

l'armée de l'Escaut le fut le I a août, près de

Lœven. Sans le secours de I'arméc francaise, qu'à

la yriére de Léopold le gouvernement franjais

envoya en Bel iclrie sous le marécliûl ~érard, et

dont I1approcf~e porta les Hollandais à évacuer

le pays, le iiouveau royaume aurait été étouffé

dans son berceau. -

Le I 5 novembre I 83 r, la conférence de Londres

reconnut aussi le nouveaii roi que, seule,

elle avait créé. Seillement, la crainte se confirma

que le roi de Hollande n'accepterait pas les 24

articles que lui proposait la conférence, en se

ioudant sur ce qu'il pouvait appeler son droit,

et en effet, l'Ai~triclle, la l'russe, et surtout la

Russie, n'avaient ratifié, qu'avec des couditions,

cette clérnarclie de leurs cliploinates. La Belgislue,

dont I'inrte'pendance n'était pas encor-e complètc3ment

recoiinue par toutes les piiissauces, se

troriva, en 1832,plus étroitement lie'eà la France

p;r le mariage tle Léol)old, qui époiisa la fille

ainée di1 roi des Francais.

L-e pays qrii est et restera encore long-temps à

la tête du inouvernent et dii progr&s, c'est toujours

la France. En 1832, elle a triontré, par un

beari fait d'armes, que, si elle ne c!lerclie pas à

s'étendre, ce n'est pas par impiiissance, mais ar

lnodéraiion, et parce cliie !a civilisation ne &it

i)lus marcher précédée de cünuus. On voit que

iious voulons parler du siege d'Anvers. Le marécbal

Gérarclpartit à la tete de 40,000 hommes, traversa

la Belgiqrie, et, arrivé devnn t Anvers, il somma

le général Chriss6 de rendi-e la citadelle. Siir

son refus, l'artillerie francaise foudroie les remparts,

et après vipgt-qiiatre joiirs de traochée, 14

31


( 362 )

garnison hollandaise et son énéral se rendirent

à tliscrétioo (23 décembre 8,

I b32).

Les protocoles devaient determinor qiii paierait

les frais de la destruction de la citadelle

d'Anvers, frais q!ii s'élevèreiit à 1.2 millious, et

dont la cotislructiou ri'avait coûté lie6 millions;

qiii serait eliargé de preoilre ailx &ollandais les

forts Lillo et Liefliensliœk ; eufin qui serait

cliargé d'opérer la libre navigatioii de l'Escaut!

Ces difficultés ne sont pas encore aplanies.

Heureusement pour la paix du monde que,

quand les trocipes fi.aiicaises entrérent en Beigique,.parrni

les grandes puissances, rine ép6e rctenait

l'autre dans le foiirreau. L'Angleterreavait

besoin de son argent et de ses troupes pour les

affaires de son propre pays. Car les moiivemens

tcimultuerix cjii'e'rcitaient dans les trois royaiimes

des niillions de gens nppaiivris contre un petit

nombi.e de millionneires, les menncantes réilnions

populaires, les excès qiii avait été commis,

par exeniple les innombrables ravages causés par

des incendiaires, le mécontentement qui t:cI:tt;iit

con1i.e la constitittiori et le ministère, faisaient

craindre plus d'une fois l'explosim d'iinc giierre

civile en Angleterre. Le 26 juin 1830 mourut le

roi Georges IV, et son frère, le cliic de Clarence,

lui siiccécla soiis le nom de Giiillaiirne IV. Le

ministère Welliiigton fut obligé de se retirer le

10 novembre 1830 , et les lords Grey et H:-origliam,

à la tete d'un miriistere plris libéral, chercllhent

avant tout a faire 1,asser In re'forme parlementaire

si de'sire'e par le pcciple. mais la

chambre des communes se cléclara seii\e polir

cette mesure, taudis que celle des lords (8 octqhre

i 831 ) ne votilu t pas cétler ; les lords pre'feraient

ne pas fitire réparer leiirs feuetres brisdes

ou s'exposer à de noiiveaus dnnpers. En de'cern-


( 363 )

bre 1831 le bill tilt pisésenté i un noiivenii parlement.

