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Essentiel Prépas n°71 - Mai 2023

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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N°71 | MAI <strong>2023</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

ENTRETIENS<br />

Fouziya Bouzerda (Grenoble EM)<br />

Alice Guilhon (Cdefm)<br />

DÉBAT<br />

L’enseignement supérieur<br />

à l’ère ChatGPT<br />

PORTRAIT<br />

Laurent Champaney (Conférence<br />

des Grandes écoles (CGE)<br />

QU’ATTENDENT-ILS DES ENTREPRISES ?<br />

L’emploi des jeunes<br />

au beau fixe<br />

Cdefm : entretien avec Alice Guilhon<br />

« Nous soutenons les classes préparatoires<br />

qui sont à la base de la création de nos écoles »


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

« LUCRATIVITÉ » DES<br />

ÉTABLISSEMENTS D’ENSEIGNEMENT<br />

SUPÉRIEUR : LES ENJEUX DU DÉBAT<br />

C’est peu dire que le rapport que la Dgesip (Direction générale<br />

de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle)<br />

a commandé à une équipe d’experts sur les établissements<br />

d’enseignement supérieur privés lucratifs est<br />

très attendu.<br />

Fin mars <strong>2023</strong> lors de la journée célébrant les 30 ans de l’UGEI (Union des grandes<br />

écoles indépendantes) la Dgesip, Anne-Sophie Barthez, a voulu rassurer les acteurs<br />

privés en insistant sur le fait que la « nature des établissements ne devrait pas être<br />

prise en compte pour juger de la qualité de leurs formations » tout en disant qu’il fallait<br />

« aussi être extrêmement sévère avec les officines, c’est honteux, c’est illégal et<br />

ça sacrifie professionnellement et académiquement des jeunes ». Devant la même<br />

assemblée le président du Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de<br />

l’enseignement supérieur), Thierry Coulhon, allait dans le même sens : « Il ne faut pas<br />

faire de cette frontière quelque chose d’absolu. Cela n’est ni nécessaire ni pertinent.<br />

Pour le HCERES, ce n’est pas le statut qui compte, ni le modèle économique. La seule<br />

frontière qui compte est celle de la qualité ».<br />

En attendant la publication de ce rapport, avant l’été, les conflits entre les établissements<br />

qui délivrent des diplômes reconnus par des labels du MESR et ceux qui privilégient<br />

le RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) sont patents.<br />

Les premiers prouvent leur valeur mettent en avant la multitude de contrôles<br />

auxquels ils sont contraints, les seconds par l’insertion de leurs diplômés garantie<br />

par le RNCP tout en s’interrogeant sur les coûts de scolarité des premières dû à leur<br />

imprégnation recherche. « Les relations sont tendues comme elles ne l’ont jamais<br />

été. Je le regrette sincèrement car tout ça n’a aucun sens. Nous, nous n’opposons<br />

aucune catégorie d’établissements, et ne hiérarchisons pas l’académique et le professionnel<br />

», déclarait justement Anne-Sophie Barthez au congrès de l’UGEI. Œcuménique<br />

Laurent Champaney insiste quant à lui sur « ces écoles lucratives qui font<br />

un excellent travail !» et souhaiterait que le statut d’établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général (EESPIG) soit « étendu à plus d’écoles car il est trop<br />

restrictif aujourd’hui ».<br />

Si les désaccords sont parfois profonds entre les acteurs de l’enseignement supérieur<br />

privé, ils sont en revanche d’accord pour considérer que le rapport mené<br />

en 2015 sur l’enseignement supérieur privé<br />

est une base de travail remarquable. Mené<br />

par l’Inspection générale de l’administration<br />

de l’Education nationale et de la Recherche<br />

le rapport L’enseignement supérieur privé :<br />

propositions pour un nouveau mode de<br />

relation avec l’Etat mérite donc d’être relu,<br />

voire remis à jour ?<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

3 • Francis Bécard quitte la direction<br />

de Y SCHOOLS<br />

5 • L’ESCP fête les 50 ans<br />

de la création de l’EAP<br />

7 • Kedge dresse le bilan de son plan<br />

stratégique et change de signature<br />

8 • L’ESSEC : 30 ans en faveur<br />

de la diversité sociale<br />

9 • Ouverture sociale : comment<br />

sa fondation soutient emlyon<br />

ENTRETIENS<br />

10 • Alice Guilhon, Présidente de la Cdefm<br />

24 • Fouziya Bouzerda, Directrice générale de<br />

Grenoble EM<br />

DOSSIER<br />

14 • L’emploi des jeunes<br />

au beau fixe<br />

PORTRAITS<br />

28 • Laurent Champaney,<br />

le mantra de la recherche appliquée<br />

DÉBAT<br />

32 • L’enseignement supérieur<br />

à l’ère ChatGPT<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’<strong>Essentiel</strong> du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : Excelia BS


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Francis Bécard quitte la direction<br />

de Y SCHOOLS<br />

Il est aujourd’hui le plus ancien directeur d’école de<br />

management français en poste. Après 26 années à<br />

la tête de l’ESC Troyes puis du Groupe ESC Troyes -<br />

devenu Y SCHOOLS en 2018 - Francis Bécard prendra<br />

sa retraite le 31 décembre <strong>2023</strong>. Julien Renoult, son<br />

directeur général adjoint au développement, prendra sa<br />

succession dès le 1er septembre <strong>2023</strong>. Afin de « préserver<br />

la continuité des activités de l’établissement et d’assurer<br />

la transition », Francis Bécard deviendra, à cette date,<br />

directeur général honoraire et conseiller du président<br />

et du directeur général jusqu’en décembre 2025.<br />

Directeur général de Y SCHOOLS depuis 1997, Francis<br />

Bécard y a constitué un groupe d’écoles très particulier<br />

dans le paysage puisqu’il comprend non seulement une<br />

école de management, la SCBS, mais aussi l’École supérieure<br />

de design de Troyes, des écoles de la deuxième<br />

chance et même des écoles Pigier à Metz et Reims.<br />

Francis Bécard est aussi un acteur local majeur en<br />

tant que directeur général de la Technopole de l’Aube<br />

en Champagne depuis 1996.<br />

NOMINATIONS<br />

Babak Mehmanpazir a été élu directeur<br />

général de l’EM Strasbourg Business<br />

School le lundi 17 avril <strong>2023</strong> par<br />

le conseil d’administration de l’école. Et<br />

ceci dès le premier tour et à une large majorité.<br />

Administrateur provisoire depuis<br />

le 1er octobre 2022 et le départ d’Herbert<br />

Castéran, il était le seul candidat à sa succession.<br />

Une consécration très attendue<br />

pour celui qui était directeur général adjoint<br />

EM Strasbourg Business School depuis<br />

2016 après en avoir été le directeur délégué du Programme Grande<br />

école de 2008 à 2016 et directeur l’ex-IECS – dont la fusion avec l’IAE<br />

a donné naissance à l’EM Strasbourg - de 2005 à 2007.<br />

Babak Mehmanpazir est titulaire d’un doctorat en économie et maître<br />

de conférences en sciences de gestion depuis 1998. Il a occupé de<br />

nombreuses fonctions au sein de l’EM Strasbourg et de l’Université<br />

de Strasbourg depuis son arrivée en 1997 tel que vice-président délégué<br />

en charge de la Formation continue et de la politique alumni de<br />

l’Unistra depuis septembre 2021.<br />

« Je me réjouis de l›élection de Babak Mehmanpazir qui a été élu avec<br />

une très large majorité, démontrant ainsi l’adhésion de tout l’écosystème<br />

de l’EM Strasbourg au projet stratégique présenté. Etre embarqué<br />

sur le navire-amiral de l’Université de Strasbourg constitue un ancrage<br />

de sécurité fort dans un contexte local et national de plus en plus<br />

marqué par l’émergence d’un secteur privé agressif », déclare Michel<br />

Deneken, le président de l’Université de Strasbourg, tutelle de l’école.<br />

Julien Renoult va succéder le 1er septembre<br />

à Francis Bécard à la tête du<br />

groupe Y SCHOOLS. Il est lui-même<br />

diplômé de SCBS et a débuté sa carrière<br />

en 2007 à la Technopole de l’Aube en<br />

Champagne dont il deviendra en 2009 le<br />

directeur adjoint. C’est en 2012 qu’il intègre<br />

Y SCHOOLS où il occupe successivement<br />

les fonctions de directeur des<br />

relations entreprises puis directeur de la<br />

formation professionnelle et directeur du<br />

développement.<br />

Le doyen de l’Imperial College Business<br />

School depuis 2017, Francisco Veloso, a<br />

été nommé doyen de l’INSEAD. Il succédera<br />

à Ilian Mihov le 1er septembre <strong>2023</strong>.<br />

Auparavant, Francisco Veloso a été doyen<br />

de la Católica Lisbon School of Business<br />

& Economics au Portugal. ll a également<br />

été conseiller du gouvernement portugais<br />

et du commissaire européen Carlos Moedas<br />

en matière d’innovation, d’entrepreneuriat<br />

et de développement industriel.<br />

Originaire du Portugal, Francisco Veloso<br />

est titulaire d’un doctorat en technologie, gestion et politique du MIT -<br />

Massachusetts Institute of Technology, ainsi que d’une maîtrise en gestion<br />

de la technologie et d’un diplôme de premier cycle en ingénierie<br />

physique, tous deux obtenus à l’université de Lisbonne. Il a fait l’essentiel<br />

de sa carrière universitaire à l’université Carnegie Mellon, où<br />

il est toujours professeur associé.<br />

3


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

L’ESCP fête les 50 ans<br />

de la création de l’EAP<br />

En 1973 nait une école d’un nouveau type, multi-campus,<br />

première institution éducative à<br />

opérer sur plusieurs campus européens, l’EAP.<br />

En 1999 l’EAP fusionne avec l’ESCP pour fonder<br />

le modèle actuel de l’école. Aujourd’hui, tous ses<br />

programmes sont multi-campus, 35% de ses étudiants<br />

ne sont pas Français et 25% ne sont pas Européens.<br />

Pour obtenir leur diplôme, tous les étudiants de ESCP<br />

doivent étudier sur au moins deux ou trois campus.<br />

Les campus de l’ESCP et les diplômes obtenus par<br />

les étudiants sont officiellement reconnus dans tous<br />

les pays d’accueil. « En regardant vers l’avenir, nous<br />

sommes fiers de continuer à unir nos campus avec<br />

la fierté de l’excellence européenne, ouverte sur le<br />

monde et engagée dans le progrès. ESCP Business<br />

School n’est pas seulement une institution européenne,<br />

mais un leader mondial de l’enseignement des affaires,<br />

reconnu pour son multiculturalisme et son engagement<br />

à former des leaders motivés qui auront un impact sur<br />

le monde », confie Léon Laulusa, le directeur général<br />

par intérim de l’école.<br />

Célébrer un « modèle<br />

pionnier »<br />

Tout au long de l’année<br />

<strong>2023</strong>, ESCP « célébrera son<br />

modèle pionnier » et son<br />

réseau européen avec des<br />

événements dédiés et des<br />

opportunités de connecter<br />

les générations passées,<br />

présentes et futures de<br />

la communauté ESCP, à<br />

commencer par la Semaine<br />

de l’Europe organisée<br />

par l’association<br />

étudiante Tribunes.<br />

Emlyon pour la planète<br />

Le 6 avril dernier l’action de emlyon<br />

a été doublement récompensée lors<br />

des Trophées des Campus Responsables<br />

<strong>2023</strong> avec deux prix : l›un pour son programme<br />

d›Engagement Responsable (catégorie<br />

« Impact positif pour la société »),<br />

l’autre pour sa stratégie climat (catégorie<br />

« Action climatique pour 2030 »). Pour<br />

marquer son engagement l’école a renforcé<br />

la formation des étudiantes et des<br />

étudiants aux défis socio-environnementaux<br />

sur la base des 17 Objectifs de Développement<br />

Durable (ODD) de l’ONU.<br />

L’ODD n°13, concernant la lutte contre<br />

les changements climatiques, est particulièrement<br />

traité via la création d’un<br />

cours obligatoire pour tous les nouveaux<br />

entrants « Agir pour le Climat et la Bio-<br />

diversité ». À la rentrée <strong>2023</strong>, 100% des<br />

cours auront ainsi été revus à l’aune des<br />

17 ODD et des compétences RSE nécessaires<br />

aux futurs diplômés pour qu’ils<br />

puissent « apporter une réponse complète<br />

et globale à l’urgence écologique ».<br />

En termes de recherche emlyon s’est plus<br />

particulièrement penchée sur l’écologisation<br />

des organisations, la durabilité<br />

des chaines logistiques et de valeur<br />

(Green Supplychain management), le rôle<br />

du big data dans l’économie circulaire,<br />

ou encore sur le leadership et l’aspect<br />

humain dans le développement durable<br />

et l’innovation sociale. Le Lifestyle Research<br />

Center d’emlyon organise ainsi le<br />

27 avril prochain la deuxième édition<br />

du Sustainability Research Day.<br />

L’Essec se penche sur<br />

la « Philosophie critique<br />

de l’innovation »<br />

Il s’agit du premier partenariat conclu<br />

entre le Collège international de philosophie<br />

et une école de management. L’Essec<br />

et le CIPh ont signé une convention<br />

de partenariat afin de proposer un programme<br />

de recherche commun sur le<br />

thème suivant : « Philosophie critique<br />

de l’innovation ». « A l’heure où nous<br />

sommes collectivement devant des défis<br />

économiques, écologiques et géopolitiques<br />

majeurs, il est plus que jamais nécessaire<br />

de faire dialoguer les sciences<br />

de gestion et la philosophie. Et ce pour<br />

éclairer les entreprises, les organisations<br />

et leurs dirigeants dans leur approche<br />

de l’innovation et les mutations rapides<br />

et profondes qu’elle entraîne », estime<br />

Vincenzo Vinzi, le directeur général ES-<br />

SEC Business School.<br />

Dans ce cadre l’Essec et le CIPh vont<br />

mettre en place un programme de recherche<br />

sur le thème « Philosophie critique<br />

de l’innovation » qui comprend la<br />

tenue d’une journée de recherche dans<br />

les locaux de l’ESSEC Business School<br />

et l’organisation d’une demi-journée avec<br />

les acteurs de la société civile composée<br />

des alumni de l’école.<br />

emlyon BS<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Kedge dresse le bilan de son plan<br />

stratégique et change de signature<br />

« Kedge est dans une dynamique favorable, voire<br />

très favorable. Nous recevons une centaine<br />

d’étudiants dans notre bachelor que nous avons<br />

ouvert à Paris sur un campus qui a doublé de<br />

taille et peut recevoir jusqu’à 2 200 étudiants. Nous<br />

sommes très fiers d’être trois fois classés 8 ème pour<br />

notre PGE dans les classements français et 7 ème pour<br />

le Financial Times en France et 37 ème en Europe. » Le<br />

directeur général de Kedge, Alexandre de Navailles, ne<br />

cache pas sa satisfaction en présentant le bilan de son<br />

école dans le cadre du plan stratégique KEDGE 25 initié<br />

il y a 2 ans : « Nos développements vont maintenant<br />

beaucoup se dérouler en nous appuyant sur le campus<br />

de Paris même si nous n’envisageons pas d’y dispenser<br />

le PGE ».<br />

Un PGE plus que jamais au centre de toutes les<br />

attentions. « Comme toutes les écoles nous nous<br />

posons la question de l’impact de la baisse de 10%<br />

des effectifs de classes préparatoires ECG. La bonne<br />

nouvelle pour nous, membres du concours Ecricome,<br />

c’est que la baisse n’est que de 6% avec une hausse<br />

de 11% des candidats issus de classes préparatoires<br />

littéraires », définit Alexandre de Navailles qui travaille<br />

avec toutes les écoles de la Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises de management (Cdefm) à la<br />

