09.08.2015 Views

Rencontre de l'Est et de l'Ouest

Rencontre de l'Est et de l'Ouest - ELTE Eötvös József Collegium

Rencontre de l'Est et de l'Ouest - ELTE Eötvös József Collegium

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

114 Christine Ferlampin-Acherversions d’Apollonius : Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre constituerait une exceptionnotable. Ce récit, qui conserve, hors du champ purement hagiographique, lestribulations d’un couple marié <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses enfants, surprend aussi, car contrairementà Floire <strong>et</strong> Blancheflor, il gomme le cadre byzantin <strong>et</strong> tout exotismeoriental. Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre s’afficherait-il ostensiblement comme antiromanbyzantin ?3. Un anti-roman byzantin ?Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre d’une part se tient à l’écart du moule romanesque attendu(les jeunes amours) <strong>et</strong> refuse, ainsi, <strong>de</strong> répondre au même horizon d’attenteque Floire <strong>et</strong> Blancheflor, voire Pyrame <strong>et</strong> Tisbé, <strong>et</strong> d’autre part il repren<strong>de</strong>t surtout détourne ostensiblement ses sources, ces récits bien connus <strong>de</strong> seslecteurs que sont Apollonius <strong>de</strong> Tyr <strong>et</strong> la vie <strong>de</strong> saint Eustache. S’il reprend unschéma narratif <strong>et</strong> <strong>de</strong>s motifs empruntés à ces traditions (la légen<strong>de</strong> d’Apollonius<strong>et</strong> celle d’Eustache) qui étaient senties comme grecques (ne serait-ce quepar leur cadre, <strong>et</strong> ce, même si elles étaient transmises par <strong>de</strong>s sources latines),Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre confine son récit en Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> en Écosse. La géographieest exclusivement br<strong>et</strong>onne. Si, comme dans Apollonius ou SaintEustache, on circule beaucoup dans Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> si la mer <strong>et</strong> sesmarins jouent un rôle important, il n’est point question <strong>de</strong> la Méditerranée<strong>et</strong> l’on ne se lance pas dans <strong>de</strong> longues traversées : on fait plutôt du cabotage<strong>de</strong> port à port dans la Manche. L’on sillonne l’île d’Est en Ouest, du Nord auSud, <strong>et</strong> l’Écosse, du Nord au Sud (Caithness, Galvai<strong>de</strong>) est un pôle important.La côte n’est cependant pas le point <strong>de</strong> départ d’aventures, c’est une limiteà laquelle semblent se cogner les héros, qui finalement ne quittent jamais leurîle. Le roman est confiné <strong>et</strong> insulaire.C<strong>et</strong>te substitution <strong>de</strong> l’immense <strong>et</strong> méditerranéen mon<strong>de</strong> grec à l’Angl<strong>et</strong>erreest à rapprocher du refus <strong>de</strong> l’auteur d’assumer la translatio. Le prologue <strong>et</strong>l’épilogue ne mentionnent ni traduction, ni source latine ou grecque. Le prologuerenvoie à <strong>de</strong>s chroniques d’Angl<strong>et</strong>erre (v. 15) <strong>et</strong> l’épilogue à un cont<strong>et</strong>ransmis par Rogier li Cointes (v. 3223). Le roman cache ses sources exotiques<strong>et</strong> se veut local.C<strong>et</strong>te transposition géographique pourrait répondre à un souci réaliste, quecorroboreraient les nombreux eff<strong>et</strong>s <strong>de</strong> réel associés par exemple à la représentation<strong>de</strong>s marchands ou <strong>de</strong>s marins : on rapprocherait alors Guillaumed’Angl<strong>et</strong>erre <strong>de</strong>s romans « gothiques » tels que les définit L. Louison 57 . Il est57De Jean Renart à Jean Maillart. Les romans <strong>de</strong> style gothique, Paris, Champion, 2004.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!