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L'Essentiel Prépas - n°72 - Juin 2023

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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N°72 | JUIN <strong>2023</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

PORTRAIT<br />

Alain Fuchs, chercheur manager<br />

du CNRS à PSL<br />

DÉBAT<br />

Où en est le niveau des élèves<br />

français ?<br />

NOMINATION<br />

Léon Laulusa prend la direction<br />

de l’ESCP<br />

Le numérique s’impose<br />

plus que jamais<br />

DANS L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR<br />

APHEC <strong>2023</strong> :<br />

le congrès de la reconquête !


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

ACADÉMIQUE VS.<br />

PROFESSIONNALISANT :<br />

LA TENSION MONTE<br />

Alors qu’on attend la remise du rapport que l’ancien président<br />

de la Fesic (Fédération des établissements d’enseignement<br />

supérieur d’intérêt collectif), Jean-Philippe<br />

Ammeux, doit rendre sur l’enseignement supérieur privé<br />

lucratif à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la<br />

Recherche, les esprits s’échauffent entre tenants d’un enseignement<br />

plutôt académique et partisans du tout professionnalisant.<br />

Après les propositions de Galileo pour Mieux réguler l’enseignement supérieur professionnalisant<br />

c’est toujours dans les Echos que le président de la Conférence des<br />

Grandes écoles, Laurent Champaney, et la présidente de la Conférence des directeurs<br />

des écoles françaises de management (Cdefm), Alice Guilhon, répondent par<br />

un Comment garantir la qualité de l’enseignement supérieur. Le tout alors que<br />

certaines dispositions de loi de 2018 Pour la liberté de choisir son avenir professionnel<br />

peuvent inquiéter tout l’enseignement supérieur…<br />

Les éléments du débat. Dans leurs attendus les deux tribunes se rejoignent sur<br />

un point majeur : il faut mieux réguler l’enseignement supérieur supérieur privé. Mais<br />

alors que les président et vice-président de Galileo, Marc-François Mignot-Mahon et<br />

Martin Hirsch, proposent des mesures assez peu contraignantes tout en affirmant<br />

que « L’enseignement supérieur professionnalisant, en grande partie privé, a besoin<br />

d’une régulation plus forte », Laurent Champaney et Alice Guilhon sont nettement plus<br />

prescriptifs en appelant le MESR à « réguler beaucoup plus la création et le développement<br />

des établissements diESR avec l’octroi d’un visa obligatoire pour tous les établissements<br />

qui prétendent faire de la formation, a fortiori professionnalisante ». Un<br />

visa que les écoles d’ingénieurs aimeraient bien avoir notamment pour échapper aux<br />

fourches caudines d’un RNCP de plus en plus réticent à accorder ses accréditations.<br />

Mais c’est surtout sur la vision de ce que doit être l’enseignement supérieur<br />

que les visions s’opposent frontalement. Là où la direction de Galileo met en<br />

avant la spécificité d’avoir « une majorité de professionnels comme enseignants »,<br />

Laurent Champaney et Alice Guilhon défendent la nécessité d’avoir « un corps enseignant<br />

constitué majoritairement de professeurs permanents, spécialistes en pédagogie<br />

et chercheurs dans leur domaine d’expertise ». Et ils insistent : « Pour les<br />

diplômés, être formés uniquement par des<br />

professionnels du secteur, donc à l’utilisation<br />

des techniques d’aujourd’hui, n’est malheureusement<br />

pas suffisant pour les préparer<br />

aux métiers de demain car il est indispensable<br />

qu’ils développent leur esprit critique et leur<br />

capacité d’apprendre à apprendre ».<br />

Plus qu’une opposition sémantique, deux visions<br />

de l’enseignement supérieur qui s’opposent.<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

4 • Un nouveau directeur pour l’ESCP<br />

6 • L’EM Normandie ouvre un campus à Boston<br />

7 • Classements des classements » :<br />

le verdict final<br />

11 • Challenge IMT : ingénieurs<br />

et managers ensemble pour la victoire<br />

12 • Excelia s’engage avec Les Ateliers du Futur<br />

13 • Parcoursup <strong>2023</strong> : où se sont inscrits les<br />

candidats ?<br />

14 • Concours d’éloquence de La Sorbonne :<br />

liberté, je clame ton nom<br />

PUBLI-INFORMATION<br />

8 • TBS Éducation s’engage et engage<br />

ses étudiants !<br />

19 • La technologie est et restera au service<br />

de la pédagogie<br />

REPORTAGE<br />

15 • APHEC <strong>2023</strong> : le congrès de la reconquête !<br />

DOSSIER<br />

22 • Le numérique s’impose plus que jamais dans<br />

l’enseignement supérieur<br />

PORTRAIT<br />

32 • Alain Fuchs : chercheur manager,<br />

du CNRS à PSL<br />

DÉBAT<br />

36 • Où en est le niveau des élèves français ?<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse / olo. éditions<br />

Photo de couverture : O. R


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Un nouveau directeur pour l’ESCP<br />

Le 31 mai <strong>2023</strong> conseil d’administration de ESCP<br />

a décidé à l’unanimité de nommer Léon Laulusa<br />

directeur général de ESCP, fonction qu’il occupait<br />

par intérim depuis le 28 février dernier après le<br />

départ de Frank Bournois.<br />

Léon Laulusa est professeur permanent de ESCP depuis<br />

2005 et y enseigne la comptabilité financière et le<br />

contrôle de gestion. Titulaire de l’Habilitation à Diriger<br />

des Recherches (HDR), docteur en Sciences de gestion<br />

de l’université Paris-Dauphine et expert-comptable<br />

diplômé, de nationalité française et d’origine sino-laotienne,<br />

Léon Laulusa débute sa carrière dans plusieurs<br />

sociétés internationales d’audit et de conseil où il a exercé<br />

des fonctions managériales et de direction avant de<br />

rejoindre le monde académique.<br />

Depuis 2013, il a successivement occupé les fonctions de<br />

directeur académique adjoint chargé du développement<br />

international, de directeur des relations internationales<br />

et membre du comité exécutif (dont il fait partie depuis<br />

2014), de directeur académique et des relations internationales<br />

depuis 2017, de directeur général adjoint chargé<br />

des affaires académiques et internationales en 2018,<br />

puis de directeur général délégué depuis le 1er janvier<br />

2022, ayant notamment pour responsabilité de mettre<br />

en œuvre la stratégie Choix et Expériences. En janvier<br />

<strong>2023</strong>, Léon Laulusa a également pris la Direction du<br />

campus parisien de l’école, avec comme responsabilité<br />

de superviser le déménagement prévu sur le site de<br />

Champerret en septembre <strong>2023</strong> et la rénovation des<br />

locaux historiques de l’avenue de la République à Paris.<br />

Transition<br />

à Rennes SB<br />

Jean Audouard a été nommé directeur<br />

général de transition de Rennes School<br />

of Business le 15 mai dernier et succède<br />

ainsi pour une période encore indéterminée<br />

à Thomas Froehlicher.<br />

Bon connaisseur de l’univers des écoles,<br />

Jean Audouard fut directeur de l’ESC de<br />

2004 à 2014 puis de nouveau de 2017 à<br />

2020 après un passage au sein du groupe<br />

IGS. Titulaire d’un DEA en Économie publique<br />

de Paris I, Jean Audouard débute<br />

sa carrière comme conseiller au sein du<br />

cabinet du ministre de la Santé. Il rejoint<br />

ensuite le groupe BP France pendant dix<br />

ans. Après avoir été chercheur au Centre<br />

d’études industrielles de l’Université Paris<br />

1, et enseignant en économie, littérature et<br />

management dans cette même Université<br />

et au sein de grandes écoles dont l’ESCP,<br />

il intègre l’ESCE en 1995 et en prend la<br />

direction générale en 2004.<br />

Stéphan Bourcieu signifie<br />

son amour pour Lyon<br />

En 2013 l’ESC Dijon s’installe à Lyon.<br />

Neuf ans plus tard le nouveau plan stratégique<br />

de celle qui est devenur BSB, Up<br />

2027, passe essentiellement par son développement<br />

dans la capitale des Gaules.<br />

« Nous avions 214 étudiants à Lyon en<br />

2018 et plus de 800 aujourd’hui. Notre<br />

futur campus de 10 000 m 2 pourrait accueillir<br />

2 500 étudiants en 2025. Nous<br />

souhaitons ainsi devenir la deuxième<br />

grande école de management lyonnaise »,<br />

se projette Stéphan Bourcieu.<br />

S’il n’est pas né à Lyon, Stéphan Bourcieu<br />

ne s’en sent pas moins profondément<br />

lyonnais. Il le démontre en publiant début<br />

<strong>2023</strong> un livre intitulé « J’ai toujours<br />

préféré la rue Edouard Herriot » qui<br />

nous fait découvrir sa passion pour les<br />

rues et les lieux lyonnais. Car si ce n’est<br />

qu’à 17 ans qu’il s’installe enfin à Lyon,<br />

c’est une ville qu’il connaissait déjà très<br />

bien grâce à un grand oncle lyonnais,<br />

chez lequel il se rendait un dimanche<br />

sur deux. « J’ai mis un peu de moi dans<br />

chaque chapitre. Un peu comme pour<br />

les tribunes que j’écris ce sont des chapitres<br />

courts qui font plonger le lecteur<br />

dans des situations que j’ai vécues ». Jugez-en<br />

: « J’ai toujours préféré le «pot de<br />

côtes» aux grands crus », « J’ai toujours<br />

préféré la Part-Dieu à la Confluence »,<br />

« J’ai toujours préféré l’université Jean<br />

Moulin à l’université Lumière »… autant<br />

de petites histoires très joliment racontées.<br />

Avant peut-être un nouveau livre,<br />

consacré encore une fois à une ville « incroyable<br />

» et qui pourrait bien s’appeler<br />

« L’incroyable Lyon ».<br />

« J’ai toujours préféré la rue Edouard<br />

Herriot », éditions Baudelaire, 112 pages,<br />

13€ broché, 9,90€ en e-book.<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

L’EM Normandie ouvre<br />

un campus à Boston<br />

Après Oxford, Dublin et Dubaï, Elian Pilvin, le<br />

directeur général de l’EM Normandie, Elian<br />

Pilvin, parlait depuis longtemps d’implanter<br />

son école « aux Amériques » mais on imaginait<br />

plutôt que ce serait en Amérique Latine. À l’occasion d’un<br />

déplacement aux côtés d’Edouard Philippe, le maire<br />

du Havre, il a finalement opté pour un partenariat<br />

renforcé avec UMass Boston College of Management<br />

(UMB-CM) sur le campus duquel l’école implantera son<br />

propre campus. L’EM Normandie USA accueillera ses<br />

premiers étudiants, du BBA de l’EM Normandie, en<br />

septembre 2025. À plus long terme, seront développé<br />

des programmes communs de niveau Master sur<br />

la thématique de la logistique, Supply chain, et de<br />

la RSE. « Cette alliance stratégique dans une ville<br />

monde portuaire, avec un écosystème intellectuel<br />

riche est le pendant sur la côte Est américaine de<br />

notre campus d’Oxford. Nous nous réjouissons de<br />

rejoindre une université aussi prestigieuse, accréditée<br />

AACSB, en phase avec notre philosophie School for<br />

good » , explique Elian Pilvin.<br />

EN BREF<br />

Du 2 au 14 juillet <strong>2023</strong>,<br />

l’EM Normandie organise<br />

pour la deuxième fois<br />

un séjour linguistique pour<br />

des lycéens sur son campus<br />

d’Oxford. Associant<br />

excursions culturelles,<br />

activités touristiques et<br />

programme pédagogique ,<br />

ce séjour permettra aux<br />

participants « d’améliorer leur<br />

expression et compréhension<br />

orales et écrites, tout en<br />

leur faisant vivre une<br />

aventure humaine, ludique<br />

et divertissante ».<br />

BSB, c’est gratuit pour les boursiers !<br />

BSB a décidé pour les concours <strong>2023</strong> de<br />

déployer un dispositif inédit : le PRO-<br />

GRAMME UP 2027. Celui-ci permettra<br />

à 100% des candidats boursiers CROUS<br />

du concours BCE de se voir offrir leur<br />

première année de scolarité. Avec l’année<br />

de pré-Master offerte grâce au PRO-<br />

GRAMME UP 2027, l’étudiant boursier<br />

de BSB n’aura ainsi pas à financer l’intégralité<br />

de son cursus s’il choisit l’alternance<br />

en Master 1 et 2. « Convaincue de<br />

la pertinence et de la richesse que représente<br />

la classe préparatoire, un modèle<br />

d’excellence privilégié pour l’étudiant et<br />

formidable rampe de lancement vers une<br />

grande école de management », BSB soutient<br />

également ainsi les élèves de classes<br />

préparatoires.<br />

xxxxx<br />

RSE + à l’ESC<br />

Clermont<br />

L’ESC Clermont Business<br />

School « s’engage dans<br />

la transformation pour<br />

un monde meilleur » en<br />

transformant notamment<br />

l’actuelle direction<br />

RSE en direction de la<br />

Transformation Socio-<br />

Écologique (TSE). « En<br />

créant cette direction de la<br />

Transition Socio-Écologique,<br />

l’ESC Clermont BS souhaite<br />

entrer dans une démarche<br />

d’amélioration continue et<br />

dynamique de son activité, en<br />

vue d’atteindre la neutralité<br />

carbone à l’horizon 2027 »,<br />

explique Robin Jund,<br />

directeur de la TSE.<br />

Une direction qui<br />

s’impliquera dans la<br />

valorisation de la biodiversité,<br />

l’alimentation responsable,<br />

la sobriété énergétique,<br />

mais aussi dans des<br />

problématiques sociales<br />

comme la modification des<br />

conditions de travail, des<br />

emplois, la prise en compte<br />

des difficultés chez les<br />

étudiants/collaborateurs, la<br />

qualité de vie au travail, etc.<br />

La neutralité carbone<br />

devrait ainsi être atteinte<br />

en 2027 avec la réalisation<br />

d’un premier bilan<br />

carbone avant fin <strong>2023</strong><br />

pour définir une stratégie<br />

bas carbone réinterrogée<br />

annuellement (réfection<br />

du bâtiment, politique<br />

d’achats responsables,<br />

recyclage, tri, audit<br />

énergétique, déplacements<br />

des populations, alimentation<br />

local et responsable, etc.).<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

« Classements des classements » :<br />

le verdict final<br />

« C’est le petit dernier à être publié chaque année<br />

et, pour la deuxième fois, Le Parisien dissocie<br />

ses classements des écoles post prépas et<br />

postbac. Dans la première catégorie il rend<br />

une carte conforme aux autres classements avec une<br />

prééminence de l’Edhec sur emlyon, ex-aequo avec<br />

Skema. Comme pour Le Point et Challenges Rennes<br />

SB est classée dans ou tout près du top 10 quand Le<br />

Figaro et l’Etudiant l’avaient reléguée à la 17ème place.<br />

Voilà qui nous permet également de clôturer notre<br />

Classement des classements 2022-23.<br />

EN BREF<br />

• Le secrétaire général pour<br />

l’investissement, Bruno<br />

Bonnell, s’est rendu de 22<br />

mai à Grenoble EM pour<br />

rencontrer partenaires<br />

académiques et industriels,<br />

étudiants et collaborateurs<br />

de l’école afin de partager<br />

avec eux le programme<br />

du plan France 2030.<br />

• Le programme Grande<br />

Ecole d’Audencia permet<br />

d’obtenir 5 des 7 modules<br />

du Diplôme Supérieur<br />

de Comptabilité et de<br />

Gestion (DSCG). L’école a<br />

renouvelé ses équivalences<br />

maximales pour ces unités<br />

d’enseignement. Elle<br />

accompagne également les<br />

étudiants dans la préparation<br />

des deux derniers modules.<br />

SKEMA lance son podcast<br />

et relance la pop culture<br />

SKEMA lance son podcast de marque,<br />

« Makes Sense? » (Amazon Music, Apple<br />

Podcasts, Deezer, Spotify...), pour « explorer<br />

les questions de société » en version<br />

pop culture. Une pop culture qui « offre<br />

la possibilité d’illustrer très facilement un<br />

sujet a priori complexe » Du management<br />

au droit en passant par le marketing<br />

ou la finance, les professeurs et experts<br />

de la communauté SKEMA vont éclairer<br />

les enjeux de société à la lumière d’un<br />

élément de pop culture qui nous réunit<br />

tous : un film, un événement, une œuvre<br />

d’art, une tendance, un super-héros… ou<br />

un super-vilain. Le premier épisode met<br />

en effet à l’honneur l’expertise d’un professeur<br />

de droit de façon décalée en posant<br />

la question que « personne ne s’est jamais<br />

posée » : « Dark Vador aurait-il pu invoquer<br />

la légitime défense ? ».<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

TBS Éducation s’engage<br />

et engage ses étudiants !<br />

TBS Education, devenu Société à Mission, intègre pleinement au cœur de sa pédagogie<br />

les questions sociétales et environnementales, y compris dans son Programme Grande École.<br />