promotion des classes préparatoires.<br />

Kedge a également mis en place une nouvelle posture<br />

pédagogique son le Programme Grande École (PGE).<br />

Le Grow by Doing® vise à « confronter les étudiants à<br />

des modes de pensée différenciés ». Depuis la rentrée<br />

2022, de nouveaux cours signature sont proposés dont<br />

notamment l’art oratoire, matière qui devient obligatoire<br />

avec un concours d’éloquence dès la fin de la 1 ère année.<br />

Les activités de recherche ont notamment été<br />

marquées par la lancement, en septembre 2022, de<br />

deux nouvelles chaires: la chaire pédagogique ACTED et<br />

la chaire LCL Finance d’impact. La chaire Smart Cities<br />

Logistics, en partenariat avec La Poste, a quant à elle<br />

été renouvelée à l’automne 2022.<br />

A l’international KEDGE a signé plusieurs accords cette<br />

année avec des universités doublement et triplement<br />

accréditées comme La Sabana (Colombie), la NHH<br />

Norwegian School of Economics ou encore le MDI Gurgain<br />

Management Development Institute (Inde). L’école pourra<br />

ainsi proposer plus de 720 places supplémentaires<br />

aux étudiants de ses programmes, notamment ceux<br />

du PGE dont l’expatriation obligatoire à l’international<br />

est désormais passée à 12 mois.<br />

En Colombie KEDGE lance en février 2024 le Colombia<br />

Challenge pour immerger les étudiants du PGE dans la<br />

posture expérientielle Grow by Doing® à l’international.<br />

30 à 50 étudiants par semestre pourront désormais<br />

partir à Bucaramanga (Colombie) pour une mission de<br />

consulting dans une entreprise de la région. Enfin en<br />

Chine KEDGE fête les 20 ans de son Executive MBA<br />

qui s’y classe dans le TOP 10.<br />

Transition écologique et durable. Le plan stratégique<br />

KEDGE 25 s’inscrit également également dans<br />

une démarche de transition durable et inclusive. Afin<br />

de rendre compte de ses réalisations, KEDGE réalise<br />

chaque année un rapport développement durable qui<br />

est pour la première fois exclusivement .<br />

Une nouvelle signature<br />

de marque<br />

La précédente signature<br />

(« Discover, Decode, Do »)<br />

n’avait guère convaincu<br />

au point d’être remisée.<br />

« Let’s be the change »<br />

déclare aujourd’hui Kedge<br />

en présentant sa nouvelle<br />

signature de marque qui va<br />

maintenant appuyer toute<br />

sa communication. « Nous<br />

voulons faire grandir une<br />

nouvelle génération de<br />

leaders responsables »,<br />

insiste la directrice de la<br />

communication et de la<br />

marque, Cécile Jolly, qui<br />

dévoile une campagne<br />

de communication qui<br />

présente des diplômés et des<br />

professeurs de Kedge qui<br />

« incarnent le changement » :<br />

« Let’s be the change c’est<br />

bien plus qu’un signature.<br />

C’est notre idée de ce<br />

que doit être une école de<br />

management aujourd’hui ! »<br />

O.R<br />

Le directeur général<br />

de Kedge, Alexandre<br />

de Navailles, présente<br />

les évolutions de son<br />

plan stratégique<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

L’ESSEC est pionnière en matière d’engagement<br />

social. En 1993 elle a été la première à proposer<br />

la voie de l’apprentissage avec la création d’un<br />

CFA. Ce sont plus de 8 200 jeunes qui ont fait<br />

ce choix en 30 ans. L’École a atteint le seuil de 1 000<br />

apprentis par an depuis l’an dernier. 30% des étudiants<br />

d’une promotion de la Grande École effectue par exemple<br />

son cursus en apprentissage.<br />

ESSEC BS<br />

L’ESSEC : 30 ans en faveur<br />

de la diversité sociale<br />

Dix ans plus tard, en 2003, l’ESSEC lance de son<br />

premier programme d’égalité des chances : le célèbre<br />

« Une grande école : pourquoi pas moi ? » qui permet<br />

à des élèves issus de milieux populaires de préparer<br />

leur entrée dans les études supérieures. Depuis sa<br />

création, l’ESSEC a accompagné 3 000 lycéens et<br />

collégiens, scolarisés dans 20 établissements scolaires<br />

partenaires en Ile-de-France, grâce à la mobilisation de<br />

1 000 étudiants-tuteurs. Un programme qui a inspiré la<br />

politique publique des Cordées de la Réussite, créée<br />

en 2008 par l’Etat, et a été depuis adapté dans une<br />

centaine de grandes écoles en France. Avec l’ouverture<br />

de son Centre égalité des chances en 2009, l’ESSEC<br />

a étendu son action à d’autres publics avec d’autres<br />

programmes et initiatives, construisant progressivement<br />

une approche globale de diversité et d’inclusion<br />

à l’ESSEC.<br />

Toujours en 2003 les professeurs Anne-Claire Pache<br />

et Thierry Sibieude créent la Chaire Innovation sociale,<br />

première chaire consacrée à l’innovation à impact social<br />

et environnemental en France. Enfin, l’ESSEC appuye<br />

les changements sociétaux dans son écosystème avec<br />

a Fresque de la diversité, qui a permis dès cette année<br />

de sensibiliser les 2 200 étudiants nouveaux entrants<br />

dans toutes les formations de l’école aux questions<br />

de discriminations.<br />

La Course Croisière EDHEC se « réinvente »<br />

Premier événement sportif étudiant d’Europe,<br />

la Course Croisière EDHEC, dont la<br />

55ème édition s’est déroulée du 14 au 23<br />

avril en rade de Brest, entend aujourd’hui<br />

se « réinventer en imaginant un modèle<br />

inédit fondé sur un double engagement<br />

autour des valeurs du sport et d’un impact<br />

positif sur l’environnement et sur<br />

son territoire d’accueil ». En marge des<br />

épreuves nautiques, qui ont réuni 110<br />

bateaux et 2 000 participants de 10 nationalités<br />

différentes, elle a proposé un<br />

programme de conférences axé sur la<br />

préservation du milieu aquatique. Chaque<br />

jour, les étudiants pouvaient ainsi interagir<br />

avec de nombreux experts – innovation<br />

durable, biodiversité marine - afin<br />

de se familiariser avec son fonctionnement<br />

et ses défis.<br />

Pour pérenniser cet engagement, l’association<br />

Course Croisière EDHEC deviendra<br />

mécène de l’association « Pure<br />

Ocean » qui œuvre à la protection des<br />

écosystèmes marins.<br />

EN BREF<br />

• EM Strasbourg obtient à<br />

nouveau son accréditation<br />

EFMD Accredited pour<br />

son programme Grande<br />

école pour la durée<br />

maximale de cinq années.<br />

• NEOMA remporte le prix<br />

« Innovations that Inspire »<br />

remis par l’AACSB<br />

(Association to Advance<br />

Collegiate Schools of<br />

Business) pour la 3e fois<br />

pour ses cours en Interactive<br />

Learning (ou iLearning),<br />

scénarisés et interactifs.<br />

• Dans le cadre du projet<br />

Campus <strong>2023</strong> de rénovation<br />

de son campus de Cergy-<br />

Pontoise, l’ESSEC<br />

Business School vient<br />

d’inaugurer son premier<br />

bâtiment : le Sports &<br />

Recreation Center. Sur 2700<br />

m² le bâtiment regroupe<br />

sur deux étages plusieurs<br />

infrastructures sportives<br />

polyvalentes : une salle<br />

multisports de 1200 m², un<br />

mur d’escalade, deux salles<br />

multisports (musculation,<br />

danse, arts martiaux…), et<br />

un court de tennis sur le toit.<br />

• Le 12 avril <strong>2023</strong>,<br />

MBS a organisé la<br />

cérémonie de remise des<br />

certificats de la toute<br />

première promotion<br />

d’étudiants engagés<br />

dans le parcours<br />

d’excellence « Act For<br />

Change », un programme de<br />

leadership pour « répondre<br />

à l’urgence sociétale et<br />

environnementale ».<br />

• Rennes School of<br />

Business et ICES, Institut<br />

catholique de Vendée,<br />

ont signé une convention<br />

cadre le 24 mars <strong>2023</strong> au<br />

terme de laquelle les deux<br />

écoles s’engagent dans un<br />

partenariat académique. Les<br />

deux écoles ont convenu<br />

d’ouvrir mutuellement<br />

leur cursus aux étudiants<br />

de l’école partenaire.<br />

• Le Groupe BPCE et ESCP<br />

Business School lancent<br />

une chaire de recherche sur<br />

« La banque mutualiste et<br />

coopérative au service de<br />

l’économie ». L’ambition<br />

de cette chaire, signée pour<br />

trois ans, est « d’étudier le<br />

rôle de la banque mutualiste<br />

et coopérative dans le<br />

monde, son engagement<br />

au service de l’économie<br />

et des territoires, et sa<br />

résilience dans un contexte<br />

de crises économiques »<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Ouverture sociale : comment<br />

sa fondation soutient emlyon<br />

A<br />

l’occasion de ses 30 ans, la Fondation emlyon<br />

entend « soutenir plus que jamais l’engagement<br />

social de l’école « qui va notamment se traduire<br />

par une augmentation du nombre d’étudiants<br />

aidés avec le financement jusqu’à 100% des frais de<br />

scolarité des étudiants boursiers du CROUS. Chaque<br />

don à la Fondation emlyon est reversé directement aux<br />

élèves qui en ont besoin, soit environ 500 étudiantes<br />

et étudiants soutenus chaque année avec un niveau<br />

de dons triplé en 2022 par rapport à 2021.<br />

En complément du financement jusqu’à 100% des frais<br />

de scolarité du PGE, la Fondation emlyon délivre ainsi<br />

des bourses de solidarité pour les frais de vie des<br />

étudiants (logement, transport, alimentation, etc.). Soit<br />

300 000 € minimum par an pour 200 bénéficiaires.<br />

La Fondation alloue également des aides financières<br />

ponctuelle d’urgence aux étudiants en difficulté. En<br />

fonction des situations, les montants se situent souvent<br />

autour de 1 000 euros avec un budget global de<br />

100 000 € par an soit une centaine de bénéficiaires<br />

possibles. Enfin la Fondation délivre des bourses<br />

spécifiques aux étudiants en situation de handicap,<br />

couvrant les dépenses de vie alourdies par le handicap.<br />

L’engagement financier en faveur de ce projet s’élève<br />

a 100 000 € par an pour 20 boursiers.<br />

Par ailleurs dans le cadre du programme « Trait d’Union<br />

<strong>Prépas</strong> » certains élèves en classe préparatoire sont<br />

accompagnés pendant deux ans par un système de<br />

tutorat hebdomadaire et de stages d’approfondissement<br />

pendant les vacances scolaires (langues, ateliers de<br />

rédaction de CV, séances de préparation aux oraux des<br />

concours, projets culturels, invitations sur le campus...).<br />

Outre le tutorat, une aide financière proposée par la<br />

Fondation permet aux jeunes d’assumer les dépenses<br />

nécessaires pour passer les épreuves orales de Grandes<br />

écoles dans les différents établissements (frais de repas,<br />

déplacements et hébergements dans toute la France).<br />

Avec une enveloppe globale de 20 000 €, les soutiens sont<br />

attribués aux jeunes en fonction de leur contexte familial.<br />

Emlyon lance un<br />

programme doctoral<br />

international gratuit<br />

emlyon business school a<br />

créé un programme doctoral<br />

international gratuit dont<br />

l’objectif est de former<br />

des étudiantes et étudiants<br />

internationaux à devenir des<br />

chercheurs et des professeurs<br />

du plus haut niveau. emlyon<br />

et la Fondation emlyon<br />

business school financent la<br />

totalité des frais d’accueil<br />

et de scolarité sur plusieurs<br />

années à travers des bourses<br />

pour ces étudiants en PhD.<br />

Pour 20 PhD, le budget global<br />

est de plus de 200 000 €.<br />

Trophées des campus responsables : les lauréats<br />

Volet francophone des Green Gown<br />

Awards qui existent depuis plus de 10<br />

ans au Royaume-Uni, et 5 ans en Australie<br />

et Nouvelle-Zélande, les Trophées<br />

des campus responsables récompensent<br />

depuis 2014 les campus francophones<br />

pour leurs actions et engagements visant<br />

à « intégrer la responsabilité sociétale et<br />

environnementale à leurs activités ». Organisée<br />

comme chaque année par le think<br />

tank UTOPIES, la 9ème édition a couronné<br />

cette année :<br />

Établissement responsable de l’année :<br />

Institut Polytechnique Unilasalle ;<br />

Impact positif sur la société : emlyon business<br />

school ;<br />

Implication des étudiants : TBS<br />

Education ;<br />

Pédagogie pour une société durable : Essec<br />

et CY Cergy Paris Université ;<br />

Action climatique pour 203 : emlyon business<br />

school ;<br />

Ancrage territorial: Burgundy Business<br />

School ;<br />

Qualité de vie, diversité et accessibilité<br />

sur le campus: Fédération des établissements<br />

d’enseignement supérieur d’intérêt<br />

collectif ;<br />

Les coups de cœur du jury : Rennes<br />

School Of Business et École Nationale<br />

Supérieure en Génie des Systèmes et de<br />

l’innovation.<br />

Les 7 lauréats candidateront automatiquement<br />

aux Green Gown Awards, dans<br />

les catégories correspondantes.<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Alice Guilhon<br />

PRÉSIDENTE DE LA CONFÉRENCE DES DIRECTEURS DES ÉCOLES FRANÇAISES DE MANAGEMENT (CDEFM)<br />

ET DIRECTRICE GÉNÉRALE DE SKEMA BS<br />

« Nous soutenons les classes préparatoires<br />

qui sont à la base de la création de nos écoles<br />

et qui contribuent au succès de la France »<br />

En deux ans d’existence la Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises<br />

