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L'Essentiel Prépas n°74 - Septembre 2023

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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N°74 | SEPTEMBRE <strong>2023</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

PORTRAIT<br />

Léon Laulusa (ESCP BS)<br />

DÉBAT<br />

Fouziya Bouzerda<br />

et Philippe Monin (GEM)<br />

Odile Gauthier<br />

(Institut Mines Télécom)<br />

Federico Pasin (HEC Montréal)<br />

REPÈRES<br />

6,4 millions d’étudiants mobiles<br />

dans le monde<br />

Sigem <strong>2023</strong><br />

Les écoles ont géré la pénurie<br />

COMMENT SE FORGE UN DESTIN<br />

Léon Laulusa : la passion<br />

de l’enseignement


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Un atelier « continuum » en 2022<br />

dans les locaux de emlyon<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

UNE ANNÉE CRUCIALE<br />

Alors que la Conférence des directeurs des écoles françaises<br />

de management (Cdefm) vient d’effectuer une étude<br />

sur la perception des classes préparatoires économiques<br />

et commerciales générales (ECG) destinée à concevoir une<br />

campagne de communication pour les promouvoir, alors<br />

que les premiers chiffres d’inscription sont encourageants<br />

toute la filière croise les doigts pour que l’année <strong>2023</strong>-24<br />

soit celle de la reconquête.<br />

Si on attend encore les chiffres définitifs des inscriptions en classes préparatoires<br />

économiques et commerciales générales (ECG) cette année les premières<br />

tendances semblent positives comme en attestaient déjà les premières remontées<br />

de Parcoursup. Les classes qui ont le plus souffert pourraient même être les plus<br />

vigoureuses dans cette reprise tant attendue.<br />

Les classes préparatoires ECG tireraient ainsi partie d’un travail effectué maintenant<br />

de longue date pour changer leur image et montrer que, bien loin d’être un refuge<br />

d’une petite élite, elles ouvrent l’excellence au plus grand nombre.<br />

Un sujet dont nous reparlerons, en compagnie des représentants de l’Aphec et des<br />

écoles de management, le 13 octobre prochain à La Rochelle dans les locaux d’Excelia<br />

BS. Pour la cinquième année consécutive notre « Journée du continuum » va ainsi<br />

faire se rencontrer professeurs de prépas, directeurs d’écoles et de programmes<br />

Grande école, proviseurs mais aussi étudiants issus de prépas pour discuter de<br />

l’avenir des classes préparatoires. En cette<br />

année cruciale et en s’appuyant sur les diagnostics<br />

posés par l’étude de la Cdefm nous<br />

allons sérier différentes thématiques et proposer<br />

à des groupes de travail de nous faire<br />

leur préconisations.<br />

3 • Christophe Germain quitte<br />

la direction d’Audencia<br />

4 • L’IMT BS crée un test<br />

d’intelligence digitale<br />

5 • L’Edhec mise sur<br />

le développement durable<br />

7 • EESPIG : 10 ans après<br />

des enjeux qui persistent<br />

9 • L’ICN crée des ateliers<br />

de développement personnel<br />

11 • TBS Education inaugure son nouveau<br />

campus parisien<br />

12 • Passage de flambeau à la tête<br />

de Yschools<br />

PORTRAIT<br />

13 • Comment se forge un destin ?<br />

Léon Laulusa : la passion de<br />

l’enseignement<br />

ENTRETIEN<br />

17 • Fouziya Bouzerda, Directrice générale<br />

de GEM et Philippe Monin, Directeur<br />

académique en charge des programmes<br />

de GEM<br />

25 • Odile Gauthier, Directrice générale de<br />

l’Institut Mines-Télécom (IMT)<br />

28 • Federico Pasin, Directeur de HEC Montréal<br />

DOSSIER<br />

20 • Sigem <strong>2023</strong> : les écoles de management<br />

ont géré la pénurie<br />

DÉBAT<br />

31 • 6,4 millions d’étudiants mobiles dans le<br />

monde<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse<br />

Photo de couverture : David Morgenti / Neoma BS


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Christophe Germain quitte<br />

la direction d’Audencia<br />

Après cinq ans à la tête d’Audencia Christophe<br />

Germain tire sa révérence. Une décision relativement<br />

attendue après des années éprouvantes<br />

mais qui laisse un grand vide. Comme peu de<br />

directeurs il incarnait une école dans laquelle il avait<br />

réalisé toute sa carrière et occupé deux fois le poste<br />

de directeur général par intérim avant d’être intronisé<br />

en 2018. Mais voilà Christophe Germain a informé, ce<br />

17 juillet, le conseil d’administration d’Audencia, qu’il<br />

ne souhaitait pas renouveler son mandat de directeur<br />

général et ce « malgré toute la confiance accordée par<br />

la gouvernance de l’école ».<br />

Le recrutement de son successeur a été immédiatement<br />

lancé. Jusque-là Laurent Métral, le président de l’école,<br />

assumera en plus les fonctions de directeur général.<br />

Dans un entretien il rappelle ainsi tout le travail effectué<br />

par Christophe Germain : « En 5 ans, sous la direction<br />

générale de Christophe Germain, les succès de l’école ont<br />

été nombreux. Le fort développement à l’international,<br />

le lancement et la mise en œuvre du plan stratégique<br />

ECOS 2025, avec notamment la création de l’école Gaïa,<br />

unique en France, ou encore le renforcement de l’Alliance<br />

qui lie Audencia, Centrale Nantes et l’ensa Nantes, en<br />

sont quelques exemples emblématiques. Christophe<br />

Germain bénéficiait d’une forte légitimité, à la hauteur<br />

de son attachement pour l’école depuis 22 ans et de<br />

ses réussites à différents postes clés de l’école. Il avait<br />

toute ma confiance, celle des administrateurs et des<br />

collaborateurs pour poursuivre les ambitions du plan<br />

ECOS 2025. Nous respectons pleinement sa décision ».<br />

NOMINATIONS<br />

Après l’EM Strasbourg (2016-2022) et l’Idrac BS (novembre<br />

2022 à aujourd’hui), Herbert Castéran va prendre<br />

la direction le 1 er novembre d’une troisième Grande école<br />

de management : l’Institut Mines Télécom business<br />

school. Il y succédera à Denis Guibard qui n’a pas été<br />

reconduit pour un deuxième mandat.<br />

Après le départ de la direction d’Audencia de Christophe<br />

Germain, c’est Vincenzo Esposito Vinzi, le directeur<br />

général de l’Essec qui lui succède en tant que<br />

vice-président de la Conférence des directeurs des écoles<br />

françaises de management (Cdefm). Membre co-fondateur<br />

de la Conférence et de son du conseil d’Administration,<br />

il présidera l’association aux côtés d’Alice<br />

Guilhon pour la période restant à courir jusqu’à la<br />

prochaine assemblée générale élective, en mars 2024.<br />

Le directeur général de l’ESSCA, Jean Charroin, rejoint<br />

quant à lui le conseil d’administration de la Cdefm.<br />

Nicolas Pejout a été nommé directeur général adjoint<br />

en charge du développement de emlyon. Directeur de<br />

la stratégie et du développement de l’école depuis 2020,<br />

Nicolas Péjout a précédemment été DGS de l’Université<br />

Paris Dauphine-PSL et directeur de Sciences Po Executive<br />

Education. Il est diplômé de Sciences Po et de<br />

l’Université de Stellenbosch, et titulaire d’un doctorat de<br />

l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales).<br />

Elisabetta Magnaghi a été nommée directrice générale<br />

adjointe et doyenne en charge des affaires académiques<br />

de KEDGE Business School. Elle est membre<br />

du comité de direction et rattachée à Alexandre de Navailles,<br />

le directeur général de l’école. Elle succède à<br />

Vincent Mangemetin.<br />

Après un bac+5 en sciences de gestion à l’Université de<br />

Pavie, en Italie, et un DESS Certificat d’aptitude à l’administration<br />

des entreprises, Elisabetta Magnaghi obtient<br />

un double titre de Docteure en Sciences de gestion.<br />

En 2020 enfin elle obtient son Habilitation à diriger des<br />

recherches (HDR).<br />

Elle a enseigné pendant 10 ans à l’Université de Lorraine,<br />

puis à l’Université Renmin de Suzhou (Chine)<br />

pour le compte de KEDGE Business School. En 2015,<br />

elle intègre la faculté de Gestion, économie et sciences<br />

de l’Université Catholique de Lille, en tant qu’enseignante-chercheuse<br />

et maître de conférences, avant de<br />

devenir responsable pédagogique des masters Comptabilité<br />

contrôle audit et Finance d’entreprise et des marchés<br />

». Elle est élue doyenne de la faculté en 2018 et<br />

réélue en 2021 et participe à la création de l’École du<br />

numérique (EDN) en 2021.<br />

3


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

L’IMT BS crée un test<br />

d’intelligence digitale<br />

L’Institut Mines-Telecom Business School (IMT-BS)<br />

propose cette année à ses nouveaux étudiants<br />

en programme Grande école de les confronter<br />

aux concepts de l’intelligence digitale par le biais<br />

d’un test. Les questions de ce test sont centrées autour<br />

des 24 compétences à développer dans ce domaine :<br />

création de l’écosystème digitale, usage civique et sain<br />

de la technologie, gestion des cyber-risques comportementaux,<br />

commerciaux et collectifs ou encore protection<br />

de la vie privée et des droits de propriété intellectuelle.<br />

Les résultats permettront à l’école d’adapter ses programmes,<br />

sa pédagogie pour permettre aux étudiants<br />

de se « transformer en acteurs compétents de la transformation<br />

digitale, munis des connaissances et des<br />

compétences nécessaires pour faire face aux défis<br />

futurs de l’ère numérique ».<br />

MBS seule école de<br />

management française dans<br />

le Classement de Shanghai<br />

SKEMA BS<br />

Pour la 2 ème année consécutive, Montpellier Business<br />

School est la seule école de management française à figurer<br />

au global dans le Classement de Shanghai publié<br />

le 15 août dernier. Classée dans la catégorie des universités<br />

des rangs 901 à 1000, MBS est particulièrement<br />

reconnue (rang 101-150) en Business Administration et<br />

en finance. Depuis 2015, 25 % des contributions intellectuelles<br />

produites par les enseignants-chercheurs de<br />

l’école traitent plus particulièrement de la responsabilité<br />

sociale et environnementale (RSE) et du développement<br />

durable.<br />

SKEMA labellisée DD&RS<br />

Fin juin Skema a obtenu le label DD&RS.<br />

Le comité d’auditeurs a en premier lieu<br />

reconnu l’investissement de SKEMA au<br />

travers de la création en mars 2022 du dispositif<br />

« SKEMA Transitions » dédié à la<br />

transition socio-écologique et au management<br />

responsable à l’échelle de l’ensemble<br />

des implantations de l’Ecole en France et<br />

dans le monde. Ce dispositif accompagne<br />

les actions et les projets au niveau de l’enseignement,<br />

de la recherche, des opérations<br />

et des partenariats de SKEMA. Il<br />

monte et coordonne des groupes de travail<br />

collaboratifs et multi-campus sur les<br />

grands enjeux et est porteur de projets institutionnels<br />

spécifiques.<br />

Les auditeurs ont également pris en<br />

compte les dimensions Formation et Recherche<br />

afin de mesurer les initiatives de<br />

l’école telles que les actions de sensibilisa-<br />

tion des étudiants au moyen de Fresques<br />

et d’ateliers. Ces actions complètent un<br />

dispositif d’enseignement régulièrement<br />

enrichi de plus d’une centaine de cours<br />

dédiés à l’impact.<br />

Concernant l’axe Gestion environnementale,<br />

SKEMA a réalisé un bilan GES (Gaz<br />

à Effet de Serre) en 2019. L’ouverture du<br />

nouveau campus Grand Paris et l’intégration<br />

des campus internationaux a permis<br />

une analyse complète Bilan Carbone pour<br />

l’année 2022.<br />

Enfin l’audit a souligné l’engagement de<br />

SKEMA autour de la qualité de vie des<br />

étudiants en termes de diversité, d’égalité<br />

femmes hommes, de mobilisation de la<br />

communauté envers les violences sexistes<br />

et sexuelles ainsi que l’accompagnement<br />

des apprenants vers la vie professionnelle.<br />

4<br />

EN BREF<br />

• A l’occasion du sommet<br />

international MERIT qui<br />

s’est tenu à Barcelone le<br />

26 mai dernier, emlyon<br />

business school a reçu le<br />

trophée du développement du<br />

leadership qui reconnaît la<br />

qualité et l’impact du progra<br />

• L’ESC Clermont Business<br />

School organise les 19<br />

et 20 septembre <strong>2023</strong>,<br />

l’événement « WEPREPA »,<br />

une rencontre avec<br />

les représentants des<br />

classes préparatoires<br />

au niveau national.<br />

• C’est une nouvelle forme<br />

de don : la Fondation<br />

ESCP a reçu des actions<br />

de la startup Work&Go<br />

dont le co-président est un<br />

ancien élève de l’école.<br />

• Excelia Business School a<br />

obtenu le renouvellement de<br />

son accréditation AMBA pour<br />

la durée maximale de 5 ans.<br />

• L’ESSEC et la faculté<br />

de philosophie de l’ICP<br />

s’associent et lancent<br />

un double parcours en<br />

philosophie et management à<br />

compter de septembre <strong>2023</strong>.<br />

Ce programme d’échange<br />

permettra aux étudiants<br />

de l’ESSEC et de l’ICP<br />

de suivre des cours dans<br />

les écoles respectives.<br />

• Le Groupe ISC Paris a<br />

signé un partenariat avec<br />

l’École Supérieure des<br />

Sciences Économiques et<br />

de Management située à<br />

Casablanca donner accès<br />

aux Programmes Grande<br />

École et MSc de l’ISC<br />

Paris aux étudiants de<br />

l’ESSEM Casablanca.


