Sicherheit Sécurité Sicurezza Schwierige Suche nach dem ... - Swissi
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Alcool et travail: des règles claires sont profitables<br />
Selon les statistiques, 7 à 10% de toutes les personnes actives souffrent d’un problème<br />
d’alcool. Il en résulte des absences et des pertes de productivité qui coûtent annuellement<br />
6 à 10 milliards de francs à l’économie. Les employeurs parlent de cette thématique<br />
actuellement bien plus souvent que par le passé.<br />
Daniela Kuhn<br />
est journaliste indépendante RP à Zurich.<br />
En Suisse, l’alcoolisme est un problème<br />
largement répandu: selon certaines<br />
estimations, plus de 300 000 personnes<br />
sont dépendantes à l’alcool ou en<br />
danger de le devenir. En comptant l’environnement<br />
social, ce sont un million de personnes<br />
qui sont confrontées au problème de<br />
l’alcoolisme. Sur la base de données empiriques,<br />
la part des personnes actives dépendantes<br />
à l’alcool est estimée à 7 à 10%.<br />
A part les personnes concernées et leurs<br />
proches, ce problème représente aussi une<br />
charge pour l’économie: selon les estimations,<br />
15 à 25% de tous les accidents du travail<br />
sont dus à la consommation d’alcool.<br />
Les collaborateurs dépendants à l’alcool<br />
manquent leur travail sans autorisation<br />
jusqu’à huit fois plus souvent, et leur productivité<br />
n’est plus que de 75%. Pour l’employeur,<br />
cela signifie qu’un quart du salaire<br />
n’est que pure perte.<br />
Les coûts totaux qui en découlent, y compris<br />
le versement des salaires, les prestations<br />
sociales et de l’AI, ainsi que les frais<br />
de traitement sont estimés en Suisse entre<br />
6 et 10 milliards de francs par année. Afin<br />
de couvrir ces frais externes, une bière devrait<br />
coûter 7 francs, une bouteille de vin<br />
bon marché 36 francs et une bouteille d’eaude-vie<br />
125 francs.<br />
Les estimations officieuses en cas d’accidents<br />
du travail sont élevées<br />
On ne sait toutefois pas exactement dans<br />
quelle mesure l’alcool joue un rôle dans les<br />
accidents du travail. Lors d’incidents relativement<br />
légers – au contraire des cas graves<br />
– le taux d’alcool dans le sang n’est pas<br />
mesuré systématiquement. «Lors d’accidents<br />
à la place de travail, l’influence de l’alcool<br />
est souvent ignorée. Les estimations officieuses<br />
sont donc élevées», prétend Ruedi<br />
Rüegsegger, psychologue du travail auprès<br />
de la Suva et responsable du problème «produits<br />
addictifs à la place de travail». Selon<br />
les études de R. Rüegsegger, le seul point de<br />
repère provient des loisirs et des urgences<br />
des hôpitaux qui attestent l’implication de<br />
l’alcool dans 20% de tous les accidents.<br />
Néanmoins, l’Office fédéral de la santé (OFS),<br />
avec le soutien de la Suva, a commandé une<br />
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SANTÉ<br />
étude permettant d’évaluer les coûts en relation<br />
avec l’alcool à la place de travail.<br />
Ruedi Rüegsegger, qui s’occupe de ce thème<br />
depuis 19 ans à la Suva, observe actuellement<br />
une prise de conscience mieux encrée<br />
dans les entreprises par rapport aux effets<br />
de l’alcool à la place de travail. «Aujourd’hui,<br />
on sait où l’on peut trouver de<br />
l’aide. La pratique est en ce sens devenue<br />
plus simple, mais la situation reste désagréable<br />
pour le cas particulier. Les problèmes<br />
d’alcool sont et restent tabous.»<br />
Les petites entreprises ont besoin<br />
d’aide<br />
Le psychologue du travail est appelé en<br />
moyenne une fois par semaine pour conseil,<br />
généralement des services du personnel qui<br />
aimeraient par exemple savoir comment<br />
dialoguer concrètement avec le collaborateur<br />
concerné, s’il est vraiment nécessaire<br />
d’exercer une certaine pression ou quand<br />
il est possible d’effectuer une prise de sang.<br />
«Les plus grandes entreprises traitent ce<br />
