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logues passent le plus clair de leur temps,
non pas dans I'enseignement ou la recherche,
mais a realiser des mandats, comme le
ferait un geologue dans n'importe quel bureau
prive. Cest a mon sens une pratique
inacceptable, et cela pour plusieurs raisons.
D'une part, cela equivaut a une etatisation
larvee de la geologie. D'autre part, c'est un
bien mauvais service que I'on rend aces
jeunes geologues en les gardant, parfois
pendant des annees, dans un milieu ou ils
ne sont confrontes ni aux imperatifs de
productivite et de reputation, ni aux responsabilites
financieres et civiles auxquels
doivent faire face les bureaux prives (si
I'universite commet une erreur ou depasse
un devis, on dira que c'etait impossible de
faire mieux!).
II est vrai que la Confederation devient de
plus en plus avare et invite meme ouvertement
les universites a trouver leurs propres
sources de financement. Mais est-ce
vraiment une solution, que d'engager des
geologues pou r avoir les moyens de former
encore plus de geologues - pour en faire
quoP
Cette tendance me semble participer davantage
de la fuite en avant que d'une politique
reflechie sur le long terme. La moindre
des choses, de la part des universites et
des hautes ecoles, serait qu'elles elaborent
une sorte de «code d'ethique», dans lequel
elles definiraient pourelles memes (et pour
ceux que cela pourrait concerner!) les regles
sur la base desquelles elles acceptent ou
non des mandats susceptibles d'etre realises
par I'economie privee. Lorsque, iI y a
quelques annees, j'avais demande a deux
directeurs d'instituts universitaires sur la
base de quels criteres ils intervenaient sur
le ma rehe prive, leu rs reponses tena ient a
peu pres en ces termes: «nous nous retirons
des lors que nous sommes en concurrence
avec u n bu rea u prive». Quelle hypocrisie!
Dans la loi cantonale neuchäteloise du 26
juin 1996 sur I'universite, on trouve cette
phrase magnifique a I'article 2, alinea 4,
sous la rubrique «Täches fondamentales»:
«Elle (I'universite) peut executer des mandats
ou fournir des services dans la mesure
ou il n'en resulte aucun prejudice pour
I'accomplissement de ses täches».
Que I'economie privee soit laissee a ellememe
me parait taut a fait naturel et meme
tres sain. Que les hautes ecoles soient
subventionnees tom be egalement sous le
sens. Mais alors, qu'elles fassent preuve
d'un minimum de fair-play et ne se preparent
pas d'emblee et sans vergogne a manger
a tous les räteliers.
Miguel Borreguero
Rue de la ChapeJle 7
2035 Corcelles
E-mail: borreguero@bluewin.ch
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