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

L’Edhec mise sur<br />

le développement durable<br />

Il y a un peu plus de trois ans nous avons effectué<br />

un virage vers le développement durable pour que<br />

l’Edhec mette son enseignement au service des générations<br />

futures en transformant les programmes. »<br />

Emmanuel Métais, le directeur général de l’Edhec,<br />

rappelle ainsi comment son groupe s’est profondément<br />

transformé ces dernières années dans un enseignement<br />

supérieur qui a connu bien des soubresauts au nouveau<br />

mondial ces dernières années : « La Chine revient en<br />

force, leurs institutions d’enseignement supérieur n’ont<br />

plus grand-chose à envier aux occidentales et délivrent<br />

45 000 MBA par an soit un tiers des business schools<br />

américaines. Aux États-Unis la majorité des étudiants<br />

en MBA disent maintenant préférer un enseignement<br />

en ligne. Au Royaume-Uni les programmes s’hybrident<br />

de plus en plus. »<br />

Cap sur le développement durable. La sustainability,<br />

le développement durable et inclusif, est au cœur<br />

de la stratégie de l’Edhec. « Nous voulons devenir l’un<br />

des leaders, sinon le leader, de la finance climatique<br />

avec un centre de recherche maintenant bien implanté<br />

à Nice et Londres. Les marchés se sont un peu endormis<br />

et ne mesurent pas encore très bien les impacts<br />

financiers du changement climatique », établit encore<br />

Emmanuel Métais dont le centre de recherche sur les<br />

infrastructures intègre également ces dimensions. Un<br />

centre qui se développe avec la vente d’indices qui<br />

permettent de mieux calibrer les investissements et<br />

gérer les impacts environnementaux.<br />

Pour avancer sur ces questions l’Edhec a développé<br />

une task force internationale et un laboratoire de recherche<br />

en finance verte qui bénéficie de 20 millions<br />

d’euros d’investissement. « Ce sont les investisseurs<br />

qui doivent faire évoluer les entreprises car ils ont un<br />

intérêt de long terme, plus que les entreprises un peu<br />

coincées dans leur modèle. De même les infrastructures<br />

seront très impliquées avec par exemple la montée de<br />

la mer pour l’aéroport de Nice. C’est notre propriété<br />

stratégique avec des chaires dédiées et beaucoup de<br />

professionnels qui viennent nous voir pour développer<br />

de nouveaux modèles », insiste benoît Aubert, le<br />

directeur des programmes de l’Edhec<br />

Plus largement les « Green skills » deviennent de plus<br />

en plus importantes dans les enseignements de l’Edhec.<br />

« L’enjeu aujourd’hui c’est que ces compétences soient<br />

EDHEC BS<br />

accessibles partout alors que la recherche n’est pas<br />

encore bien avancée. Comment valoriser les entreprises<br />

? Fiancer les transformations ? Il y a des enjeux<br />

considérables et nous voulons des étudiants engagés »,<br />

explique encore benoît Arnaud qui constate que de plus<br />

en plus de ses diplômés choisissent des emplois à impact<br />

et a lancé un processus de création d’entreprise, le Responsible<br />

Entrepreneurship by Design (RED), qui permet<br />

aux start up de se poser toutes les questions sur son<br />

impact ESG. « Cette année nos étudiants ont travaillé sur<br />

le futur des immeubles et leur rénovation en travaillant<br />

sur toutes les questions avec des représentants des<br />

entreprises pour proposer des solutions », explique<br />

également la professeure Michelle Sisto.<br />

Accroître la diversité sociale. En termes de diversité<br />

sociale l’Edhec a mis en place une double barre<br />

d’admissibilité à son concours d’entrée post prépa pour<br />

les boursiers. Elle va ainsi en chercher quelques-uns<br />

dont les notes sont en dessous de la barre d’admissibilité.<br />

Cela a permis de monter de 2,5 % les nombres<br />

d’étudiants boursiers - soit 25 étudiants - pour atteindre<br />

les 15 % en 2022 dans le programme Grande école. Le<br />

dispositif Talents Prépa permet par ailleurs de former 50<br />

étudiants, dont 12 sont cette année admissibles. Enfin<br />

l’Edhec va maintenant directement dans les lycées, les<br />

collèges, pour identifier des jeunes à potentiel mais que<br />

235 millions<br />

d’investissement<br />

L’Edhec programme<br />

235 millions d’investissement<br />

sur cinq ans dans son<br />

développement. Son budget,<br />

150 millions d’euros<br />

cette année, va passer<br />

à 165 en 2024 avec des<br />

surplus qui financent sa<br />

croissance d’établissement<br />

d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt<br />

général (EESPIG).<br />

5


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

tout éloigne de l’enseignement supérieur. Cela grâce à<br />

un dispositif créé cette année après le don d’un alumni.<br />

20 stagiaires sont accueillis cette année qu’il faut<br />

« convaincre, comme leur entourage, de la possibilité<br />

de réaliser un parcours vers une Grande école ».<br />

Un projet en totale adéquation avec celui du nouveau<br />

directeur de la Grande école et des Masters of Science<br />

de l’Edhec, Tristan-Pierre Maury, qui vient de lui succéder<br />

après des années de succès qui ont notamment<br />

vu l’école dépasser emlyon dans le choix des élèves<br />

de prépas : « Mon sujet d’intérêt c’est l’hybridation ; ma<br />

passion c’est le développement durable et je travaille<br />

depuis 20 ans sur les questions de justice sociale avec<br />

par exemple la création du double diplôme que nous<br />

avons créé avec Sciences Po Lille qui connaît un véritable<br />

engouement. Un exemple d’hybridation réussi ».<br />

IA et hybridation. Toute la chaîne de valeurs des<br />

écoles de management est aujourd’hui impactée par<br />

ChatGPT avec même la production possible de cours.<br />

« Nous ne deviendrons pas « Edhec GPT » mais nous<br />

testons des applications par exemple avec l’envoi de<br />

questions par la machine aux étudiants pour valider<br />

qu’ils ont compris le cours. Des questions de plus en<br />

plus difficiles à toute heure. Un robot compagnon est<br />

également un assistant du professeur », décrit benoît<br />

Arnaud.<br />

Pour renforcer leurs compétences en IA, statistique<br />

et informatique c’est dès l’année de M1 que l’Edhec va<br />

proposer à ses étudiants un track Data Science & AI<br />

for Business sur son campus de Nice. « Ils doivent<br />

acquérir des compétences aussi bien en data qu’en<br />

développement durable et pourront ensuite acquérir des<br />

compétences encore plus pointues en seconde année<br />

au sein d’un socle prédéfini de Masters of Science,<br />

parmi lesquels : MSc in Data Analytics and AI, MSc<br />

in Financial Engineering ou encore MSc in Marketing<br />

Analytics », explique Michelle Sisto qui a conçu cette<br />

nouvelle voie et lance également un double diplôme<br />

avec l’école d’ingénieurs Eurecom accessible aux<br />

étudiants de l’Edhec après une formation en Python en<br />

pré-master. Un double diplôme accessible en quatre<br />

ans après une classe préparatoire.<br />

« L’hybridation se fait aujourd’hui au travers aussi<br />

bien des contenus de nos programmes que par nos<br />

31 doubles diplômes avec des établissements comme<br />

Mines Paris ou encore des « Global impact projects » qui<br />

connaissent un bon lancement », conclut Benoît Arnaud<br />

heureux de voir que d’excellentes business schools,<br />

telles Stellenbosch, Esade et la Rotterdam School of<br />

Management sont aujourd’hui candidates pour intégrer<br />

l’alliance FOME créée par Imperial College avec l’Edhec :<br />

« Nous n’avons pas vocation à nous étendre trop car<br />

nous souhaitons conserver le même excellent niveau<br />

de qualité qu’aujourd’hui ».<br />

Lancées à la rentrée <strong>2023</strong>, Global impact projects<br />

sont des missions à vocation solidaire, sociale ou environnementale<br />

qui offrent aux étudiants du PGE et du<br />

BBA l’opportunité de donner du sens à leur expérience<br />

internationale en la conjuguant avec un engagement de<br />

terrain entre 10 semaines et un semestre.<br />

EDHEC BS<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

EESPIG : 10 ans après<br />

des enjeux qui persistent<br />

Le 28 juin dernier s’est tenue une table ronde à<br />

l’Assemblée nationale pour célébrer les 10 ans<br />

d’existence de la qualification établissement<br />

d’enseignement supérieur privé d’intérêt général<br />

(EESPIG). Un moment d’échange qui a permis de dresser<br />

un état des lieux des évolutions de la qualification<br />

entre 2013 et <strong>2023</strong> avec ses principaux acteurs.<br />

Un EESPIG, c’est quoi ? Tantôt approchés comme<br />

une qualification, tantôt approchés comme un label, les<br />

EESPIG, les établissements d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général sont en contrat avec l’État.<br />