Chaque année, TBS Éducation intensifie l’intégration<br />

des questions de développement<br />

durable et de responsabilité sociétale des<br />

entreprises dans tous ses programmes de<br />

formation dont le Programme Grande École. L’objectif<br />

est de préparer les étudiants à devenir des acteurs<br />

du changement, des managers visionnaires et responsables,<br />

capables de relever les défis majeurs auxquels<br />

notre société et notre environnement sont confrontés.<br />

Dans cette perspective, deux nouveaux modules sur le<br />

développement durable et la responsabilité sociétale<br />

des entreprises ont été ajoutés en L3 pour la rentrée<br />

<strong>2023</strong>. Les étudiants sont amenés à se spécialiser<br />

dans des domaines liés à ces enjeux lors de leurs deux<br />

premières années. L’école accompagne également les<br />

projets à impact des étudiants et les associations qui<br />

souhaitent travailler sur ces questions. Car, quelles<br />

que soient les spécialisations choisies, rejoindre le<br />

Programme Grande École de TBS Éducation c’est<br />

pouvoir construire son propre parcours inspirant,<br />

expérimenter des pratiques pédagogiques innovantes,<br />

nourrir sa créativité, développer son leadership.<br />

TBS Éducation, dispensent des conférences alliant<br />

le management et les sciences humaines et sociales.<br />

Une semaine pour amener les étudiants à réfléchir sur<br />

l’importance de la recherche, sa finalité et comment<br />

ils peuvent en tirer parti.<br />

Ces trois temps forts représentent une partie de l’expérience<br />

pédagogiques proposée au sein du Programme<br />

Grande École. Afin de permettre à chaque étudiant de<br />

s’épanouir et d’étudier dans des conditions optimales,<br />

le dispositif «Jeune actif et passionné» offre la possi-<br />

Première année : les fondamentaux<br />

Du point de vue académique, la première année du<br />

Programme Grande École est un mix unique de formation<br />

académique et d’apprentissage par projets.<br />

L’accent est mis à la fois sur l’acquisition des fondamentaux<br />

en management, la découverte des métiers<br />

et le développement des soft skills, notamment<br />

l’intelligence collective. Au cœur de cette première<br />

année, l’apprentissage par l’expérience ou «learning<br />

by doing», s’articule autour de trois temps forts : les<br />

WINS (Workshops INspirants, INnovants, INclusifs et<br />

Solidaires), la Semaine des Humanités et le séminaire<br />

d’innovations entrepreneuriales (SEMIS). En ligne de<br />

mire, le développement de la capacité des étudiants à<br />

sortir du cadre, à travailler en équipe et à développer<br />

leur esprit d’innovation. Une volonté également d’encourager<br />

leur esprit critique et de stimuler leur capacité<br />

d’analyse, notamment au travers de la Semaine des<br />

humanités durant laquelle les enseignants chercheurs<br />

de l’école, garants de l’excellence académique de<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

bilité de concentrer les cours sur des demi-journées,<br />

laissant du temps libre pour un emploi ou tout autre<br />

engagement associatif. Les associations de TBS Éducation<br />

contribuent à cette ambition en permettant à<br />

chacun de s’épanouir, tant dans ses passions que<br />

dans ses aspirations professionnelles. Véritables<br />

espaces d’échange, de partage et d’expériences professionnalisantes,<br />

elles couvrent une trentaine de<br />

domaines différents tels que le sport, l’humanitaire,<br />

l’art et la culture... avec de nombreux succès à leur<br />

actif. Le 6 avril, les Assises Nationales Étudiantes<br />

du Développement Durable (ANEDD) organisées par<br />

les associations B3D et PRISM, ont ainsi remporté le<br />

Trophée des Campus Responsables Francophones<br />

dans la catégorie Implication des étudiants ! et sont<br />

désormais en lice pour la finale des Green Gown Award<br />

<strong>2023</strong>. ESCadrille la junior entreprise de TBS Éducation<br />

a quant à elle a reçu à nouveau en <strong>2023</strong> le titre de Most<br />

sustainable junior entreprise en Europe.<br />

M1 : sensibilisation, alternance<br />

et international<br />

La deuxième année du Programme Grande École<br />

marque une étape cruciale dans la personnalisation<br />

du parcours de chaque étudiant. En fonction de leur<br />

choix de parcours, les étudiants rejoignent l’un des<br />

campus de TBS Éducation : Toulouse, Paris, Barcelone<br />

ou Casablanca. Au cours du premier semestre, tous<br />

suivent des cours renforcés axés sur les fondamentaux<br />

du management. Ils choisissent également l’une<br />

des neuf «sensibilisations métiers» proposées. Audit,<br />

marketing, conseil… l’idée est de donner la possibilité à<br />

chacun de continuer à tester son projet professionnel.<br />

Ces sensibilisations métiers ne préfigurent pas les<br />

spécialisations qui pourront être choisies en M2 et<br />

constituent plutôt des opportunités supplémentaires<br />

d’ouverture et d’exploration. Le certificat d’excellence<br />

Climate Action Program offre pour sa part la possibilité<br />

d’aller au-delà de ce qui est proposé dans le socle<br />

commun sur la prise en compte des enjeux climatiques<br />

dans les entreprises.<br />

Au cours du second semestre, chaque étudiant, en<br />

fonction de son choix de parcours, choisit l’alternance,<br />

de rejoindre le campus de Barcelone, ou encore s’envole<br />

vers l’une des 150 universités partenaires de TBS<br />

Éducation partout dans le monde. Ces semestres thématiques<br />

à l’étranger sont de véritables parenthèses<br />

permettant de découvrir une nouvelle culture, une<br />

autre approche pédagogique et de se constituer un<br />

réseau international. Ils offrent également la possibilité<br />

d’approfondir certains sujets avant de prendre une<br />

décision définitive de spécialisation en M2, « comme<br />

à Barcelone avec le semestre dédié au sustainable<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

management que nous venons de créer et qui rencontre<br />

déjà un beau succès avec soixante inscrits », pointe<br />

Anne Rivière. Pour ceux qui font le choix de rester<br />

en France, c’est l’international qui vient à eux avec<br />

la présence sur cette période de nombreux visiting<br />

professors, des enseignants chercheurs d’institutions<br />

partenaires. Pour rappel, la dimension internationale<br />

est inscrite au cœur du cursus avec la possibilité de<br />

suivre l’intégralité des cours en anglais en L3 et M1<br />

via le English Track ainsi que dans de nombreux MSc<br />

de Master 2.<br />

Et pour ceux qui veulent disposer d’une année complète<br />

pour poursuivre un projet personnel, humanitaire,<br />

entrepreneurial ou rejoindre l’une des universités<br />

partenaires pour des semestres complémentaires,<br />

une année de césure est réalisable entre le M1et le M2<br />

et même dès le second semestre de M1.<br />

M2 : spécialisation et immersion<br />

professionnelle<br />

L’enjeu de la dernière année de M2 est de faire de<br />

chaque étudiant un manager expert et opérationnel<br />

dès la sortie de l’école. À la fin de leur cursus, 100<br />

% des étudiants obtiendront un double diplôme : le<br />

Master du Programme Grande École et un deuxième<br />

diplôme parmi plus de 100 possibilités. On y retrouve<br />

les 28 Master of Sciences proposés sur l’un des quatre<br />

campus de l’école (dont plus de la moitié accessible en<br />

alternance), des diplômes ingénieurs – manager avec<br />

l’une des écoles françaises partenaires telles que l’INSA,<br />

l’ENAC ou encore Science Po, et aussi des diplômes<br />

délivrés par une université partenaire à l’international.<br />

Année de spécialisation par excellence, ce M2 offre un<br />

éventail de choix extrêmement riche en permettant à<br />

chacun soit d’approfondir sa « sensibilisation métier »<br />

de M1, soit de s’orienter sur d’autres thématiques. Les<br />

enseignements sont pilotés par des enseignants chercheurs<br />

spécialisés dans leur discipline et garants de<br />

la pertinence des contenus. Les enseignements sont<br />

en outre enrichis par la participation d’intervenants<br />

issus de cabinets, d’entreprises partenaires et/ou<br />

d’alumni, qui partagent les pratiques professionnelles<br />

les plus récentes.<br />

Un Séminaire d’Études Stratégiques Appliquées au<br />

Management des Entreprises (SESAME) durant lequel<br />

les étudiants prennent le rôle de consultant, un stage<br />

de 6 mois en France ou à l’étranger et la rédaction<br />

d’un mémoire viennent conclure cette dernière année.<br />

L’occasion pour les étudiants de démontrer une dernière<br />

fois leur expertise dans un domaine spécifique et de<br />

consolider leur parcours académique.<br />

Un engagement sociétal et environnemental<br />

plébiscité par les étudiants<br />

Selon l’enquête Happy At School <strong>2023</strong><br />

menée auprès des étudiantes et des<br />

étudiants de TBS Éducation : 90,8 % d’entre<br />

eux perçoivent l’école comme engagée<br />

dans une démarche environnementale<br />

responsable, 87,9% estiment qu’elle cherche<br />

à développer un réseau d’entreprises<br />

partenaires qui souhaitent avoir un impact<br />

positif sur l’environnement et/ou la société<br />

et 81,1 % qu’elle reflète la diversité de la<br />

société dans laquelle nous vivons. En<br />

mettant le bien être pédagogique au cœur<br />

de son modèle d’école, TBS Éducation s’est<br />

engagée à préparer les étudiants à devenir<br />

des acteurs ouverts et éclairés dans leur vie<br />

professionnelle et personnelle. Ces résultats<br />

confirment et valident les efforts déployés<br />

par l’école pour créer un environnement<br />

inclusif et responsable, en accord avec<br />

les attentes des étudiants et la société<br />

dans laquelle ils sont appelés à évoluer.<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Challenge IMT : ingénieurs<br />

