Dossier pédagogique de l'exposition Collector - Centre national des ...
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JaMEs lEE BYars<br />
red angel of Marseille, 1993<br />
FnaC 99316 <strong>Centre</strong> <strong>national</strong> <strong>de</strong>s arts plastiques - Ministère <strong>de</strong> la Culture et <strong>de</strong> la communication, paris photo a : © Estate James lee Byars, Courtesy Galerie Michael werner, nY / Cnap / photo : Gwendolyn F. dunaway Byars<br />
photo B : vue <strong>de</strong> l’exposition « les visiteurs », en 2005, au Château <strong>de</strong> tarascon, France © Estate James lee Byars, Courtesy galerie Michael werner, nY / Cnap / photo : Y. Chenot, paris<br />
James Lee Byars, (détroit, 1932- Le Caire, 1997), Red angel<br />
of Marseille, 1993, installation au sol composée <strong>de</strong> 1 000<br />
boules en verre plein, <strong>de</strong> couleur rouge<br />
« L’œuvre paraît si fragile… »<br />
C’est une installation composée <strong>de</strong> mille boules <strong>de</strong> verre rouge<br />
et pleines, posées au sol. la couleur sombre, proche d’un<br />
rouge <strong>de</strong> Venise, est très difficile à obtenir techniquement.<br />
l’artiste a réalisé son œuvre au Cirva – <strong>Centre</strong> inter<strong>national</strong><br />
<strong>de</strong> recherches sur le verre et ses applications – en 1993.<br />
les boules <strong>de</strong> verre forment <strong>de</strong>s spirales et arabesques qui<br />
renvoient autant aux volutes d’un jardin à la française qu’aux<br />
circonvolutions d’un système sanguin, ou encore aux <strong>de</strong>ssins<br />
mystérieux <strong>de</strong> quelques mandalas. l’artiste cherche avant tout<br />
à interpeller le spectateur en suscitant chez lui le sentiment <strong>de</strong><br />
mystère et <strong>de</strong> perfection.<br />
« Que signifie cette œuvre ? »<br />
Comme les artistes conceptuels, James lee Byars utilise<br />
différents aspects <strong>de</strong> la sémiologie ou <strong>de</strong> la philosophie pour<br />
réfléchir aux fon<strong>de</strong>ments même <strong>de</strong> l'art : l’idée prime sur la<br />
réalisation comme l’affirmait déjà léonard <strong>de</strong> Vinci :<br />
« La pittura e cosa mentale » (l’art est une chose <strong>de</strong> l’esprit).<br />
il faut donc chercher le sens dans chacun <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong><br />
l’installation sans qu’il n’existe forcément <strong>de</strong> réponse fermée<br />
(cf. L’œuvre ouverte, Umberto ecco, 1962).<br />
l’artiste utilise ici le verre, un <strong>de</strong>s premiers matériaux mis au<br />
point par l’homme et qui symbolise la fragilité, la finesse et la<br />
transparence. la forme sphérique <strong>de</strong>s boules <strong>de</strong> verre incarne<br />
un idéal <strong>de</strong> perfection. quant aux <strong>de</strong>ssins figurés au sol, où l’on<br />
retrouve la spirale et le cercle, ils sont eux aussi symboliques.<br />
la spirale du grec « speira » (enroulement) et sa racine<br />
collector p 74<br />
« spar », qui veut dire « répandre », contient l'idée <strong>de</strong> semence<br />
et donc d'ensemencer. la spirale est aussi le symbole du<br />
mouvement perpétuel, elle représente le cheminement <strong>de</strong><br />
la vie, l'évolution et l'éternité. on la retrouve dans plusieurs<br />
cultures anciennes, <strong>de</strong> la même manière le cercle. pour<br />
presque toutes les civilisations anciennes, le cercle représente<br />
l'ordre cosmique. Cette forme géométrique parfaite n'a ni<br />
début ni fin, ce qui en fait le symbole parfait <strong>de</strong> l'éternité, la<br />
plénitu<strong>de</strong>, l'infini, la continuité. l’artiste évoque ici tout à la fois<br />
la mort, la fragilité, l'éphémère, la vie, l'éternel. quant à la<br />
couleur rouge, ambivalente par excellence, elle est aussi bien<br />
associée au pouvoir et à la chaleur qu’à la joie, à la passion, la<br />
sensualité. le rouge est aussi la couleur du sang et <strong>de</strong> la vie.<br />
« Qui est James Lee Byars ? »<br />
né en 1932 à détroit dans le michigan, l’artiste a étudié l’art,<br />
mais aussi la psychologie et la philosophie. dans les années<br />
50, il partage sa vie entre le Japon et les États-Unis. C’est au<br />
Japon qu’il découvre la philosophie shintoïste dont le concept<br />
majeur est <strong>de</strong> reconnaître le caractère sacré <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong><br />
redéfinir humblement la place <strong>de</strong> l’homme au milieu d’un grand<br />
tout. papier, verre, soie, or, sont les matériaux <strong>de</strong> prédilection<br />
<strong>de</strong> l’artiste, ils incarnent un idéal <strong>de</strong> perfection que symbolisent<br />
aussi les formes géométriques. À l’instar <strong>de</strong>s œuvres d’Yves<br />
Klein ou <strong>de</strong> Joseph Beuys, une dimension profondément<br />
mystique se dégage <strong>de</strong> celles <strong>de</strong> James lee Byars.<br />
apparaissant volontiers, lors <strong>de</strong> ses vernissages, coiffé d’un<br />
chapeau haut-<strong>de</strong>-forme, vêtu d’un costume noir et or, le visage<br />
masqué par un loup noir, James lee Byars n’a eu <strong>de</strong> cesse,<br />
tout au long <strong>de</strong> sa vie, <strong>de</strong> multiplier performances, sculptures,<br />
installations et éditions avec un égal souci <strong>de</strong> perfection et <strong>de</strong><br />
partage. il est mort au Caire en 1997.