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L'Essentiel Prépas n°77 - Décembre 2023

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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N°77 | DÉCEMBRE <strong>2023</strong><br />

CLASSES PRÉPAS ÉCONOMIQUES ET COMMERCIALES GÉNÉRALES<br />

ENTRETIEN<br />

Frédéric Munier<br />

CLASSEMENTS<br />

Classements des écoles de<br />

management françaises, que disent<br />

l’Étudiant et Le Figaro ?<br />

DÉBAT<br />

Que pensent les Français<br />

des Grandes écoles ?<br />

DOSSIER<br />

Classes prépas :<br />

les grands enjeux<br />

ENTRETIEN<br />

Tamym Abdessemed :<br />

Dean d’Excelia Business School<br />

et DGA d’Excelia


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ÉDITO + SOMMAIRE<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

NE FERMEZ PAS !<br />

Le rectorat de Paris vient d’annoncer la fermeture, à la rentrée<br />

2024, de quatre classes préparatoires aux grandes<br />

écoles : l’ECG du lycée Jacques-Decour, l’ATS Bio du lycée<br />

Pierre-Gilles de-Gennes, l’hypokhâgne du lycée Lamartine<br />

et une khâgne du lycée Chaptal. Quatre classes dont<br />

trois ont fait le plein d’élèves alors que la dernière est quasi-pleine.<br />

Quatre classes qui font preuve d’ouverture : l’ECG du lycée Jacques-Decour<br />

accueille 30% de boursiers du secondaire, aucun des étudiants de l’hypokhâgne<br />

du lycée Lamartine n’a eu mention TB au Bac et quant à la filière ATS, qui accueille<br />

des titulaires d’un BTS ou d’un DUT, elle est un fer de lance de la promotion sociale.<br />

L’année dernière, c’était l’hypokhâgne du lycée Victor Hugo qui fermait ses portes. A<br />

chaque fois, le rectorat argue que « le recrutement y serait en déclin et l’enseignement<br />

trop élitiste ».<br />

Ensemble, les associations de professeurs de classe préparatoires<br />

APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires économiques et<br />

commerciales, APPLS (Association des professeurs de première et de lettres supérieures),<br />

UPA (Union des professeurs des classes préparatoires aux grandes écoles<br />

agronomiques, biologiques, géologiques et vétérinaires), UPLS (Union des professeurs<br />

de lettres et langues en spéciales), UPS (Union des professeurs de classes<br />

préparatoires scientifiques) et UPSTI (Union des professeurs de sciences et techniques<br />

industrielles) ont rendu publique le 4 décembre dernier leur opposition dans<br />

un communiqué : « Alors même que les effectifs nationaux des CPGE sont en nette<br />

augmentation à la rentrée <strong>2023</strong>, il n’est pas compréhensible de déconstruire ces<br />

filières, en réduisant leurs capacités d’accueil par des décisions aussi arbitraires ».<br />

Elles « demandent donc au Rectorat de Paris l’annulation de ces fermetures ».<br />

La théorie des places « vacantes » invoquée par le Rectorat est basée sur<br />

une interprétation de la circulaire 2002-253 du 14/11/2002, qui précise qu’en CPGE<br />

« l’effectif limitatif de quarante-huit élèves est impératif ». Il s’agit d’un maximum,<br />

pas d’un minimum ! Vouloir imposer à toutes les CPGE un effectif de 48 étudiants<br />

(l’hypokhâgne du lycée Lamartine et la CPGE EC du lycée Jacques Decour n’en sont<br />

d’ailleurs pas loin avec 46 et 47 étudiants) n’a tout simplement aucun sens, en particulier<br />

dans la classe TSI Pro que le rectorat envisage d’ouvrir au lycée Chaptal :<br />

cette filière nécessite un encadrement et un accompagnement très spécifiques<br />

pour mener les étudiants à la réussite.<br />

Dans un contexte de redémarrage des inscriptions en classes préparatoires,<br />

la décision est d’autant moins compréhensible que ce sont essentiellement<br />

des hypokhâgne/khâgne, dont les effectifs<br />

avaient le plus progressé ces dernières années,<br />

qui sont touchées ! On a encore une fois<br />

le sentiment que certains rectorats voient<br />

comme une variable d’ajustement de leur politique<br />

la fermeture de classes préparatoires<br />

sans vouloir prendre en compte la réalité des<br />

effectifs !<br />

Olivier Rollot, rédacteur en chef<br />

ORollot<br />

Sommaire<br />

LES ESSENTIELS DU MOIS<br />

3 • Nominations<br />

4 • L’Aphec et la Cdefm présentent<br />

une étude et une campagne de promotion<br />

des prépas ECG<br />

9 • GEM crée un serious game pour gérer<br />

les dilemmes éthiques en entreprise<br />

10 • Théâtre + business : emlyon et le Cours<br />

Florent créent un bachelor<br />

11 • L’ICN réforme son PGE et invente<br />

les oraux « Lego »<br />

13 • Classements des écoles de management<br />

françaises, que disent l’Étudiant<br />

et Le Figaro ?<br />

PUBLI-INFORMATION<br />

6 • Concours 2024, tout ce qu’il faut savoir<br />

Excelia Business School, singulière et<br />

engagée<br />

16 • « ESCP : Pilotage d’un Renouveau<br />

Stratégique pour les Campus Parisiens » :<br />

interview avec la directrice des campus de<br />

ESCP à Paris, Cécile Kharoubi<br />

ENTRETIEN<br />

20 • Tamym Abdessemed, Dean d’Excelia<br />

Business School et DGA d’Excelia<br />

39 • Frédéric Munier, directeur de SKEMA School<br />

for Geopolitics<br />

DOSSIER<br />

25 • Classes prépas : les grands enjeux<br />

DÉBAT<br />

41 • Que pensent les Français des Grandes<br />

écoles ?<br />

« L’Essentiel du sup » est une publication du groupe HEADway<br />

Advisory, SAS au capital de 30 000 €, RCS 53298990200046 Paris,<br />

CPPAP 0920W93756, 33, rue d’Amsterdam, 75008 Paris.<br />

Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont.<br />

Rédacteur en chef : Olivier Rollot (o.rollot@headway-advisory.com).<br />

Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

(f.boleduchomont@headway-advisory.com).<br />

Création graphique et mise en pages : Élise Godmuse<br />

Photo de couverture : HEC Paris


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Nominations<br />

Thierry Andrieu a été nommé directeur des Relations<br />

entreprises de TBS Education. Depuis douze ans, il<br />

travaillait pour Excelia à La Rochelle dont il était jusqu’ici<br />

directeur de la formation professionnelle et directeur<br />

des partenariats entreprises. Auparavant, il a exercé<br />

pendant vingt ans dans le secteur banque-assurance,<br />

dans trois régions françaises, en charge du marché des<br />

entreprises et de directions d’agences.<br />

Arnaud Fournier, 41 ans, a été nommé directeur Marketing<br />

et Communication d’Audencia dans le cadre de la<br />

fusion des directions Marketing et stratégie de marque<br />

et Communication d’Audencia. Arnaud Fournier occupait<br />

depuis 2022 la fonction de directeur adjoint de la direction<br />

Marketing et stratégie de marque. Recruté en 2018<br />

à Audencia en tant que responsable digital au sein de la<br />

direction Communication, il a passé auparavant six ans<br />

au sein de l’agence de communication KelCom, en tant<br />

que manager du département digital avant d’être nommé<br />

directeur des opérations. Titulaire d’un MBA en Marketing<br />

(OMNES Education), il avait commencé sa carrière dans<br />

l’entrepreneuriat dans le secteur immobilier en 2008.<br />

Hélène Maubert, 50 ans, a été nommée directrice Finances<br />

et Opérations d’Audencia. Elle succède à Matthieu<br />

Rajjou qui a occupé précédemment cette fonction de 2020<br />

à juin <strong>2023</strong>. Hélène Maubert est titulaire d’une maîtrise<br />

de gestion de l’Université de Nantes suivie d’un DESS de<br />

gestion publique de l’université de Paris Dauphine. Elle<br />

a débuté sa carrière au sein de KPMG dans la branche<br />

Conseil, avant d’intégrer Réseau Ferré de France puis<br />

Nantes Métropole Aménagement, société publique<br />

locale dans laquelle elle a accompagné la réalisation<br />

de projets d’aménagement urbain, de construction et<br />

de gestion immobilière.<br />

© F. Sénard / Audencia<br />

3


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

L’Aphec et la Cdefm présentent<br />

une étude et une campagne<br />

de promotion des prépas ECG<br />

« Le prestige de la classe préparatoire a une grande La campagne de promotion. Forts de ces enseignements,<br />

la Cdefm et l’Aphec lancent une campagne<br />

La FNEGE publie<br />

force d’attractivité » alors qu’elle est « perçue<br />

la 3 e édition de<br />

l’Observatoire<br />

comme un véritable accélérateur de promotion de promotion visant à améliorer l’image de la prépa, au de la transition<br />

sociale » mais « souffre d’être associée à un modèle moment même où se façonnent les choix d’orientation environnementale des<br />

écoles de management<br />

sacrificiel ». La Conférence des directeurs des écoles après le bac, et à mettre en évidence ses spécificités<br />

françaises de management (Cdefm) et l’Association des auprès d’une cible jeune, ambitieuse et inclusive.<br />

professeurs de classes préparatoires économiques<br />

et commerciales (APHEC) ont lancé en mars <strong>2023</strong> une<br />

étude pour identifier les représentations que les CPGE<br />

véhiculent. Il en résulte maintenant une campagne de<br />

promotion intitulée #PREPARETOI.<br />

L’étude. Plus de 100 personnes ont été interrogées, soit<br />

lors d’interviews individuelles, soit en groupes, avec des<br />

profils très différents, à la fois en termes de cursus et<br />

d’origines géographique et sociale. Il s’agissait à la fois de<br />

lycéens et d’étudiants dans des cursus les plus variés.<br />

Les jeunes interrogés évoquent principalement le prestige<br />

des professeurs et des anciens de prépa. Pour eux,<br />

la classe préparatoire mène vers la réussite, celle-ci<br />

se caractérisant par une aisance intellectuelle et par<br />

l’intégration d’une grande École et de son réseau. Autre<br />

enseignement : le besoin de casser les clivages entre les<br />

sciences dures et les sciences humaines. Les personnes<br />

interrogées montrent un intérêt fort pour les cursus<br />

pluridisciplinaires qui conjuguent cette double dimension.<br />

La prépa est aussi perçue comme un véritable accélérateur<br />

de promotion sociale : par exemple, les lycéens<br />

ambitieux issus de quartiers populaires sont séduits par<br />

le prestige et l’accompagnement qu’elle offre.<br />

La prépa souffre essentiellement d’être associée à un<br />

modèle sacrificiel alors qu’aujourd’hui les jeunes interrogés<br />

aspirent à ce que certains appellent la « performance<br />

heureuse », avec du temps libre pour le sport, les passions<br />

et les amis.<br />

L’étude montre également que très peu de jeunes savent<br />

ce qu’ils veulent faire après le bac. La valeur de coaching<br />

de la prépa devient un atout majeur qui la distingue des<br />

autres formations.<br />

Lancée en novembre <strong>2023</strong> sur Instagram et TikTok,<br />

cette campagne joue sur les codes de la jeunesse et<br />

fait témoigner des anciens de prépa. « Nous voulons<br />

faire évoluer les idées reçues, valoriser les atouts de<br />

la prépa et séduire de nouveaux publics, notamment les<br />

jeunes qui ont peu accès à l’information et qui viennent<br />

de milieux éloignés des prépas. Pour concrétiser cette<br />

ambition, nous avons choisi un ton, des couleurs et des<br />

illustrations en cohérence avec ce que les jeunes plébiscitent<br />

aujourd’hui sur les réseaux sociaux », explique<br />

Alain Joyeux, président de l’Aphec.<br />

Labellisée « #PREPARETOI », la campagne de communication<br />

capitalise sur les enseignements clés de<br />

l’étude : un accompagnement pour réussir (grâce aux<br />

professeurs et aux camarades de classe), un équilibre<br />

entre le travail et les passions, un cursus accessible à<br />

tous les jeunes aux talents divers, des disciplines pour<br />

comprendre le monde et l’accès garanti aux Grandes<br />

écoles de management.<br />

93 % des 60 établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

ayant répondu à la<br />

troisième enquête de<br />

l’Observatoire de la transition<br />

environnementale des<br />

écoles de management<br />

créé par la Fnege<br />

(Fondation nationale pour<br />

l’enseignement de la gestion<br />

des entreprises) ont « pris<br />

une orientation stratégique<br />

relative à la transition<br />

environnementale ».<br />

64 % possèdent le label<br />

DD&RS, 47 % ont adhéré au<br />

programme de l’Onu PRME,<br />

21 % au Global Compact<br />

et 16 % au Shift Project.<br />

4


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Concours 2024, tout ce qu’il faut savoir<br />

Excelia Business School,<br />

singulière et engagée<br />

Depuis sa création il y a maintenant 35 ans, Excelia Business School a su cultiver ses particularités<br />

et notamment une ouverture au monde unique. Ce qu’il faut savoir pour candidater avec les meilleures<br />

chances dans une école qui sait ce qu’engagement veut dire.<br />

En <strong>2023</strong>, Excelia Business School fête ses 35<br />

ans et une excellence actée par l’obtention des<br />

accréditations internationales AACSB, EQUIS et<br />

AMBA : une « triple couronne » qui la place parmi<br />

les 1 % des meilleures business schools mondiales. En<br />

France elle dispose du grade de Master pour la durée<br />

maximale de 5 ans. Résultat : son Master Grande École<br />

est classé 3 ème dans le dernier classement des masters<br />

in management du Financial Times. Une référence pour<br />

les étudiants du monde entier qui repose sur un corps<br />

professoral qui compte aujourd’hui 86 % de docteurs<br />

et 13 % de professeurs possédant une HDR (habilitation<br />

à diriger des recherches). En tout 112 professeurs<br />

permanents, dont 56 % d’internationaux, et une stricte<br />

parité hommes / femmes. Autre atout : Excelia dispense<br />

beaucoup de ses cours en immersive learning pour<br />

lequel l’école est en pointe grâce à un département et<br />

un plan stratégique « XL vision » entièrement dédié qui<br />

crée métavers, capsules de digital learning.<br />

Internationale et multi-campus<br />

L’offre pédagogique d’Excelia Business School repose sur<br />

trois grands axes : l’international, avec des formations<br />

anglophones attrayantes pour les étudiants internationaux,<br />

des passerelles entre management, technologie<br />

et ingénierie, et des relations approfondies avec les<br />

entreprises pour assurer l’employabilité aux diplômés.<br />

Avec des campus à La Rochelle, Tours, Orléans, et Paris,<br />

Excelia offre une expérience étudiante favorisée par<br />

la mobilité inter campus et la proximité avec d’autres<br />

écoles du groupe et de son écosystème, chaque site<br />

ayant des spécificités propres à son territoire d’implantation<br />

et à son environnement.<br />

Une recherche qui irrigue les<br />

enseignements<br />

Plus de 80 % de ces enseignants-chercheurs sont<br />

« produisants », c’est-à-dire qu’ils contribuent activement<br />

à la recherche autour des axes de Responsabilité<br />

sociale et environnementale (RSE) des organisations,<br />

Management du tourisme, et Agilité, Innovation et Digitalisation<br />

(AID), qui irriguent directement les contenus<br />

des enseignements. En outre, tous les enseignants<br />

suivent régulièrement une formation sur les enjeux de<br />

la transition écologique dans le cadre du programme<br />

« Sustainability Mindset ». En tant qu’association labellisée<br />

EESPIG (établissement d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général), Excelia BS réinvestit<br />

intégralement ses résultats dans le développement<br />

de l’école, l’innovation pédagogique et le soutien à sa<br />

communauté.<br />

6


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Implantée également à Paris<br />