et managers ensemble pour la victoire<br />

«<br />

J<br />

’avais participé à un hackathon début avril<br />

et y avais gagné un prix, mais le jury m’avait<br />

reproché une approche trop technique et pas<br />

assez business. Là tout s’est bien mieux passé. »<br />

Sourire timide aux lèvres et premier prix sous le bras,<br />

Jean-Baptiste Col fait partie de l’équipe vainqueure du<br />

Challenge Projets d’Entreprendre. Organisé par IMT<br />

Starter, l’incubateur commun aux trois écoles de l’Institut<br />

Mines-Télécom (IMT) à Evry, ce challenge étudiant réunit<br />

chaque année deux écoles d’ingénieurs et une école de<br />

management - Télécom SudParis, l’ENSIIE et l’Institut<br />

Mines-Télécom Business School – au sein d’équipes<br />

mixtes. « J’ai été bluffé par la qualité des présentations<br />

de candidats qui ont fait preuve de proactivité face<br />

à des problèmes clients en proposant des solutions<br />

concrètes et innovantes », s’enthousiasme Sébastien<br />

Cauwet, directeur de l’incubateur IMT Starter.<br />

Une semaine de travail. Du 21 au 28 avril dernier pour<br />

sa 23ème édition le challenge a réuni 480 étudiants de<br />

2ème année répartis en 86 équipes mixtes, ingénieurs<br />

et managers, qui ont rivalisé d’inventivité durant une<br />

semaine afin de proposer leur projet de création d’entreprise<br />

numérique. Rythmées par 220 conférences,<br />

ateliers, interviews et séances de coaching par équipes,<br />

ces journées ont permis à des étudiants survitaminés<br />

d’exprimer leur créativité tout en profitant des synergies<br />

permises par les spécificités respective de leur école.<br />

Après un premier tour permettant à chaque équipe de<br />

présenter son projet, six d’entre-elles ont été qualifiées<br />

pour la finale du vendredi face à un jury constitué de 8<br />

enseignants-chercheurs ou partenaires industriels. A<br />

la clef, 7 000€ de gains à se partager et surtout une<br />

graine d’entrepreneuriat à germer.<br />

« Au moins 4 des 6 projets finalistes sont animés par<br />

la volonté de monter leur boîte », confie un participant.<br />

De « Blockshell », grand gagnant de cette édition qui<br />

propose un gestionnaire de mots de passe issu d’une<br />

solution Blockchain à « Eco Sépulture », un processus<br />

de recyclage de pierres tombales, les équipes n’ont pas<br />

manqué de créativité au point de rendre la décision<br />

finale difficile. « Chaque projet a reçu au moins un vote,<br />

cela a été difficile à trancher », confie le directeur de<br />

l’IMT Starter.<br />

Fruit d’une hybridation qui fait la spécificité du<br />

campus, les équipes finalistes ont su concilier ce<br />

qu’ils ont appris dans les deux formations ; sachant<br />

aussi bien développer l’aspect technique derrière le<br />

produit que développer un business plan cohérent.<br />

« C’est pour ça que j’ai voulu venir à l’IMT BS, je suis un<br />

touche à tout et j’avais besoin de voir l’aspect technique<br />

tout au long de mon cursus », affirme un autre étudiant<br />

qui souhaite s’orienter vers un métier de data engineer<br />

avant de concéder, l’œil taquin, « même si parfois ils (les<br />

ingénieurs) peuvent parfois être un peu trop technique ».<br />

Au-delà de l’apprentissage à travailler en mode projet et<br />

en équipes mixtes, ressort avant tout de cet évènement<br />

la possibilité de resserrer les liens entre les trois écoles.<br />

« Nous partageons beaucoup de choses sur le campus,<br />

mais ce challenge est l’occasion de pouvoir produire quelque<br />

chose ensemble », explique une étudiante de l’ENSIIE.<br />

La proximité entre l’école de management de groupe<br />

IMT et les écoles d’ingénieurs n’est pas nouvelle.<br />

Originellement fondées afin de former les managers<br />

et ingénieurs de France Telecom, la business school<br />

et Télécom SudParis font depuis 1979 de l’hybridation<br />

leur marque de fabrique. Écosystème pensé à dessein,<br />

les locaux d’Evry reflètent ce mélange culturel :<br />

sur le campus cohabitent, du postbac au doctorat, 1<br />

300 étudiants en management et plus de 1 000 futurs<br />

ingénieurs, partageant salles de cours et lieux d’habitat.<br />

Clément Lenglet<br />

Les grands gagnants<br />

du Challenge IMT <strong>2023</strong> /<br />

Un diplôme au cœur<br />

de l’hybridation<br />

Comme le rappelait Odile<br />

Gauthier, la directrice<br />

générale de l’Institut Mines<br />

Télécom (IMT), dans un<br />

entretien récent à l’Essentiel<br />

du Sup, l’une des forces de<br />

l’IMT se trouve en effet<br />

dans le management global<br />

des technologies : « Nous<br />

délivrons des compétences<br />

spécifiques sur le numérique<br />

– 5G, data, régulation des<br />

plateformes, souveraineté<br />

numérique, etc. – mais<br />

aussi sur la responsabilité<br />

sociale et environnementale<br />

(RSE) – économie<br />

circulaire, transformations<br />

environnementale des<br />

entreprises, etc. – qui<br />

sont pleinement intégrées<br />

dans nos communautés<br />

scientifiques ».<br />

C. L<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Excelia s’engage avec<br />

Les Ateliers du Futur<br />

Spécialisée dans l’optimisation des trajectoires<br />

de décarbonation des entreprises, l’ONG Les<br />

Ateliers du Futur apporte aujourd’hui son<br />

savoir-faire à Excelia pour « renforcer son<br />

positionnement d’acteur de référence national et international<br />

et son exemplarité en matière de transition<br />

environnementale et sociale ». Sont déjà en cours du<br />

côté d’Excelia la mise en place d’un plan de mobilité́<br />

douce pour ses salariés, de mesures de tri ou encore<br />

le verdissement des campus, à l’instar du nouveau<br />

campus certifié BEE (Bâtiment Énergie Environnement)<br />

qui ouvrira à Tours en 2024. « La stratégie déployée<br />

par Excelia en matière de transition écologique et<br />

sociale est ambitieuse. Le volet décarbonation en<br />

est une composante essentielle. Aujourd’hui, nous<br />

franchissons une nouvelle étape, en déployant un<br />

plan d’actions inédit dans l’enseignement supérieur.<br />

Il vise à ancrer la culture de la décarbonation dans<br />

toutes les strates de notre organisation et auprès de<br />

toutes nos parties prenantes. Dans cette perspective,<br />

l’expertise et l’engagement des dirigeants des Ateliers<br />

du Futur sont non seulement inspirants mais surtout,<br />

nous feront gagner un temps précieux pour atteindre<br />

des résultats tangibles », définit Bruno Neil, le directeur<br />

général Excelia.<br />

Dans le cadre de ce partenariat avec Les Ateliers du<br />

Futur l’équipe dirigeante et managériale d’Excelia sera<br />

formée aux leviers de décarbonation de l’économie en<br />

général et aux bonnes pratiques de décarbonation. Une<br />

communauté de champions sera identifiée et formée<br />

pour animer l’initiative de décarbonation à tous les<br />

niveaux. Les salariés du groupe bénéficieront d’ateliers<br />

de sensibilisation et de modules micro-learning.<br />

Les enseignants-chercheurs bénéficieront quant à<br />

eux dès ce mois de mai d’une formation approfondie,<br />

pour les plus généralistes d’entre eux, ou de contenus<br />

pédagogiques centrés sur les solutions de décarbonation<br />

pour les plus engagés dans le développement<br />

durable. Les Ateliers du Futur apporteront également<br />

aux enseignants un soutien à l’ingénierie des cours, dans<br />

le but « d’identifier, avec eux, au sein des différentes<br />

matières, les principales briques de connaissances<br />

et d’expériences nécessaires à l’élaboration des stratégies<br />

de décarbonation ». « Nous avons été séduits<br />

par l’ambition d’Excelia de devenir une référence sur le<br />

management des trajectoires de transformation environnementales<br />

et sociales. Particulièrement dans le<br />

champ de la décarbonation car c’est le levier le plus<br />

important pour l’atteinte de résultats dans les entreprises<br />

mais aussi le moins maîtrisé. C’est ajouter une<br />

contrainte budgétaire spécifique CO2 à toutes les autres :<br />

RH, capital... Néanmoins, pour une entreprise qui veut<br />

faire du développement durable son socle fondateur, la<br />

décarbonation est la grande initiative à développer »,<br />

spécifie Thierry Langreney, le président des Ateliers<br />

Du Futur.<br />

Ces actions permettront également de mettre en œuvre<br />

un parcours de formation augmenté sur la thématique<br />

de la décarbonation, pour les étudiants. De contenus de<br />

micro-learning seront également mis à leur disposition.<br />

Pour favoriser la transparence des entreprises sur<br />

leur impact climat, Les Ateliers du Futur ont publié<br />

leur 1 er palmarès des trajectoires de décarbonation<br />

des entreprises du CAC40.<br />

Les étudiants d’Excelia BS profitent<br />

d’un écosystème exceptionnel<br />

Un séjour à l’étranger<br />

dès la 1ère année<br />

du PGE à MBS<br />

En échange auprès de l’une<br />

de ses 190 universités<br />

partenaires, lors d’un stage<br />

professionnel à l’étranger, au<br />

sein du cursus anglophone ou<br />

dans le cadre d’un échange<br />

double-diplômant : MBS<br />

offrira à la rentrée <strong>2023</strong><br />

d’effectuer un échange<br />

académique à l’étranger<br />

dès le second semestre<br />

de la première année du<br />

Programme Grande Ecole.<br />

Une trentaine de places<br />

sont disponibles dans une<br />

quinzaine d’universités<br />

réparties dans 10 pays, pour<br />

cette promotion pilote qui<br />

devra avant le 31 août avoir<br />

validé le score minimal<br />

de l’IELTS requis par<br />

l’université partenaire choisie.<br />

Excelia BS<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Parcoursup <strong>2023</strong> :<br />

où se sont inscrits les candidats ?<br />

La seconde étape de Parcoursup permettant<br />

aux candidats de finaliser leur dossier et de<br />

confirmer leurs vœux s’est achevée jeudi 6 avril<br />

<strong>2023</strong>. Entre 2022 et <strong>2023</strong>, la part des élèves<br />

postulant également en CPGE a augmenté de 3,7 points<br />

sur les listes des candidats ayant fait au moins un vœu<br />

en école de commerce.<br />

Au total, 917 000 candidats ont confirmé au moins un<br />

vœu d’orientation dans l’enseignement supérieur, soit<br />

une baisse de 2% par rapport à l’année dernière. Une<br />

baisse qui ne se retrouve pas dans les vœux qui sont<br />

en hausse de 2%. Dans leur ensemble, les candidats ont<br />

confirmé près de 11,8 millions de vœux et sous-vœux<br />

pour des formations sous statut étudiant. S’agissant<br />

des formations en apprentissage, elles sont plus nombreuses<br />

à être proposées sur la plateforme (8 900) et<br />

leur attractivité se poursuit : 210 000 candidats ont déjà<br />

confirmé plus de 1,1 million de vœux pour ces formations<br />

alors que les candidatures restent possibles jusqu’au<br />

12 septembre <strong>2023</strong>.<br />

Qui sont les candidats ? Parmi ces candidats, les<br />

plus nombreux sont les lycéens préparant le bac<br />

français (scolarisés en France et à l’étranger) : ils<br />

sont 629 000, un chiffre en progression de 1,1% par<br />

rapport à 2022. On compte également 163 000 étudiants<br />

qui souhaitent se réorienter en première année ou qui<br />

formulent des vœux par précaution en attendant leurs<br />

résultats de fin d’année. Un public en forte baisse : - 12,1<br />

% par rapport à 2022.<br />

• la licence est toujours la formation la plus représentée<br />

dans ces listes de vœux, avec en moyenne<br />

34,5% de celles-ci (y compris 3,6% en L.AS), mais<br />

en légère baisse ;<br />

• suivent les formations courtes, BTS (28,1%) et BUT<br />

(10,7%) ;<br />

• les CPGE (6,4%) sont en légère hausse (+0,4 point)<br />

et sont presque à 10% (9,8% très exactement soit<br />

une hausse de 0,5 point) dans les vœux des élèves<br />

en bac général.<br />

Liste de candidatures - Choix de filières de formations<br />

des candidats, selon la série de terminale (en %)<br />

Proportions de candidats selon les voeux émis<br />

et choix complémentaires<br />

Parmi les autres candidats, on en retrouve 87 000<br />

ayant un projet de reprise d’études, dont 56 500 se<br />

sont également intéressés à l’offre de formation professionnelle<br />

proposée via le module Parcours+, et 34 500<br />

candidats (lycéens et étudiants) suivant une scolarité<br />

non française à l’étranger (ces lycéens et étudiants<br />

n’ont pas ou ne préparent pas le bac français).<br />

Où se sont inscrits les lycéens ? Le Système d’information<br />

et études statistiques (SIES) publie une note<br />

consacrée aux choix des 611 000 lycéens de terminale.<br />

Parcoursup <strong>2023</strong> Les vœux des lycéens à l’entrée<br />

dans l’enseignement supérieur montre que, pour<br />

l’ensemble des terminales, la structure des vœux<br />

confirmés évolue peu :<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Concours d’éloquence de La<br />

Sorbonne : liberté, je clame ton nom<br />

« Ce que représentent et permettent les Universités,<br />

c’est la liberté de penser, la liber-<br />

en sincérité, dans leur prise de parole face à autrui ».<br />

de grands timides qui cherchent à gagner en assurance, Un concours<br />

en deux temps<br />

té de s’exprimer, la liberté d’agir, la liberté Elle estime par ailleurs que cet art oratoire permet aux<br />

de débattre, la liberté de confronter des membres de son association de construire leur pensée<br />

opinions, la liberté de recherche. » C’est ainsi que plus rapidement à l’oral, de verbaliser de manière plus<br />

Christine Neau-Leduc, la présidente de l’Université fluide, de dompter l’adrénaline du moment avant de<br />

Paris 1 Panthéon-Sorbonne, introduit ainsi la finale conclure, dans une comparaison plus qu’appropriée<br />

du 5ème concours international d’éloquence de l’établissement<br />

qui a eu lieu le 23 mai dernier au Panthéon. comme un sport » !<br />

à la vue des performances, que « l’éloquence est<br />

Une anaphore inspirée qui réaffirme bien les valeurs<br />

des établissements supérieurs tout en donnant le ton<br />

d’une soirée placée sous le thème de la liberté.<br />

La liberté à l’honneur. Quel meilleur endroit pour<br />

disserter de liberté que le Panthéon ? Dans un transept<br />

de la nécropole érigée aux grands Hommes, au-dessus<br />

des dernières demeures de Curie, Hugo et Voltaire,<br />

chacun des 8 finalistes put à son tour partager ses<br />

combats et sa vision de cette valeur phare de la devise<br />

française. Issus de toutes les filières de l’université, il<br />

leur incombait la lourde tâche de convaincre et persuader<br />

un jury composé de 8 membres et marrainé<br />

par Zabou Breitman, comédienne et réalisatrice, afin<br />

de remporter l’un des 4 prix en jeu.<br />

La soirée mit la jeunesse à l’honneur. Sachant faire osciller<br />

la salle entre rire cristallin et introspection, parfois<br />

tout feu tout flammes mais le Verbe toujours haut et le<br />

mot juste, ils démontrèrent tous une maturité oratoire<br />

impressionnante qui fit, selon leur propre confession,<br />

pâlir certains membres du jury. L’une d’entre-eux,<br />

Noémie Ollivier, présidente de l’association étudiante<br />

d’éloquence Révolte-toi Sorbonne, confie « le niveau<br />

des candidats a énormément augmenté entre la demi<br />

et la finale » avant d’enchaîner « ce ne fut que du plaisir<br />

de faire partie du jury ».<br />

Chaque duel vit en effet se succéder les styles, de<br />

Titouan Roig et son humour décapant qui nous narra<br />

ses problèmes de la veille, une douche bouchée qu’il<br />

libéra à coup de Destop et de ventouse dans une grande<br />

métaphore de la liberté trouvant toujours son chemin, à<br />

Hayat Mekki la voix chaude et posée remontant sous le<br />

dôme avant d’éclater dans un écho qui tint l’assemblée<br />

en haleine.<br />

Mais si les styles d’éloquence varient, les personnalités<br />

semblent plus figées. D’après Noémie Ollivier, une<br />

constante : « les membres de l’éloquence sont souvent<br />

« L’éloquence, c’est d’abord la sincérité » Bien plus<br />

personnels, les éloges de la 2ème partie permirent<br />

aux finalistes de mettre à l’honneur un fragment d’eux,<br />

oscillant entre légèreté et sérieux. Et avec quelle emphase<br />

! Ludovica Actis, Italienne à l’accent marqué<br />

sur les fameux « e » en fin de phrase, s’amusa ainsi à<br />

traiter de la relation des Italiens avec le retard avec un<br />

éloge des 5 minutes espiègle - dans un style rappelant<br />

furieusement Raymond Devos et Gainsbourg et le « rien »<br />

qui leur était cher. Cette performance joua des sens<br />

propres et figurés, mais aussi du débit de parole, afin<br />

de dilater le temps… en 5 minutes.<br />

Dans un genre plus engagé, Hayat Mekki et Ryan Laloyer<br />

furent plébiscités par un public extatique en s’attaquant<br />

à l’intolérance envers les croyances religieuses ou aux<br />

orientations sexuelles, prônant ainsi la tolérance envers<br />

autrui devant un membre du jury qui en fit le combat de<br />

sa vie – Richard Malka, avocat renommé<br />

pour sa lutte aux côtés de Charlie Hebdo.<br />

En décernant l’un des prix de la soirée,<br />

celui-ci rappela les mots de son regretté<br />

mentor George Kiejman, ancien ministre<br />

et avocat, qui lui rappelait sans cesse<br />

« l’éloquence, c’est d’abord la sincérité »<br />

Et lui de poursuivre « et en réalité, ce n’est<br />

rien d’autre que cela ». Ce mantra guida<br />

sûrement le choix du jury lors de la remise<br />

du Grand Prix Paris 1 Panthéon-Sorbonne<br />

à Ryan Laloyer par la marraine de cette<br />

édition, Zabou Breitman. Celle-ci justifia<br />

ce choix par « une façon de se faire<br />

entendre et faire entendre sa pensée »<br />

avant de conclure « il s’est passé quelque<br />

chose ce soir ».<br />

Clément Lenglet<br />

Le concours est divisé<br />

en deux temps ; les duels<br />

sur des thèmes prédéfinis<br />

laissant place aux éloges<br />

librement choisis. Chaque<br />

prise de parole est limitée<br />

à 5 minutes, chronomètre<br />

à l’appui. De Delacroix à<br />

Eluard en passant par la<br />

reine des neiges, les duels<br />

référencés se succédèrent :<br />

« La liberté guide-t-elle le<br />

peuple ? » « Suis-je né pour<br />

te connaître, liberté ? »,<br />

« Libérée, délivrée ? »,<br />

« La liberté peut-elle<br />

dépasser ses limites ? ».<br />

14<br />

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPORTAGE<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

APHEC <strong>2023</strong> :<br />

le congrès de la reconquête !<br />

Après une année 2022-<strong>2023</strong> riche en rebondissements, les professeurs de classes<br />

préparatoires économiques et commerciales générales (ECG) membres de l’Association<br />

des professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC)<br />

se retrouvaient dans les locaux de Montpellier BS les 9 et 10 juin pour leur congrès annuel.<br />

Après une forte baisse des effectifs en 2021 et une<br />

réforme avortée en <strong>2023</strong> faute de consensus<br />

les questions restent nombreuses : Réformer<br />

les prépas ECG ? Oui mais comment ne pas<br />

rendre la filière encore plus compliquée ? Quelle place<br />

pour les mathématiques ? Et surtout comment amorcer<br />

la reconquête des effectifs… « L’année passée a été<br />

très tendue, parfois conflictuelle suite à la baisse des<br />

inscriptions de 2021 qu’a entrainé la réforme du lycée »,<br />

introduit le président de l’APHEC, Alain Joyeux, qui regrette<br />

notamment que « les effectifs d’élèves suivant<br />

un enseignement en mathématiques aient baissé de<br />

40% pesant ainsi sur notre vivier ». De plus cette baisse<br />

touche particulièrement des filles, ce qui entraine une<br />

baisse des inscriptions quatre fois supérieures chez<br />

elles que chez les garçons, remettant ainsi en cause<br />

une parité qui a toujours été l’un des points forts des<br />

classes préparatoires ECG.<br />

Une réforme rejetée<br />

Avec ce constat un comité de suivi de la réforme qui a<br />

conduit à la création des classes préparatoires ECG<br />

s’est réuni toute une partie de l’année. Sans parvenir<br />

à un accord entre toutes les parties. « La réforme<br />

proposée par l’Inspection générale – qui parlait de<br />

«scénario retenu», c’était très clair, il n’y avait plus de<br />

discussion possible - conduisait à augmenter encore le<br />

nombre d’heures de cours en deuxième année. Il faut au<br />

contraire améliorer l’expérience étudiante », dénonce<br />

Alain Joyeux, constatant également une « volonté de<br />

tout fondre en une seule voie, encore une fois à l’encontre<br />

de la diversité désirée et de ce qui se passe<br />

dans d’autres filières ». Au contraire l’Aphec proposait<br />

de créer deux filières distinctes pour drainer un plus<br />

large nombre d’élèves. Résultat la très grande majorité<br />

des professeurs s’est opposée à un projet de réforme<br />

finalement abandonné.<br />

Les CPES des<br />

concurrentes ?<br />

Il y a aujourd’hui 800<br />

élèves en CPES (cycles<br />

pluridisciplinaires d’études<br />

supérieures) pour 80 000<br />

en CPGE. Et elles sont<br />

plutôt scientifiques qu’en<br />

management. « Difficile<br />

de comprendre ce que<br />

font les CPES qui sont<br />

toutes différentes. Tout<br />

ce que nous savons c’est<br />

qu’elles sont extrêmement<br />

couteuses avec un manque<br />

de cadrage national qui nous<br />

rend perplexe », comment<br />

Christine Pires. « C’est une<br />

nouvelle offre qui ne doit<br />

pas concurrencer les prépas<br />

mais amener aux universités<br />

de bons étudiants amenés<br />

à faire de la recherche<br />

nous dit le MESR »,<br />

conclut Alain Joyeux.<br />

Bruno Ducasse, le directeur général de MBS, accueille le président de l’Aphec, Alain Joyeux,<br />

et ses deux vice-présidentes, Christine Pires et Véronique Bonnet.<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPORTAGE<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Pour autant Alain Joyeux n’est pas partisan du statu<br />