Créée en 2013 à l’initiative de la FESIC (Fédération des<br />

établissements d’Enseignement Supérieur d’Intérêt<br />

Collectif) et au travers de la loi Fioraso, la qualification<br />

rassemble aujourd’hui plus de 160 000 étudiants répartis<br />

dans 64 établissements.<br />

Un EESPIG c’est quoi ? Rappelons-le : la qualification<br />

EESPIG s’obtient après avis du Comité consultatif de<br />

l’enseignement supérieur privé (CCESP) et s’adresse<br />

aux établissements non-lucratifs jouissant d’une indépendance<br />

de gestion qui souhaitent s’engager dans<br />

une démarche contractuelle avec l’état. Ce contrat,<br />

impliquant, a alors pour objectifs de garantir :<br />

• le caractère non-lucratif de l’établissement et sa<br />

gestion désintéressée ;<br />

• l’association aux missions de service public de l’ESR :<br />

formation initiale et continue, recherche scientifique<br />

et technologique, ouverture sociale et insertion professionnelle<br />

;<br />

• la qualité de l’enseignement et de la formation ;<br />

• l’évaluation par le Hcéres (Haut Conseil de l’évaluation<br />

de la recherche et de l’enseignement supérieur) sur<br />

les mêmes critères que les établissements publics<br />

La qualification est obtenue pour une durée maximale<br />

de 5 ans renouvelable.<br />

Un EESPIG, à quoi ça sert ? La qualification EESPIG<br />

poursuit plusieurs objectifs :<br />

1. Pour l’État - Patrick Hetzel le souligne, « les EESPIG<br />

ont pour objectif de permettre à l’état de valoriser et<br />

de contractualiser avec des établissements privés<br />

qui ont une philosophie très proche de celle des institutions<br />

publiques ». Cette collaboration avec des<br />

établissements qui répondent à des missions d’intérêt<br />

général a pour ambition de s’inscrire dans la politique<br />

gouvernementale et de répondre aux défis de l’ESR<br />

français. On notera par exemple qu’en 10 ans, les<br />

EESPIG ont renforcé leur cadre juridique : ils sont ainsi<br />

passés d’associations ayant des missions de service<br />

public à un rôle d’opérateur du service public. En<br />

témoigne par exemple l’implication des EESPIG dans<br />

les enjeux DD&RS. Ainsi, pour Phillipe Choquet, « les<br />

EESPIG sont bien plus qu’une « simple » qualification,<br />

ils sont porteurs de sens, de valeur et de qualité. Ils<br />

poursuivent la même mission que les établissements<br />

publics avec un mode de fonctionnement différent ».<br />

2. Pour les établissements – La qualification EESPIG<br />

permet aux institutions de bénéficier d’une reconnaissance<br />

officielle de leur engagement dans la mission de<br />

service public. Elle leur permet également de s’améliorer<br />

et de faire preuve de réflexivité, car c’est un processus<br />

« très structurant, engageant et exigeant, notamment<br />

grâce à l’évaluation d’un organisme pointu et externe :<br />

le Hcéres » pour Laure Veillard.<br />

3. Pour le grand public – La qualification EESPIG<br />

est une réponse au besoin de plus en plus pressant<br />

de lisibilité du secteur ESR pour les jeunes et leur<br />

famille qui ne s’y retrouvent plus entre privés, publics<br />

et tous les leviers de reconnaissances utilisés l’état<br />

(Grade, Visa, RNCP, etc.). Stéphane Piednoir, sénateur,<br />

Des acteurs<br />

incontournables<br />

La table ronde réunissait<br />

Patrick Hetzel (aujourd’hui<br />

député et ancien directeur<br />

général de l’enseignement<br />

supérieur), Thierry Coulhon<br />

(président du Hcéres),<br />

François Germinet (directeur<br />

du pôle Connaissance au<br />

Secrétariat général pour<br />

l’investissement), Cyril Kao<br />

(adjoint au directeur général<br />

de l’enseignement et de la<br />

recherche DGER), Phillipe<br />

Coquet (président de la Fesic)<br />

et Laure Viellard (directrice<br />

générale de l’ESTA Belfort et<br />

Administratrice de la Fesic)<br />

et était animée par Théo<br />

Haberbusch (News Tank<br />

éducation et recherche).<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

constate alors que « le marketing a pris le pas sur le<br />

fond ». Dans ce cadre, Thierry Coulhon explique que la<br />

qualification « rassure les parties prenantes » puisqu’elle<br />

permet aux jeunes de distinguer les écoles privées à<br />

but non-lucratif des autres établissements. Il y a en<br />

effet, pour François Germinet, une « bataille autour de<br />

la qualité, car n’importe quelle officine peut ouvrir un<br />

diplôme, prendre un RNCP et l’appeler bachelor ». Les<br />

EESPIG représentent alors un point de repère qualitatif<br />

qui doit « garantir aux familles loyauté, transparence<br />

et lisibilité sur la formation proposée » défend Cyril<br />

Kao (pour plus de détails, lire l’interview de Phillipe<br />

Choquet à ce sujet ici) .<br />

Un cadre juridique non sécurisé et des dotations<br />

en berne. Alors que l’obtention de la qualification<br />

génère « beaucoup de contraintes, de travail et est<br />

très chronophage » pour Laure Veillard, le financement<br />

des EESPIG demeure un sujet de contrariété. La<br />

directrice de l’ESTA Belfort considère ainsi que « le<br />

contrat est déséquilibré » : la contrepartie financière<br />

semble « dérisoire » au regard des efforts fournis et<br />

du service public rendu. Les établissements EESPIG<br />

sont en effet sujets à un effet ciseaux :<br />

• l’augmentation de la dotation globale pour les institutions<br />

EESPIG n’évolue pas de façon proportionnelle au<br />

nombre d’établissements qui obtiennent la qualification ;<br />

• la dotation par étudiant n’est pas égale entre les établissements,<br />

les premiers EESPIG bénéficient d’une<br />

dotation proportionnellement plus élevée que celle<br />

des derniers entrants. Ainsi, alors qu’en moyenne un<br />

étudiant devrait représenter aux alentours de 600 €<br />

de financement en 2021, certains établissements<br />

n’obtiennent que 200 €/étudiant.<br />

Outre leur volonté de juguler cette baisse des financements<br />

publics, les EESPIG militent également pour<br />

un traitement équitable vis-à-vis des établissements<br />

publics, partant du constat qu’ils sont également opérateurs<br />

du service public. Ils souhaitent par exemple<br />

bénéficier d’une exonération de la taxe foncière, atteindre<br />

et maintenir une subvention annuelle par étudiant à<br />

hauteur de 10 % de l’engagement financier par l’État,<br />

aligner leur taux de réserve appliqué aux crédits à celui<br />

des universités, avoir l’habilitation systématique pour<br />

accueillir des boursiers, etc. (pour plus d’information,<br />

retrouvez ici le plaidoyer 2022 de la FESIC).<br />

L’un des leviers pour instaurer un traitement équitable<br />

entre public et privé serait pour Phillipe Choquet d’inscrire<br />

la mission des établissements reconnus d’intérêt<br />

général dans une loi (retrouvez ici l’interview). À cette<br />

proposition, Thierry Coulhon ajoute que le Hcéres pourrait<br />

également jouer un rôle, par exemple en « statuant<br />

sur la possible habilitation à recevoir des boursiers ».<br />

Une qualification qui manque de notoriété et de visibilité.<br />

Laure Veillard le déplore, « il existe une vraie<br />

méconnaissance de la qualification et de son sens,<br />

notamment par les élus locaux ». Ce déficit de notoriété<br />

à des conséquences, car en plus de limiter l’objectif<br />

de lisibilité du secteur auprès du grand public, il freine<br />

également le développement des territoires et de leur<br />

politique de site. En effet, cette méconnaissance des<br />

valeurs et de la mission portée par les établissements<br />

EESPIG rend la collaboration difficile entre les acteurs<br />

publics et privés qui s’inscrivent bien souvent dans des<br />

« représentations d’images d’Épinal et caricaturales de<br />

ce qu’est l’autre », soutient François Germinet.<br />

Or, quel que soit le statut de l’établissement, il est<br />

nécessaire qu’ils travaillent ensemble dès lors qu’ils<br />

possèdent une mission commune, car pour exister,<br />

créer des territoires attractifs et des politiques de sites<br />

dynamiques, la collaboration semble être « la seule<br />

issue » précise François Germinet. Par exemple, les<br />

EESPIG peuvent capitaliser sur les ressources et pôles<br />

d’excellence publics pour développer leur recherche<br />

et générer de nouveaux relais de croissance.<br />

Leviers pertinents à mobiliser, « les contrats de site<br />

pourraient permettre aux territoires et à leurs acteurs<br />

d’avancer vers un projet commun tout en limitant les<br />

irritants et en créant des conditions de transparence<br />

et de confiance » ajoute Guillaume Gellé, le président<br />

de France Universités.<br />

Un périmètre d’éligibilité qui questionne. Alors<br />

que pour certains, à l’instar de Patrick Hetzel ou de<br />

François Germinet, la qualification EESPIG devrait<br />

faciliter la régulation du secteur de l’ESR et « séparer<br />

le bon grain de l’ivraie », elle symbolise pour beaucoup<br />

le « premier cercle du public » (Thierry Coulhon et<br />

Phillipe Choquet), c’est-à-dire des établissements<br />

privés partageant les mêmes exigences de qualité,<br />

les mêmes valeurs et la même mission que les acteurs<br />

publics. Les EESPIG représentent alors l’exemple d’un<br />

modèle de partenariat vertueux entre public et privé.<br />

Sur la base de valeurs partagées et d’une mission<br />

commune, on peut dès lors s’interroger sur l’évolution<br />

des critères d’éligibilité pour devenir EESPIG. Les<br />

écoles consulaires EESC pourront-elles prétendre<br />

à la qualification comme le président de la CCI Paris<br />

Île-de-France, Dominique Restino, en a émis l’idée<br />

récemment ? À ces questions, Phillipe Choquet reste<br />

ouvert à la discussion, et « souhaite que les EESPIG<br />

soient les plus nombreuses possibles » en posant<br />

néanmoins une limite morale allant au-delà du statut :<br />

« il ne faut pas être à but lucratif et que la mission de<br />

service public soit remplie ».<br />

Juliette Berardi<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

L’ICN crée des ateliers<br />

de développement personnel<br />

Il faut provoquer l’indisciplinarité, donc on sort des<br />

codes ». Voilà l’objectif annoncé par Marie-France<br />

Clerc-Girard, professeure associée à l’ICN Business<br />

School et responsable du Département<br />

ARTEM, en ouverture d’une journée dédiée à la visite<br />

de la Station A et à la démonstration de trois ateliers<br />

phares qui « révèlent la singularité des initiatives pédagogiques<br />

de l’école, en lien avec d’autres champs<br />

disciplinaires ». L’occasion de présenter trois ateliers<br />

de développement personnel que doivent suivre les<br />

étudiants de deuxième année.<br />

Hybride par nature. L’hybridation des compétences,<br />

qui peut se définir comme le développement de compétences<br />

a priori antagonistes, permet aux étudiants, tout<br />

en devenant spécialistes dans un domaine choisi, de<br />

développer leur compréhension d’autres domaines ou<br />

d’autres thématiques. Avec sa Station A - en référence<br />

à la Station F de Paris - l’ICN, qui porte cette ambition<br />

hybride dans son ADN, compte bien s’imposer comme<br />

une référence parmi les acteurs de l’enseignement<br />

supérieur.<br />

Lieu ouvert du lundi au samedi, de 8 heures à 22 heures,<br />

la Station A accueille tant les étudiants que les entreprises<br />

qui souhaitent venir y travailler. Caractérisé par des<br />

salles intégralement modulables, dont la particularité<br />

réside dans le fait qu’aucune d’entre elles ne se ressemble,<br />

on y trouve des pièces de toutes les couleurs,<br />

accueillant des studios d’enregistrement, des bureaux,<br />

une médiathèque numérique (« Le Cube »), des salles<br />

de musique, de conférence et de cours, dans un style<br />

damier, multicolore ou… international (spécialement<br />

décorée pour l’accueil des admissibles). Les étudiants<br />

de deuxième année doivent également y suivre l’un des<br />

trois ateliers de développement personnel qu’a conçu<br />

l’ICN : « La musique au cœur de l’entrepreneuriat »,<br />

« Art et Management » ou « Humanités numériques ».<br />

« La musique au cœur de l’entrepreneuriat ».<br />

Conçu par Pierre Brouant, pianiste, et Christian Clerc-Girard,<br />

batteur, le duo de jazz articule cet atelier autour du<br />

triptyque « Créativité, Technique, Culture et Humain ».<br />

L’idée est de faire en sorte que les compétences acquises<br />

par les étudiants par le biais de la musique,<br />

Une alliance tripartite<br />

L’alliance Artem, pour<br />

« Art, Technologie et<br />

Management », est une<br />

initiative mise en place<br />

par l’École nationale<br />

supérieure d’art et de design<br />

de Nancy, l’ICN Business<br />

School et Mines Nancy<br />

qui « articule création et<br />

intégration des nouvelles<br />

technologies et perspective<br />

managériale, stratégique,<br />

économique et juridique ».<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

soient extrapolables au monde de l’entreprise, à la<br />

pratique managériale et à la conduite de projets. « La<br />

première compétence, c’est être présent physiquement<br />

et psychologiquement avec son groupe », explique<br />

Marie-France Clerc-Girard. Il s’agit de « percevoir<br />

les réactions des uns, des autres, les regards… »,<br />

continue-t-elle.<br />

C’est ce que le batteur appelle « l’écoute active ». « On<br />

les met derrière les instruments, et ça, c’est un grand<br />

moment magique », poursuit le musicien. Ils développent<br />

ainsi leur capacité d’improvisation, principe fondamental<br />

du jazz, qui, en harmonie avec des aspects techniques<br />

et humains, peut s’avérer extrêmement riche dans le<br />

monde de l’entreprise. Ils apprennent à « aller au-delà<br />

de leurs peurs », ce qui permet de « donner confiance<br />

aux étudiants » ajoute la responsable du département.<br />

« Art et Management ». C’est l’artiste plasticien<br />

chercheur et coordinateur #ATM Stéphane Simon qui<br />

présente l’atelier, qu’il anime avec l’historienne de l’art<br />

et conférencière Rose-Marie Stolberg. La démarche<br />

est la suivante : par groupes de cinq à dix participants,<br />

étudiants ou entreprises doivent choisir des cartes parmi<br />

les vingt qui sont affichées sur un écran numérique,<br />

faces cachées. Celles-ci représentent chacune une<br />

œuvre. Une fois choisies, elles sont retournées, et les<br />

participants doivent se mettre d’accord pour extraire<br />

les cinq valeurs managériales qui en ressortent.<br />

Cette étape achevée, la phase suivante consiste à<br />

dévoiler l’ensemble des cartes restantes, et sélectionner<br />

celle qui correspond le mieux aux valeurs<br />

qui définissent une entreprise donnée. Le but de cet<br />

exercice ? Encourager la prise de parole en public et<br />

obliger les parties prenantes à avoir un regard attentif<br />

sur les œuvres, en se posant toujours la question des<br />

messages qui en découlent.<br />

« Humanités numériques ». Découvrir l’antiquité<br />

grecque à travers la réalité augmentée, tel est le pari<br />

que fait l’ICN Business School. À partir d’un dispositif<br />

numérique immersif, les étudiants vont avoir accès à<br />

une sculpture grecque antique, reproduite à l’identique<br />

en hologramme, en collaboration avec l’archéologue<br />

français Philippe Jockey, expert en matière de polychromie<br />

antique. Ils vont ainsi pouvoir tourner autour,<br />

indique Marie-France Clerc-Girard, et « redécouvrir les<br />

sculptures à 180° », puis la peindre de façon collaborative<br />

et virtuelle avec une palette de couleurs reproduisant<br />

celles utilisées par les peintres et sculpteurs grecs il<br />

y a 2 500 ans.<br />

L’intérêt ? Les « faire rentrer dans l’action […] et être en<br />

lien avec la culture générale » assure-t-elle. Une façon<br />

de « prendre conscience de son corps, de l’histoire ». Ce<br />

programme, animé par Stéphane Simon, présente selon<br />

l’école de nombreux avantages : le développement de la<br />

capacité d’attention, de concentration, de créativité et<br />

le respect de travail d’autrui, tout permettant la prise<br />

en main des dernières technologies, ici développées<br />

par Microsoft.<br />

Charline Meyer<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

TBS Education inaugure son nouveau<br />

campus parisien<br />

Le 29 juin dernier, Toulouse Business School a<br />

dévoilé son nouveau campus parisien, profitant<br />

de l’occasion pour faire un point de mi-parcours<br />

de son plan stratégique 2021-2026 et célébrer<br />

les 120 ans de l’école avec ses alumni.<br />

« Qu’il est loin mon pays » chantait Nougaro au<br />

sujet de sa ville rose. Désormais les Toulousains de la<br />

capitale trouveront dans le 15 ème arrondissement de<br />

Paris un peu de ce charme propre aux briques et tuiles<br />

de Toulouse. 11 ans après sa première implantation,<br />

TBS a en effet reposé ses valises dans un nouveau<br />

campus de 4 000 m 2 logé dans une ancienne école des<br />

métiers et du bâtiment. Vestiges de ce passé manuel,<br />

les mosaïques posées par d’anciens élèves jonchent les<br />

murs et colorent ce bâtiment très lumineux qui s’ouvre<br />

sur une belle cour intérieure peuplée de marronniers.<br />

Ce campus accueillera de nombreux programmes, du<br />

Programme Grande École au MBA en passant par le<br />

Bachelor et la Winter School. Côté infrastructures, le<br />

campus parisien se veut totalement équipé avec des<br />

espaces de vie étudiante (salle de sport, cafétéria, …),<br />

un learning center, un incubateur déjà bourdonnant,<br />

16 salles de classes innovantes et un amphithéâtre de<br />

300 m 2 . Avec une fin des travaux prévue en 2024, TBS<br />

Education attend lors de sa première rentrée près de<br />

700 étudiants PGE et Bachelor, et vise d’y tripler ses<br />

effectifs Bachelor en 3 ans pour passer de 120 à 300.<br />

Le point sur l’état d’avancement du plan stratégique<br />

2021-2026 fut l’occasion pour Stéphanie<br />

Lavigne, la directrice générale de TBS Education, de<br />

rappeler la progression effectuée sur les 4 piliers du<br />

plan stratégique de l’établissement. Elle a en particulier<br />

annoncé l’ouverture de nouvelles formations dédiées<br />

au sport dès la rentrée 2024. L’école de management,<br />

principalement reconnue pour ses partenariats de<br />

prestige dans le secteur aérospatial, cherche à permettre<br />

aux passionnés de se spécialiser, mais aussi aux<br />

sportifs professionnels de préparer l’après-carrière.<br />

Pour ce faire, TBS proposera un cursus court dédié<br />

aux reconversions de ces professionnels ainsi qu’une<br />

filière Bachelor et une spécialisation PGE pour ses<br />

étudiants intéressés par le secteur.<br />

Le nouveau campus toulousain en 2026 ou 2027.<br />

TBS ambitionnait de renouveler ses quatre campus de<br />

Paris, Toulouse, Barcelone et Casablanca d’ici la fin de<br />

son plan stratégique en 2026. Après l’inauguration de<br />

Barcelone en décembre dernier au cœur du quartier<br />

22@ et désormais de Paris, l’établissement attend la<br />

livraison de son nouveau campus marocain d’ici la<br />

rentrée 2024. Présente depuis 1987 dans ce pays,<br />

celle-ci a pour ambition de se rapprocher du centreville<br />

de Casablanca en s’implantant directement dans<br />

le quartier financier de la capitale, où elle proposera<br />

où se rencontreront PGE, Bachelors, MSc, MS et MBA.<br />

Dernier mais pas des moindres, le campus toulousain<br />

se fait désirer. Situés à 500 mètres de l’école actuelle,<br />

les travaux sont prévus pour débuter fin <strong>2023</strong> et l’école<br />

espère une livraison de ses nouveaux locaux pour la<br />

rentrée 2026 ou courant 2027.<br />

Et ensuite, quels développements de campus ? Pour<br />

parachever son pilier stratégique « un pas de plus<br />

vers l’international », et poursuivre son implantation<br />

en Amérique du Nord, Stéphanie Lavigne soutient l’intérêt<br />

des étudiants pour l’enseignement en ligne. Cela<br />

pourrait permettre aux étudiants de l’école toulousaine<br />

de profiter de l’enseignement universitaire américain<br />

depuis les différents campus de TBS et… aux frais de<br />

scolarité français !<br />

Clément Lenglet<br />

L’international<br />

En termes d’international,<br />

l’école peut se targuer<br />

d’avoir gagné 13 places<br />

dans le dernier classement<br />

« Master in Management »<br />

du Financial Times, ce qui<br />

la classe désormais 50 ème<br />

mondiale. Par ailleurs,<br />

l’école a noué de nouveaux<br />

partenariats prestigieux,<br />

notamment avec Pace<br />

University et Babson<br />

College aux États-Unis.<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Passage de flambeau à la tête<br />