Le MGE, également dispensé à La Rochelle et à Tours,<br />

est en cours de déploiement à Paris. Le campus de Paris,<br />

situé à Cachan, offre une expérience d’apprentissage<br />

basée sur des partenariats forts avec d’autres Grandes<br />

Écoles de l’Alliance pour les sciences et la technologie<br />

Paris-Cachan. Une convention cadre a ainsi été signée<br />

avec l’école d’ingénieurs l’EPF. Elle permet de proposer<br />

aux étudiants des parcours hybrides entre management<br />

et technologie tant au niveau Bachelor que Master.<br />

Engagée dans la transition écologique<br />

et sociale<br />

Excelia Business School se distingue depuis sa création<br />

par son engagement précoce dans la transition<br />

écologique et sociale, proposant des programmes novateurs<br />

dès les années 1990, tels que le premier Master<br />

Environnement Développement durable, Humacité©,<br />

mission humanitaire citoyenne et sociale en 2005, et<br />

récemment Climacité©, au service des entreprises, en<br />

2020. La responsabilité sociale et environnementale<br />

(RSE) constitue un domaine d’expertise majeur pour<br />

l’école, renforcé par un nouvel axe stratégique autour<br />

de l’eau : la « Blue Education Experience » développée<br />

en <strong>2023</strong>. Celle-ci intègre des enseignements basés sur<br />

les travaux de l’OCDE (Organisation de coopération<br />

et de développement économiques) et des initiatives<br />

immersives pour permettre aux étudiants du MGE<br />

d’être en adéquation avec les enjeux de la transition<br />

écologique et sociale. Au programme également, la<br />

Fresque de l’eau, une initiative sur laquelle Excelia<br />

Business School est la première école de management<br />

à faire travailler ses étudiants.<br />

Reconnue comme une institution dite « transforming »<br />

par l’initiative de l’Onu Principles for Responsible Management<br />

Education (PRME), en phase avec les Objectifs<br />

de développement durable (ODD) de l’Onu, Excelia<br />

Business School se classe ainsi parmi les écoles de<br />

management plus engagées dans les classements<br />

mondiaux de référence en matière de RSE : elle est la<br />

2 ème école de management française dans le classement<br />

Times Higher THE IMPACT et 5 ème dans le classement<br />

ChangeNOW des Echos Start.<br />

Former de véritables acteurs<br />

du changement<br />

Les étudiants d’Excelia Business School ne doivent<br />

pas seulement être conscients des changements en<br />

cours mais aussi en être acteurs. Un « Blue Education<br />

Passport » certifie ainsi l’engagement approfondi<br />

des étudiants dans la transition environnementale.<br />

Tous doivent a minima obtenir la validation du Sulitest<br />

TASK (The Assessment of Sustainability Knowledge),<br />

le premier certificat international de connaissances<br />

et d’aptitude sur la durabilité.<br />

De plus la collaboration avec l’ONG Les Ateliers du Futur<br />

permet d’accélérer la formation des futurs et actuels<br />

dirigeants économiques comme celle des professeurs<br />

aux stratégies zéro carbone. Les contenus des cours<br />

sont axés sur les solutions de décarbonation à l’œuvre<br />

dans les entreprises pour développer et renforcer les<br />

démarches vertueuses. « Ces dispositifs labellisent ainsi<br />

une expérience approfondie et complète, et soulignent<br />

la capacité à devenir à l’école un change leader, pas<br />

seulement conscient des enjeux mais acteur averti.<br />

Excelia Business School est une école qui agit pour<br />

la transition et la décarbonation. Plus qu’une prise de<br />

conscience, nous élaborons des chemins de solutions.<br />

C’est en ce sens qu’Excelia se différencie, en cultivant<br />

son expertise et en la poussant toujours plus loin »,<br />

analyse Tamym Abdessemed, Dean d’Excelia Business<br />

School et Directeur général adjoint d’Excelia chargé<br />

de la stratégie, de l’institutionnel et du développement<br />

des territoires.<br />

7


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Une gouvernance participative<br />