1 est irripossible de résister long-temps à

ce qui est véritablement bleu et réclanlé par

le terrips. Q~iel~iies évèqiies et gros propriélaires

ont dû &der à rii~t!nation entiére qui i.éclanisit

uile mesiire aiissi é( iiital>le. Enfin, après plusierirs

ciiangemeor de ministère dont ie rbsiiltat

fut nril ,la réforme parlementaire devint loi le 7

~niivieraprès iine iroisi tme Icctiire dans la clinmbre

(les lords et aprés l'ai>probation tlri roi. Qiie

cet acte n'a-t-il reiitlu le repos et le bien-être à

la mallreiit-ense Irlande qrii cliercliai t mêiiie à se

séparer tic l'Angleterre ! Il est horrible (le penser

que siir yrèscle 3 millions tl'liomrnes rdyandris sitr

1,500 inilles carrés, ln moitié est près de ~noiirir

de faim !Ctci peut et cloit être cliangé si legrand

propriétaire bit des coudiiions meilleiires à ses

fermiers et à ses tenanciers, si l'c~clésiastiqiie

devient plits facile au sujet de la clîine et si les

biens de l'église protestante cessaieut, lh oh il

n'y a pas de coinmunautés, .d'É.tre une cllarge

putir le peiiple.

Probab!ement que l'empereur Nicolas n'aiirait

pas vil si tranqiiilleiiieut non pliis 1û sépai'alion

de ta Belgiqiie d'avec la inaison d'Orauge

dont le prince <tait son bcaii-frère, siii-lotit qiie

l'on craignait alors Lin agraiidisseirient de la

France, s'il n'avait p3s ét4 lui-même compliqrié

d4hs itne giierre sauglantc avec ses siliets du

royaiime (le Pologne. Lei, Polonnis se ~)laigiiaieiit

diin joiiq insiipportable dont les écrasait leiir

vice-roi ,&le grand rliic Coiistaniin et les agens

"lisses, aii inépris des droits reconiius aiix Polonais

dans le trnité de 1815. Petit-rire q!re

I't~n~~ereur ne savait pas ce que cc joiig avait

d'accabl:int, mais on yuiivait preqiie prévoir

9" la révolte dans I1&iatactuel de 1'Eriropea'&-


( 364

fait pas le vrai moyen de leur procurer du soulagement.

Une conspiratiou se tramait depuis

décembre i 828 et se rattacliait peut-être à de secrètes

demarclies qui remoritaient à 1821 ,mais,

malgré le grand nombre des conjurés, l'explosion

de cette conspiration n'eut lieu que fin novetnbre

:830, parce qu'on craignait qu'un pli~s long

retard servirait à ébruiter la chose et à rendre

ar là l'exécution impossible. Il est très-proba-

Rie aussi que la révolution de juillet vint doooer

la force et l'espoir aux Polonais. comme elle

l'avait donné aux Belges. Le soir du 29 novembre

commenca, sous la conduite du sous-lieutenant

Wisocki et de quelques autres mi1it;tires

de grades inférieurs, l'attaque contre le palais

de Constantin et quelques casernes de Vassovie,

et, après un carnage affreux, l'attaque

fut couronnée de siicci.~, parce qu'une grande

partie des troupes polonaises se rangAreut du

côté des assaillans, tandis que le grand duc

qiiitta Varsovie avec les Riisses. On s arma avec

des armespris à l'arsenal et l'on décida de ne laisser

à Varsovie ni dans les environs aucun Russe,

ni personne iiipenieroit d'unemanièi-e contraire

ila révolte. an puvernement provisoire fut donc

établi, et le vieux général Chlopicki qui, dan;

les légions francaises-polonaises s'était disting~le

en ltalie et dans la grande affaire de Saragosse,

fut nommé dictateur (Eaczelnik) le 5 décenibre;

la diète fut convoqitée (sénateiirs et députés), et

bieiltôt tout le royaume se déclara pour la cause

giii avait triomyiié b Varsovie. Mais ledictateur.

ont la modération ne demandait que le redressement

des torts c'videns, envoya à cet effet

députation à St-Pétersbourg, qui eut pour toute,

réponse que I'empereur demandait avant toiil une

soumission absolue. Comme on entretenait l'idée


( 365 1

de se detaclier entièrement de la Russie, comme

les clubs patriotiques devenaient toujours plus

ardens et par là plus opposés à tolite mesiire conciliatrice,

tandis qii'ori avait négligé la seille niesrire

gui aiirait pu .?voir ilne influence immense,

l'émancipation complète des paysans et cles

Juifs dont le nombre se monte à près de 3 millions,

en Pologne. Chopicki se démit de la dictature

le 18janvier i 831. Le goiivernement national,

soiis le prince Czartoryski et la dikte cléclarèrent

( le a5 .janvier) i'indépendauce de la

lintion polonaise et la vacance du trône polonais.