de management (Cdefm) s’est imposée<br />

comme un acteur des transformations<br />

de l’enseignement supérieur. Classes<br />

préparatoires ECG, enseignement<br />

supérieur privé, enseignement du<br />

développement durable : sa présidente,<br />

Alice Guilhon, réagit sur trois dossier<br />

cruciaux.<br />

CLASSES PREPARATOIRES ECG<br />

Olivier Rollot : Les classes préparatoires<br />

économiques et commerciales générales<br />

(ECG) ont connu une désaffection en<br />

2021 – 1 000 élèves de moins en première<br />

année – qui n’a pas été jugulée en 2022 avec<br />

des effectifs qui se sont stabilisés. Avec<br />

la Conférence des directeurs des écoles<br />

françaises de management (Cdefm) que<br />

vous présidez vous êtes très impliquée dans<br />

cette question. Comment analysez-vous la<br />

situation actuelle et comment y remédier ?<br />

Alice Guilhon : Après quelques années de forte<br />

croissance nous avons bien dû constater la baisse<br />

brutale des effectifs en 2021. Aujourd’hui tous se jettent<br />

la faute les uns sur les autres et nous avons souhaité,<br />

à la Cdefm, nous mettre autour de la table avec les<br />

professeurs de l’APHEC et les proviseurs de l’APLCPGE<br />

pour réfléchir aux raisons de cette désaffection. Quel<br />

est son niveau de gravité, quelle part de responsabilité<br />

ont le Covid, la réforme du bac, l’évolution des mœurs,<br />

l’internationalisation de l’enseignement supérieur, etc. ?<br />

O. R : <strong>Mai</strong>s un projet de réforme avait été<br />

lancé et tout le processus s’est arrêté<br />

brutalement en mars dernier faute d’accord<br />

entre les différentes associations et<br />

l’Inspection générale de l’éducation, du<br />

sport et de la recherche (Igésr) qui était à la<br />

manœuvre…<br />

A. G : Nous aurions dû mieux mettre en avant plusieurs<br />

hypothèses de réforme alors qu’il a semblé qu’une<br />

seule était retenue. Sortie de son contexte les projets<br />

ont rencontré la ferme opposition des professeurs<br />

alors que plusieurs scénarios étaient possibles. C’est<br />

J’ai demandé à ce que nous soyons tous réunis pour<br />

réfléchir à ce que nous pouvons faire. Nous soutenons<br />

les classes préparatoires qui sont à la base de la<br />

création de nos écoles et qui contribuent au succès<br />

de la France.<br />

Skema BS<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Skema BS<br />

Une vue aérienne du campus de Skema à Suresnes<br />

dommage de tout arrêter pour autant. A la Cdefm<br />

nous ne nous contenterons pas du statu quo. Il nous<br />

faut bouger tous ensemble et les classe préparatoires<br />

doivent changer significativement pour communiquer<br />

auprès des familles. Et il faudra également faire évoluer<br />

les concours.<br />

O. R : Comment allez-vous relancer les<br />

discussions ?<br />

A. G : Avec l’APHEC nous avons donc décidé de demander<br />

à un cabinet de conseil d’interroger les familles<br />

et les étudiants, qu’ils veuillent ou pas entrer dans<br />

une CPGE, pour qu’ils nous donnent leur vision. Nous<br />

saurons ainsi s’ils ont ou pas une vision de ce que sont<br />

les CPGE aujourd’hui. Ensuite nous nous appuierons<br />

sur les points de faiblesse et de force pour lancer un<br />

grand plan de communication.<br />

Avec cette étude nous passerons au-delà des idées<br />

reçues pour mettre sur la table des éléments qui<br />

pourront certes fâcher mais ne permettront de nous<br />

faire une idée claire de la situation.<br />

O. R : On reproche souvent aux écoles<br />

d’avoir créé des bachelors qui écarteraient<br />

les élèves des classes préparatoires. Que<br />

répondez-vous ?<br />

A. G : Nous avons fait une étude : par un étudiant de<br />

bachelor n’imaginerait entrer en classe préparatoire.<br />

Et vice versa. De plus ils n’intègrent quasiment pas<br />

ensuite nos programmes Grande école en admissions<br />

sur titre (AST).<br />

O. R : Vous parlez de communication.<br />

Qu’est-ce qu’il faudrait améliorer dans la<br />

communication des classes préparatoires ?<br />

A. G : Les classe préparatoire ont peu communiqué<br />

dans beaucoup de lycées depuis des années où on<br />

n’imagine alors pas qu’une classe préparatoire soit<br />

à sa portée. Il y a toute une communication à mettre<br />

en place auprès d’une jeunesse qui a radicalement<br />

changé. Je ne suis pas inquiète : si on met en place<br />

les bons axes de communication on devrait redorer<br />

le blason de la filière.<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

O. R : Les jeunes ont une image tellement<br />

faussée de ce qu’ont aujourd’hui les classes<br />

préparatoires ?<br />

A. G : Les étudiants ont beaucoup d’opportunités et<br />

imaginent aller ailleurs pour peut-être avoir moins de<br />

mal à se donner. Ils ont souvent une image désuète<br />

des classes préparatoires qui ont beaucoup évolué.<br />

L’entraide entre leurs élèves est devenue la règle et il<br />

est aujourd’hui tout à fait possible de mener une vie<br />

normale tout en suivant une classe préparatoire. <strong>Mai</strong>s<br />

on reste encore sur le modèle précédent avec parfois<br />

aussi il est vrai des professeurs qui répètent qu’il faut<br />

souffrir pour réussir.<br />

LUCRATIVITÉ<br />

O. R : Le deuxième sujet qui impacte<br />

significativement la Cdefm en ce moment<br />

est le débat sur l’enseignement supérieur<br />

privé lucratif. Une mission a été lancée par le<br />

ministère de l’Enseignement supérieur et de<br />

la Recherche (MESR) à ce sujet et le groupe<br />

Galileo vient de faire des propositions. Vousmême<br />

avez tenu un discours assez incisif<br />

pour dénoncer certaines « officines »…<br />

A. G : J’ai tenu ce discours après que des professeurs<br />

d’université aient attaqué la qualité de l’enseignement<br />

supérieur privé dans son ensemble. Quand on voit les<br />

excellents classements des écoles de management<br />

françaises dans le Financial Times, on s’étrangle alors<br />

que si on leur appliquait toutes les règles auxquelles<br />

nous sommes contraintes, certaines formations de<br />

l’enseignement public ne pourraient pas délivrer de<br />

diplôme. Nous avons donc répondu qu’il ne fallait pas<br />

faire d’amalgame.<br />

Par ailleurs il y a des écoles qui délivrent un enseignement<br />

de très bonne qualité, quel que soit leur statut. Nous ne<br />

voulons pas opposer les écoles. Ce que nous défendons<br />

c’est la qualité des formations quel que soit leur modèle.<br />

Ce que nous dénonçons c’est la création d’officines qui<br />

ne sont là que pour enrichir leurs propriétaires quitte à<br />

mettre la clé sous la porte rapidement. <strong>Mai</strong>s certains<br />

ont cru pouvoir dire que la Cdefm était opposée à tout<br />

l’enseignement supérieur privé lucratif alors que nous<br />

défendons les établissements de qualité.<br />

O. R : Il faudrait établir des règles plus<br />

strictes vis-à-vis de ce que vous appelez des<br />

officines ?<br />

A. G : On ne devrait pas avoir le droit en France de<br />

créer une école sans aucun contrôle de l’État. L’État<br />

devrait délivrer une autorisation préalable, sur le modèle<br />

du visa, avant toute ouverture d’école. C’est de<br />

sa responsabilité morale !<br />

O. R : La question des titres au RNCP<br />

(Répertoire national des certifications<br />

professionnelles) et de leur location vous<br />

pose également problème.<br />

A. G : Je trouve dramatique de voir que certains<br />

construisent un programme en supply chain avec un<br />

titre loué en ressources humaines ou en finance. C’est<br />

invraisemblable qu’il n’y ait aucun contrôle. Aucune école<br />

ne devrait pouvoir délivrer ou déposer de certification<br />

RNCP sans posséder au moins un visa. Les ministère<br />

de l’Enseignement supérieur et du Travail doivent se<br />

mettre autour d’une table pour avancer ensemble sur<br />

toutes ces questions. Et France Compétences mieux<br />

contrôler la bonne utilisation du RNCP. Quand on soulève<br />

la boite il y a de quoi être un peu effrayé !<br />

O. R : Tous ces débats naissent des<br />

financements donnés par l’Etat pour<br />

développer l’apprentissage. Comment jugezvous<br />

ces financements qui doivent amener la<br />

France au millions d’apprentis ?<br />

A. G : L’objectif est parfaitement louable mais, de par<br />

la qualité de leurs formations, nos écoles ont des coûts<br />

très élevés. Il faut dire aussi que nos établissements<br />

ne reçoivent aucun fond public et ne sont pas financés<br />

par l’impôt. Le coût de la formation d’un étudiant est le<br />

même dans nos établissements que dans le public, la<br />

différence est que les étudiants financent leur scolarité<br />

à 80% dans nos établissements. Pour la formation<br />

par apprentissage, Nous sommes donc obligées de<br />

demander du « reste à charge » aux entreprises pour<br />

financer nos apprentis quand d’autres se gavent. Avec<br />

uniquement des coûts variables, des périodes de cours<br />

qui n’excèdent pas une semaine par mois et des professeurs<br />

qui ne sont que des intervenants extérieurs,<br />

sont soi-disant des professionnels de l’entreprise,<br />

toucher 10 000€ par étudiant c’est un pactole. Nos<br />

écoles ne gagnent au contraire rien ! Nous sommes<br />

de vrais établissements d’enseignement supérieur,<br />

avec les contraintes qui vont avec, contrairement à<br />

d’autres qui ne pensent qu’à s’enrichir.<br />

Avec la Cdefm les<br />

écoles de management<br />

affirment leur<br />

indépendance<br />

Elles en parlaient depuis<br />

longtemps : en avril 2021<br />

les écoles de management<br />

ont transformé leur Chapitre<br />

de la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE) en<br />

conférence propre. A l’image<br />

de la Cdefi (Conférence<br />

des directeurs des écoles<br />

françaises d’ingénieur)<br />

naissait la Conférence<br />

des directeurs des écoles<br />

françaises de management.<br />

Sa présidence est depuis<br />

assurée par la présidente de<br />

l’actuel Chapitre et directrice<br />

générale de Skema, Alice<br />

Guilhon, son vice-président<br />

est Christophe Germain,<br />

directeur général d’Audencia.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

O. R : L’école que vous dirigez, Skema, est<br />

implantée dans d’autres pays que la France.<br />

Notamment les Etats-Unis, la Chine et le<br />

Brésil. Les règles sont-elles différentes làbas<br />

?<br />

A. G : Aux Etats-Unis, en Chine comme au Brésil il<br />

est impossible d’opérer sans licence. Nous sommes<br />

contrôlés à la fois par l’Etat central et par les Etats<br />

régionaux pour certifier que nous délivrons nos diplômes<br />

dans les standards de qualité exigés. Aux Etats-Unis<br />

nous sommes contrôlés tous les cinq ans et au Brésil<br />

nous employons une personne à temps plein, détachée<br />

par l’Etat, pour certifier que nous respectons toutes<br />

les règles.<br />

ENSEIGNEMENT<br />

DU DEVELOPPEMENT DURABLE<br />

O. R : L’enseignement du développement<br />

durable doit bientôt devenir obligatoire dans<br />

l’enseignement supérieur. Comment les<br />

écoles de management travaillent-elles à ce<br />

sujet ?<br />

A. G : Nous sommes mobilisées avec la Cefdg (Commission<br />

d’évaluation des formations et diplômes de<br />

gestion) pour produire un référentiel que nous allons<br />

rapprocher de celui que produit le MESR. Tous nos<br />

étudiants auront ainsi une forte imprégnation aux<br />

enjeux environnementaux et sociétaux.<br />

<strong>Mai</strong>s il y a bien longtemps que les écoles se sont emparées<br />

du sujet. Dès 2000 nous avons par exemple<br />

créé à Skema un mastère spécialisé en développement<br />

durable. Que nous avons dû le fermer en 2008 faute<br />

d’étudiants. 15 ans après les étudiants ont évolué et<br />

ne demandent d’agir urgemment. <strong>Mai</strong>s ce n’est pas si<br />

simple de former des enseignants.<br />

Et il ne faut pas non plus raconter aux étudiants qu’ils<br />

vont tous trouver des emplois spécialisés dans le<br />

développement durable. Il faut créer des programmes<br />

spécialisés mais aussi favoriser les doubles compétences.<br />

Il faut surtout que tous comprennent les enjeux<br />

des transitions dans une logique de transformation<br />

profonde de la société.<br />

O. R : Ce sont des enjeux qui sont pris en<br />

compte dans tous les pays où Skema est<br />

implantée ?<br />

A. G : Non, à l’échelle du monde les étudiants ne se<br />

posent pas tous les mêmes questions. C’est aussi pour<br />

cela que nos étudiants doivent continuer à voyager<br />

pour rencontrer d’autres visions et partager les leurs.<br />

O. R : Les questions environnementales ne<br />

doivent pas obérer les déplacements des<br />

étudiants ?<br />

A. G : On ne peut pas empêcher les étudiants de voyager.<br />

<strong>Mai</strong>s il faut voyager pour être utile. Voyager moins<br />

mais mieux. Et accompagner Boeing et Airbus par ex.<br />

dans leurs transitions. On ne peut pas tout arrêter.<br />

Nous devons trouver des clés à donner à nos étudiants<br />

plutôt que de les rendre anxieux. Certaines initiatives<br />

pédagogiques peuvent créer de l’éco-anxiété, il faut<br />

plutôt donner aux étudiants les moyens d’agir ensemble.<br />

Le campus de Skema<br />

en Chine, à Suzhou<br />

Skema BS<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

L’emploi des jeunes<br />

au beau fixe<br />

Les statistiques d’emploi des jeunes diplômés des<br />

Grandes écoles sont excellentes. S’ils se déclarent<br />

satisfaits de leur emploi, ils n’en ont pas moins des<br />

attentes fortes vis-à-vis des entreprises et du sens<br />

qu’elles donneront à leur emploi. Notre dossier du mois.<br />

ESCP BS<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Heureux comme un jeune<br />

diplômé en France<br />

Les jeunes diplômés de niveau<br />

bac+5 bénéficient<br />

aujourd’hui d’un niveau<br />

d’emploi inégalé depuis<br />

de longues années révèle<br />

l’Apec. Et une autre étude montre<br />

que les diplômés des Grandes écoles<br />

sont particulièrement satisfaits de<br />

leur emploi… Alors, heureux comme<br />

un jeune diplômé en France ?<br />

« L’insertion des jeunes diplômés retrouve<br />

et même dépasse le niveau et la<br />

qualité observés avant la crise sanitaire »<br />

note l’Apec dans son Baromètre <strong>2023</strong><br />

de l’insertion des jeunes diplômé.es. 88%<br />

des jeunes diplômés bac +5 et plus de la<br />

promotion 2021, interrogés début <strong>2023</strong>,<br />

sont ainsi en emploi 12 mois après l’obtention<br />

de leur diplôme. C’est un niveau<br />

supérieur à celui observé avant la crise<br />

sanitaire (85% pour la promotion 2018<br />

interrogée début 2020), en lien avec la<br />

dynamique du marché de l’emploi en 2022.<br />

UN ACCÈS À L’EMPLOI DE PLUS<br />

EN PLUS RAPIDE<br />

Cet accès facilité à l’emploi est confirmé<br />

par le raccourcissement de la période<br />

de recherche d’emploi : 5 mois ou plus<br />

pour 16% seulement des diplômés en<br />

emploi 12 mois après l’obtention de leur<br />

diplôme contre 22% l’an dernier.<br />

Les atouts de<br />

l’alternance<br />

Le passage par l’alternance<br />

accélère la primo-insertion<br />

et améliore les conditions<br />

d’emploi : le taux d’emploi<br />

des anciens alternants et<br />

alternantes est plus élevé et,<br />

lorsqu’ils sont en emploi, c’est<br />

plus souvent en CDI et avec<br />

une meilleure rémunération<br />

selon l’Apec. Un avantage<br />

largement partagé puisqu’au<br />

sein de la promotion 2021,<br />

1 diplômé sur 2 a réalisé<br />

au moins une partie de ses<br />

études en alternance (et 9<br />

sur 10 au moins un stage<br />

pendant leurs études). Dans<br />

1 cas sur 2, ils sont en<br />

poste dans l’entreprise où<br />

leur alternance a eu lieu.<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Les conditions d’emploi s’améliorent également<br />

- près de 7 jeunes diplômés sur<br />

10 sont en CDI et une moitié des jeune<br />

diplômés occupe un poste de cadre -,<br />

de même que la rémunération avec une<br />

médiane à 32 000 € bruts par an, contre<br />

30 000 € l’an dernier. Toutefois, alors que<br />

« l’année a été marquée par une forte<br />

inflation, la médiane de rémunération<br />

des jeunes diplômés retrouve seulement<br />

son niveau d’avant crise » note l’Apec.<br />

De plus les écarts salariaux continuent à<br />

se faire sentir selon le sexe : les hommes<br />

touchent une rémunération de 34 000<br />

€ en moyenne contre 28 500 € pour<br />

les femmes.<br />

LES JEUNES DIPLÔMÉS<br />

SATISFAITS DE LEUR EMPLOI<br />

L’étude menée par seize Grandes écoles<br />

de commerce et d’ingénieur, réunies au<br />

sein du groupe G16, sur les attentes et<br />

ressentis de leurs jeunes diplômés publiée<br />

la semaine dernière le montrait déjà, le<br />

baromètre de l’Apec le confirme : les<br />

jeunes diplômés sont satisfaits de leur<br />

emploi. Ils sont ainsi près de 60% à donner<br />

à leur emploi une note de satisfaction<br />

supérieure ou égale à 8 sur 10.<br />

Si cette satisfaction varie peu selon la<br />

discipline de formation ou le type de<br />

contrat, le fait d’avoir réalisé une alternance<br />

dans l’entreprise augmente<br />

fortement le niveau de satisfaction : 71 %<br />

des anciens apprentis donnent ainsi une<br />

note de satisfaction supérieure ou égale<br />

à 8 sur 10.<br />

Résultat : 12 mois après l’obtention de<br />

leur diplôme, 78% des jeunes diplômés<br />

sont toujours dans leur premier emploi.<br />

<strong>Mai</strong>s attention : un quart d’entre eux<br />

jugent leur emploi comme un « job alimentaire<br />

». Pour 26% les perspectives<br />

d’évolution professionnelle dans leur<br />

entreprise ne correspondent en effet<br />

pas à leurs aspirations. Un part plus<br />

forte pour ceux qui sont en CDD ou en<br />

intérim (32% contre 23% pour les CDI) et<br />

pour ceux occupant un emploi non-cadre<br />

(respectivement 30% et 22 %). Avoir déjà<br />

passé du temps dans l’entreprise en tant<br />

La force du diplôme<br />

<strong>Mai</strong>s quel rôle joue la formation dans<br />

l’insertion sur le marché du travail ? Une<br />

question qui trouve sa réponse dans une<br />

toute nouvelle étude de France Stratégie :<br />

Inégalité des chances : ce qui compte<br />

le plus. Entre deux personnes d’origine<br />

sociale opposée, les écarts de revenus<br />

proviennent à 70% du parcours éducatif<br />

selon l’étude de France Stratégie qui<br />

établit que « si les personnes d’origine<br />

modeste gagnent moins que celles d’origine<br />

favorisée, c’est donc avant tout parce<br />

que le parcours éducatif de ces dernières<br />

leur permet une meilleure insertion dans<br />

l’emploi et de meilleurs salaires ». L’effet «<br />

diplôme » explique à lui seul près des deux<br />

tiers de l’écart total de revenus d’activité.<br />

L’accès à une grande école et la spécialité<br />

du diplôme ne jouent en revanche qu’à la<br />

marge (entre 4% et 2% dans le modèle).<br />

Environ 14% de l’écart de revenus s’explique<br />

par des différences de poste occupé et<br />

les autres variables sont négligeables.<br />

Les écarts de rémunération entre<br />

les femmes et les hommes. France<br />

Stratégie c’est aussi penché sur les écarts<br />

de rémunération entre les femmes et les<br />

hommes. On le sait si les femmes sont plus<br />

diplômées que les hommes, c’est dans<br />

des filières moins favorables en termes<br />

de revenu. Au final, ces « deux effets se<br />

compensent, et les écarts de revenus<br />

d’activité entre les hommes et les femmes<br />

n’apparaissent pas liés au parcours<br />

scolaire ». L’avantage des femmes sur les<br />

hommes en termes de diplôme « contribue<br />

à réduire l’écart de revenus vis-à-vis des<br />

hommes mais il est en partie contrebalancé<br />

par l’orientation des femmes dans des<br />

spécialités à rendement relativement faible<br />

sur le marché du travail ». Au total, les<br />

variables éducatives sont « légèrement en<br />

faveur des femmes » selon les analystes de<br />

France Stratégie qui établissent également<br />

qu’à parcours éducatif donné, environ 45<br />

% des écarts de revenus d’activité sont<br />

liés à des situations différentes sur le<br />

marché du travail. Les femmes sont plus<br />

souvent à temps partiel (24% des écarts<br />

de revenus) sont moins en emploi (6% de<br />

l’écart total) et occupent un poste moins<br />

bien rémunéré (13% de l’écart total).<br />

L’origine sociale déterminante. Dans<br />

les caractéristiques étudiées par France<br />

Stratégie, l’origine sociale s’avère la<br />

plus déterminante en termes de revenu<br />

d’activité. En moyenne, 1 100 euros<br />

nets par mois séparent le quart des<br />

personnes d’origine favorisée du quart des<br />

personnes d’origine modeste, à origines<br />

migratoire et territoriale comparables.<br />

C’est presque deux fois plus que l’écart<br />

entre hommes et femmes (600 euros).<br />

À origine sociale donnée, les écarts<br />

de revenus selon le lieu de résidence à<br />

l’adolescence (région, territoire urbain<br />

versus rural), et surtout l’ascendance<br />

migratoire, sont de moindre ampleur.<br />

Néanmoins, le sexe, l’environnement familial<br />

et territorial sont, dans l’ensemble, de<br />

« faibles prédicteurs du revenu des individus<br />

dans la mesure où une hétérogénéité de<br />

revenus importante existe entre individus<br />

à caractéristiques observées identiques »<br />

11% des femmes d’origine modeste<br />

gagnent ainsi davantage que la moitié des<br />

hommes d’origine sociale favorisée.<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

