L'effet de l'éducation sur l'emploi, les salaires et la productivité: Une ...
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2. Théorie <strong>et</strong> me<strong>sur</strong>e<br />
GEORGE PSACHAROPOULOS<br />
Il y a cinquante ans, <strong>les</strong> chercheurs <strong>de</strong>s États-Unis s'étaient trouvés face à l'énigme présentée par<br />
un résidu <strong>de</strong> croissance économique inexpliqué. Le revenu national augmentait beaucoup plus vite<br />
que <strong>les</strong> trois facteurs <strong>de</strong> production traditionnels qu'étaient <strong>la</strong> terre, le travail <strong>et</strong> le capital. Les<br />
mutations technologiques ne pouvaient pas, à el<strong>les</strong> seu<strong>les</strong>, expliquer une telle croissance puisque<br />
c'était om<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> question <strong>de</strong>s causes <strong>de</strong> ces mutations.<br />
Mincer (1958), Schultz (1961) <strong>et</strong> Becker (1964) introduisirent <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> capital humain comme<br />
facteur d'explication possible. Le capital humain est me<strong>sur</strong>é par le niveau d'éducation <strong>de</strong> <strong>la</strong> main<br />
d'œuvre. Les dépenses d'éducation créent du capital humain. <strong>Une</strong> fois que ce capital fut introduit<br />
dans <strong>la</strong> fonction <strong>de</strong> production agrégée, <strong>la</strong> plupart du résidu auparavant mystérieux <strong>de</strong> <strong>la</strong> croissance<br />
économique trouvait son explication. Depuis, le travail, en tant que facteur <strong>de</strong> production, a cessé<br />
d'être me<strong>sur</strong>é simplement par le nombre <strong>de</strong> travailleurs <strong>et</strong> a été augmenté du capital humain<br />
représenté par chaque travailleur. Plus le niveau d'éducation d'un travailleur est élevé, plus ce<br />
travailleur est productif.<br />
Si <strong>l'éducation</strong> forme du capital humain, ce capital doit logiquement offrir un ren<strong>de</strong>ment, à l'instar <strong>de</strong>s<br />
investissements en capital physique. On évalue habituellement <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment, chacun<br />
répondant à une question différente. Le premier est le taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment privé, qui compare <strong>les</strong><br />
coûts <strong>et</strong> <strong>les</strong> bénéfices <strong>de</strong> <strong>l'éducation</strong> respectivement encourus <strong>et</strong> obtenus par l'étudiant ou l'élève<br />
qui entreprend l'investissement. Le second est le taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment social, qui compare <strong>les</strong> coûts <strong>et</strong><br />
<strong>les</strong> gains pour l'ensemble du pays. Les taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment privés sont utilisés pour expliquer le<br />
comportement <strong>de</strong>s individus dans leur recherche <strong>de</strong> différents niveaux <strong>et</strong> types d'éducation, alors<br />
que <strong>les</strong> taux sociaux sont employés pour formuler <strong>de</strong>s politiques re<strong>la</strong>tives à l'allocation <strong>de</strong> fonds<br />
marginaux à différents niveaux <strong>et</strong> types <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation. Selon <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s réalisées <strong>sur</strong><br />
ce suj<strong>et</strong>, le taux <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>ment social doit, idéalement, être étendu à l'échelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> société <strong>et</strong> inclure<br />
<strong>les</strong> externalités, c'est-à-dire <strong>les</strong> bénéfices autres que ceux obtenus par l'individu investisseur.<br />
Les travaux en <strong>la</strong> matière me<strong>sur</strong>ent le capital humain <strong>de</strong> plusieurs manières différentes. La première<br />
considère le plus haut niveau <strong>de</strong> formation atteint par l'individu <strong>et</strong>, pour ce faire, c<strong>la</strong>sse <strong>la</strong> main<br />
d'œuvre par catégories <strong>de</strong> diplômés <strong>de</strong> l'enseignement primaire, secondaire <strong>et</strong> supérieur (Denison<br />
1967). La <strong>de</strong>uxième métho<strong>de</strong> prend le nombre d'années d'école suivies par l'individu. Elle attribue<br />
par exemple <strong>la</strong> valeur 0 année aux ill<strong>et</strong>trés <strong>et</strong> 16 ans aux diplômés d'université (Mincer 1974). La<br />
troisième considère <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> ressources investies dans l'individu, par exemple en multipliant le<br />
nombre d'années d'école à chaque niveau d'éducation par le coût annuel par élève/étudiant à ce<br />
niveau (Schultz 1961). La quatrième métho<strong>de</strong> prend en compte <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité en se<br />
fondant <strong>sur</strong> <strong>les</strong> résultats <strong>de</strong> tests cognitifs réalisés à l'échelle internationale (Hanushek <strong>et</strong> Wößmann<br />
2007).<br />
La me<strong>sur</strong>e <strong>de</strong> l'eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>l'éducation</strong> <strong>sur</strong> <strong>la</strong> <strong>productivité</strong> est quelque peu problématique puisque celui-ci<br />
ne peut pas être observé directement. Il est courant d'utiliser comme indicateur <strong>les</strong> différences <strong>de</strong><br />
revenus entre <strong>les</strong> personnes <strong>les</strong> plus instruites <strong>et</strong> cel<strong>les</strong> l'étant le moins. Dans le secteur privé <strong>de</strong><br />
l'économie, on peut raisonnablement penser qu'en raison <strong>de</strong>s impératifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> concurrence, <strong>les</strong><br />
employeurs privés ne seraient pas capab<strong>les</strong> <strong>de</strong> payer beaucoup plus, ni beaucoup moins leurs<br />
employés que ce qu'ils leur rapportent en termes <strong>de</strong> produit (Psacharopoulos 1983).<br />
20 Septembre 2007 Séminaire <strong>de</strong> réflexion thématique <strong>de</strong> <strong>la</strong> Stratégie européenne pour l’emploi 10