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JEUDI<br />
1 ER NOVEMBRE 2001<br />
SUISSE<br />
L’ouverture et la cohérence<br />
Conférence de l’OMC � A Doha, Pascal Cou<strong>ch</strong>epin soutiendra sans équivoque<br />
un nouveau cycle de négociations pour libéraliser le commerce mondial<br />
De Berne<br />
Stéphane Sieber<br />
Lancer un nouveau cycle<br />
de négociations commerciales.<br />
Renforcer la<br />
confiance des pays en développement<br />
dans le système multilatéral.<br />
Trouver une solution<br />
pour concilier le droit des brevets<br />
et l’accès à des médicaments<br />
essentiels dans certains<br />
pays pauvres. Accueillir la Chine<br />
et Taiwan au sein de l’organisation.<br />
Un, deux, trois, quatre, ce<br />
sont les axes qui focaliseront<br />
l’essentiel de l’intérêt lors de la<br />
quatrième conférence ministérielle<br />
de l’Organisation mondiale<br />
du commerce (OMC), du<br />
9 au 13 novembre à Doha, capitale<br />
du Qatar. La Suisse sera représentée<br />
par le conseiller fédéral<br />
Pascal Cou<strong>ch</strong>epin. Il exposait<br />
hier à la presse la position<br />
définie par le Conseil fédéral.<br />
Nouveau thème<br />
La Suisse, rappelle le ministre<br />
de l’Economie, s’est toujours<br />
profilée pour l’ouverture de négociations<br />
multilatérales d’une<br />
large envergure. Tout naturellement,<br />
elle continuera donc de<br />
se battre, à Doha, pour une libéralisation<br />
progressive du commerce<br />
des biens et services ainsi<br />
que pour une adaptation des<br />
règles du jeu aux développements<br />
de l’économie mondiale.<br />
Mais aujourd’hui, relève Pascal<br />
Cou<strong>ch</strong>epin, un nouveau thème<br />
prend de plus en plus d’importance:<br />
la garantie que la politique<br />
commerciale ne se développe<br />
pas indépendamment<br />
des autres politiques. Notamment<br />
en matière de développement,<br />
d’environnement et de<br />
normes du travail. C’est que, admet-il,<br />
la mondialisation est en<br />
mar<strong>ch</strong>e, et certains de ses effets<br />
sont ressentis comme négatifs.<br />
Ce qu’en pense le conseiller<br />
fédéral ? Qu’assurer la cohérence<br />
des différentes poli-<br />
EXPO.02<br />
Gouvernement<br />
aux festivités<br />
Expo.02 arrive à point<br />
nommé, selon le Conseil<br />
fdéral. «Après les attentats<br />
terroristes, les actes de violence, les<br />
crises et les accidents survenus ces<br />
dernières semaines, l’exposition nationale<br />
contribuera à asseoir notre<br />
identité et à renforcer la cohésion<br />
nationale», a souligné hier le<br />
gouvernement. Il sera présent<br />
in corpore à l’ouverture<br />
d’Expo.02. A l’invitation de la<br />
direction d’Expo.02, les sept<br />
membres du Conseil fédéral<br />
participeront aux festivités<br />
marquant l’ouverture de la manifestation<br />
le 14 mai pro<strong>ch</strong>ain.<br />
Le soir, à l’issue de la cérémonie<br />
officielle qui se déroulera à<br />
Neu<strong>ch</strong>âtel, <strong>ch</strong>aque conseiller<br />
fédéral se rendra sur l’un ou<br />
l’autre des arteplages qui accueilleront<br />
simultanément le<br />
spectacle d’ouverture. Le<br />
Conseil fédéral est particulièrement<br />
impatient de découvrir<br />
les quatre pavillons de la<br />
Confédération. Ils inciteront<br />
les visiteurs, sous une forme ludique,<br />
à se pen<strong>ch</strong>er sur la<br />
Suisse et sur les défis planétaires,<br />
mais aussi sur euxmêmes.<br />
/ap<br />
tiques est effectivement devenu<br />
incontournable. C’est<br />
pourquoi l’OMC doit collaborer<br />
avec les autres organisations<br />
internationales intéressées<br />
pour que cette cohérence<br />
s’incarne toujours<br />
mieux dans les faits. Mais il insiste,<br />
dans le même souffle:<br />
«L’OMC doit rester une organisation<br />
qui réglemente le commerce<br />
mondial des biens et services». Pas<br />
de confusion des genres, voilà<br />
pour le contexte général.<br />
Mieux parti qu’à Seattle<br />
D’où vient-on, où va-t-on ?<br />
L’OMC a remplacé le Gatt en<br />
1995. Ses statuts prévoient une<br />
