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Epi-Suisse Magazin 02/2023

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ARTICLE SPÉCIALISÉ

16

«IL EST GRAND TEMPS

DE REJETER LA CULPABILITÉ»

La culpabilité peut être très pesante pour les parents d'enfants atteints d'épilepsie, car ils peuvent avoir

l’impression d’être à l’origine de la maladie ou qu'ils ne n’en font pas assez pour soulager les symptômes.

Sara Satir est coach, animatrice de séminaires, chroniqueuse et elle-même mère d'un enfant atteint.

Quelle est la prévalence du

sentiment de culpabilité chez les

proches de personnes atteintes

d'épilepsie et quels facteurs

peuvent y contribuer?

Dans mon cabinet, je rencontre de nombreux

parents d'enfants concernés par

une maladie ou un handicap qui se sentent

coupables. Différents facteurs peuvent

y conduire: par exemple, lorsqu'il s'agit

d'une maladie héréditaire dont l'enfant est

atteint, les parents se demandent s'ils ont

transmis quelque chose. De nombreuses

mères se préoccupent de savoir si elles

ont fait quelque chose de mal pendant la

grossesse. Mais il s'agit toujours de sentiments

de culpabilité irrationnels, qui

ne reposent pas sur des faits médicaux.

Malgré tout, de très nombreux parents

d'enfants concernés doivent lutter contre

ce problème. J'entends aussi souvent de

nombreux parents me demander s'ils en

font assez pour leur enfant. Pourrait-on

faire quelque chose de différent dans

l'accompagnement? Mon enfant a-t-il

besoin de plus ou moins de thérapies?

Les parents d'enfants en bonne santé

connaissent aussi ces questions et ces

soucis. Mais dans le cas d'enfants malades

ou en situation de handicap, le sentiment

de culpabilité augmente clairement. Dans

le cas spécifique des enfants atteints

d'épilepsie, les parents se demandent

souvent s'il aurait été possible d'éviter la

crise ou ce qu'ils ont fait de faux pour que

la crise se déclenche.

D'un autre côté, il y a aussi des parents qui

ne se sentent pas coupables et cela ne les

rend ni «étranges» ni «anormaux».

Comment les proches des personnes

atteintes d'épilepsie

peuvent-ils mieux gérer l'incertitude

et les soucis qui peuvent

accompagner cette maladie?

Il est très important de ne pas voir uniquement

la maladie ou le handicap de

l'enfant, mais de se concentrer également

sur tout ce que l'enfant peut faire

et sur les bons moments que l'on vit avec

lui. Retenir ces moments de bonheur peut

être très fortifiant dans les moments difficiles.

Cela favorise la résilience. Il est

également important de demander de

l'aide et de l'accepter. Un proverbe dit

«il faut tout un village pour élever un enfant».

Dans le cas d'un enfant concerné

par une maladie ou un handicap, il faut un

village encore plus grand.

Quels sont les autres défis qui provoquent

un sentiment de culpabilité

chez les proches des personnes

atteintes d'épilepsie?

Outre ce qui a déjà été dit, trouver le

juste milieu entre les besoins de l'enfant

concerné, les besoins de ses frères et

sœurs et ses propres besoins peut constituer

un défi de taille. Souvent, les parents

se sentent également coupables envers

les frères et sœurs de l'enfant concerné. Il

faut aborder les problèmes ouvertement

et honnêtement, ne rien enjoliver et, si

nécessaire, faire appel à une aide professionnelle.

SARA SATIR

est coach, animatrice de séminaires,

chroniqueuse et elle-même mère

d'un enfant atteint.

Quel type de soutien et de ressources

existe-t-il pour les proches

de personnes atteintes d'épilepsie

qui souffrent d'un sentiment de

culpabilité, et où peuvent-ils

trouver de l'aide?

Je recommande de se mettre en réseau

avec d'autres parents d'enfants concernés.

Cela permet d'atténuer le sentiment

de solitude. Quand on porte seul un sentiment

de culpabilité, il se renforce. En

parler lors du coaching ou de la thérapie.

Ne pas avoir honte ou penser que l'on est

bizarre d'avoir ces sentiments. Il existe

également de nombreux bons livres sur ce

sujet. J'essaie d'encourager mes clients

et clientes à en parler. Pour beaucoup,

c'est encore un sujet tabou. Il faut aussi

en parler avec les médecins. Ceux-ci font

«LES PREMIÈRES ANNÉES, JE ME

SENTAIS COUPABLE EN PERMANENCE»

«Avez-vous bu ou fumé pendant votre

grossesse?», m'a demandé le médecin lors

d'un contrôle de développement. «Non, je

ne l'ai pas fait. Quoique: une fois, à un mariage,

j'ai bu une gorgée de champagne.