quo : « Nous sommes convaincus que des évolutions<br />

sont nécessaires mais sans casses ce qui fonctionne<br />

bien. Nous sommes dans la réalité, pas dans notre<br />

bulle ! ». « Nous ne sommes pas dans l’obstruction.<br />

Nous sommes conscients des ajustements nécessaires.<br />

Depuis 30 ans nous avons beaucoup évolué. Oui à<br />

l’évolution, non à la révolution ! », conclut Christine<br />

Pires, vice-présidente de l’Aphec.<br />

Une étude pour mesurer une perte<br />

d’attractivité<br />

Tout un travail qui se fait en adéquation avec les Grandes<br />

écoles. « Le ministère est plutôt d’accord pour écouter<br />

des propositions communes des écoles et des professeurs<br />

», se projette Alain Joyeux qui constate que « le<br />

dialogue a repris de façon très constructive avec la<br />

Conférence des directeurs des écoles françaises de<br />

management (Cdefm) avec une vraie volonté d’avancer ».<br />

La Cdefm vient justement de faire réaliser une étude<br />

expliquant les raisons de la perte d’attractivité des<br />

classes préparatoires. « Celle-ci met particulièrement<br />

en exergue la différence que soulignent les jeunes entre<br />

«effort» et «sacrifice» », souligne Christine Pires. « Les<br />

jeunes ne veulent plus arrêter la danse classique ou<br />

le sport pour réussir leur prépa. Le problème est de<br />

trouver un équilibre pour conserver notre excellence »,<br />

réagit Alain Joyeux.<br />

Dans cet esprit la question du niveau en mathématiques<br />

reste centrale alors qu’aujourd’hui il est difficile pour<br />

des élèves n’ayant suivi que l’option « mathématiques<br />

complémentaires » de suivre l’enseignement de mathématiques<br />

actuel des classes préparatoires ECG.<br />

« De plus nous ignorons les évolutions que va amener<br />

l’entrée des mathématiques dans le tronc commun »,<br />

signifie Christine Pires.<br />

Les atouts des classes préparatoires<br />

Du côté des atouts, l’étude menée pour la Cdefm met<br />

particulièrement en avant la présence dans les classes<br />

préparatoires d’un « groupe classe rassurant qui permet<br />

de se surpasser ». Véronique Bonnet, vice-présidente de<br />

l’Aphec et professeure de philosophie au lycée Jeanson<br />

de Sailly à Paris, dénonce justement les évolutions d’un<br />

enseignement supérieur qui va contre les enseignements<br />

des neurosciences avec, par exemple, l’abandon du<br />

« format classe » qui existe de moins en moins au lycée<br />

avec la réforme Blanquer et n’existe pas à l’université :<br />

« Le format classe optimise les relations entre les pairs,<br />

élèves comme professeurs, et la formation que nous<br />

offrons devient ainsi de plus en plus rare et désirable.<br />

Nous sommes en quelque sorte des pionniers même<br />

si nous racines sont profondes ». Et d’insister : « En<br />

classes préparatoires nous échappons aux silos ».<br />

L’Aphec reprend aujourd’hui quelques points saillants<br />

de cette étude que sont des relations accrues avec les<br />

entreprises dès les années prépa mais aussi un meilleur<br />

continuum CPGE/ Grandes écoles. « Les élèves veulent<br />

une formation en 3+2 avec une rupture moins nette<br />

entre le classe préparatoire et l’école et une meilleure<br />

signification de la fin du cycle de trois ans », insiste<br />

Christine Pires, qui évoque également une « formation<br />

«premium» de l’enseignement à mettre en avant ». En<br />

revanche l’hypothèse d’obtenir le grade de licence en<br />

L3 semble abandonnée. « Sur ce sujet le mot qui me<br />

vient à l’esprit est résignation », regrette Alain Joyeux.<br />

Le bilan 2022-<strong>2023</strong><br />

« Les effectifs en classes préparatoires<br />

aux grandes écoles de nouveau en baisse<br />

à la rentrée 2022-<strong>2023</strong> », titrait le SIES du<br />

ministère de l’Education nationale et de<br />

la jeunesse (MENJ) dans sa note publiée<br />

en février <strong>2023</strong> qui établit que la baisse<br />

du nombre d’élèves est, pour la deuxième<br />

année consécutive, de 2,6% qui touchait<br />

les deux années de formation : - 3,8%<br />

en 2nde année et -1,5% en 1ère année.<br />

Si la chute avait touché essentiellement les<br />

classe préparatoires EC en 2021, la baisse<br />

continue donc en première année et touchait<br />

aussi bien filières scientifiques (-3,2%)<br />

qu’économiques et commerciales (-2,9%),<br />

les femmes (-3,4%) comme les hommes<br />

(-2,1%). La filière littéraire est la seule qui ne<br />

voit pas son effectif diminuer à la rentrée<br />

2022 puisqu’elle progresse de 0,2%.<br />

Des stages pour<br />

se rapprocher des<br />

entreprises<br />

Un certain nombre de lycées<br />

proposent aujourd’hui un<br />

stage en entreprise en fin de<br />

première année. « Il ne s’agit<br />

en aucune façon de faire<br />

ce que font les écoles après<br />

mais d’ouvrir des fenêtres sur<br />

l’entreprise et nos étudiants<br />

l’apprécient beaucoup »,<br />

commente Alain Joyeux<br />

qui souhaiterait que ces<br />

stages soient « systématisés<br />

à l’échelle nationale ».<br />

Le nombre de nouveaux entrants fléchit<br />

légèrement par rapport à la rentrée<br />

précédente (-1,4% soit une baisse de 600<br />

étudiants), sans pour autant égaler la baisse<br />

du nombre de bacheliers généraux observée<br />

à la session de juin 2022 (-3,4%). Ce taux<br />

de diminution des nouveaux entrants se<br />

retrouve uniquement en filière scientifique<br />

(-3,5% et 900 étudiants de moins) alors que<br />

la filière ECG connait une légère hausse.<br />

C’est une conséquence immédiate de la<br />

réforme du bac et de la baisse du nombre de<br />

filles inscrites en spécialité mathématiques<br />

en terminale. Dans les classes préparatoires<br />

EC la baisse est principalement due à<br />

celle du nombre d’inscrites dans cette<br />

filière (510 étudiantes de moins, soit une<br />

baisse de 5,5%), le nombre d’hommes<br />

inscrits restant stable (-0,2%).<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPORTAGE<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Enseignant à la fois en classe préparatoire et en école, Frédéric Munier évoquait avec un panel d’étudiants et de responsables<br />

académiques de MBS les différences dans l’enseignement entre les classes préparatoires et les écoles de management.<br />

Le concours <strong>2023</strong><br />

s’est bien passé !<br />

La première année des<br />

nouveaux concours s’est bien<br />

déroulée. « Il n’y a pas eu<br />

d’épreuves à repasser après<br />

plusieurs années de bugs<br />

divers. Des sanctions ont<br />

été prises contre quelques<br />

tricheurs », se félicite<br />

Alain Joyeux. Bémol : le<br />

niveau en langue est en<br />

baisse. Sans parler d’une<br />

orthographe que se « dégrade<br />

de façon inquiétante ».<br />

Mais comment<br />

sélectionner à l’ère<br />

du nouveau bac ?<br />

Les effectifs vont-ils remonter à la<br />

rentrée <strong>2023</strong> ?<br />

« Nous sommes optimistes. Cette année 16,5% de<br />

candidats de plus qu’en 2022 ont postulé en classes<br />

préparatoires ECG sur Parcoursup mais c’est trop<br />

tôt pour tirer de vraies conclusions », analyse Alain<br />

Joyeux. La seconde étape de Parcoursup permettant<br />

aux candidats de finaliser leur dossier montre que la<br />

part globale des CPGE (6,4%) est en légère hausse<br />

(+0,4 point) et atteint presque 10% (9,8% très exactement<br />

soit une hausse de 0,5 point) dans les vœux<br />

des élèves en bac général. Encore plus réconfortant<br />

pour les classe préparatoires ECG : la part des élèves<br />

postulant également en CPGE a augmenté de 3,7 points<br />

sur les listes des candidats ayant fait au moins un vœu<br />

en école de commerce. Mais attention : on l’a déjà vu,<br />

la hausse des vœux ne se retrouve pas forcément<br />

dans les inscriptions.<br />

Une croissance des effectifs dont dépend la survie de<br />

certaines classes préparatoires. « La question est d’où<br />

sera mis le curseur. Nous comprenons qu’on se pose<br />

la question de l’existence de classes qui n’auraient plus<br />

que quatre ou cinq élèves. Mais ce sont les rectorats<br />

qui font les propositions de carte scolaire et la Dgesco<br />

et la Dgesip suivent la plupart du temps. Nous créons<br />

donc des délégués académiques pour discuter avec<br />

chaque rectorat », explique Alain Joyeux.<br />

Quant à l’augmentation des coûts de scolarité, si elle a<br />

encore été nette cette année, elle ne semble pas être<br />

un véritable frein à l’entrée. « Le vrai problème n’est<br />

pas le montant des frais de scolarité. Le défi est de<br />

garantir que chaque étudiant puisse supporter ses<br />

frais de scolarité avec des bourses, des prêts, des<br />

aides, voire une défiscalisation des frais de scolarité.<br />

Et évidemment l’alternance qui est entrée dans le<br />

déroulé du cursus », stipule Alain Joyeux. Cette année<br />

l’ensemble des participants au congrès de l’Aphec<br />

fait un don qui permettra de financer la scolarité d’un<br />

étudiant boursier. Pour autant Alain Joyeux regrette :<br />

« Là où nous avons un problème c’est que nous avons<br />

des étudiants étrangers auxquels les banques refusent<br />

systématiquement d’accepter une caution ».<br />

L’enseignement de la transition écologique<br />

Les classe préparatoires doivent-elles<br />

proposer un enseignement spécifique<br />

de la transition écologique. « L’idée d’un<br />

enseignement de transition écologique doit<br />

innerver toutes les disciplines. Pourquoi<br />

détacher cette thématique des autres<br />

programmes alors que nous parlons<br />

partout de transitions écologiques. Cela fait<br />

Si les classes préparatoires<br />

ont parfois du mal à recruter<br />

assez de candidats elles ont<br />

également de plus en plus de<br />

mal à les sélectionner comme<br />

le souligne Alain Joyeux :<br />

« Nous constatons une<br />

inflation du nombre de<br />

très bons dossiers. Dans<br />

une classe où la moyenne<br />

en mathématiques est de<br />

17 et en anglais de 16 que<br />

vaut celui qui a 15 ? Les<br />

lycées font tout pour avoir<br />

les meilleures notes sous<br />

la pression des élèves et<br />

des familles. Sans parler<br />

de spécialités qui donnent<br />

d’excellentes notes pour<br />

avoir plus d’élèves. Résultat<br />

les dossiers des futurs<br />

bacheliers sont de plus en<br />

plus difficiles à différencier,<br />

donc à sélectionner ».<br />

également partie de sujets aux concours »,<br />

répond Alain Joyeux, qui insiste : « C’est faux<br />

de dire que ce n’est pas enseigné en classe<br />

préparatoire. Nous sommes tout à fait près<br />

à augmenter cette part mais il ne faut pas<br />

que ce soit une redite par rapport à tout ce<br />

qui a été enseigné au collège et au lycée ».<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPORTAGE<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Quels freins à l’entrée dans les écoles de management ?<br />

Un sondage OpinionWay pour KEDGE sur<br />

« Les jeunes et le déterminisme social dans<br />

l’accès aux études supérieures » montre<br />

que si plus de 4 jeunes sur 10 se déclarent<br />

intéressés par les écoles de commerce,<br />

cette ambition est refoulée pour des<br />

questions de moyen financiers pour près<br />

de 6 jeunes sur 10. Alors que sept jeunes<br />

sur dix considèrent que suivre une école de<br />

commerce est une « manière d’assurer son<br />

avenir professionnel » et six sur dix que c’est<br />

un « signe de réussite scolaire » les écoles<br />

sont considérées comme difficiles d’accès<br />

en raison d’un certain déterminisme social :<br />

• plus de 8 jeunes sur 10 pensent<br />

que c’est plus facile pour les<br />

enfants de parents aisés ;<br />

• 67% d’entre eux estiment que c’est<br />

plus facile pour les jeunes dont les<br />

parents sont nés en France.<br />

Les catégories socioprofessionnelles (PCS)<br />

les moins aisées soulignent davantage les<br />

difficultés d’accès aux écoles de commerce<br />

liés à l’aspect financier (63% vs 57% des<br />

plus aisés), qu’il s’agisse des moyens<br />

nécessaires pour payer les frais de scolarité<br />

(51% contre 42%) ou bien le paiement<br />

d’un logement sur place (37% vs 29%).<br />

82% des jeunes interrogés considèrent<br />

ainsi qu’il est plus facile de faire une école<br />

de commerce pour les jeunes dont les<br />

parents sont aisés, et ils sont même la<br />

moitié à en être intimement convaincus<br />

(45%). Suspectant même des pratiques<br />

illégales, ils ont le sentiment que les écoles<br />

de commerce sont le deuxième type de<br />

grandes écoles où il est le plus difficile<br />

d’entrer en raison des discriminations<br />

pratiquées lors de la sélection des élèves<br />

(42%, juste après les Sciences Po, 58%).<br />

Ainsi ce sont près de six jeunes sur dix<br />

interrogés qui estiment que faire une école<br />

de commerce semble inenvisageable pour<br />

« quelqu’un comme eux » (57%, dont 20% qui<br />

en sont tout à fait persuadés). Un jeune sur<br />

cinq reconnait que le manque de confiance<br />

en lui a pu l’empêcher de tenter sa chance.<br />

Dans le détail, l’idée ne pas avoir les codes,<br />

les manières attendues par les écoles (16%),<br />

ne pas disposer d’un bon niveau d’expression<br />

orale (14%) ou ne pas se sentir légitime<br />

(12%) sont notamment mis en cause.<br />

Au-delà de l’origine familiale, la question<br />

géographique est également très<br />

présente : deux jeunes sur trois partagent<br />

l’idée que les écoles de commerce sont<br />

plus faciles d’accès pour les Parisiens.<br />

Dans le contexte inflationniste que l’on<br />

connait 46% des répondants demandent à<br />

que soit renforcé le système des bourses<br />

et 39% que l’alternance se développe.<br />

La nécessité d’implanter des écoles sur<br />

tout le territoire est quant à elle évoquée<br />

par 34% des sondés. Autant d’éléments<br />

de réflexion pour des écoles, qui ont<br />

considérablement accru leurs effectifs ces<br />

vingt dernières années et commencent à<br />

être confrontées à une baisse tendancielle<br />

du nombre de bacheliers, mais aussi<br />

aux questions de pouvoir d’achat des<br />

familles dans un contexte inflationniste.<br />

Ce qui n’empêche pas les frais de scolarité<br />

de franchir un nouveau cap. Pour la huitième<br />

année consécutive, Major-Prépa établit<br />

son tableau de l’évolution des frais de<br />

scolarité des écoles de management<br />

(qui accueillent au sein de leur Programme<br />

Grande École des étudiants issus des<br />

classes préparatoires). Cette année HEC<br />

et l’Essec dépassent pour la première fois<br />

les 60 000€ sur trois ans (respectivement<br />

61 700 et 61 390€) et la moyenne s’établit<br />

à 48 370€. Jusqu’où ces frais peuvent-ils<br />

grimper sans affecter les recrutements<br />

alors que le nombre d’élèves issus de<br />

classes préparatoires chute cette année ?<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

« La technologie est et restera<br />

au service de la pédagogie »<br />

Innovation pédagogique, apprentissage par projet, metaverse, immersion… Excelia Business<br />

School réfléchit depuis des années à ces thématiques, tout en plaçant au coeur de ces travaux<br />

l’acquisition des connaissances et des compétences de ses étudiants. Responsable du pôle<br />