Excelia se distingue également par sa gouvernance<br />

participative, avec un nouveau « Comité des parties<br />

prenantes » qui compte 18 membres répartis en trois<br />

collèges - interne (collaborateurs, enseignants-chercheurs,<br />

étudiants d’Excelia), externe (entreprises et<br />

institutions) et expert (acteurs associatifs, ONG, experts<br />

en matière de transition écologique et sociale) -,<br />

impliqués dans la réflexion sur l’impact environnemental<br />

et social de l’établissement. « L’objectif est d’aiguiser<br />

la trajectoire d’Excelia comme acteur écologique et<br />

social majeur pour la planète, en orbite sur la mise<br />

en œuvre de solutions déployées en écosystème »,<br />

explique Tamym Abdessemed.<br />

Les étudiants au centre<br />

La Direction de l’expérience étudiante favorise l’implication<br />

des étudiants tout au long de leur cursus. « Notre<br />

différenciation se bâtit sur notre positionnement, notre<br />

pédagogie et aussi le « bien-être aux études » de nos<br />

étudiants », explique Tamym Abdessemed, qui souligne<br />

que « l’éducation ne vous tombe pas dessus à Excelia<br />

Business School, mais se construit avec vous », avant<br />

de conclure : « Excelia Business School évolue fortement<br />

avec son temps mais reste profondément fidèle<br />

à ses valeurs PHARE : partage, humanisme, audace,<br />

responsabilité, engagement ».<br />

Épreuves, bon à savoir<br />

À compter du concours 2024, les candidats<br />

à l’intégration d’Excelia Business School<br />

devront passer les épreuves de la banque<br />

ELVi et non plus celles de la banque IENA.<br />

Excelia, dont les épreuves de langues et<br />

d’entretien se déroulent à La Rochelle et à<br />

Paris-Cachan, marque de cette manière<br />

sa volonté d’évaluer les compétences<br />

linguistiques au niveau des Grandes Écoles<br />

les plus prestigieuses au sein de la Banque<br />

commune d’épreuves. En effet, jusqu’alors<br />

neuf écoles de management post-prépa<br />

utilisaient les épreuves écrites et orales<br />

produites par la banque ELVi pour leurs<br />

recrutements d’élèves issus des classes<br />

préparatoires aux Grandes Écoles via<br />

le concours BCE : Audencia, EDHEC,<br />

GEM, SKEMA, TBS Education, emlyon,<br />

ESCP, ESSEC, HEC Paris, ces dernières<br />

étant les quatre écoles conceptrices des<br />

épreuves de langue ELVi. Pour la LVA<br />

comme pour la LVB, l’épreuve écrite est<br />

d’une durée de 4 heures et comprend une<br />

partie expression écrite (compréhension<br />

et expression personnelle) ainsi qu’une<br />

traduction. Les écoles sont ensuite libres<br />

concernant le format de l’épreuve orale.<br />

8


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

GEM crée un serious game<br />

pour gérer les dilemmes<br />

éthiques en entreprise<br />

Elle avait déjà créé le serious game Finetchics<br />

en 2017 sur le même thème. Grenoble École de<br />

Management lance Ethical Expedition, un serious<br />

game numérique conçu pour comprendre et gérer<br />

les dilemmes éthiques en entreprise avec ARaymond,<br />

un acteur économique isérois. Ce jeu vise à stimuler les<br />

réflexions et discussions sur les enjeux éthiques en milieu<br />

professionnel en offrant aux joueurs un cadre pertinent<br />

ainsi que des débriefings pour comprendre les subtilités<br />

de 14 dilemmes auxquels ils sont confrontés et fournir<br />

des éclairages utiles quant aux réponses fournies.<br />

Pendant plus de six mois, des séminaires en ligne,<br />

regroupant des représentants des trois partenaires<br />

basés en France, en Inde et en Chine, ont été le cadre<br />

de la conception d’Ethical Expedition, de la définition des<br />

scénarios de dilemmes à la création des personnages et<br />

à l’élaboration des dialogues. « Des mises en situation qui<br />

ont pour objectif de permettre aux joueurs de confronter<br />

leurs propres décisions et leurs conséquences, un<br />

aspect fondamental de la paix économique », explique<br />

Dominique Steiler, titulaire de la Chaire UNESCO pour une<br />

culture de Paix Économique. Des acteurs professionnels<br />

ont également participé aux tournages pour assurer le<br />

réalisme des situations de travail présentées dans le jeu.<br />

Après plus de 800 heures de travail, le serious game a<br />

pu être testé auprès des étudiants de GEM, des managers<br />

d’ARaymond localisés en Inde et en Chine, et des<br />

partenaires de la Chaire. Il a été également présenté<br />

en avant-première auprès d’un public institutionnel<br />

lors de l’inauguration officielle du campus GEM Paris en<br />

septembre <strong>2023</strong>. Il a désormais vocation à être diffusé<br />

à large échelle.<br />

L’emlyon business<br />

school reçoit les clés de<br />

son nouveau campus<br />

Après deux ans de travaux,<br />

Altarea et sa filiale Cogedim<br />

ont remis les clés du<br />

nouveau campus d’emlyon<br />

business school. Implanté<br />

sur le site des anciennes<br />

usines Nexans, au cœur du<br />

7 e arrondissement de Lyon,<br />

le bâtiment de 30 000 m 2<br />

comprend 97 salles de<br />

classe, un auditorium de 242<br />

places et des espaces dédiés<br />

à un apprentissage actif et<br />

collaboratif. La capacité<br />

d’accueil est évaluée à 7 800<br />

personnes. Sa particularité :<br />

le rez-de-chaussée est<br />

ouvert au public, avec une<br />

brasserie, une boulangerie,<br />

une bibliothèque… Un moyen<br />

de connecter l’école à la<br />

ville et à la vie de la cité. La<br />

nature a également sa place<br />

dans ce projet architectural<br />

qui comprend un parc<br />

paysager de 9 000 m 2 . Selon<br />

Altarea, l’ensemble a été<br />

réalisé de façon exemplaire<br />

en matière d’innovation,<br />

de responsabilité sociétale<br />

et environnementale et de<br />

transformation urbaine. Le<br />

campus est, par exemple,<br />

doté de plus de 500 m 2 de<br />

panneaux photovoltaïques<br />

et de 340 places de<br />

stationnement pour les<br />

vélos et les deux roues.<br />

L’ISC Paris lance<br />

sa « Fresque de l’Apprendre »<br />

L’ISC Paris vient le lancer la « Fresque de<br />

l’Apprendre », un atelier ludique, collaboratif<br />

et réflexif, sur le modèle de la Fresque<br />

du Climat, mis au point par l’équipe de son<br />

Action Learning Lab. Destiné à sensibiliser<br />

les étudiants et enseignants de l’école sur<br />

l’importance « d’apprendre à apprendre », ce<br />

projet encourage une réflexion sur les composantes<br />

de l’apprentissage. Pour l’équipe de<br />

l’Action Learning Lab de l’ISC Paris, il paraissait<br />

en effet essentiel de trouver un outil<br />

pour sensibiliser apprenants et enseignants<br />

aux mécanismes, aux freins et aux sources<br />

des freins rencontrés dans l’apprentissage.<br />

Ainsi, les apprenants sont amenés à étudier<br />

comment ils apprennent et à réfléchir<br />

à des pistes d’amélioration pour progresser<br />

dans leur approche de l’apprentissage.<br />

Les formateurs sont, eux, encouragés à observer<br />

comment les apprenants apprennent<br />

et à s’interroger sur leurs postures et pratiques,<br />

afin de mieux penser leurs dispositifs<br />

pédagogiques. Pour y parvenir, l’ISC<br />

Paris a passé en revue les nombreuses recherches<br />

académiques et scientifiques, des<br />

rapports autour de l’apprentissage et a rassemblé<br />

les notions les plus pertinentes pour<br />

les étudiants et enseignants dans un jeu de<br />

85 cartes, classées en 11 lots.<br />

La Fresque de l’Apprendre a vocation à<br />

être proposée à d’autres établissements de<br />

l’enseignement supérieur, quelle que soit<br />

leur spécialité.<br />

9


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Théâtre + business :<br />

emlyon et le Cours Florent<br />

créent un bachelor<br />

Être dans le même groupe, Galileo en l’occurrence,<br />

amène forcément à se rapprocher mais la création<br />

par emlyon business et le Cours Florent d’un<br />

Bachelor of Arts in Acting & Entrepreneurship<br />

va plus loin que tout ce qu’on avait vu jusqu’ici en matière<br />

d’hybridation entre écoles de management et culture. Ce<br />

bachelor associe en effet les expertises des deux institutions<br />

pour créer un programme en anglais proposant<br />

« non seulement une formation théâtrale reconnue à̀<br />

l’international mais aussi l’acquisition de compétences<br />

en management ». Il sera ouvert en septembre 2024 à<br />

Paris sur le campus parisien d’emlyon business school<br />

et sur celui du Cours Florent. « Pouvoir associer des<br />

expertises de haut niveau qui jusqu’alors n’étaient jamais<br />

réunies, constitue un atout majeur pour les étudiantes et<br />

les étudiants », commente Isabelle Huault, la présidente<br />

du directoire et directrice générale d’emlyon.<br />

Construits par les équipes pédagogiques d’emlyon business<br />

school et du Cours Florent, le bachelor proposera<br />

un programme hybride en trois ans, enseigné en anglais :<br />

• en première année : acquisition de cadres méthodologiques<br />

et travail sur la connaissance de soi dans le<br />

groupe et sur scène ;<br />

• en deuxième année : projet artistique et entrepreneuriat ;<br />

• en troisième année : développement du projet entrepreneurial<br />

artistique.<br />

Better World MBA :<br />

l’Insead, Audencia et<br />

Kedge représentent<br />

la France<br />

Le classement international<br />

Better World MBA de<br />

Corporate Knights des<br />

Full-Time MBA mondiaux<br />

est marqué par une forte<br />

progression des business<br />

schools françaises : l’Insead<br />

gagne 27 places et se classe<br />

25 ème alors qu’Audencia<br />

progresse de neuf places à<br />

la 28 ème . Kedge fait quant à<br />

elle son entrée à la 32 ème .<br />

Dominé, comme en 2022, par<br />

la Griffith Business school<br />

australienne, le classement<br />

Better World MBA évalue<br />

la « performance durable »<br />

des programmes MBA<br />

pour mettre en avant ceux<br />

qui permettent de doter<br />

leurs participants « des<br />

compétences et valeurs<br />

nécessaires pour construire<br />

une économie plus inclusive,<br />

qui profite à la société et<br />

à l’environnement ».<br />

Audencia lance son<br />

MOOC #NégoTraining<br />

4 207 femmes ont d’ores et<br />

déjà été formées gratuitement<br />

à la négociation salariale<br />

à travers l’organisation<br />

d’ateliers #NégoTraining,<br />

organisés en présentiel par<br />

la Chaire Impact positif<br />

d’Audencia. Pour en toucher<br />

un plus grand nombre,<br />

l’école nantaise lancera, à<br />

partir de janvier prochain,<br />

un MOOC #NégoTraining,<br />

en partenariat avec France<br />

Université Numérique.<br />

La formation se déroulera<br />

exclusivement en ligne et<br />

à distance. Son objectif :<br />

lutter contre les inégalités<br />

professionnelles entre les<br />

hommes et les femmes –<br />

l’écart salarial est aujourd’hui<br />

de 24 % - en proposant<br />

un accompagnement à la<br />

négociation, un des leviers<br />

majeurs pour agir. Le<br />

Mooc sera accessible sur<br />

la plateforme Fun MOOC<br />

de France Université<br />

Numérique du 17 janvier au<br />

10 mars 2024. Les préinscriptions<br />

sont ouvertes.<br />

Plus que jamais lyonnaise, BSB lance le chantier<br />

de son nouveau campus<br />

« Pensé pour magnifier l’expérience étudiante », le nouveau<br />

campus BSB de Lyon ouvrira à la rentrée 2025 et permettra<br />

d’accueillir 2 500 étudiants sur 8 200 m 2 . Situé au niveau<br />

de l’arrêt de tramway Grange Rouge – Santy, dans le 8 e<br />

arrondissement de Lyon, il va nécessiter un investissement<br />

de 40 millions d’euros porté par un « pool de partenaires<br />

financiers ». « Présente depuis dix ans à Lyon, notre école<br />

a pour objectif de poursuivre son fort développement au<br />

cœur de la ville. Alors que la plupart des grandes écoles<br />

de management françaises misent sur Paris, nous souhaitons<br />

nous imposer comme la deuxième business school<br />

de la deuxième métropole de France », spécifie Stéphan<br />

Bourcieu, directeur général de BSB, qui affronte déjà une<br />

rude concurrence avec l’historique Esdes, la nouvelle Essca<br />

ou encore l’Inseec. Ce nouveau campus va en tout cas<br />

permettre d’étoffer le portefeuille de programmes de BSB<br />

- et notamment de développer une School of Creative Industries<br />

– avec, à terme, l’objectif de recevoir 2 500 étudiants<br />

à Lyon soit autant qu’à Dijon.<br />

Conçu par le cabinet Sud Architectes avec le groupe Carré<br />

d’Or, le campus va bénéficier d’une série de dispositifs<br />

et normes environnementales garantissant son efficacité<br />

énergétique : raccordement au réseau de chaleur urbain,<br />

murs ossature bois, patio arboré et accessible en guise<br />

d’îlot de fraicheur et jardin périphérique, panneaux photovoltaïques<br />

sur la toiture, lui permettant d’obtenir la labélisation<br />

E3C1 (énergie positive) comme la certification<br />

« BREEAM Excellent ». « L’indispensable notion de modularité<br />

et d’adaptabilité nous a conduits à concevoir un<br />

bâtiment composé de plateaux libres, reliés entre eux par<br />

des coursives vitrées, et posé sur un socle dans lequel les<br />

fonctions d’accueil et de convivialité trouveront facilement<br />

leur place tout en s’ouvrant le plus largement possible sur<br />

l’espace de la ville », confie Patrick Bowdler, l’un des architectes<br />

du projet.<br />

10


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

L’ICN réforme son PGE<br />

et invente les oraux « Lego »<br />

36 ème meilleur master en management selon le<br />

Financial Times cette année avec une progression<br />

de 21 places, l’ICN a vécu une belle rentrée<br />

avec de nouveaux locaux à La Défense qui lui<br />

permettent de recruter sur toute la France. « ICN et toute<br />

l’équipe qui compose l’école sont extrêmement fiers de<br />

ce classement et de la progression continue de l’école<br />

depuis quelques années. Cette progression témoigne<br />

de la qualité des enseignements et des programmes,<br />

de celle des enseignants-chercheurs de l’école, de<br />

l’accompagnement dont bénéficient les étudiants de leur<br />

entrée à l’école jusqu’à leur sortie », exprime la directrice<br />

générale de l’école, Florence Legros. Pour relancer son<br />

recrutement en classes préparatoires elle rénove son<br />

programme Grande école et ses oraux.<br />

Un PGE revisité. « La refonte du programme s’appuie<br />

plus que jamais sur l’approche #ArtTechnologyManagement,<br />

menée par ICN depuis plus de vingt ans,<br />

avec, à la rentrée 2024, un parcours de trois années<br />

appelées respectivement « be engaged ! be curious !<br />

be creaCtive ! », explique Gerald Duffing, le directeur<br />

du programme Grande école. Les étudiants fixeront<br />

eux-mêmes la destination de leur « voyage creaCtif @<br />

ATM » (ArtTechnologyManagement) : la première année<br />

sera « résolument destinée aux étudiants de classes<br />

préparatoires », alors que la deuxième et la troisième<br />

année s’ouvrent aux candidats en admissions sur titre.<br />

Les étudiants pourront également opter pour l’électif<br />

entrepreneuriat. Ce module leur offre un suivi 100 %<br />

individualisé et leur permettra de valider leurs ECTS<br />

tout en approfondissant leur projet.<br />

C’est une sorte de deuxième année de césure : une<br />

expérience supplémentaire sera possible entre la 1 ère<br />

et la 2 ème année du PGE en plus de celle déjà existante<br />

entre la 2 ème et la 3 ème année.<br />

In fine, tous les étudiants peuvent obtenir un double<br />

diplôme, soit avec les MSc maisons, soit à la faculté de<br />

droit de Nancy en M2, soit encore avec Mines Nancy<br />

(parcours ingénieur en deux ans) et Engsi (parcours en<br />

deux ans ou en un an mais sans le titre d’ingénieur) et<br />

évidemment à l’international avec 15 partenaires.<br />

11


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Des oraux en Lego. Les élèves de classes préparatoires<br />

sont nombreux à le demander : les oraux doivent illustrer<br />

les particularismes de l’école. Après Kedge, c’est au tour<br />

de l’ICN de transformer les oraux 2024 des candidats de<br />

classes préparatoires dans cet esprit. Après le fameux<br />

jeu de cartes qui proposait aux candidats de raconter<br />

une histoire, c’est une méthode déjà éprouvée dans<br />

beaucoup d’entreprises en séminaires dans le monde<br />

qui prend le relais. « Nous allons évaluer la créativité<br />

de nos candidats en les faisant d’abord réfléchir avec<br />

une épreuve de Lego Serious Play de 10 minutes pour<br />

définir par exemple ce qu’est un manager. Les 30 minutes<br />

suivantes seront plus classiques tout en s’appuyant sur<br />

l’épreuve Lego », explique Kamel Mnisri, professeur à<br />

l’ICN qui a été formé à la méthode.<br />

Une dynamique inspirée du recrutement dans l’entreprise<br />

danoise comme l’explique son directeur pour la France,<br />

Sylvain Munnier, également ancien de l’ICN : « Quand j’ai<br />

postulé chez Lego et que je suis allé passer les entretiens,<br />

j’avais très bien préparé les questions sur l’entreprise.<br />

Mais ce qu’on m’a demandé, c’est d’illustrer ce que je ferai<br />

chez Lego en deux minutes avec les briques ». Il s’agit de<br />

focaliser son esprit pour engager une conversation avec<br />

des briques qui offrent des possibilités quasi illimitées !<br />

L’apprentissage avec l’Allemagne renforcé.<br />

L’alternance est proposée à l’ICN aussi bien dans le<br />

cadre du Bachelor en Management que du PGE, l’école<br />

disposant de son propre CFA à Nancy et à Paris depuis<br />

2020. De plus, l’école s’appuie sur l’accord que<br />

les gouvernements français et allemands ont signé le<br />

21 juillet dernier sur l’apprentissage transfrontalier avec<br />

trois Länder frontaliers allemands (Bade-Wurtemberg,<br />

Rhénanie-Palatinat et Sarre). Ce partenariat permettra<br />

aux apprentis français et allemands de réaliser la partie<br />

pratique ou théorique de leur apprentissage de part et<br />

d’autre de la frontière.<br />

Lego Serious Play est un processus expérimental<br />

conçu pour être appliqué dans des ateliers guidés avec<br />

des adultes, afin de favoriser le dialogue et d’encourager<br />

la réflexion, mais aussi de développer les capacités de<br />

résolution de problèmes et de mobiliser l’imagination.<br />

Chaque jouet est « conçu pour développer des compétences<br />

différentes, comme la réflexion et le dialogue ».<br />

12


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

CLASSEMENTS<br />

Classements des écoles<br />

de management françaises,<br />

que disent l’Étudiant et Le Figaro ?<br />

Cette année, les deux classements sont sortis<br />

coup sur coup. Si le Classement 2024 des<br />

écoles de commerce de l’Étudiant et le<br />

Classement des écoles de commerce 2024<br />

du Figaro Étudiant ne se distinguent pas follement, ils<br />

n’en sont pas moins marqués par un certain nombre<br />

d’évolutions.<br />

Du côté de l’Étudiant, peu de changement dans le top 10 :<br />

ESCP grimpe d’une place et se retrouve ex-aequo avec<br />

l’Essec à la 2 ème et Audencia remonte d’une place à la 8 ème<br />

ex-aequo avec Neoma. Tout près de ce top, Excelia BS<br />

accède à une excellente 11 ème place et en gagne ainsi deux<br />

pendant que Montpellier BS fait exactement le contraire<br />

en passant à la 11 ème . Mais l’addition est beaucoup plus<br />

douloureuse pour l’Essca et l’EMLV qui perdent toutes<br />

les deux 5 places et se retrouvent respectivement 21 ème<br />

et 24 ème . Côté plus fortes remontées, l’ISC Paris et l’Istec<br />

gagnent toutes deux six places et sont cette année 16 ème<br />

et 28 ème . Pour l’ISC, c’est une spectaculaire remontée à<br />

une encablure du top 15 alors qu’elle avait plongé jusqu’à<br />

la 25 ème dans le classement 2021.<br />

Du côté du Figaro Étudiant, ce sont pour la première fois<br />

deux classements différents qui sont publiés cette année :<br />

l’un des écoles post-prépas, l’autre des écoles postbac.<br />

Le « Classement des classements » des écoles de management <strong>2023</strong>-2024<br />

13


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Parmi les premières, Rennes SB et ESC Clermont font<br />

les plus gros gains : elles gagnent respectivement quatre<br />

et cinq places (13 ème et 20 ème ) quand l’EM Strasbourg en<br />

perd trois et Grenoble EM deux.<br />

Nous vous proposons cette année trois « Classements<br />

des classements » : un reprenant toutes les écoles (mais<br />

seulement celles après prépas pour Le Figaro), l’un des<br />

écoles post-prépas, l’autre des écoles postbac.<br />

Si ces deux premiers classements convergent globalement,<br />

ils diffèrent largement sur la place de Grenoble<br />

EM pour les écoles post-prépas : toujours dans le top 10<br />

pour Le Figaro Étudiant quand l’Étudiant la relègue à la<br />

14 ème . Mais c’est BSB qui enregistre le plus gros écart :<br />

16 ème pour Le Figaro Étudiant quand elle est seulement<br />

23 ème pour l’Étudiant (écart réduit à cinq places dans un<br />

classement spécifique des écoles post-prépas).<br />

Le « Classement des classements » des écoles de management post-prépa <strong>2023</strong>-2024<br />

14


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Classements des business schools européennes :<br />

