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DIE HÜTER DER TUNDRA<br />

«Als Filmemacher interessieren mich Menschen, die schwierigen Lebensumstän<strong>de</strong>n mit Lei<strong>de</strong>nschaft<br />

und Humor begegnen. Ihrem Blick will ich folgen und damit durch seine poetischen Motive einen<br />

letztlich politischen Film schaffen.» (René Har<strong>de</strong>r)<br />

Au commencement du film, <strong>la</strong> grand-mère est assise dans le séjour, habillée chau<strong>de</strong>ment, ses cheveux<br />

noués d’un fou<strong>la</strong>rd coloré. Elle car<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>la</strong>ine entre <strong>de</strong>ux p<strong>la</strong>nches <strong>de</strong> bois munies <strong>de</strong> pointes<br />

en métal pour l’affiner et l’assouplir avant <strong>de</strong> <strong>la</strong> filer. Elle dit: «J’aimerais vous raconter un conte qui<br />

me venait toujours à l’esprit auparavant. Mais maintenant, je n’arrive plus à m’en souvenir.» Le conte<br />

par<strong>la</strong>it-il du bon vieux temps avant <strong>la</strong> dissolution <strong>de</strong> l’Union soviétique, quand les Samis vivaient encore<br />

dans <strong>de</strong> nombreux vil<strong>la</strong>ges, quand il y avait encore <strong>de</strong>s kolkhoses qui assuraient leurs existences<br />

et quand les éleveurs <strong>de</strong> rennes pouvaient vivre leurs anciennes traditions sécu<strong>la</strong>ires dans le haut<br />

Nord?<br />

On enchaîne sur <strong>de</strong>s nuages au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong> toundra infiniment gran<strong>de</strong> et sur les troupeaux <strong>de</strong> rennes<br />

défi<strong>la</strong>nt dans le paysage: Ces images nous ramènent au présent, à l’époque mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rniers<br />

Samis qui luttent pour leur survie dans <strong>la</strong> péninsule russe <strong>de</strong> Ko<strong>la</strong>. Ils font partie <strong>de</strong> cette ethnie<br />

qui vit sur un vaste territoire au nord du cercle po<strong>la</strong>ire al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> Norvège jusqu’à <strong>la</strong> Russie, en<br />

passant par <strong>la</strong> Fin<strong>la</strong>n<strong>de</strong> et <strong>la</strong> Suè<strong>de</strong>.<br />

Krasnoschtschelje, un vil<strong>la</strong>ge d’un autre mon<strong>de</strong>, se trouve au centre <strong>de</strong> ce documentaire révé<strong>la</strong>teur.<br />

La vie <strong>de</strong>s 500 habitants, qui sont restés, est très dure, surtout en hiver. Le seuil <strong>de</strong> pauvreté est proche,<br />

l’espérance <strong>de</strong> vie courte. Il n’y a pas <strong>de</strong> routes, l’approvisionnement médical a été suspendu, <strong>la</strong><br />

seule liaison avec le mon<strong>de</strong> est un hélicoptère qui apporte les marchandises et emporte les personnes<br />

à Mourmansk, <strong>la</strong> ville principale. La gran<strong>de</strong> menace se trouve dans l’exploration <strong>de</strong> <strong>la</strong> toundra par<br />

<strong>de</strong>s multinationales exploitant les matières premières, et dont les gran<strong>de</strong>s machines se rapprochent<br />

du <strong>de</strong>rnier vil<strong>la</strong>ge <strong>de</strong>s Samis: Car les pâturages <strong>de</strong>s rennes renferment <strong>de</strong> l’or, du p<strong>la</strong>tine et <strong>de</strong> l’aluminium<br />

dans leur sous-sol.<br />

Aucune négociation n’a lieu. Le pays appartient à <strong>la</strong> Russie. Dans le vil<strong>la</strong>ge, on est inquiet, mais les<br />

gens sont prêts à lutter pour leur existence et leurs traditions. Car une vie alternative dans <strong>la</strong> capitale<br />

<strong>de</strong> l’ob<strong>la</strong>st <strong>de</strong> Mourmansk n’est pas envisageable pour <strong>la</strong> plupart. Ils ne veulent pas vivre ailleurs et<br />

beaucoup ne pourraient pas vivre autrement.<br />

Le film montre avec calme et force <strong>la</strong> détermination <strong>de</strong>s Samis à se défendre en fondant, par exemple,<br />

leur propre parlement. C’est Sascha, mère et députée âgée <strong>de</strong> 30 ans, qui fait tout son possible<br />

pour donner un avenir au vil<strong>la</strong>ge. Le sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté assure <strong>la</strong> cohésion <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. La<br />

course annuelle <strong>de</strong> luges tirées par les rennes, pour <strong>la</strong>quelle on attend <strong>de</strong>s spectateurs venus <strong>de</strong> loin,<br />

le démontre. Les préoccupations doivent sortir. Car, en somme, il s’agit <strong>de</strong>s rennes, <strong>la</strong> base <strong>de</strong> l’existence<br />

<strong>de</strong>s Samis, et ils peuvent se dép<strong>la</strong>cer dans un rayon al<strong>la</strong>nt jusqu’à mille kilomètres. Le pays<br />

doit appartenir aux Samis.<br />

Le réalisateur René Har<strong>de</strong>r, qui a dû aussi abor<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s malentendus culturels, a réussi en quatre ans<br />

à bâtir un contact étroit avec <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s Samis. Avec une petite équipe, il a pu filmer pendant<br />

plus <strong>de</strong> six mois. Contenu et image se fon<strong>de</strong>nt en un tout. Le film documente par <strong>de</strong>s portraits personnels<br />

et <strong>de</strong> grandioses prises <strong>de</strong> vues <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature les intérêts économiques supérieurs dans un<br />

mon<strong>de</strong> globalisé. Il soutient le sort <strong>de</strong> tous les peuples indigènes qui sont harcelés, menacés et finalement<br />

<strong>de</strong>stinés à disparaître à cause <strong>de</strong> l’exploitation <strong>de</strong>s matières premières. (Ma<strong>de</strong>leine Hirsiger)<br />

21<br />

René Har<strong>de</strong>r<br />

Né en 1971, il a grandi à Constance. Etu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> mise en scène et <strong>de</strong> sciences théâtrales appliquées.<br />

Dès 1999, il travaille comme réalisateur, auteur et acteur indépendant aux théâtres <strong>de</strong> Hambourg,<br />

Görlitz, Leipzig et Constance ainsi que pour le cinéma et <strong>la</strong> télévision (ZDF/NRD/arte). Il vit à Hambourg<br />

et est père <strong>de</strong> quatre enfants. Il a réalisé divers courts-métrages (réalisation et scénario). Il tourne<br />

en 2007 le documentaire Herr Pilipenko und sein U-Boot, en coréalisation avec Jan Hinrik Drevs. Dès<br />

2008, il enseigne le théâtre et dirige le département acteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Haute Ecole d’A<strong>la</strong>nus à Alfter (près<br />

<strong>de</strong> Bonn). 2007–2012: Recherches et tournage <strong>de</strong> Die Hüter <strong>de</strong>r Tundra.

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