gyri gyri gaga - Naxos Music Library

saut de quinte descendant et ascendant concorde
au chant psalmique Aus tiefer Not schrei ich
zu dir (datant de 1524 environ), avec lequel
la composition a aussi en commun le mode
phrygien. La fin de la strophe « dann dich also
verliesen » (dans la signification de « verlieren »
= perdre) est dessinée en musique avec un
cours de la voix de basse suivant la cadence de
conclusion et se perdant dans les profondeurs.
Une autre pièce d’exception est Innsbruck ich
muss dich lassen de Heinrich Isaac (vers 1450-
1517). Il fut le compositeur de la chapelle de la
cour de l’empereur Maximilien I er , et son affinité
à Innsbruck rejaillit sur le texte. À l’origine, le
début était « Zurück muss ich dich lassen » et
s’adressait donc non pas à la ville mais à une
femme. La mélodie déchirante située à la voix
supérieure dans la composition enregistrée trouva
accès dans le répertoire du chant d’église avec des
contrefactures sacrées telles que O Welt ich muss
dich lassen et Nun ruhen alle Wälder.
Le compositeur était par contre plus libre dans
le choix des moyens de composition dans le
deuxième type de chanson qui se distingue par
des textes au récit proche de la réalité et souvent
chargés d’érotisme, simples dans le choix des
mots et la forme strophique. Ici, la palette de
l’agencement musical va de passages en imitation
pleins d’art à des compositions simples à la
déclamation rythmée. Bien qu’il n’existe aucune
preuve ancienne uniforme, certaines des mélodies
semblent déjà avoir été connues et diffusées avant la
naissance de la composition à plusieurs voix. Elles
furent souvent reprises par plusieurs compositeurs
et arrangées différemment, ce qui fut à l’origine
de familles entières de chansons. Déjà dans le
Glogauer Liederbuch (écrit vers 1480), une chanson
anonyme à trois voix Ach Elslein liebes Elselein y
est consignée. Sur le CD, cette même mélodie est
représentée dans le Quodlibet de Matthias Greiter
et dans une composition de Ludwig Senfl.
Ludwig Senfl, suisse d’origine, fut un élève
d’Isaac et travaille comme compositeur à la cour
du duc de Bavière Guillaume IV. La composition
de chansons occupe dans sa création une place
particulière et aujourd’hui encore, plus de 250
de ses chansons sont conservées. Senfl a écrit
en sept compositions différentes selon le type
de composition et le nombre de voix l’aube Ich
stund an einem Morgen, dans laquelle un récitant
aux aguets rapporte l’adieu de deux amants au
point du jour. Dans la version enregistrée, la
mélodie est portée par les voix extrêmes déchant
et basse en dixièmes parallèles ainsi que dans
une forme au rythme varié au ténor. La seule voix
librement composée, l’alto, est très agitée avec
de nombreux passages rapides en petites valeurs
de notes, ce qui suggère la possibilité d’une
exécution instrumentale (dans l’enregistrement,
cette voix est reprise par le luth). Senfl fait la
démonstration d’un autre jeu du traitement d’un
cantus firmus dans une composition à plusieurs
voix Wann ich des morgens früh aufsteh. La
mélodie sonne quatre fois successivement, mais
elle passe respectivement à une autre voix à
chaque reprise. Elle est tout d’abord au ténor,
puis à la voix supérieure, alto et basse. Les voix
qui ne portent pas la mélodie dans le passage
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