de Yschools<br />

Il est le directeur de Grande école le plus ancien<br />

après plus de 25 ans à la tête de Yschools, presque<br />

autant qu’une école qui a fêté ses 30 ans en 2022.<br />

« À l’époque c’était un pari audacieux de la chambre<br />

de commerce et d’industrie de l’Aube de créer une<br />

école dans une ville moyenne. Cela s’est révélé très<br />

important car l’enseignement supérieur est la clé du<br />

développement économique », résume Francis Bécard,<br />

qui vient de passer le relais à la direction du groupe<br />

Yschools à Julien Renoult, aujourd’hui directeur général<br />

adjoint au développement.<br />

Un modèle fondé sur son territoire. Durant ces<br />

25 ans Francis Bécard a certes dû affronter quelques<br />

crises, comme le rabot massif des moyens des chambres<br />

de commerce et d’industrie – son budget est passé<br />

de 12 à 3 millions d’euros en quelques années -, des<br />

classements parfois défavorables car d’abord « fondés<br />

sur l’ancienneté de l’école » mais a surtout vécu<br />

de « grands moments de bonheur ». Le tout toujours<br />

appuyé par un conseil stratégique dont fait notamment<br />

partie depuis longtemps Didier Lombard, l’actuel président<br />

de la Caisse des dépôts qui commente : « Le<br />

projet Yschools c’est d’être extrêmement ancré dans<br />

son territoire et c’est une force car cela irrigue toute la<br />

région. De même le lien avec l’Afrique est extrêmement<br />

important pour notre pays. Enfin délivrer une multiplicité<br />

d’enseignements est fondamental pour comprendre un<br />

monde complexe ».<br />

Si elle est d’abord présente sur son territoire avec<br />

des implantations à Châlons-en-Champagne et Charleville-Mézières,<br />

Yschools est en effet également présente<br />

en Afrique avec 250 étudiants au Cameroun, à<br />

Yaoundé, et bientôt l’ouverture d’un nouveau campus<br />

à Douala. Quant à son ancrage territorial il est souligné<br />

par la dernière enquête BSIS (Business School Impact<br />

System) de la Fnege, qui chiffre à 48,8 millions d’euros<br />

son impact financier par la Région Grand-Est, et se<br />

poursuit après le cursus de ses étudiants. « 56 % de<br />

nos étudiants restent travailler dans notre région »,<br />

souligne le président de l’école et ancien président de<br />

la CCI, Didier Papaz.<br />

Pas une école comme les autres. Yschools a la<br />

particularité de réaliser son activité à parité en formation<br />

continue et en formation initiale avec six écoles visées<br />

postbac qui forment 2 000 étudiants. Des écoles qui<br />

sont aussi bien de management - avec SCBS dont le<br />

programme Grande école représente aujourd’hui 20 %<br />

de l’activité - que de tourisme ou encore de design et<br />

même des Ecoles la 2 ème chance. « Nous savions que<br />

nous devions être créatifs en prenant des chemins<br />

de traverse. Nous sommes fiers d’avoir aujourd’hui<br />

trois écoles de la Deuxième chance avec un taux de<br />

réinsertion qui approche les 60 % », se félicite Francis<br />

Bécard. Aujourd’hui le groupe prévoit d’ouvrir une école<br />

du digital et une nouvelle école Pigier après celle qu’il<br />

possède déjà à Reims.<br />

Passage de flambeau. S’il prend sa retraite à la<br />

fin de l’année après plus de 25 ans à sa direction – il<br />

est directeur depuis 1997 -, Francis Bécard restera<br />

conseiller du président de l’école et membre de la Cefdg<br />

(Commission d’évaluation des formations et diplômes<br />

de gestion). Lui-même diplômé de celle qui s’appelait<br />

encore l’ESC Troyes, Julien Renoult lui succède.<br />

Aujourd’hui directeur général adjoint au développement<br />

ce dernier a conduit à ce titre plusieurs missions que ce<br />

soit le rachat d’écoles Pigier ou l’implantation en Afrique.<br />

« Nous allons continuer à développer l’enseignement<br />

supérieur dans des villes modestes tout en continuant<br />

à avoir une politique internationale un peu différente »,<br />

signifie le nouveau directeur qui entend faire passer en<br />

trois à quatre ans de 2 000 à 3 000 le nombre d’étudiants<br />

et monter à 3 500 apprenants pour faire progresser le<br />

chiffre d’affaires de 25 à 31 millions d’euros.<br />

Francis Bécard entouré<br />

du président de l’école,<br />

Didier Papaz, de son<br />

successeur, Julien Renoult<br />

et de Didier Lombard,<br />

président de la Caisse des<br />

dépôts et membre du conseil<br />

stratégique de l’école.<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

LÉON<br />

LAULUSA<br />

directeur général<br />

de ESCP<br />

Comment se forge un destin ?<br />

Léon Laulusa : la passion<br />

de l’enseignement<br />

Comment se forge<br />

un destin ? Pour<br />

le futur directeur<br />

général de ESCP,<br />

Léon Laulusa, tout<br />

se joue le 1 er janvier<br />

1976. D’origine sinolaotienne<br />

il vient<br />

de fuir avec ses<br />

parents le nouveau<br />

régime qui a pris<br />

le pouvoir en 1975<br />

au Laos après une<br />

longue guerre civile.<br />

Avec le soutien de la<br />

Croix Rouge il vient<br />

d’arriver en France,<br />

à Metz. Il a huit ans.<br />

Sa vie vient de se<br />

transformer du tout<br />

au tout.<br />

« Alors qu’ils étaient entrepreneurs<br />

au Laos mes parents deviennent<br />

ouvriers. Mon père est d’abord<br />

gardien de nuit chez Renault, puis<br />

travaille chez Suchard avant que<br />

des amis leur prêtent assez pour<br />

monter une bijouterie », se souvient<br />

Léon Laulusa, « reconnaissant à la<br />

France et à l’école républicaine »<br />

alors qu’initialement c’était plutôt aux<br />

États-Unis que sa famille comptait<br />

se rendre : « Mon frère et ma sœur<br />

étaient partis à Hong Kong pour<br />

apprendre l’anglais et sans doute<br />

auraient-ils ensuite continué leur vie<br />

aux États-Unis. C’était en tout cas le<br />

projet de mon père. Mais pas de ma<br />

mère qui voulait aller en France. J’ai<br />

donc pu bénéficier de l’excellence à la<br />

française ».<br />

Ce sera donc la France pour le jeune<br />

Léon qui ne parle pas un mot de<br />

français – seulement « merci » - et<br />

répond donc « merci » à tout ce que lui<br />

disent les employés de la Croix Rouge :<br />

« Je découvrais tout. Je n’avais jamais<br />

vu de neige. Jamais coupé de steak.<br />

Je me souviens aussi de la première<br />

fois que j’ai mangé un yoghourt. Je<br />

pensais que c’était une glace et j’ai été<br />

très surpris. C’est là la première fois<br />

que je me suis dit qu’il allait vraiment<br />

falloir tout réapprendre pour vivre<br />

en France. Mes parents me disent :<br />

« Maintenant c’est ton pays !» ».<br />

Une rapide intégration<br />

À Vientiane, la capitale du Laos, Léon<br />

Laulusa était scolarisé dans une école<br />

bilingue, mandarin et le laotien, dans<br />

la continuité de ses grands-parents<br />

chinois. Le niveau en mathématiques<br />

y était excellent. Ce qui favorisera<br />

sa très rapide intégration à l’école en<br />

France. Très vite naturalisé français,<br />

très bon élève, Léon Laulusa apprend<br />

très vite la culture française.<br />

Le tout en travaillant longtemps en<br />

plus pendant ses loisirs. L’été son<br />

premier emploi fut dans une usine de<br />

nettoyage de nappes de restaurant :<br />

« J’y ai découvert un taylorisme très<br />

proche des « Temps modernes » de<br />

Charlot. Je me suis tout de suite dit<br />

que je ne ferai jamais ça plus tard. »<br />

L’été suivant il sera chef de rang dans<br />

un restaurant, l’Entrecôte aux Halles,<br />

puis guichetier à la Caisse d’Épargne.<br />

L’occasion pour lui d’apprendre à<br />

travailler avec des personnes plus<br />

âgées et « à ne pas se tromper en<br />

donnant de l’argent ».<br />

Au lycée obtient son bac C<br />

(scientifique) sans savoir trop quoi<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

professeur assistant permanent à<br />

temps partiel à ESCP, c’est décidé : ce<br />

sera le professorat : « Chez Deloitte<br />

j’accompagnais des clients en finance,<br />

c’était également la grande époque<br />

de mise en place des ERP, cela me<br />

passionnait mais mon cœur me disait<br />

de devenir professeur à plein temps à<br />

ESCP. Et je l’ai écouté tout en gardant<br />

d’excellentes relations avec Deloitte ».<br />

faire après : « Ma moyenne était bonne<br />

mais pas excellence à force de faire de<br />

petits boulots le week-end et de sortir<br />

beaucoup avec les amis. Le proviseur<br />

me dit donc qu’une prépa HEC est<br />

une « utopie pour moi » ». Ce sera<br />

donc l’université avec un DUT puis<br />

un MSTCF (master des sciences et<br />

techniques comptables et financières)<br />

à La Sorbonne, un DEA (diplôme<br />

d’études approfondies) puis une thèse<br />

à Paris-Dauphine et enfin une HDR<br />

(habilitation à diriger des recherches).<br />

Du conseil au professorat<br />

Après son MSTCF Léon Laulusa<br />

devient manager en développement<br />

stratégique chez BDO, devenu<br />

Deloitte : « J’ai été nommé chef de<br />

mission après seulement six mois<br />

quand il faut normalement trois à cinq<br />

ans. J’étais efficace en connaissant<br />

toutes les règles comptables grâce<br />

ma MSTCF. On m’appelait même « M.<br />

Francis Lefebvre » tant je maîtrisais<br />

bien chaque article. De plus je savais<br />

faire du développement commercial ».<br />

Mais il lui semblait manquer un élément<br />

pour être légitime dans son poste. Il<br />

se lance donc un DEA puis embraye<br />

sur une thèse à Paris-Dauphine<br />

sous la direction du professeur<br />

Yvon Pecqueux, rejoignant ainsi son<br />

frère et sa sœur également titulaires<br />

d’un doctorat dans des disciplines<br />

scientifiques. Jeune thésard, Léon<br />

Laulusa a alors l’opportunité de<br />

donner ses premières vacations à<br />

HEC. Nous sommes en 1996 et ses<br />

débuts ne sont pas faciles - « Je<br />

termine en 50 minutes mon cours<br />

d’une heure et demie » - mais trois ans<br />

plus tard il en donne déjà 150 heures<br />

par an à ESCP avec « de très bonnes<br />

évolutions de ses élèves ».<br />

Le conseil ou le professorat ? Un jour<br />

il va lui falloir choisir. En 2009, après<br />

être devenu, avec l’accord de Deloitte,<br />

ESCP BS<br />

Et si au passage il n’hésite pas à<br />

diviser son salaire par trois c’est<br />

parce qu’il trouve l’école absolument<br />

« formidable » : « Son potentiel<br />

est unique et je m’y suis vraiment<br />

retrouvé. J’avais envie de servir la<br />

société et d’accompagner les élèves<br />

comme quand j’avais été professeur<br />

de tennis. Faire progresser les jeunes<br />

c’est toute la noblesse de l’éducation ».<br />

Il y enseigne depuis la comptabilité<br />

financière et le contrôle de gestion.<br />

L’itinéraire d’un futur directeur<br />

Devenu professeur associé à temps<br />

plein à ESCP en 2009 Léon Laulusa<br />

franchira rapidement les étapes. Dès<br />

cette première année le directeur de<br />

l’époque, Pascal Morand, lui demande<br />

de s’occuper des relations avec la<br />

Chine, en relation avec une thèse<br />

consacrée aux entreprises asiatiques :<br />

« Je côtoyais les grandes universités<br />

chinoises pour signer des conventions<br />

académiques et développer des<br />

partenariats. Cette dimension<br />

internationale me passionne et en 2013<br />

je suis nommé directeur académique<br />

adjoint chargé du développement<br />

international puis directeur des<br />

relations internationales ».<br />

Depuis 2013, il aura successivement<br />

été directeur académique et des<br />

relations internationales depuis<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PORTRAIT SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

2017, directeur général adjoint<br />

chargé des affaires académiques<br />

et internationales en 2018 et<br />

directeur général délégué depuis le<br />

1 er janvier 2022 avant de prendre, en<br />

janvier <strong>2023</strong>, la direction de ESCP<br />

par intérim suite au départ de Frank<br />

Bournois. En mai <strong>2023</strong> il devient enfin<br />

directeur général de ESCP - « Frank<br />

Bournois m’aura accompagné tout au<br />

long de ces étapes, un peu comme en<br />

grand frère tout comme le président<br />

de l’école, Philippe Houzé » - tout en<br />

ayant conscience des atouts que lui a<br />

apporté son propre parcours : « Ces<br />

dernières années nous avons vécu<br />

beaucoup de crises dans le monde<br />

et j’ai le sentiment que le parcours<br />

atypique que j’ai vécu m’a appris à<br />

gérer ma vie avec philosophie et de<br />

manière résiliente ».<br />

ESCP BS<br />

L’ESCP c’est six campus en Europe (ici Berlin) qu’il faut gérer<br />

de Paris tout en déléguant largement aux acteurs locaux<br />

Retour au Laos, passion pour<br />

Confucius<br />

Le Laos, Léon Laulusa n’y reviendra<br />

que 40 ans après. En 2016. Surpris<br />

de constater que la Palais Royal, dont<br />

il habitait tout près, était « beaucoup<br />

plus petit que dans son souvenir,<br />

immense alors ». Une enfance au<br />

Laos dont il garde de nombreux<br />

autres souvenirs : « Enfant je passais<br />

beaucoup de temps avec les bonzes.<br />

J’adorais apprendre leur philosophie<br />

– leur respect du cycle de la nature<br />

notamment - ou les voir réaliser<br />

des tours de magie ». Il se souvient<br />

également de journées passées<br />

en short et chemisette que « nous<br />

enlevions pour prendre des douches<br />

chaudes et nager dans le Mékong ».<br />

C’est aussi en souvenir de ses racines<br />

qu’il se passionne pour la pensée<br />

de Confucius au point de consacrer<br />

sa thèse à L’Influence des valeurs<br />

confucéennes durant le processus<br />

de contrôle organisationnel au sein<br />

des entreprises chinoises en Asie.<br />

« Max Weber s’interrogeait sur<br />

l’absence de l’éthique protestante en<br />

Asie et sur les freins que cela pouvait<br />

représenter pour son développement.<br />

Le confucianisme est-il un frein au<br />

développement ? Ma conclusion,<br />

très rationnelle de par ma formation<br />

d’expert-comptable est que non. Ni<br />

une accélération », analyse Léon<br />

Laulusa. Pour parvenir à cette<br />

conclusion il visite 79 entreprises<br />

en Chine, à Singapour, à Taïwan et<br />

en Thaïlande, un pays dans lequel il<br />

s’interroge également sur l’influence<br />

du bouddhisme : « Partout je<br />

m’interroge. Comment quantifier les<br />

valeurs. Comment influencent-elles<br />

le reporting, la conception, comment<br />

crée-t-on une confiance qui n’est pas<br />

universelle ? »<br />

De ces voyages il ramène à chaque<br />

fois des dizaines de kilos de<br />

photocopies, négociant avec les<br />

compagnies aériennes pour ne payer<br />

trop de suppléments, qu’il relira une<br />

fois revenu en France. Cumulant<br />

emploi et thèse il lui faudra huit ans<br />

pour la finaliser.<br />

Les défis d’un directeur<br />

Devenu directeur général de<br />

ESCP Léon Laulusa va notamment<br />

maintenant gérer la rénovation du<br />

campus historique de ESCP à Paris.<br />

Un chantier de 150 millions d’euros,<br />

dont 110 financés par la CCI Paris île<br />

de France, qui va durer quatre ans et<br />

permettra à l’école d’emménager dans<br />

des locaux entièrement rénovés avec<br />

notamment 3 000 m 2 de terrasses.<br />

Pendant ces quatre ans, l’école<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PORTRAIT<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

