Journal of Film Preservation - FIAF

Lorsqu’on analyse l’histoire médiatique
du film érotique et de la pornographie,
des tendances intéressantes se font jour
dans l’histoire du cinéma. Une certaine
production de films pornographiques
était déjà en place à l’époque du
cinéma muet. Ceux-ci, qui connurent
un succès exceptionnel, reprenaient
souvent les idées, la logique et le récit
de films autrement célèbres. S’agissant
d’imitations, les deux types de films
entretienne un rapport complexe.
C’est ce que démontre la production
de la compagnie autrichienne Saturn
Film, qui, d’une certaine façon, était
connectée à la production française de
l’époque.
Tous les titres encore conservés de
Saturn ont été restaurés et publiés
récemment par Filmarchiv Austria, en
un dvd accompagné d’une brochure.
Depuis son siège à Vienne, Saturn a
produit, entre 1906 et 1910, nombre
de films érotiques (qui, de fait,
constituent la première production
filmique continue dans l’Empire Austro-
Hongrois). Après avoir réalisé des
photos érotiques, Johann Schwarzer
établissait sa propre compagnie en
1906 pour répondre à la demande
exceptionnelle de films érotiques de
la part du public. Sa production se
plaçait quelque part entre la production
française et les films explicitement
pornographiques et Saturn réussit à
occuper une niche importante dans le
marché du cinéma érotique en Europe.
En 1909, le consul autrichien de Tiflis,
dans une lettre confidentielle au
Ministre des Affaires Étrangères de
l’Empire, plaignait des projections de
films pornographiques autrichiens dans
la capitale géorgienne, en précisant
que ces films avaient le logo de
Saturn. L’enquête policière qui s’en est
suivie a démontré que la compagnie
n’avait aucun rôle dans la production
ni la distribution des films. Mais une
deuxième dénonciation, suivie par un
procès judiciare, provoqua la fermeture
de Saturn, durcissant, en même temps,
la censure cinématographique en
Autriche. Les films érotiques furent
interdits à Vienne en février 1910 et plus
tard dans le reste de l’Empire.
A scene from Die Macht der Hypnose (The Power of Hypnosis), c.1908
(scan from film print)
A scene from [Die Zaubereien des Mandarins] (The Mandarin’s Sorcery), c.1909
(scan from film print)
by the French surgeon Eugène-Louis Doyen, who documented his surgical
operations for educational purposes. These films, also containing the
depiction of nude female corpses were banned in 1903 by the police of the
German Empire – and, based on this decision, also banned in the Habsburg
Empire. But Stiller still wanted to screen these films, and after a number
of attempts he was granted permission to show them – on condition that
the words “Nur für Herren” (“For Gentlemen Only”) were stamped on the
advertising posters. This rather dubious recreational disregard for erotic or
pornographic subject matter implies that on one hand the “Herrenabende”
arose in part out of scientific purposes, sanctioned by the police – on
the other hand, this re-established a connection between medicine and
pornography via the female body, something that could already be found in
early modern times and in the anatomical theatres of the period.
In Vienna, these shows and films were all the rage; movie houses were very
keen on this subject, and it was not uncommon to find advertisements
requesting films for so-called “special events” and the already-mentioned
38 Journal of Film Preservation / 85 / 2010