dossier 1994 4 01.pdf, Seiten 1-17 - Dokumente/Documents
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DOCUMENTS<br />
29<br />
Déjà la crise immobilière<br />
Une première crise immobilière se fait déjà sentir. La masse des bureaux que<br />
l'on achève de construire sont à des prix de location trop élevés, comparables<br />
à ceux pratiqués dans les métropoles internationales comme Paris ou Londres.<br />
Les rénovations coûteuses sur des immeubles du Kurfürstendamm doivent déjà<br />
revoir les loyers à la baisse. Les promoteurs se sont laissés griser par la perspective<br />
d'un réajustement trop rapide de l'économie berlinoise. Sans réel développement<br />
des services et de la consommation, les immeubles des Friedrichstadtpassagen,<br />
opération de bureaux et de commerces où des grands groupes<br />
français comme Bouygues, SGE, les Galeries Lafayette se sont impliqués, risquent<br />
fort de rester sous occupés. La fuite scandaleuse du promoteur immobilier<br />
de Francfort, Jürgen Schneider, a jeté un doute en Allemagne sur l'authenticité<br />
des fortunes affichées dans cette branche de l'économie. L'octroi<br />
d'allègements fiscaux, pour encourager l'investissement immobilier dans les<br />
nouveaux Länder et à Berlin, a en partie contribué à gonfler l'offre dans un marché<br />
artificiel.<br />
Spéculation immobilière, spéculations d'images, dans un contexte économique<br />
international et régional qui reste difficile malgré la reprise observée. Bien<br />
malin celui qui peut avec assurance prédire la réalisation dans les temps voulus<br />
de telle ou telle opération annoncée à grand renfort de vidéos et de<br />
maquettes d'architecture. Les experts immobiliers, pourtant grands vendeurs<br />
d'optimisme, reconnaissent entre eux que le marché berlinois est une affaire<br />
de croyance. Les architectes se demandent à la sortie de chaque nouveau projet<br />
s'il a des chances de voir le jour. L'image virtuelle, et surtout les images d'architecture,<br />
de gratte-ciel à l'américaine, de façades lumineuses et immatérielles<br />
à la japonaise, jouent un rôle quasi incantatoire face à l'avenir<br />
économique incertain de la ville.<br />
Tout se passe comme si l'image future de Berlin échappait de plus en plus à<br />
l'idée que l'on s'en était faite. Les questions fondamentales et les problèmes<br />
liés à la réunification des deux moitiés de la ville ont pourtant été longuement<br />
analysés, maintes fois débattus parmi les experts et dans l'opinion publique,<br />
avant de déboucher sur tout un arsenal de déclarations de principe et de plans<br />
d'aménagement. Le « Stadtforum », plate-forme de discussion mise en place<br />
depuis 1991 par le Sénateur chargé de l'Urbanisme, Volker Hassemer, a ainsi<br />
joué un rôle exemplaire pour la transparence et la concertation publique. Mais<br />
le discours a pris assez vite ses distances vis-à-vis des réalités économiques.<br />
Ces débats sur l'avenir de la ville, qui ont surtout été le fait d'administrateurs,<br />
de politiques, d'experts et d'architectes, ont souffert de l'absence d'acteurs<br />
économiques de taille comme les investisseurs privés ou la Treuhandanstalt.<br />
Cette dernière particulièrement, l'organisme chargé de gérer et de privatiser<br />
les entreprises et les immeubles étatisés sous l'ancien régime communiste,<br />
représente à elle seule le tiers du patrimoine immobilier de Berlin-Est. La plupart<br />
des politiques de la coalition SPD-CDU, qui contrôlent l'administration du<br />
Sénat, ont par ailleurs fait leurs armes du temps du Mur, dans une économie<br />
artificiellement entretenue par des subventions fédérales. Leurs formules rhé-