ANALYSES
2015-12-Imprimer-en-France
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Editeurs et industriels du livre : regards croisés<br />
Pour les éditeurs, faire imprimer « n’est pas un problème » : les ressources existent sur un marché<br />
mondialisé. En présence d’une offre très qualitative et homogène, le prix reste encore très<br />
souvent le principal critère de sélection. S’y ajoutent cependant des considérations liées à l’offre<br />
de service, notamment la capacité des industriels à répondre à des besoins spécifiques de leurs<br />
clients, à leur solidité financière ou à la diversification de leur portefeuille. Une fois les<br />
partenariats noués, les éditeurs restent fidèles à leurs fournisseurs, ce qui ne facilite pas le<br />
référencement de nouveaux entrants.<br />
Globalement, les éditeurs considèrent les prestations des industriels français du livre comme<br />
satisfaisantes, en particulier la qualité des ouvrages. Ils mettent néanmoins en avant certaines<br />
faiblesses qui nuisent à la compétitivité de leur offre : un positionnement prix souvent défavorable<br />
et parfois lié à l’obsolescence de certains parcs machines ou au manque de souplesse des<br />
organisations, l’incapacité ou le manque d’intérêt des industriels pour traiter les commandes<br />
particulières, le faible niveau du service (réactivité à la demande, devisage, suivi de fabrication,<br />
créneaux de livraison…).<br />
Pour les industriels, le marché du livre est perçu comme difficile du fait de l’intensité<br />
concurrentielle, du manque de visibilité du planning, des contraintes de délais et des relations<br />
parfois tendues avec les plateformes de distribution. Ils sont également critiques sur le niveau<br />
technique des services fabrication des éditeurs. Certains ont déploré que les flux d’informations<br />
avec les éditeurs ne soient pas automatisés.<br />
Dans le contexte actuel du marché, les choix d’investissement leur apparaissent complexes,<br />
techniquement (offset versus numérique), mais aussi financièrement, car la réduction des fonds<br />
propres et le niveau de la trésorerie leur ferment l’accès aux crédits bancaires. Par ailleurs, ils<br />
rencontrent des difficultés de recrutement et de renouvellement des compétences. Aujourd’hui<br />
certains s’inquiètent des conséquences des défaillances de ces dernières années et s’interrogent<br />
sur leur propre succession.<br />
Pour autant, les industriels du livre investissent peu sur certains leviers de compétitivité, dont<br />
certains ne voient même pas l’intérêt : le niveau de recherche et développement de la filière est<br />
très faible, les positionnements stratégiques parfois peu clairs, les industriels utilisent peu le<br />
marketing et n’ont pas de démarche commerciale pro active vis-à-vis des éditeurs. Par ailleurs, la<br />
plupart ne connaissent pas ou peu leurs confrères et ne collaborent pas avec eux, à l’exception<br />
notable des membres de groupements ou des clubs d’entreprises.<br />
Les acteurs du pré-presse constatent eux un glissement de leur activité vers le numérique et un<br />
accroissement de la concurrence internationale. Pour rester compétitifs technologiquement, ils<br />
doivent constamment investir et monter en compétences. La finition, est fortement intégrée aux<br />
imprimeries, hors finition à forte valeur ajoutée, pour laquelle il ne subsiste qu’une poignée<br />
d’acteurs en France. Le marché est baissier et l’export reste marginal. On doit également souligne<br />
la difficulté des imprimeurs à sous-traiter entre elles les travaux de finition. Certains préfèrent<br />
refuser un travail plutôt que de collaborer avec un autre industriel.<br />
Dans ces conditions, le panorama des forces et faiblesses des industriels français du livre se<br />
présente ainsi :<br />
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