Dès ce moment il fut impossible d'avancer ou de

reculer sans rGpandrc des torrens de sang. Cependant

les Russes s'approcliaient iiisensiblement

(le Varsovie sous la conduite de Diebitsch Sabalkanski

:toutefois leur nombre fut encore trop

faible et ils étaient eilcore trop disséminés pour

&'être pas d'abord repoussés par les ~olonais,

(troupes de ligne et porte-faiix) qui s'étaient or-

Sanisésnvecdes efforts inouïs et qui combattaient

avec un courage sans exemple. C'est ainsi que

cela eut lieii dans les combats et dans les batailles

de Visniem et de Stoczek ,(1 I février) de Dobre

,de Grochow .(23 février) où Chlopicki fil t

doublement blessé. Aiissi ,la révolte éclata-t-elle

bieiitôt dans les contrées que les Russes avaient

deriiére eux; et qui fiirent insui-gées par des

corps polonais ui y avaient étG envoyés dans la

Volh nie, dînAa Lithuanie et dans la Samogicie.

l e bonheur y favorisa les Polonais comine

sur le tliéitre de la guerre. Les batailles renouvelées

clans le voisinage de Praga ,prhs de Grocbow

et de WVawro (fin mars 1831) soiis Skrzynecki

arreiérent le plan (les Riisses de se (lii-iger

Sur Varsovie, et pendant neuf mois la Pologne

luttait avec ses faibles ressorirces contre les forces


( 566 )

de l'empire de Russie jiis(tuqat~x combats meiirtriers

rès de Niir ,de Lomza ,et surtout d'Ostro~enKa.

ie i 5 au 26 mai 183i, sous le génPral

en clief, sous Dembinski , sous Giulgiid . etc.,'

ces Iierix e'taient poiirles Polonais les bornes dl1

bonlieur de la guerre. Carh dater de tes dernières

actioiisoù, c'crasés par lenombtc, ils avaient laissé

io,ooo Iiommes sur le clianip de bataille, ifs FLIrent

obligés d'abdndonnerl'offensive etde yensei.4

coiivrir Varsovie. Déjà le 27 avril le corps poloriais

soiis Dwernicki hvait été refoiilé vers h

Galicie par Rudiger et désarmé par les Autrichieds.

Le secours attendu de la part d'autres

priissances européennes oii au moins leur inlervention

n'arriva pas. Les factions à Varsovie devinrent

toiijours plus fougiieitses et pliis emporte'es;

Diebitsch êtait hort du choléra, le 10

juin, près Pultusk ;le grand duc Constantiri eut

le m2inc sort 17 jours plus tard à Witepç~k, alors

Paskewitsch Erivansky ,placé à la tête de Parinée

russe la fortifia ;elle devint non-seulement

plus nombreuse, mais ses moiivemens clevinrent

plus prompts. Le général en chef opéra son passage

sur la Vistiile (17 juillet , etc. ):près (le:

frontières de la Priisse , sans avoir ktc inquiéte

ar Skrzpecki. Les Polonais étaient retentis p ~'

fespoir qiie leur avaient fait concevoir les promesses

(le la France. Vers le même temps les

Polonais, mal dirigés, avaient été soiis ~iielgu(1

refoules de la Litliuanie sur la frontière de la

Prusse et désarmés. Le gc'néral Dembinski seulement,

avecsa troupe reviut heiireusement, grice

à iine liabile manœuvre. La confusion intérielire

se manifesta de plils en phs, le massacre dii 15

août, d'un gand nombre d'hoihrnes prétendus

conspirateurs du profit de ln Russie;la mauvaise

volonte OU l'inexpérience de plusieurs générails


( 367

ne firent qu'einpirerle mal. Malacbo~vski succéda

A ~krz~ttecki, el lléqiiivoqiie Kriikowiecki devint

présictént de la diète. Déih les Kiisses avaient

pas& IaPsoiira et se trouvèrent aii commencement

de septembre très-près dc Varsovie. Le 8 septembre

1831, cette ville, investie par le ($néralissinie

Paskewitcli, fiit prise à l'assaut et par

capifi~lnlion,peiit-être titissi In trahison n'y fritdle

pas étrangére et tomba ainsi au poilvoir des

Russes. La perte des Russes daus i'assaut montra

avec quelle bravoure combattirent. les Polonais,

malgré L'absence de tous moyens cle défense.