carton plein pour les écoles françaises<br />

Pratiquement toutes les écoles de management françaises<br />

progressent cette année dans le European business<br />

schools Rankings <strong>2023</strong> du Financial Times. La compilation<br />

des différents classements est dominée encore<br />

une fois cette année par HEC. Certes, ESCP perd sa<br />

place sur le podium au bénéfice de l’IESE mais derrière<br />

les progressions sont spectaculaires : 13 places de<br />

gagnées pour Audencia (25 ème ), dix pour Kedge (29 ème )<br />

grâce à la performance de son E-MBA, neuf pour TBS<br />

Education et l’ICN (46 ème et 68 ème ), etc. Seule Skema perd<br />

13 places, son Master in management n’ayant pas été<br />

classé cette année.<br />

Classement des business schools européennes<br />

15


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

« ESCP : Pilotage d’un Renouveau Stratégique<br />

pour les Campus Parisiens »<br />

Interview avec la directrice<br />

des campus de ESCP à Paris,<br />

Cécile Kharoubi<br />

Le Professeur Cécile Kharoubi a pris en charge de<br />

manière enthousiaste un rôle clé lors du déménagement<br />

historique du campus de République. Elle<br />

a vu cette responsabilité comme une opportunité<br />

passionnante de redéfinir l’expérience éducative tout en<br />

préservant l’essence de l’école. Sa mission n’était pas<br />

simple : conserver l’âme du campus tout en facilitant<br />

sa transition vers Champerret. Elle a réussi à maintenir<br />

l’excellence et les valeurs fondamentales de ESCP, tout<br />

en introduisant des innovations telles que des espaces<br />

dédiés aux étudiants et à la vie associative, adaptés<br />

aux besoins actuels de la communauté.<br />

Pourquoi avez-vous accepté<br />

de prendre la direction des campus<br />

Parisiens à ESCP (les plus gros défis,<br />

la prospective)<br />

Quand le Professeur Léon Laulusa, Directeur général,<br />

m’a proposé la direction du campus parisien de ESCP,<br />

j’ai accepté sans hésitation. Cette opportunité coïncidait<br />

parfaitement avec le projet de déménagement<br />

de notre campus historique de République, ce qui a<br />

rendu cette offre d’autant plus intéressante. Le défi et<br />

la complexité de cette mission ont été les principaux<br />

moteurs de ma décision.<br />

Ce défi était significatif pour diverses raisons. Le<br />

campus de République avait une importance profonde<br />

pour les étudiants et le personnel de ESCP. Bien que la<br />

nécessité de le quitter temporairement pour une rénovation<br />

complète soit reconnue, le sentiment de perte<br />

au sein de la communauté était palpable. Notre objectif<br />

était donc de garantir un déménagement réussi tout en<br />

créant une véritable dynamique sur le site temporaire<br />

de Champerret. Nous ne cherchions pas simplement<br />

à reproduire l’expérience de République, mais à offrir<br />

une expérience renouvelée tout en préservant nos<br />

valeurs essentielles.<br />

16<br />

La vie associative, un aspect florissant de ESCP, en est<br />

un exemple concret. Le « couloir des assos » dans les<br />

sous-sols du campus de République était un élément<br />

clé de cette vie étudiante. Bien que recréer un espace<br />

similaire à Champerret semblait initialement impossible,<br />

nous avons réaménagé les plans pour dédier un espace<br />

aux associations étudiantes.<br />

Trois mois après le début de l’année scolaire, nos efforts<br />

portent leurs fruits. Les espaces dédiés aux étudiants,<br />

notamment les lounges de plus de 1 000 m², sont très<br />

appréciés et constamment utilisés. La cour de l’école<br />

est devenue un lieu de vie permanent, accueillant des<br />

événements étudiants et professionnels presque tous<br />

les jours.<br />

© E.FRANDIN


L’ESSENTIEL DU SUP<br />

PRÉPAS<br />

PUBLI INFORMATION<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

campus de Champerret _ ESCP BS<br />

Maintenant que le déménagement est terminé, notre<br />

attention se porte sur la rénovation du campus de République.<br />

Nous nous efforçons de respecter les délais,<br />

sachant que la communauté attend avec impatience<br />

notre retour sur le site historique. Les anciens élèves<br />

sont déjà curieux des aménagements prévus et de la<br />

date de retour.<br />

Quels sont les endroits préférés sur les campus<br />

des étudiants et les vôtres ?<br />

Les lounges, l’Agora et le Quatter figurent parmi les<br />

lieux favoris des étudiants, véritables cœurs battants<br />

du campus de transition. Ces espaces ont été conçus<br />

pour encourager la rencontre et l’échange, reflétant<br />

ainsi l’esprit communautaire de ESCP. Personnellement,<br />

la salle du conseil au 10 ème étage est mon lieu de<br />

prédilection. La vue qu’elle offre sur Paris est source<br />

d’inspiration et de réflexion, elle symbolise la vision et<br />

l’ambition que nous avons pour notre école.<br />

Direction du MiM<br />

Quelles sont les réussites de votre mandat à<br />

la tête du PGE ?<br />

Au cours de mon mandat, plutôt que de considérer<br />

uniquement les réussites, je me suis concentré sur<br />

la recherche de solutions et l’apport d’améliorations<br />

significatives au programme. En six ans, nous avons<br />

entrepris une transformation profonde du programme,<br />

la plus importante depuis une quinzaine d’années. Parmi<br />

les avancées notables, nous avons numérisé l’ensemble<br />

des cours prérequis pour les étudiants non issus de<br />

filières managériales, facilitant ainsi leur intégration<br />

dès le premier cycle (M1) sur nos campus au-delà de<br />

Paris. Cette initiative a contribué à diversifier davantage<br />

notre corps étudiant.<br />

Concernant la réforme du Master in Management (MiM),<br />

mise en place en huit mois pendant la crise sanitaire<br />

pour l’année académique 2020, l’objectif était d’enrichir<br />

l’hybridation des compétences de nos étudiants.<br />

En simplifiant, nos étudiants suivent d’abord un tronc<br />

commun de neuf cours fondamentaux sur un semestre<br />

et demi, puis ont la possibilité de choisir jusqu’à trois<br />

spécialisations, chacune représentant 120 heures de<br />

cours axés sur un domaine spécifique, dès le deuxième<br />

semestre de leur M1. Ainsi, un étudiant peut choisir de<br />

se concentrer sur un seul domaine en suivant trois<br />

spécialisations connexes, ou d’élargir ses compétences<br />

en sélectionnant des spécialisations variées.<br />

En prolongement de cette réforme, nous avons introduit<br />

plus de trente nouvelles spécialisations en deux<br />

ans, explorant des domaines jusqu’alors non abordés<br />

par notre curriculum, notamment dans le numérique<br />

et la durabilité, tels que les sciences des données<br />

appliquées, l’intelligence artificielle et la robotique, ou<br />

encore l’impact social.<br />

Nous avons également élargi notre offre académique<br />

par le biais de doubles diplômes avec des institutions<br />

prestigieuses, permettant aux étudiants d’approfondir<br />

des thématiques spécifiques non disponibles au sein<br />

de notre établissement. Nous avons notamment établi<br />

des partenariats avec le Sotheby’s Institute of Art à<br />

17


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS PUBLI INFORMATION DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