Innovation digitale, EdTech et Expérientiel, Caroline O’Neill nous en dit plus sur le lien<br />

désormais indissociable entre enseignement et numérique.<br />

Quelle place prend le numérique dans la<br />

pédagogie à l’école aujourd’hui ?<br />

Il n’y a pas de pédagogie sans numérique et il n’y a pas<br />

de numérique sans pédagogie. L’enseignement supérieur<br />

n’étant pas déconnecté du reste du monde, il doit<br />

suivre cette immense transition numérique. De fait, il est<br />

impossible de l’imaginer sans numérique. Aujourd’hui,<br />

il est possible de suivre une scolarité complètement<br />

en ligne, facilitée par des interfaces numériques. Ces<br />

technologies ont déjà changé nos pratiques et celles<br />

des apprenants, en leur offrant une flexibilité sans<br />

précédent, avec la possibilité de se former tout au long<br />

de sa vie, quelle que soit sa situation géographique ou<br />

personnelle. Cela ouvre l’enseignement supérieur à<br />

une autre forme d’inclusion.<br />

Plus largement, les outils numériques sont omniprésents<br />

dans l’univers de la formation. Il faut faire la<br />

différence entre les outils au service de l’apprenant,<br />

de l’ordinateur pour prendre des notes aux tableaux<br />

tactiles rendant les présentations plus fluides, en<br />

passant par les plateformes permettant d’utiliser des<br />

sondages en direct offrant plus d’interactivité, et les<br />

dispositifs pédagogiques tels que les classes virtuels<br />

et les parcours en e-learning.<br />

Nous voulons cependant faire la part des choses. Si les<br />

étudiants font le choix de ne pas suivre un programme<br />

en 100% distanciel, c’est qu’ils désirent être sur place.<br />

Nous développons ainsi des innovations autour de la<br />

réalité virtuelle et de l’apprentissage immersif, le tout<br />

sans enlever le regroupement physique. Tous nos<br />

outils restent toujours au service de l’apprentissage.<br />

Pendant la période Covid, toutes les<br />

organisations ont dû apprendre à fonctionner<br />

à distance. Qu’en a tiré Excelia, en termes de<br />

bonnes pratiques et de solutions pérennes ?<br />

La crise sanitaire une période foncièrement apprenante,<br />

qui nous a permis d’étudier les situations d’enseignement<br />

à distance, en instaurant des dispositifs<br />

d’observation que l’on n’aurait jamais pu mettre en<br />

place à cette échelle. La grande leçon que l’on a tirée<br />

est cette notion d’individualisation et de flexibilité : il n’y<br />

a pas une réponse universelle aux cours à distance.<br />

Certains apprécient cette autonomie, d’autres pas du<br />

tout. En sortant de cette période, il était clair que nous<br />

ne pouvions imposer à nos étudiants des heures et des<br />

heures de classes virtuelles s’ils ne l’avaient pas choisi.<br />

Nous nous sommes aussi vite rendu compte que les<br />

cours magistraux en classe virtuelle ne fonctionnaient<br />

pas, entraînant trop de dissonance pour certains.<br />

Cette mise à l’échelle nous a aussi fait travailler la qualité<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

de nos parcours e-learning asynchrones. Avant la crise<br />

sanitaire, ils existaient, mais n’étaient pas toujours<br />

scénarisés, sans quiz par exemple. C’était parfois<br />

simplement de la lecture avant la mise en pratique, ce<br />

qui ne plaisait pas à tous les apprenants.<br />

Nous avons enfin appris à organiser l’information et<br />

les contenus pour les étudiants, grâce à des espaces<br />

virtuels dédiés, où ils peuvent retrouver tous les contenus<br />

des cours. Les choses sont plus encadrées et<br />

centralisées désormais.<br />

Justement, que tire-t-on du présentiel ?<br />

Quelle est la valeur intrinsèque de la présence<br />

physique à l’école ?<br />

Elle est indispensable pour plusieurs raisons ! Déjà, pour<br />

le réseau. L’école de management permet de créer des<br />

liens pour l’avenir, d’amitié évidemment, mais aussi des<br />

relations professionnelles, avec les autres étudiants,<br />

les enseignants, les représentants d’entreprises venant<br />

sur le campus… En termes de pédagogie, cela offre<br />

des moments pour s’exprimer, débattre, argumenter,<br />

aiguiser son esprit critique. Le présentiel demeure la<br />

meilleure modalité pour se retrouver face à un expert,<br />

avec qui confronter ses idées et sa compréhension<br />

de concepts complexes.<br />

Pourquoi est-il important, de nos jours, de<br />

réfléchir à de nouvelles façons d’enseigner ?<br />

L’innovation est le propre de l’être humain, le fait d’être<br />

dans un perpétuel questionnement, une remise en<br />

question des pratiques, une amélioration continue…<br />

Nous avons envie et besoin de nouveauté, d’exploration.<br />

Y compris dans la pédagogie ! Réfléchir à de nouvelles<br />

façons d’enseigner et d’apprendre revient à penser à<br />

comment s’adapter dans le monde dans lequel nous<br />

vivons. Et à considérer les avancées technologiques<br />

comme des opportunités.<br />

Quid de la pédagogie par projet, désormais<br />

largement connue et reconnue ?<br />

C’est en effet une méthode assez ancienne, qui a été<br />

formalisée durant les années années 1980-1990. L’idée<br />

est simple : s’il a un but, si le projet est commun et fait<br />

sens, l’étudiant apprendra mieux, car il sera motivé.<br />

L’apprentissage devient holistique. Concrètement, à<br />

l’école, nous réunissons les étudiants en groupes de<br />

trois, quatre ou cinq. Ensemble, ils doivent répondre à<br />

un appel d’offres par exemple, fictif ou réel, et proposer<br />

une réponse, comme de véritables consultants. Au fur<br />

et à mesure de l’avancée du projet, nous leur apportons<br />

toutes les briques dont ils ont besoin. En école<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

de management, c’est particulièrement intéressant,<br />

car nos élèves seront amenés à terme à être dans<br />

cette posture de chef de projet, il est essentiel qu’ils<br />

y soient préparés.<br />

Au-delà de notre simple observation à notre échelle,<br />

la littérature scientifique montre que ce sont les pédagogies<br />

dans lesquelles on remarque de hauts taux<br />

d’engagement. C’est essentiel, car, pour nous, le plus<br />

important est de proposer le bon dispositif au bon<br />

moment, pour le bon contenu.<br />

Excelia a rapidement investi dans le metavers,<br />

en créant notamment « Red Alert ». Pourquoi<br />

ce choix ? Qu’est-ce que ces technologies<br />

immersives peuvent apporter à l’apprenant ?<br />

Ces solutions sont puissantes, car on peut absolument<br />

tout faire, il n’y a plus de limite. Le tout avec un sentiment<br />

d’immersion très fort pour l’utilisateur, qui arrive<br />

à bluffer le cerveau. Excelia s’est en effet positionné<br />

sur ces technologies, cette volonté de notre part vient<br />

d’une conviction partagée que l’on touche ici à quelque<br />

chose de disruptif, permettant de développer des compétences<br />

que l’on n’aurait jamais pu adresser jusqu’à<br />

présent. Elles permettent aux étudiants de s’entraîner<br />

quasiment dans les conditions du réel.<br />

Par exemple, « Red Alert » met les utilisateurs dans<br />

l’univers d’un complexe hôtelier de luxe. Il se passe alors<br />

quelque chose d’inattendu sur le terrain, la fameuse<br />

alerte rouge. Il faut une coordination rapide des managers.<br />

L’utilisateur voit alors l’importance des process,<br />

doit gérer un problème urgent, s’occuper des équipes,<br />

prendre les bonnes décisions, trancher les priorités.<br />

Ses objectifs sont en lien direct avec les process déjà<br />

expliqués dans le cadre du cours. Grâce à cet outil,<br />

l’enseignant connaîtra le comportement de l’étudiant<br />

durant l’expérience : a-t-il réussi à réunir et gérer les<br />

équipes ? A-t-il donné les bons ordres ? Répondu avec<br />

empathie ? À la suite de cette expérience, ce sera<br />

l’occasion pour le professeur de débattre en classe<br />

et de revenir sur les difficultés, les comportements et<br />

les résultats des étudiants.<br />

De même, dans le cadre de cours sur la transformation<br />

écologique et sociale, des étudiants peuvent être transportés<br />

sur des îles du Pacifique ayant vécu une inondation,<br />

pour travailler sur les réponses gouvernementales,<br />

organisationnelles, personnelles, communautaires… Le<br />

tout en étant immergé, grâce à la réalité virtuelle, dans cet<br />

environnement. Evidemment, les étudiants adorent ces<br />

travaux, ils sont très attirés par les nouvelles technologies.<br />

Mais nous restons vigilants sur ce point. L’objectif n’est<br />

absolument pas de leur proposer du « fun », mais de<br />

construire des expériences réfléchies et utiles.<br />

MathieuVouzelaud<br />

Est-il important de les confronter à ces<br />

technologies, ou à l’IA par exemple ?<br />

Dans le cadre de mes recherches, j’effectue des entretiens,<br />

y compris avec nos étudiants. Ils savent<br />

que ces solutions existent et vont se développer. Ils<br />

ont conscience qu’il est important d’y être confrontés<br />

dès maintenant, afin d’y être préparés dans le cadre de<br />

leur avenir professionnel. Pour parler de l’intelligence<br />

artificielle, les transformations que ces technologies<br />

vont apporter seront énormes, cela va modifier le<br />

mode du travail. On en voit tout juste les prémices à<br />

ce jour. L’enseignement est une préparation à la vie<br />

professionnelle. Si celle-ci change, l’apprentissage<br />

doit forcément s’adapter. Il faut donc leur apprendre à<br />

comprendre et à maîtriser ces objets en pleine évolution.<br />

Le tout, encore une fois, en conservant des innovations<br />

pédagogiques qui soient pertinentes. Nous ne sommes<br />

pas intéressés par des démarches de poudre aux<br />

yeux, au contraire. La technologie est et restera au<br />

service de la pédagogie. Nos équipes sont composés<br />

de pédagogues, et pas seulement de spécialistes tech.<br />

Notre métier n’est pas de faire du divertissement, mais<br />

de l’apprentissage, afin que nos élèves sortent les plus<br />

préparés possibles de leurs études.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Le numérique s’impose<br />

plus que jamais dans<br />

l’enseignement supérieur<br />

Alors que ChatGPT et ses émanations en Intelligence<br />

artificielle (IA) sont en passe de disrupter profondément<br />

l’enseignement supérieur, que l’hybridation présentiel<br />

/ distanciel entre dans les mœurs, le numérique s’y<br />

impose par bien d’autres aspects.<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