conférence ministérielle au<br />
moins tous les deux ans. Après<br />
Singapour (1996) et Genève<br />
(1998), la troisième a eu lieu à<br />
Seattle en décembre 1999. Un<br />
nouveau cycle de négociations<br />
devait s’y ouvrir, mais l’é<strong>ch</strong>ec a<br />
été au rendez-vous. Cette fois,<br />
cela semble mieux parti. États-<br />
Unis d’Amérique et Union européenne<br />
se sont rappro<strong>ch</strong>és.<br />
Quant aux pays en développement,<br />
ils défendent de plus en<br />
plus des intérêts différents.<br />
Un document bref et concis<br />
(celui de Seattle couvrait trente<br />
pages !) aborde tous les thèmes.<br />
Q<br />
uelles seront, à Doha,<br />
les forces en présence?<br />
Disons qu’on<br />
recense d’abord les<br />
partisans d’un cycle de négociation<br />
multilatérale étendu:<br />
l’Union européenne, le Japon,<br />
la Corée, la Norvège et la Suisse<br />
et les pays d’Europe centrale et<br />
orientale. A part ces derniers,<br />
ils forment le groupe des «multifonctionnalistes».<br />
De ceux qui<br />
entendent que soient pris en<br />
compte les aspects non com-<br />
C’est le dernier projet de déclaration,<br />
présenté il y a moins<br />
d’une semaine par l’ambassadeur<br />
Stuart Harbinson (représentant<br />
de Hong Kong auprès<br />
de l’OMC et président du<br />
Conseil général de l’OMC). Il<br />
prévoit des négociations en vue<br />
d’un meilleur accès pour les<br />
produits industriels et pour des<br />
allégements de procédures administratives,<br />
ainsi qu’une amé-<br />
lioration de la transparence des<br />
mar<strong>ch</strong>és publics. Les négociations<br />
en cours dans l’agriculture<br />
devraient se poursuivre.<br />
En revan<strong>ch</strong>e, sur les thèmes litigieux<br />
(rapports entre commerce<br />
et investissements et<br />
entre commerce et concurrence,<br />
indications géographiques,<br />
environnement), les<br />
négociations ne débuteront<br />
peut-être qu’ultérieurement.<br />
Toutes les négociations, est-il<br />
encore précisé, devront<br />
prendre en considération les aspects<br />
du développement.<br />
Grand suspense<br />
Attention, avertit Pascal Cou<strong>ch</strong>epin:<br />
les décisions qui doivent<br />
être prises à Qatar concernent<br />
uniquement la reprise des<br />
négociations. Si elles sont<br />
lancées (et il faudra probablement<br />
attendre la matinée du 14<br />
novembre pour connaître le résultat<br />
de la conférence), de<br />
nouveaux mandats devront<br />
bien sûr être formulés. Il faudra<br />
alors compter avec un cycle de<br />
pourparlers de trois à cinq ans,<br />
suivi d’une phase de mise en<br />
œuvre de trois à cinq ans également.<br />
C’est peu dire que le suspense<br />
est grand avant la mise à<br />
feu. /STS<br />
Pas de paralysie du trafic<br />
Aviation � Issue en vue pour les filiales de SAirGroup.<br />
Walter B. Kielholz pressenti pour la présidence de Crossair<br />
De Berne<br />
François Tissot-Daguette<br />
Les informations se sont<br />
bousculées, hier, sur l’avenir<br />
des filiales de SAir-<br />
Group, et en particulier de SR<br />
Te<strong>ch</strong>nics, de Swis<strong>sport</strong> et<br />
d’Atraxis dont le nom du repreneur<br />
devrait être connu aujourd’hui.<br />
A en croire les négociateurs<br />
dans ce dossier, tout risque<br />
de paralysie du trafic aérien est<br />
exclu ce week-end. Crossair devrait<br />
par ailleurs annoncer aujourd’hui<br />
ses nouvelles structures.<br />
Walter B. Kielholz, de<br />
SwissRe, prendrait la présidence<br />
de la société.<br />
La journée d’hier a été marquée<br />
par le régime de la dou<strong>ch</strong>e<br />
écossaise, les nouvelles les plus<br />
alarmistes ayant côtoyé les plus<br />
optimistes. Il semble pourtant<br />
qu’une issue à la crise des liquidités<br />
des services annexes de<br />
SAirGroup soit en vue. Les négociations<br />
menées avanceraient<br />
de manière très positive.<br />
Alors que le Conseil fédéral esti-<br />
La mondialisation est en mar<strong>ch</strong>e, a déclaré, hier à Berne,<br />
