LES AVIONS MILITAIRES - EuroSAE
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inéluctablement des limitations aux exigences que l’on pourrait formuler<br />
individuellement pour divers avions spécialisés. Il fait part cependant de sa surprise<br />
devant le rapport du CEAM qui lui paraît trop catégorique. Il pose en outre la<br />
question de savoir pourquoi le Mirage III se freinerait davantage en évolution que le<br />
Durandal.<br />
Le CEAM « indique que ce résultat a été extrapolé en raison du fait que les deux<br />
appareils ont la même flèche, sensiblement la même épaisseur relative et que le<br />
rapport poussée/poids défavorise le Mirage III prototype mais favorisera le<br />
Mirage III A par rapport au Durandal.<br />
En ce qui concerne l’appui, le Mirage paraît apte aux missions d’assaut préparé,<br />
mais son freinage excessif en évolution le rend à peu près inutilisable en assaut<br />
découvert lorsqu’une chasse adverse active se trouve au-dessus : « Lorsque le<br />
Mirage III se met en virage, il se trouve en état d’infériorité par rapport à un avion de<br />
performances très inférieures comme le Mystère IV A. »<br />
La DTIA rappelle que, lors d’une réunion à Istres en février 1957, on a confronté<br />
les possibilités des trois prototypes susceptibles d’une décision de commande : le<br />
Trident, le Mirage III et l’Étendard IV. A cours de cette réunion, il a été reconnu<br />
impossible de lancer simultanément ces trois appareils qui auraient conduit à un<br />
ensemble valable hautement spécialisé, et même de retenir deux d’entre eux.<br />
La DTIA et l’EMAA sont tombés d’accord sur le fait qu’il serait déjà difficile de<br />
financer une série convenable pour un seul des appareils envisagés. S’il n’est pas<br />
possible d’obtenir un avion parfaitement versatile, il est apparu que le Mirage, moins<br />
spécialement poussé vers les très hautes altitudes que le Trident et moins limité<br />
dans ses possibilités d’interception que l’Étendard IV, était le seul acceptable.<br />
Il est certain que le Mirage III sera imparfait dans les missions d’appui tactique,<br />
mais que donnerait l’Étendard IV dans l’interception ? Le directeur du CEV suggère<br />
qu’une confrontation entre le « vieux Charles » de Guynemer et le Mystère IV A<br />
montrerait à coup sûr la supériorité du « vieux Charles » en ce qui concerne la<br />
maniabilité et les possibilités d’évolution à basse altitude.<br />
Sans aucun doute, il vaut mieux deux avions spécialisés, mais l’élimination d’une<br />
telle formule est d’ordre financier et non pas technique. Il manque à la note du<br />
CEAM une conclusion, car si l’on n’accepte pas le Mirage III, il faut choisir autre<br />
chose.<br />
Or, sans aucun doute, une seule série est possible. C’est à l’état-major de dire si<br />
le Mirage III a toujours priorité sur une formule spécialisée d’appui du genre de<br />
l’Étendard IV, comme aux réunions de février et d’avril 1957.<br />
La question du degré de versatilité que l’on peut raisonnablement atteindre sans<br />
sacrifier les qualités essentielles du Mirage III comme intercepteur est alors<br />
soulevée : une expérimentation convenablement orientée devrait montrer les limites<br />
du possible.<br />
Il faut par ailleurs tenir compte du facteur temps. Le prototype actuel démarrera<br />
seul jusqu’en mai 1958. Le décalage entre la présérie et la série ne devrait être que<br />
de quelques mois. Il y a donc pour les services d’essais une urgence considérable<br />
exigeant de nombreux vols du seul appareil existant. Malgré tout l’intérêt d’une<br />
expérimentation élargie à d’autres missions, si l’on maintient la priorité à la mission<br />
d’interception, il faut laisser se dérouler le programme actuel déjà très chargé sans<br />
rien ajouter.<br />
La DTI rappelle que, dès l’origine, elle a clairement exposé les possibilités et les<br />
limites du Mirage III et que l’opération actuellement lancée est celle qui comporte le<br />
minimum d’aléas. Elle fait confiance à la technique Dassault suffisamment éprouvée<br />
en matière d’avions de chasse, mais il reste des aléas inévitables.<br />
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