À l’ère des réalités virtuelles<br />

et augmentées<br />

« Le Métavers va permettre de<br />

proposer une expérience<br />

interactive, collaborative,<br />

immersive et adaptée<br />

aux besoins des apprenants<br />

» pour vivre des situations qui<br />

nécessitent des réactions en temps<br />

réel (gestion de conflits, prise de<br />

parole en public, demander son chemin)<br />

et échanger et interagir avec<br />

des jumeaux numériques (machines,<br />

bâtiments, artistes, scientifiques,<br />

assister à des moments de l’histoire<br />

», explique Charles Perez, enseignant<br />

chercheur à Paris School of<br />

Business et auteur de l’ouvrage Le<br />

manuel du Métavers.<br />

Des espoirs mais encore peu de réalisations<br />

concrètes. Il y a un an Kwark<br />

Education, l’un des pionniers de la digitalisation<br />

dans l’éducation en France, créait<br />

ce qui se voulait le premier Métavers<br />

français, son MetaKwark. Aujourd’hui,<br />

comme l’indiquait sa secrétaire générale,<br />

Marie Attard, lors de l’Université d’hiver<br />

de la formation professionnel <strong>2023</strong> de<br />

CentreInffo, les « personnels de Kwark<br />

avancent plus vite dans son utilisation<br />

que les organismes ». Déception ? En<br />

tout cas on ne voit pas de nouveaux<br />

acteurs de l’éducation s’y lancer alors<br />

que les réseaux GES et Eductive s’y<br />

étaient précipité au début. Il est vrai que<br />

le MetaKwark, accessible sans casque<br />

de réalité virtuelle, ne répondait pas<br />

vraiment à la définition d’un Métavers,<br />

c’est-à-dire un « monde persistant virtuel<br />

accessible par un casque de réalité 3D ».<br />

Ce que justifie la secrétaire générale par<br />

la « difficulté de porter longtemps un<br />

casque » : « Nous avons fait beaucoup<br />

de cas d’usage qui prouvent qu’on entre<br />

très bien dans un univers virtuel avec<br />

uniquement un ordinateur ».<br />

Mais un vrai métavers c’est beaucoup plus<br />

que ça valide Yannig Raffenel, le président<br />

d’EdTech France : « Le métavers c’est aller<br />

là où on ne pourrait pas aller sans le digital.<br />

On peut s’entrainer en toute sécurité et<br />

vivre ainsi cette expérience clé qui est<br />

d’apprendre en faisant, au plus proche<br />

de la réalité. C’est là que le bénéfice est<br />

extrêmement fort car le corps vit avec<br />

une illusion extraordinaire créée par<br />

la réalité virtuelle ». Et cela peut aussi<br />

être utile pour vivre des compétences<br />

sociales. « On peut comprendre ce que<br />

vivent des femmes agressées. Dans un<br />

monde virtuel un homme peut ressentir<br />

l’angoisse de la femme coincée devant<br />

une photocopieuse par son agresseur.<br />

Je l’ai vécu », spécifie ainsi le président.<br />

À lire…<br />

Exploring generative AI<br />

and the implications for<br />

universities : le site University<br />

World News publie toute<br />

une série d’articles sur<br />

l’Intelligence artificielle<br />

(IA) à l’heure de la montée<br />

en puissance de ChatGPT<br />

et autres Dall-e. The PIE<br />

Review s’intéresse quant<br />

à lui au Metaverse and<br />

edtech – the sector’s future.<br />

Avec son univers virtuel<br />

Neoma a été la première à<br />

permettre à ses étudiants de<br />

se retrouver en situations<br />

d’apprentissage à distance<br />

avec leurs avatars<br />

Neoma BS<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

D’AUTRES MODÈLES VIRTUELS<br />

Le groupe Excelia monte aujourd’hui<br />

de petits Métavers dans lesquels les<br />

étudiants peuvent se rencontrer lors<br />

d’expériences immersives. Ajustez votre<br />

casque, prenez les deux manettes de<br />

contrôle, vous voilà dans un métavers<br />

asynchrone créé par Excelia pour immerger<br />

les étudiants dans un magasin et<br />

étudier le comportement du consommateur<br />

dans son « XL Shop-Consumer BehaVR!<br />

». « La réalité virtuelle est un outil<br />

complémentaire à l’interaction en faceà-face.<br />

Elle permet une focalisation et<br />

un approfondissement sur un élément<br />

vu en classe », explique Rémi Bréhonnet,<br />

enseignant-chercheur et professeur en<br />

neuromarketing et data. Dans la peau<br />

d’un consommateur, l’étudiant d’Excelia<br />

découvre ainsi parmi plusieurs points de<br />

vente, proposant chacun des ambiances<br />

différentes : agencement, décoration,<br />

éléments sonores, affichage des prix...<br />

Dans le cadre du cours de marketing sur<br />

le comportement du consommateur de<br />

son bachelor cette année, l’objectif est<br />

« d’analyser les facteurs qui influencent le<br />

déclenchement ou pas de l’acte d’achat ».<br />

Neoma a quant à elle monté dès 2020<br />

son campus virtuel et remporté pour<br />

sa création le prix « Best Innovation<br />

Strategy 2022 » de l’AMBA (Association<br />

of Masters of Business Administration).<br />

« Notre campus n’est pas tout à fait un<br />

métavers dans la mesure où il n’est pas<br />

nécessaire de porter un casque de réalité<br />

virtuelle pour s’y déplacer », définit Alain<br />

Goudey, le directeur de la Transformation<br />

digitale de Neoma. Partie intégrante de<br />

la plateforme Laval Virtual World, le<br />

campus virtuel de NEOMA rassemble les<br />

espaces et les usages traditionnels d’un<br />

campus physique. L’objectif ? Permettre<br />

aux étudiants munis de leurs avatars – qui<br />

restent très proches de la réalité, on ne<br />

se déguise pas ici en dinosaures ou en<br />

Wonder Woman - l’interaction au sein d’un<br />

vrai campus pour garantir une expérience<br />

académique et étudiante la plus riche et<br />

complète possible, même à distance.<br />

Et sans problème de connexions. « La<br />

plateforme peut accueillir jusqu’à 1300<br />

Les « jumeaux numériques » des Arts et Métiers<br />

« Vous vous déplacez avec votre GPS :<br />

Google Map est un jumeau du système<br />

routier connecté au réel qui envoie des<br />

informations pour affiner les calculs et<br />

proposer un meilleur itinéraire. » C’est ainsi<br />

que Laurent Champaney, le directeur général<br />

des Arts et Métiers, explique ce que sont<br />

les jumeaux numériques qui envahissent<br />

aujourd’hui tous les secteurs et pour le<br />

développement desquels son école a reçu<br />

des financements. Son JENII (Jumeaux<br />

d’Enseignement Numériques Immersifs<br />

et Interactifs) bénéficie en effet du plus<br />

important budget de l’appel à manifestations<br />

d’intérêt « Démonstrateurs Numériques<br />

dans l’Enseignement Supérieur » (DemoES).<br />

étudiants en même temps équipés de<br />

n’importe quel ordinateur », ajoute Alain<br />

Goudey, qui insiste : « Cela ne remplace<br />

en aucun cas le présentiel mais cela le<br />

complète. Et surtout cela les préparer<br />

à un environnement professionnel dans<br />

lequel les outils numériques sont de plus<br />

en plus utilisés. »<br />

« Aujourd’hui quand les avions sont<br />

inspectés visuellement, les informations<br />

sont envoyées à leur jumeau numérique.<br />

Un bâtiment neuf possède son jumeau<br />

numérique », reprend le directeur. Ces<br />

jumeaux peuvent également être très réels<br />

comme quand un golfeur est modélisé en<br />

laboratoire pour lui permettre d’améliorer<br />

ses mouvements tout en évitant de se<br />

blesser souligne le directeur : « Avec JENII<br />

nous développons une pédagogie qui utilise<br />

la technologie des jumeaux numériques<br />

et permet ainsi de simuler des actions,<br />

dont certaines seraient dangereuses<br />

à mettre en œuvre réellement ».<br />

Excelia met en ligne<br />

de petits Métavers qui<br />

permettent de s’immerger<br />

dans des situations difficile<br />

à reproduire dans le réel<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

LA RÉALITÉ AUGMENTÉE<br />

S’IMPOSE<br />

Beaucoup sortent de l’expérience de<br />

réalité virtuelle avec ce qu’on appelle le<br />

mal des transports. Selon Olivier Oullier<br />

(co-fondateur de la stratu up Inclusive<br />

Brains qui développe une nouvelle génération<br />

d’interfaces cerveau-machine) dans<br />

Les Echos plusieurs études rapportent<br />

ainsi qu’a minima 20% des utilisateurs<br />

feraient l’expérience d’une forme de mal<br />

des transports pendant (ou après) une<br />

expérience de VR, pour atteindre 80%<br />

dans certains cas. « Dans les offres<br />

actuelles de VR, quiil siagisse de simulation<br />

de vol comme dienvironnements<br />

de travail collaboratifs, lorsque nous<br />

sommes immergés, notre cerveau reçoit<br />

des informations visuelles et auditives<br />

qui lui indiquent que nous sommes en<br />

mouvement, ou que lienvironnement<br />

visuel bouge, alors que le corps reste<br />

quasi immobile. Le conflit sensoriel est<br />

dès lors instantané », explique le neuroscientifique.<br />

Le coût des casques virtuels,<br />

leur utilisation qui ne « peut pas dépasser<br />

les vingt minutes » selon Yannig Raffenel,<br />

leur gestion, leur nettoyage – il existe une<br />

nouvelle machine qui le nettoie en deux<br />

heures - leur achat ou pas, sont autant<br />

de questions que doivent se poser les<br />

acteurs de la formation.<br />

Pour cela mais aussi pour des questions<br />

de coûts Yannig Raffenel croit maintenant<br />

surtout à l’avenir de la réalité augmentée,<br />

avec ou sans lunettes, plus qu’à la<br />

réalité virtuelle. La réalité augmentée<br />

permet d’afficher des calques virtuels<br />

dans le monde réel et ainsi d’interagir<br />

avec son environnement, par exemple<br />

implanter une bâtiment « virtuel » afin<br />

d’observer toutes les contraintes liées à<br />

cette installation. : « La réalité augmentée<br />

va totalement transformer dans les trois<br />

ans à venir les métiers de la formation<br />

avec en particulier une offensive d’Apple<br />

qui va avoir pédagogiquement une puissance<br />

incroyable. On sera à l’inverse<br />

de la version de Meta. On est dans la<br />

réalité mais avec plein d’informations<br />

qu’on pourra utiliser. » Le CCCA-BTP,<br />

acteur de formation dans le BTP, s’est<br />

justement emparé de la réalité virtuelle<br />

mais également augmentée pour former<br />

les jeunes comme l’explique Pascal Miché,<br />

responsable de son Pôle ingénierie<br />

et innovation pédagogique : « Dans les<br />

centres de formation du BTP, le virtuel se<br />

met en place progressivement pendant<br />

des séquences de formation. L’utilisation<br />

de la réalité augmentée, au même titre que<br />

la réalité virtuelle, permet de proposer une<br />

approche d’apprentissage plus adaptée<br />

aux envies et aux quotidiens sociaux des<br />

jeunes de cette génération ».<br />

Apple vient de dévoiler un nouveau casque<br />

de réalité virtuelle et augmentée<br />

Apple<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Et ChatGPT vint…<br />

Comme l’ensemble des<br />

secteurs, l’enseignement<br />

supérieur s’est vu<br />

confronté à un défi d’une<br />

puissance inéggalée début<br />

<strong>2023</strong> avec l’arrivée de ChatGPT<br />

et des différents outils d’Intelligence<br />

artificielle (IA).<br />

ChatGPT offre une sorte de miroir inversé<br />

à l’enseignement supérieur dans<br />

sa mission essentielle : Que vaut la production<br />

de connaissance quand une IA<br />

produit cette connaissance ? Certes<br />

ChatGPT ne produit aujourd’hui que des<br />

contenus écrits relativement basiques –<br />

avec encore pas mal d’erreurs au milieu<br />

d’excellentes démonstrations - mais c’est<br />

ceux qu’on demande essentiellement<br />

au lycée et encore largement dans les<br />

premières années de l’enseignement<br />

supérieur. ChatGPT va-t-il disrupter<br />

l’enseignement supérieur ? s’interroge<br />

donc le directeur général du Pôle Léonard<br />

de Vinci, Sébastien Tran qui note que<br />

« l’une des forces de ChatGPT est que<br />

ses usages sont multiples (correction de<br />

codes, résumé d’articles, synthèse sur un<br />

sujet, etc.) et que l’outil est en capacité<br />

de donner clé en main une réponse à<br />

une requête dans un format intelligible,<br />

diffusable et modifiable ».<br />

Même réflexion du côté de Stéphane<br />

Justeau, doyen associé à la pédagogie de<br />

l’Essca, qui estime que « plutôt que de le<br />

fuir, l’ignorer et considérer que les élèves<br />

feront de même, les institutions d’enseignement<br />

doivent rapidement s’emparer<br />

de l’outil au risque de se faire dépasser,<br />

déborder. D’autant plus que l’outil peut<br />

aussi présenter de gros avantages pour<br />

les enseignants et peut être mis au service<br />

de l’apprentissage si nous l’utilisons<br />

judicieusement ».<br />

Image générée par Dall-E,<br />

l’application de ChatGPT<br />

dédiée à la création<br />

d’images, sur la thématique :<br />

Creative industries like<br />

cinema and music<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

DE NOUVEAUX MÉTIERS<br />

Avec la montée en puissance de l’IA la<br />

fonction qui va monter dans les entreprises<br />

est celle de « prompt engineer »,<br />

c’est-à-dire du professionnel qui sait<br />

poser les bonnes questions aux intelligences<br />

artificielles comme l’explique Alain<br />

Goudey, le directeur de la Transformation<br />

digitale de Neoma, dans son article L’art<br />

du prompt ou prompt engineering dans<br />

ChatGPT : « Un prompt, est la phrase ou<br />

la demande que vous envoyez à un modèle<br />

de langage (Large Language Model ou<br />

LLM) pour obtenir en retour une réponse<br />

/ un résultat. La qualité de la réponse<br />

dépend en (très) grande partie de la<br />

qualité du prompt en entrée. Les LLM<br />

étant une forme de réponse statistique<br />

contextuelle. C’est là que l’art du prompt<br />

ou prompt engineering entre en jeu ».<br />

Un « art du prompt » qui va bien évoluer<br />

dans les années à venir. Directeur de la<br />

recherche fondamentale sur l’intelligence<br />

artificielle du groupe Meta, Yann Le Cun<br />

vient de publier Quand la machine apprend<br />

(Odile Jacob Poches, <strong>2023</strong>).<br />

Sur le site Usbek & Rika il explique que<br />

« pour l’instant, avec de tels modèles, on<br />

n’arrive pas à produire de textes longs<br />

et cohérents. Ces systèmes ne sont pas<br />

pilotables : on n’arrive pas à planifier leurs<br />

réponses. Par exemple, on ne peut pas<br />

demander à ChatGPT de produire un texte<br />

qui serait absolument compréhensible<br />

par un enfant de 13 ans. Par ailleurs, les<br />

textes produits par ChatGPT ne sont pas<br />

fiables en tant que sources d’information.<br />

Ils sont plutôt à envisager comme des<br />

systèmes d’aide à la conduite : de la<br />

même manière qu’il convient de garder<br />

les mains sur le volant dans une voiture<br />

autonome, il faut encore «garder les<br />

mains sur le clavier», si j’ose dire, quand<br />

on utilise des outils comme ChatGPT ».<br />

C’est entre autres pour répondre à<br />

ces nouveaux défis que l’Edhec lance<br />

TechMeUp ! Certified en partenariat avec<br />

Microsoft. Ce programme de formation<br />

100% digital qui vise à « développer, chez<br />

les étudiants, des compétences ainsi<br />

quiune appétence pour les enjeux de la<br />

Face à l’IA que vont devenir les écoles de codage?<br />

La capacité de ChatGPT à coder pose<br />

une question existentielle aux écoles de<br />

codage qui se sont tellement développé ces<br />

dernières années. A la question « Les écoles<br />

de codage vont-elles disparaitre avec le<br />

développement de l’intelligence artificielle ? »<br />

la réponse de ChatGPT est… mesurée :<br />

« Il est peu probable que les écoles de<br />

codage disparaissent avec le développement<br />

de l’intelligence artificielle (IA). En effet,<br />

même si liIA peut automatiser certains<br />

aspects du développement de logiciels,<br />

elle ne peut pas remplacer complètement<br />

liexpertise et les compétences<br />

humaines en matière de codage.<br />

Les écoles de codage ne se concentrent<br />

pas uniquement sur l’apprentissage<br />

data et de liintelligence artificielle ». A la<br />

rentrée prochaine, les étudiants auront<br />

accès, via une plateforme numérique, à un<br />

socle de connaissances fondamentales<br />

élaboré avec Microsoft, qui leur délivrera<br />

un certificat à l’issue de ce cursus. Cerise<br />

IA sur la gâteau : les étudiants pourront<br />

vivre ainsi une expérience d’apprentissage<br />

complète virtuelle et bénéficier d’un suivi<br />

personnalisé grâce aux conseils de Mia,<br />

run « robot-compagnon » qui les guidera<br />

tout au long de leur cursus.<br />

LA QUESTION DE L’ÉVALUATION<br />

En février <strong>2023</strong> ne vingtaine d’étudiants<br />

de l’Université de Strasbourg avaient<br />

ainsi utilisé ChatGPT lors d’un examen<br />

en distanciel. Ils ont dû le repasser en<br />

présentiel. Sciences Po a également<br />

interdit son usage « lors de la production<br />

de travaux écrits ou oraux sous peine<br />

de sanctions qui peuvent aller jusqu’à<br />

l’exclusion de l’établissement voire de<br />

l’enseignement supérieur ». Aux Etats-<br />

Unis il a été établi que ChatGPT aurait<br />

obtenu une note de B à B- à l’examen final<br />

du MBA de Wharton, l’un des meilleurs<br />

au monde. Dans son article Would Chat<br />

GPT Get a Wharton MBA? Le directeur<br />

du Mack Institute de la business school,<br />

Christian Terwiesch évoquait ainsi en<br />

janvier <strong>2023</strong> la « performance acadé-<br />

des compétences de base en codage,<br />

mais elles fournissent également une<br />

éducation complète sur les pratiques<br />

de développement logiciel, la résolution<br />

de problèmes, la pensée critique, la<br />

collaboration en équipe et bien plus<br />

encore. Ces compétences ne peuvent pas<br />

être entièrement remplacées par l’IA.<br />

En fin de compte, l’IA peut aider les<br />

développeurs à travailler plus efficacement,<br />

mais elle ne remplacera pas complètement<br />

les écoles de codage. Les écoles de codage<br />

resteront pertinentes pour fournir une<br />

formation pratique et approfondie aux<br />

étudiants qui cherchent à devenir des<br />

développeurs professionnels compétents. »<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

mique » de Chat GPT : « Il fait un travail<br />

incroyable sur les questions de gestion<br />

des opérations de base et dianalyse<br />

des processus, y compris celles qui<br />

sont basées sur des études de cas. Non<br />

seulement les réponses sont correctes,<br />

mais les explications sont excellentes. »<br />

Ce qui n’empêchait pas des erreurs surprenantes<br />

dans des calculs relativement<br />

simples. Mais surtout ChatGPT n’est<br />

« pas capable de gérer des questions<br />

dianalyse de processus plus avancées,<br />

même lorsquielles sont basées sur des<br />

modèles assez standard ».<br />

Dans une tribune publiée par Challenges<br />

le directeur de la transformation digitale<br />

d’Excelia, Anthony Hié, en concluait est<br />

que les cela « questionnait la fiabilité des<br />

résultats des évaluations et les modalités<br />

de leur réalisation. De plus, l’IA, sans intervention<br />

humaine n’est d’aucun secours<br />

pour mesurer avec fiabilité l’acquisition<br />

des softskills, pourtant au cœur même<br />

du modèle de formation des écoles de<br />

management. Dans ce contexte, il est plus<br />

que temps de réinterroger nos modes<br />

d’évaluation sous peine de voir notre<br />

système éducatif dépassé ».<br />

Dans ces conditions peut-on encore noter<br />

des devoirs réalisés en dehors d’une salle<br />

de classe ou d’examen, sans contrôle<br />

de l’utilisation d’une IA ? « Le devoir à la<br />

maison doit être pensé différemment. Il<br />

faut évaluer les traces diapprentissages,<br />

le cheminement plutôt que le résultat<br />

final, demander des traces orales et de<br />

synthétiser des dossiers documentaires »<br />

analyse Stéphane Justeau qui remarque<br />

aussi que « de grandes université parlent<br />

déjà du retour, pour toutes les évaluations,<br />

du devoir sur table avec papier<br />

et crayon… »<br />

Que répond ChatGPT à la question :<br />

« Décris moi le système des classes préparatoires (en français) »<br />

Le système des classes préparatoires<br />

en France est un système éducatif<br />

sélectif et exigeant, qui vise à former<br />

des étudiants brillants et motivés<br />

pour intégrer les grandes écoles.<br />

Les classes préparatoires sont accessibles<br />

aux étudiants ayant obtenu leur<br />

baccalauréat. Elles se déroulent sur deux<br />

ans et sont réparties en différentes filières :<br />

MPSI (Mathématiques, Physique et Sciences<br />

de l’Ingénieur), PCSI (Physique, Chimie et<br />

Sciences de l’Ingénieur), BCPST (Biologie,<br />

Chimie, Physique et Sciences de la Terre),<br />

ECS (Économique et Commerciale option<br />

Scientifique) ou encore ECE (Économique<br />

et Commerciale option Économique).<br />

Le programme des classes préparatoires est<br />

intense et rigoureux. Les étudiants y suivent<br />

des cours avancés en mathématiques,<br />

physique, chimie, biologie, français, mais<br />

également en langues vivantes et en<br />

sciences humaines. Les enseignements sont<br />

dispensés par des professeurs spécialisés<br />

et sont axés sur la compréhension, l’analyse<br />

et la résolution de problèmes complexes.<br />

Les étudiants des classes préparatoires sont<br />

soumis à une charge de travail importante. Ils<br />

doivent fournir un investissement personnel<br />

conséquent, en travaillant régulièrement et<br />

en fournissant des efforts supplémentaires<br />

pour approfondir leurs connaissances.<br />

En fin de deuxième année, les étudiants<br />

passent des concours d’entrée spécifiques<br />

aux grandes écoles. Ces concours<br />

sont très sélectifs et demandent une<br />

préparation intensive. Les étudiants<br />

sont évalués à travers des épreuves<br />

écrites, des épreuves orales et des<br />

entretiens. Les résultats obtenus lors de<br />

ces concours déterminent l’admission<br />

des étudiants dans les grandes écoles.<br />

Les classes préparatoires sont souvent<br />

considérées comme une voie prestigieuse<br />

pour accéder aux grandes écoles<br />

d’ingénieurs, de commerce ou encore aux<br />

écoles normales supérieures. Elles offrent<br />

une formation académique solide et une<br />

ouverture sur de nombreuses opportunités<br />

professionnelles et académiques.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Distanciel / présentiel :<br />

les enjeux de l’hybridation<br />

Même s’ils s’est essentiellement<br />

imposé ces<br />

dernières années par<br />

le recours au distanciel.<br />

Même si les réticences<br />

restent fortes, l’enseignement à<br />

distance s’est maintenant ancré<br />

solidement dans la plupart des établissements.<br />

Début janvier <strong>2023</strong> le ministère de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche<br />