Pascal Cou<strong>ch</strong>epin. PHOTO KEYSTONE<br />
Les priorités des camps en présence<br />
merciaux de leur politique<br />
agricole. Les Etats-Unis, pour<br />
leur part, ont longtemps soutenu<br />
que les négociations ne<br />
devaient traiter que d’une amélioration<br />
de l’accès au mar<strong>ch</strong>é.<br />
Mais la nouvelle administration<br />
Bush fait à présent preuve<br />
d’une plus grande souplesse,<br />
analyse Pascal Cou<strong>ch</strong>epin.<br />
Les pays exportateurs de produits<br />
agricoles («groupe de<br />
Cairns») voudraient, eux, supprimer<br />
les dispositions spéci-<br />
mait hier matin que le signal<br />
positif demandé avant l’octroi<br />
de la première tran<strong>ch</strong>e du prêt<br />
d’un milliard destiné à la poursuite<br />
des vols de Swissair cet hiver<br />
n’était pas encore donné, à<br />
Zuri<strong>ch</strong>, le responsable du dossier,<br />
Andreas Hugli, conseiller<br />
personnel du conseiller d’Etat<br />
Ruedi Jeker, affirmait le<br />
contraire.<br />
Selon lui, les discussions se<br />
poursuivent de manière bilatérale<br />
avec les principaux intéressés<br />
et une «solution positive est<br />
en vue d’ici la semaine pro<strong>ch</strong>aine».<br />
Cette solution interviendrait<br />
avec l’appui «des investisseurs»,<br />
sans l’octroi de fonds supplémentaires<br />
de la part du canton<br />
de Zuri<strong>ch</strong>. Celui-ci estime qu’il<br />
ne revient pas à l’Etat d’assainir<br />
des sociétés privées. Le spectre<br />
d’une paralysie du trafic aérien<br />
ce week-end s’éloigne donc.<br />
Par des reprises<br />
De fait, il semble bien que la solution<br />
passe par une reprise rapide<br />
des principales sociétés<br />
fiques en matière agricole, éliminer<br />
les subventions à l’exportation<br />
et démanteler les mesures<br />
de soutien au plan interne,<br />
à l’exception de la seule<br />
«boîte verte», les paiements directs<br />
qui n’influencent pas la<br />
production. Ce sont le Canada,<br />
l’Australie, la Nouvelle-Zélande,<br />
l’Afrique du Sud, divers<br />
pays d’Asie du sud-est (Thaïlande,<br />
Indonésie, Philippines)<br />
et sud-américains (Brésil, Argentine,<br />
Chili. Uruguay, Co-<br />
concernées par de nouveaux acquéreurs.<br />
Les rumeurs concernant la reprise<br />
d’Atraxis, responsable des<br />
systèmes informatiques permettant<br />
notamment l’enregistrement<br />
des réservations, ont<br />
d’ailleurs circulé de manière de<br />
plus en plus forte durant toute<br />
la journée d’hier, après les<br />
bruits faisant état lundi de<br />
l’intérêt d’IBM et de Lufthansa<br />
pour la société. Selon les déclarations<br />
faites hier soir par un<br />
porte-parole de Crossair, le nom<br />
du repreneur d’Atraxis devrait<br />
être connu aujourd’hui.<br />
Swis<strong>sport</strong>, qui effectue le tri des<br />
bagages à Kloten, ne poserait<br />
pas de problème particulier selon<br />
les spécialistes. Elle serait<br />
sur le point d’être vendue.<br />
Quant à GateGourmet, active<br />
dans la restauration de bord,<br />
elle a un niveau de liquidités<br />
suffisant pour l’instant et des<br />
négociations pour une reprise<br />
sont aussi en cours.<br />
Pour SR Te<strong>ch</strong>nics, qui effectue<br />
l’entretien d’appareils, le scéna-<br />
lombie et Bolivie). Une partie<br />
d’entre eux sont favorables à<br />
l’ouverture d’un cycle à large<br />
spectre.<br />
Enfin, un groupe de pays en<br />
développement, emmené par<br />
l’Inde, le Pakistan, l’Egypte et<br />
la Malaisie, estime n’avoir pas<br />
pu tirer les avantages attendus<br />
de l’Uruguay Round. Ces pays<br />
placent dès lors l’adaptation de<br />
ces accords à leurs besoins en<br />
tête de leurs priorités – avant<br />
tout nouvel engagement. /STS<br />
rio envisagé n’est guère différent.<br />
La société indique posséder<br />
des liquidités suffisantes<br />
pour poursuite ses activités jusqu’à<br />
la fin de la semaine pro<strong>ch</strong>aine.<br />
Pour assurer la continuation<br />
des activités au sol indispensables<br />
à la poursuite des<br />
vols à Kloten, l’aéroport pourrait<br />
