Sicherheit Sécurité Sicurezza Schwierige Suche nach dem ... - Swissi
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La classique escroquerie à l’assurance<br />
Le travail des enquêteurs incendie (tacticiens<br />
criminels) est particulièrement difficile:<br />
quand ils sont sur les lieux de l’incendie,<br />
il ne reste en général plus que<br />
cendres et ruines. La scène de crime est<br />
enfumée, les indices sont presque détruits.<br />
Et quand ils n’ont pas de chance,<br />
les pompiers ont déjà évacué bien des<br />
choses. Les spécialistes de la police vont<br />
d’abord s’efforcer de retrouver le point de<br />
départ de l’incendie. Cela <strong>dem</strong>ande des<br />
connaissances en cinétique de l’incendie<br />
et en comportement face au feu des différents<br />
éléments construits, et autres matériaux.<br />
Ensuite, ils vont lire et répertorier<br />
les images des traces, interpréter les indices,<br />
interroger les témoins et donner de<br />
la cohérence à tout cela: «Penser logiquement<br />
est le fon<strong>dem</strong>ent du travail des policiers»,<br />
explique Willy Knecht.<br />
Une enquête judiciaire d’ADN, actuellement<br />
un standard des investigations sur<br />
des crimes, est pratiquement exclue. Pourtant,<br />
les enquêteurs se fient toujours davantage<br />
à la collaboration avec les spécialistes<br />
de la police scientifique (techniciens<br />
criminels). Mais même sans traces d’ADN,<br />
il existe suffisamment de possibilités pour<br />
exploiter les indices récoltés. La recherche<br />
scientifique d’indices se base avant tout<br />
sur les matériaux trouvés dans la zone<br />
sensible et sur les sources de mise à feu<br />
qui entrent en ligne de compte.<br />
Les substances les plus courantes permettant<br />
de favoriser la propagation d’un feu<br />
sont les accélérateurs de feu, les produits<br />
chimiques tels que l’éthanol ou l’essence.<br />
Il existe également des méthodes plus astucieuses,<br />
que Willy Knecht illustre au<br />
moyen d’un exemple: «Une fois, je m’étais<br />
rendu sur les lieux d’un incendie. Le propriétaire<br />
de la maison était en vacances<br />
depuis plusieurs jours. Il bénéficiait à première<br />
vue d’un solide alibi. On a donc dû<br />
partir de l’idée qu’il fallait chercher l’origine<br />
de l’incendie dans un défaut technique.<br />
J’ai alors découvert, dans les décombres<br />
et les cendres, les restes fondus<br />
d’un câble et d’une minuterie. C’est ainsi<br />
que notre équipe a pu accuser le propriétaire<br />
de la maison d’incendie prémédité.»<br />
L’auteur avait provoqué un incendie criminel<br />
à retar<strong>dem</strong>ent grâce à la minuterie.<br />
Il s’agissait donc d’une tentative classique<br />
d’escroquerie à l’assurance.<br />
Afin de mieux se protéger, la population<br />
de Riehen range depuis peu préventivement<br />
son bois hors des jardins et fait installer<br />
des alarmes incendie. «Mais contre<br />
un incendiaire opérant seul et à couvert,<br />
il n’existe que peu de protection», déclare<br />
Willy Knecht. Même si on pouvait élimi-<br />
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PROTECTION INCENDIE<br />
ner tous les dangers potentiels, l’incendiaire<br />
trouverait un autre moyen. Les détecteurs<br />
de mouvement ou une surveillance<br />
organisée sur le plan privé pourraient<br />
constituer une parade. «Les incendiaires<br />
détestent la lumière», a expliqué Willy<br />
Knecht qui met pourtant en question l’utilité<br />
d’une surveillance privée: «Personne<br />
ne sait quand et où le prochain incendie<br />
se produira». Qui est en mesure de garantir<br />
24 heures par jour durant des semaines,<br />
voire des mois, le maintien d’une<br />
surveillance privée? Que se passe-t-il pendant<br />
les vacances?<br />
Des mesures de protection diverses et<br />
nombreuses<br />
En règle générale, les autorités et les assurances<br />
prescrivent des mesures de protection<br />
techniques et pour les constructions<br />
spéciales. Cela concerne p.ex. les<br />
hôtels, hôpitaux, centres d’achats, gratteciel<br />
et autres installations industrielles.<br />
Le standard dans le domaine technique,<br />
ce sont les alarmes incendie et les installations<br />
de sprinklers, selon le genre de<br />
construction. Les détecteurs de fumée<br />
d’incendie décèlent un départ de feu via<br />
