Musée de la romanité
Musée de la romanité: - Une à Nîmes
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Auday musiques<br />
en quelques chiffres :<br />
7 sa<strong>la</strong>riés<br />
De 5 000 à 7 000 articles référencés<br />
600 mètres carrés <strong>de</strong> magasin<br />
51 ans : l’âge <strong>de</strong> Laurent Auday<br />
De 2 000 à 10 000 euros pour un piano<br />
acoustique<br />
« Lorsque les Rolling Stones s’étaient installés à Saint<br />
Jean du Gard, j’ai vu entrer Keith Richards et Charlie<br />
Watts dans notre magasin <strong>de</strong> pianos <strong>de</strong> <strong>la</strong> Maison Carrée<br />
» raconte Laurent Auday, le patron <strong>de</strong> <strong>la</strong> boutique<br />
d’instruments <strong>de</strong> musique <strong>de</strong> <strong>la</strong> rue <strong>de</strong> l’Aspic. Celui<br />
qui déc<strong>la</strong>re avoir reçu « l’oreille absolue » en héritage<br />
<strong>de</strong> son père fourmille d’anecdotes même s’il reconnaît<br />
en oublier beaucoup. L’entreprise a rendu <strong>de</strong>s milliers<br />
<strong>de</strong> service à <strong>de</strong>s clients anonymes et à <strong>de</strong>s musiciens<br />
sur le point <strong>de</strong> se produire sur les scènes du théâtre,<br />
<strong>de</strong>s jardins <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine ou <strong>de</strong>s festivals.<br />
Nîmes <strong>de</strong>stination chau<strong>de</strong> et sèche<br />
La famille Auday est arrivée à Nîmes en 1971 un peu<br />
par hasard. Alors que <strong>la</strong> mère <strong>de</strong> Laurent Auday est<br />
ma<strong>la</strong><strong>de</strong>, son mé<strong>de</strong>cin lui conseille <strong>de</strong> quitter Valenciennes<br />
pour une ville au climat sec et chaud. Ce sera<br />
Nîmes et surtout une opportunité unique qui s’offre<br />
à Gilbert Auday : <strong>la</strong> maison Falguière ne veut cé<strong>de</strong>r<br />
son commerce situé p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> <strong>la</strong> Maison Carrée (à l’actuel<br />
emp<strong>la</strong>cement du Crédit du Nord) qu’à un homologue.<br />
Né à Casab<strong>la</strong>nca, Laurent Auday n’aime guère<br />
les étu<strong>de</strong>s. Aussi dès l’âge <strong>de</strong> 15 ans, il apprend le<br />
métier d’accor<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> piano avec <strong>de</strong>s stages à Alès et<br />
à Paris. En 1993, Gilbert cè<strong>de</strong> les clés <strong>de</strong> l’enseigne.<br />
1996, Laurent déci<strong>de</strong> <strong>de</strong> déménager pour un espace<br />
plus grand à quelques pas <strong>de</strong>s arènes qu’il aime tant<br />
pour ses corridas dans le callejon et ses rencontres<br />
avec <strong>de</strong> grands musiciens.<br />
Les moments inoubliables<br />
Justement, sous le regard bienveil<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> sa col<strong>la</strong>boratrice<br />
et <strong>de</strong> sa sœur Chantal, il lève les yeux en<br />
l’air et fouille dans ses souvenirs. Petit, il se souvient<br />
d’avoir vu son père ai<strong>de</strong>r le grand Miles Davis lors du<br />
festival <strong>de</strong> jazz. « Ma plus gran<strong>de</strong> émotion est sans<br />
doute le concert <strong>de</strong> Steeve Won<strong>de</strong>r dont on a accordé<br />
le piano » dit-il. « Il y a aussi ce coup <strong>de</strong> fil <strong>de</strong><br />
Thierry Barbier, le technicien <strong>de</strong>s arènes. Vite il faut<br />
tout le matériel pour le concert <strong>de</strong> Yuri Buenaventura<br />
car rien n’était prévu pour le concert aux jardins <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> Fontaine » exprime t-il en souriant. Laurent Auday<br />
reconnaît une fascination pour les pianistes : « ils ont<br />
<strong>de</strong> milliers <strong>de</strong> notes dans <strong>la</strong> tête ».<br />
Sous <strong>la</strong> pluie avec Léo Ferré<br />
Au milieu <strong>de</strong>s années 80, il fournit le matériel du<br />
concert <strong>de</strong> Léo Ferré. La météo joue <strong>de</strong>s fausses<br />
notes et c’est le déluge. « Le chanteur n’entendait<br />
pas interrompre son concert alors nous avons tendu<br />
une bâche bleue sur lui. Il nous regardait, complice,<br />
en nous disant : ca va les gars ? ». Inoubliable. Des<br />
milliers d’artistes ont confié leur stress à quelques<br />
heures <strong>de</strong> se produire. Laurent Auday intervient du<br />
festival <strong>de</strong> <strong>la</strong> Roque d’Antheron à celui d’Avignon en<br />
passant par celui du Vigan. Dès qu’on cite un artiste,<br />
il précise tel le technicien <strong>de</strong> l’ombre humble et passionné<br />
« ah oui j’ai fourni l’instrument ». Ce fût le cas<br />
pour <strong>la</strong> première du pianiste Raphael Lemonnier en<br />
octobre, Ray Charles aux arènes dans les années 90.<br />
« Charlie Watts est même revenu dans ma boutique<br />
avec sa femme pour acheter une banquette <strong>de</strong> piano<br />
et <strong>de</strong>s baguettes. Il m’a fait un chèque <strong>de</strong> 800 francs<br />
que je n’ai jamais encaissé ».<br />
A l’heure <strong>de</strong>s musiques électroniques et <strong>de</strong> <strong>la</strong> musique<br />
assistée par ordinateur, l’homme au scooter « mojito<br />
custom » veut continuer à vivre <strong>de</strong>s rencontres et<br />
<strong>de</strong>s pratiques non virtuelles même « si elles sont à<br />
contre-courant ». Il aime être considéré comme un<br />
champion <strong>de</strong> <strong>la</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes posés par les<br />
musiciens. « J’essaie <strong>de</strong> conserver une âme musicale<br />
et tant pis si on est <strong>de</strong>s dinosaures. Après tout, on a<br />
une i<strong>de</strong>ntité et une image reconnues qui nous permettent<br />
<strong>de</strong> nous démarquer ».<br />
Jérôme Puech n<br />
www.unanimes.fr / N°30 / Janv. 2013 / 15