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Rencontre de l'Est et de l'Ouest

Rencontre de l'Est et de l'Ouest - ELTE Eötvös József Collegium

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106 Christine Ferlampin-Achera pu transposer l’énigme contenue dans ce texte, intrigante car légèrementinadéquate (<strong>et</strong> donc à ce titre doublement stimulante) : les points communsentre les diverses tribulations familiales, dans la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Eustache <strong>et</strong>Apollonius, incitaient à la transposition 21 . Apollonius n’est donc pas seulementune source indirecte : Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre emprunte selon moi directementà ce récit <strong>et</strong> transpose en Angl<strong>et</strong>erre l’inceste byzantin 22 .2. Saint Eustache <strong>et</strong> Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre : un saint peut encacher un(e) autreL’autre source généralement invoquée quand on étudie Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erreest la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> saint Eustache 23 , qui a vraisemblablement elle aussiune origine orientale 24 . À ce titre, Apollonius apparaît comme une source indirecte<strong>de</strong> Guillaume, dans la mesure où il peut avoir influencé l’hagiographieorientale, <strong>et</strong> en particulier la vie <strong>de</strong> saint Eustache 25 , même s’il est difficile21Dans ce cas l’auteur aurait rapproché <strong>de</strong>ux textes qui, <strong>de</strong> fait, ont un rapport, que l’histoired’Apollonius ait servi <strong>de</strong> modèle à celle <strong>de</strong> saint Eustache ou que les <strong>de</strong>ux récits remontentà une source commune.22Des traces <strong>de</strong> paganisme subsistent dans Apollonius, ce qui suppose un témoin grec perdu,plus ancien que l’Empire byzantin (voir M. Zink, éd. cit., p. 30-31). Cependant les attestationslatines les plus anciennes remontent aux ix e <strong>et</strong> x e siècles <strong>et</strong> la forte diffusion <strong>de</strong> la légen<strong>de</strong>coïnci<strong>de</strong> avec l’Empire byzantin.23Sur c<strong>et</strong>te légen<strong>de</strong>, voir A. Boureau, « Placido Tramite. La légen<strong>de</strong> d’Eustache, empreinte fossiled’un mythe carolingien ? », In : Annales ESC, t. 4, 1982, p. 682-699 (p. 683 pour le développement<strong>de</strong> la légen<strong>de</strong>), A. Boureau, « Narration cléricale <strong>et</strong> narration populaire. La légen<strong>de</strong><strong>de</strong> Placi<strong>de</strong>-Eustache », In : Les saints <strong>et</strong> les stars. Le texte hagiographique dans la culturepopulaire, étu<strong>de</strong>s réunies par J. Cl. Schmitt, Paris, 1983, p. 45, A. H. Krappe « La leggenda diS. Eustachio », Nuovi Studi Medievali, t. 3, 1926-1927, p. 223-258 <strong>et</strong> A. Monteverdi, « La leggendadi Sant’Eustachio », Studi Medievali, t. 3, 1909-1911, p. 169-229. On lira la versionen vers dans La vie <strong>de</strong> saint Eustache, poème français du xiii e siècle, éd. H. P<strong>et</strong>ersen, Paris,Champion, 1928, <strong>et</strong> la version en prose dans La vie <strong>de</strong> saint Eustache, version en prose duxiii e siècle, éd. J. Murray, Paris, Champion, 1929. Voir la traduction <strong>de</strong> la version donnéepar Jacques <strong>de</strong> Voragine dans La Légen<strong>de</strong> Dorée, trad. sous la direction d’A. Boureau, Paris,Gallimard, La Pléia<strong>de</strong>, 2004, p. 881-888.24Voir A. Boureau, « Placido Tramite… », art. cit., p. 689 : « La légen<strong>de</strong> d’Eustache a pu êtreprélevée dans l’immense trésor <strong>de</strong> l’hagiographie orientale : rien ne le prouve, mais le romanesquedu récit, son caractère familial évoquent bien l’atmosphère byzantine <strong>et</strong> renvoientpeut-être aux antiques légen<strong>de</strong>s indiennes ou grecques ».25La critique relève en général les exemples <strong>de</strong> saint Eustache, saint Martin, <strong>et</strong> sainte Marie-Ma<strong>de</strong>leine. Voir M. Delbouille, « Apollonius <strong>de</strong> Tyr <strong>et</strong> les débuts du roman français », art.cit., p. 1083-1084. Sur Marie-Ma<strong>de</strong>leine, voir G. Hu<strong>et</strong>, « Un miracle <strong>de</strong> Marie Ma<strong>de</strong>leine <strong>et</strong> leroman d’Apollonius <strong>de</strong> Tyr », Revue <strong>de</strong>s Religions, t. 74, 1916, p. 249-55 <strong>et</strong> E. Pinto-Mathieu,

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