des senseurs et sans intervention humaine,<br />
alarment les personnes en danger<br />
et mobilisent les pompiers. Les installations<br />
de sprinklers réagissent via des ampoules<br />
de verre, qui éclatent à partir d’une<br />
certaine température, ouvrent des buses<br />
spéciales et éteignent automatiquement le<br />
feu en pulvérisant de l’eau. En ce qui<br />
concerne les matériaux de construction,<br />
des normes détaillées sont fixées. Une<br />
paroi ou une porte devraient p.ex. pouvoir<br />
résister au feu durant au moins 30 minutes.<br />
Uwe Maier est spécialiste de la sécurité<br />
auprès de l’Institut suisse pour la promotion<br />
de la sécurité. Des entreprises ou des<br />
institutions font appel à lui, plus rarement<br />
des personnes privées, qui souhaitent<br />
améliorer leur sécurité, le plus souvent<br />
après que des lacunes dans leur concept<br />
de sécurité aient été à l’origine des dégâts<br />
occasionnés. Lors de l’entretien, il s’agit<br />
alors de «proposer des mesures, afin que<br />
cela ne se reproduise plus ou que les dégâts<br />
puissent être réduits au maximum».<br />
Un incendie ne provoque pas uniquement<br />
des dégâts matériels, il peut également<br />
réduire à néant une production et avoir<br />
pour conséquence une interruption de la<br />
marche de l’entreprise. Pour des maisons<br />
qui produisent «just in time», cela peut<br />
être dévastateur. Des interventions au niveau<br />
de la construction peuvent déjà être<br />
très efficaces. Le mot d’ordre s’appelle<br />
«création de compartiments pare-feu», ce<br />
qui signifie que les différentes utilisations<br />
doivent être isolées les unes des autres.<br />
«Il est important que l’incendie ne puisse<br />
pas se propager», déclare Uwe Maier. Si<br />
un incendie se déclenche p.ex. dans le département<br />
de production, les particules<br />
de fumée ne devraient pas pouvoir endommager<br />
les produits finis.<br />
Une organisation de la sécurité<br />
négligée<br />
De nombreuses entreprises négligent l’organisation<br />
interne de la sécurité. Un dispositif<br />
d’alarme est incontournable. Les<br />
sorties de secours devraient toujours être<br />
libres, et l’ensemble du personnel devrait<br />
les connaître. Et finalement, tous les employés<br />
devraient être informés sur le comportement<br />
à adopter systématiquement en<br />
cas d’incendie, ou p.ex. comment on se<br />
sert d’un extincteur. Pour Uwe Maier, l’incendiaire<br />
est un «intrus indésirable», un<br />
criminel tel qu’un forcené, un espion industriel,<br />
etc. Depuis près de 10 ans, un<br />
changement d’attitude est intervenu dans<br />
le domaine des contrôles à l’entrée d’administrations<br />
et d’entreprises. Il n’existe<br />
quasiment plus d’entrée libre dans tous<br />
les secteurs. On a prévu une zone d’accueil<br />
officielle et à l’interne, l’accès du personnel<br />
est géré au moyen d’un badge. Les<br />
constructions particulièrement sensibles<br />
comme des installations chimiques ou des<br />
centrales nucléaires sont encore plus sévèrement<br />
contrôlées. A la loge, chacun doit<br />
présenter ses papiers, et le terrain est clôturé.<br />
Ces dernières années, on a de plus<br />
en plus souvent également installé des systèmes<br />
de surveillance vidéo afin de garantir<br />
la sécurité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur<br />
des bâtiments. Et cela même dans<br />
des stades de football, sur des places publiques<br />
ou dans le trafic urbain. Les bases<br />
légales ne sont pas toujours claires en ce<br />
qui concerne la protection des données:<br />
ce thème donne toujours lieu à des discussions<br />
animées. Et son utilité, diverses<br />
études le montrent, paraît limitée. Mais<br />
dans la population, son acceptation semble<br />
avoir progressé. L’incendiaire qui prémédite<br />
son acte, confirment les experts,<br />
est un cas particulier. Une protection spécifique<br />
préventive est quasiment impossible,<br />
l’arrestation de l’incendiaire plutôt<br />
rare. «Un incendiaire n’y a de toute façon<br />
rien gagné. Il a seulement une allumette<br />
de moins», remarque Willy Knecht. Quant<br />
aux incendies en série de Riehen, il ne fait<br />
aucun pronostic. Il se contente de dire:<br />
«Quand il sera découvert, nombreux seront<br />
ceux qui seront très étonnés d’apprendre<br />
qui en est l’auteur». W