Alors ln cause polonaise erdit son centre et tout

moyeu de se soi~tenir. 6n corps polonais sous

Romarino fut obligé (le nieitre bas les arines

Galicie, après les combats près Jozefow, les 16 et

17 septenibre. Le corps principal qui s'était retiré

de Varsovie à Flock et à BIodlin avec le gouvernement,

remit cette derniiire forteresse aux

Russes et se livra lui-idme, sous Ilybinski, à la

Prusse, le 24 septembre; enfin, lc çe'ne'ral Rocycki

déposa, avec les siens, les armes, lea septembre

h Cracovie. Ainsi, 40,000 Iiommcs et plus

se trouvhrent en pays étranger, surtout eu

France, en Prusse et en Aiitriclie; il n'y a que

le pliis petit nombre iii vorilrit retourner en

Poloçne; d'ailleurs In Jupart ne pouvait pas y

retourhei' i cause de leur proscription et de la

confiscation cle leurs biens, confiscation estimée

à go millions dc floriiis polonais. Plus tard il fut

publié, la vérité, une aninistie plus étendue eri

faveur des moins coupables, et plus d'une inesure

sévhre frit adoucie; mais l'existence indépendante

de la Pologne, comme 6tat politiqüe, ccssa en

mars I 852 ; un ukas prononca l'incorporation

de la Pologne à la Riissie, et iinè ddputatioll polonaisefut

obIiçée de se rendre ii St- ete ers bourg


pour en- remercier l'empereur. Néanmoins les

amis de la nationalité polonaise n'abaudonnent

as l'espoir dc voir l'indépendance du royaume

8e Polo ne reconnue, elle a été garantie par les

traités je 18~5.

Cette année 183s a été fatale ail pays où se

sont passés les évéiieinens dont nous venons de

parler: il a été effroyablement ravagé par la

guerre avec toutes ses horreurs, par l'eau et le feu,

par l'épidémie et l'épizootie; cette année restera

une page effrayante de l'histoire!

En 1832, le clioléra, après avoir affligé Alger

et le midi de la France, vint en désoler les provinces

du nord et du sud. Si là, comme partout,

les médecins francais ont fait preuve (le talent,

de zèle et de dbvoiiement, on a vti aussi, ,par les

troubles gai, à cette époque, eurent lieu a Paris,

des bruits absiirdes d'em~)oisonneinent, que des

malveillans firent coiirii., et di1 déplorable assassinat

qui en f~it la suite, on a vu qiie le peuple

a besoin d'être plus éclairé et plus instruit ; le

gouvernement a déjà fait beaiicoiip à cet égard.

Une loi sur l'instriiction primaire, large et libérale,

a été votée, et des fontls alloiiés pour espérer

que, bientat, cliaciiie corninune en France

aura les moyens de donner à tous ses habitans ce

qiie 1'Etat doit à toiis : l'instruction. Dans les

hautes études, les nrnéliorations qui y sont attendiles

ne doivent pas laisser sans mention celles

qui y ont déjà dté introduites. Les lois contre

les associations, contre les crieurs publics, ramèneront,

il faiit I'espe'rer , le caline daus les

esprits, et donneront, à la discussion des opinions

politiqi~es, cette convenance qui n'ôtera

rien à la franchise et à 13 liberté. La loi sur la

rrdc nationale est le palladium de la révolution

e juillet, dont l'effet, pour être moins prompt,


( 369

h'en sera que plus salutaire. N'oiiblions pas de

mentioriner. comme iine des précierises couquêtes

tle la révolution de 1850, l'abolition rdcente

de la loterie. Le désarineinent général, si longtemps

désiré, s'opérera Far la force des clioies.

Si le priucipe déniocratique est toiii-puissant dans

la nouvelle dynastie que Lafayette a aypele'e la

lus belle des réyiibliqiies, si la pairie a perdit

LréditC (juin i832),Le goiiveroement fianeais,

qui s'est déclaré juste-nulieu, saura le faire 1-especter

et rdduire les factions, sans mentir à :on

principe : la liberté 1

Pendant qtie ces évéuemens se passaient daus

l'Ancien-IClonde, tle grandes révolii tions éclatèren t

également dans le Nouveau, et l'issiie d ces dernières

est en partie eilcore liroblérnatiqiie. Le

mot de Mirabcaii : cc La révoliitioti francaise fci a

le tour dit hlonde I, parait aussi se réaliser dans

l'autre litt'misplière; car ce gui s'y est passé de-

~uis1790 P S ~plus ou moins la siiite de la révoution

franjaise. Une scission ne se pre'pare-t -elle

pas même dans Ic pays modèle des - provinces

unies du Nord, Etat qiii compte mninteiiant

I 13,000milles carres, avec près de 13 millions

d'liabitans, dont 2 millions d'esclaves, entre le siirl,

propre siirtout à l'agriciilture el~àIn t>larilation,

et tenant polir cette raison aux esclaves, et Ic

nord de la rtt'publique qui s'occupe plus de commerce

et de fabrication! A cause (1ii tarif (le la

douaue du 14 juillet 1832 qui était manifestement

préjudiciable aitx provinccs di1 sud, les

Carolines et d'aiitres provinces menacèrent de se

retirer tout-à-fait de l'iinion; et qui mit si le

~lian~einent qu'on a fait à ce tarif par la nouvelle

élection du président Jackson poiirra parer

pour toujours à cette sé aration? La révolution

s'accorny lit d'abord en $alti ou une des Antilles-

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