ICI MAG : MARS 2024

SÉLECTION MÉDIATHÈQUES
Babysitter de Joyce Carol OATES
Hannah Jarrett vit dans une
banlieue chic de Détroit et
avec son mari fait partie de
l’élite blanche et riche. Une
domestique portoricaine, Ismelda,
est le témoin muet et
l’aide efficace toujours là pour
combler les manquements de
la mère auprès de ses enfants.
Confite d’ennui dans son rôle
de femme au foyer (performante)
et de mère (parfaite)
de leurs deux jeunes enfants, elle se pense protégée,
notamment du prédateur qui sévit et abandonne des
petits cadavres dénudés avec à côté leurs vêtements
soigneusement pliés et repassés. Les journalistes ont
baptisé ironiquement ce monstre « Babysitter ». Ces
enfants martyrs étaient des enfants abandonnés, livrés
à eux-mêmes dans des quartiers déshérités, ces
choses-là ne peuvent pas arriver dans leur monde.
Mais la frontière entre ces deux mondes n’est pas
étanche et tout bascule lorsqu’elle tombe sous l’emprise
d’un homme mystérieux, violent, qui la manipule.
Elle se rend bien compte de l’insolite de la situation,
mène sa petite enquête - elle ignore même le nom de
son amant, elle connaît seulement ses initiales, Y.K.-
mais la domination est trop forte, elle le rejoint dès
qu’il le lui ordonne. Et tenir son rôle au foyer conjugal
est de plus en plus difficile.
Quel est le lien de cet homme avec les crimes commis
? Son homme à tout faire, Mikey, cherche à comprendre
lui aussi.
Joyce Carol Oates explore avec finesse et cruauté les
mentalités et la psychologie de ses personnages, et
aussi les psychoses de la société américaine, le racisme
toujours prégnant, l’angoisse de la déchéance
sociale.
Michèle - Cercle des Lecteurs
Médiathèque de Parentis-en-Born
Où vont les larmes quand
elles sèchent de Baptiste BEAULIEU
Baptiste Beaulieu est auteur de
livres pour la jeunesse, chroniqueur
à France Inter le lundi
matin et médecin généraliste à
Toulouse.
« Mon travail de romancier est
d'être une machine à transformer
le réel. Le réel fait la queue
dans ma salle d'attente. D'ailleurs,
je ne crois pas au romancier
dans sa tour d'ivoire qui peut
écrire sur le monde sans être dans le monde. »
Dans son roman, il incarne le personnage de Jean. Alors
interne à l’hôpital, il assiste impuissant à la mort d’un
enfant de 6 ans des suites d’une crise d’épilepsie. Sa
mère aura communiqué au SAMU une adresse au 42 au
lieu du 24. Normalement il aurait fallu 6mn pour intervenir
sur place ; mais il faudra 12mn aux secours
pour arriver. Depuis, Jean sera incapable de pleurer. Il
quittera l’hôpital, prendra 20 jours de congés à Rome «
pour manger des pâtes carbonara » avec le « fantôme
du gosse qui colle au train »… Mais au retour, toujours
aucune larme.
Il ouvre un cabinet. Devenu médecin généraliste avec
une salle d’attente débordante, de très longues journées
de consultations au cabinet et de visites à domicile,
il accueille les larmes de ses patients versées pour des
petits bobos ou pour des maladies incurables. Il écoute,
console, soigne tout le monde.
L’originalité du roman c’est la façon dont Jean décrit
son quotidien. Il écrit comme il parle, ou du moins,
comme il pense. Il n’a pas de filtres pour rabaisser ses
collègues et traiter certains de ces patients hommes
de « connards » quand ces derniers violentent leurs
femmes. Il cache une colère, une rage intérieure.
A quoi ça sert de pleurer ? C’est incontrôlable.
Un roman plein d’humanité.
Marie-Pierre - Bibliothécaire
Médiathèque de Mimizan
Rita de Marie PAVLENKO
« Qui est Rita ? Que lui est-il arrivé
? Tour à tour, élèves et professeur
racontent leur année de terminale,
celle qu’ils ont vécue.
Viggo, l’amoureux fou,
Romane, l’amie attentionnée,
Timour, le copain décalé,
Tous brossent un portrait de Rita,
une ébauche tendre, mais dramatiquement
incomplète. Car si leurs
histoires disent l’amour, le désir,
l’amitié, chacun avoue aussi être passé à côté du drame.
Personne n’a rien vu venir. »
Ce roman, à plusieurs voix raconte l’histoire de « Rita
», jeune lycéenne qui porte sa famille à bout de bras.
Elle donne le change au fil des mois sans laisser entrevoir
le drame et l’horreur qui envahissent progressivement
sa vie.
Ce roman est addictif et nous tient en haleine jusqu’à
la dernière page, l’écriture est percutante et empreinte
de douceur.
C’est un roman avec une grande force, un véritable coup
de cœur.
Audrey - Bibliothécaire
Médiathèque de Biscarrosse
22 - ICI MAG mars 2024