qu’alternant semble en revanche garantir<br />

une meilleure évolution professionnelle<br />

au sein de l’entreprise.<br />

Si le deuxième sujet majeur d’insatisfaction<br />

des jeunes diplômés concerne le style<br />

managérial, signalé par 24% des jeunes<br />

diplômés comme ne « correspondant pas<br />

à leurs aspirations », le principal facteur<br />

de démotivation reste la rémunération.<br />

C’est ce qu’indiquent 42% d’entre eux,<br />

cadres ou non-cadre ; et ce en dépit de<br />

la différence de rémunération: 37 000 €<br />

bruts par an, en médiane, pour les cadres,<br />

contre 27 000 € pour les non-cadres.<br />

TROUVER UNE RAISON D’ÊTRE<br />

« Le profil «compétiteur», qui était ultra<br />

dominant il y a encore dix ans dans nos<br />

écoles, ne représente plus que 27%<br />

des profils affirmés nos étudiants, loin<br />

derrière les profils «engagé» (38%) et<br />

«intra/entrepreneur» (31%) », explique<br />

Manuelle Malot, la directrice du NewGen<br />

Talent Centre de l’Edhec. Interrogé sur<br />

ses « aspirations pour sa vie professionnelle<br />

un jeune diplômé trace ainsi le<br />

profil idéal de sa carrière : « Trouver un<br />

emploi qui me plaise, dans un domaine<br />

qui me passionne - où je puisse continuer<br />

à apprendre au quotidien, tout en<br />

servant de manière globale à la société /<br />

à l’environnement ; en étant quand même<br />

bien payé et en bénéficiant d’un équilibre<br />

vie pro / perso intéressant ».<br />

Ils sont ainsi 31% à dire vouloir « contribuer<br />

utilement à la société » quand ils<br />

décrivent leurs objectifs professionnels,<br />

juste derrière leur volonté d’« acquérir des<br />

compétences et se développer professionnellement<br />

». Ce qu’ils disent réaliser<br />

à 80% quand ils sont 50% à penser<br />

« contribuer utilement à la société ».<br />

entreprise. « Passe-t-on de la marque<br />

employeur, qui signifie le «comment»,<br />

au «pourquoi» que résume la raison<br />

d’être ? », s’interroge Manuelle Malot.<br />

En termes de modalités de travail, les<br />

jeunes diplômés sont 31% à plébisciter<br />

des horaires de travail flexibles et 59%<br />

à en disposer déjà. Côté améliorations,<br />

ils sont seulement 51% à avoir eu le sentiment<br />

d’avoir bénéficié d’un dispositif<br />

d’accueil personnalisé.<br />

On l’a vu : les jeunes diplômés se sentent<br />

bien dans des entreprises où ils considèrent<br />

à 89% que leur manager leur « fait<br />

confiance et leur donne de l’autonomie »<br />

et à 80% leur semble « transparent et<br />

honnête ». Le manager idéal selon l’un<br />

Un club consacré<br />

à l’emploi<br />

Le G16 Club Carrière<br />

Grandes Écoles regroupe les<br />

responsables des services<br />

emploi-carrières de 23<br />

associations d’anciens élèves<br />

de grandes écoles. L’étude a<br />

été conduite par l’EDHEC<br />

NewGen Talent Centre<br />

avec les associations de<br />

diplômés du G16 Careers des<br />

écoles suivantes : Agro-<br />

Uniagro, Arts et Métiers,<br />

CentraleSupélec, Edhec,<br />

emlyon, Ena-Insp, Ens,<br />

Ensae, Escp, Essec, Estp,<br />

HEC Paris, Iae Paris, Isae<br />

Supaero Ensica, Mines<br />

Intermines, Ecole Navale,<br />

Ecole Polytechnique, Ponts,<br />

Sciences Po, Télécoms Paris.<br />

Des conditions d’insertion également en nette amélioration<br />

L’insertion des jeunes diplômé.es revient à son niveau d’avant<br />

crise, sauf dans les disciplines littéraires<br />

FLEXIBILITÉ…<br />

A 65% ils demandent du temps pour<br />

s’investir dans cette raison d’être dont<br />

52% sur les questions environnementales,<br />

loin devant l’éthique de la gouvernance<br />

(29%) et l’impact social (19%). A 80% ils<br />

disent connaître la raison d’être de leur<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

d’eux : « Une personne qui fait confiance<br />

et laisse toute autonomie dans les tâches<br />

du quotidien. Qui est consciente des<br />

points forts et points faibles et aide à<br />

s›améliorer et progresser. Qui valorise<br />

le feedback et en donne régulièrement.<br />

Qui manage par l’exemple, en instaurant<br />

elle-même une culture bienveillante, ambitieuse,<br />

intelligente. Qui joue un rôle de<br />

mentor, défend et représente son équipe.<br />

Qui est à l’écoute et présente quand on<br />

a besoin d’elle. »<br />

1 jeune sur 4 a des attentes insatisfaites en matière<br />

de perspectives d’évolution et de style de management<br />

A respectivement 71% et 67% l’intérêt des<br />

missions et l’ambiance de travail sont les<br />

deux principaux facteurs d’engagement<br />

des jeunes diplômés qui plébiscitent à<br />

85% le statut de salarié pour leur début de<br />

carrière. « Les jeunes ne sont pas opposés<br />

à l’entreprise comme on l’entend. Au<br />

contraire ils font confiance à l’entreprise<br />

pour répondre aux questions du monde et<br />

vivre une aventure collective », souligne<br />

Manuelle Malot.<br />

C’est revigorant pour les écoles : 85,9% se<br />

disent « épanouis professionnellement »<br />

dans leur emploi et encore plus (86,3%)<br />

que leur formation est en « adéquation<br />

avec leurs besoins métiers ».<br />

La rémunération constitue le premier facteur de démotivation<br />

au travail des jeunes diplômé.es<br />

Les objectifs professionnels des jeunes diplômés :<br />

apprendre, se développer et contribuer à la société<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Travaillons autrement ! :<br />

ce que disent les jeunes<br />

Les écoles de management<br />

sont en pleine interrogation<br />

sur les attentes de leurs<br />

diplômés, mais aussi des<br />

professionnels en activité,<br />

vis-à-vis de l’entreprise comme de<br />

leur environnement en formation.<br />

Plusieurs études donnent le ton.<br />

Selon l’étude de l’Edhec « Du campus au<br />

bureau : comment les newgen veulent<br />

apprendre et travailler » le campus et le<br />

bureau sont « plus que jamais devenus les<br />

vecteurs des valeurs, de l’attachement<br />

et de la fidélisation des nouvelles générations<br />

». Le présentiel est aujourd’hui<br />

indispensable pour « tout ce qui n’est<br />

pas écrit dans l’agenda » notamment les<br />

échanges informels, sources de créativité,<br />

d’innovations mais aussi de résolution<br />

de problèmes. Pour près de la moitié<br />

des étudiants interrogés par Skema et<br />

EY, le télétravail n’est « pas adapté pour<br />

un premier emploi » (54%). Selon eux,<br />

le nombre de jours de télétravail idéal<br />

ne devrait pas excéder deux jours (1,7<br />

jours en moyenne). 20% des étudiants<br />

ne veulent avoir aucun jour en télétravail.<br />

Le présentiel sur le campus est également<br />

vu comme au bureau est un « accélérateur<br />

d’expériences, un catalyseur d’efficacité »,<br />

analyse l’Edhec. Ainsi le campus permet<br />

de se former et de s’engager pour ses<br />

convictions grâce à la vie associative.<br />

<strong>Mai</strong>s on attend aussi des bureaux qu’ils<br />

soient vecteurs de développement personnel<br />

pour les collaborateurs et leur<br />

permettent d’avoir un impact sociétal. «<br />

Sans campus, pas de souvenirs d’une<br />

expérience partagée, pas d’esprit de<br />

corps, de fierté de son parcours. Et de<br />

même sans l’ambiance et le collectif vécu<br />

au bureau, il ne peut y avoir d’attachement<br />

à l’entreprise, de fidélité ni d’engagement<br />

fort », établit Manuelle Malot, la directrice<br />

de l’Edhec NewGen Talent Centre.<br />

Dans leur vie professionnelle les jeunes ne<br />

souhaitent pas la disparition des bureaux<br />

mais ils plaident pour des lieux de travail<br />

qui « incarnent l’identité de l’entreprise,<br />

accessibles à volonté, facilitant le dialogue<br />

et avec des espaces hybrides pour<br />

des activités extra professionnelles »,<br />

reprend Manuelle Malot. Qu’il s’agisse<br />

d’apprendre ou de travailler, les jeunes<br />

veulent « vivre une aventure collective ».<br />

Le campus idéal, lieu de vie et de rencontres<br />

autant que d’apprentissages<br />

« préfigure le nouveau rôle du bureau,<br />

véhicule du développement personnel<br />

et du lien social ».<br />

DONNEZ-NOUS DU SENS !<br />

La crise du Covid-19 a ravivé la quête<br />

de sens professionnel. À tel point qu’aujourd’hui,<br />

selon l’enquête menée par la<br />

chaire Impact Positif d’Audencia avec<br />

le site Jobs That Make Sense. c’est une<br />

vraie préoccupation pour 92% des actifs.<br />

4 actifs sur 10 envisageraient ainsi de<br />

« Comment les newgen<br />

veulent apprendre<br />

et travailler »<br />

Le Newgen Talent Centre, le<br />

centre d’expertise de l’Edhec,<br />

publie une étude « Du<br />

campus au bureau : comment<br />

les newgen veulent apprendre<br />

et travailler » consacrée aux<br />

aspirations et comportements<br />

professionnels des nouvelles<br />

générations. L’étude du<br />

NewGen Talent de l’Edhec<br />

a été réalisée sur la base des<br />

résultats de deux enquêtes<br />

(3481 et 2616 répondants)<br />

menées en mai et juin 2022<br />

auprès d’étudiants de grandes<br />

écoles de management.<br />

https://www.edhec.edu/fr/apropos/relations-entreprises/<br />

newgen-talent-centre/<br />

publications-newgen<br />

Priorité au présentiel selon le Newgen Talent Centre de l’Edhec<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Ce qui donne du sens au travail selon l’étude d’Audencia<br />

et Jobs That Make Sense<br />

Le Baromètre Talents<br />

<strong>2023</strong> Skema EY<br />

Mené en septembre<br />

2022 par OpinionWay, le<br />

Baromètre Talents <strong>2023</strong><br />

Skema EY donne la parole<br />

à 1400 étudiants français et<br />

internationaux entre 21 et<br />

25 ans afin de « comprendre<br />

leur état d’esprit vis-à-vis de<br />

leur avenir, leurs attentes en<br />

matière de premier emploi,<br />

de sens au travail et leur<br />

perception des conditions de<br />

travail. Il met également en<br />

lumière leurs aspirations en<br />

matière de Responsabilité<br />

Sociale des Entreprises ».<br />

https://www.ey.com/fr_fr/<br />

news/<strong>2023</strong>/03/barometretalents-<strong>2023</strong>-skema-x-ey<br />

quitter leur emploi actuel au cours des<br />

deux prochaines années pour un emploi<br />

qui « aurait plus de sens ». 81% des<br />

répondants citent « le besoin de cohérence<br />

avec leurs valeurs et convictions<br />

personnelles » comme le principal élément<br />

déclencheur de leur quête de sens.<br />

Dans ce contexte la prise de conscience<br />

de l’urgence écologique ou sociétale est<br />

un curseur important : pour 57% des<br />

répondants ce qui est déterminant dans<br />

la quête de sens c’est la volonté de «<br />

contribuer aux enjeux de la transition<br />

écologique et/ou sociale ». Selon l’étude<br />

de l’Edhec, un étudiants sur deux souhaite<br />

l’enseignement systématique des<br />

thématiques liées aux grands enjeux du<br />

monde dans le contenu de chaque cours<br />

(et même 60% des femmes).<br />

Pouvoir concilier vie professionnelle - vie<br />

personnelle (37% des réponses) et partager<br />

les mêmes valeurs que son organisation<br />

(32%) sont également générateurs<br />

de sens dans la sphère professionnelle<br />

relève l’étude d’Audencia. Ces deux éléments<br />

sont bien plus importants que le<br />

niveau de rémunération : seul 1 répondant<br />

sur 10 déclare que mieux gagner sa vie<br />

donnerait du sens à son travail.<br />

DANS QUELLE ENTREPRISE<br />

S’ÉPANOUIR ?<br />

Toujours selon l’étude d’Audencia, le choix<br />

de l’emploi actuel dépendrait même « plus<br />

du sens du métier que de l’organisation ».<br />

62% des répondants de l’enquête jugent<br />

en effet qu’il n’est pas « nécessaire de<br />

La quête de sens chez les jeunes selon le Baromètre Talents<br />

<strong>2023</strong> Skema EY<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

changer de structure pour trouver du<br />

sens ». En effet, ils sont 58% à considérer<br />

que le sens « dépend plutôt du métier<br />

exercé ». Pour autant, 45% pensent que<br />

le sens au travail ne peut se trouver que<br />

dans des organisations engagées (impact<br />

positif / RSE, ESS, association).<br />

Pour fidéliser leurs collaborateurs et<br />

attirer de nouveaux candidats, les entreprises<br />

et organisations ont donc tout<br />

intérêt à s’engager dans une démarche<br />

RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).<br />

En effet, 58% des répondants<br />

affirment que les entreprises ou organisations<br />

ayant un impact positif sur la société<br />

et/ou la planète sont celles qui « donnent<br />

davantage de sens au travail ». Ce critère<br />

est d’autant plus important pour les 18-<br />

24 ans (65%). Selon l’étude de l’Edhec<br />

ce sont ainsi 73% des jeunes qui jugent<br />

important de « bénéficier d’heures sur<br />

leur temps de travail pour s’occuper d’un<br />

projet à impact sociétal ».<br />

Selon le Baromètre Talents <strong>2023</strong> Skema<br />

EY quand les étudiants définissent un<br />

travail « qui a du sens », la majorité d’entre<br />

eux (61%) mentionnent spontanément un<br />

travail qui « conduit à se sentir motivé et<br />

stimulé par ses missions ». Un travail qui<br />

« permet de s’épanouir professionnellement<br />

» (54%), dans lequel « ils sont en<br />

accord avec leurs convictions » (52%), un<br />

travail « utile pour la société » (51%). Une<br />

quête de sens particulièrement forte chez<br />

les étudiantes françaises : la motivation<br />

et la stimulation par les missions sont<br />

associées à la définition d’un travail «<br />

qui a du sens » par 66% des étudiantes<br />

françaises (contre 55% des étudiants)<br />

pour 52% des étudiants internationaux.<br />

répondants (80%), devant l’intérêt des<br />

missions et des tâches confiées (70%) -<br />

d’autre sur les valeurs de l’entreprise et sa<br />

raison d’être. Ces derniers critères sont<br />

tout aussi importants pour les étudiants<br />

de Skema lors du choix d’une orientation<br />

professionnelle (87% dont 49% déclarent<br />

que cela est prioritaire).<br />

Par ailleurs les étudiants sont globalement<br />

confiants lorsqu’ils pensent à leur entrée<br />

dans le monde professionnel et à leur futur<br />

emploi (80%). Ils appréhendent moins leur<br />

avenir que les étudiants internationaux :<br />

28% seulement sont anxieux en pensant<br />

à leur avenir, contre 35% des étudiants<br />

internationaux.<br />

Ce qu’attendent les jeunes de leur premier emploi<br />

selon le Baromètre Talents <strong>2023</strong> Skema EY<br />

Les transformations managériales que souhaitent les jeunes<br />

selon le Newgen Talent Centre de l’Edhec<br />

CHOIX D’UN EMPLOI : CE QUI FAIT<br />

LA DIFFÉRENCE<br />

Selon le Baromètre Talents <strong>2023</strong> Skema<br />

EY les critères prioritaires au moment de<br />

choisir une orientation professionnelle<br />

reposent d’une part sur le potentiel de<br />

carrière et d’apprentissage - les possibilités<br />

d’évolution de carrière est ainsi le<br />

premier critère jugé prioritaire par les<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Les modalités de travail préférées :<br />