New York pour le management de l’art, ainsi qu’avec la<br />

Columbia University pour leur programme d’ingénierie.<br />

L’intégration de ces développements dans notre écosystème<br />

est désormais visible à travers les différents<br />

classements du programme. Conclure mon mandat<br />

avec un classement du Financial Times plaçant notre<br />

programme au 4 ème rang mondial et au 2 ème en France<br />

est une récompense inestimable, concrétisant six<br />

années de dévouement envers ESCP.<br />

Qu’avez-vous appris de cette<br />

expérience ?<br />

Cette expérience a été particulièrement riche. J’ai<br />

énormément appris et grandi. Les problématiques<br />

rencontrées sont tellement variées, allant aussi bien<br />

de la prise de décision stratégique à un niveau macro<br />

que de la gestion de cas individuel d’étudiants, que l’on<br />

ne s’ennuie jamais.<br />

Au-delà de la technicité de la gestion d’un programme<br />

aussi conséquent (4 700 étudiants répartis sur 6 campus),<br />

c’est vraiment le dialogue avec nos étudiants qui m’a le<br />

plus apporté. Cela m’a permis de mieux comprendre<br />

et appréhender cette génération (Z) si différente de la<br />

mienne (X), et notamment leur besoin de sens dans ce<br />

qu’ils font et leur moindre résilience.<br />

La gestion de la crise du Covid a également été une<br />

grande source d’apprentissage pour toute notre communauté.<br />

Cela nous a appris l’agilité et la créativité avec<br />

le basculement des cours en ligne du jour au lendemain,<br />

mais aussi l’impact psychologique des confinements<br />

sur la jeunesse.<br />

Enfin, avoir été à l’origine de l’initiative de gratuité de<br />

la scolarité pour les étudiants boursiers échelon 4 à 7<br />

est une satisfaction personnelle forte.<br />

Si je devais résumer ces 6 dernières années, je dirais<br />

simplement que la qualité de nos étudiants nous a permis<br />

d’avoir une ambition forte pour notre communauté, en<br />

cherchant à leur offrir en permanence les meilleures<br />

trajectoires, les meilleurs cours, les meilleures expériences<br />

étudiantes.<br />

Quels sont les enjeux pour les années<br />

à venir sur le MiM ?<br />

Les défis qui se profilent pour le Master in Management<br />

(MiM) dans les années à venir sont nombreux<br />

et présentent une grande complexité. Nous sommes<br />

confrontés à une concurrence renforcée, à la fois au<br />

niveau national et international. En parallèle, notre modèle<br />

d’admission traditionnel via les classes préparatoires<br />

fait face à des perturbations. De plus, l’augmentation<br />

des coûts entraîne une hausse des frais de scolarité,<br />

mettant en jeu notre engagement envers l’ouverture<br />

sociale et exigeant de nous une créativité accrue.<br />

Dans ce contexte mondial en perpétuelle évolution, où<br />

les futurs métiers ne peuvent être prédits avec certitude,<br />

une approche humble s’avère essentielle pour<br />

surmonter ces défis. Cependant, fort de la résilience<br />

et de la solidarité au sein de la communauté ESCP, je<br />

demeure optimiste quant à notre capacité à relever<br />

ces défis avec succès.<br />

campus de Champerret _ ESCP BS<br />

18


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Tamym Abdessemed<br />

DEAN D’EXCELIA BUSINESS SCHOOL ET DGA D’EXCELIA<br />

« Excelia est une école qui se construit avec ses étudiants »<br />

Améliorer le continuum entre les classes<br />

prépas et les écoles, lancer une nouvelle<br />

offre de programmes, investir un 4e<br />

campus… Dans cet entretien, Tamym<br />

Abdessemed revient sur l’actualité de<br />

Excelia BS et sur les fondements de son<br />

plan stratégique.<br />

Olivier Rollot : Excelia BS vient d’organiser<br />

avec l’Association des professeurs de<br />

classes préparatoires économiques<br />

et commerciales (APHEC) et HEADway<br />

Advisory le rendez-vous annuel entre les<br />

Grandes écoles et les classes préparatoires<br />

autour du « Continuum ». Quelles autres<br />

actions organisez-vous vers les élèves de<br />

classes préparatoires ?<br />

Tamym Abdessemed : Nous déclinons les grands<br />

thèmes de culture générale proposés aux concours<br />

(cette année la « violence ») autour de conférences<br />

auxquelles peuvent assister aussi bien des élèves de<br />

classes préparatoires que nos étudiants de pré-master.<br />

Cette année, nous avons ainsi reçu les philosophes<br />

Maxime Rovère et Julia de Funès alors qu’un de nos<br />

professeurs associés s’est rendu en classe préparatoire<br />

pour porter un regard différent sur la question<br />

en évoquant le thème « marketing et violence ». Nous<br />

sommes également associés à la campagne de promotion<br />

des classes préparatoires que mène la Conférence<br />

des directeurs des écoles françaises de management<br />

(Cdefm) avec l’Aphec. Nous étudions aujourd’hui la<br />

création d’un dispositif d’ouverture internationale<br />

spécifique aux élèves issus de classes préparatoires,<br />

de même que des bourses d’études pour encourager<br />

leur engagement.<br />

O. R. : Excelia business school a la<br />

particularité d’être ouverte à la fois dès<br />

le bac et après une classe préparatoire.<br />

Comment se mêlent ces deux publics ?<br />

T. A. : Les deux années postbac ne sont ni un programme<br />

bachelor ni une classe préparatoire. Les étudiants<br />

sont en immersion dans l’école avec des contenus<br />

déjà tirés par le management et la pratique. En L3, tous<br />

nos étudiants se rejoignent et l’alchimie prend bien car<br />

cela s’insère dans une démarche claire de l’école qui<br />

va vers la diversité des intelligences en alternant les<br />

leviers théoriques et pratiques. Il n’y a pas de distinguo<br />

dans les attentes de nos étudiants à ce stade, tous les<br />

profils constituent la richesse et la diversité de notre<br />

communauté étudiante.<br />

O. R. : Plusieurs écoles viennent de<br />

transformer le mode de passage de leurs<br />

oraux de concours. L’envisagez-vous<br />

également ?<br />

T. A. : Nous proposons des oraux assez classiques<br />

et n’avons pas de projet de modification. Ce que nous<br />

voulons, c’est faire passer les entretiens les plus<br />

authentiques possibles. Nos dispositifs Humacité et<br />

Climacité irriguent en effet rapidement les entretiens<br />

et nous pouvons ainsi vérifier que les candidats ne<br />

viennent pas par hasard à Excelia BS.<br />

Pour les oraux de langue, nous avons en revanche<br />

évolué cette année en les passant dans la banque<br />

d’épreuves Elvi afin de rendre le processus plus fluide<br />

pour nos candidats.<br />

20


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

O. R. : Quelle stratégie globale Excelia BS a-telle<br />

aujourd’hui ?<br />

T. A. : Nous sommes d’abord inscrits dans une trajectoire<br />

de renforcement de l’excellence académique<br />

avec la reconduction cette année de nos accréditations<br />

Equis et Amba ainsi que du grade master pour la durée<br />

maximum, c’est-à-dire cinq ans. En 2024, nous allons<br />

repasser l’accréditation AACSB pour conserver notre<br />

« triple couronne ».<br />

Notre stratégie passe également par une nouvelle offre<br />

de programmes. Notre implantation sur le campus Paris-Cachan<br />

nous permet de renforcer nos dimensions<br />

internationale et tech. Avec l’école d’ingénieurs EPF,<br />

nous délivrons ainsi un tout nouveau MSc Ingénierie<br />

d’Affaires et un double-diplôme croisant notre Bachelor<br />

Business et le Bachelor en Ingénierie Système<br />

d’information et Stratégie Marketing de l’EPF. À Paris,<br />

nous sommes également très proches de deux autres<br />

écoles d’ingénieurs, le Cesi et l’ESTP - avec laquelle<br />

nous allons travailler pour être parmi les leaders de la<br />

ville de demain - quand, à La Rochelle, nous réactivons<br />

des initiatives communes avec l’Eigsi.<br />

Et bien sûr, nous nous ancrons plus que jamais dans<br />

l’engagement social et environnemental qui est l’un des<br />

fondements d’Excelia depuis sa création il y a trentecinq<br />

ans cette année.<br />

O. R. : La Rochelle, Orléans, Paris, Tours,<br />

quatre campus pour Excelia BS mais y<br />

délivrez-vous exactement les mêmes<br />

formations ?<br />

T. A. : Il y a des spécificités pour chaque campus. Le<br />

Bachelor Business est par exemple délivré à La Rochelle,<br />

Tours et Orléans mais pas à Paris ; le BBA International<br />

est déployé à La Rochelle et Paris. Même chose pour<br />

le master Grande École, qui sera demain également<br />

délivré à Paris, mais pas à Orléans. Ainsi, nos étudiants<br />

peuvent aller d’un campus à l’autre en fonction de leur<br />

projet et de l’expérience globale qu’ils souhaitent vivre.<br />

O. R. : Sur chaque campus vous avez des<br />

professeurs permanents ou les faites-vous<br />

voyager d’un campus à l’autre ?<br />

T. A. : Excelia Business School est là où se situe son<br />

corps professoral permanent prend ancrage. En Centre<br />

Val de Loire, Tours et Orléans, nous avons 25 professeurs<br />

permanents. À Paris déjà cinq. Partout, ce sont<br />

les professeurs permanents qui donnent les cours<br />

sauf pour des expertises particulières. La croissance<br />

de notre corps professoral va d’ailleurs se poursuivre<br />

pour passer de 115 à 140 dans les cinq ans à venir<br />

avec toujours une seule faculté pour tous nos campus.<br />

21


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

O. R. : Quel pourcentage d’étudiants<br />

internationaux Excelia BS souhaite-t-elle<br />

recevoir en s’appuyant notamment sur le<br />

campus de Paris à Cachan ?<br />

T. A. : Notre objectif est d’en recevoir au moins 35 %, tous<br />

programmes confondus, pour plus de 25 % aujourd’hui.<br />

À Paris-Cachan même, ils pourraient représenter la<br />

moitié des effectifs avec une offre de programmes<br />

essentiellement anglophone. Après le bac, nous proposons<br />

ainsi un BBA International, un Bachelor Première<br />

année (Bachelor Fundation Year) destiné à des étudiants<br />

qui souhaitent suivre une première année généraliste<br />

et très internationale pour décider ensuite de leur<br />

orientation et un Bachelor Tourisme. Après un bac+3,<br />

nous proposons quatre MSc : Sustainable Luxury &<br />

Creative Industries, Sustainable Finance, Sustainable<br />

Global Supply Chain Management et Management du<br />

Tourisme et de l’Évènementiel<br />

O. R. : L’apprentissage concerne une part<br />

croissante des étudiants. Quel est leur<br />

pourcentage à Excelia ?<br />

T. A. : Près de 70 % dans notre master Grande École<br />

(MGE) et environ un tiers dans les autres programmes.<br />

O. R. : L’engagement social et<br />

environnemental d’Excelia a été renforcé<br />

cette année par une série d’actions autour de<br />

la « Blue Education Experience ». Comment<br />

la résumez-vous ?<br />

T. A. : La « Blue Education Experience » (BlueEdX) est<br />

un parcours académique d’excellence dont l’objectif<br />

est de faire explorer la transition environnementale<br />

par le prisme de l’eau. Son fil conducteur passe par<br />

un élargissement du socle de connaissances de nos<br />

étudiants qui seront entrepris par des actions concrètes<br />

- stages, learning expeditions, missions Humacité et<br />

Climacité – avec, au bout, une certification « Blue Education<br />

Passport ». Tous passent le Sulitest, le premier<br />

certificat international de connaissances et d’aptitudes<br />

sur la durabilité, en début et en fin de parcours comme<br />

garant de leurs acquis.<br />

Pour aller plus loin, nous avons conclu un partenariat<br />

majeur avec les Ateliers du Futur, une ONG qui agit<br />

sur le climat et les questions de décarbonation en<br />

accompagnant les dirigeants d’entreprise, qui nous a<br />

permis de former l’ensemble de nos professeurs aux<br />

questions de durabilité dans un esprit de « Sustainability<br />

Mindset ». Nous avons également accès à l’ensemble<br />

des capsules pédagogiques qu’Axa Climate a développé<br />

avec les Ateliers du Futur. Ainsi, nous développons avec<br />

nos étudiants leur capacité à agir. Il faut aller au-delà<br />

de l’éco-anxiété pour leur apporter des trajectoires<br />

de solutions et les compétences qui vont avec ! Du<br />

22


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

reste, cette année, Excelia Business School a été pour<br />

la première fois dans le Times Higher THE IMPACT et<br />

elle est également reconnue comme une institution dite<br />

« transforming » par l’initiative de l’ONU Principles for<br />

Responsible Management Education (PRME).<br />

O. R. : Des actions comme la « Blue Education<br />

experience » sont favorisées par vos<br />

relations avec vos « parties prenantes »,<br />

entreprises, alumni, collectivités. Pour<br />

renforcer encore ce lien, vous créez cette<br />

année un « comité des parties prenantes »<br />

(CPP). En quoi consiste-t-il ?<br />

T. A. : Nous réunissons des personnalités au sein de<br />

trois collèges de façon à travailler avec eux de manière<br />

étroite sur notre stratégie et nos ancrages territoriaux.<br />

Ce comité est présidé par Corinne Gendron, professeure<br />

au sein du département de Stratégie, Responsabilité<br />

Sociale et Environnementale à l’Université du Québec<br />

à Montréal et spécialiste de la responsabilité sociale et<br />

du développement durable depuis trente ans. Ils vont<br />

pouvoir travailler notre stratégie en responsabilité<br />

sociale et environnementale (RSE) et enrichir l’action<br />

de notre Assemblée générale dont la présidente du<br />

CPP est membre de droit.<br />

O. R. : Cette représentation des parties<br />

prenantes passe également par celle des<br />

étudiants. Là aussi vous innovez !<br />

T. A. : Nous créons effectivement un Sénat des étudiants<br />

pour les impliquer davantage même s’ils siègent<br />

déjà à l’Advisory Board. Ce Sénat siégera trois fois<br />

par an avec trois collèges : délégués, ambassadeurs<br />

chargés de faire connaître l’école et dirigeants des<br />

bureaux des associations. En tout, 300 sénateurs qui<br />

siégeront en ligne et pourront s’exprimer, au-delà de<br />

leurs sujets d’expertise, sur des thèmes sociétaux<br />

et d’intérêt général. C’est un instrument très fort de<br />

notre stratégie : Excelia est une école qui se construit<br />

avec ses étudiants.<br />

O. R. : La dimension digitale est un autre<br />

axe de développement d’Excelia. Que<br />

développez-vous aujourd’hui ?<br />

T. A. : Nous travaillons à de nouveaux modèles d’apprentissage<br />

à travers notre plan de transformation digitale<br />

XL Vision. Dans ce cadre, Excelia, sous l’impulsion des<br />

équipes de la transformation digitale et des pédagogues,<br />

a ainsi créé plusieurs Expériences d’Apprentissage<br />

Immersives (ILE®, Immersive Learning Experience®,<br />

deux marques déposées par Excelia), des métavers<br />

pédagogiques dédiés au service de nos étudiants<br />

23


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

et de l’excellence académique. Ils offrent aussi aux<br />

professeurs des opportunités pour enseigner différemment.<br />

Aujourd’hui, nous travaillons à deux autres<br />

expériences immersives consacrées aux enjeux de l’eau<br />

dans la supply chain et dans le cadre du changement<br />

climatique. Un nouvel espace d’apprentissage s’ouvre<br />

entre l’école et l’entreprise et amène un nouveau champ<br />

des possibles. Nous avons maintenant tout un agenda<br />

de cours en construction incluant l’ingénierie pédagogique.<br />

Cette pédagogie active, basée entre autres sur<br />

les neurosciences, permet d’apprendre plus facilement<br />

et rendre l’apprenant acteur de sa formation.<br />

Nous nous situons ainsi dans une réflexion proche de<br />

celle de l’industrie des jeux vidéo pour nous adapter à de<br />

nouvelles générations qui ont des capteurs différents.<br />

C’est une confluence du savoir-faire académique et<br />

de la scénarisation pour créer des services et des<br />

espaces d’apprentissage nouveaux. Le tout dans un<br />

fonctionnement multi-campus qui doit nous permettre<br />

de délivrer la conférence d’invités prestigieux simultanément,<br />

et avec des interactions, sur tous nos campus.<br />

O. R. : Vous le disiez : également avec<br />

d’autres écoles, notamment d’ingénieurs.<br />

Comment allez-vous vous travailler avec<br />

elles ?<br />

T. A. : Nous souhaitons créer un écosystème avec<br />

une série d’école d’ingénieurs : EPF, Cesi, Eigsi, ESTP,<br />

etc. Ensemble, nous allons travailler sur des sujets de<br />

plus en plus emboités qu’il faut articuler avec d’autres<br />

champs disciplinaires. Pour cela, nous allons créer un<br />

collège des enseignants-chercheurs extérieurs dans<br />

une logique d’hybridation.<br />

O. R. : Cette année, vous avez porté une<br />

autre casquette en étant le commissaire en<br />

charge de l’organisation des 50 ans de la<br />

Conférence des Grandes écoles (CGE). Quel<br />

bilan en tirez-vous ?<br />

T. A. : Un bilan très positif avec une année de rencontres<br />

riche qui nous a permis de faire le point sur notre action<br />

et de dresser des perspectives. Nous sommes maintenant<br />

réunis en bureau qui est chargé d’absorber les<br />

grandes conclusions que nous en tirons avec toutes<br />

les familles d’écoles. On a souvent reproché aux écoles<br />

d’être consanguines, de ne travailler qu’entre écoles<br />

d’ingénieurs ou qu’entre écoles de management, etc.<br />

Cette année nous a permis de démontrer qu’elles pouvaient<br />

travailler toutes ensemble et nous souhaitons<br />

amplifier ce cercle vertueux.<br />

Et cela doit nous emmener en dehors des seuls cercles<br />

académiques. Les Grandes Écoles doivent se faire<br />

connaître au-delà de ceux qui les connaissent si elles<br />

veulent être comprises à leur juste valeur. Les familles<br />

doivent savoir que tous les profils ont leur place dans<br />

nos écoles.<br />

O. R. : Comment analysez-vous les résultats<br />

de l’enquête qu’a menée Ipsos pour la CGE<br />

sur la vision qu’avaient les Français des<br />

Grande écoles ?<br />

T. A. : Ces résultats sont très encourageants et vont<br />

nous servir de guide pour l’avenir. D’abord, les grandes<br />

écoles sont reconnues utiles pour les étudiants, pour<br />

notre économie et pour la Nation, même par ceux qui<br />

ne les connaissant pas bien ; elles jouissent d’une bonne<br />

image dans l’ensemble et qui progresse (même si celle<br />

des écoles d’ingénieurs est meilleure que les autres<br />

familles). En revanche, elles sont perçues limitées<br />

en nombre, autour de cinquante, quand il y en a 240,<br />

animées par le même référentiel de qualité, qui s’est<br />

considérablement diffusé en cinquante ans. Forts de<br />

cette tendance, nous devons encore davantage faire<br />

entendre notre voie dans la société pour rendre nos<br />

trajectoires d’excellence accessibles à celles et ceux<br />

qui nous échappent par méconnaissance et continuer,<br />

comme nous le faisons, à apporter des réponses agiles<br />

et innovantes pour inventer et porter les entreprises<br />

et organisations de demain.<br />

24


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Classes prépas :<br />

les grands enjeux<br />

Il y eut d’abord une réforme du bac, puis une baisse<br />

des inscriptions en prépa, notamment en ECG,<br />

puis l’annonce d’une réforme des classes prépas émanant<br />

du gouvernement… qui n’a finalement jamais vu le jour.<br />

Aujourd’hui que les chiffres remontent, que reste-t-il<br />

de ces mois de réflexion, concertation, remises en<br />

question. Début de réponse.<br />

xxxx<br />

25


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

<strong>Décembre</strong> 2022. Un comité<br />

de pilotage réunissant des<br />

représentants du ministère<br />

de l’Éducation nationale, de<br />

l’Enseignement supérieur, des<br />

professeurs de prépas et de grandes<br />

écoles se penche au chevet des classes<br />

prépas. Celles qui font l’objet de toutes<br />

les attentions, ce sont les classes prépas<br />

économiques et commerciales (ECG),<br />

récemment reformées à la suite de la<br />

fusion des filières scientifiques (ECS)<br />

et économiques (ECE). Les prépas ECG<br />

accusent en effet une baisse significative<br />

des inscriptions à la rentrée<br />

2021 (- 13, 5 %) et une stabilisation en<br />

2022. Cette nouvelle classe prépa économique<br />

voie générale propose deux<br />

options de maths (maths appliquées ou<br />

maths approfondies) et deux options de<br />

sciences humaines (histoire, géographie<br />

et géopolitique du monde contemporain<br />

ou économie, sociologie et histoire du<br />

monde contemporain). Objectif : suivre<br />

la réforme du bac et la mise en place des<br />

spécialités. Oui mais voilà, ladite réforme<br />

du bac a permis à de nombreux élèves,<br />

en grande partie des filles, d’abandonner<br />

les maths en terminale, matière pourtant<br />

indispensable pour intégrer ce type de<br />

prépa. Une évolution qui n’a pas fait que<br />

des malheureux. « Les élèves se sont<br />

davantage orientés vers les sciences<br />

humaines, ce qui a élargi notre vivier de<br />

recrutement. Nous n’avons du reste subi<br />

aucune baisse des inscriptions en classes<br />

prépas littéraires. Autre avantage : les<br />

critères pour sélectionner les bons candidats<br />

reposent moins sur les maths »,<br />

explique Damien Framery, président de<br />

l’APPLS (association des professeurs<br />

de première et de lettres supérieures).<br />

Chacun voit donc midi à sa porte car du<br />

côté des prépas ECG, cela fait deux ans<br />

qu’on fait grise mine. Entre un réservoir<br />

d’élèves qui s’effrite, une nouvelle offre<br />

sur laquelle peu de communication a été<br />

faite et la concurrence d’autres filières,<br />

les effectifs diminuent. Et des classes<br />

menacent de mettre la clé sous la porte.<br />

Certaines sont même en cours de fermeture.<br />

« Cette baisse en termes de<br />

recrutement n’est pas liée à la structure<br />

même de la prépa, mais à la réforme<br />

ECG, qui est intervenue en pleine crise<br />

sanitaire, sans portes ouvertes pour la<br />

©UPS<br />

26


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

©UPS<br />

présenter, et à la réforme du lycée. Le<br />

vivier de lycéens ayant fait des maths<br />

en terminale a baissé de 40 % en 2021.<br />

À cela s’est ajoutée la mise en place des<br />

options qui a encore plus complexifié<br />

notre offre à un moment où on avait<br />

surtout besoin de lisibilité », commente<br />

Alain Joyeux, président de l’APHEC (association<br />

des professeurs de classes<br />

prépas économiques et commerciales).<br />

Une fois le diagnostic posé, quid des<br />

réponses à apporter pour inverser la<br />

dynamique. Le ministère de l’Éducation<br />

nationale et de l’Enseignement supérieur,<br />

que nous avons sollicité pour une<br />

interview mais qui n’a pas donné suite,<br />

a notamment proposé de diminuer les<br />

heures de maths, de lettres et de philosophie,<br />

la mise en place d’options et de<br />

nouveaux cours sur le développement<br />

durable. Une maquette qui ne convainc<br />

personne à commencer par les professeurs<br />

de prépas, vent debout contre<br />

cette réforme jugée au mieux cosmétique,<br />

au pire, mue par des préoccupations<br />

uniquement budgétaires. Des pétitions<br />

circulent. Fin de la concertation. Et, à ce<br />

jour, abandon de la réforme.<br />

CLASSE PRÉPA : UN MODÈLE<br />

D’AVENIR ?<br />

Quelques mois après, que reste-t-il de<br />

ces discussions ? Côté gouvernement,<br />

c’est le silence radio. Mais, côté profs et<br />

grandes écoles, la réflexion sur l’avenir<br />

des classes prépa n’a pas cessé pour<br />

autant… en tout cas chez certains des<br />

acteurs. Une ligne de fracture peut en<br />

effet se dessiner entre ceux qui militent<br />

pour ne rien changer, d’autres qui proposent<br />

des ajustements et ceux, très<br />

minoritaires, qui pensent que les classes<br />

27


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

prépas ne sont plus adaptées au monde<br />

comme il va. Un débat qui se poursuit<br />

dans un contexte où la tendance des<br />

inscriptions repartirait à la hausse. C’est<br />

dire si les questions posées vont bien<br />

au-delà des chiffres. C’est le modèle<br />

même qui serait remis en cause. Ou pas.<br />

Revue de détails.<br />

Au sein des classes prépas scientifiques,<br />

l’heure est au soulagement. Et pour cause :<br />

les chiffres de la rentrée <strong>2023</strong>* sont<br />

bons. Selon Denis Choimet, président de<br />

l’UPS (Union des professeurs de classes<br />

préparatoires scientifiques), celles-ci<br />

enregistrent 1 000 étudiants de plus soit<br />

une hausse de 5 à 8 % sur l’ensemble des<br />

effectifs, toutes filières confondues. Et le<br />

président de clamer : « On n’est pas encore<br />

mort ». De quoi redonner confiance<br />

en l’avenir et poser un argument de poids<br />

contre toute velléité de réforme. « Nous<br />

sortons à peine d’une réforme du bac<br />

qui a eu des conséquences inquiétantes<br />

pour nos matières et la diversité de notre<br />

recrutement avec une baisse de 25 %<br />

du nombre de filles dans nos prépas. Je<br />

freine à demander la suite sachant qu’en<br />

France on pense tout régler par le haut,<br />

le meilleur moyen pour être déconnecté<br />

de la réalité et des besoins du pays »,<br />

assure Denis Choimet. Il ajoute : « Et<br />

puis, une réforme pour quoi faire ? Nos<br />

classes prépa bénéficient d’une hausse<br />

de leur attractivité – certaines filières<br />

telles que MPII et TSI engrangent une<br />

hausse de 20 % de leur recrutement -,<br />

la formation dispensée en science y est<br />

réputée et majoritairement gratuite. Le<br />

taux de réussite au concours est de l’ordre<br />

de 90 % et les débouchées à la sortie<br />

sont très variées avec plus de 200 écoles<br />

possibles. Au lieu de critiquer, mettons en<br />

valeur les qualités des prépas. Il faut en<br />

être fier ». Quant au procès en inadaptation<br />

avec le monde d’aujourd’hui, Denis<br />

Choimet a là encore une réponse toute<br />

trouvée : la création en 2021 de la filière<br />

MPI (maths, physique et informatique)<br />

qui, selon lui, correspond à une demande<br />

des écoles d’ingénieurs soucieuses de<br />

former des étudiants polyvalents, en<br />

capacité d’assurer la gestion de données.<br />

Même son de cloche du côté des<br />

classes préparatoires technologiques :<br />

Les tableaux publiés tout<br />

au long de ce dossier<br />

sont issus de l'enquête de<br />

l’EDHEC NewGen Talent<br />

center, réalisée entre mai et<br />

juin <strong>2023</strong> auprès de 1594<br />

étudiants en fin de prépa.<br />

*Les seuls que nous avons pu publier à l’heure où nous bouclons.<br />

La prépa, un choix de raison : pour le prestige, rester dans une voie générale<br />

