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L'Essentiel Prépas n°74 - Septembre 2023

L'Essentiel du Sup Prépas est le magazine numérique dédié aux professeurs des classes préparatoires, aux étudiants et à leurs parents. Chaque mois, retrouvez toute l'actualité des classes préparatoires économiques et commerciales et des Grandes Ecoles. Ce magazine vous est proposé par HEADway Advisory, cabinet de conseil en stratégie dédié à l'enseignement supérieur.

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L’ESSENTIEL DU SUP PRÉPAS L’ESSENTIEL DU MOIS SEPTEMBRE <strong>2023</strong> N° 74<br />

constate alors que « le marketing a pris le pas sur le<br />

fond ». Dans ce cadre, Thierry Coulhon explique que la<br />

qualification « rassure les parties prenantes » puisqu’elle<br />

permet aux jeunes de distinguer les écoles privées à<br />

but non-lucratif des autres établissements. Il y a en<br />

effet, pour François Germinet, une « bataille autour de<br />

la qualité, car n’importe quelle officine peut ouvrir un<br />

diplôme, prendre un RNCP et l’appeler bachelor ». Les<br />

EESPIG représentent alors un point de repère qualitatif<br />

qui doit « garantir aux familles loyauté, transparence<br />

et lisibilité sur la formation proposée » défend Cyril<br />

Kao (pour plus de détails, lire l’interview de Phillipe<br />

Choquet à ce sujet ici) .<br />

Un cadre juridique non sécurisé et des dotations<br />

en berne. Alors que l’obtention de la qualification<br />

génère « beaucoup de contraintes, de travail et est<br />

très chronophage » pour Laure Veillard, le financement<br />

des EESPIG demeure un sujet de contrariété. La<br />

directrice de l’ESTA Belfort considère ainsi que « le<br />

contrat est déséquilibré » : la contrepartie financière<br />

semble « dérisoire » au regard des efforts fournis et<br />

du service public rendu. Les établissements EESPIG<br />

sont en effet sujets à un effet ciseaux :<br />

• l’augmentation de la dotation globale pour les institutions<br />

EESPIG n’évolue pas de façon proportionnelle au<br />

nombre d’établissements qui obtiennent la qualification ;<br />

• la dotation par étudiant n’est pas égale entre les établissements,<br />

les premiers EESPIG bénéficient d’une<br />

dotation proportionnellement plus élevée que celle<br />

des derniers entrants. Ainsi, alors qu’en moyenne un<br />

étudiant devrait représenter aux alentours de 600 €<br />

de financement en 2021, certains établissements<br />

n’obtiennent que 200 €/étudiant.<br />

Outre leur volonté de juguler cette baisse des financements<br />

publics, les EESPIG militent également pour<br />

un traitement équitable vis-à-vis des établissements<br />

publics, partant du constat qu’ils sont également opérateurs<br />

du service public. Ils souhaitent par exemple<br />

bénéficier d’une exonération de la taxe foncière, atteindre<br />

et maintenir une subvention annuelle par étudiant à<br />

hauteur de 10 % de l’engagement financier par l’État,<br />

aligner leur taux de réserve appliqué aux crédits à celui<br />

des universités, avoir l’habilitation systématique pour<br />

accueillir des boursiers, etc. (pour plus d’information,<br />

retrouvez ici le plaidoyer 2022 de la FESIC).<br />

L’un des leviers pour instaurer un traitement équitable<br />

entre public et privé serait pour Phillipe Choquet d’inscrire<br />

la mission des établissements reconnus d’intérêt<br />

général dans une loi (retrouvez ici l’interview). À cette<br />

proposition, Thierry Coulhon ajoute que le Hcéres pourrait<br />

également jouer un rôle, par exemple en « statuant<br />

sur la possible habilitation à recevoir des boursiers ».<br />

Une qualification qui manque de notoriété et de visibilité.<br />

Laure Veillard le déplore, « il existe une vraie<br />

méconnaissance de la qualification et de son sens,<br />

notamment par les élus locaux ». Ce déficit de notoriété<br />

à des conséquences, car en plus de limiter l’objectif<br />

de lisibilité du secteur auprès du grand public, il freine<br />

également le développement des territoires et de leur<br />

politique de site. En effet, cette méconnaissance des<br />

valeurs et de la mission portée par les établissements<br />

EESPIG rend la collaboration difficile entre les acteurs<br />

publics et privés qui s’inscrivent bien souvent dans des<br />

« représentations d’images d’Épinal et caricaturales de<br />

ce qu’est l’autre », soutient François Germinet.<br />

Or, quel que soit le statut de l’établissement, il est<br />

nécessaire qu’ils travaillent ensemble dès lors qu’ils<br />

possèdent une mission commune, car pour exister,<br />

créer des territoires attractifs et des politiques de sites<br />

dynamiques, la collaboration semble être « la seule<br />

issue » précise François Germinet. Par exemple, les<br />

EESPIG peuvent capitaliser sur les ressources et pôles<br />

d’excellence publics pour développer leur recherche<br />

et générer de nouveaux relais de croissance.<br />

Leviers pertinents à mobiliser, « les contrats de site<br />

pourraient permettre aux territoires et à leurs acteurs<br />

d’avancer vers un projet commun tout en limitant les<br />

irritants et en créant des conditions de transparence<br />

et de confiance » ajoute Guillaume Gellé, le président<br />

de France Universités.<br />

Un périmètre d’éligibilité qui questionne. Alors<br />

que pour certains, à l’instar de Patrick Hetzel ou de<br />

François Germinet, la qualification EESPIG devrait<br />

faciliter la régulation du secteur de l’ESR et « séparer<br />

le bon grain de l’ivraie », elle symbolise pour beaucoup<br />

le « premier cercle du public » (Thierry Coulhon et<br />

Phillipe Choquet), c’est-à-dire des établissements<br />

privés partageant les mêmes exigences de qualité,<br />

les mêmes valeurs et la même mission que les acteurs<br />

publics. Les EESPIG représentent alors l’exemple d’un<br />

modèle de partenariat vertueux entre public et privé.<br />

Sur la base de valeurs partagées et d’une mission<br />

commune, on peut dès lors s’interroger sur l’évolution<br />

des critères d’éligibilité pour devenir EESPIG. Les<br />

écoles consulaires EESC pourront-elles prétendre<br />

à la qualification comme le président de la CCI Paris<br />

Île-de-France, Dominique Restino, en a émis l’idée<br />

récemment ? À ces questions, Phillipe Choquet reste<br />

ouvert à la discussion, et « souhaite que les EESPIG<br />

soient les plus nombreuses possibles » en posant<br />

néanmoins une limite morale allant au-delà du statut :<br />

« il ne faut pas être à but lucratif et que la mission de<br />

service public soit remplie ».<br />

Juliette Berardi<br />

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