sera hébergée dans d’autres locaux<br />

que la CCI a fait rénover porte de<br />

Champerret : « Nos étudiants y auront<br />

beaucoup d’espaces de convivialité<br />

et également de salles de classe bien<br />

connectées ». Un second immeuble<br />

est loué pour recevoir une partie des<br />

personnels tout près de là alors que<br />

ESCP possède toujours également<br />

un campus à côté de la gare<br />

Montparnasse.<br />

Mais ESCP c’est bien sûr également<br />

cinq campus dans toute l’Europe et<br />

donc un rôle très particulier pour<br />

son directeur général, qui va passer<br />

environ 55 jours par an sur ces<br />

implantations pour rencontrer ses<br />

collègues et ses élèves. Et parfois<br />

gérer également des questions<br />

immobilières aussi : « Nous aurons<br />

bientôt un nouveau campus à<br />

Turin alors que Londres et Berlin<br />

s’étendent. Mais ce sont des sujets<br />

que nos directeurs locaux gèrent<br />

très bien ». Pour assurer cette<br />

gouvernance Léon Laulusa vient<br />

de s’entourer d’une nouvelle équipe<br />

de direction multiculturelle avec<br />

la Suisse-Allemande Véronique<br />

Tran, vice-présidente exécutive et<br />

directrice générale adjointe en charge<br />

de l’Executive education et des<br />

relations entreprises, le Thaïlandais<br />

Proman Bunkanwanicha doyen du<br />

corps professoral ou encore le<br />

Britannique Simon Mercado, viceprésident<br />

exécutif et directeur général<br />

adjoint en charge du développement<br />

international, des partenariats et des<br />

accréditations. « Être international<br />

c’est l’ADN de ESCP avec aujourd’hui<br />

65 % d’étudiants internationaux venus<br />

Sa passion pour le tennis<br />

La passion de jeunesse de Léon Laulusa<br />

c’est le tennis. En compagnie d’autres bons<br />

jeunes joueurs français comme lui, à partir<br />

de 1983 et pendant trois ans, il devient donc<br />

ramasseur de balles pendant le tournoi de<br />

Roland-Garros. Il y admire Bjorn Borg, John<br />

McEnroe et surtout Yannick Noah : « Je me<br />

souviens qu’il m’avait dit de m’appuyer sur<br />

mes points forts et c’est ce que j’ai toujours<br />

fait, dans le tennis comme à l’école. »<br />

Être ramasseur de balles à Roland-Garros<br />

c’est aussi « apprendre la résilience quand<br />

il faut passer dix heures par jour sur un<br />

court dans le soleil », souligne le futur<br />

directeur, déjà devenu à l’époque capitaine<br />

de son équipe des ramasseurs de balles<br />

puis capitaine de toutes les équipes. Et<br />

même une année vainqueur du tournoi de<br />

tennis, qui oppose tous les ramasseurs de<br />

balle à la fin de Roland-Garros, après en<br />

avoir été deux fois finaliste sous le regard<br />

de 132 pays pour 35 % d’étudiants<br />

français », rappelle le directeur qui<br />

présidait également un European<br />

Teaching Learning Comity chargé<br />

d’harmoniser le contenu des cours<br />

dans toute l’Europe : « ESCP est<br />

une école européenne reconnue<br />

localement comme le proclament<br />

les portraits que nous affichons<br />

aujourd’hui sur nos campus sur le<br />

thème « United in Diversity» ».<br />

du grand arbitre de l’époque, le célèbre<br />

Jacques Dorfmann : « Je n’étais ni le plus<br />

fort ni le plus grand. Ma force c’était ma<br />

capacité tactique à lire le jeu de l’adversaire.<br />

Je scrutais leurs points forts et faibles au<br />

début du match. Mais mes parents n’étaient<br />

pas d’accord pour que je poursuive dans<br />

cette voie, jugeant que c’était une carrière<br />

qui ne durait pas ». De plus le capitaine<br />

de l’équipe de France de Coupe Davis<br />

de l’époque, Jean-Paul Loth, lui explique<br />

qu’à moins « de réaliser une performance<br />

incroyable et d’avoir un physique hors<br />

norme il a peu de chance de réussir ». Ce<br />

ne sera donc pas le tennis qui rythmera<br />

toute la vie. Celui qui devait manquer trois<br />

semaines de cours chaque année pour être<br />

à Roland-Garros va donc se consacrer<br />

pleinement à ses études, tout en continuant<br />

longtemps à donner des cours de tennis.<br />

ESCP BS<br />

16


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Fouziya Bouzerda<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE GEM<br />

Philippe Monin<br />

DIRECTEUR ACADÉMIQUE EN CHARGE DES PROGRAMMES DE GEM<br />

« GEM forme des managers en capacité<br />

de diriger des ingénieurs »<br />

Elle va bientôt ouvrir un nouveau<br />

campus à Pantin et a bien résisté à la<br />

concurrence cet été dans le Sigem.<br />

Grenoble EM s’inscrit résolument dans<br />

un esprit de reconquête comme nous<br />

l’expliquent sa directrice générale,<br />

Fouziya Bouzerda, et son directeur<br />

académique en charge des programmes,<br />

Philippe Monin.<br />

Olivier Rollot : Près d’un an après votre<br />

arrivée à la tête de Grenoble EM l’école<br />

semble prendre un nouveau départ. Quelles<br />

grandes orientations lui donnez-vous ?<br />

Fouziya Bouzerda : Grenoble EM doit réaffirmer<br />

sa singularité technologique. Nous participons par<br />

exemple aujourd’hui à un tour de table sur la création<br />

d’un Institut national de l’intelligence artificielle. Nous<br />

avons également créé un cours hybride virtuel, « Sustainability<br />

Transition in international business », auquel<br />

ont participé 1 000 étudiants français et internationaux<br />

permettant à chacun d’évoluer à son rythme avec les<br />

enseignants.<br />

Nous produisons dans ce cadre des cas business<br />

cases comme celui consacré au ski recyclable chez<br />

en partenariat avec Rossignol. C’est dans l’esprit de<br />

l’école de partir de cas concrets d’entreprises pour<br />

créer des cours en formation initiale qui basculeront<br />

ensuite en formation continue. À partir de ce cas, nous<br />

avons produit dix heures de cours qui n’existent nulle<br />

part ailleurs.<br />

Nous réaffirmons ainsi une identité technologique qui<br />

n’avait jamais cessé d’être la nôtre, que ce soit en tant<br />

que co-fondateurs du campus GIANT ou de partenaire<br />

de l’Université Grenoble Alpes. Un ADN qu’a récemment<br />

salué le Secrétaire Général pour l’investissement,<br />

M. Bruno Bonnel, venu visiter GEM.<br />

GEM<br />

L’innovation est la clé de l’attractivité, nous formons<br />

ainsi des managers en capacité de diriger des ingénieurs<br />

de par leurs compétences en design, ingénierie,<br />

technologies, etc. Il nous faut capitaliser sur les<br />

compétences spécifiques d’une école née dans un<br />

écosystème scientifique.<br />

O. R : Nous sommes sortis de la période<br />

Sigem d’inscriptions post prépas qui s’est<br />

bien déroulée pour vous. Quelles évolutions<br />

prévoyez-vous aujourd’hui pour Grenoble EM<br />

en termes de nouveaux programmes ?<br />

Philippe Monin : Dans le détail, notre recrutement en<br />

programme Grande école est aujourd’hui stable, avec<br />

une petite baisse du côté des admis sur titre 1 et un<br />

recrutement d’AST 2 à l’objectif. Nous allons maintenant<br />

surtout développer nos bachelors : le Bachelor Digital<br />

et Business Development à Grenoble et le Bachelor in<br />

International Business à Paris. Nos MSc sont égale-<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Une vue de Grenoble<br />

GEM<br />

ment en plein développement. Il reste la question du<br />

BBA. Dans les 20 plus grandes villes françaises il n’y<br />

en a que trois qui n’en proposent pas, dont Grenoble.<br />

O. R : Pas d’entretien dans l’enseignement<br />

supérieur aujourd’hui sans la question<br />

ChatGPT. Quelle politique avez-vous décidée<br />

quant à son utilisation par vos étudiants ?<br />

F. B : Nous allons proposer un cours d’utilisation des<br />

prompts à la rentrée. Plus largement, l’émergence des<br />

outils d’intelligence artificielle conversationnelle nous<br />

pousse à faire évoluer notre pédagogie et même la<br />

façon dont nous enseignons. En TD / TP il faut plus<br />

que jamais que nos étudiants arrivent en ayant déjà<br />

pris connaissance des documents pour maximiser leur<br />

plus-value. De notre côté, nous devons nous creuser<br />

les méninges pour poser des questions pertinentes<br />

lors des évaluations.<br />

P. M. : Avec ChatGPT, ou d’autres outils, des sujets<br />

de finance ou de comptabilité sont résolus en 30<br />

secondes ! Même chose sur les tests d’anglais ou les<br />

lettres de référence. Il faut sans doute repasser plus<br />

d’évaluations à l’oral. Nous n’en poussons pas moins<br />

tout le monde à utiliser ChatGPT. La pédagogie a finalement<br />

peu évolué depuis 30 ans avec toujours les<br />

mêmes circuits d’orientation, les mêmes professeurs,<br />

les mêmes amphithéâtres, les mêmes rythmes pédagogiques.<br />

Aujourd’hui il nous faut absolument évoluer,<br />

le rêve étant d’aller vers un apprentissage individualisé.<br />

O. R : Les écoles de management font évoluer<br />

leur enseignement pour s’adapter aux<br />

transitions environnementales. Que faitesvous<br />

en la matière ?<br />

F. B : Nous avons conçu un référentiel avec notre<br />

Directrice de la qualité, des accréditations et du développement<br />

durable, Julie Perrin-Halot, pour que tous<br />

nos cours intègrent ces enjeux. Nous avons par ailleurs<br />

réalisé notre bilan carbone avec le logiciel Toovalu.<br />

Nous sommes une société à mission et notre comité<br />

de mission nous challenge constamment. Pour autant,<br />

nous n’allons pas empêcher nos étudiants d’avoir une<br />

expérience à l’international. Il leur faut néanmoins se<br />

garder de faire constamment des déplacements en<br />

avion d’un pays à l’autre. À l’avenir, il leur faudra avoir<br />

un usage modéré de l’avion.<br />

O. R : Les formations en apprentissage se<br />

sont considérablement développées ces<br />

dernières années dans l’enseignement<br />

supérieur. Qu’est-ce que cela représente<br />

pour GEM ?<br />

F. B : GEM est ouverte sur le monde de l’entreprise et<br />

l’apprentissage permet à beaucoup de nos étudiants<br />

– environ 1 100 sur 6 000 aujourd’hui – de financer leur<br />

cursus. À cet effet, nous avons créé notre propre CFA<br />

(centre de formation d’apprentis) et nous avons réussi<br />

l’audit Qualiopi haut la main ! Le nouveau campus que<br />

nous allons inaugurer le 26 septembre à Paris est<br />

également une réponse aux alternants dont beaucoup<br />

travaillent en Île-de-France.<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Le campus grenoblois de GEM<br />

GEM<br />

O. R : Justement. Parlez-nous de ce nouveau<br />

campus situé aux portes de Paris, à Pantin.<br />

F. B : Nous allons y recevoir cette année 1 000 étudiants,<br />

à parité, entre le Programme Grande école et<br />

les MSc, avec la possibilité d’en accueillir jusqu’à 2 500.<br />

Nous avons construit un campus bas carbone, avec<br />

une structure à 100 % en bois, qui intègre toutes les<br />

dernières technologies. Nous travaillons également<br />

avec les entreprises qui nous entourent, Hermès,<br />

Chanel, BETC ou encore Decaux en accord avec la<br />

Mairie de Pantin, qui se réjouit de l’implantation de<br />

notre nouveau campus Dans l’esprit de l’école d’être<br />

ancrée dans son territoire, nous y retrouverons la<br />

Chaire Femmes et Renouveau Economique, consacrée<br />

aux questions d’égalité.<br />

O. R : Votre CCI va apporter le site GEM Labs<br />

au capital de l’école, soit environ 12 M€.<br />

Qu’est-ce que représente GEM Labs pour<br />

vous ?<br />

F. B : GEM Labs est un laboratoire d’innovation unique<br />

en plein essor avec la création de learning expeditions,<br />

de serious games, et beaucoup de projets de<br />

co-innovation. Plus d’une dizaine de personnes sont<br />

support pour développer des projets. C’est un gros<br />

investissement pour l’école et nous comptons bien y<br />

conserver cette culture de l’innovation permanente<br />

qui nous caractérise.<br />

19


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Sigem <strong>2023</strong> :<br />

les écoles de management<br />

ont géré la pénurie<br />

David Morganti<br />

Jamais les résultats du Système d’intégration<br />

aux Grandes écoles de management, le fameux Sigem,<br />

n’auront été scrutés avec autant d’intérêt que cette<br />

année. Alors que la baisse globale des inscriptions<br />

à la BCE était de 8 % par rapport à 2022 tous<br />

s’interrogeaient : quelles écoles allaient faire le plein<br />

ou pas ? Les hiérarchies apparues récemment pouvaient<br />

elles-évoluer ? Des écoles allaient-elles faire face<br />

à un zéro pointé ?<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Si le bilan est mitigé, avec onze<br />