et acquérir des méthodes de travail<br />

28


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

« On a récemment rénové le programme<br />

ECT en réactualisant notamment les<br />

matières étudiées pour être en phase<br />

avec l’évolution de la société », relate<br />

Quentin Leroux, président de l’ADEPPT<br />

(Association de promotion des classes<br />

préparatoires voie technologique). Et<br />

ce n’est pas le seul point sur lequel les<br />

deux professeurs convergent. Taux de<br />

réussite, attractivité, débouchés… Autant<br />

d’arguments que Quentin Leroux pourrait<br />

reprendre à son compte. Dans son<br />

secteur, aucun chiffre officiel ne peut à<br />

date être dévoilé, mais, annonce-t-il, « les<br />

signaux faibles, tels que les remontées<br />

du terrain et les effectifs de certaines<br />

classes, sont bons ». S’agissant d’une<br />

quelconque réforme passée ou à venir,<br />

le signal envoyé est, en revanche, sans<br />

ambiguïté : « Pourquoi remettre en question<br />

un système qui fonctionne et qui,<br />

année après année, fait la preuve de son<br />

succès. Je réfute notamment l’argument<br />

budgétaire avancé par le gouvernement.<br />

Si on calcule le coût par élève qui réussit<br />

ses études, les classes prépas coutent<br />

moins cher que l’université où le taux<br />

d’échec est important. Nous, on les fait<br />

tous réussir », s’exclame Quentin Leroux.<br />

Du côté des classes prépas littéraires<br />

aussi, on défend bec et ongles le système<br />

en place. Damien Framery en expose<br />

les atouts un à un : « C’est une phase<br />

tampon qui permet aux étudiants de ne<br />

pas se spécialiser tout de suite après le<br />

bac et de reculer l’heure du choix. C’est<br />

attractif car on prépare nos élèves à<br />

réussir des concours qui vont leur ouvrir<br />

un grand choix de possibles (ENS, écoles<br />

de management, etc.). Nous répondons<br />

à la demande et aux exigences de ces<br />

établissements et à celles des entreprises.<br />

Les profils pluridisciplinaires sont<br />

en effet recherchés aujourd’hui car ils<br />

sont plus agiles, plus créatifs, imaginatifs<br />

dans leur recherche de solutions et plus<br />

humains dans leurs relations sociales ».<br />

Bref, circulez, il n’y a rien à voir ou si peu.<br />

©UPS<br />

29


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

DES AJUSTEMENTS<br />

NÉCESSAIRES ?<br />

Un point de vue que ne partagent pas<br />

tout à fait d’autres acteurs du secteur qui<br />

tout en défendant le modèle esquissent<br />

des évolutions nécessaires et un temps<br />

de réflexion plus long. Pour Joël Bianco,<br />

président de l’association des proviseurs<br />

de lycées et des classes préparatoires<br />

aux grandes écoles, c’est ce qui a manqué<br />

à la réforme initiée par le gouvernement :<br />

« Si on veut réformer, il faut aller plus loin<br />

que ce qui a été proposé et ne pas se<br />

contenter de mesures cosmétiques. Cela<br />

demande du temps, de la patience, un<br />

travail sur la durée et en profondeur. Si la<br />

problématique est budgétaire, regardons<br />

là où on peut faire des économies sans<br />

pour autant renverser un système qui a<br />

ses qualités ». Autre sujet de critiques :<br />

l’instauration d’un cours sur le développement<br />

durable. Là encore, Joël Bianco<br />

ne réfute pas l’importance du sujet mais,<br />

dit-il, « l’enjeu, ce n’est pas de créer une<br />

matière en plus mais d’intégrer la transition<br />

écologique dans tous les cours de<br />

toutes les classes prépas ». Alain Joyeux<br />

abonde : « C’est un thème essentiel, qui<br />

doit irriguer les autres cours, pas une<br />

discipline. On ne doit pas le séparer du<br />

reste ». Le président de l’APHEC n’est<br />

pas non plus opposé à une réforme si<br />

elle permet de résoudre les problèmes,<br />

ce qui, selon lui, n’était pas le cas du<br />

scénario proposé par le gouvernement,<br />

qui, de plus, s’appuyait sur une baisse<br />

d’effectifs qui n’a plus cours. Lui milite pour<br />

faire évoluer les classes prépas en vue de<br />

leur meilleure intégration dans le schéma<br />

reconnu à l’échelle international du 3/5/8<br />

pour licence, master, doctorat. « Or, les<br />

classes prépas, ce sont des formations<br />

en deux ans non diplômantes. Pourquoi ne<br />

pas donner aux élèves le grade de licence<br />

après leur première année en école ? »,<br />

suggère-t-il. Une proposition qui a été<br />

rejetée aussi bien par le ministère, pour<br />

des raisons réglementaires – sur quelle<br />

matière porterait la licence ? –, et par les<br />

grandes écoles qui craignent de voir partir<br />

des étudiants en fin de première année.<br />

Retour à la case départ même si, selon<br />

Alain Joyeux, la question reste entière. À<br />

cela, Damien Framery semble répondre :<br />

« C’est un statut bâtard mais jusqu’à<br />

ce jour, ça n’a jamais gêné personne ».<br />

Les temps ont semble-t-il changé car,<br />

même au sommet de la pyramide des<br />

écoles de management, on s’interroge.<br />

30


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Pire. On lance un nouveau bachelor,<br />

jugé par beaucoup comme le diplôme<br />

concurrençant les classes préparatoires.<br />

Pas de quoi pourtant s’inquiéter car le<br />

bachelor of Arts and Science en “Data,<br />

Society & Organizations”, créé par HEC<br />

et l’université italienne Bocconi, se place<br />

sur le marché international et non national,<br />

avec des cohortes d’étudiants issus du<br />

monde entier. Comprenez, les Français<br />

y seront très minoritaires. Yann Algan,<br />

doyen associé des programmes pré-expérience<br />

à HEC, précise : « Il s’agit de<br />

familiariser les étudiants aux sciences des<br />

données pour mieux répondre aux défis<br />

juridiques, organisationnels, climatiques<br />

et sociétaux et d’attirer sur ces enjeux en<br />

France les meilleurs esprits européens<br />

post-bac ». Il ajoute : « Nous tenons aux<br />

classes préparatoires car ce sont des<br />

programmes pluridisciplinaires uniques,<br />

que l’on ne retrouve nulle part ailleurs,<br />

et exigeants sur le plan intellectuel, un<br />

socle dont les étudiants ont besoin pour<br />

comprendre le monde d’aujourd’hui et<br />

mieux se professionnaliser par la suite.<br />

Mais, cela ne doit pas nous empêcher<br />

de réfléchir à un meilleur positionnement<br />

de ces classes prépas ». Il y avait donc<br />

un « mais ». Au cœur du problème, selon<br />

Yann Algan : des classes préparatoires<br />

ECG désaffectées liées notamment aux<br />

incertitudes face aux concours. La solution<br />

: établir plus d’équivalences avec<br />

les universités, comme c’est déjà le cas<br />

dans les classes prépas littéraires et<br />

scientifiques. « Cela permettrait de sécuriser<br />

les parcours, ce qui pour des<br />

élèves boursiers a son importance. Nous<br />

sommes aujourd’hui face à un paradoxe :<br />

ces programmes sont gratuits et, pourtant,<br />

ils attirent peu ce type de profils ».<br />

La diversité serait donc un des enjeux<br />

majeurs que les classes prépas doivent<br />

aujourd’hui affronter.<br />

Une question sociale mais pas seulement.<br />

« Dans le cadre de la sélection, il faut<br />

davantage valoriser des compétences<br />

extra-académiques et des profils de<br />

type sportifs ou jeunes entrepreneurs.<br />

Cela impliquerait d’adapter leur rythme<br />

de travail. Autre sujet de réflexion : intégrer<br />

au programme une expérience<br />

terrain qui pourrait prendre la forme<br />

d’un engagement sociétal afin que le<br />

cœur travaille autant que la tête », souligne<br />

Yann Algan. Alain Joyeux abonde :<br />

« Beaucoup d’élèves abandonnent leur<br />

pratique sportive ou artistique quand<br />

ils rentrent en prépa. Il faut réfléchir à<br />

La prépa plébiscitée a posteriori parce qu’elle a permis de se développer personnellement<br />

31


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Un challenge qui allie pression motivante et forte acquisition de compétences<br />

mieux accueillir ces profils qui ont un<br />

bon niveau scolaire auquel s’ajoutent<br />

des compétences qui représentent une<br />

richesse pour nos filières. Nous sommes<br />

en pleine réflexion sur ce sujet mais aussi<br />

sur une plus grande ouverture des prépas<br />

aux entreprises ; il faut trouver le bon<br />

équilibre ». Sous-entendu, on ne fera<br />

rien dans la précipitation. « Une réforme<br />

ambitieuse est nécessaire pour améliorer<br />

le système et en tirer le meilleur. Mais,<br />

pour ce faire, on a besoin de temps »,<br />

avance quant à lui Yann Algan.<br />

Pour l’EM Normandie, en revanche, la<br />

question du temps est d’ores et déjà résolue.<br />

Le monde a changé et les classes<br />

préparatoires ne sont plus adaptées. C’est<br />

ce qu’affirme en tout cas Elian Pilvin, qui<br />

en est le doyen et le directeur général :<br />

« La sociologie des étudiants n’est plus la<br />

même tout comme leur façon de voir leur<br />

intégration dans l’enseignement supérieur.<br />

D’où le succès des formations post-bac<br />

qui assurent le même gage de qualité et<br />

en plus une reconnaissance internationale<br />

ainsi que la garantie d’une bonne insertion<br />

professionnelle. Les classes prépas, c’est<br />

aujourd’hui une proposition parmi tant<br />

d’autres ». L’offre en effet s’est démultipliée<br />

ces dernières années. Outre les bachelors,<br />

citons les BBA (bachelors un business<br />

administration), les CPES (voir encadré),<br />

les programmes grandes écoles post bac<br />

en cinq ans, les DUT devenus des BUT<br />

(bachelor universitaire de technologie) sans<br />

oublier l’attirance pour l’international et les<br />

admissions sur titre en licence et en master.<br />

Dans ce pléthorique choix des possibles,<br />

les prépas séduiraient moins qu’avant<br />

pour diverses raisons à commencer par<br />

le mode de sélection. Sur ce point Alain<br />

Joyeux ébauche des pistes : « Il faudrait<br />

simplifier les concours, diminuer le nombre<br />

d’épreuves et qu’ils soient moins étalés<br />

dans le temps. Mais pas question de les<br />

supprimer car c’est plus un passage qui<br />

permet de classer et de répartir les élèves<br />

entre les écoles qu’un système éliminatoire ;<br />

85 % des étudiants qui intègrent une classe<br />

prépa ECG obtiennent un master 2 en cinq<br />

ans ». Un avis loin d’être unanimement<br />

partagé. « Dans les bachelors, la sélection<br />

se fait au fil des années et pas à l’entrée.<br />

Or, le concours, c’est un pari que beaucoup<br />

d’étudiants ne veulent plus tenter d’autant<br />

plus qu’il est souvent déceptif – on n’a pas<br />

nécessairement l’école souhaitée -, et que<br />

des offres alternatives existent. Sans compter<br />

que ce modèle est anachronique sur le<br />

plan international. En France, le plus dur,<br />

c’est d’intégrer une école, partout ailleurs,<br />

c’est d’en sortir », assure Elian Pilvin. Et de<br />

poursuivre : « Les classes prépas sont<br />

face à une injonction paradoxale : certains<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

souhaitent les faire évoluer alors que ce<br />

n’est pas possible. Leur spécificité repose<br />

sur l’exigence, la capacité des étudiants à<br />

dépasser leur limite, une méthode de travail<br />

qui leur est propre… Il faut valoriser ces<br />

particularités et accepter que dans un<br />

environnement en pleine évolution, ce ne<br />

soit plus qu’une des modalités d’accès à<br />

l’enseignement supérieur. J’ajouterai que<br />

ce qui est menacé aujourd’hui, ce n’est pas<br />

l’élite des classes prépas, mais les classes<br />

prépas intermédiaires ou de proximité qui<br />

risquent de fermer car il n’y aura plus assez<br />

d’étudiants ». Des propos tranchés et des<br />

arguments qui divisent. Car si le modèle<br />

est ici clairement remis en question, ce<br />

qui n’est pas le point de vue de la majorité<br />

de nos interlocuteurs, Elian Pilvin soulève<br />

également des points sensibles. Et si les<br />

conclusions divergent, les points de vigilance,<br />

eux, sont parfois partagés.<br />

CLASSES PRÉPAS : UN<br />

ASCENSEUR SOCIAL EN PANNE ?<br />

Sur la question de la diversité sociale, par<br />

exemple, les personnes interrogées sont<br />

unanimes : on peut mieux faire. Yann Algan<br />

l’a évoqué ci-dessus. Il n’est pas le seul.<br />

« L’inclusion sociale, c’est un véritable<br />

enjeu. Si la part de boursiers dans les<br />

classes prépas littéraires augmente – on<br />

est aujourd’hui à 30 % -, nous avons<br />

des efforts à faire. Un des défis à relever,<br />

c’est de combattre l’autocensure.<br />

Il faut aller chercher les élèves, mettre<br />

en place l’équivalent des cordées de la<br />

réussite – un accompagnement à l’orientation<br />

- dans les collèges et les lycées…<br />

Des actions qui se travaillent en amont<br />

des classes prépas. J’ajouterai que nous<br />

avons aussi une bataille à mener pour<br />

l’inclusion des élèves en situation de<br />

handicap, très peu nombreux à accéder<br />

aux classes prépas », déclare Damien<br />

Framery. Et Alain Joyeux de lui emboiter<br />

le pas : « La diversité sociale, c’est une<br />

question morale. D’autant qu’au dernier<br />

concours BCE, la part des boursiers<br />

ayant réussi a reculé de deux points. La<br />

réforme du bac a engendré une baisse<br />

du nombre d’élèves en terminale ayant<br />

opté pour les maths, accentuant une<br />

surreprésentation des garçons et de<br />

jeunes issus de CSP+ dans nos classes<br />

prépas. Il y avait un équilibre entre les<br />

filles et les garçons qui s’est rompu.<br />

33


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Peut-être que cela va changer avec le<br />