flexibilité et liberté de choix<br />

VIVRE UNE AVENTURE<br />

COLLECTIVE<br />

Comme l’explique Manuelle Malot il n’est<br />

« plus question que le travail engendre<br />

souffrance ou stress, il doit être plaisir<br />

et passion, générer de la confiance, des<br />

compétences et des liens sociaux et<br />

surtout être utile à la société ». Les transformations<br />

managériales plébiscitées par<br />

les jeunes concernent un « management<br />

plus humain, un effort de collaboration et<br />

de cohésion, une révision de l’organisation<br />

de la hiérarchie, la mise en place du mode<br />

projet, l’adaptation des pratiques aux<br />

enjeux sociétaux, un travail plus flexible<br />

et plus libre pour favoriser la créativité,<br />

la capacité d’apprendre ainsi que la prise<br />

de responsabilités des collaborateurs ».<br />

Les jeunes voient la vie associative sur<br />

les campus une « opportunité de développer<br />

d’autres compétences » que<br />

celles enseignées en cours, de s’engager<br />

en accord avec leurs convictions et de<br />

sociabiliser avec d’autres étudiants. Le<br />

campus est également vu comme le lieu<br />

des rencontres avec des professionnels<br />

en activité, des diplômés.<br />

DE NOUVEAUX LIENS, UN<br />

NOUVEAU CONTRAT SOCIAL<br />

80% des étudiants interrogés par l’Edhec<br />

jugent important le travail en auto-management,<br />

« favorisant la responsabilisation<br />

des collaborateurs et l’autonomie totale<br />

dans leurs missions ». Le parallèle est<br />

d’ailleurs de plus en plus évident entre<br />

les rôles de l’enseignant et du manager.<br />

Que l’on apprenne ou que l’on travaille à<br />

distance, les modifications des temps et<br />

lieux de travail « impliquent de nouveaux<br />

liens, un nouveau contrat social, un nouveau<br />

management basé sur la confiance<br />

et l’autonomie ainsi que des pratiques<br />

managériales favorisant l’empowerment ».<br />

Les professeurs comme les managers<br />

sont de moins en moins des figures<br />

d’autorité mais sont perçus comme<br />

« Mieux comprendre la<br />

quête de sens au travail »<br />

L’enquête, plus large dans<br />

son public, d’Audencia et<br />

Jobs That Make Sense,<br />

plateforme d’offres d’emploi<br />

à impact, est parue en mars<br />

2022 sur Mieux comprendre<br />

la quête de sens au travail.<br />

Elle a été réalisée via un<br />

questionnaire en ligne<br />

administré en décembre 2021,<br />

via le site les réseaux sociaux<br />

d’Audencia et le site. 965<br />

personnes y ont répondu :<br />

93% d’actifs (salariés,<br />

entrepreneurs ou en recherche<br />

d’emploi) et 7% d’étudiants.<br />

Au printemps 2022, une<br />

dizaine d’entretiens semidirectifs<br />

ont été organisés<br />

auprès de répondants<br />

au questionnaire.<br />

https://www.calameo.com<br />

/read/0001372062a357<br />

e31934b<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

des transmetteurs de compétences,<br />

de savoir-être et de savoir-penser, des<br />

« développeurs de confiance ». Avec<br />

la dématérialisation de la relation, l’enseignant<br />

comme le manager ne peuvent<br />

plus être ceux qui surveillent (impossible<br />

à distance) mais ceux qui « veillent avec<br />

bienveillance ». Ils doivent à la fois faire<br />

confiance (indispensable à distance)<br />

et donner confiance. Ils ne sont « plus<br />

statut mais inspiration » analyse l’Edhec.<br />

La quasi-totalité des étudiants interrogés<br />

dans le cadre du Baromètre Talents <strong>2023</strong><br />

Skema jugent que leur épanouissement<br />

« passe par une conciliation harmonieuse<br />

entre vie professionnelle et vie<br />

personnelle » (96% dont 59% pour qui<br />

cette affirmation correspond très bien à<br />

leur opinion). Plus d’un tiers d’entre eux<br />

déclarent, que, même en début de carrière,<br />

il est « indispensable de préserver<br />

l’équilibre entre vie professionnelle et vie<br />

personnelle, quitte à progresser moins<br />

vite » (38%). A terme, ils sont 77% à estimer<br />

pouvoir refuser un poste ou le quitter<br />

si « l’équilibre entre vie professionnelle<br />

et vie personnelle n’est pas respecté ».<br />

Donnez-nous de la flexibilité !<br />

Selon l’étude menée par Audencia, les<br />

entreprises doivent mettre l’accent sur<br />

une flexibilité du temps de travail pour<br />

36% des répondants. C’est la troisième<br />

action prioritaire à mettre en place : un<br />

critère particulièrement cité par les 25-<br />

34 ans (44%), qui ont à cœur d’avoir un<br />

bon équilibre vie professionnelle – vie<br />

personnelle à un âge qui rime souvent<br />

avec la parentalité et la gestion d’enfants<br />

jeunes. Ce que confirme l’étude de l’Edhec<br />

dans laquelle 66% des jeunes disent vouloir<br />

des horaires de travail flexibles ou sont<br />

en faveur du travail asynchrone. « Cette<br />

demande d’ultra-flexibilité s’explique par<br />

un besoin très élevé d’individualisation<br />

dans le management et les pratiques de<br />

travail, ce qui s’avère au-delà d’un certain<br />

seuil un véritable paradoxe, l’entreprise<br />

étant par essence un collectif organisé »,<br />

commente Sébastien Tran, directeur général<br />

du Pôle Léonard de Vinci, dans un article<br />

de The Conversation « L’ultra-flexibilité<br />

en entreprise, une attente de plus en plus<br />

forte chez les futurs diplômés » où il revient<br />

sur une étude de la Chaire NEXT portée<br />

par le cabinet de conseil Obea et l’École de<br />

management Léonard de Vinci (EMLV).<br />

Selon les résultats de l’étude, 43% des<br />

étudiants interrogés citent spontanément le<br />

télétravail et la flexibilité lorsqu’ils pensent<br />

au futur du travail. Lorsque les étudiants<br />

ont été interrogés pour savoir l’évolution<br />

de différents items liés au travail entre<br />

2022 et 2030, celui de la flexibilité est celui<br />

qui progresse le plus avec 15 points. <strong>Mai</strong>s<br />

voilà s’inquiète Sébastien Tran, « à partir du<br />

moment où les futurs diplômés demandent<br />

une adaptation très fine du cadre de<br />

travail, des règles de fonctionnement et du<br />

contenu des missions, on peut aboutir à<br />

une désorganisation et des tensions, sans<br />

compter les problématiques de management<br />

intergénérationnel, notamment au sein des<br />

entreprises de taille importante ». A méditer…<br />

Les attentes vis-à-vis du management : transparence,<br />

confiance, protection et reconnaissance<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Fouziya Bouzerda<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE GRENOBLE EM<br />

« Grenoble EM n’est pas une école généraliste,<br />

GEM est une école hyper différenciante »<br />

Elle a pris la direction de Grenoble<br />

EM l’été dernier et doit aujourd’hui<br />

affronter des vents contraires dans<br />

les classements. Pas de quoi atteindre<br />

Fouziya Bouzerda, fermement engagée<br />

dans le renouveau d’une école dont<br />

elle veut réaffirmer les fondamentaux.<br />

Entretien.<br />

Olivier Rollot : Il y a maintenant sept mois que<br />

vous avez pris la direction de Grenoble EM.<br />

Quel bilan pouvez-vous en tirer ? Quels sont<br />

les grands atouts de GEM ?<br />

Fouziya Bouzerda : A Grenoble j’ai découvert une<br />

pépite. Notamment en matière d’innovation. Dans mes<br />

précédentes fonctions, par exemple à la présidence du<br />

Syndicat des transports de l’agglomération lyonnaise,<br />

le Sytral jusqu’en 2020, j’ai pu innover sur des projets.<br />

Grenoble EM repose sur l’innovation permanente.<br />

J’y ai également découvert l’importance cruciale de<br />

la recherche dans une école partenaire et fondatrice<br />

du Campus scientifique Giant avec le CEA, l’université<br />

Grenoble Alpes (UGA)... Une recherche formidable<br />

dans laquelle nous investissons beaucoup et que vient<br />

d’ailleurs de venir évaluer le Hcéres (Haut Conseil de<br />

l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur).<br />

C’est pour nous un moteur qui pourrait être<br />

encore plus audible.<br />

O. R : Comment considérez-vous votre<br />

poste au sein d’une école en miroir avec vos<br />

fonctions précédentes, et notamment à la<br />

tête du Sytral à Lyon ?<br />

F. B : Ma prise de direction de l’école est un parcours<br />

avec la création d’une chaire de transition avec l’Université<br />

Lyon 1 et des responsabilités antérieures sur<br />

l’accompagnement de l’enseignement supérieur lorsque<br />

j’étais vice-présidente de la métropole de Lyon. Le<br />

Sytral, que j’ai dirigé, a également été une expérience<br />

extraordinaire pour gérer le développement du territoire<br />

et de son attractivité avec un milliard d’euros de budget<br />

de fonctionnement annuel et une capacité d’innovation<br />

reconnu (1 er métro automatique dans le monde et<br />

1 ère navette autonome dans un réseau de transport).<br />

Après plusieurs décennies, il arrivait à la fin d’un cycle.<br />

Avec le soutien d’Elisabeth Borne, alors ministre<br />

des Transports, nous en avons fait un établissement<br />

public local dans la loi mobilité. Nous avons également<br />

renouvelé notre flotte de 1 000 bus (électrique, bio GNV,<br />

hydrogène vert). Nous avons élaboré un nouveau plan<br />

de développement des transports à 2040 tous modes<br />

(métro tram câble fluvial) en prenant en compte le<br />

développement des territoires.<br />

Vous parlez de nos atouts. GEM profite également de<br />

la présence tout autour d’elle de pépites industrielles.<br />

Quand on embrasse l’école, on embrasse tout son<br />

territoire. <strong>Mai</strong>s être à Grenoble c’est également être<br />

au cœur d’un territoire proche de la nature et au cœur<br />

des transitions. GEM a au cœur de son ADN une exigence<br />

de durabilité mais est également ouverte, agile<br />

et possède les outils adaptés pour anticiper.<br />

En résumé, je connaissais déjà l’école et aujourd’hui<br />

je suis emballée par tout ce que j’ai découvert. Nous<br />

recevrons les clés de notre nouveau campus de Paris<br />

dans quelques semaines, pour une ouverture en<br />

septembre <strong>2023</strong>. Un double immeuble bas carbone et<br />

arboré qui est dans l’essence de GEM alors que notre<br />

bateau amiral grenoblois ne vieillit absolument pas.<br />

Grenoble EM<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

xxxxxx<br />

Forte d’une culture du privé et du public, de mon<br />

expérience de responsable politique, j’ai le même état<br />

d’esprit pour GEM. GEM doit reprendre son élan et<br />

être plus audible alors que l’enseignement supérieur<br />

vit des bouleversements dont on ne voit encore que<br />

les prémices. Pendant ces premiers six mois, j’ai pu<br />

effectuer une prise de connaissance et renouveler le<br />

Comex avec l’arrivée de personnalités très fortes. Nous<br />

avons aujourd’hui les moyens de nos investissements<br />

et d’un développement serein.<br />

O. R : GEM a perdu des places dans les<br />

classements des médias, notamment dans<br />

celui du Point où elle a perdu cinq places en<br />

un an, et il lui manque 1 000 candidats à la<br />

BCE. Comment analysez-vous ces chiffres ?<br />

F. B : Je l’ai dit : nous devons reprendre notre élan.<br />

L’école n’était pas assez audible. Nous devons mieux<br />

mettre en avant la force de notre corps professoral,<br />

du budget alloué à la recherche, de nos 6 chaires<br />

Grenoble EM<br />

comme la chaire Paix économique labellisée Unesco<br />

depuis février. Nous devons montrer que nous sommes<br />

resté une école pionnière qui a été la première à donner<br />

des ordinateurs à tous ses étudiants, qui a été la<br />

première école à devenir une société à mission, qui<br />

a su développer les cours distanciels en Hyflex et<br />

les donner à toute la communauté des écoles. Nous<br />

avons d’inauguré la 5ème édition d’« éco campus »<br />

avec l’Université Grenoble Alpes, France Université et<br />

la Conférence des Grandes écoles (CGE) et le même<br />

jour nous recevions à l’initiative de nos étudiants des<br />

personnalités engagées, membres de la CEC et du GIEC.<br />

Nous devons redonner à voir tout ce qui se fait à GEM.<br />

Montrer comment GEM porte l’innovation.<br />

O. R : Comment les étudiants réagissent-il à<br />

ces baisses dans les classements ?<br />

F. B : Nous avons eu un temps d’échange stratégique<br />

avec nos étudiants sur les classements et nos atouts.<br />

Nous sommes la première école en termes de transition<br />

et de durabilité mais ce n’est pas suffisamment pris en<br />

compte aujourd’hui dans les classements. De même<br />

notre investissement dans la recherche n’est pas<br />

forcément pris en compte dans les classements. La<br />

richesse de l’école c’est de permettre à ses diplômés<br />

de trouver un emploi épanouissant et impactant. Il<br />

ne faut pas construire son projet uniquement pour<br />

répondre aux classements.<br />

O. R : Au-delà de la notoriété de GEM quels<br />

sujets sont fondamentaux pour vous ?<br />

F. B : Avec l’ensemble des écoles de la Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises de management<br />

(Cdefm) nous soutenons les classes préparatoires.<br />

A titre personnel j’ai été engagée pendant vingt ans<br />

dans le soutien aux talents féminins. C’est un sujet de<br />

fond pour lequel nous ne nous donnons pas bonne<br />

conscience à GEM et qui passe par un travail important<br />

avec les collèges et l’organisation d’un certain nombre<br />

d’interventions et de sensibilisation à l’image de l’action<br />

des Entretiens de l’excellence.<br />

Une avocate à la<br />

tête de GEM<br />

Fouziya Bouzerda a pris la<br />

direction de Grenoble EM<br />

le 1er septembre 2022.<br />

Avocate au barreau de Lyon<br />

depuis 25 ans en droit des<br />

affaires publiques et privées,<br />

Fouziya Bouzerda connait<br />

essentiellement le monde<br />

l’enseignement supérieur pour<br />

avoit enseigné l’urbanisme<br />

à Lyon III et à l’Institut du<br />

droit de l’Environnement<br />

mais n’a jamais exercé<br />

de fonctions de direction<br />

dans un établissement. Elle<br />

a en revanche une vraie<br />

expérience de gestion d’une<br />

entreprise pour avoir présidé<br />

de 2017 à 2020 le SYTRAL,<br />

Syndicat des transports de<br />

l’agglomération lyonnaise.<br />

Également femme politique,<br />

elle a été adjointe au<br />

commerce du maire de<br />

Lyon, Gérard Collomb. En<br />

2020 elle fait même partie<br />

des noms cités pour prendre<br />

sa succession à la mairie<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Grenoble EM s’est faite une<br />

