L'effet de l'éducation sur l'emploi, les salaires et la productivité: Une ...

GEORGE PSACHAROPOULOS
Les financements devraient en priorité être destinés à l'acquisition des connaissances
générales et non à la spécialisation professionnelle dans le secondaire. Les compétences
générales incluent les aptitudes sociales et de communication, essentielles aux yeux des
employeurs (Murnane et Levy 1996). Une base solide en lecture, écriture et calcul contribue
également à une spécialisation ultérieure plus efficace dans des compétences
professionnelles qu'il est impossible d'anticiper aujourd'hui en raison du développement
rapide des nouvelles technologies. Il s'agit d'un aspect essentiel, la Stratégie de Lisbonne
pour la croissance et l'emploi ayant souligné la nécessité d'améliorer les capacités
d'adaptation des travailleurs et des entreprises.
L'orientation scolaire et professionnelle apportée dans les écoles et les universités suppose
également un échec d'information du point de vue de l'individu (OCDE 2004c). Dans cette
mesure, l'orientation devrait être axée sur la publication des résultats du suivi
socioprofessionnel des jeunes diplômés sur le marché du travail ou poursuivant des études
(Papas et Psacharopoulos 1987). Les étudiants à risque et ceux susceptibles de quitter
l'école à un stade prématuré devraient être informés des conséquences de cet abandon
(Psacharopoulos 2007). Les diplômés des écoles secondaires qui risquent de ne pas suivre
un enseignement supérieur pour raisons financières devraient être informés de l'existence et
des conditions des prêts étudiants.
Le financement public devrait être affecté à l'amélioration de la qualité de l'éducation, et pas
seulement à la prolongation des années de scolarisation. La fréquentation de l'école est une
condition nécessaire à l'apprentissage. Cependant, ce qui est peut-être plus important
encore est ce qui se passe en classe en termes d'apprentissage réel. Les progrès cognitifs
devraient être suivis et les interventions devraient cibler les facteurs qui améliorent
l'apprentissage de l'élève (Wößmann 2002).
Plusieurs programmes européens en cours ou en projet ont pour objet de certifier et de
comparer les qualifications obtenues dans les différents pays. Il s'agit, notamment, du
système européen de transfert de crédits (European Credit Transfer System, ECTS), du
Cadre européen des certifications (CEC), du supplément au diplôme, du CV européen,
d'EUROPASS et du processus de Bologne (Commission européenne 2003). Outre la
certification officielle, principalement fondée sur la durée des études (intrant), une plus
grande attention devrait être portée à la qualité des résultats du système éducatif.
L'employeur privé est peut-être, à cet égard, un meilleur évaluateur que le secteur public.
Par exemple, bien que les diplômes des établissements privés ne soient pas officiellement
reconnus en Grèce, les employeurs du secteur privé préfèrent souvent les diplômés issus
de ces écoles que ceux des universités publiques (Psacharopoulos 2003).
Toute évaluation du système éducatif devrait être effectuée en externe (c'est-à-dire par un
tiers et non par auto-évaluation), analytique (fondée sur des mesures et non sur une
description) et, surtout, mesurée par le produit du système scolaire (apprentissage cognitif,
opportunités d'emploi, par exemple) plutôt que par les intrants (financement, par exemple).
Il est clairement établi que l'environnement institutionnel favorise l'utilisation efficace des
ressources. Une corrélation s'observe entre la décentralisation des systèmes éducatifs et
une plus grande réussite aux tests internationaux. La première place obtenue par la
Finlande aux tests PISA peut être largement attribuée au fait que seulement 2% des
décisions concernant l'éducation sont prises à un niveau central. Une fois qu'un budget
20 Septembre 2007 Séminaire de réflexion thématique de la Stratégie européenne pour l’emploi 19