I Tamburini di Mendrisio - Schweizer Blasmusikverband

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Revue des musiques UNISONO 3 • 2006
dernière avait servi de morceau imposé pour
le Championnat d’Europe des brass bands de
cette année-là à Londres. Elle avait d’ailleurs
été publiée en Angleterre par Smith & Co.
Ces deux pièces ont aujourd’hui rejoint en 1 re
catégorie «Pilatus» (1968) que Paul Huber a
d’ailleurs lui-même transcrit pour harmonie,
fanfare et brass band. A noter que nombre de
ses œuvres se laissent exécuter dans les
différents types d’instrumentation possibles.
Le compositeur Iannis Xenakis est parti il y a cinq ans
Installé en France en 1947, Iannis Xenakis
avait été naturalisé en 1965 et fait officier de
la Légion d’honneur. Il avait également reçu
en 1958 le prix de musique de l’UNESCO.
Une œuvre mathématique
Son œuvre, fondée sur la rigueur des mathématiques
et de la physique, avait à priori peu
d’atouts pour sortir du cénacle des initiés.
Mais c’était sans compter sur la charge émotionnelle
de la musique de ce citoyen du
monde, infatigable militant de la liberté.
Né dans une famille d’armateurs grecs à Baila
en Roumanie le 29 mai 1922, il se destine
d’abord à la carrière d’ingénieur et fréquente
l’Ecole polytechnique d’Athènes. Il pense
alors devenir astrophysicien, mathématicien
ou philosophe, voire archéologue.
Blessé de guerre
La 2 e Guerre mondiale vient bouleverser ses
études avec l’invasion de la Grèce par les
troupes de Mussolini en 1941 et son entrée
dans la clandestinité et la Résistance communiste.
Le 1 er janvier 1945, il est atteint au
Deux partitions, «Le Démon» (1966) et «Choral,
Variations et Fugue» (1978), existent même
dans un arrangement pour Concert Band
américain signé Leonard Cecil …
Auteur de la «Marche
du rgt inf 33»
La plume féconde de Huber a donné le jour
à une vingtaine de marches militaires,
de concert, de procession, etc. Celles-ci vont
Quand les mathématiques
deviennent musique
visage par un éclat d’obus. La mâchoire
broyée et l’œil gauche perdu, il passe trois
mois entre la vie et la mort.
Condamné à mort par contumace, Iannis Xenakis
se réfugie en France en 1947. Il y rencontre
Le Corbusier dont il devient l’un des
disciples. De leur collaboration, on retiendra
surtout le pavillon Philips de l’Exposition universelle
de Bruxelles de 1958, une construction
très épurée.
Elève d’Honegger et de Milhaud
A Paris, il suit l’enseignement d’Arthur Honegger
et de Darius Milhaud. Mais c’est surtout
Olivier Messiaen qui lui trace le chemin
à suivre. «Vous n’êtes pas comme les autres,
vous êtes Grec, vous faites des mathématiques
et de l’architecture, de tout cela faites
de la musique», lui dit-il.
La création de «Metastasis», au Festival de
Donaueschingen en 1955, fait scandale et
marque véritablement «l’opus 1» de son
œuvre, souligne le musicologue Makis Solomos.
Partition calculée sur IBM
Xenakis utilise alors beaucoup les mathématiques
et l’informatique avec «ST48» (1962),
une partition calculée sur ordinateur IBM
7080, la première aussi de ses œuvres «stochastiques»
faisant intervenir le calcul des
probabilités et la théorie des ensembles dans
la composition.
Mais résumer l’œuvre de Xenakis à un croisement
des mathématiques et de la musique
serait réducteur pour ce lecteur de Platon,
fasciné par la création de l’univers et la Grèce
antique. Marquée par ses années de lutte, ses
de sa «Matura-Marsch», écrite en 1939, jusqu’à
la plus connue, la «Marche du rgt inf 33»
(1952). Depuis le milieu des années 1970,
Paul Huber n’a plus composé de marches. Il
avait reçu en 1998 le prix de la fondation de
St-Gall pour la culture en 1998. Avec ce prix
de 25000 francs, le chef d’orchestre et pédagogue
avait été honoré pour sa créativité musicale.
Jean-Raphaël Fontannaz
Il y a cinq ans, le 4 février 2001, disparaissait à l’âge de 78 ans le compositeur français d’origine grecque
Iannis Xenakis. Il était «l’une des figures les plus marquantes et les plus attachantes de la création musicale
contemporaine», selon l’hommage de Jacques Chirac.
Une partition d’Iannis Xenakis.
Iannis Xenakis en pleine réflexion.
œuvres ne sont jamais désincarnées, comme
en témoigne «Nuits» (1967, 12 voix solistes),
hommage aux prisonniers politiques.
«Omega»: le point final
Sa dernière œuvre, «Omega», remonte à
1997, alors qu’il est déjà malade. «C’est la
dernière lettre de l’alphabet grec, il a choisi ce
nom avec une sorte d’humour noir, comme
un point final», témoigne Makis Solomos.
Illustration de la difficulté de la musique de
Xenakis à pénétrer dans des publics plus
larges ou à être adaptée pour d’autres instrumentations:
on ne connaît pratiquement pas
d’arrangements de ces œuvres pour formations
de vents.
(jrf)