J3E 903 - JUIN 2023 : VERDIR L'INDUSTRIE
J3E 903 de juin 2023 : VERDIR L'INDUSTRIE - Interview : Jean-Marie Danjou, directeur général de l’Alliance Industrie du Futur et délégué général de la filière Solutions Industrie du Futur - Interview :Joël Vormus, directeur des affaires publiques et de la communication, Gimelec et Laurent Siegfried, délégué à l’industrie, Gimelec - Dossier Industrie 4.0 : Maîtriser les consommations énergétiques de l'industrie du futur - Dossier ATEX : Améliorer la sécurité et la performance énergétique de l'éclairage - Dossier CVC : Les solutions performantes se développent dans l'industrie - 3 Questions à... Cyril Jaquillard, chef de produits, Sylvania.
J3E 903 de juin 2023 : VERDIR L'INDUSTRIE - Interview : Jean-Marie Danjou, directeur général de l’Alliance Industrie du Futur et délégué général de la filière Solutions Industrie du Futur - Interview :Joël Vormus, directeur des affaires publiques et de la communication, Gimelec et Laurent Siegfried, délégué à l’industrie, Gimelec - Dossier Industrie 4.0 : Maîtriser les consommations énergétiques de l'industrie du futur - Dossier ATEX : Améliorer la sécurité et la performance énergétique de l'éclairage - Dossier CVC : Les solutions performantes se développent dans l'industrie - 3 Questions à... Cyril Jaquillard, chef de produits, Sylvania.
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INTERVIEW<br />
Joël Vormus & Laurent Siegfried<br />
‘‘<br />
La pandémie et la guerre en Ukraine ont<br />
souligné l’importance de disposer d’une<br />
industrie souveraine et compétitive.<br />
’’<br />
j3e - Plus globalement, la transition énergétique<br />
du secteur industriel est-elle réellement<br />
à l’œuvre ? Avez-vous quelques exemples ou<br />
tendances à nous donner ?<br />
L. S. – L’essentiel des travaux concerne l’amélioration<br />
de l’outil de production et ne concerne pas tant l’énergie.<br />
Ce qui va améliorer la partie énergie dans l’industrie<br />
est le jumeau numérique, qui permet de tester un<br />
modèle, puis de fabriquer la machine dans un second<br />
temps. Cela permettra de réduire considérablement<br />
le temps et les coûts de fabrication des prototypes et<br />
de réduire très significativement le « Time to Market<br />
». Dans l’industrie, les économies d’énergie sont<br />
toujours une conséquence et très rarement une fin en<br />
soi. Pour les usines dépassant une certaine capacité,<br />
les audits énergétiques sont obligatoires, mais il n’y a<br />
aucune obligation de réduction des consommations.<br />
J. V. – Au-delà des électro-intensifs, tous les industriels<br />
doivent maintenant se dire que l’énergie est<br />
un élément à surveiller.<br />
j3e - Comment le Gimelec accompagne-t-il<br />
ses adhérents sur ces sujets ?<br />
L. S. – Nous devons accompagner nos membres,<br />
mais aussi les clients et prospects de nos adhérents.<br />
Nous devons penser au marché de l’occasion et du<br />
réemploi et nous doter d’une véritable feuille de<br />
route ambitieuse, en intégrant de nouveaux acteurs,<br />
notamment ceux du reconditionnement ou de<br />
l’occasion. L’objectif est de tendre vers une industrie<br />
verte. Nous avons également lancé le site industrie40.fr,<br />
qui est le site de référence de l’Industrie 4.0. Il vise<br />
à faire connaître les bénéfices apportés par les offres<br />
de nos adhérents par thème, par technologie et<br />
par métier.<br />
J. V. – Il existe énormément de réglementations européennes<br />
sur la circularité et le réemploi, et l’analyse<br />
de cycle de vie est une méthodologie de plus en plus<br />
employée. Tout reste encore à inventer et il y a beaucoup<br />
de sujets au niveau de la normalisation. Les<br />
industriels ont également besoin d’informations sur<br />
leurs émissions de CO 2<br />
et comment les réduire. Nous<br />
accompagnons nos adhérents sur des sujets très<br />
opérationnels, à l’image des certificats d’économies<br />
d’énergie ou du suivi des éco-organismes, mais aussi<br />
sur des sujets plus politiques, notamment les projets<br />
de loi ou la normalisation française et européenne.<br />
j3e - La France dispose-t-elle des compétences<br />
nécessaires pour mener à bien les transitions<br />
numérique et énergétique du secteur industriel ?<br />
J. V. – Les compétences sont un problème chronique<br />
dans l’industrie depuis de nombreuses années, mais<br />
aujourd’hui, la difficulté de recruter est énorme. Le<br />
Gimelec a lancé la plateforme d’emploi genjobs.fr,<br />
qui permet de jauger les problématiques de l’emploi<br />
dans l’industrie et propose un large éventail d’offres.<br />
Nous avons également lancé, avec Enedis, RTE, le<br />
Sycabel, la FNTP, le SNER et le Serce, les « Écoles<br />
des réseaux pour la transition énergétique ». Ce programme<br />
de formation vise à anticiper et accompagner<br />
les besoins massifs de recrutement de la filière<br />
dans un contexte de forte croissance des activités<br />
de réseaux électriques, portée par la décarbonation<br />
et l’électrification des usages. D’autant qu’avec<br />
l’électrification de l’automobile, cette filière va rapidement<br />
et massivement débaucher des profils chez<br />
nos adhérents. Les besoins sont colossaux à tous les<br />
niveaux, en compétences et en volume.<br />
j3e - À vos yeux, comment va évoluer<br />
le tissu industriel français dans les dix années<br />
à venir ?<br />
L. S. – De nouvelles filières se créent, à l’image de<br />
l’usine de batteries de la société taïwanaise ProLogium<br />
à Dunkerque. La pandémie et la guerre en<br />
Ukraine ont souligné l’importance de disposer d’une<br />
industrie souveraine et compétitive. La tendance est<br />
donc au renforcement de l’industrie en France.<br />
j3e - Quels sont les facteurs clés de succès<br />
que vous identifiez ?<br />
J. V. – La France est un pays très attractif pour l’industrie.<br />
Il faut cependant être vigilants sur la compétitivité<br />
fiscale, qui est notre principal handicap. La<br />
stabilité réglementaire est également essentielle : la<br />
France produit beaucoup de lois, qui sont difficiles à<br />
digérer pour un secteur industriel également soumis<br />
aux règles européennes. Une échelle européenne<br />
qui est souvent la maille minimale pour l’industrie.<br />
L. S. – Pour souligner l’importance de l’industrie,<br />
le secteur agricole représente 2,4 % du<br />
PIB, contre 12,6 % pour celui de l’industrie. En<br />
Allemagne, l’industrie représente 25 % du PIB.<br />
D’autant que l’industrie est un secteur d’activité<br />
attractif, avec une majorité de CDI et des salaires<br />
au-dessus de la moyenne. Pour la stabilité économique<br />
de la France, il faut un noyau dur<br />
industriel. Il faudrait atteindre les 14 à 15 % du<br />
PIB. Aujourd’hui, tous les institutionnels comprennent<br />
cet enjeu et l’importance de l’industrie<br />
en France. <br />
16 j3e <strong>903</strong> / <strong>JUIN</strong> <strong>2023</strong> - www.filiere-3e.fr