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Boxoffice Pro n°465 – 27 mars 2024

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VICTOIRE DU CINÉMA<br />

COUP DE CHAPEAU À<br />

FRANÇOIS THIRRIOT<br />

Comme de coutume, les Rencontres du Sud ont célébré une personnalité du secteur<br />

de l’exploitation : François Thirriot, président du Syndicat français des théâtres<br />

cinématographiques et représentant la troisième génération d'exploitants à<br />

Charleville-Mézières et Sedan. Retour, dans notre dossier spécial, sur son parcours,<br />

ses amis, ses amours et… ses emmerdes.<br />

L’HISTOIRE<br />

DU CÔTÉ DES ARDENNES<br />

105 ANS DE CINÉMA À CHARLEVILLE<br />

L’histoire commence en 1919 avec Marcel Thirriot. Une épopée<br />

familiale d'exploitants, aujourd’hui incarnée par Le Metropolis<br />

de Charleville-Mézières qui lui, fête ses 20 ans.<br />

1919, Marcel Thirriot reprend l'Alhambra Gaumont à Mézières<br />

©Famille Thirriot<br />

En 1926, Marcel reprend le Pathé à Mohon (aujourd'hui<br />

intégré à Charleville-Mézières), ouvert après la Grande<br />

Guerre et qui deviendra plus tard l'Eden. En 1929,<br />

c'est Pierre Thirriot, son frère cadet, qui s'empare de<br />

l'American Cosmograph (salle construite en 1909 par<br />

Ernest Sommelette). Après une rénovation intégrale en<br />

1960, elle sera fermée en 1971 pour être transformée<br />

en 1974 en un ensemble brasserie/restaurant/cinéma<br />

de 5 salles (Les Clubs), initié et réalisé par Jean-Paul<br />

Thirriot et sa sœur Françoise. Le concept tiendra 30<br />

ans et permettra de mener à bien le projet du cinéma<br />

Metropolis.<br />

©Famille Thirriot<br />

Mis à part quelques séances organisées par des forains<br />

sur les places publiques dès 1897, le cinématographe<br />

des frères Lumière arrive à Charleville le 22 décembre<br />

1907 au théâtre de la ville, soit 12 ans après la première<br />

projection payante mondiale au salon indien du Grand<br />

Café à Paris. Débuts douloureux en Ardennes… car<br />

une panne survient dès la deuxième séance !<br />

C'est en 1913 que le jeune Marcel Thirriot, 24 ans,<br />

artisan électricien issu d'une lignée d'arboriculteurshorticulteurs,<br />

prend en location le Grand Cinéma<br />

Attraction de Mézières. Après quelques travaux, la<br />

première projection a lieu le 22 <strong>mars</strong> 1919 sous le nom<br />

d'Alhambra Gaumont. En 1925, un terrible incendie<br />

ravage le cinéma. Marcel Thirriot le reconstruira avec<br />

obstination, « animé par un enthousiasme intact, absolument<br />

persuadé que la salle de cinéma est l'un des endroits<br />

les plus merveilleux du monde », écrit son petit-fils<br />

François Thirriot. La salle sera rénovée ensuite en 1952.<br />

* de Samra Bonvoisin, Claude Forest et Hélène Valmary, Nouveau Monde Éditions<br />

En 1930, les frères Thirriot achètent également l'Omnia<br />

à Pathé, avenue Jean-Jaurès à Charleville, salle ouverte<br />

en 1908. À l’affiche, en 1931, La Femme de mes rêves<br />

de Jean Bertin, l'un des tous premiers films parlant<br />

français, avec la technologie sonore américaine Western<br />

Electric. Marcel Thirriot assurait à l’époque que « le<br />

matériel était coûteux, mais que c'était le meilleur ! »<br />

Le cinéma Pathé à Mohon en 1926, repris par Marcel Thirriot<br />

que l’on voit derrière son automobile, une Citroën. Il deviendra<br />

l’Eden. Au programme « Buridan, le héros de la tour de Nesle »<br />

film muet en noir et blanc<br />

©Famille Thirriot<br />

Jean-Paul et Fernande Thirriot, juste avant leur mariage<br />

(octobre 1954)<br />

Malicieux, ses collègues diront de lui qu'il s'était « marié »<br />

avec la firme américaine en 1930. Cette union durera<br />

longtemps ! En 1931, l’exploitant reprend également<br />

l'Excelsior de Sedan, ouvert en 1914, quelques semaines<br />

à peine avant la Grande Guerre. En 1983, l'Omnia sera<br />

totalement repensé et baptisé le Forum.<br />

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la famille exploite<br />

de nombreux cinémas à Paris : Le Bonaparte, Le Bastille,<br />

le Vendôme, le Cinéma des Ternes, le Studio Raspail et<br />

le Gaîté Palace. « Lors de l’invasion allemande, nos parents<br />

nous ont emmenés à Hendaye, en Pays basque. Lorsque la<br />

situation s’est stabilisée, mon père est remonté dans les<br />

Ardennes. Il s’est arrêté à Paris où il a repris l’activité de<br />

salles tenues par des exploitants juifs qui avaient dû fuir<br />

l’occupant », relate Françoise, la fille de Marcel Thirriot<br />

dans Figures de salles obscures*, en soulignant que « la<br />

proposition était assortie d’un accord prévoyant la restitution<br />

desdites salles à l’issue du conflit ».<br />

16 N°465 / <strong>27</strong> <strong>mars</strong> <strong>2024</strong>

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