(MESR) et le Secrétariat général pour<br />

l’investissement (SGPI) organisaient le<br />

Colloque National Hybridation des formations<br />

pour faire le point sur l’appel à<br />

projets «Hybridation des formations<br />

de l’enseignement supérieur». Lancé<br />

en 2020 cet appel à projet avait vocation<br />

à accompagner les établissements<br />

d’enseignement supérieur pour réussir<br />

la rentrée 2020-2021 en pleine crise<br />

sanitaire et ainsi assurer la continuité<br />

pédagogique. « L’hybridation c’est la<br />

combinaison du distanciel et du présentiel.<br />

Nous devons établir quelle est<br />

la plus-value du présentiel et comment<br />

l’optimiser en proposant en amont des<br />

TD et TP hybrides », commente l’organisatrice<br />

du colloque, Mireille Brangé,<br />

coordinatrice nationale de la Stratégie<br />

enseignement et numérique au SGPI.<br />

« Mais de quoi parle-t-on exactement<br />

quand on évoque l’hybridation?<br />

Parfois de présentiel enrichi, parfois<br />

de ressources numériques, parfois de<br />

classe inversée ou même de », s’interroge<br />

David Cassagne, vice-président<br />

délégué au Numérique pour la Formation<br />

de l’Université de Montpellier qui a lancé<br />

AgilHybrid : « 71 salles sont aujourd’hui<br />

équipées pour dispenser un enseignement<br />

co-modal permettant de choisir entre<br />

présentiel ou distanciel. Par ailleurs, 125<br />

unités d’enseignement sont aujourd’hui<br />

en cours d’hybridation avec du distanciel<br />

asynchrone. » Le dispositif de formation<br />

proposé par l’université de Montpellier<br />

comprend des modules d’enseignement<br />

en ligne que l’apprenant peut suivre en<br />

différé. Fichiers audio, vidéos, QCM,<br />

contenus interactifs… sont autant de<br />

ressources pédagogiques que les étudiants<br />

peuvent consulter librement et à<br />

leur rythme.<br />

Une expérience de partage que Grenoble<br />

EM a été parmi les premières à mener<br />

avec son dispositif GEMHyflex. Cette<br />

solution complète, développée par GEM<br />

en 2020, permet aux enseignantes et<br />

aux enseignants de dispenser des cours<br />

simultanément à des élèves à distance<br />

et en présentiel avec les mêmes possibilités<br />

d’interaction que s’ils étaient tous<br />

réunis dans un même espace. « Les salles<br />

GEMHyflex apportent une réponse de<br />

qualité à la situation : après une courte<br />

formation et un accompagnement ciblé,<br />

les professeurs sont rapidement autonomes<br />

et retrouvent des sensations<br />

semblables à celles d’un cours qui ne<br />

serait dispensé qu’en présentiel. Les<br />

étudiantes et étudiants à distance participent<br />

sans aucune contrainte et se<br />

sentent, de fait, pleinement intégrés au<br />

groupe, au même titre que leurs collègues<br />

présents en salle de classe », explique<br />

Armelle Godener, la directrice de la pédagogie<br />

de l’école.<br />

S’ADAPTER AUX PUBLICS<br />

« Un des avantages de la formation asynchrone<br />

est de permettre aussi une plus<br />

grande diversité des publics, étudiantes<br />

ou étudiants salariés, en double cursus,<br />

formation continue ou étudiantes et étudiants<br />

étrangers puisque ces contenus<br />

peuvent plus facilement être internationalisés.<br />

Là encore la pédagogie numé-<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Pendant la pandémie Grenoble EM a innové en<br />

proposant des formations en mode Hyflex<br />

GEM<br />

rique est un formidable outil au service<br />

de la réussite étudiante », définit David<br />

Cassagne. Un distanciel qui se prête<br />

particulièrement bien à l’enseignement<br />

des professionnels en activité. Porté par<br />

France Université Numérique (FUN), le<br />

consortium Digital FCU est ainsi composé<br />

d’un collectif de 19 universités pour former<br />

plus de 10000 personnes sur 5 ans<br />

et de développer plus de 7000 heures<br />

composant les nouveaux parcours de<br />

formation hybride. « Digital FCU doit nous<br />

permettre de développer la formation<br />

continue dans les universités en créant<br />

une sorte de place de marché pour mettre<br />

en valeur nos transformations », spécifie<br />

David Cassagne.<br />

Mireille Brangé insiste justement sur la<br />

notion de progression pédagogique :<br />

« Si l’hybridation peut intervenir dès<br />

la première année de cours c’est sur<br />

des objectifs de remédiation et d’accompagnement<br />

des étudiants. Sinon<br />

on cumule les problèmes d’adaptation<br />

au supérieur et de l’illectronisme dont<br />

souffrent beaucoup de jeunes ». Des<br />

attentes encore plus fortes du côté des<br />

apprentis pour lesquels le distanciel est<br />

parfois indispensable, notamment quand<br />

ils travaillent loin de leur établissement,<br />

même si ceux-ci ne peuvent y recourir<br />

systématiquement. Pendant la période<br />

Covid plus de 90% des CFA ont ainsi été<br />

en capacité de mettre à disposition des<br />

moyens de formation à distance (ils étant<br />

déjà 75% avant le Covid). « Aujourd’hui<br />

des approches telle que la simulation, la<br />

réalité virtuelle, commencent à se développer.<br />

Les outils se sont démocratisés et<br />

leur coût à diminué avec la concurrence<br />

entre les prestataires », se félicite Olivier<br />

Kirsch, directeur et cofondateur de<br />

l’association GIFOD qui réunit des CFA<br />

et des organismes de formation, qui n’en<br />

constate pas moins qu’on a « souvent du<br />

mal à passer de l’expérimentation à sa<br />

généralisation quand on teste beaucoup<br />

de méthodes ».<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

LES EXAMENS ET CONCOURS<br />

À DISTANCE ; OUI MAIS<br />

COMMENT ?<br />

Se pose particulièrement la question<br />

du passage des examens et épreuves<br />

à distance qu’ont par exemple décidé<br />

de conserver les concours Accès et<br />

Sesame pour l’entrée dans les écoles de<br />

management postbac. Pour ses écrits en<br />

ligne SESAME a choisi la solution TestWe.<br />

63 000 sessions - d’une moyenne d’une<br />

heure - ont ainsi été scrutées en 2022 par<br />

200 examinateurs pendant douze jours<br />

pour déceler d’éventuelles triches. « C’est<br />

l’équivalent de 3 000 journées audios<br />

d’enregistrement. En tout environ 10%<br />

des vidéos remontent et un bon millier<br />

sont regardées à la loupe pour décider<br />

s’il s’agit ou pas d’une fraude », explique<br />

le directeur du programme, Thomas Lagathu,<br />

tout en rappelant que la « triche<br />

existe également en présentiel » : « Le<br />

dispositif anti-triche est plus efficace<br />

en distanciel ! »<br />

La solution met en avant les temps « suspects<br />

» - bruits, chuchotements, parents<br />

qu’on entend, etc. – comme des regards<br />

constamment posés par le candidat sur<br />

un Iphone « oublié » sur son bureau.<br />

« Nous nous étonnons aussi de voir un<br />

étudiant subitement très bon dans une<br />

matière quand son dossier scolaire dit<br />

le contraire », reprend Thomas Lagathu.<br />

De plus SESAME demande au début du<br />

passage de l’examen aux candidats de<br />

filmer leur environnement, les alentours<br />

de leur bureau et même… leurs oreilles<br />

pour valider qu’ils ne portent pas d’oreillette.<br />

Des dispositifs que certains jugent<br />

intrusifs : « Le candidat qui ne veut pas<br />

être filmé chez lui peut venir passer les<br />

épreuves dans une école », explique<br />

encore Thomas Lagathu. In fine 40 candidats<br />

ont été exclus en 2022. En <strong>2023</strong> les<br />

modalités de passage du concours sont<br />

confirmées avec quelques changement<br />

cosmétiques comme un temps de passage<br />

plus court pour les questions pour<br />

« éviter qu’ils soient tentés d’aller voir<br />

ailleurs dans le temps qu’il leur reste »,<br />

reprend Thomas Lagathu.<br />

De son côté la Commission nationale<br />

Transformer un établissement : l’exemple d’Excelia<br />

Pour un établissement d’enseignement<br />

supérieur les transformations sont<br />

profondes. En novembre 2021 Anthony<br />

Hié quitte ainsi l’ESCP pour diriger la<br />

transformation digitale du groupe Excelia.<br />

Il en est ressorti un plan de transformation<br />

digitale baptisé XL Vision. « Ce plan s’est fixé<br />

pour mission de réinventer notre système<br />

d’enseignement grâce aux pédagogies<br />

innovantes et immersives et d’améliorer<br />

liexpérience de chacune des parties<br />

prenantes de notre groupe », explique<br />

le directeur général du groupe, Bruno<br />

Neil. Déployé sur 5 ans, il s’appuie sur un<br />

programme d’innovations pédagogiques<br />

et organisationnelles qui va impliquer 40<br />

recrutements pour un budget total de 5,6<br />

millions d’euros. Le processus ILE, pour<br />

informatique et liberté (Cnil) travaille sur<br />

l’éthique que suppose l’utilisation des<br />

techniques de surveillance des candidats.<br />

Elle publiera d’ici l’été <strong>2023</strong> un texte de<br />

recommandations dont on peut déjà lire<br />

le projet. Il en ressort notamment que<br />

le « recours à l’évaluation à distance et<br />

aux outils de télésurveillance associés<br />

ne devrait pas être motivé par le seul<br />

objectif de rendre moins contraignant<br />

pour l’établissement l’organisation de<br />

la vérification des connaissances des<br />

étudiants ». Le passage de l’épreuve<br />

« dans un local dédié et soumis à une<br />

surveillance humaine devrait rester la modalité<br />

normale d’organisation ». Lorsqu’il<br />

est pertinent, le passage de certaines<br />

épreuves à distance plutôt que dans<br />

l’établissement devrait, « en principe,<br />

être une faculté offerte aux étudiants et<br />

non une obligation ». A suivre…<br />

Immersive Learning Experience, vise ainsi<br />

à « garantir la qualité des expériences<br />

pédagogiques immersives, dans les<br />

campus ou dans le métaverse ».<br />

Tout juste à l’entrée du campus d’Excelia<br />

à La Rochelle se trouve la XL Factory.<br />

Ouverte à tous (apprenants, professeurs,<br />

collaborateurs), elle permet à la fois de<br />

transformer, coconstruire, expérimenter et<br />

partager les expériences d’apprentissage<br />

innovantes avec à disposition un<br />

certain nombre de casques de réalité<br />

virtuelle. « Nous créons une expérience<br />

d’apprentissage immersive, pas un<br />

campus virtuel, ce sont des contenus<br />

complémentaires au réel qui permettent<br />

d’élargie le champ des possibles », explique<br />

le directeur de la transformation digitale.<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

ALAIN FUCHS<br />

Président de PSL<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Alain Fuchs :<br />

chercheur manager, du CNRS à PSL<br />

Chercheur renommé,<br />

président du CNRS<br />

puis de PSL, le destin<br />

d’Alain Fuchs est<br />

hors du commun.<br />

Mais comment<br />

ce jeune étudiant<br />

suisse est-il arrivé<br />

au plus haut niveau<br />

de la recherche et<br />

de l’enseignement<br />

supérieur français ?<br />

Son portrait.<br />

Comment se forge un destin ? Pour<br />

Alain Fuchs c’est tout simplement<br />

le choix de faire ou non des études<br />

qui se pose lorsqu’il revient en 1970<br />

habiter en Suisse, à Lausanne où il<br />

est né, après avoir suivi ses parents<br />

en Afrique pendant près de dix ans.<br />

Son père, programmeur analyste,<br />

y installait des ordinateurs, les<br />

premiers à l’époque, dans des grandes<br />

compagnies et administrations.<br />

« J’avais suivi un parcours scolaire un<br />

peu chaotique en suivant mon père<br />

dans ses différentes affectations, au<br />

Zaïre, en Afrique du Sud et en Côte<br />

d’Ivoire. Jusqu’à Abidjan où j’avais<br />

surtout passé du temps sur la plage<br />

tout en étant un bon élève. Mais à<br />

mon retour en Suisse j’avais un gros<br />

problème pour intégrer une terminale :<br />

je ne parlais pas un mot allemand,<br />

ce qui est obligatoire en Suisse, et<br />

je manquais furieusement d’envie de<br />

rattraper huit ans d’enseignement ! »<br />

A ce moment Alain Fuchs se met à<br />

gagner sa vie, sa famille ayant connu<br />

quelques revers de fortune : « J’ai<br />

fait plein de petits boulots, dans la<br />

boulangerie industrielle la nuit, à la<br />

poste à charger et décharger des<br />

sacs de courrier, au service immobilier<br />

de la ville de Lausanne pour faire<br />

des déménagements. J’aurais pu<br />

commencer à travailler mais je me<br />

suis vite convaincu que faire des<br />

études me convenait mieux ». Et il en<br />

profite pour dévorer les livres de la<br />

bibliothèque municipale pour « se faire<br />

une culture ».<br />

C’est à ce moment-là que sa mère<br />

trouve la solution. Il est possible<br />

de passer un concours d’entrée à<br />

l’École polytechnique fédérale de<br />

Lausanne (EPFL) sans avoir forcément<br />

l’équivalent suisse du bac, la maturité.<br />

Il suffit pour cela de s’inscrire en<br />

auditeur libre à une préparation<br />

en mathématiques, cinq jours par<br />

semaine à haute dose. « Le niveau en<br />

mathématiques était très élevé et j’ai<br />

eu un mal fou à suivre. Mes résultats<br />

étaient épouvantables mais je me<br />

suis accroché et j’ai travaillé tout l’été<br />

pour passer le concours où il n’y avait<br />

qu’une langue étrangère à maîtriser.<br />

Et je choisis l’anglais que j’avais appris<br />

à Johannesburg. En fait j’ai fait ces<br />

études parce que je n’avais pas fait<br />

d’allemand à l’école ! »<br />

32


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Les années EPFL<br />

Le concours d’entrée à l’EPFL n’étant<br />

finalement pas si difficile avec un<br />

niveau en mathématiques moins élevé<br />

qu’en classe préparatoire, Alain Fuchs<br />

y entre sans problème. Il y retrouve<br />

le professeur de mathématiques<br />

qui l’avait fait tant souffrir mais n’en<br />

est pas moins impressionné par<br />

ses qualités : « Il voulait à tout prix<br />

que je m’inscrive en génie civil, une<br />

matière plébiscitée en Suisse et qui lui<br />

semblait correspondre aux ambitions<br />

que je pouvais avoir. Mais je suis plus<br />

tenté par la chimie dans la mesure où<br />

il n’y avait pas de biologie à l’EPFL à<br />

l’époque ».<br />

Ce sera donc la chimie. Sans passion<br />

excessive au début : « C’était de la<br />

chimie de base, des manipulations,<br />

des expériences et cela ne me plaisait<br />

pas beaucoup. Mais c’était beaucoup<br />

mieux qu’être déménageur ou<br />

boulanger la nuit. Et comme je n’avais<br />

pas encore fait beaucoup d’efforts<br />

intellectuels, j’en avais encore sous la<br />

semelle ! ».<br />

Il va finalement adorer les années<br />

passées à l’EPFL, la vie étudiante et<br />

surtout la possibilité de « construire<br />

quelque chose de stable » après<br />

toutes ces années à « bourlinguer<br />

dans toute l’Afrique sans jamais<br />

pouvoir me faire des amis plus d’un<br />

an ». En Suisse il bénéficie de bourses<br />

très généreuses du Canton de Vaud.<br />

Pour autant la vie finit par l’ennuyer.<br />

Notamment par sa rigidité. « Avec<br />

toute une bande d’amis étudiants nous<br />

avions organisé une manifestation<br />

pour demander la baisse des prix<br />

des billets de cinéma. Nous sommes<br />

dans les années post 68 et nous nous<br />

étions inspirés de «Sous les pavés la<br />

plage» pour demander «Enlever les<br />

montagnes pour qu’on voie la mer».<br />

C’était peut-être la seule manifestation<br />

qui n’ait jamais eu lieu à Lausanne et<br />

tout de suite la police a déployé un<br />

arsenal anti-émeutes hallucinant ».<br />

Les premières années<br />

d’un chercheur<br />

Nous sommes en 1975, Alain Fuchs est<br />

maintenant ingénieur chimiste diplômé<br />

de l’EPFL mais veut absolument venir à<br />

Paris. Il décide donc de poursuivre ses<br />

études par un doctorat à l’université<br />

Paris-Sud à Orsay (aujourd’hui<br />

Paris-Saclay). Il y passera ensuite<br />

six années passionnantes comme<br />

maître assistant. Mais six années<br />

« précaires » : « N’étant pas encore<br />

français je ne pouvais être que maître<br />

assistant associé. Un poste très<br />

précaire mais je ne m’en souciais<br />

pas, persuadé qu’avec mon diplôme<br />

d’ingénieur je trouverai toujours un<br />

emploi ». En 1984, enfin français<br />

depuis un an, il embarque pour un<br />

séjour de postdoc à l’université<br />

d’Edinburgh : « J’y ai appris à<br />

réaliser des calculs de modélisation<br />

moléculaire. C’était très novateur<br />

à l’époque dans ma discipline (la<br />

chimie-physique) et cela a lancé ma<br />

carrière de chercheur en simulation<br />

moléculaire. Des expériences de<br />

pensée sur ordinateur pour décrire<br />

la trajectoire de chaque molécule, la<br />

visualiser et comparer les résultats du<br />

calcul à la réalité expérimentale par le<br />

moyen d’outils statistiques ».<br />

Après près de deux ans en Ecosse,<br />

Alain Fuchs revient en 1986 à Orsay.<br />

La « passion des sciences » et<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

