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Dossier pédagogique de l'exposition Collector - Centre national des ...

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Cette œuvre incarne une nouvelle conception <strong>de</strong> la peinture,<br />

reflet d’une nouvelle conception du mon<strong>de</strong>, celle <strong>de</strong> la pensée<br />

humaniste.<br />

« Pourquoi y a-t-il un paysage très sombre <strong>de</strong>rrière elle ? »<br />

C’est d’abord un jeu <strong>de</strong> contrastes <strong>de</strong> valeurs : le paysage<br />

sombre permet à l’artiste <strong>de</strong> détacher davantage la figure<br />

claire <strong>de</strong> mona lisa. Cependant c’est un paysage angoissant<br />

et « inhumain » loin <strong>de</strong>s fonds <strong>de</strong> portraits habituels avec <strong>de</strong>s<br />

prairies et <strong>de</strong>s ciels bleus. Ce paysage est très énigmatique : la<br />

rivière aux pieds <strong>de</strong>s rochers, le pont qui l’enjambe, sont certes<br />

<strong>de</strong>s symboles du temps qui passe, mais le côté chaotique<br />

renvoie aux énigmes et à l’échelle macroscopique <strong>de</strong> l’univers.<br />

Ce paysage est peut être une métaphore <strong>de</strong> la brièveté <strong>de</strong><br />

la vie et <strong>de</strong> la beauté humaine. on sait aussi qu’à la même<br />

époque, léonard travaille sur les cartes géographiques. le<br />

paysage avec son lac, et sa vallée marécageuse dans la partie<br />

gauche sont pratiquement la représentation en perspective<br />

cavalière d'une carte <strong>de</strong> la toscane que l’artiste réalise en<br />

1503-1504.<br />

« Combien <strong>de</strong> temps a-t-il mis pour réaliser ce tableau ? »<br />

léonard <strong>de</strong> Vinci a commencé ce tableau vers 1503 mais l’a<br />

sans cesse remodifié. on sait que La Jocon<strong>de</strong> l’a suivi jusqu’en<br />

france et n’a donc jamais été livrée à francesco <strong>de</strong>l giocondo.<br />

l’artiste a peint très peu <strong>de</strong> tableaux car il revenait sans cesse<br />

sur ses toiles. il était obsédé par la recherche <strong>de</strong> la perfection<br />

et se plaignait que ses mains n’aillent pas aussi vite que sa<br />

pensée.<br />

« Qui achetait les tableaux <strong>de</strong> Léonard <strong>de</strong> Vinci ? »<br />

léonard <strong>de</strong> Vinci a eu la chance <strong>de</strong> naître en italie à une<br />

époque où un grand mouvement intellectuel, l’humanisme, a<br />

permis une nouvelle forme <strong>de</strong> pensée et d’art. reconnu dès<br />

son apprentissage comme exceptionnel, il se met rapi<strong>de</strong>ment<br />

au service d’une puissante famille italienne, les médicis,<br />

qui l’honorera <strong>de</strong> multiples comman<strong>de</strong>s et participera à<br />

sa notoriété. très vite, les cours princières italiennes, les<br />

papes, et même le roi <strong>de</strong> france françois i er , s’arracheront le<br />

célébrissime artiste.<br />

« Pourquoi ce tableau a-t-il toujours autant <strong>de</strong> succès ? »<br />

sans doute pour plusieurs raisons. d’abord à cause <strong>de</strong> la<br />

personnalité exceptionnelle <strong>de</strong> son créateur. léonard <strong>de</strong> Vinci<br />

représente à lui seul la métamorphose <strong>de</strong> pensée au xV e<br />

siècle et incarne l’esprit <strong>de</strong> la renaissance par ses recherches<br />

multiples et dans <strong>de</strong> nombreux domaines comme l’anatomie,<br />

la géologie, l’optique, l’architecture, etc. ensuite le tableau<br />

reste inégalé dans la perfection <strong>de</strong> sa technique picturale,<br />

léonard <strong>de</strong> Vinci maîtrise complètement la peinture à l’huile et<br />

use <strong>de</strong> multiples glacis pour atteindre <strong>de</strong>s nuances subtiles et<br />

remarquables, il créera ainsi son célèbre sfumato. le succès<br />

<strong>de</strong> La Jocon<strong>de</strong> tient aussi <strong>de</strong>s mystères autour <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité du<br />

modèle qui a posé pour cette œuvre, <strong>de</strong>s récits et hypothèses<br />

plus ou moins rocambolesques ont souvent prêté à confusion.<br />

enfin <strong>de</strong>puis son entrée sur le sol français, le tableau a connu<br />