écoles qui ne font pas le plein<br />

dans leur recrutement en<br />

classes préparatoires économiques<br />

et commerciales<br />

générales (ECG), on est loin de vivre<br />

une année aussi terrible qu’à laquelle<br />

on pouvait s’attendre deux ans après la<br />

chute de 13 % des inscriptions en ECG en<br />

2021. Cette année, le Sigem a finalement<br />

compté 9 122 candidats contre 9 875 en<br />

2022, soit 753 candidats de moins. Sur<br />

les 7 831 places ouvertes, 7 106 ont été<br />

affectées. Ce sont donc 725 places qui<br />

n’ont pas trouvé preneur mais uniquement<br />

dans les écoles classées au-delà du top<br />

15. Du côté des hiérarchies rien ne bouge<br />

et les écoles les plus challengées l’année<br />

dernière résistent bien cette année.<br />

SIGEM : LES MATCHS<br />

Si le podium ne bouge pas (HEC remporte<br />

ses matchs contre l’Essec qui l’emporte<br />

contre l’ESCP) il va falloir s’habituer à ce<br />

que l’Edhec l’emporte face à emlyon.<br />

Mais de façon un peu moins éclatante<br />

qu’en 2022 : cette année 44 candidats<br />

ont finalement opté pour emlyon quand<br />

ils pouvaient intégrer l’Edhec contre<br />

35 en 2022. En tout 290 ont préféré<br />

cette dernière plutôt que emlyon pour<br />

334 en 2022 (en 2021 le match s’était<br />

soldé par un 325 à 88 alors qu’en 2019<br />

ils n’étaient encore que 112 à préférer<br />

l’Edhec à emlyon). Alors l’Edhec peutelle<br />

un jour challenger l’Essec et ESCP<br />

après avoir renversé emlyon ? Les deux<br />

parisiennes peuvent en tout cas constater<br />

qu’il est loin d’y avoir un match : seuls deux<br />

candidats reçus à ESCP ont préféré se<br />

rendre à l’Edhec et aucun reçu à l’Essec<br />

n’en a fait autant.<br />

Alors que 2020 avait été l’année de l’Edhec<br />

- qu’on savait avoir dépassé emlyon dans<br />

le choix des préparationnaires sans que<br />

cela soit officiellement dit -, 2021 l’année<br />

d’une Skema qui dépassait Audencia et<br />

prenait ainsi la 6 ème place du « Classement<br />

Sigem » et 2022 celle de Neoma qui<br />

dépassait pour la première fois Grenoble<br />

EM, les positions sont figées cette année.<br />

Face à Audencia, Neoma perd ainsi ses<br />

matchs par 254 contre 211. Mais elle<br />

n’en progresse pas moins : alors qu’elle<br />

ne gagnait que 25 % des matches en<br />

2022 le pourcentage monte à 45 % en<br />

<strong>2023</strong>. Le résultat est en revanche sans<br />

David Morganti<br />

Comme chaque année c’est Neoma – ici des étudiants sur le campus<br />

de Rouen - qui recrute le plus d’élèves en classes préparatoires<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

appel pour Neoma face à Grenoble EM :<br />

seulement 60 candidats ont préféré<br />

se rendre à GEM quand 363 ont fait le<br />

choix contraire. Avec 690 candidats<br />

intégrés, Neoma est cette année encore<br />

l’école recrutant le plus grand nombre de<br />

préparationnaires<br />

Du côté des autres écoles du top 10 la<br />

hiérarchie établie en 2021 et 2022 se<br />

confirme :<br />

• toujours plus au pinacle HEC ne perd<br />

encore une fois cette année qu’un<br />

candidat (toujours au profit de l’ENS<br />

Paris-Saclay comme en 2022) quand ils<br />

étaient deux en 2021 (un pour l’Essec,<br />

un pour l’Ensae) ;<br />

• l’Essec et l’ESCP suivent comme d’habitude<br />

et toujours au profit de l’école de<br />

Cergy : 306 la préfèrent in fine quand<br />

seulement 12 optent pour l’ESCP ;<br />

• Skema s’impose à la 6 ème place et plie<br />

le match avec Audencia par 385 à 7<br />

(326 à 106 en 2022). Mais Skema ne<br />

s’impose plus en termes de nombre<br />

de candidats dépassé par ceux du<br />

concours Ecricome. Skema peut-elle<br />

titiller un jour emlyon ? Cette année ce<br />

sont seulement 5 candidats qui ont<br />

fait choix ce choix contre 14 en 2022.<br />

11 ÉCOLES NE FONT PAS LE<br />

PLEIN EN ECG<br />

C’était écrit, avec un nombre de candidats<br />

en baisse de 9 875 en 2022 à 9 122<br />

cette année, beaucoup plus d’écoles<br />

que l’année dernière – elles étaient huit<br />

- allaient forcément être en déficit de<br />

candidats. Elles sont onze recrutant<br />

en ECG cette année mais surtout une,<br />

l’EM Strasbourg, qui ne compte que 42<br />

candidats reçus pour 220 places. Un<br />

déficit de 178 places qui fait suite aux<br />

38 élèves qui lui manquaient en 2022 et<br />

est sans doute la conséquence d’une<br />

succession à sa direction très longue<br />

ne laissant pas le temps de prendre les<br />

décisions qui s’imposaient.<br />

Avec 82 candidats manquant l’ICN suit<br />

et dépasse de peu une EM Normandie<br />

(81) de toute façon de moins en moins<br />

concernée par le recrutement en classes<br />

De la difficulté d’un classement...<br />

Comme le rappelle chaque année le président<br />

du Sigem, Nicolas Arnaud « le fameux<br />

« Classement Sigem » n’est qu’une<br />

interprétation de la presse des résultats<br />

que nous livrons. Ce n’est pas un classement<br />

produit par le Sigem ». C’est d’autant<br />

moins le cas que l’interprétation des « désistements<br />

croisés » entre les écoles n’est<br />

pas une science exacte. Passés les principaux<br />

matchs il devient souvent difficile<br />

d’interpréter les résultats et les classeurs<br />

s’échinent alors à ajouter des critères plus<br />

ou moins objectifs pour classer les écoles<br />

au-delà du top 10 ou douze.<br />

Au final, l’Étudiant, Major Prépa et Mister<br />

Prépa s’accordent finalement pour<br />

estimer que le classement reste quasiment<br />

inchangé cette année avec uniquement<br />

le passage de l’Inseec devant l’ISC<br />

et, seulement, pour Mister Prépa, Excelia<br />

qui gagne une place. Seul Le Figaro<br />

Etudiant voit des variations plus importantes<br />

en faisant en plus monter IMT BS<br />

de trois places, BSB d’une et descendre<br />

l’ICN d’une. Au global le classement <strong>2023</strong><br />

se présente globalement comme cela :<br />

préparatoires. Aucune école ne subit un<br />

zéro pointé et Brest BS sauve l’honneur<br />

avec trois candidats reçus (ils étaient<br />

six en 2022).<br />

Sans marge de sécurité HEC perd cinq<br />

candidats dont quatre qui ne se sont pas<br />

présentés au Sigem (sans doute reçus à<br />

l’ENS Ulm) alors que, cette année, encore<br />

aucun reçu n’a préféré intégrer une autre<br />

école de management (le seul désistement<br />

est du côté de l’ENS Paris-Saclay).<br />

En tout ce sont 720 places qui ne sont pas<br />

pourvues en additionnant les candidats<br />

issus de classes préparatoires ECG et<br />

B/L. Le taux de remplissage global de<br />

l’édition <strong>2023</strong> du Sigem baisse ainsi de<br />

plus six points à 90,7 % après les 97,8 %<br />

de 2022 (contre 95,8 % en 2021 et 94,3 %<br />

en 2019).<br />

Sur les seules classes préparatoires ECG<br />

on passe de quasiment 98 % en 2022 à<br />

91,7 % cette année. Un taux proche des<br />

taux des années précédentes : 94,3 %<br />

en 2019 avant les années Covid.<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

« Le Sigem a bien fonctionné mais n’a pas pu faire de miracle »<br />

Avec la baisse des effectifs des<br />

classes préparatoires puis des<br />

candidats, le Sigem <strong>2023</strong> était celui<br />

de tous les dangers. L’analyse<br />

de son président et directeur des<br />

programmes d’Audencia, Nicolas<br />

Arnaud.<br />

Quelles premières conclusions pouvez-vous<br />

tirer des résultats du Sigem<br />

<strong>2023</strong> ?<br />

Les temps de passage ont été bons. Le<br />

nombre d’élèves ayant fait des vœux par<br />

rapport au nombre d’élèves classés est par<br />

exemple de 91,6 %. Le nombre d’affectés<br />

est stable à 96 %. On peut dire que le<br />

Sigem a bien fonctionné mais n’a pas pu<br />

faire de miracle. Au final avec 750 candidats<br />

issus de classe préparatoires économiques<br />

et commerciales de moins qu’en<br />

2022 nous constatons que le nombre de<br />

candidats affectés n’a baissé que de 550.<br />

Nous avons donc perdu 7 % d’intégrés<br />

alors que, suite à la réforme du bac et à<br />

la baisse du nombre d’élèves optant pour<br />

la spécialité mathématiques au lycée les<br />

classes préparatoires ECG avaient vu<br />

leurs effectifs baisser de 13 % en 2021.<br />

13 % de baisse chez les candidats que<br />

nous avons eus cette année.<br />

Les résultats auraient été meilleurs si nous<br />

n’avions pas constaté une recrudescence<br />

du nombre de candidats démissionnaires.<br />

30 % de plus ont préféré ne pas intégrer<br />

une école cette année.<br />

Comment expliquez-vous cette hausse<br />

de candidats préférant n’intégrer aucune<br />

école qui intervient après une<br />

baisse en 2022 ?<br />

L’année dernière ce n’était pas raisonnable<br />

pour des candidats qui avaient initialement<br />

intégré des classes préparatoires<br />

ECE et ECS de cuber alors que les maquettes<br />

de cours évoluaient avec les nouvelles<br />

classes préparatoires ECG.<br />

Il y a eu un temps un espoir qu’il y ait<br />

moins de démissionnaires dans la mesure<br />

où ils étaient plus motivés car moins<br />

nombreux à s’être inscrits mais ça n’a pas<br />

été le cas.<br />

Au total le taux de remplissage des<br />

écoles n’en baisse pas moins. De<br />

combien ?<br />

Sur les seules classes préparatoires ECG<br />

nous passons de quasiment 98 % en 2022,<br />

une année historiquement bonne il faut<br />

le souligner, à 91,7 % cette année. Nous<br />

nous rapprochons des taux des années<br />

précédentes. Par exemple 94,3 % en 2019<br />

avant le Covid.<br />

Les écoles auraient-elles dû plus se préparer<br />

en baissant leur recrutement ?<br />

p certaines le taux de remplissage est très<br />

bas cette année même si aucune ne recrute<br />

aucun élève.<br />

Nous avions analysé dès l’année dernière<br />

que ce serait difficile au-delà de la 16 ème<br />

place pour les écoles de remplir les places<br />

proposées. Pour autant de manière générale<br />

les écoles n’ont pas adapté le nombre<br />

de places qu’elles proposaient. Au final<br />

onze écoles remplissent toutes les places<br />

qu’elles proposaient aux élèves issus de<br />

classes préparatoires ECG et onze ne<br />

remplissent pas.<br />

Et rappelons-le le Sigem ne produit pas<br />

de classement.<br />

Merci de le rappeler. Le fameux « Classement<br />

Sigem » n’est qu’une interprétation<br />

de la presse des résultats que nous<br />

livrons. Ce n’est pas un classement produit<br />

par le Sigem.<br />

ESCP BS<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

HEC Paris<br />

Cette année encore HEC – ici une salle de travail - n’a connu aucun<br />

désistement vers une autre écoles de management<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Odile Gauthier<br />

DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’INSTITUT MINES-TÉLÉCOM (IMT)<br />

« Les écoles de l’Institut Mines Télécom gardent leur<br />

autonomie tout en bénéficiant de l’effet de groupe »<br />

La directrice générale de l’Institut<br />

Mines-Télécom (IMT), Odile Gauthier,<br />

a présenté fin 2022, la stratégie<br />

d’ensemble <strong>2023</strong>-2027 de son groupe.<br />

Elle revient avec nous ce qui caractérise<br />

le modèle d’un institut qui compte une<br />

école de management au milieu d’écoles<br />

d’ingénieurs.<br />

Olivier Rollot : Comment définiriez-vous<br />

aujourd’hui le modèle de l’Institut Mines<br />

Télécom (IMT) après un peu plus de dix ans<br />

d’existence ?<br />

Odile Gauthier : L’IMT est toujours en construction<br />

avec un modèle d’écoles réparties sur tout le territoire<br />

et insérées dans un groupe qui leur apporte ses ressources,<br />

partage les compétences et les mutualise le<br />

cas échéant. Ses écoles évoluent en continu, structurées<br />

autour de départements qui font à la fois, et de<br />

l’enseignement et de la recherche.<br />

Nos écoles sont profondément ancrées dans leur environnement<br />

local et partagent leurs connaissances au<br />

profit d’une recherche d’excellence notamment dans le<br />

cadre des unités mixtes de recherche (UMR) avec les<br />

universités et de laboratoires communs industriels. IMT<br />

Mines Albi est, par exemple, partenaire de l’université<br />

de Toulouse.<br />

Notre modèle reposant sur la force du collectif et sur<br />

l’ancrage local des écoles nous permet de répondre aux<br />

enjeux des grandes filières industrielles à différentes<br />

échelles : locale, nationale et européenne. Nous avons<br />

la capacité de mobiliser les compétences et expertises<br />

de différentes écoles pour répondre aux demandes que<br />

nous posent les entreprises. Par exemple, une école<br />

qui se verra soumettre un projet autour de la logistique<br />

pourra avoir besoin d’intégrer les compétences en<br />

matière de cybersécurité d’une autre école.<br />

Après, il faut aussi trouver le meilleur périmètre de<br />

collaboration. Avec l’expérience nous sommes arrivés<br />

au constat que les écoles travaillent mieux à trois ou<br />

quatre qu’à sept ou huit où la coopération est plus<br />

lourde. Selon les domaines, nous pouvons créer des<br />

communautés d’enseignants-chercheurs qui vont<br />

déposer des projets ensemble.<br />

Nous avons adopté ce modèle souple par exemple pour<br />

postuler aux appels à projet Compétences et métiers<br />

d’avenir (CMA), avec succès d’ailleurs puisque trois<br />

projets portés par l’Institut Mines-Télécom ont été<br />

retenus. Le projet Train-Cyber-Expert (TCE), directement<br />

lié aux questions de souveraineté numérique et de<br />

cybersécurité, Formation en Numérique pour la Santé et<br />

la Médecine 5P par l’innovation ainsi qu’un projet lié au<br />

futur des réseaux. Nous allons ainsi pouvoir accélérer<br />

le montage ou l’adaptation de formations existantes<br />

aux besoins de compétences des nouvelles filières et<br />

des métiers d’avenir et former plus.<br />

En résumé, les écoles de l’Institut Mines Télécom<br />

gardent leur autonomie tout en bénéficiant de l’effet de<br />

groupe pour monter en puissance et mener ensemble<br />

des projets d’envergure. Elles acquièrent également<br />

potentiellement plus de lisibilité à l’international en<br />

formant ensemble une masse critique. Nous avons<br />

ainsi pu déposer un projet d’université européenne<br />

Eulist avec neuf autres universités de technologies<br />

européennes. Une école ne pouvait se positionner<br />

seule pour intégrer un consortium.<br />

Institut Mines Télécom (IMT)<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