spécialité des serious games<br />

Grenoble EM<br />

O. R : Comment envisagez-vous la suite<br />

de votre action ? Allez-vous présenter<br />

un nouveau plan stratégique ? Où voyezvous<br />

GEM dans cinq ans ? Sur quel<br />

positionnement ?<br />

F. B : Nous avons réactualisé notre plan stratégique<br />

2020-2025 en mettant en avant notre capacité<br />

à développer de nouveaux programmes, par exemple<br />

en data science, à Paris comme à Grenoble. Quand<br />

on est dans l’école depuis vingt ans, il est difficile de<br />

se rendre compte que le langage de l’école s’est dilué.<br />

Il faut le réaffirmer : GEM porte l’innovation comme<br />

aucune autre école. Elle est née comme cela et nous<br />

allons encore le mettre en avant en lançant bientôt un<br />

Institut de l’innovation.<br />

Il faut également montrer à quel point GEM est ancrée<br />

territorialement comme à l’international. Nous devons<br />

repenser l’international en relation avec notre ADN.<br />

Nous avons misé sur la création de parcours transcontinentaux<br />

qui permettent de vivre une véritable<br />

expérience internationale.<br />

Notre proximité avec les entreprises doit également<br />

être renforcée. Nous travaillons avec des entreprises<br />

qui sont des géants internationaux, Schneider, STMicroelectronics,<br />

pour être une solution de co-innovation.<br />

Avec Rossignol, nous venons de développer un outil<br />

pédagogique et d’expérience immersive qui permettra<br />

de se former à la sustainability avec de vrais life cases.<br />

Un enseignement qui pourra être donné à tous nos<br />

étudiants de PGE et apporté à tous nos programmes.<br />

Un autre de nos atouts est la géopolitique que Jean-François<br />

Fiorina avait su développer pour comprendre un<br />

monde hyper connecté. Cela permet à nos étudiants de<br />

lire et comprendre un monde forcément international.<br />

O. R : On entend souvent que Grenoble EM<br />

connait des problèmes financiers ? Où en<br />

êtes-vous ?<br />

F. B : La nouvelle gouvernance de l’école et de la chambre<br />

de commerce et d’industrie soutient parfaitement l’école<br />

et a confiance dans notre capacité à la développer.<br />

Le président de l’école comme le board sont engagés<br />

pour que nous reprenions notre place. Cela suppose<br />

notamment que l’école s’ouvre à son écosystème.<br />

Avec l’université Grenoble Alpes nous pouvons être<br />

plus forts tous ensemble dans le cadre d’une politique<br />

d’hybridation dont nous sommes les pionniers.<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Et pour répondre plus précisément à votre question<br />

nous avons déjà su améliorer significativement les<br />

comptes de l’école en 2022. Nous sommes maintenant<br />

dans un processus d’investissements de 8,2 millions<br />

d’euros en <strong>2023</strong>, notamment pour améliorer nos process<br />

digitaux, créer notre campus virtuel et lancer<br />

notre nouveau campus parisien. Nous sommes dans<br />

une année d’investissement grâce à la mobilisation des<br />

fonds et des financements bancaires.<br />

O. R : Il n’y a pas de plan de départs des<br />

salariés ?<br />

F. B : Il n’y a aucun plan de départ. Il n’y a que des départs<br />

volontaires pour régénérer l’école. Nous sommes<br />

dans une période clé et nous allons faire des choses<br />

extraordinaires.<br />

O. R : Le départ quasiment simultané des<br />

deux dirigeants de l’école l’été 2022 – Loïck<br />

Roche et Jean-François Fiorina – a été<br />

durement ressenti. Est-ce une question<br />

dépassée maintenant ?<br />

F. B : J’avais effectué la transition à la tête de l’école avec<br />

Jean-François Fiorina qui était un grand professionnel<br />

extrêmement lié à l’école. C’est surtout son décès qui a<br />

affecté l’école. Nous avons d’ailleurs rebaptisé de son<br />

nom notre grand amphithéâtre. Un hommage pour les<br />

20 ans de sa vie qu’il a donné à l’école. Ce qui a traumatisé<br />

l’école c’est plus son décès que son départ qui<br />

était bien compris.<br />

O. R : Qu’attendez-vous de la nomination de<br />

Philippe Monin comme directeur académique<br />

de GEM ? Et plus largement des nouvelles<br />

nominations ?<br />

F. B : Philippe Monin est un professionnel reconnu, très<br />

longtemps en poste à Lyon, respecté académiquement.<br />

Il va maintenant apporter un regard transversal sur tous<br />

nos programmes – il a déjà commencé à y apporter des<br />

briques – et redévelopper notre stratégie internationale.<br />

Nous avons également un nouveau directeur des<br />

ressources humaines, Laurent Hanot, qui va travailler<br />

sur des enjeux de dynamique d’épanouissement, et des<br />

recrutements en marketing, communication, etc. Un<br />

nouveau DAF qui va aligner notre stratégie budgétaire.<br />

Le Comex est aligné avec une vraie équipe dynamique<br />

qui comprend également notre doyen, Federico Pigni,<br />

un professeur très reconnu dans les systèmes d’information.<br />

Dans les talents sur lesquels compte l’école, je pourrais<br />

également citer Julie Perrin-Halot qui travaille à la fois<br />

sur les processus d’accréditation et sur la société à<br />

mission et Leonel Lopes en charge de notre stratégie<br />

digitale.<br />

O. R : Une fusion avec une autre business<br />

school n’est donc plus envisageable ?<br />

F. B : C’est un modèle d’il y a dix ans mais ce n’est<br />

pas l’avenir de GEM. Aujourd’hui nous sommes plus<br />

dans des stratégies d’hybridation avec l’université<br />

Grenoble-Alpes ou des rapprochements avec des<br />

écoles d’ingénieurs ou internationales. Grenoble EM<br />

n’est pas une école généraliste, GEM est une école<br />

hyper différenciante : aucune école de commerce ne<br />

nous ressemble. Nous sommes plus en phase avec des<br />

écoles d’ingénieurs pour former des profils hybrides.<br />

Une nouvelle génération digitale qui peut accompagner<br />

les entreprises.<br />

O. R : C’est vraiment l’ADN de GEM que vous<br />

voulez lui redonner ?<br />

F. B : Tout à fait. Il fallait se poser. <strong>Mai</strong>ntenant je suis<br />

dans le développement pour redonner une voix à GEM !<br />

Objectif zéro déchet<br />

pour Grenoble EM<br />

Grenoble EM<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Arts et Métiers<br />

LAURENT<br />

CHAMPANEY<br />

Président de la<br />

Conférence des<br />

Grandes écoles<br />

(CGE) et directeur<br />

des Arts et Métiers<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Laurent Champaney,<br />

le mantra de la recherche appliquée<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Pour<br />

Laurent Champaney<br />

le déclic qui change<br />

une vie s’est produit<br />

en seconde :<br />

« Je n’étais pas<br />

particulièrement<br />

bon élève, au point<br />

que mes parents<br />

avaient envisagé<br />

de m’inscrire<br />

dans l’école<br />

professionnelle<br />

d’EDF. J’ai finalement<br />

choisi une seconde<br />

technique. Mes<br />

rencontres avec<br />

l’acier, la matière,<br />

l’usinage, la fonderie,<br />

m’ont donné envie<br />

de comprendre et<br />

une vraie passion<br />

pour les sciences et<br />

les technologies ».<br />

Une passion qui l’a<br />

amené à la direction<br />

des Arts et Métiers<br />

puis à la présidence<br />

de la Conférence<br />

des Grandes<br />

écoles (CGE).<br />

Une présidence à<br />

laquelle il souhaite<br />

aujourd’hui briguer<br />

un deuxième mandat<br />

à l’occasion du<br />

renouvellement de<br />

ses instances en juin<br />

<strong>2023</strong>.<br />

L’entrée dans la carrière<br />

universitaire<br />

Laurent Champaney poursuit donc<br />

ses études en filière E (remplacée en<br />

1995 par la filière S options sciences<br />

de l’ingénieur) puis par une classe<br />

préparatoire à Angers – sa ville de<br />

naissance – avant d’obtenir un DEA<br />

en mécanique des structures de<br />

l’université Pierre et Marie Curie<br />

(aujourd’hui Sorbonne Université) et<br />

d’intégrer l’ENS Cachan (devenue ENS<br />

Paris-Saclay) : « J’aurais pu entrer aux<br />

Arts et Métiers après ma prépa mais<br />

je pensais déjà à enseigner, à donner<br />

envie aux autres de comprendre le<br />

monde et de le changer. Et être payé<br />

me donnait également une certaine<br />

indépendance ». Et s’il poursuit sa<br />

route universitaire en obtenant une<br />

agrégation puis en doctorat avec<br />

« Une nouvelle approche modulaire<br />

pour l’analyse d’assemblages de<br />

structures tridimensionnelles »<br />

c’est toujours avec une vision très<br />

opérationnelle : « Ce qui me passionne<br />

c’est la recherche appliquée. J’aime<br />

réaliser des choses, bricoler. Je<br />

n’ai jamais vraiment été intéressé<br />

par la partie publication du métier<br />

d’enseignant-chercheur ni pas les<br />

congrès ».<br />

Son premier poste d’enseignant<br />

sera en 1996 de PRAG à l’Université<br />

Versailles Saint-Quentin où il<br />

deviendra ensuite maître de<br />

conférence jusqu’en 2005. Il y<br />

rencontre l’une des femmes qui vont<br />

marquer sa carrière, Raymonde<br />

Drouot, la directrice du département<br />

de mécanique : « J’ai toujours eu<br />

des mentors femmes comme Marie<br />

Reynier, qui a été ma professeure<br />

à Cachan avant de diriger les Arts<br />

et Métiers puis d’être conseillère du<br />

Premier ministre, Edouard Philippe, ou<br />

Claire Dupas qui me confie la direction<br />

du département de génie mécanique<br />

de l’ENS Cachan ». Il y passera sept<br />

ans avant de rejoindre les Arts et<br />

Métiers en 2012.<br />

L’expérience américaine<br />

Sept années ponctuées par un<br />

passage d’un an aux Etats-Unis.<br />

En 2009 Laurent Champaney est<br />

professeur invité à l’université de<br />

Californie à Los Angeles, la très<br />

fameuse UCLA, avec une disponibilité<br />

d’un an : « C’était un projet de<br />

recherche qui n’a pas vu le jour. J’ai<br />

finalement beaucoup enseigné à<br />

des étudiants de troisième année de<br />

bachelor ». Installé à Santa Monica, il y<br />

retrouve un environnement américain<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Arts et Métiers<br />

qu’il connaissait déjà bien pour y avoir<br />

souvent voyagé avec ses parents<br />

dans le cadre d’échanges de maison :<br />

« <strong>Mai</strong>s je n’étais pas pour autant<br />

totalement fluent. J’ai passé beaucoup<br />

de temps à améliorer mon anglais.<br />

Cela a été une superbe expérience<br />

professionnelle ». Aujourd’hui encore il<br />

voyage beaucoup pour « comprendre<br />

les autres ».<br />

Professeur aux Etats-Unis il y<br />

apprécie beaucoup la dynamique,<br />

la fierté d’être étudiant comme<br />

enseignant : « On y retrouve à la fois<br />

un profond respect du professeur<br />

et une certaine proximité. Après<br />

l’examen final j’ai eu beaucoup de<br />

remerciements de mes étudiants, un<br />

peu comme en classe préparatoire<br />

à l’agrégation à l’ENS ». Il y est en<br />

revanche « surpris du caractère<br />

très académique des formations<br />

d’ingénieur » : « Il n’y avait qu’un seul<br />

TP et il consistait, pour des raisons<br />

de sécurité, à seulement regarder un<br />

technicien utiliser une machine ».<br />

De plus les étudiants sont « très<br />

passifs, même en doctorat » : « C’est<br />

aussi pour cela que nos doctorants<br />

sont très appréciés : ils ont une<br />

vraie réflexion ». Aujourd’hui il dit<br />

encore à ses étudiants combien cette<br />

expérience a été « formidable » mais<br />

qu’il ne « faut pas réaliser son PhD<br />

là-bas ».<br />

Déjà père de deux enfants, Laurent<br />

Champaney découvre également ce<br />

qu’est le système éducatif américain :<br />

« Au lycée tout le monde est ensemble<br />

et les professeurs donnent de la fierté<br />

à tout le monde. C’est très agile avec<br />

des professeurs hyper investis ».<br />

Son arrivée aux Arts et Métiers<br />

en 2012<br />

Après trois autres années passées à<br />

l’UVSQ, Laurent Champaney accepte<br />

en 2012 le poste de directeur général<br />

adjoint des Arts et Métiers que lui<br />

conseille de prendre Marie Reynier ?<br />

Arrivé en même temps que le nouveau<br />

directeur, Laurent Carraro, il prendra<br />

sa suite à la direction générale de<br />

l’école en 2017 quand ce dernier<br />

décide de partir après un premier<br />

mandat et lui « tend la perche » pour<br />

lui succéder :« Je ne me sentais pas<br />

encore prêt, je pensais plutôt à la<br />

direction d’une plus petite école, j’avais<br />

déjà répondu à une candidature pour<br />

un poste de directeur général adjoint<br />

à CentraleSupélec mais à attendre le<br />

bon moment on ne fait jamais rien ! »<br />

Et très tôt Laurent Champaney a su<br />

se rendre utile. Président du BDE de<br />

l’ENS, directeur du département de<br />

génie mécanique de l’ENS Cachan,<br />

vice-président de jurys d’agrégation,<br />

président de la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE) depuis<br />

2021, il enchaine les postes et les<br />

responsabilités.<br />

De ses cinq années aux côtés de<br />

Laurent Carraro, parfois difficiles<br />

tant l’opposition entre celui-ci et la<br />

puissante association des anciens fut<br />

frontale, il conserve le souvenir de<br />

« sa capacité à innover » : « Il a mis<br />

l’école dans une bonne dynamique<br />

avec le changement de statut et le<br />

passage à un établissement unique<br />

des huit campus de l’école ». Pendant<br />

ces années Laurent Champaney aura<br />

notamment été à la base de la création<br />

du bachelor des Arts et Métiers,<br />

l’un des tous premiers à voir le jour<br />

dans une école d’ingénieurs, et du<br />

développement de l’apprentissage<br />

qui concerne aujourd’hui 1000 de ses<br />

6000 étudiants.<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Deux mandats à la tête des Arts<br />

