L'effet de l'éducation sur l'emploi, les salaires et la productivité: Une ...

ANNEXE B
Résumé de la situation des pays
GEORGE PSACHAROPOULOS
Il existe deux moyens d'évaluer une politique d'éducation dans un pays donné. Le premier consiste
à répertorier les déclarations officielles relatives aux intentions du gouvernement en matière de
développement du système éducatif. Le deuxième est d'examiner l'état réel du système éducatif, en
se fondant sur des indicateurs objectifs plutôt que sur des intentions. La seconde approche est plus
pertinente du fait que les bonnes intentions peuvent ne jamais se concrétiser.
Prenons l'exemple de la politique de l'éducation en Grèce. La Constitution du pays contient la
déclaration suivante: «Tous les Hellènes ont droit à l’instruction gratuite à tous ses degrés».
(Parlement héllenique1995). Pourtant, la part des dépenses privées consacrées à l'éducation par les
ménages en Grèce est la plus élevée de tous les pays de l'Union européenne (Eurostat 2005, p.64),
alors que le pays affiche de faibles résultats sur de nombreux indicateurs socioéconomiques et de
qualité de l'éducation (Psacharopoulos 2003).
Le Tableau B-1 indique la position des pays quant à divers indicateurs objectifs concernant la
performance de leurs systèmes éducatifs. En raison de l'importance de la phase préscolaire, pour
de nombreux pays la participation de la population âgée de 4 ans dépasse la moyenne européenne
de 86% et cette éducation est dispensée gratuitement par l'État. Néanmoins, en Irlande, seulement
1,8% des enfants de 4 ans sont inscrits en préscolaire, alors qu'ils le sont tous en Belgique,
Espagne, France et Italie (Eurydice 2005, Figure C.6).
Dans l'éducation primaire et secondaire, la vaste majorité des pays pratiquent une «sélection»
tardive des élèves, les orientant vers différentes filières (enseignement général ou professionnel, par
exemple) ou vers différents groupes de compétences, et ont des systèmes d'évaluation interne et
externe. Toutes ces pratiques sont jugées souhaitables par les chercheurs. Mais les écarts les plus
grands entre les pays concernent le degré d'autonomie que peuvent avoir les établissements
scolaires en termes de décisions d'éducation. Comme le montre le Tableau B-1, les écoles ne
disposent d'une autonomie totale que dans huit pays. En Finlande, pays en tête des résultats de
l'évaluation PISA, le choix du manuel repose entièrement entre les mains des enseignants et du
directeur ou proviseur, alors qu'un seul et même ouvrage est imposé à toutes les écoles de Grèce
par le Ministère de l'Éducation (Eurydice 2005, Figure B.24).
D'importantes disparités sont également observées entre les pays de l'UE en matière de droits
d'inscription dans l'enseignement supérieur. La combinaison de droits sélectifs et de prêts étudiants
est considérée comme le moyen le plus efficace et le plus équitable de financer un système
d'enseignement supérieur (Commission européenne 2006c, EENEE 2006). Comme le montre le
Tableau B-1, les droits d'inscription sont inexistants ou insignifiants dans la plupart des pays
européens (moins de 200€ par an). On note néanmoins les exceptions constituées par l'Estonie, la
Lettonie et la Lituanie, où les droits d'inscription maximum (de l'ordre de 3000€ à 7500€)
s'approchent du coût public annuel par étudiant. En Pologne, aux Pays-Bas et dans la plupart du
Royaume-Uni (Angleterre et Pays de Galles) les droits d'inscription des étudiants sont supérieurs à
1000€/an (Eurydice 2005, Figure D.20). Les pays où les droits d'inscription sont élevés, comme la
Lettonie et la Lituanie, ont des systèmes d'aide aux étudiants en place, ce qui est également le cas
en Suède, où les droits sont très faibles.
20 Septembre 2007 Séminaire de réflexion thématique de la Stratégie européenne pour l’emploi 37