Journal of Film Preservation - FIAF

ou commerciales déjà existantes. Freddy Buache, Georges Bottinelli et
moi-même nous sommes rendus sur plusieurs sites et établissements
désaffectés, notamment une grande halle commerciale à Yverdon (qui s’est
avérée trop chère, trop difficile à aménager et pas assez solide quant à sa
résistance au poids du plancher), une porcherie industrielle désaffectée
à Moudon (de construction solide, mais peu apte à la construction de
structures pour l’entreposage de bobines de cinéma en raison de la déclivité
des étages), la centrale nucléaire expérimentale de Lucens désaffectée suite
à un accident(!) survenu en 1969 (option qu’amusait Freddy Buache, mais à
laquelle s’est opposé le personnel de la Cinémathèque en raison des risques
peu connus mais vaguement soupçonnés à l’époque).
Finalement, Albert Mermoud, fondateur et ancien président de la Guilde
du Livre et président de la Cinémathèque suisse, a mis les autorités de la
Cinémathèque en relation avec un relieur qui possédait un grand dépôt de
livres à Penthaz (lors de la visite effectuée par Buache, Dimitriu et Bottinelli,
il y avait encore quelques milliers d’exemplaires du Coran entreposés
dans ces locaux). La structure de la bâtisse était simple, donc relativement
facile à aménager. La résistance au sol semblait correspondre aux normes
techniques requises pour l’aménagement de locaux d’entreposage de films
et l’affaire fut conclue en 1986.
Les travaux démarrèrent sous le haut (et pressant) commandement de
Freddy Buache. J’en fus le chef de projet; Georges Bottinelli l’indispensable
maître des comptes et de la trésorerie; Brunello Bonomi le dynamique
architecte qui mena les travaux à tambour battant (et qui avait déjà
des connaissances en matière de besoins de la Cinémathèque, acquises
pendant les travaux exécutés avec son associé Ivan Kolecek lors de
l’aménagement du Casino de Montbenon en 1980/1981).
À défaut de moyens financiers et logistiques idéaux, la Cinémathèque a
dû faire preuve d’ingéniosité lui permettant de combler ces désavantages.
Une des options choisies fut de combiner les besoins de la Cinémathèque
avec la nécessité d’un centre de « protection des biens culturels » pour les
communes avoisinantes. D’autres mesures permirent de réaliser quelques
économies d’argent et d’espace, telles que le développement d’étagères
roulantes construites sur mesure, avec des rayons permettant d’optimiser
l’entreposage de boîtes de 35mm et 16mm de différents diamètres.
À l’époque, les problèmes et risques liés à l’entreposage de films en nitrate
de cellulose, hautement inflammables, ont suscité bien des soucis. Le Temps
l’a rappelé récemment dans sa section « Archives historiques » en citant
les quotidiens de l’époque9 . Plusieurs réunions avec le commandant des
pompiers ont été convoquées. Un autre motif d’inquiétude était la statique
du bâtiment. Là aussi, la crainte subsistait que le « paquebot » ne glisse vers
le ruisseau voisin et la Cinémathèque fit appel au rapport d’expertise de
l’ingénieur de la ville de Lausanne.
Il est à signaler que la totalité des employés de la Cinémathèque ont
9 Nicolas Henchoz, « Les bobines de cinéma, patrimoine potentiellement
explosif », dans Journal de Genève et la Gazette de Lausanne, Lausanne et
Genève, 20 novembre 1991, Cit. dans Le Temps, 30 mars 2011.
29 Journal of Film Preservation / 85 / 2011