retour des maths dans le tronc commun<br />

en première ? Ce qui ne nous empêche<br />

pas de mener des actions pour drainer<br />

les bons étudiants de zones rurales et<br />

péri-urbaines issus de milieux sociaux<br />

moins favorisés ». Car le risque, déjà<br />

évoqué par le directeur général de l’EM<br />

Normandie, c’est en effet la fermeture de<br />

classes prépas ECG, littéraires et scientifiques<br />

de proximité présentes en nombre<br />

sur le territoire… Mais pour combien de<br />

temps ? Or, ce sont spécifiquement ces<br />

classes où la mixité sociale est la plus<br />

grande et qui garantissent aux prépas le<br />

rôle d’ascenseur social que lui confère,<br />

entre autres, Quentin Leroux. Le terme<br />

est en effet particulièrement adapté<br />

aux classes prépas technologiques qui<br />

comprennent 60 % de boursiers. Encore<br />

faut-il les convaincre en amont de<br />

suivre un cursus long. « La plupart des<br />

étudiants STMG s’orientent vers des<br />

études courtes. Nous devons lutter contre<br />

l’autocensure, très prononcée dans ces<br />

filières pour des raisons financières,<br />

sociologiques et psychologiques. Peu<br />

de personnes de leur entourage ont opté<br />

pour des classes prépas. Et puis, il y a<br />

le problème de la mobilité géographique.<br />

Ils ont envie de rester près de chez eux.<br />

Or, en France, il n’y a que 44 classes<br />

ECT, une par académie ». Des obstacles<br />

sont donc à soulever pour assurer une<br />

diversité au sein des classes prépas<br />

mais aussi au sein des écoles. « Nos<br />

élèves intègrent par la suite des écoles<br />

de management – à noter que tous ceux<br />

qui le souhaitent y parviennent – et c’est<br />

aussi un bienfait pour ces établissements<br />

qui accueillent une diversité de profils.<br />

Une façon de lutter contre un système<br />

de reproduction sociale. Et puis nos<br />

élèves ont des qualités à faire valoir :<br />

ils sont matures, ils ont une expérience<br />

professionnelle plus dense que les autres,<br />

ils sont très actifs au sein des écoles et<br />

ils ont déjà une bonne connaissance en<br />

management », poursuit Quentin Leroux.<br />

Une proximité nécessaire mais qui se<br />

heurterait aux considérations budgétaires,<br />

qu’on ne peut pas complètement<br />

© David Morganti<br />

34


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

ignorer. C’est en tout cas l’avis de Joël<br />

Bianco qui affirme : « Le nombre important<br />

de classes préparatoires sur le territoire<br />

coûte cher. Il y a une réflexion à mener sur<br />

ce sujet. Dans certaines académies, les<br />

effectifs baissent. Il faudrait envisager par<br />

exemple de les fusionner afin d’optimiser<br />

les moyens et d’économiser de l’argent ».<br />

De quoi continuer à alimenter le débat<br />

sur l’avenir des classes prépas. Et les os<br />

à ronger ne manquent pas. Il en va ainsi<br />

de la nécessité d’améliorer le continuum<br />

entre les prépas et les écoles ou, encore,<br />

de lutter contre les clichés en travaillant<br />

davantage la communication.<br />

MIEUX COMMUNIQUER<br />

Communiquer ! Tel un mantra, les professeurs<br />

de prépas et de grandes écoles<br />

répètent à l’envi que c’est devenu une<br />

obligation pour attirer les élèves mais<br />

aussi tordre le cou aux clichés. Dans<br />

une enquête menée auprès de lycéens,<br />

d’étudiants et de leur famille – près de<br />

150 personnes en tout - par la CDEFM<br />

(conférence des directeurs des écoles<br />

de management) et rendue publique<br />

en septembre dernier, les jeunes ne<br />

semblent plus prêts à sacrifier deux<br />

ans de leur de vie pour faire une prépa,<br />

aussi prestigieuse soit-elle. Pour<br />

nombre d’entre eux, même si la filière<br />

fait toujours rêver, elle rimerait en effet<br />

avec souffrance et parfois maltraitance<br />

des profs. « Il y a une part de fantasmes<br />

dans ces images qu’il faut mettre à jour.<br />

Les pratiques pédagogiques ont évolué<br />

pour nous adapter au public d’aujourd’hui<br />

plus fragile qu’avant et qui rencontrent<br />

des problématiques de concentration<br />

et d’addiction aux écrans. En tant que<br />

professeur, notre obligation, c’est de<br />

les accepter tels qu’ils sont – ils ont par<br />

exemple plus besoin d’être encouragés<br />

et rassurés - mais aussi de les amener<br />

aux niveaux d’exigence demandés par<br />

les écoles. Car ces jeunes auront des<br />

défis énormes à relever. On n’a jamais<br />

eu autant besoin de formations scientifiques<br />

de grande qualité », expose Denis<br />

Choimet. Damien Framery enchaîne : « Il<br />

y a eu un important renouvellement des<br />

professeurs en prépa avec des collègues<br />

plus jeunes qui font des efforts d’accueil<br />

et d’inclusion… pour tous les élèves. Ce<br />

qui n’implique pas un allégement de la<br />

charge de travail, mais un changement de<br />

méthode pour leur faire gagner du temps,<br />

mieux les accompagner et les guider ».<br />

Encore faut-il que ça se sache. Pour ce<br />

faire, tous les moyens sont bons y compris<br />

les réseaux sociaux où a demarré une<br />

campagne de communication (voir un des<br />

écrans ci-dessous), lancée par Skema et<br />

35


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

la CDEFM, en direction des jeunes sur les<br />

atouts des classes prépas. Restent sinon<br />

les méthodes classiques. « Pour lever les<br />

freins à l’inscription en ECT, on s’appuie<br />

beaucoup sur des relais locaux, des<br />

professeurs de première et de terminale<br />

qui assènent tout au long de l’année que<br />

c’est possible de faire une classe prépa<br />

quand on est en STMG. Certains de nos<br />

étudiants se rendent également dans<br />

les lycées pour présenter leur classe<br />

et communiquer sur leur parcours ».<br />

Une communication par les pairs qui<br />

fonctionnent bien, surtout dans cette<br />

filière. Pour les autres, la problématique<br />

reste aujourd’hui entière. Et selon Joël<br />

Bianco, « il faudrait que l’État nous aide<br />

à mieux communiquer. Il paye pour cette<br />

formation, qui pourtant n’est pas assez<br />

promue et défendue ». Et pour le proviseur,<br />

le message est tout trouvé : « Les<br />

prépas, c’est une formation exigeante,<br />

accessible, gratuite où les élèves sont<br />

encadrés par des professeurs très disponibles<br />

».<br />

Communiquer mais aussi informer.<br />

Car selon Alain Joyeux, « les prépas<br />

ne sont pas faites pour tout le monde.<br />

Elles s’adressent à des étudiants qui<br />

s’engagent dans des études longues<br />

afin d’acquérir des compétences dans<br />

des domaines pluridisciplinaires ». Le<br />

professeur de maths Denis Choimet<br />

abonde : « La réforme du bac a aboli les<br />

filières pour élargir le champ des possibles<br />

et diversifier le profil des élèves dans<br />

certains cursus. Le problème, c’est que<br />

ça ne fonctionne pas pour les sciences<br />

où les disciplines sont cumulatives. Sans<br />

l’option maths au lycée, on est perdu.<br />

Pour suivre un cursus scientifique avec<br />

succès et devenir ingénieur, ce n’est pas<br />

possible sans les maths. Il nous faut de<br />

la continuité ».<br />

Continuité… le mot est lâché. Mais si, ici,<br />

il pointe la nécessité d’une cohérence<br />

entre le lycée et l’enseignement supérieur,<br />

pour d’autres filières l’enjeu se situe<br />

entre la prépa et les écoles. On appelle<br />

ça le continuum. Et celui qui en parle le<br />

mieux, c’est le président de l’APHEC, Alain<br />

Joyeux : « Il faudrait que les responsables<br />

de programme grande école (PGE) qui se<br />

rendent dans les prépas ne se contentent<br />

pas de présenter leur établissement car<br />

les élèves peinent à les différencier. Ça<br />

CPES : concurrence ou alternative ?<br />

Nouveau venu dans le champ de l’enseignement<br />

post-bac, les CPES (cycle pluridisciplinaire<br />

d’études supérieures) ne<br />

font pas l’unanimité. Ces cursus de trois<br />

années associant un établissement supérieur<br />

et un lycée doté de classes préparatoires<br />

dispensent d’abord une formation<br />

pluridisciplinaire sur des champs tels<br />

que sciences-techniques, droit-économie,<br />

sciences humaines et sociale, etc. avant<br />

de proposer aux étudiants de se spécialiser.<br />

À noter qu’à l’issue des trois ans, un<br />

diplôme national de licence (ou un grade<br />

de licence) est délivré. Selon Joël Bianco,<br />

président de l’association des proviseurs<br />

de lycées et des classes préparatoires aux<br />

grandes écoles, pas de quoi révolutionner<br />

le secteur. « L’intérêt des CPES, c’est le<br />

partenariat entre les classes prépas et les<br />

universités et c’est son aspect transversal.<br />

On jette des passerelles entre des disciplines,<br />

ce qui correspond aux attentes<br />

des entreprises. Autre atout : favoriser<br />

l’ouverture sociale. Mais, ça ne va pas<br />

remplacer les classes prépas car le public<br />

visé, ce sont des étudiants qui veulent<br />

s’engager dans une formation exigeante<br />

sans passer de concours ». Un point de<br />

vue que ne partage pas Alain Joyeux, président<br />

de l’APHEC : « Cela ne concerne<br />

que 800 étudiants aujourd’hui. Mais<br />

est-ce que les CPES ont vocation à se<br />

déployer sur le territoire ? Quelle est la<br />

stratégie du ministère à ce sujet ? Pour<br />

le moment, c’est flou même si le message<br />

officiel se veut rassurant. Si cela reste<br />

marginal, il n’y a en effet pas d’inquiétude<br />

à avoir. Mais sans clarification du<br />

projet par le gouvernement, comment<br />

en être sûr ? ».<br />

36


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Une période passionnante qui stimule intellectuellement dans un environnement d’enseignement<br />

de qualité…<br />

serait mieux d’aborder des sujets tels<br />

que la RSE ou la transition écologique, qui<br />

seront traités durant leurs études, avec la<br />

pédagogie qui leur est propre. Les élèves<br />

se rendraient mieux compte de ce qui les<br />

attend et pourraient mieux différencier<br />

les parcours grande école. Par ailleurs,<br />

les élèves de prépa devraient pouvoir<br />

poursuivre certaines matières étudiées,<br />

comme la philosophie ou l’économie… en<br />

première année du PGE. Cette année de<br />

transition serait un mixte entre ces disciplines<br />

et le management ou la gestion<br />

avant que celles-ci ne dominent par la<br />

suite. Améliorer ce continuum permettrait<br />

d’avoir une vision de la prépa sur la durée ».<br />

ET LES ÉTUDIANTS,<br />

QU’EN PENSENT-ILS ?<br />

Les classes prépas comptent aujourd’hui<br />

80 000 élèves qui, pour une très grande<br />

majorité d’entre eux poursuivront leur<br />

scolarité en écoles de management,<br />

écoles d’ingénieurs ou en université grâce<br />

au jeu des équivalences. C’est le cas notamment<br />

des littéraires à hauteur de 70 %<br />

des étudiants, 90 % d’entre eux, intégrant<br />

un master. Pour résumer, la prépa reste<br />

aujourd’hui un parcours d’excellence qui<br />

mène à des diplômes de haut niveau et à<br />

une très bonne insertion professionnelle.<br />

Quant au bien-être des élèves durant ces<br />

deux années un peu particulières, s’il est<br />

un sujet d’attention, il ne semble pas faire<br />

l’objet d’une polémique chez les premiers<br />

intéressés. Dans une enquête de l’EDHEC<br />

NewGen Talent center, réalisée entre mai<br />

et juin <strong>2023</strong> auprès de 1 594 étudiants en<br />

fin de prépa, ils sont 94 % à affirmer qu’ils<br />

referaient le même choix d’orientation.<br />

84 % des jeunes interrogés jugent la<br />

pression motivante et 65 % estiment<br />

que la stimulation intellectuelle est le<br />

premier atout des classes prépas (voir<br />

tableaux). Et Quentin Leroux de conclure :<br />

« La prépa, ce n’est pas qu’un outil pour<br />

suivre de longues études, c’est une fin<br />

en soi. Ce qu’on y apprend en termes de<br />

culture générale, de méthode de travail,<br />

d’ouverture intellectuelle, ça sert pour<br />

toute la vie ».<br />

Anne Dhoquois<br />

37


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DOSSIER DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