thème dans le cadre de l’instruction en gestion<br />
des ressources humaines. Ce sont plutôt<br />
les petites qui s’adressent à moi»,<br />
explique Ruedi Rüegsegger.Fondamentalement,<br />
les entreprises sont plus sensibilisées<br />
à ce problème que par le passé: «l’alcool à<br />
la place de travail est actuellement moins<br />
toléré. Mais il existe encore et toujours des<br />
entreprises qui ne reconnaissent pas l’existence<br />
de ce problème.»<br />
La Suva recommande à la direction des entreprises<br />
de fixer des règles claires. Premièrement,<br />
l’interdiction de consommer de<br />
l’alcool durant le temps de travail, ainsi<br />
qu’avant le travail et durant la pause de<br />
midi. La consommation d’alcool à l’occasion<br />
des fêtes de l’entreprise devrait aussi être<br />
clairement définie. Les autres points à préciser<br />
sont:<br />
WW Qui parle avec la personne concernée?<br />
WW A quel moment faut-il informer le service<br />
du personnel?<br />
WW Comment est organisée la collaboration<br />
avec le service de conseil en matière d’addiction?<br />
WW Qui paye la perte de salaire durant le traitement?<br />
WW Comment s’y prendre en cas de rechute?<br />
Une interdiction de consommer de l’alcool<br />
ne mène à rien prétend la Suva sur sa page<br />
web: «Il faut expliquer au personnel quels<br />
sont les dangers des produits addictifs à la<br />
place de travail.» La Suva présente des informations<br />
à ce sujet dans le cadre de conférences<br />
types ainsi que dans la vidéo «bien<br />
éméché» (www.suva.ch/waswo).<br />
Procédé en trois étapes<br />
En vue d’une confrontation constructive,<br />
R. Rüegsegger procède en trois étapes: «L’employeur<br />
devrait premièrement récolter des<br />
faits vraisemblablement liés à l’alcool. Ceci<br />
est difficile, car on se trouve en milieu incertain,<br />
où il est impossible de prouver ses soupçons.<br />
Toutefois, plus les références sont nombreuses,<br />
plus certaine est la probabilité.»<br />
La première phase comprend un entretien<br />
entre le collaborateur et son supérieur direct.<br />
A cette occasion, le collaborateur peut<br />
promettre une amélioration ou profiter de<br />
l’aide offerte. Ruedi Rüegsegger déclare toutefois<br />
«qu’il est fort probable» que le collaborateur<br />
concerné conteste les constatations<br />
de l’employeur et ne veut pas reconnaître le<br />
problème: «La plupart des personnes concernées<br />
nient la thématique. C’est normal. On<br />
pourrait presque affirmer: lorsque quelqu’un<br />
reconnaît avoir un problème, il est déjà à<br />
moitié guéri.»<br />
Lorsque le collaborateur n’entreprend rien<br />
ou trop peu, l’employeur fixe un délai de<br />
deux à trois mois et convient d’un deuxième<br />
entretien. S’il n’y a pas d’amélioration<br />
jusque-là, R. Rüegsegger conseille d’augmenter<br />
la pression: l’employeur fait signer<br />
au collaborateur un engagement écrit qui<br />
convient concrètement d’un comportement<br />
correct. Par exemple aucune courte absence<br />
non excusée, aucune consommation d’alcool<br />
avant et durant le travail, un maintien<br />
des données de productivité et de qualité.<br />
«Si après cela, aucune amélioration n’est<br />
constatée, il faut menacer le collaborateur<br />
de licenciement», dit R. Rüegsegger: «Simultanément,<br />
on lui donnera une dernière<br />
chance de régler son problème avec ou sans<br />
aide externe.» Selon lui, tout ce procédé ne<br />
devrait pas durer plus de six à douze mois.<br />
Le psychologue du travail n’est pas très favorable<br />
aux prises de sang et aux mesures<br />
éthyliques: «Je ne les recommanderais<br />
qu’en cas extrême. Lorsque les dires divergent,<br />
que l’employeur ne peut ou ne veut pas<br />
effectuer des mesures, il devrait, dans le<br />
doute, renvoyer le collaborateur à la maison,<br />
de préférence en taxi! Ce dernier ne<br />
doit revenir que lorsqu’il sera de nouveau<br />
en forme.»<br />
Sur le plan légal, la situation se présente<br />
comme suit: dans le cadre de la Loi sur l’as-