Rencontre de l'Est et de l'Ouest
Rencontre de l'Est et de l'Ouest - ELTE Eötvös József Collegium
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Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre, un anti-roman byzantin ?119ailleurs, à la fois proche <strong>et</strong> dérangeant. Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erre était peut-êtrereçu comme un anti-roman byzantin 71 . La dimension byzantine <strong>de</strong> ses sources,transparentes pour le lecteur médiéval, était selon moi tellement évi<strong>de</strong>nteque le dépaysement <strong>de</strong> l’histoire en Angl<strong>et</strong>erre fonctionnait comme un écartimmédiatement perceptible, témoignant à la fois <strong>de</strong> la familiarité avec lesmodèles, <strong>de</strong> leur succès, mais aussi <strong>de</strong> la gêne provoquée par l’inceste, lourdhéritage, contourné au pris d’une stratégie <strong>de</strong> détournement « parodique » <strong>et</strong><strong>de</strong> masquage. Dans c<strong>et</strong>te perspective il est tentant <strong>de</strong> comparer Guillaumed’Angl<strong>et</strong>erre <strong>et</strong> Cligès qui m<strong>et</strong> en scène un glissement du mon<strong>de</strong> grec vers laBr<strong>et</strong>agne. Si la critique continue à s’interroger sur l’attribution <strong>de</strong> Guillaumed’Angl<strong>et</strong>erre à Chrétien <strong>de</strong> Troyes 72 , on constate que Cligès <strong>et</strong> Guillaume d’Angl<strong>et</strong>erreadoptent <strong>de</strong>s stratégies complètement différentes : le premier m<strong>et</strong> enœuvre une translatio <strong>et</strong> fait progresser son histoire <strong>et</strong> ses héros <strong>de</strong> Byzanceà l’Angl<strong>et</strong>erre, posant le roman arthurien comme accomplissement du récitbyzantin (qu’il finit par annuler), alors que le second joue <strong>de</strong> la superposition<strong>et</strong> efface d’emblée toute référence explicite à l’Orient.71Sur le roman se constituant systématiquement comme anti-roman, voir U. Dionne <strong>et</strong>F. Gingras, De l’usage <strong>de</strong>s vieux romans, Étu<strong>de</strong>s Françaises, t. 42, 2006, p. 5-12.72Voir mon introduction cit., p. 11ss.