3 questions à Alice Guilhon, directrice générale de Skema business school<br />

Comment expliquez-vous la baisse des<br />

effectifs dans certaines classes prépas ?<br />

Alice Guillon : L’enseignement supérieur a<br />

longtemps vécu dans un monde bien tranquille,<br />

protégé et qui faisait peu parler de<br />

lui. Et puis, une multiplicité d’acteurs a fait<br />

son entrée sur ce que l’on peut aujourd’hui<br />

appeler un marché. De plus en plus de<br />

jeunes – plus de 400 millions par an à<br />

l’échelle internationale -, font des études<br />

supérieures d’au moins cinq ans. Une aubaine<br />

pour des investisseurs qui gagnent de<br />

l’argent sur la durée. Avec l’arrivée massive<br />

d’acteurs privés, on a assisté à une ouverture<br />

du secteur à des programmes divers et<br />

variés plus ou moins légitimes. La France<br />

est le seul pays à avoir des classes prépas.<br />

C’est un parcours atypique, performant et<br />

qui a fait la renommée des Grandes écoles.<br />

Mais, aujourd’hui, ce modèle disparaît au<br />

milieu d’un océan d’offres et de formations.<br />

Par ailleurs, les Grandes écoles ont<br />

été créées par des chambres de commerce,<br />

qui ont aujourd’hui moins d’argent pour les<br />

financer. Conséquence : les écoles trouvent<br />

des solutions en proposant notamment de<br />

nouveaux cursus, tels que des bachelors,<br />

des masters spécialisés, etc.<br />

Est-ce à dire que les classes prépas devraient<br />

se réformer ?<br />

A.G. : Il faut surtout essayer de comprendre<br />

où en sont les élèves. C’est ce qui<br />

nous a motivés à réaliser une enquête, avec<br />

le CDEFM, auprès d’étudiants en classes<br />

prépa et d’ailleurs, de lycéens en première<br />

et terminale et de leur famille. Il en ressort<br />

que dans l’esprit des gens, la prépa<br />

demeure une formation solide, une voie<br />

d’élite et d’excellence. Mais, c’est aussi synonyme<br />

de souffrance et de renoncement.<br />

Or, les jeunes ne veulent plus renoncer au<br />

sport, à leurs amis, à leur week-end, à la<br />

musique… D’autant que pour intégrer les<br />

grandes écoles, d’autres voies existent. La<br />

question qu’ils se posent, c’est : pour faire<br />

carrière, suis-je obligé de passer par une<br />

prépa et une Grande école ? De fait, ce<br />

modèle s’est dilué au sein d’une concurrence<br />

saine et une multiplicité d’offres qui<br />

pour beaucoup mènent à une très bonne<br />

intégration professionnelle. Le problème,<br />

c’est que de fausses idées sur les prépas circulent<br />

et que les diplômes qui sont censés<br />

les concurrencer reposent sur un modèle<br />

très différent. Les bachelors, par exemple,<br />

ce sont des programmes professionnalisants<br />

et spécialisés (marketing, IA…). Rien<br />

à voir avec un programme généraliste qui<br />

forme des grandes classes dirigeantes. Cela<br />

dit, certaines choses sont quand même à<br />

revoir, comme le concours, trop long et<br />

trop dur. Il faut le simplifier et le limiter<br />

à une ou deux épreuves par matière. L’enjeu<br />

aujourd’hui, c’est de rendre plus attractives<br />

les classes prépas sur le plan de leur<br />

contenu et de leur mode de fonctionnement<br />

sans changer ce qui en font leur valeur. Le<br />

message à faire passer aux étudiants, c’est<br />

que quand on intègre une prépa, l’objectif,<br />

ce n’est pas de réussir un concours, mais<br />

d’intégrer une école qui leur permettra de<br />

réaliser leur rêve.<br />

Est-ce que les classes prépas devraient<br />

davantage communiquer ?<br />

A.G. : Absolument. D’autant plus que<br />

nous ne l’avons jamais fait jusqu’à présent<br />

– comme je l’ai dit plus haut, nous<br />

n’en avions pas besoin car il n’y avait pas<br />

de concurrence au cursus prépa / Grande<br />

école - alors que, de leur côté, les acteurs<br />

privés ont beaucoup communiqué pour<br />

vendre leur programme. Depuis quinze<br />

ans, les jeunes sont inondés d’informations<br />

et de campagnes de communication<br />

sur une pléthore d’écoles. Dans le même<br />

temps, certaines personnes n’ont jamais<br />

entendu parler des classes prépas, notamment<br />

dans les petites villes. Conséquence :<br />

elles sont de plus en plus réservées à l’élite.<br />

Il nous faut donc mieux communiquer<br />

mais aussi mieux expliquer nos spécificités<br />

et nos valeurs ajoutées : aujourd’hui<br />

encore, les grandes entreprises françaises<br />

préfèrent embaucher un jeune passé par<br />

une prépa et une Grande école. Pour répondre<br />

à ces enjeux, nous avons lancé fin<br />

novembre une campagne de communication<br />

sur les réseaux sociaux – Insta, Tik<br />

Tok – afin de réexpliquer aux lycéens et à<br />

leurs parents ce que sont les classes prépas,<br />

ce qu’on y trouve et que ce modèle<br />

est loin d’être un monde de privation et<br />

de souffrance.<br />

38


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Frédéric Munier<br />

DIRECTEUR DE SKEMA SCHOOL FOR GEOPOLITICS<br />

« [Les] disciplines [que nous enseignons] éclairent<br />

le monde et approfondissent la conscience des managers »<br />

Professeur de géopolitique en classes<br />

prépas et à SKEMA BS, Frédéric Munier<br />

a récemment endossé la fonction<br />

de directeur de SKEMA School for<br />

Geopolitics. Dans cet entretien, il revient<br />

sur l’importance de l’interdisciplinarité<br />

et de former les étudiants à une<br />

meilleure contextualisation des<br />

problématiques.<br />

Olivier Rollot : Comment en êtes-vous<br />

venu, vous qui êtes professeur en classe<br />

préparatoire, à créer une école de<br />

géopolitique au sein de Skema ?<br />

Frédéric Munier : En 2017, Alice Guilhon, la directrice<br />

générale de SKEMA, et Alain Joyeux, président de<br />

l’APHEC, ont décidé de créer les réunions de « continuum<br />

classe préparatoire / grande école ». C’est dans<br />

ce cadre qu’a émergé l’idée de prolonger des cours de<br />

type « prépa » en grande école afin de donner corps au<br />

continuum. SKEMA m’a d’abord proposé de donner un<br />

cours à l’année, intitulé « Grands enjeux géopolitiques »<br />

avec Rodolphe Desbordes, tandis qu’Emmanuel Combe<br />

commençait à enseigner les « Grands enjeux économiques<br />

». Par la suite, avec Rodolphe Desbordes, nous<br />

avons créé un cours sur le thème des « Grands enjeux<br />

de Consilience ».<br />

O. R. : Comment définissez-vous la<br />

« consilience » ?<br />

F. M. : La consilience désigne la « convergence des<br />

savoirs », l’interdisciplinarité en d’autres termes. Notre<br />

cours se situe au croisement de plusieurs disciplines<br />

académiques : l’économie, l’histoire, la géopolitique,<br />

les sciences politiques, la sociologie. Nous traitons<br />

les grandes préoccupations de notre temps comme la<br />

démocratie, les réseaux, le numérique, la méritocratie,<br />

l’environnement ou le climat en croisant les disciplines<br />

afin de poursuivre l’approche multidisciplinaire qui se<br />

pratique en classes préparatoires.<br />

O. R. : Au-delà du continuum avec les<br />

classes préparatoires, dans quelle logique<br />

développez-vous ces programmes ?<br />

F. M. : La volonté de SKEMA, résumée dans son<br />

« ThinkForward », est de permettre à ses étudiants<br />

de maîtriser les disciplines de management tout en<br />

contextualisant les problèmes qu’ils rencontreront dans<br />

un monde « VUCA » (marqué par la volatilité, l’incertitude,<br />

la complexité et l’ambiguïté). C’est dans le même esprit<br />

que Denis Boissin, le directeur du Programme Grande<br />

école, délivre un cours sur les « Grands enjeux de transition<br />

» et que Philippe Riutort, également professeur en<br />

classe préparatoire, dispense un cours sur les « Grands<br />

enjeux sociologiques ». Au fond, nous faisons le pari<br />

qu’en infusant ces disciplines au spectre large, nous<br />

contribuons à une formation en « Liberal Arts », pour<br />

39


L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS ENTRETIEN DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

reprendre la terminologie anglo-saxonne, et c’est ce<br />

qui fera la différence sur le marché de l’emploi. En effet,<br />

ces disciplines éclairent le monde et approfondissent<br />

la conscience des managers. De la classe préparatoire<br />

à la grande école, les enseignements se fécondent.<br />

O. R. : Quel volume horaire représente ces<br />

cours en première année du Programme<br />

Grande école de Skema ?<br />

F. M. : 54 heures en L3 soit un quart de la maquette<br />

pédagogique. Ces cours de « Grands enjeux » constituent<br />

désormais la signature du Programme Grande<br />

École de SKEMA.<br />

O. R. : Parlez-nous plus précisément des<br />

écoles que développe SKEMA, dont bien sûr<br />

celle de géopolitique que vous dirigez.<br />

F. M. : Skema développe des « écoles dans la Grande<br />

école » : une en droit au Brésil, à Belo Horizonte, en AI for<br />

Business, en Design et bien sûr en géopolitique avec la<br />

« School of Geopolitics for Business ». Dans un monde<br />

complexe, marqué par le retour de la conflictualité, on<br />

assiste aujourd’hui à une géopolitisation de l’économie.<br />

Dans ces conditions, on attend des managers qu’ils<br />

sachent appréhender le contexte international dans<br />

lequel ils inscrivent leur action. À la croisée de l’histoire,<br />

la géographie, l’économie, les relations internationales<br />

mais aussi la stratégie et la prospective, la géopolitique<br />

doit désormais faire partie des fondamentaux enseignés<br />

en Grande École de management. Ce track donne<br />

donc une solide culture aux 50 étudiants qui souhaitent<br />

chaque année maîtriser ces savoirs et mieux orienter<br />

leur action. Pour cela nous travaillons avec Asia Centre<br />

pour la géopolitique de l’Asie et l’IFRI (Institut français<br />

des relations internationales) où nos étudiants peuvent<br />

suivre des conférences.<br />

O. R. : Avec votre expérience précise des<br />

deux univers, quelles grandes différences<br />

établissez-vous entre les classes<br />

préparatoires et les écoles de management<br />

dans l’enseignement apporté aux étudiants ?<br />

F. M. : En prépa, on approche des savoirs fondamentaux<br />

mais on apprend aussi à gérer son temps, son stress.<br />

Contrairement à ce qui est dit parfois, on travaille en<br />

groupe et surtout, on apprend à se connaître. En école,<br />

on insiste évidemment sur les connaissances mais<br />

aussi sur les soft skills. Les étudiants prennent des<br />

responsabilités dans des associations et apprennent<br />

à manager, à gérer des budgets importants. Ils sont<br />

confrontés à l’action. Et tout cela se féconde dans le<br />

cadre du continuum 2+3. Enseigner en école a par<br />

ailleurs modifié mes pratiques pédagogiques en classe<br />

prépa ; tous mes cours sont désormais dispensés à<br />

l’aide de Power Point et je propose régulièrement à<br />

mes élèves de répondre à des quiz pour épauler leurs<br />

dissertations. À mon sens, c’est un moyen d’amenuiser<br />

la taille du mur qui existe entre les CPGE et les Grandes<br />

Écoles. De façon générale, je pense que les écoles<br />

devraient davantage recourir à des professeurs de<br />

prépa, notamment en année de pré-master. Tout le<br />

monde aurait à y gagner.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS DÉBAT<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Que pensent les Français<br />

des Grandes écoles ?<br />

Démissions en cascade, absentéisme, refus de travailler dans des entreprises<br />

non engagées dans la transition environnementale, priorité donnée au bien être sur un marché<br />

de l’emploi porteur pour eux, les jeunes générations imposent leurs codes.<br />

L’institut Ipsos vient de réaliser<br />

pour la Conférence des Grandes<br />

écoles (CGE) une étude sur la<br />

perception par le grand public<br />

des Grandes écoles. Et si 67 % des Français<br />

pensent qu’il faut réformer leur accès,<br />

61 % ne veulent pas les voir supprimées<br />

alors qu’ils étaient 52 % en 2019.<br />

Pour autant, on perçoit la vision très restrictive<br />

qu’ils en ont : sept Français sur 10<br />

pensent qu’elles sont moins de 50 et 17 %<br />

entre… une et cinq.<br />

Les stéréotypes à l’égard des Grandes<br />

écoles perdurent. Elles sont « trop élitistes<br />

» pour 70 % des personnes interrogées<br />

(et 63 % de leurs diplômés), accueillent<br />

peu de boursiers pour 54 % et<br />

leurs diplômés ne « pensent qu’à leur<br />

réussite professionnelle », pour 62 %.<br />

Mais elles sont aussi une « source de fierté<br />

pour le système éducatif français »<br />

pour 72 % des personnes interrogées et<br />

« forment les cadres de demain dont la<br />

France a besoin », pour 66 %.<br />

Ipsos et la CGE se sont également intéressés<br />

aux écoles privées non-membres<br />

de la CGE : 50 % des Français en ont entendu<br />

parler et autant en ont une bonne<br />

opinion. Pour autant, 48 % considèrent<br />

qu’elles « dévalorisent la qualité des<br />

formations dispensées par les Grandes<br />

écoles ».<br />

71 % des Français ont une bonne opinion<br />

des Grandes écoles pour seulement<br />

11 % une mauvaise, les jeunes et<br />

les plus âgés étant les plus enthousiastes<br />

(plus de 80 % de bonnes opinions). Une<br />

bonne opinion qui varie selon les écoles :<br />

de 79 % pour les écoles d’ingénieurs à<br />

62 % pour les écoles de management<br />

(près d’un tiers des jeunes de 18-24 ans<br />

a une mauvaise opinion des écoles de<br />

management) et même 55 % pour les<br />

Sciences Po qui sont considérés comme<br />

les « plus élitistes ».<br />

Les mots qui caractérisent le mieux les<br />

Grande écoles selon l’étude sont de très<br />

loin « élite » (10 % des réponses spontanées)<br />

puis viennent « excellence », « rigueur<br />

», « savoir », « prestige », mais aussi<br />

« cher » et « argent ». Seules l’ENA et<br />

HEC sont citées. Avec des mots suggérés,<br />

c’est « excellence » qui arrive en tête.<br />

Chez les Français qui ont atteint le niveau<br />

bac+5, c’est « élitisme » qui arrive en tête<br />

avec un « réseau » qui monte à 31 %.<br />

Avez-vous une bonne ou une mauvaise opinion des Grandes écoles suivantes ?<br />

Parmi les formations suivantes, quel est le type de formation<br />

qui vous inspire le plus confiance pour :<br />

À la question « où étudier dans un<br />

établissement de renom », les Grandes<br />

écoles écrasent la concurrence : 52 % de<br />

citations pour seulement 9 % de l’université<br />

! Elles sont à plus de 70 % « utiles »<br />

pour les entreprises, la recherche, la compétitivité<br />

ou encore la société. Mais attention,<br />

cette proportion n’est que de 33 %<br />

chez les plus jeunes pour 85 % chez les<br />

plus âgés.<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS EMPLOI<br />

DÉCEMBRE <strong>2023</strong> N° 77<br />

Voici un certain nombre d’opinions négatives que l’on entend parfois<br />

à propos des Grandes écoles. Pour chacune d’entre elles, pensez-vous qu’elle<br />

est tout à fait vraie, plutôt vraie, plutôt fausse ou tout à fait fausse ?<br />

Voici d’autres opinions que l’on entend parfois à propos des Grandes écoles.<br />

Pour chacune d’entre elles, pensez-vous qu’elle est tout à fait vraie,<br />

plutôt vraie, plutôt fausse ou tout à fait fausse ?<br />

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