d’une recherche qui passe par un<br />

« tâtonnement lent » désormais bien<br />

chevillée au corps : « Je n’avais pas<br />

une vocation de chercheur au départ<br />

mais j’ai vite trouvé passionnant de<br />

rendre rationnel ce qui peut paraitre<br />

à première vue irrationnel. Je ne suis<br />

pas rationaliste à tout prix. Je suis<br />

adepte des savoirs. Souvenez-vous<br />

quand Barack Obama dit «It’s not cool<br />

to not know what you’re talking about»<br />

en se référant à Donald Trump ! ».<br />

C’est mon état d’esprit d’essayer<br />

toujours de comprendre et je suis très<br />

fier de la devise de l’Université PSL :<br />

«Sapere Aude», «Ose savoir». Nous<br />

sommes poussés à avancer par nos<br />

ignorances.» Et de citer deux grands<br />

chercheurs : Charles Darwin (« Un<br />

chercheur est un aveugle qui, dans<br />

une pièce sombre, cherche un chat<br />

noir qui n’y est pas ») et Marie Curie<br />

(« On ne s’intéresse qu’à ce qu’on ne<br />

sait pas »).<br />

Manager des sciences<br />

Alain Fuchs passera en tout près<br />

de vingt ans à Orsay dans un<br />

laboratoire mixte avec le CNRS.<br />

Nommé professeur en 1995, il monte<br />

à Orsay en 2000 un laboratoire de<br />

chimie-physique autour d’un nouvel<br />

équipement : un centre de cinétique<br />

rapide et de radiolyse pulsée, en<br />

regroupant trois laboratoires existants<br />

sur le campus. « C’est le début de<br />

mes fonctions de management<br />

impliquant même la responsabilité<br />

de la construction d’un nouveau<br />

bâtiment. Mais toujours en faisant<br />

de la recherche et en enseignant car<br />

c’est notre métier de base, et il faut<br />

toujours se demander ce qui est utile<br />

pour l’exercer.». Alain Fuchs enseigne<br />

Mines Paris fait partie des écoles d’ingénieurs prestigieuses de PSL<br />

d’ailleurs toujours aujourd’hui au sein<br />

de l’Université PSL dans la licence<br />

Sciences pour un monde durable.<br />

Cette première expérience de<br />

management réussie, une nouvelle<br />

opportunité de carrière se présente en<br />

2005, celle de diriger l’école de Chimie<br />

de Paris : « L’école était rattachée à<br />

l’université Pierre et Marie Curie avec<br />

des relations alors difficiles. J’avais de<br />

bonnes relations avec tous les acteurs<br />

de l’écosystème et on m’a proposé<br />

le poste pour y ramener la paix ». A<br />

deux pas du Panthéon, les locaux, qui<br />

ont accueilli des chimistes célèbres<br />

(Charles Friedel, Henri Moissan<br />

premier prix Nobel de chimie français),<br />

sont dans un assez mauvais état et<br />

la question se posera longtemps de<br />

déménager l’école sur le campus de<br />

Jussieu, voire en dehors de Paris. Des<br />

travaux de maintenance permettront<br />

de l’y faire rester. Aujourd’hui Chimie<br />

Paris fait partie de PSL.<br />

Le CNRS, un sacré défi<br />

En 2010 un des plus grands défis pour<br />

un scientifique français s’ouvre à Alain<br />

Fuchs. Le directeur de cabinet de la<br />

ministre de l’Enseignement supérieur<br />

et de la Recherche Valérie Pécresse,<br />

lui propose en effet de faire partie<br />

de la short list des prétendants à la<br />

direction du CNRS : « Je n’étais pas<br />

particulièrement emballé puis je me<br />

suis pris au jeu avec le changement<br />

de statut du CNRS qui sortait d’une<br />

période compliquée ». Son premier<br />

mandat de quatre ans, Alain Fuchs va<br />

notamment le consacrer à rapprocher<br />

le CNRS des universités avec le<br />

lancement du programme Idex : « Je<br />

ne regrette pas ce premier mandat<br />

S. Boda Mines Paris<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

avec le soutien fort du CNRS aux<br />

candidatures IDEX sur le territoire,<br />

et les choix à opérer en matière<br />

de grands instruments (fallait-il<br />

par exemple poursuivre un projet<br />

comme Virgo le détecteur d’ondes<br />

gravitationnelles géant construit en<br />

Italie ? L’histoire a montré que l’on a eu<br />

raison de le faire !».<br />

Non si Alain Fuchs a des regrets,<br />

ils concernent plutôt son deuxième<br />

mandat : « Après 2008 le contexte<br />

n’était pas favorable financièrement<br />

mais on pouvait attendre de la<br />

présidence de François Hollande<br />

qu’elle soit plus claire et affirmée en<br />

faveur de la recherche. Au contraire<br />

nous avons dû accepter des coupes<br />

régulières dans les budgets pourtant<br />

votés, nous battre pour maintenir les<br />

emplois et constater que le soutien<br />

aux grands instruments devenait de<br />

plus en plus difficile».<br />

Au final Alain Fuchs constate :<br />

« J’ai passé dix années formidables<br />

au CNRS comme chercheur. Il n’y<br />

aurait pas de science française<br />

aujourd’hui sans le CNRS mais la<br />

structure s’est rigidifiée ce qui rend<br />

le CNRS aujourd’hui plus difficilement<br />

réformable ». Un problème majeur<br />

dans la mesure où, dans le même<br />

temps, le paysage universitaire<br />

a profondément évolué, avec<br />

l’émergence de véritables universités<br />

de recherche. « Il n’est pas possible<br />

que le CNRS n’évolue pas lui aussi !<br />

Le modèle des unités mixtes de<br />

recherche (UMR) a atteint ses limites.<br />

Les universités qui sortent du lot<br />

devraient pouvoir gérer leurs UMR ».<br />

PSL : l’université d’un nouveau<br />

type<br />

En 2017, tout juste avant la fin de son<br />

second mandat au CNRS, Alain Fuchs<br />

prend la présidence d’une université<br />

née progressivement pendant la<br />

décennie 2010-2020, Paris Sciences<br />

et Lettres (PSL), en réunissant des<br />

établissements de premier ordre<br />

dans une structure à même de lui<br />

donner un impact international. Au<br />

sein de PSL se trouvent en effet des<br />

membres fondateurs tels l’ENS Paris,<br />

Paris-Dauphine, Mines Paris, l’ESPCI<br />

Paris, l’Observatoire de Paris ou<br />

encore l’Ecole des Chartes… Avec des<br />

membres associés comme l’Institut<br />

Curie, et des partenaires comme<br />

l’Ecole nationale supérieure des<br />

Arts Décoratifs ou l’Ecole nationale<br />

supérieure d’architecture Paris-<br />

Malaquais.<br />

Un aéropage qui n’était pas inconnu<br />

d’Alain Fuchs, membre du conseil<br />

d’administration de PSL : « J’avais<br />

bien suivi le projet que je trouvais<br />

passionnant : la création d’une<br />

université d’un nouveau type,<br />

sur un modèle humboldtien, et<br />

entièrement sélective. Une université<br />

vraiment pluridisciplinaire avec<br />

des enseignements au plus près<br />

de la recherche et des disciplines<br />

qui se parlent. Une université<br />

qui a aujourd’hui une renommée<br />

internationale, dont le modèle se<br />

rapproche de celui de grandes<br />

universités internationales.»<br />

Et également une institution qui<br />

dépasse enfin le clivage universités<br />

/ grandes écoles : « Comme Paris-<br />

Saclay, PSL comprend des écoles<br />

Paris-Dauphine<br />

d’ingénieurs. Tous les diplômes sont<br />

PSL et opérés par les composantes,<br />

y compris les écoles d’ingénieurs. On<br />

démontre que les écoles d’ingénieurs<br />

ont une place majeure dans de telles<br />

universités du 21e siècle. Je suis très<br />

fier d’avoir contribué à ce résultat.<br />

Je pense que les établissements<br />

qui refusent ce mouvement de fond<br />

finiront par disparaitre ».<br />

Une seule université, mais quelle université,<br />

Paris-Dauphine, est membre de PSL.<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Où en est le niveau<br />

des élèves français ?<br />

C’est une question cruciale pour l’enseignement supérieur :<br />

comment évolue le niveau des élèves français du primaire au bac ?<br />

Plusieurs études viennent justement de faire le point.<br />

La note sur l’étude Pirls 2021<br />

que vient de publier la DEPP<br />

(Direction de l’évaluation, de<br />

la prospective et de la performance)<br />

du ministère de l’Education nationale,<br />

de la Jeunesse et des Sports établit<br />

que la France stabilise ses résultats<br />

en compréhension de l’écrit en fin de<br />

quatrième année de scolarité obligatoire<br />

(CM1 pour la France). Si les autres pays<br />

européens sont majoritairement en baisse,<br />

la France n’en reste pas moins à la traine.<br />

Selon son autre note Objectifs éducation<br />

et formation 2030 de l’UE : où en est la<br />

France en <strong>2023</strong>, la France amène davantage<br />

de jeunes enfants vers l’éducation, a<br />

moins de sorties précoces de formation<br />

et un accès plus élevé à des diplômes du<br />

supérieur que la moyenne de l’UE. Plutôt<br />

encourageant…<br />

Étude PIRLS 2021 : scores moyens des pays<br />

de l’Union européenne en 2021<br />

Compréhension de<br />

l’écrit : un (petit) mieux<br />

Après quinze années de baisse continue<br />

de la performance globale française, la<br />

note sur l’étude PIRLS 2021 établit que<br />

si les performances des élèves français<br />

basées sur la compréhension de textes<br />

« narratifs et informatifs » comme sur<br />

les textes les plus simples (« Prélever » et<br />

« Inférer ») restent stables, celles sur les<br />

processus de compréhension les plus<br />

complexes (« Interpréter » et « Apprécier<br />

») augmentent elles de 9 points. Avec<br />

un score global moyen de 514 points,<br />

la France se situe certes au-delà de la<br />

moyenne internationale (500 points) mais<br />

reste en deçà de la moyenne européenne<br />

(527 points). Et très loin de Singapour et<br />

Hong Kong qui culminent respectivement<br />

à 587 et 573 points.<br />

Les quatre processus scrutés par l’enquête<br />

PIRLS (« Prélever », « Inférer », « Interpréter<br />

» et « Apprécier ») ont été regroupés<br />

afin de créer deux échelles de scores<br />

indépendantes. Le calcul de la moyenne<br />

européenne, en 2021, s’établit à 529 points<br />

Évolution du score moyen des pays de l’Union Européenne<br />

ayant participé aux cycles Pirls 2016 et 2021<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

pour ce qui concerne les processus « Prélever<br />

et Inférer », et à 528 points pour les<br />

processus « Interpréter et Apprécier ».<br />

En France, ces deux sous-scores, de respectivement<br />

519 et 510 points, s’écartent<br />

légèrement du score global français (514),<br />

mettant en évidence une force relative sur<br />

les processus les plus simples (« Prélever<br />

et Inférer ») et une faiblesse relative sur<br />

les processus les plus complexes (« Interpréter<br />

et Apprécier »).<br />

Entre 2016 et 2021, on n’en constate pas<br />

moins une hausse significative des résultats<br />

de la France sur les processus les<br />

plus complexes, avec un score qui passe<br />

de 501 à 510 points, alors que les résultats<br />

se stabilisent pour les processus les<br />

plus simples. En moyenne dans l’UE sur<br />

la même période, le score moyen sur les<br />

processus « Prélever et Inférer » a baissé<br />

de 13 points et celui sur les processus<br />

« Interpréter et Apprécier » de 9.<br />

Les scores moyens de la France restent<br />

donc inférieurs à ceux des pays de l’UE<br />

mais avec une diminution des écarts de 11<br />

points sur les processus les plus simples<br />

et de 17 points sur les plus complexes.<br />

Compétences à 15 ans :<br />

où se situe la France dans<br />

l’Union européenne ?<br />

Selon la note de la DEPP, en moyenne<br />

dans l’UE-27, 22,5% des élèves âgés de<br />

15 ans ne parviennent pas au seuil des<br />

compétences minimales en compréhension<br />

de l’écrit à PISA 2018. La situation<br />

est similaire dans les deux autres domaines<br />

évalués en 2018 (cultures mathématique<br />

et scientifique), où la moyenne<br />

européenne est respectivement de 22,9%<br />

et 22,3% alors que l’objectif est de descendre<br />

en deçà de 15 % d’ici 2030. En<br />

France, la situation est légèrement meilleure<br />

que la moyenne européenne : il y<br />

a environ 21% d’élèves faiblement compétents<br />

dans chacun des trois domaines.<br />

L’Allemagne est proche de la France, mais<br />

l’Espagne et l’Italie sont dans des situations<br />

plus difficiles. Seules l’Estonie, la<br />

Finlande et la Pologne avaient moins de<br />

15% d’élèves avec des compétences insuffisantes<br />

dans les trois domaines évalués<br />

par PISA 2018.<br />

PIRLS : évolution des scores des filles<br />

et des garçons entre 2001 et 2021 en France<br />

PIRLS : évolution du score moyen de la France en fonction<br />

des processus de compréhension<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

JUIN <strong>2023</strong> N° 72<br />

Combien de diplômés<br />

de l’enseignement<br />

supérieur ?<br />

En 2022, en moyenne dans l’UE-27, 42%<br />

des jeunes de 25 à 34 ans sont diplômés<br />

de l’enseignement supérieur pour un objectif<br />

de 45% à l’horizon 2030 qui est atteint<br />

dans 13 pays dont la France (50,4<br />

% des 25-34 ans sont diplômés du supérieur).<br />

Parmi les 14 pays qui n’ont pas<br />

encore atteint l’objectif, on compte l’Allemagne<br />

(37,1%), la Pologne (40,5%), et<br />

surtout l’Italie (seulement 29,2% !).<br />

Dans l’ensemble des États membres, les<br />

femmes sont plus souvent diplômées de<br />

que les hommes, avec 11 points d’écart<br />

en moyenne. Parmi les pays qui ont déjà<br />

plus de 45% de diplômés, la France est<br />

le pays qui présente l’écart le plus faible<br />

(54% de femmes et 46,6% d’hommes).<br />

Dans certains autres pays, les diplômés<br />

de l’enseignement supérieur sont largement<br />

rares parmi les hommes : en Italie,<br />

seulement 23,1% des hommes sont diplômés<br />

pour 35,5 % des femmes.<br />

Une étude internationale<br />

L’étude PIRLS est organisée tous les cinq<br />

ans par l’IEA, une association internationale<br />

indépendante pour l’évaluation scolaire.<br />

Cette organisation, qui regroupe<br />

des institutions de recherche et des organismes<br />

gouvernementaux nationaux,<br />

mène des études sur les performances internationales<br />

depuis 1959. En France la<br />

DEPP pilote le dispositif. Tous les cinq<br />

ans, PIRLS évalue les compétences des<br />

élèves en fin de quatrième année des enseignements<br />

systématiques (soit le CM1<br />

en France), en compréhension de l’écrit.<br />

La France participe à cette étude depuis<br />

sa création en 2001 (2001, 2006, 2011,<br />

2016, 2021).<br />

Situation des 27 pays de l’Union européenne vis-à-vis<br />

de la stratégie Espace européen de l’éducation 2030, en <strong>2023</strong><br />

S. G<br />

Les deux notes :<br />

• Fournier Y., Rakocevic R., <strong>2023</strong>, «Objectifs<br />

éducation et formation 2030 de<br />

l’UE : où en est la France en <strong>2023</strong> ?»,<br />

Note d’Information, n° 23.20, DEPP.<br />

• Conceicao P., Desclaux A., Lacroix<br />

A., <strong>2023</strong>, «Pirls 2021 : la France stabilise<br />

ses résultats contrairement aux<br />

autres pays européens majoritairement<br />

en baisse», Note d’Information, n° 23.21,<br />

DEPP.<br />

A lire : Les raisons qui expliquent la<br />

fragilité des élèves français en lecture<br />

(Le Monde), Enquêtes internationales<br />

sur le niveau des élèves : comment<br />

les interpréter (The Conversation), La<br />

Suède juge les écrans responsables de<br />

la baisse du niveau des élèves et veut<br />

un retour aux manuels scolaires (Le<br />

Monde)<br />

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