et Métiers<br />

Pendant son premier mandat Laurent<br />

Champaney aura ouvert de nombreux<br />

dossiers comme la filialisation des<br />

activités de formation continue, la<br />

restructuration de la pédagogie,<br />

la dynamisation de la recherche<br />

et surtout le retour à une situation<br />

financière saine. <strong>Mai</strong>s en 2022 devaitil<br />

postuler un deuxième mandat ?<br />

« Je me suis posé la question.<br />

J’avais indiqué que je ne ferai pas de<br />

deuxième mandat, qu’après dix ans il<br />

fallait que je pense à changer. Peutêtre<br />

à repartir à l’étranger. <strong>Mai</strong>s le<br />

Covid avait repoussé la conclusion de<br />

nombreux dossiers. Je voulais encore<br />

renouveler la dimension métiers de<br />

l’école, notamment en y ajoutant une<br />

couche digitale, pour réaffirmer notre<br />

identité et réancrer l’école sur ses<br />

fondamentaux, lui donner une fierté.<br />

Il faut également inscrire l’école dans<br />

une politique RSE plus affirmée. J’ai<br />

décidé de rester. »<br />

Cette dimension numérique passe<br />

par le développement d’une Evolutive<br />

Learning Factory, une sorte<br />

d’« usine école évolutive » : « Avec le<br />

développement de l’apprentissage,<br />

il s’agit de transformer notre outil<br />

pratique de formation pour former<br />

plus d’étudiants ». <strong>Mai</strong>s encore faut-il<br />

trouver des moyens comme c’est le<br />

cas pour certains laboratoires de<br />

l’école qui n’ont pas de financement<br />

récurrent tout en demandant des<br />

investissements importants en termes<br />

d’équipements. La solution : « Aller<br />

chercher des financements pour la<br />

formation comme nous le faisons pour<br />

la recherche. Il ne faut pas toujours<br />

tout attendre de l’Etat ». Seulement il<br />

ne faut pas non plus que l’Etat mette<br />

Aux Arts et Métiers l’enseignement passe d’abord par l’expérientiel<br />

des bâtons dans les roues de l’école<br />

comme il l’a fait en bloquant une très<br />

mesurée augmentation des droits de<br />

scolarité en 2021 : « Nous envisagions<br />

une augmentation de 1900€ par an<br />

pour les 80% de nos élèves qui ne<br />

sont pas boursiers, soit un total de<br />

2500€ par an qui nous aurait permis<br />

de dégager chaque année deux<br />

millions d’euros supplémentaires sur<br />

un budget total de 130 millions avec<br />

nos filiales. Une hausse qui nous aurait<br />

mis au même niveau que la plupart<br />

des écoles qui nous précèdent dans<br />

les classements. <strong>Mai</strong>s nous avons<br />

rencontré l’opposition d’un certain<br />

nombre d’étudiants et d’alumni qui<br />

mettaient en avant des questions<br />

d’ascenseur social ».<br />

Le modèle des Arts et Métiers et<br />

des Grandes écoles<br />

Arts et Métiers c’est 11 implantations,<br />

huit campus et trois sites dans toute<br />

la France. Un modèle multisite qui<br />

rapproche l’école des collectivités, un<br />

modèle de formation avec beaucoup<br />

d’équipements qui lui donnent de la<br />

valeur mais… pas toujours assez<br />

de moyens pour se développer :<br />

« Nous sommes persuadés d’être le<br />

modèle utile pour l’industrie. Ce que<br />

nous demandons à l’Etat ce n’est<br />

pas de l’argent mais de l’agilité ».<br />

Un exemple : son corps professoral<br />

spécifique, recruté après une<br />

première carrière dans l’industrie,<br />

est en voie de s’éteindre : « Le plus<br />

jeune a aujourd’hui 53 ans alors que<br />

nous avons besoin de ce type de<br />

profil qui n’entre pas dans les grilles<br />

de la fonction publique ». Pour y<br />

Arts et Métiers<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

Arts et Métiers<br />

Un laboratoire de lasers des Arts et Métiers<br />

remédier l’école fait participer des<br />

enseignants payés par sa filiale<br />

aux enseignements : « Nous avons<br />

besoin de ces enseignants moins<br />

académiques pour délivrer des<br />

cours en formation initiale mais aussi<br />

en apprentissage et en formation<br />

continue ».<br />

A la présidence de la Conférence<br />

des Grandes écoles depuis 2021,<br />

Laurent Champaney y a découvert<br />

d’autres modèles, qui l’ont « aidé à<br />

trouver d’autres façons de faire ».<br />

« Il ne faut pas hésiter à ouvrir plus<br />

de partenariats public – privé comme<br />

à CY Cergy Paris Université ou à<br />

l’université Gustave Eiffel qui se sont<br />

toutes deux rapprochées d’école<br />

d›ingénieurs privées », prône-t-il. A la<br />

CGE il vit une expérience qui « profite<br />

à l’école en termes de visibilité » tout<br />

en lui permettant de faire avancer<br />

les dossiers des Grandes écoles :<br />

« Nous faisons beaucoup de lobbying<br />

parlementaire. Un aspect sur lequel<br />

nous ne communiquons sans doute<br />

pas assez ».<br />

Les « jumeaux numériques »<br />

des Arts et Métiers<br />

« Vous vous déplacez avec<br />

votre GPS : Google Map<br />

est un jumeau du système<br />

routier connecté au réel qui<br />

envoie des informations pour<br />

affiner les calculs et proposer<br />

un meilleur itinéraire. »<br />

C’est ainsi que Laurent<br />

Champaney explique ce que<br />

sont les jumeaux numériques<br />

qui envahissent aujourd’hui<br />

tous les secteurs et pour le<br />

développement desquels son<br />

école a reçu des financements.<br />

Son JENII (Jumeaux<br />

d’Enseignement Numériques<br />

Immersifs et Interactifs)<br />

bénéficie en effet du plus<br />

important budget de l’appel<br />

à manifestations d’intérêt «<br />

Démonstrateurs Numériques<br />

dans l’Enseignement<br />

Supérieur » (DemoES).<br />

« Aujourd’hui quand les<br />

avions sont inspectés<br />

visuellement, les<br />

informations sont envoyées<br />

à leur jumeau numérique.<br />

Un bâtiment neuf possède<br />

son jumeau numérique »,<br />

reprend le directeur. Ces<br />

jumeaux peuvent également<br />

être très réels comme quand<br />

un golfeur est modélisé<br />

en laboratoire pour lui<br />

permettre d’améliorer ses<br />

mouvements tout en évitant<br />

de se blesser : « Avec JENII<br />

nous développons une<br />

pédagogie qui utilise la<br />

technologie des jumeaux<br />

numériques et permet ainsi<br />

de simuler des actions,<br />

dont certaines seraient<br />

dangereuses à mettre en<br />

œuvre réellement ».<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

L’enseignement supérieur<br />

à l’ère ChatGPT<br />

L’enseignement supérieur s’est vu confronté à un nouveau défi début <strong>2023</strong><br />

avec l’arrivée de ChatGPT et des différents outils d’Intelligence artificielle (IA).<br />

Le point sur ses développements les plus récents et un nouveau test<br />

pour comprendre comment ChatGPT s’améliore en permanence.<br />

ChatGPT offre une sorte de miroir<br />

inversé à l’enseignement<br />

supérieur dans sa mission essentielle<br />

: Que vaut la production<br />

de connaissance quand une IA produit<br />

cette connaissance ? Certes ChatGPT<br />

ne produit aujourd’hui que des contenus<br />

écrits relativement basiques – avec encore<br />

pas mal d’erreurs au milieu d’excellentes<br />

démonstrations - mais c’est ceux qu’on<br />

demande essentiellement au lycée et encore<br />

largement dans les premières années<br />

de l’enseignement supérieur. ChatGPT<br />

va-t-il disrupter l’enseignement supérieur<br />

? s’interroge donc le directeur général<br />

du Pôle Léonard de Vinci, Sébastien<br />

Tran qui note que « l’une des forces<br />

de ChatGPT est que ses usages sont<br />

multiples (correction de codes, résumé<br />

d’articles, synthèse sur un sujet, etc.)<br />

et que l’outil est en capacité de donner<br />

clé en main une réponse à une requête<br />

dans un format intelligible, diffusable et<br />

modifiable ».<br />

Même réflexion du côté de Stéphane Justeau,<br />

doyen associé à la pédagogie de<br />

l’Essca, qui estime que « plutôt que de<br />

le fuir, l’ignorer et considérer que les<br />

élèves feront de même, les institutions<br />

d’enseignement doivent rapidement<br />

s’emparer de l’outil au risque de se<br />

faire dépasser, déborder. D’autant plus<br />

que l’outil peut aussi présenter de gros<br />

avantages pour les enseignants et peut<br />

être mis au service de l’apprentissage si<br />

nous l’utilisons judicieusement ».<br />

De nouveaux métiers<br />

Avec la montée en puissance de l’IA la<br />

fonction qui va monter dans les entreprises<br />

est celle de « prompt engineer »,<br />

c’est-à-dire du professionnel qui sait<br />

poser les bonnes questions aux intelligences<br />

artificielles comme l’explique<br />

Alain Goudey, le directeur de la Transformation<br />

digitale de Neoma, dans son article<br />

L’art du prompt ou prompt engineering<br />

dans ChatGPT : « Un prompt, est<br />

la phrase ou la demande que vous envoyez<br />

à un modèle de langage (Large<br />

Language Model ou LLM) pour obtenir<br />

en retour une réponse / un résultat. La<br />

qualité de la réponse dépend en (très)<br />

grande partie de la qualité du prompt<br />

en entrée. Les LLM étant une forme de<br />

réponse statistique contextuelle. C’est là<br />

que l’art du prompt ou prompt engineering<br />

entre en jeu ».<br />

Un « art du prompt » qui va bien évoluer<br />

dans les années à venir. Directeur<br />

de la recherche fondamentale sur l’intelligence<br />

artificielle du groupe Meta,<br />

Yann Le Cun vient de publier Quand la<br />

machine apprend (Odile Jacob Poches,<br />

<strong>2023</strong>). Sur le site Usbek & Rika il explique<br />

que « pour l’instant, avec de tels<br />

modèles, on n’arrive pas à produire de<br />

textes longs et cohérents. Ces systèmes<br />

ne sont pas pilotables : on n’arrive pas<br />

à planifier leurs réponses. Par exemple,<br />

on ne peut pas demander à ChatGPT<br />

de produire un texte qui serait absolument<br />

compréhensible par un enfant de<br />

13 ans. Par ailleurs, les textes produits<br />

par ChatGPT ne sont pas fiables en tant<br />

que sources d’information. Ils sont plutôt<br />

à envisager comme des systèmes d’aide<br />

à la conduite : de la même manière qu’il<br />

convient de garder les mains sur le volant<br />

dans une voiture autonome, il faut<br />

encore «garder les mains sur le clavier»,<br />

si j’ose dire, quand on utilise des outils<br />

comme ChatGPT ».<br />

C’est entre autres pour répondre à<br />

ces nouveaux défis que l’Edhec lance<br />

TechMeUp ! Certified en partenariat avec<br />

Microsoft. Ce programme de formation<br />

100% digital qui vise à « développer,<br />

chez les étudiants, des compétences ainsi<br />

qu’une appétence pour les enjeux de la<br />

data et de l’intelligence artificielle ». A<br />

la rentrée prochaine, les étudiants auront<br />

accès, via une plateforme numérique, à<br />

un socle de connaissances fondamentales<br />

élaboré avec Microsoft, qui leur délivrera<br />

un certificat à l’issue de ce cursus. Cerise<br />

IA sur la gâteau : les étudiants pourront<br />

vivre ainsi une expérience d’apprentissage<br />

complète virtuelle et bénéficier d’un suivi<br />

personnalisé grâce aux conseils de Mia,<br />

run « robot-compagnon » qui les guidera<br />

tout au long de leur cursus.<br />

La question de l’évaluation<br />

En février <strong>2023</strong> ne vingtaine d’étudiants<br />

de l’Université de Strasbourg avaient ainsi<br />

utilisé ChatGPT lors d’un examen en<br />

distanciel. Ils ont dû le repasser en présentiel.<br />

Sciences Po a également interdit<br />

son usage « lors de la production<br />

de travaux écrits ou oraux sous peine<br />

de sanctions qui peuvent aller jusqu’à<br />

l’exclusion de l’établissement voire de<br />

l’enseignement supérieur ». Aux Etats-<br />

Unis il a été établi que ChatGPT aurait<br />

obtenu une note de B à B- à l’examen final<br />

du MBA de Wharton, l’un des meilleurs<br />

au monde. Dans son article Would Chat<br />

GPT Get a Wharton MBA? Le directeur<br />

du Mack Institute de la business school,<br />

Christian Terwiesch évoquait ainsi en<br />

janvier <strong>2023</strong> la « performance académique<br />

» de Chat GPT : « Il fait un travail<br />

incroyable sur les questions de gestion<br />

des opérations de base et d̓analyse<br />

des processus, y compris celles qui<br />

sont basées sur des études de cas. Non<br />

seulement les réponses sont correctes,<br />

mais les explications sont excellentes. »<br />

Ce qui n’empêchait pas des erreurs surprenantes<br />

dans des calculs relativement<br />

simples. <strong>Mai</strong>s surtout ChatGPT n’est<br />

« pas capable de gérer des questions<br />

d̓analyse de processus plus avancées,<br />

même lorsqu̓elles sont basées sur des<br />

modèles assez standard ».<br />

Dans une tribune publiée par Challenges<br />

le directeur de la transformation<br />

digitale d’Excelia, Anthony Hié, en<br />

concluait est que les cela « questionnait<br />

la fiabilité des résultats des évaluations<br />

et les modalités de leur réalisation. De<br />

plus, l’IA, sans intervention humaine<br />

n’est d’aucun secours pour mesurer avec<br />

fiabilité l’acquisition des softskills, pour-<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

tant au cœur même du modèle de formation<br />

des écoles de management. Dans ce<br />

contexte, il est plus que temps de réinterroger<br />

nos modes d’évaluation sous peine<br />

de voir notre système éducatif dépassé ».<br />

Dans ces conditions peut-on encore noter<br />

des devoirs réalisés en dehors d’une salle<br />

de classe ou d’examen, sans contrôle de<br />

l’utilisation d’une IA ? « Le devoir à la<br />

maison doit être pensé différemment. Il<br />

faut évaluer les traces d̓apprentissages,<br />

le cheminement plutôt que le résultat<br />

final, demander des traces orales et de<br />

synthétiser des dossiers documentaires »<br />

analyse Stéphane Justeau qui remarque<br />

aussi que « de grandes université<br />

parlent déjà du retour, pour toutes les<br />

évaluations, du devoir sur table avec<br />

papier et crayon… »<br />

Comment a évolué<br />

ChatGPT depuis son<br />

lancement ?<br />

Début <strong>2023</strong> nous avions une première<br />

fois testé ChatGPT et été parfois stupéfait<br />

par ses réponses. Et notamment<br />

quand nous l’avions interrogé sur<br />

l’Ecole polytechnique où l’IA nous apprenait<br />

que « parmi les anciens élèves<br />

de l’École Polytechnique, citons Louis<br />

Pasteur, l’inventeur de la pasteurisation,<br />

et Marie Curie, la scientifique lauréate<br />

du prix Nobel » ! Lisons les deux réponses<br />

à la même et toute simple question<br />

: « L’école polytechnique » En trois<br />

mois la progression de l’IA est saisissante<br />

et les erreurs ont disparu.<br />

Même chose à la question : « Les universités<br />

françaises ». Le texte va beaucoup<br />

plus loin même s’il n’a pris connaissance<br />

de la création du bachelor universitaire de<br />

technologie (BUT) ChatGPT étant encore<br />

bloqué en 2021.<br />

En revanche sur les Grandes écoles<br />

l’IA n’a toujours pas intégré l’existence<br />

des classes préparatoires et parle d’un<br />

concours d’accès ouvert uniquement après<br />

les études secondaires.<br />

Autre test : à la question « Quand estce<br />

que les engrais ont changé la face du<br />

monde ? » la réponse est spectaculairement<br />

mieux charpentée.<br />

Dernier test : « Écris une dissertation<br />

sur les Etats-Unis et la Russie au XXème<br />

siècle. Avec une introduction ». Là encore<br />

les différences sont patentes. L’IA essaye<br />

d’écrire une dissertation et se risque<br />

à une conclusion pleine de bons sentiments<br />

: « A l’avenir, il est important que<br />

les dirigeants des deux pays cherchent<br />

à renforcer la coopération et à trouver<br />

des solutions pacifiques aux conflits<br />

régionaux afin de promouvoir la paix et<br />

la stabilité dans le monde. »<br />

Question : « L’école<br />

polytechnique » :<br />

En janvier <strong>2023</strong> : « L̓École Polytechnique<br />

est une prestigieuse université publique de<br />

recherche située à Palaiseau, en France.<br />

Fondée en 1794, elle est réputée pour ses<br />

solides programmes en ingénierie et en<br />

sciences. Elle est membre de ParisTech et<br />

de la Compagnie des Ponts et Chaussées.<br />

Parmi les anciens élèves de l̓École Polytechnique,<br />

citons Louis Pasteur, l̓inventeur<br />

de la pasteurisation, et Marie Curie,<br />

la scientifique lauréate du prix Nobel. »<br />

En avril <strong>2023</strong> : « L̓École Polytechnique,<br />

également connue sous le nom de «l̓X»,<br />

est une école d̓ingénieurs française située<br />

à Palaiseau, en banlieue de Paris. Fondée<br />

en 1794 pendant la Révolution française,<br />

elle est l̓une des écoles d̓ingénieurs les<br />

plus prestigieuses de France et du monde.<br />

L’École Polytechnique offre des programmes<br />

de premier cycle et des cycles<br />

supérieurs en ingénierie, en mathématiques,<br />

en informatique, en physique, en<br />

économie et en sciences sociales. Les programmes<br />

sont conçus pour fournir une<br />

éducation de qualité supérieure et interdisciplinaire,<br />

avec une forte orientation sur<br />

les sciences, la technologie et l̓innovation.<br />

L’École Polytechnique est également<br />

connue pour sa recherche de pointe dans<br />

de nombreux domaines, y compris les<br />

mathématiques, la physique, l’informatique,<br />

l’économie et les sciences de la<br />

vie. Les recherches menées à l’École Polytechnique<br />

ont souvent des implications<br />

pratiques et ont conduit à de nombreuses<br />

innovations technologiques importantes.<br />

En plus de son programme académique,<br />

l’École Polytechnique a une forte tradition<br />

militaire. Elle est la seule école d’ingénieurs<br />

française qui a le statut d’établissement<br />

public à caractère scientifique,<br />

culturel et professionnel, ainsi que celui<br />

de Grande École militaire. Les élèves de<br />

l’École Polytechnique suivent une formation<br />

militaire et sont généralement tenus<br />

de servir dans les forces armées françaises<br />

après leur diplôme.<br />

Dans l’ensemble, l’École Polytechnique<br />

est une institution de renommée mondiale,<br />

connue pour son excellence académique,<br />

sa recherche de pointe, son engagement<br />

envers la science et la technologie,<br />

ainsi que pour son héritage militaire et son<br />

prestige culturel. »<br />

Question : « Les universités<br />

françaises »<br />

En janvier <strong>2023</strong> : « Les universités<br />

françaises sont des établissements<br />

d̓enseignement supérieur qui proposent<br />

des programmes de formation<br />

universitaire dans différents domaines.<br />

Il existe de nombreuses universités en<br />

France, réparties sur tout le territoire.<br />

Certaines universités sont spécialisées<br />

dans un domaine particulier, comme les<br />

sciences, les arts, ou les lettres, tandis<br />

que d̓autres proposent une gamme plus<br />

large de programmes de formation. Les<br />

universités françaises sont ouvertes aux<br />

étudiants de tous les pays et offrent un<br />

enseignement de qualité reconnu au<br />

niveau international. »<br />

En avril <strong>2023</strong> : « La France est connue<br />

pour avoir un système d’enseignement<br />

supérieur très développé, avec de nombreuses<br />

universités et écoles offrant une<br />

large gamme de programmes dans de<br />

nombreux domaines différents. Voici un<br />

aperçu des universités françaises :<br />

• Les universités publiques : La France<br />

compte plus de 80 universités publiques<br />

réparties dans tout le pays. Ces universités<br />

offrent une variété de programmes<br />

dans des domaines tels que les sciences,<br />

la technologie, les arts, les sciences humaines<br />

et sociales, la médecine et les<br />

affaires. Les étudiants peuvent obtenir<br />

des diplômes allant du baccalauréat<br />

jusqu’au doctorat.<br />

• Les Grandes Écoles : Les Grandes<br />

Écoles sont des institutions d’enseignement<br />

supérieur qui offrent des programmes<br />

très sélectifs et prestigieux<br />

dans des domaines tels que l’ingénierie,<br />

les affaires, les sciences politiques,<br />

l’administration publique et les arts. Les<br />

Grandes Écoles sont souvent considérées<br />

comme offrant une éducation de<br />

très haute qualité et sont très respectées<br />

en France.<br />

• Les Instituts Universitaires de Technologie<br />

(IUT) : Les IUT sont des établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