<strong>de</strong>s aventures dignes d’un roman policier.<br />

collector p14<br />

Luigi Calamatta, (Civitavecchia, 1802-Milan, 1869),<br />

La Jocon<strong>de</strong>, estampe, burin et eau-forte, 56,7 x 44 cm<br />

(page 11)<br />

« on dirait une vieille photo <strong>de</strong> La Jocon<strong>de</strong>…Comment<br />

l’artiste a-t-il fait ? »<br />

C’est une gravure réalisée avec une nouvelle technique<br />

d’impression née à la fin du xix e siècle : la gravure sur plaque<br />

<strong>de</strong> cuivre couverte d’acier. l’artiste creuse le motif sur le<br />

métal à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> burins, la plaque <strong>de</strong> cuivre est ensuite encrée<br />

puis passée sous presse. Cette matrice gravée permet <strong>de</strong><br />

reproduire la copie <strong>de</strong> La Jocon<strong>de</strong> sur papier en un nombre<br />

limité d’épreuves, 22 exemplaires exactement pour l’œuvre<br />

<strong>de</strong> Calamatta. la gravure est un exercice difficile car non<br />

seulement il faut travailler à l’envers mais aussi savoir<br />

transposer les couleurs du modèle copié en valeurs <strong>de</strong> gris.<br />

« Pourquoi faisait-on <strong>de</strong>s reproductions d’œuvres d’art ? »<br />

<strong>de</strong>puis la renaissance jusqu’au xix e siècle, la copie d’œuvres<br />

est avant tout un moyen d’apprentissage. <strong>de</strong>puis la création<br />

<strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong>s Beaux-arts en france en 1648, le <strong>de</strong>ssin<br />

est la formation <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s futurs artistes qui s’inspirent <strong>de</strong><br />

modèles célèbres pour en comprendre le thème, l’esprit <strong>de</strong><br />

l’œuvre et sa technique. mais dès le xVii e siècle, un véritable<br />

marché <strong>de</strong> la copie va s’ouvrir permettant aux collectionneurs<br />

peu fortunés d’acquérir <strong>de</strong>s toiles <strong>de</strong> maîtres à <strong>de</strong>s prix<br />

imbattables. possé<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s œuvres d’art <strong>de</strong>vient un marqueur<br />

social pour une bourgeoisie en pleine ascension. a la fin du<br />

xix e siècle, la gravure <strong>de</strong>venue moins onéreuse est en quelque<br />

sorte un moyen publicitaire qui permet aux marchands<br />

<strong>de</strong> diffuser les tableaux à vendre mais aussi d’alimenter<br />

l’inspiration <strong>de</strong>s artistes. gauguin par exemple utilisera les<br />

estampes comme ressources iconographiques. la gravure<br />

permet par ailleurs aux artistes <strong>de</strong> gagner <strong>de</strong> l’argent en<br />

reproduisant <strong>de</strong>s tableaux célèbres tout en continuant leur<br />

œuvre personnelle. l’ère <strong>de</strong> l’image est née.<br />

« L’artiste ne faisait-il que <strong>de</strong>s gravures d’œuvres du passé ? »<br />

luigi Calamatta, peintre et graveur, a réalisé <strong>de</strong> nombreux<br />

portraits. Élève <strong>de</strong> l’artiste néo classique Jean dominique<br />

ingres, il <strong>de</strong>vient célèbre en 1834 grâce à sa gravure qui<br />

immortalisera le masque mortuaire <strong>de</strong> napoléon. il se lie<br />

d'amitié avec george sand et réalise trois portraits <strong>de</strong> la<br />

romancière qui l’ai<strong>de</strong>ra à se faire connaître dans le milieu<br />

intellectuel et artistique. en 1837, installé à Bruxelles, il<br />

enseigne à l'académie royale <strong>de</strong>s Beaux-arts. dans cette<br />

interprétation, l’artiste démontre sa très gran<strong>de</strong> technicité en<br />

rendant notamment le mystérieux sourire du modèle autant<br />

que le célèbre sfumato du maître.

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