O. R : Qu’est-ce que cela change d’être sous<br />

tutelle du ministère de l’Economie plutôt que<br />

de l’enseignement supérieur ?<br />

O. G : Notre ministère de tutelle attend aujourd’hui<br />

principalement de nous que nous répondions aux<br />

besoins des entreprises en augmentant le volume<br />

d’élèves formés tout en maintenant bien sûr la qualité<br />

et la réponse aux besoins sur le fond. Notre orientation<br />

vers les entreprises est réelle avec pas moins de 7 000<br />

partenariats.<br />

Dans la recherche, nous efforçons de nous focaliser<br />

sur des filières stratégiques (par ex en lien avec les<br />

PEPR) tout en restant agiles. Nous devons aussi nous<br />

concentrer sur certains sujets comme les Deep tech<br />

– dont font partie les Low Tech – pour contribuer au<br />

développement de nouvelles entreprises. Nous accompagnons<br />

également les entreprises dans leur recherche<br />

avec par exemple au campus Région du numérique, la<br />

plateforme industrielle DIWII de Mines Saint-Etienne à<br />

Charbonnières. Elle accueille par exemple, un projet<br />

d’optimisation des flux avec Orange Business Service.<br />

Pour le reste, notre fonctionnement n’est pas très<br />

différent des autres établissements d’enseignement<br />

supérieur. Notre Contrat d’objectif et de performance<br />

(COP) possède le même type indicateur avec évidemment<br />

une focalisation plus importante sur le soutien à<br />

l’innovation et l’accompagnement des PME et ETI que<br />

dans une université.<br />

O. R : Etre un institut national cela ne<br />

complique pas quand même les choses<br />

quand le ministère de l’Enseignement<br />

supérieur et de la Recherche (MESR)<br />

favorise les politiques de site ?<br />

O. G : Effectivement nous ne pouvons pas répondre à<br />

certains appels à projet parce que nous ne sommes<br />

pas un site. Nous sommes complémentaires sur chaque<br />

site avec une dimension nationale.<br />

O. R : L’IMT c’est huit écoles membres,<br />

deux écoles filiales mais aussi six écoles<br />

partenaires. Comment se nouent les<br />

relations avec ces écoles du deuxième<br />

cercle ?<br />

O. G : Ce sont des écoles d’ingénieurs qui nous ressemblent<br />

et qui ont des compétences de même nature<br />

ou complémentaires de nos écoles. Nous sommes, par<br />

exemple, partenaire de Télécom Physique Strasbourg au<br />

sein de l’Institut Carnot Télécom & Société numérique.<br />

Tutelle de l’école, l’université de Strasbourg la laisse<br />

lier des partenariats et entrer ainsi dans un réseau.<br />

À Clermont-Ferrand, Sigma a déposé avec nous un<br />

projet sur l’industrie du futur, « Parcours » dans le<br />

domaine de la formation tout au long de la vie. Dans<br />

les deux cas, il s’agit de territoires sur lesquels l’IMT<br />

n’a pas d’école. Je pourrais également citer Télécom<br />

Saint-Etienne qui apprécie de pouvoir travailler avec<br />

Mines Saint-Etienne et plus largement l’IMT. Et à Paris<br />

nous consolidons nos partenariats avec Mines Paris<br />

même si nous nous séparons d’Armines.<br />

O. R : Pour se maintenir à un bon niveau<br />

technologique les écoles d’ingénieurs ont<br />

de gros besoins financiers. Avez-vous les<br />

moyens de vos ambitions ? Vos frais de<br />

scolarité sont-ils assez élevés par exemple ?<br />

O. G : Il nous faut effectivement posséder des équipements<br />

de pointe pour former nos étudiants à l’état<br />

de l’art. Aujourd’hui, nous trouvons des moyens dans<br />

les collectivités, auprès du Secrétariat général pour<br />

l’investissement (SGPI), avec les appels à projet comme<br />

les CMA que je citais, et dans les entreprises. Cellesci<br />

participent de façon déjà importante dans le cadre<br />

de mécénat, de chaires d’entreprise et de contrats<br />

de recherche.<br />

Quant à nos droits de scolarité, ils ont augmenté de 10 %<br />

cette année afin de rattraper l’inflation pour atteindre<br />

les 2 650 € pour les étudiants européens dans nos<br />

écoles d’ingénieurs (et 7 750 € à Institut Mines Télécom<br />

Business School). Cela reste des montants raisonnables<br />

d’autant que les boursiers sont exemptés.<br />

Nous discutons dans le cadre de notre Contrat d’objectif<br />

et de performance, de l’idée de proposer dans les<br />

années à venir trois ou quatre catégories de droits de<br />

scolarité selon les moyens des familles. Les montants<br />

de la catégorie la plus forte seraient beaucoup plus<br />

importants qu’aujourd’hui mais avec une moyenne<br />

générale autour des 3 000/3 500 €. Cela ne sera sans<br />

doute pas décidé avant 2024.<br />

Si nous devions avoir des montants de droits de scolarité<br />

comparables à ceux des écoles privées alors<br />

la subvention de l’État serait presque intégralement<br />

consacrée à la recherche.<br />

O. R : Où en est le développement de<br />

l’apprentissage dans vos écoles ? Et du<br />

nombre de boursiers ?<br />

O. G : Le nombre de nos élèves qui suivent leur cursus<br />

en apprentissage a augmenté de 45 % ces cinq<br />

dernières années. Ils représentent aujourd’hui entre<br />

30 et 35 % de nos promotions. Au vu de la dynamique<br />

nous pourrions atteindre les 40 à 50 % sans en faire<br />

pour autant un objectif précis à ce stade. Sans doute<br />

en lien avec le développement de l’apprentissage, le<br />

pourcentage de boursiers est quant à lui en légère<br />

baisse et est passé sous les 30 %.<br />

26<br />

L’Institut Mines-<br />

Télécom veut former<br />

plus de femmes<br />

ingénieures<br />

Avec l’objectif d’atteindre<br />

à terme une parité au sein<br />

des promotions d’élèves<br />

ingénieures, des actions sont<br />

mises en place par les écoles<br />

de l’Institut Mines-Télécom<br />

depuis de nombreuses années.<br />

L’Institut Mines-Télécom et la<br />

Fondation Mines-Télécom ont<br />

lancé un programme collectif<br />

« Ambassadrices » qui vise à<br />

sensibiliser les collégiennes et<br />

les lycéennes en leur faisant<br />

découvrir au plus tôt, via des<br />

interventions en classe, les<br />

choix à faire pour s’orienter<br />

vers une école d’ingénieur.


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Institut Mines Télécom business school<br />

O. R : Le pourcentage de femmes progresset-il<br />

dans vos écoles d’ingénieurs ?<br />

O. G : Il est de 28 % mais ne progresse plus avec la<br />

réforme du bac, qui a vu beaucoup de jeunes filles se<br />

détourner des mathématiques. Pour compléter les<br />

actions d’ores et déjà mises en œuvre par les écoles,<br />

nous avons lancé cette année dans les collèges et<br />

lycées le programme « Ambassadrices » pour présenter<br />

de façon plus structurée aux jeunes filles ce que<br />

sont les études d’ingénieurs et les débouchés qu’elles<br />

permettent notamment dans le numérique ou l’industrie<br />

qui a encore un déficit d’image.<br />

O. R : Comment se positionne Institut Mines<br />

Télécom Business School au sein de la<br />

communauté des écoles de management ?<br />

On a constaté en 2022 qu’elle ne faisait<br />

pas le plein d’élèves issus de classes<br />

préparatoires.<br />

O. G : Les écoles de management ont toutes de plus<br />

en plus de mal à recruter, le volume d’élèves issus de<br />

classes préparatoires étant en baisse. Nous avons<br />

pourtant tenu à maintenir le même niveau de sélectivité<br />

et de barres sans penser à remplir forcément l’école.<br />

Nous acceptons cette baisse de volume de notre<br />

programme Grande école.<br />

Le classement d’Institut Mines Télécom Business School<br />

ne reflète pas sa plus-value et la valeur de ses étudiantes<br />

et étudiants. Elle ne figure pas dans le top 10 des écoles<br />

alors que ses diplômés en sortent avec des très beaux<br />

salaires de par sa spécificité dans le management<br />

des technologies. Nous délivrons des compétences<br />

spécifiques sur le numérique – 5G, data, régulation<br />

des plateformes, souveraineté numérique, etc. - mais<br />

aussi sur la responsabilité sociale et environnementale<br />

(RSE) – économie circulaire, transformations environnementales<br />

des entreprises, etc. – qui sont pleinement<br />

intégrées dans nos communautés scientifiques. Nous<br />

tenons à conserver ces spécificités.<br />

Par ailleurs, nous souhaitons développer l’Executive<br />

Education et les partenariats internes à l’IMT dans<br />

ce domaine pour créer des formations hybrides. Les<br />

conditions d’accréditation des business schools ont<br />

nui à ce modèle hybride dans lequel nous avions une<br />

longueur d’avance que nous voulons remettre au goût du<br />

jour. Par exemple les masters internationaux conjoints<br />

à l’Institut Mines Télécom Business School et à IMT<br />

Nord Europe (co-accrédités avec l’Université de Lille)<br />

développent des cursus qui font se succéder deux<br />

semestres à IMT Nord Europe, un semestre à Institut<br />

Mines Télécom Business School et un semestre de stage.<br />

Ce type de diplôme pourrait se développer à l’avenir.<br />

O. R : Sa stratégie d’ensemble en atteste.<br />

L’Institut Mines Télécom est aujourd’hui<br />

pleinement mobilisé par les transitions<br />

environnementales et énergétiques.<br />

Comment cela se traduit-il ?<br />

O. G : Des modules de base obligatoires ont été créés<br />

dans chacune des écoles pour l’intégration de cette<br />

réflexion systémique dans tous nos parcours. À l’été<br />

2022une école d’été a regroupé de nombreux enseignants<br />

pour qu’il travaille à l’intégration de ces problématiques<br />

dans leurs enseignements. Mais cette intégration<br />

compète prendra du temps. Le plan stratégique d’IMT<br />

Mines Alès prévoit par exemple que 50 % des enseignements<br />

aient cette dimension dans les cinq ans à<br />

venir. Nous allons publier prochainement un guide sur<br />

l’usage des controverses dans la formation qui mettra<br />

principalement l’accent sur les questions de transition<br />

écologique.<br />

L’accompagnement<br />

des étudiants<br />

Tout au long de l’année, des<br />

formations sont proposées<br />

aux élèves ingénieures.<br />

Certaines formations sont<br />

déployées en partenariat<br />

avec l’association Femmes@<br />

numérique. Elles sont<br />

également ouvertes aux<br />

personnels des écoles de<br />

l’Institut Mines-Télécom<br />

intervenant auprès de ces<br />

publics. Durant un week-end,<br />

2 fois par an, ils bénéficient<br />

en plus, de formations<br />

délivrées par des expertes<br />

et des experts, pour la<br />

prise de parole en public,<br />

le développement de leur<br />

leadership, pour lutter contre<br />

les stéréotypes de genres,<br />

identifier les phénomènes<br />

d’autocensure, etc. Enfin,<br />

des temps d’échanges<br />

avec des marraines<br />

ingénieures, engagées en<br />

entreprises sont organisés.<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

