L'effet de l'éducation sur l'emploi, les salaires et la productivité: Une ...

GEORGE PSACHAROPOULOS
L'annexe B fournit des statistiques récapitulatives sur la situation réelle des systèmes éducatifs des
différents pays. On y observe que, malgré son importance en termes d'efficacité et d'équité, la
participation à l'éducation préscolaire est loin d'être la norme en Europe. En Irlande, par exemple,
moins de 2% des enfants âgés de 4 ans sont préscolarisés. L'apprentissage est l'élément clé de
l'enseignement primaire et secondaire et les résultats de la Finlande, première à l'évaluation PISA,
indiquent l'existence d'un lien positif entre la décentralisation des décisions d'éducation et les
performances des élèves. Cependant, dans certains pays comme la Grèce et le Portugal, le
directeur d'école ou proviseur n'a pratiquement aucune autonomie en ce qui concerne le choix des
manuels, l'organisation des évaluations des élèves, les politiques disciplinaires, ou encore la
sélection et le renvoi des enseignants (Eurydice 2005, Figure B24).
Les résultats d'études récentes permettent d'édicter les règles suivantes en matière d'affectation des
dépenses publiques à l'éducation.
L'éducation ne doit pas être financée de façon égale à tous les niveaux. Des distinctions
doivent être effectuées entre les différents niveaux et types d'éducation. La priorité de
financement doit être donnée aux niveaux d'éducation inférieurs et non aux niveaux
supérieurs. Les diplômés de l'enseignement supérieur intègrent de façon privée la plupart
des gains produits par l'éducation dans le sens où leurs revenus sont plus élevés. Les aides
publiques à ce niveau sont, par conséquent, moins justifiées. Les diplômés de
l'enseignement supérieur seront les élites de demain en termes de revenus par rapport au
reste de la population.
La plupart des budgets de l'éducation du monde sont aujourd'hui frappés d'inertie, c'est-àdire
que les dépenses allouées une année donnée sont plus ou moins les mêmes que celles
de l'année antérieure, ajustées au titre de l'inflation. Cela équivaut à l'absence de toute
politique destinée à servir les objectifs d'efficacité et d'équité de la société. À mesure que
progresse notre connaissance sur les moyens les plus efficaces d'améliorer le bien-être
collectif par l'éducation, nos politiques devraient être continuellement ajustées en fonction
des modes de financement public de l'éducation les plus probants.
Le processus de prise de décisions d'éducation doit être délégué le plus possible au niveau
de l'école. Cette autonomie ne doit pas s'obtenir aux dépens des principes d'équité.
Il ne doit pas y avoir de «sélection» des élèves. Bien que les effets de la sélection précoce
sur l'efficacité soient ambivalents, celle-ci peut avoir des effets néfastes sur l'équité (Brunello
2007, Hanushek et Wößmann 2006).
Le mécanisme de financement le plus efficace et le plus équitable pour l'enseignement
supérieur consiste à fournir le fonds initial pour un prêt étudiant, le remboursement étant
dépendant des revenus. Les prêts étudiants contribuent à l'efficacité car ils incitent les
étudiants à choisir des disciplines débouchant sur un emploi et à être plus studieux. Ils
contribuent également à l'équité du fait que ce sont ceux qui bénéficieront de revenus plus
élevés toute leur vie qui paient eux-mêmes leur éducation, et non le contribuable. La priorité
de financement public devrait, en revanche, être donnée aux niveaux d'éducation inférieurs,
par exemple pour aider les personnes issues de milieux socioéconomiques modestes à
suivre des études secondaires.
20 Septembre 2007 Séminaire de réflexion thématique de la Stratégie européenne pour l’emploi 18