aussi reprendre éventuellement<br />
une partie des activités aujourd’hui<br />
effectuées par des filiales<br />
de SAirGroup. La caution<br />
du canton à Unique Airport<br />
prendrait ainsi tout son sens.<br />
Swissair, de son côté, doit pouvoir<br />
compter sur les fonds de la<br />
Confédération pour continuer<br />
à voler dès la fin de la semaine<br />
aussi, «afin de rassurer les passagers<br />
sur la poursuite des vols assurés par<br />
la compagnie», la Confédération<br />
a-t-elle annoncé hier être prête<br />
à verser immédiatement une<br />
première tran<strong>ch</strong>e de 50 millions<br />
sur le prêt d’un milliard mis à<br />
disposition pour l’horaire d’hiver,<br />
a expliqué hier le <strong>ch</strong>ancelier<br />
de la Confédération, A<strong>ch</strong>ille<br />
Casanova. /FTD-L’Agefi<br />
L’EXPRESS<br />
PAGE31<br />
Dans un contexte<br />
international<br />
guerrier, loin<br />
des grandes manifs,<br />
l’ouverture pro<strong>ch</strong>aine de<br />
la conférence ministérielle<br />
de l’OMC passe<br />
un peu inaperçue. Il<br />
s’agit pourtant d’une<br />
rencontre de toute première<br />
importance dans<br />
le <strong>ch</strong>antier de l’économie<br />
mondiale. Après l’é<strong>ch</strong>ec<br />
de Seattle, Doha<br />
pourrait débou<strong>ch</strong>er sur<br />
l’ouverture historique<br />
d’un nouveau cycle de<br />
négociations commerciales<br />
multilatérales.<br />
COMMENTAIRE<br />
L’intérêt<br />
de la Suisse<br />
L’un des enjeux, c’est une<br />
nouvelle baisse des droits de<br />
douane. Et le problème est<br />
que, s’ils n’atteignent plus<br />
que 4% dans les pays industrialisés,<br />
ils restent de l’ordre<br />
de 40% dans ceux du tiers<br />
monde. Autant dire que les<br />
premiers – dont la Suisse,<br />
<strong>ch</strong>ampionne libérale absolue<br />
avec 1,8% en moyenne –<br />
n’ont pas la même perception<br />
que les seconds.<br />
Il serait cependant trop réducteur<br />
de ne vouloir distinguer<br />
que le clivage entre<br />
ri<strong>ch</strong>es (forcément égoïstes) et<br />
pauvres (forcément exploités).<br />
Les lignes de partage<br />
sont plus compliquées,<br />
avec beaucoup d’éléments invitant<br />
à la pondération.<br />
Prenez l’agriculture: la<br />
Suisse, en l’occurrence, n’estelle<br />
pas légitimée à revendiquer<br />
son caractère multifonctionnel<br />
? On pourrait le<br />
croire; Europe, Etats-Unis et<br />
Japon sont d’ailleurs sur la<br />
même longueur d’onde. Mais<br />
d’autres prétendent qu’il ne<br />
s’agit là que de protectionnisme<br />
grimé en défense de<br />
l’environnement et de la paysannerie.<br />
Le puissant Brésil<br />
menace même de boycotter les<br />
négociations futures si l’on ne<br />
se dirige pas vers plus de<br />
libéralisation!<br />
Et la controverse autour des<br />
brevets qui protégeraient l’industrie<br />
pharmaceutique bâloise<br />
au détriment de la santé<br />
publique dans les pays en développement?<br />
Pas si vite !<br />
La délégation suisse, prête à<br />
un geste envers certains pays<br />
africains, estime n’avoir cependant<br />
pas à plier devant<br />
des pays comme l’Inde qui,<br />
derrière l’argument de la<br />
pauvreté, veulent surtout<br />
faire prospérer leurs propres<br />
fabricants de génériques. La<br />
lutte contre les pandémies,<br />
dit-on à Berne, sort du cadre<br />
de l’OMC.<br />
Où l’on voit une fois de plus<br />
que, autour de grands principes<br />
dont on voudrait tant<br />
croire à l’universalité lorsqu’ils<br />
semblent assurer une<br />
part de prospérité, les bras<br />
de fer restent largement déterminés<br />
par certains intérêts<br />
nationaux. C’est la vie.<br />
Stéphane Sieber<br />
ENBREF<br />
UE � Crédit pour la re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>e. Le<br />
Conseil fédéral demande au<br />
Parlement une enveloppe de<br />
869 millions de francs pour financer<br />
la participation de la<br />
Suisse aux programme de re<strong>ch</strong>er<strong>ch</strong>e<br />
de l’Union européenne.<br />
Ce crédit est valable pour<br />
les années 2003 à 2006. /ap