J'étais enceinte de cinq mois. Se pourrait-il

que cela soit la raison de son handicap?»

Bien que le médecin ait répondu par

la négative, un sentiment de culpabilité

subsistait en moi. En rentrant chez moi,

j'ai essayé fébrilement de me rappeler si

j'avais fait quelque chose d'autre qui aurait

pu entraîner le handicap de mon fils.

Avais-je mangé du fromage au lait cru?

Est-ce que je ne m'étais pas assez reposée,

avais-je consommé trop de sucre,

pris trop peu de vitamines? Ou était-ce

l'accouchement? J'avais souhaité un accouchement

le plus naturel possible, les

médecins avaient recommandé une péridurale.

Comme ça n'avançait pas, j'ai accepté.

Aurais-je dû me battre davantage?

Mes pensées tournaient en rond. La tourmente

devenait de plus en plus envahissante.

«Peut-être que quelque chose est

défaillant dans ton corps?»

La pensée d'avoir fait quelque chose de

mal qui aurait déclenché son handicap

parfois des déclarations irréfléchies qui

renforcent le sentiment de culpabilité. Il

faut alors se positionner clairement. Il est

grand temps de rejeter la culpabilité. Car

en tant que parents d'enfants malades ou

en situation de handicap, on en porte déjà

assez par soi-même.

En novembre, j'animerai le cours «Prendre

soin de soi dans le système familial»

d'Epi-Suisse. On y présente des pistes de

n'était pas la seule à m'accompagner. La

tourmente dans ma tête m’indiquait aussi

d'autres idées. Elle m'a chuchoté: «Tu

ne pourrais pas l'emmener plus souvent

chez le kinésithérapeute? Ainsi, son pied

serait mieux positionné.» Ou encore: «Si

seulement tu t'étais inscrite plus tôt au

service de consultation pour autistes, il

aurait mieux réussi, il s'en sortirait plus

facilement.» Et: «Pourquoi n'essaies-tu

pas d'intégrer plus d'exercices de logothérapie

dans son quotidien? Sa salivation

serait alors plus faible.»

Durant les premières années de la vie de

mon fils, je me suis sentie coupable en

permanence. Bien que je savais rationnellement

que ma culpabilité était infondée

et que plusieurs médecins me l'avaient

confirmé, mes sentiments signalaient

autre chose.

«LA QUESTION DE LA

CULPABILITÉ EST

TOUJOURS PRÉSENTE

LORSQU'UN ENFANT

S'ÉCARTE DE LA NORME.»

réflexion et des techniques pratiques qui

peuvent facilement être mises en œuvre

au quotidien, même si celui-ci est très

agité. Il y aura également du temps et de

l'espace pour que les parents puissent

échanger leurs expériences.

ENTREVUE: CAROLE BOLLIGER

Interview complète

Lisez l’interview complète de

Sara Satir sur notre site web:

www.epi-suisse.ch/

parents-et-culpabilite

Jusque dans les années soixante, le terme

de «mère réfrigérateur» était utilisé dans

la théorie de l'attachement. Il désignait les

mères qui ne consolaient pas assez leurs

enfants, ne les prenaient pas assez dans

leurs bras ou ne leur faisaient pas assez de

câlins. Le manque de chaleur maternelle a

été invoqué pour expliquer l'apparition de

l'autisme. Ce mythe est l'un des nombreux

qui font porter aux mères l'entière responsabilité

de l'épanouissement de leurs

enfants. Il y a des raisons structurelles au

fait que les mères sont particulièrement

rongées par le sentiment de culpabilité.

Cette conscience m'aide à gérer mes

remords. Chaque fois que l'esprit tourmenté

veut me faire culpabiliser, j'essaie

de lui opposer une voix intérieure encourageante.

Je l'imagine comme une bonne

amie qui me dit: «Toutes les décisions que

tu as prises jusqu'à présent pour ton fils

étaient des décisions d'amour. Et c'est

cela l'essentiel.»

SARA SATIR

écrit régulièrement des chroniques dans

Migros Magazine. La chronique dans ce

magazine a déjà été publiée.

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