qui offrent des programmes de deux<br />

ans axés sur la formation professionnelle<br />

et technique. Les programmes des<br />

IUT sont souvent très spécialisés et préparent<br />

les étudiants à une carrière dans<br />

des domaines tels que l’informatique, la<br />

gestion, la communication, l’ingénierie<br />

et la santé.<br />

• Les écoles supérieures privées : La<br />

France compte également de nombreuses<br />

écoles supérieures privées qui<br />

offrent des programmes dans des do-<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

maines tels que l’administration des affaires,<br />

le marketing, les arts et la mode.<br />

Ces écoles sont souvent très sélectives<br />

et peuvent être coûteuses.<br />

En général, les universités françaises sont<br />

très bien classées au niveau international<br />

et offrent une éducation de qualité<br />

supérieure dans de nombreux domaines<br />

différents. Les étudiants qui souhaitent<br />

étudier en France ont le choix entre de<br />

nombreuses institutions différentes et<br />

peuvent trouver un programme qui répond<br />

à leurs besoins et à leurs intérêts. »<br />

Question : « Décris le système<br />

français des grandes écoles »<br />

En janvier <strong>2023</strong> : « Le système français<br />

des grandes écoles est un système de<br />

formation universitaire de haut niveau en<br />

France. Il comprend un certain nombre<br />

d̓écoles d̓ingénieurs, de commerce et de<br />

management, ainsi que d̓autres écoles<br />

spécialisées dans des domaines tels que<br />

la politique, l̓administration publique<br />

et la santé.<br />

Les grandes écoles sont généralement<br />

reconnues pour leur niveau d’excellence<br />

académique et leur capacité à former<br />

des professionnels hautement qualifiés.<br />

Elles sont très prisées par les étudiants<br />

et les employeurs, car elles offrent souvent<br />

des débouchés professionnels très<br />

prometteurs.<br />

Le système des grandes écoles est<br />

très compétitif et l’admission est souvent<br />

basée sur les résultats du baccalauréat<br />

ainsi que sur des tests et des<br />

entretiens de sélection. Les grandes<br />

écoles sont généralement financées<br />

par l’État, mais certaines peuvent<br />

également être privées. »<br />

En avril <strong>2023</strong> : « Le système français des<br />

Grandes Écoles est un système sélectif<br />

et prestigieux d̓établissements d̓enseignement<br />

supérieur qui offrent des programmes<br />

de haut niveau dans des domaines<br />

tels que l̓ingénierie, les sciences,<br />

l̓économie, la gestion, la politique et les<br />

arts. Ces écoles sont généralement plus<br />

petites que les universités et ont des critères<br />

de sélection très rigoureux pour les<br />

étudiants.<br />

Les Grandes Écoles sont souvent considérées<br />

comme les institutions les plus prestigieuses<br />

et les plus sélectives de l’enseignement<br />

supérieur en France. Elles ont<br />

une forte tradition d’excellence académique<br />

et de recherche, ainsi que des liens<br />

étroits avec l’industrie et les entreprises.<br />

Le processus de sélection pour les<br />

Grandes Écoles est très compétitif. Les<br />

étudiants doivent passer un concours<br />

d’admission très sélectif après avoir terminé<br />

leurs études secondaires. Les étudiants<br />

qui réussissent le concours sont généralement<br />

admis dans l’une des Grandes<br />

Écoles les plus prestigieuses du pays, où<br />

ils suivent un programme d’études intensif<br />

de trois à cinq ans.<br />

Les programmes offerts dans les Grandes<br />

Écoles sont souvent très spécialisés et<br />

axés sur la formation professionnelle.<br />

Les étudiants sont souvent exposés à des<br />

projets pratiques et des stages en entreprise<br />

pour leur permettre de développer<br />

des compétences pratiques et de l’expérience<br />

professionnelle.<br />

Les diplômés des Grandes Écoles sont<br />

très recherchés sur le marché du travail<br />

et occupent souvent des postes de direction<br />

dans des entreprises et des organisations<br />

à travers le monde. Les Grandes<br />

Écoles sont également connues pour leur<br />

réseau d’anciens élèves puissant, qui peut<br />

offrir des avantages professionnels et des<br />

opportunités de réseautage aux diplômés.<br />

En somme, le système français des<br />

Grandes Écoles est un système éducatif<br />

prestigieux et sélectif qui offre une formation<br />

professionnelle de haut niveau dans<br />

de nombreux domaines différents. Bien<br />

que le processus de sélection soit compétitif,<br />

les diplômés des Grandes Écoles<br />

sont hautement valorisés sur le marché<br />

du travail et peuvent bénéficier de nombreux<br />

avantages professionnels tout au<br />

long de leur carrière. »<br />

Question : « Quand est-ce<br />

que les engrais ont changé<br />

la face du monde ? »<br />

En janvier <strong>2023</strong> : « Les engrais ont commencé<br />

à être utilisés de manière significative<br />

dans l̓agriculture au 19ème siècle,<br />

avec l̓invention de la fabrication de l̓engrais<br />

azoté à partir de matières premières<br />

synthétiques. Avant cela, les agriculteurs<br />

utilisaient principalement des méthodes<br />

de rotation des cultures et de fumure pour<br />

maintenir la fertility des sols. L’utilisation<br />

de ces engrais a permis aux agriculteurs<br />

de cultiver des récoltes plus abondantes<br />

sur des terres qui autrement seraient devenues<br />

moins productives à cause de<br />

l’épuisement des nutriments. Cela a eu<br />

un impact important sur l’agriculture et<br />

a contribué à l’expansion de l’agriculture<br />

industrielle et à la croissance de l’agriculture<br />

de grande échelle. Les engrais ont<br />

également joué un rôle important dans la<br />

révolution verte des années 1950 et 1960,<br />

qui a permis de maintenir une croissance<br />

soutenue de la production alimentaire<br />

dans de nombreux pays. »<br />

En avril <strong>2023</strong> : « Les engrais ont eu un<br />

impact important sur l’agriculture et la<br />

production alimentaire dans le monde entier.<br />

L’utilisation généralisée des engrais<br />

a commencé au 20ème siècle, mais il y<br />

34<br />

a eu plusieurs étapes clés qui ont changé<br />

la face du monde.<br />

La première étape a été l’invention du<br />

processus Haber-Bosch en 1909, qui a<br />

permis la production de fertilisants azotés<br />

à grande échelle. Avant cela, les agriculteurs<br />

utilisaient principalement des engrais<br />

organiques comme le fumier pour<br />

nourrir leurs cultures, ce qui était limité<br />

en quantité et souvent coûteux à transporter.<br />

L’invention du processus Haber-Bosch<br />

a permis la production de fertilisants à<br />

base d’azote à grande échelle et a considérablement<br />

augmenté la productivité<br />

des cultures.<br />

La deuxième étape importante a été la<br />

diffusion des engrais chimiques dans les<br />

pays en développement après la Seconde<br />

Guerre mondiale. L’Organisation des Nations<br />

unies pour l’alimentation et l’agriculture<br />

(FAO) et d’autres organisations<br />

internationales ont encouragé l’utilisation<br />

des engrais pour augmenter la production<br />

alimentaire et réduire la pauvreté.<br />

Cela a été connu sous le nom de Révolution<br />

Verte.<br />

La Révolution Verte a permis d’augmenter<br />

considérablement la production alimentaire<br />

dans les pays en développement<br />

et a contribué à réduire la faim et la malnutrition<br />

dans le monde. Cependant, il y<br />

a également eu des critiques sur les effets<br />

environnementaux et sociaux de l’utilisation<br />

excessive d’engrais, comme la pollution<br />

des eaux souterraines et l’appauvrissement<br />

des sols.<br />

En somme, les engrais ont changé la<br />

face du monde en augmentant considérablement<br />

la production alimentaire et en<br />

contribuant à réduire la faim et la malnutrition<br />

dans le monde. Cependant, il est<br />

important de trouver un équilibre entre<br />

l’utilisation des engrais pour maximiser<br />

la production alimentaire et la préservation<br />

de l’environnement et de la santé<br />

humaine. »<br />

Question : « Écris une<br />

dissertation sur les Etats-Unis<br />

et la Russie au XXème siècle.<br />

Avec une introduction »<br />

En janvier <strong>2023</strong> : « Au cours du XXème<br />

siècle, les Etats-Unis et la Russie ont<br />

joué un rôle important sur la scène internationale.<br />

Alors que les Etats-Unis ont<br />

émergé comme une puissance mondiale<br />

dominante, la Russie a connu de profonds<br />

changements politiques et économiques,<br />

passant de l̓Union soviétique à une<br />

économie de marché et une démocratie<br />

pluraliste. Cette dissertation explorera<br />

les similitudes et les différences dans le<br />

parcours des Etats-Unis et de la Russie au<br />

XX ème siècle, et examinera les leçons que<br />

l̓on peut tirer de leur histoire pour l̓avenir.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

MAI <strong>2023</strong> N° 71<br />

I. Les Etats-Unis au XX ème siècle A.<br />

L’émergence des Etats-Unis en tant<br />

que puissance mondiale<br />

• La Première Guerre mondiale et la<br />

déclaration de guerre des Etats-Unis<br />

en 1917<br />

• La Seconde Guerre mondiale et le rôle<br />

des Etats-Unis en tant que leader de<br />

l’Alliance occidentale<br />

• La Guerre froide et le rôle des Etats-<br />

Unis en tant que leader de l’Alliance<br />

atlantique<br />

B. Les défis internes auxquels ont dû<br />

faire face les Etats-Unis au XX ème siècle<br />

• Les mouvements pour les droits civiques<br />

des Afro-Américains et des femmes<br />

• Les tensions entre la droite et la gauche<br />

politiques et le mouvement anti-guerre<br />

du Vietnam<br />

• Les défis économiques et sociaux, tels<br />

que la crise économique de 2008<br />

II. La Russie au XX ème siècle A.<br />

L’histoire de la Russie au XX ème siècle<br />

• La révolution de 1917 et la création de<br />

l’Union soviétique<br />

• La guerre froide et la rivalité avec les<br />

Etats-Unis<br />

• La chute de l’Union soviétique en 1991<br />

et la transition vers une économie de<br />

marché<br />

B. Les défis internes auxquels ont dû<br />

faire face la Russie au XX ème siècle<br />

• Les purges stalinistes et la répression<br />

des opposants politiques<br />

• Les difficultés économiques et sociales<br />

pendant la période soviétique<br />

• Les défis de la transition vers<br />

une économie de marché et de la<br />

construction d’une démocratie pluraliste<br />

III. Comparaison des Etats-Unis et de<br />

la Russie au XX ème siècle<br />

• Les similitudes et les différences dans<br />

leur parcours au XX ème siècle<br />

• Les leçons à tirer de l’histoire de ces<br />

deux pays pour l’avenir. »<br />

En avril <strong>2023</strong> : « Introduction : Au<br />

XX ème siècle, les Etats-Unis et la Russie<br />

ont été des acteurs majeurs de la scène<br />

internationale. Malgré leur position<br />

géographique opposée et leur différence<br />

idéologique, les deux pays ont été<br />

impliqués dans des conflits importants,<br />

notamment pendant la guerre froide.<br />

Cette période de tensions et de rivalités<br />

entre les deux puissances a marqué<br />

l’histoire de l’humanité. Cette dissertation<br />

se concentrera sur les relations entre les<br />

Etats-Unis et la Russie au XX ème siècle, en<br />

explorant les causes et les conséquences<br />

de leur rivalité.<br />

Corps : Au début du XX ème siècle, les<br />

Etats-Unis étaient en pleine expansion<br />

économique et politique, tandis que<br />

Face à l’IA que vont devenir les écoles de codage?<br />

La capacité de ChatGPT à coder pose<br />

une question existentielle aux écoles de<br />

codage qui se sont tellement développé<br />

ces dernières années. A la question<br />

« Les écoles de codage vont-elles disparaitre<br />

avec le développement de l’intelligence<br />

artificielle ? » la réponse de<br />

ChatGPT est… mesurée : « Il est peu<br />

probable que les écoles de codage disparaissent<br />

avec le développement de l̓intelligence<br />

artificielle (IA). En effet, même<br />

si l̓IA peut automatiser certains aspects<br />

du développement de logiciels, elle ne<br />

peut pas remplacer complètement l̓expertise<br />

et les compétences humaines en<br />

matière de codage.<br />

Les écoles de codage ne se concentrent<br />

la Russie faisait face à des difficultés<br />

économiques et sociales importantes.<br />

Cependant, après la Révolution<br />

bolchevique de 1917, la Russie est devenue<br />

un état communiste, tandis que les Etats-<br />

Unis restaient un état capitaliste. Cette<br />

différence idéologique a créé une tension<br />

entre les deux pays qui a duré pendant<br />

des décennies.<br />

Pendant la guerre froide, les Etats-Unis et<br />

la Russie se sont livrés à une course aux<br />

armements, ce qui a entraîné des tensions<br />

politiques et militaires à travers le monde.<br />

Les deux puissances ont soutenu des<br />

régimes alliés dans différentes parties<br />

du monde, et ont souvent été impliquées<br />

dans des conflits régionaux.<br />

Cependant, dans les années 1980, la<br />

détente entre les deux pays a commencé.<br />

Les dirigeants américains et russes ont<br />

engagé des pourparlers pour réduire les<br />

tensions et ont finalement signé des traités<br />

de désarmement nucléaire.<br />

Un exemple de requête sur ChatGPT<br />

pas uniquement sur l’apprentissage des<br />

compétences de base en codage, mais<br />

elles fournissent également une éducation<br />

complète sur les pratiques de développement<br />

logiciel, la résolution de<br />

problèmes, la pensée critique, la collaboration<br />

en équipe et bien plus encore.<br />

Ces compétences ne peuvent pas être entièrement<br />

remplacées par l’IA.<br />

En fin de compte, l’IA peut aider les développeurs<br />

à travailler plus efficacement,<br />

mais elle ne remplacera pas complètement<br />

les écoles de codage. Les écoles de<br />

codage resteront pertinentes pour fournir<br />

une formation pratique et approfondie<br />

aux étudiants qui cherchent à devenir<br />

des développeurs professionnels<br />

compétents. »<br />

Aujourd’hui, les relations entre les Etats-<br />

Unis et la Russie sont tendues une fois de<br />

plus. Les deux pays ont des différences<br />

politiques et économiques importantes,<br />

et sont impliqués dans des conflits<br />

régionaux en Syrie et en Ukraine. Les<br />

sanctions économiques imposées par<br />

les Etats-Unis ont également contribué à<br />

renforcer la rivalité entre les deux pays.<br />

Conclusion : Au XX ème siècle, les<br />

relations entre les Etats-Unis et la Russie<br />

ont été caractérisées par une tension<br />

politique et militaire qui a duré des<br />

décennies. Malgré les efforts de détente<br />

dans les années 1980, les différences<br />

politiques et économiques entre les<br />

deux pays continuent d̓entraver leurs<br />

relations. À l̓avenir, il est important que<br />

les dirigeants des deux pays cherchent<br />

à renforcer la coopération et à trouver<br />

des solutions pacifiques aux conflits<br />

régionaux afin de promouvoir la paix et<br />

la stabilité dans le monde. »<br />

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