L'effet de l'éducation sur l'emploi, les salaires et la productivité: Une ...

GEORGE PSACHAROPOULOS
L'élévation des revenus ou de la productivité des individus les plus instruits est encore compliquée
par une série d'autres facteurs (par exemple, un niveau d'aptitude plus élevé ou un milieu
socioéconomique plus favorable les privilégiant sur le marché du travail). De nombreux travaux
tentent d'ajuster ces variables, par exemple en prenant des échantillons de jumeaux identiques qui,
par définition, ont la même aptitude, mais ont reçu différents niveaux d'éducation (Ashenfelter et
Rouse 1998, Card 2001). Selon le courant actuel, reprenant notamment les travaux de Griliches
(1970), les effets de l'aptitude et d'autres facteurs ne sont pas aussi importants que ce qui était
supposé à une certaine époque (Ashenfelter et Krueger 1994, Card 1999, Angrist, Imbens et
Rubin 1996).
La mesure de l'effet de l'éducation sur le marché du travail devrait être basée sur de larges
échantillons représentatifs de l'ensemble de la population. En effet, les résultats sont fortement
biaisés lorsque les données sur l'éducation et les revenus sont obtenues par échantillonnage des
entreprises, en particulier celles de grande taille situées dans les grandes villes. S'il est vrai qu'il
s'agit d'un moyen relativement aisé d'obtenir des données, les personnes qui travaillent dans ces
entreprises ne sont pas représentatives de la population et les conclusions tirées de ces données ne
sont pas valides pour la formulation d'une politique d'éducation. Les enquêtes sur les ménages
constituent la meilleure source à exploiter.
Une fois que l'on dispose des données sur les coûts et les revenus associés à chaque niveau de
formation, il est possible d'évaluer le taux de rendement interne de l'investissement en éducation
(Psacharopoulos et Matson 1998). Une autre méthode d'évaluation consiste à intégrer une fonction
de revenu semi-logarithmique (Mincer 1974). Afin de déterminer les bénéfices de l'éducation pour la
société au sens large, des données macro-économiques sont utilisées dans une fonction de
production habituellement appliquée à différents pays comme unités d'observation (Barro 1991). À
cet égard, les travaux des nouveaux théoriciens de la croissance Romer (1986, 1990) et Lucas
(1988) sont particulièrement importants. Selon leurs modèles, le savoir devient une sorte de bien
public dont l'impact sur l'économie en tant qu'externalité permet au produit de croître au-delà des
intrants mesurés.
3. Les effets de l'éducation
Comme le montre la Figure 1, l'éducation exerce un rôle de deux façons dans les résultats
socioéconomiques. Elle influe tout d'abord par le biais du marché du travail, en augmentant la
participation, les revenus et la productivité. Elle joue, en second lieu, un rôle direct sur l'ensemble de
la population (et pas seulement sur les participants au marché du travail), par exemple en
améliorant la santé, en réduisant la criminalité et en stimulant le sens civique.
20 Septembre 2007 Séminaire de réflexion thématique de la Stratégie européenne pour l’emploi 11