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XIV - Genoese Drawings - Marty de Cambiaire

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GIOVANNI BATTISTA GAULLI, DIT IL BACICCIO<br />

Gênes 1639 – Rome 1709<br />

15<br />

Putti jouant dans un paysage<br />

Plume et encre brune, lavis gris sur traces <strong>de</strong> pierre noire<br />

Avec inscription anibal Carache en bas à gauche<br />

216 x 330 mm (8 ½ x 13 in.)<br />

BIBLIOGRAPHIE<br />

Yvonne Tan Bunzl, Old Master <strong>Drawings</strong>, Londres,<br />

catalogue d’exposition, 29 novembre-15 décembre<br />

1978, n° 30, illustré.<br />

Formé dans l’atelier <strong>de</strong> Luciano Borzone (1590-<br />

1645) selon Carlo Giuseppe Ratti, mais plus<br />

vraisemblablement par l’un <strong>de</strong>s fils <strong>de</strong> cet artiste,<br />

Giovanni Battista Gaulli, appelé le Baciccio, fut très<br />

tôt attentif aux œuvres <strong>de</strong> ses aînés génois, parmi<br />

lesquels Valerio Castello et Giovanni Bene<strong>de</strong>tto<br />

Castiglione, ainsi qu’à celles <strong>de</strong>s artistes étrangers<br />

passés à Gênes, Rubens et Van Dyck en premier lieu.<br />

Devenu orphelin en 1657 après l’épidémie <strong>de</strong> peste,<br />

il partit pour Rome où l’un <strong>de</strong> ses compatriotes et<br />

marchand <strong>de</strong> tableau, Pellegrino Peri, l’introduisit<br />

auprès <strong>de</strong> Gian Lorenzo Bernini qui le prit sous sa<br />

protection. En 1662, il entra à l’Acca<strong>de</strong>mia di San<br />

Luca, dont il grimpa rapi<strong>de</strong>ment les échelons au<br />

cours <strong>de</strong>s années suivantes.<br />

Grand portraitiste, il sut associer les éléments hérités<br />

<strong>de</strong> Rubens et Van Dyck à l’influence exercée du<br />

Bernin, pour produire plus d’une soixantaine d’effigies<br />

<strong>de</strong> toutes les personnalités importantes <strong>de</strong> Rome.<br />

Le Baciccio est aussi l’auteur <strong>de</strong> décors religieux<br />

parmi les plus importants <strong>de</strong> Rome, notamment ceux<br />

commandés par Clément X pour Santa Maria sopra<br />

Minerva et pour Santa Maria al Collegio Romano, dans<br />

laquelle il réalise une Gloire <strong>de</strong> sainte Marthe dont le<br />

Museo <strong>de</strong>ll’Acca<strong>de</strong>mia Ligustica di Belle Arti possè<strong>de</strong><br />

un bozzetto. Cette Gloire attira l’attention <strong>de</strong>s pères<br />

jésuites qui lui confièrent en 1672 la décoration <strong>de</strong><br />

la coupole et <strong>de</strong> la voûte <strong>de</strong> leur église du Santissimo<br />

Nome di Gesù, appelé le Gesù, dans laquelle Gaulli,<br />

aidé du Bernin, conçut un décor qui <strong>de</strong>meure le<br />

parangon du baroque. Gaulli exécuta également<br />

<strong>de</strong> nombreux retables pour les églises romaines. En<br />

1693, le Génois Giovanni Battista Spinola proposa<br />

<strong>de</strong> lui confier la décoration du plafond <strong>de</strong> la salle du<br />

Maggior Consiglio du palais royal (aujourd’hui ducal)<br />

<strong>de</strong> Gênes. Malgré l’existence d’un bozzetto sur le<br />

thème du Triomphe <strong>de</strong> la Ligurie que Ratti dit avoir<br />

vu dans la maison du fils du Baciccio 1 , le projet ne<br />

vit pas la jour, les tarifs du peintre étant jugés trop<br />

élevés ; c’est le Bolonais Marcantonio Franceschini<br />

qui se vit finalement attribuer la comman<strong>de</strong>. En<br />

1707, Gaulli produisit un nouveau et <strong>de</strong>rnier tour<br />

<strong>de</strong> force, la décoration <strong>de</strong> la voûte <strong>de</strong> l’église <strong>de</strong>s<br />

Santi Apostoli, réalisée en moins <strong>de</strong> cinquante jours.<br />

Quelque temps avant le mort du peintre, Clément XI<br />

lui confia la décoration en mosaïque <strong>de</strong> la petite<br />

coupole du vestibule du baptistère <strong>de</strong> Saint-Pierre du<br />

Vatican, mais c’est Francesco Trevisani qui mena ce<br />

projet à terme.<br />

Peintre prolifique, le Baciccio a fait l’essentiel <strong>de</strong> sa<br />

carrière à Rome, se faisant l’équivalent en peinture<br />

du Bernin. Ratti déplore à <strong>de</strong> nombreuses reprises la<br />

rareté <strong>de</strong> ses œuvres dans sa ville natale alors que sa<br />

réputation y était importante.<br />

Le Baciccio fut également un <strong>de</strong>ssinateur prolifique.<br />

Si Ratti parle plus particulièrement <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s<br />

anatomiques, on connaît <strong>de</strong> lui surtout <strong>de</strong>s feuilles à<br />

l’encre brune et au lavis gris. Cette scène représentant<br />

une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> putti jouant les uns avec les autres<br />

rappelle les bas-reliefs qu’il a conçus et réalisés à<br />

l’ai<strong>de</strong> d’assistants sculpteurs dans la nef du Gesù, sans<br />

pour autant y être préparatoire. Le <strong>de</strong>ssin est d’ailleurs<br />

graphiquement proche d’une feuille clairement reliée,<br />

elle, à la partie supérieure du Triomphe du nom <strong>de</strong><br />

Jésus et qui peut donc être datée autour <strong>de</strong> 1677 2 . Le<br />

traitement <strong>de</strong>s arbres et du paysage dans le fond n’est<br />

pas sans évoquer la graphie d’Annibal Carrache, dont<br />

Gaulli a justement beaucoup admiré les œuvres à son<br />

arrivée à Rome. Un collectionneur ancien, français,<br />

s’est d’ailleurs laissé prendre à cette ressemblance<br />

et a attribué le <strong>de</strong>ssin à l’artiste bolonais. Les putti,<br />

qui décorent les arbres d’épaisses guirlan<strong>de</strong>s, portent<br />

<strong>de</strong>s plateaux <strong>de</strong> fruits et déposent <strong>de</strong>s victuailles aux<br />

côtés <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s pièces d’orfèvrerie, expriment à la<br />

perfection la joie, l’exubérance et la vitalité <strong>de</strong> ce<br />

baroque romain nourri par les racines génoises <strong>de</strong><br />

l’un <strong>de</strong> ses plus grands représentants.<br />

42<br />

Dessins Génois

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