Federico Pasin<br />

DIRECTEUR DE HEC MONTRÉAL<br />

« HEC Montréal accueille les jeunes et les fait maturer »<br />

14 000 étudiants, 300 professeurs,<br />

HEC Montréal est l’une des plus grandes<br />

écoles de gestion au monde. Et attire<br />

toujours plus de jeunes Français.<br />

Son directeur, Federico Pasin, revient<br />

avec nous sur son modèle et comment<br />

il se conjugue à tous les niveaux.<br />

Olivier Rollot : Les médias français<br />

ont souvent parlé cette année de la<br />

concurrence que vous faisiez de plus en<br />

plus à l’enseignement supérieur français.<br />

Beaucoup de jeunes Français viennent<br />

à HEC Montréal ?<br />

Federico Pasin : Nous recevons toujours de l’ordre de<br />

10 % d’étudiants français, principalement au bachelor.<br />

Des jeunes qui ont obtenu de bons résultats au bac,<br />

qui sont attirés par le caractère multilingue et international<br />

de l’École, qui sont souvent également reçus<br />

en bachelor à l’Essec comme à Oxford et que nous<br />

ne rejetons certainement pas. Ils amènent une belle<br />

diversité à notre communauté étudiante. Le rythme<br />

des études est assez différents de celui des jeunes<br />

qui ont choisi d’aller en classe préparatoire en France,<br />

qui travaillent très fort au début mais qui pourraient<br />

ensuite ralentir ensuite une fois admis dans l’école de<br />

leur choix nos étudiants déploient des efforts tout au<br />

long de leur parcours, pour exceller dans les débats,<br />

décrocher les meilleurs séjours internationaux, les<br />

meilleurs stages, etc.<br />

Notre système permet d’accueillir les jeunes et de les<br />

faire maturer pour avoir, quatre ans de bachelor plus<br />

tard, le niveau pour intégrer un très bon emploi ou<br />

un master dans les meilleures universités mondiales.<br />

O. R : En France on connaît surtout HEC<br />

Montréal pour la qualité de ces formations<br />

de premier cycle. Pouvez-vous nous parler<br />

de vos deuxièmes cycles ?<br />

F. P : Ce volet deuxième cycle est très important pour<br />

nous. Nous avons fait évoluer notre MBA en 2022 en<br />

donnant une part plus prononcée à la transition durable.<br />

Nous allons maintenant retravailler notre offre<br />

de DESS, MSc et masters en management, notamment<br />

pour faciliter un retour progressif aux études. En effet<br />

de plus en plus de personnes optent d’abord pour un<br />

cours ou un microprogramme avant d’aller plus loin,<br />

par exemple en passant sur un MSc. C’est le principe<br />

du Lego : l’imbrication de blocs de compétences.<br />

Pour favoriser le développement de toute cette offre<br />

nous allons bientôt prendre possession d’un nouvel<br />

édifice dans le centre-ville de Montréal. 3 000 à 4 000<br />

étudiants – sur 14 000 en tout dans l’école - pourront<br />

y suivre nos MBA et certains Certificats et DESS. Les<br />

autres programmes, notamment le bachelor, resteront<br />

eux sur notre campus de Côte-Sainte-Catherine.<br />

O. R : La transformation des pédagogies<br />

est un enjeu majeur pour HEC Montréal<br />

aujourd’hui ?<br />

F. P : HEC Montréal a toujours donné une grande importance<br />

à ces questions avec un pôle de recherche<br />

en pédagogie universitaire. Ces dernières années la<br />

pandémie nous a déjà beaucoup fait évoluer. Quelle<br />

approche devons-nous avoir entre le présentiel et le<br />

distanciel ? Les professionnels veulent à la fois pouvoir<br />

suivre des cours à distance et se retrouver pour créer<br />

des liens d’affaires.<br />

C’est en cela que l’enseignement hybride où on passe du<br />

présentiel à la distance selon les séances est différent<br />

du comodal où on les fait cohabiter à chaque séance.<br />

HEC Montréal<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

En effet, à l’usage, on a découvert que certaines matières<br />

sont très bien adaptées à un enseignement en<br />

ligne alors que d’autres le sont beaucoup moins. On a<br />

aussi réalisé qu’il est très difficile de satisfaire à la fois<br />

les gens sur place et ceux à distance. La pédagogie<br />

optimale à appliquer n’est pas toujours la même Il faut<br />

développer les cours en conséquence et laisser aux<br />

professeurs beaucoup de latitude.<br />

Il faut aussi parfois s’adapter aux besoins des étudiants<br />

tout en s’assurant d’atteindre les objectifs d’apprentissage.<br />

Ainsi, au MBA à temps partiel où plusieurs<br />

étudiants ont des horaires exigeants et des déplacements<br />

durant les jours de la semaine, on a opté pour<br />

des cours à distance durant les jours de semaine et<br />

en classe durant les week-ends. On avait la perception<br />

qu’un programme seulement à distance ne nous aurait<br />

pas permis d’atteindre tous les objectifs. D’autant que<br />

la création d’un réseau et le travail en équipe sont très<br />

importants au MBA.<br />

HEC Montréal<br />

O. R : Pas d’entretien dans l’enseignement<br />

supérieur aujourd’hui sans la question<br />

ChatGPT. Quelle politique avez-vous décidée<br />

quant à son utilisation par les étudiants ?<br />

F. P : Nous les laissons l’utiliser si le professeur le<br />

décide. C’est comme le passage de la règle à calculer à<br />

la calculatrice puis à Excel, cela permet d’aller plus loin.<br />

Nous l’avons même autorisé pendant un examen final<br />

avec la question « Trouvez une question pour laquelle<br />

la réponse de ChatGPT est particulièrement faible et<br />

expliquez pourquoi ». Car si on utilise l’intelligence<br />

artificielle avec les yeux fermés c’est extrêmement<br />

dangereux. L’important c’est de savoir comment on peut<br />

lui faire confiance et valider la qualité de ses réponses.<br />

O. R : Mais cela ne pose-t-il pas des<br />

questions sur les modalités d’évaluation<br />

même ?<br />

F. P : Si la question que nous posons à l’examen est<br />

« Quels sont les quatre P du marketing » ce n’est tout<br />

simplement pas une bonne question. Dans le monde<br />

d’aujourd’hui, le par cœur est absurde. Soit c’est une<br />

question très précise sur un sujet secondaire, soit tout<br />

le monde doit connaître le sujet. Nous devons poser<br />

des questions sur des compétences que nous voulons<br />

développer. Nous allons donc devoir nous améliorer<br />

alors que nous laissons déjà les accès Internet ouverts<br />

pour certains examens.<br />

Aujourd’hui nous pouvons par exemple demander<br />

à nos étudiants de trouver quels sont les meilleurs<br />

aménagements d’espaces dans des usines avec un<br />

accès à tout. Nous pouvons ainsi évaluer la qualité du<br />

rendu dans des conditions de travail.<br />

Qu’est-ce qui fait qu’un étudiant a appris à apprendre ?<br />

Ce n’est pas qu’une question de mémoire.<br />

O. R : Dans ce cadre quelle place donnezvous<br />

à l’expérience étudiante ?<br />

F. P : L’expérience étudiante a beaucoup de déclinaisons,<br />

dans la classe comme en dehors. À la bibliothèque elle<br />

se mobilise en s’appuyant sur des professionnels très<br />

compétents qui permettent d’identifier les bonnes<br />

sources. Dans la vie sociale avec des services de<br />

bien-être aux étudiants que nous avons créés pour<br />

garantir la bonne santé mentale de nos étudiants, leur<br />

apprendre à bien gérer leur temps, à identifier leurs<br />

périodes de stress ; notamment pour les jeunes garçons<br />

qui ont souvent du mal à venir chercher de l’aide. C’est<br />

pour cela que nous avons créé en amont des groupes<br />

de compagnonnage qui ont pour objectif de montrer<br />

que c’est au contraire courageux d’appeler à l’aide.<br />

En dehors de la classe nous créditons certaines activités,<br />

comme l’organisation du bal annuel qui a l’importance<br />

d’un véritable stage en termes de développement de<br />

compétences. De même nos étudiants mettent beaucoup<br />

d’énergie dans les compétitions universitaires,<br />

qu’il s’agisse de cas à résoudre, d’éloquence ou encore<br />

d’impact. Dans un classement compilant toutes ces<br />

compétitions, nous étions même troisièmes au monde<br />

en 2022, derrière RSM et NUS. Et nous prenons ça très<br />

à cœur avec des coachs qui préparent nos équipes.<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

O. R : Vous l’évoquiez pour le MBA. La<br />

dimension développement durable est de<br />

plus en plus importante pour HEC Montréal ?<br />

F. P : En effet, au MBA et au bachelor il y a des cours<br />

obligatoires en développement durable. Nous voulons<br />

toutefois aller beaucoup plus loin. On vise à ce que<br />

tous les cours de base– en finance, comptabilité,<br />

marketing, logistique, etc. – possèdent un bloc significatif<br />

en transition durable. Nous avons changé de<br />

mission : aujourd’hui nous voulons former des leaders<br />

responsables.<br />

Pour favoriser cette ambition une directrice du développement<br />

durable a été nommée – elle fait partie<br />

de notre comité de direction – comme également un<br />

responsable de la transition durable qui collabore avec<br />

les directions de programmes et les professeurs pour<br />

faire évoluer les cours.<br />

Nous voulons également être exemplaires en tant<br />

qu’organisation. Nous mesurons notre bilan carbone<br />

selon les portés (scope) 1, 2 et 3 et appliquerons bientôt<br />

diverses mesures portant à la fois sur la réduction et<br />

la compensation pour améliorer notre bilan de façon<br />

significative. Nous formerons également notre personnel<br />

pour qu’il soit très performant sur ces questions.<br />

Nous devons gérer notre impact sociétal avec la même<br />

rigueur que celle des normes comptables.<br />

O. R : L’enseignement supérieur à un rôle<br />

particulier à jouer dans ces questions ?<br />

F. P : Nous devons bien prendre garde à ne pas laisser<br />

la place à des charlatans qui n’ont aucune retenue. Les<br />

professeurs doivent répondre présents et ne pas avoir<br />

peur de s’engager sur ces questions et ce même s’ils<br />

ne sont pas certains à 100 % de leur réponse. Au pire,<br />

si de futures analyses font évoluer les conclusions, on<br />

rectifiera le tir.<br />

O. R : Cette volonté de réduire votre impact<br />

carbone se retrouve-t-elle dans votre<br />

politique d’investissements ?<br />

F. P : Notre politique d’investissement a des objectifs<br />

précis en termes d’empreinte carbone. On vise à obtenir<br />

une empreinte carbone plus basse que celle obtenue<br />

par un portefeuille TSX canadien (l’équivalent du CAC<br />

40 Français) auquel on a retiré tous les titres liés au<br />

pétrole. Au lieu de réfléchir en fonction de convictions<br />

quasi religieuses nous préférons fixer des cibles très<br />

ambitieuses et laisser aux gestionnaires le choix des<br />

moyens pour y parvenir. En voulant donner l’exemple<br />

on s’aperçoit de toute la complexité qu’il y a à former<br />

pour demain.<br />

O. R : Quel montant de fonds gère votre<br />

école ?<br />

F. P : Aux alentours de 650 millions de dollars canadiens<br />

(350 millions d’euros environ) avec différents<br />

sous-ensembles : pensions des salariés, fondation, etc.<br />

O. R : Au-delà de partager un nom commun,<br />

HEC Montréal est-elle proche des autres<br />

HEC, de Paris ou Lausanne ?<br />

F. P : Avec HEC Lausanne nous sommes partenaires<br />

dans l’alliance universitaire QTEM (Quantitative Techniques<br />

for Economics and Management), mais nous<br />

n’avons pas de relations étroites avec HEC Paris.<br />

C’est d’ailleurs avec ESCP et emlyon que nous avons<br />

un double diplôme.<br />

HEC Montréal<br />

Créée en 1907 par la<br />

Chambre de commerce du<br />

district de Montréal, HEC<br />

Montréal est l’une des plus<br />

grandes écoles de gestion<br />

au monde avec ses 14 000<br />

étudiants et 300 professeurs.<br />

En 2019, Federico Pasin<br />

en est devenu le 11 ème<br />

directeur pour un premier<br />

mandat de quatre ans. Il a<br />

récemment été reconduit<br />

pour un deuxième mandat.<br />

Auparavant secrétaire général<br />

et directeur des activités<br />

internationales, professeur<br />

titulaire au Département de<br />

gestion des opérations et de<br />

la logistique, il travaille à<br />

HEC Montréal depuis 1994.<br />

Quand on part à Montréal<br />

il faut aussi bien mesurer<br />

combien les hivers<br />

sont rigoureux<br />

Office de tourisme de Montréal<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPÈRES<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

6,4 millions d’étudiants<br />

mobiles dans le monde<br />

Le monde comptait près de 6,4 millions d’étudiants mobiles en 2020,<br />

un niveau jamais atteint auparavant (+32 % en cinq ans) selon l’institut statistique de l’Unesco.<br />

Ils font de l’Union européenne leur première destination. La France en attire également<br />

un nombre record, plus de 400 000, soit 8 % de plus que l’année précédente selon l’édition <strong>2023</strong><br />

des Chiffres Clés de Campus France.<br />

La France, 6 ème pays d’accueil<br />

des étudiants mobiles. La<br />

France est remontée en 2020<br />

au 6e rang des pays d’accueil<br />

des étudiants internationaux au détriment<br />

de la Russie qui n’est plus prise en<br />

compte « du fait d’une méthodologie jugée<br />

inadéquate et du déclenchement de la<br />

guerre en Ukraine ». La France n’est ainsi<br />

plus devancée que par les grands pays<br />

anglo-saxons – États-Unis, Royaume-Uni<br />

(+1), Australie (-1), Canada - et par l’Allemagne<br />

qui se classe au 4 ème rang mondial.<br />

Certains connaissent une progression<br />

particulièrement dynamique du nombre<br />

d’étudiants internationaux sur un an : le<br />

Royaume-Uni (+ 13 %), l’Allemagne (+ 11<br />

%), le Canada (+ 16 %), la Chine (+ 12 %),<br />

le Japon (+ 10 %) et la Turquie (+ 20 %).<br />

Trois pays asiatiques - la Chine, l’Inde, le<br />

Vietnam – continuent d’être en tête des<br />

pays d’origine de la mobilité étudiante<br />

mondiale. Plus d’un million de Chinois<br />

partent étudier à l’étranger, soit près de<br />

deux fois plus que le nombre d’Indiens<br />

(520 000), et 8 fois plus que les Vietnamiens<br />

(130 000). Un Vietnam en fort développement<br />

: seulement 11e pays d’origine<br />

il y a cinq ans il se place désormais<br />

à la 3e place, suivi par l’Allemagne et les<br />

États-Unis.<br />

400 000 étudiants étrangers en France.<br />

Le nombre d’étudiants étrangers inscrits<br />

en France a encore crû de 8 % en 2021-<br />

2022, et dépasse désormais la barre des<br />

400 000 : il s’agit de la croissance la plus<br />

forte enregistrée depuis plus de 15 ans,<br />

portée notamment par l’augmentation du<br />

nombre d’étudiants européens (+21 %) et<br />

de la mobilité d’échange (+46 %). Globalement,<br />

13 % des étudiants en France<br />

sont étrangers, un niveau qui atteint<br />

38 % parmi les doctorants (-2 points en<br />

un an). L’Île-de-France en accueille plus<br />

du tiers, devant Auvergne Rhône-Alpes<br />

et Occitanie.<br />

Un net rebond confirmé par les perspectives<br />

de recrutement pour l’année 2022-<br />

<strong>2023</strong>, avec des visas délivrés pour études<br />

et stages en hausse de 21 % par rapport<br />

à 2021, année de repli en raison de la<br />

pandémie.<br />

Les nationalités les plus représentées parmi<br />

ces 400 000 étudiants sont le Maroc,<br />

l’Algérie, la Chine, l’Italie, et le Sénégal.<br />

L’Afrique du Nord Moyen-Orient est la<br />

zone d’origine la plus importante (29 %),<br />

la deuxième étant l’Europe (25 %). Sur<br />

cinq ans, la plus forte hausse concerne<br />

Les vingt premiers pays d’accueil et d’origine de la mobilité étudiante dans le monde en 2020<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS REPÈRES<br />

SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

les étudiants venus d’Afrique subsaharienne<br />

(+40 %).<br />

Les étudiants internationaux sont inscrits,<br />

pour les deux tiers d’entre eux, à l’université<br />

(65 %), puis en écoles de commerce<br />

(14 %), écoles d’ingénieurs (7 %) et formations<br />

en lycée (classes préparatoires<br />

notamment 5 %) :<br />

• les sciences exactes (STAPS incluses)<br />

sont l’ensemble disciplinaire le plus<br />

choisi par les étudiants étrangers à l’université<br />

(32 %), devant les lettres, langues<br />

et SHS (30 %), un ordre à l’inverse de<br />

la répartition nationale de l’ensemble<br />

des étudiants. Suivent l’économie (dont<br />

AES, 18 %), le droit et la science politique<br />

(11 %) et enfin les disciplines de<br />

santé (8 %) ;<br />

• plus d’un étudiant sur cinq est étranger<br />

(21 %) dans les écoles de commerce<br />

avec une mobilité atypique :<br />

l’Asie-Océanie est la première zone<br />

d’origine (30 %, contre 13 % tous types<br />

d’établissements confondus) ;<br />

• dans les écoles d’ingénieurs, on note la<br />

part significative d’étudiants de nationalité<br />

marocaine (21 %), la première origine<br />

devant la Chine (10 %) et la Tunisie<br />

(5 %).<br />

La France est le 6 e pays d’origine des<br />

étudiants internationaux, et le nombre de<br />

Français qui partent à l’étranger continue<br />

d’augmenter (+25 % en cinq ans) avec<br />

109 000 étudiants mobiles en 2020. Elle<br />

n’en recule pas moins d’une place par rapport<br />

à 2019, derrière l’Allemagne, 4e, et<br />

les États-Unis, 5e, qui la dépassent de peu.<br />

Les principales destinations des étudiants<br />

français sont le Canada, la Belgique, le<br />

Royaume-Uni et la Suisse.<br />

Le top 25 des pays d’origine des étudiants étrangers<br />

en France (2021-2022)<br />

Les étudiants étrangers dans les établissements français<br />

32

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