dossier 1994 4 01.pdf, Seiten 1-17 - Dokumente/Documents
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DOCUMENTS<br />
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l'étranger (Suisse, Suède) dès 1946, le film ne fut autorisé en Allemagne (fédérale)<br />
qu'en 1950. Les ruines de Berlin avaient dans l'intervalle suscité une sorte<br />
de nouveau genre, le Trümmerfilm (Film des décombres), né essentiellement<br />
dans la zone d'occupation soviétique où les autorités s'étaient empressées de<br />
remettre en route la production.<br />
Ce décor de décombres devait inspirer aussi à Roberto Rossellini, alors un des<br />
maîtres du néo-réalisme italien, son célèbre Allemagne, année zéro tourné à<br />
Berlin-même en 1947. Après Die Mörder sind unter uns de Wolfgang Staudte<br />
(Les Assassins sont parmi nous, 1946), le premier film allemand d'après guerre,<br />
la DEFA (l'organisme de production crée par l'occupant soviétique avec ce<br />
qui restait des moyens de l'UFA) produit notamment Irgendwo in Berlin<br />
(Quelque part à Berlin), tourné par Gerhard Lamprecht dans les ruines de Berlin<br />
– un de ces films destinés à offrir à la jeunesse des perspectives optimistes.<br />
La division de Berlin dans les films de l'Ouest<br />
La division de Berlin a inspiré, bien sûr, beaucoup plus de films à l'Ouest qu'à l'Est.<br />
Toutefois Konrad Wolf, un des réalisateurs éminents de la RDA a pu réaliser Der<br />
geteilte Himmel (le Ciel partagé, 1964) un des rares signes d'un petit dégel ayant<br />
encouragé ceux qui seront sanctionnés peu après. La situation de Berlin-Ouest,<br />
analogue à celle d'une île, et développant le sentiment d'enfermement, a été traitée<br />
métaphoriquement par Helma Sanders-Brahms en 1986 dans Laputa (dont<br />
le titre est emprunté à un chapitre célèbre de Gulliver). Quelques cinéastes, rares,<br />
ont évoqué les événements qui ont marqué la division de l'Allemagne. C'est le<br />
cas de Thomas Brasch, l'écrivain venu de RDA qui a tourné à l'Ouest Engel aus<br />
Eisen (Les Anges de fer, 1980), dont l'intrigue est entièrement conditionnée par<br />
le blocus de Berlin. Il avait été précédé en 1948 par Berliner Ballade, film dans<br />
lequel R.A. Stemmle, dépositaire de la tradition du cabaret satirique, décrivait<br />
avec ironie la division de la ville. Il sera suivi en 1988 d'un film du réalisateur de<br />
RDA Frank Beyer et qui a la particularité d'avoir été co-produit par des sociétés<br />
de Berlin-Ouest et de Berlin-Est associées dans cette évocation des combines<br />
de l'immédiat après-guerre sous les nouvelles administrations et les polices mises<br />
en place par les vainqueurs : Der Bruch (Le Casse, 1989). Le Mur lui-même est<br />
devenu objet cinématographique dans les fictions, dès sa construction puisque<br />
B. Wilder, en tournage à Berlin pour Un, deux, trois, décida immédiatement de<br />
l'intégrer à son scénario qui, déjà, évoquait la situation très particulière qui était<br />
alors celle de l'Allemagne. Le Mur inspira aussi quelques films d'aventure, particulièrement<br />
américains. Mais, mis à part L'Espion qui venait du froid (1965, de<br />
Martin Ritt d'après le roman de Le Carré) la plupart ne voient pas plus loin que<br />
le bout de l'intrigue. Il appartenait à des cinéastes allemands et plus particulièrement<br />
à ceux de Berlin-Ouest d'affronter ce sujet singulier.<br />
Ce fut en général avec ironie, et loin des schémas dominants. Ainsi Der Mann<br />
auf der Mauer (L'Homme sur le mur, 1982) de Reinhard Hauff, d'après le<br />
roman de Peter Schneider (en France : Le sauteur de mur), mettant en scène<br />
un héros qui ne peut tolérer cette frontière maçonnée et dont la faculté de pas-