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BERNARDO STROZZI<br />
Gênes 1581 – Venise 1644<br />
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Tête <strong>de</strong> jeune homme et étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> main<br />
Pierre noire, craies rouge et jaune sur papier bleu passé<br />
258 x 176 mm (10 1 /8 x 6 15 /16 in.)<br />
PROVENANCE<br />
Yvonne Tan Bunzl, Londres.<br />
BIBLIOGRAPHIE<br />
Victor Antonov, « Aggiunte allo Strozzi », Antichità<br />
Viva, vol. 3, n° 11, 1972, p. 22, note 11 ; Mary<br />
Newcome, « Oil Sketches and <strong>Drawings</strong> by Strozzi »,<br />
Antichità Viva, XXXII, n° 6, 1993, p. 18-19, fig. 8 ;<br />
Luisa Mortari, Bernardo Strozzi, Rome, Edizioni<br />
De Luca, 1995, p. 23, illustré et p. 232, n° 36 ;<br />
Camillo Manzitti, Bernardo Strozzi, Turin, Umberto<br />
Allemandi, 2013, p. 262, n° 437, illustré.<br />
EXPOSITION<br />
Binghamton, University Art Gallery, <strong>Genoese</strong><br />
Baroque <strong>Drawings</strong>, State University of New York<br />
at Binghamton ; Worcester Art Museum, 1972,<br />
catalogue d’exposition p. 11, n° 26, illustré (notice<br />
par Mary Newcome) ; Edimbourg, Edingurgh Festival<br />
Merchant’s Hall, Italian 17th Century <strong>Drawings</strong><br />
from British Private Collection, 1972, catalogue<br />
d’exposition n° 110 ; Rennes, musée <strong>de</strong>s Beaux-<br />
Arts, L’œil et la Passion 2, <strong>de</strong>ssins baroques italiens<br />
dans les collections privées françaises, 26 juin-13<br />
septembre 2015, catalogue d’exposition p. 167-8,<br />
n° 59, illustré.<br />
Cette feuille a été publiée et commentée à <strong>de</strong><br />
nombreuses reprises pour ses particularités intrigantes.<br />
En 1993, Mary Newcome Schleier relevait, d’une part,<br />
la typologie physique « siennoise » du personnage, ce<br />
qui rattacherait la feuille à l’époque <strong>de</strong> la formation<br />
<strong>de</strong> Bernardo Strozzi auprès <strong>de</strong> Pietro Sorri 1 , d’autre<br />
part, la qualité maniériste <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tête<br />
qui a poussé certains auteurs à la rapprocher <strong>de</strong><br />
l’une <strong>de</strong> ses œuvres peintes les plus maniéristes, le<br />
Saint Jean-Baptiste du musée <strong>de</strong> Rouen. L’usage du<br />
pastel pourrait alors trahir l’influence du Baroche,<br />
importante au début <strong>de</strong> sa carrière.<br />
Il nous semble toutefois que l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> tête et celle<br />
<strong>de</strong> la main sont plutôt à mettre en rapport avec le<br />
Miracle <strong>de</strong> saint Pierre (fig. 1). Bien que le visage<br />
du jeune homme soit vu un peu plus <strong>de</strong> profil sur<br />
le tableau que sur le <strong>de</strong>ssin, on reconnaît bien ses<br />
joues creuses et ses yeux grands ouverts vers le ciel,<br />
dans leurs larges orbites. Par ailleurs, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> main<br />
en bas à droite <strong>de</strong> la feuille paraît se rapporter sans<br />
difficulté à la main du jeune homme qui tient <strong>de</strong>s<br />
paniers, l’in<strong>de</strong>x passé par-<strong>de</strong>ssus ce qui semble être<br />
l’anse d’un second panier ou une cor<strong>de</strong>.<br />
Luisa Muratori a publié le tableau et propose <strong>de</strong> le<br />
dater <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> génoise ou<br />
du début <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> vénitienne, c’est-à-dire autour<br />
<strong>de</strong> 1635 2 . Elle avance la possibilité qu’il fasse partie<br />
<strong>de</strong>s Quatre histoires <strong>de</strong> saint Pierre mentionnées<br />
dans l’inventaire <strong>de</strong> 1749 du Palazzo Labia <strong>de</strong><br />
Venise. La datation vénitienne <strong>de</strong> la feuille nous<br />
semble confortée par l’existence d’une Étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois<br />
mains au musée <strong>de</strong> Detroit (1909.1 S-Dr. 227) : très<br />
semblable en style, faisant aussi usage <strong>de</strong>s craies <strong>de</strong><br />
couleur pour véritablement colorier le <strong>de</strong>ssin, cette<br />
feuille a été mise en rapport avec le <strong>Marty</strong>re <strong>de</strong> sainte<br />
Giustina (Norfolk, The Chrysler Museum) autrefois<br />
appelé <strong>Marty</strong>re <strong>de</strong> sainte Dorothée, œuvre datant<br />
également <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> vénitienne <strong>de</strong> l’artiste.<br />
L’usage <strong>de</strong>s craies <strong>de</strong> couleur, la ron<strong>de</strong>ur <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>lés<br />
pourraient alors trahir l’influence <strong>de</strong>s artistes vénitiens<br />
tels que les Bassano ou Tintoretto. Quoi qu’il en soit,<br />
l’écriture toute en boucles nerveuses et en sinuosités<br />
tremblantes rappelle tout à fait celle <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ssins à<br />
la plume, moins connus mais tout aussi virtuoses.<br />
Fig. 1 B. Strozzi, Le Miracle <strong>de</strong> saint Pierre, marché <strong>de</strong> l’art.<br />
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Dessins Génois