Les CLOUTIER de Mortagne-au-Perche en France et leurs ...
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<strong>Les</strong> <strong>CLOUTIER</strong> <strong>de</strong> <strong>Mortagne</strong>-<strong>au</strong>-<strong>Perche</strong> 24<br />
Iroquois. Malheureusem<strong>en</strong>t, Champlain ne <strong>de</strong>vait pas vivre assez longtemps pour être témoin <strong>de</strong> ce premier élan<br />
véritable imprimé à la p<strong>et</strong>ite colonie qu'il avait fondée <strong>en</strong> 1608 <strong>au</strong> pied du Cap Diamant. Usé avant le temps par une<br />
exist<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> surm<strong>en</strong>age, <strong>de</strong> privations <strong>et</strong> <strong>de</strong> fatigue, résultat <strong>de</strong> ses longs voyages <strong>en</strong> mer <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses épuisantes<br />
expéditions à travers <strong>de</strong>s contrées s<strong>au</strong>vages <strong>et</strong> inconnues, sa santé s'était mise à se détériorer. C<strong>et</strong> homme, qui avait<br />
affronté tous les dangers, perdit peu à peu ses forces jusqu'à ce qu'un jour d'octobre 1635, il tombât frappé <strong>de</strong><br />
paralysie. Robert Giffard, qui se prét<strong>en</strong>dait mé<strong>de</strong>cin, dut le soigner, mais son cas était désespéré <strong>et</strong> il r<strong>en</strong>dit l'âme le<br />
25 décembre suivant, <strong>au</strong> vif regr<strong>et</strong> <strong>de</strong> toute la population. Il avait été assisté dans ses <strong>de</strong>rniers mom<strong>en</strong>ts par le Père<br />
Charles Lalemant, qui officia <strong>au</strong>ssi à son service funèbre. Profondém<strong>en</strong>t affligée par sa mort, la colonie lui fit <strong>de</strong>s<br />
funérailles <strong>au</strong>ssi sol<strong>en</strong>nelles que possibles, dans la p<strong>et</strong>ite église <strong>de</strong> Notre-Dame <strong>de</strong> la Recouvrance. C'est le Père<br />
Lejeune qui prononça son oraison funèbre, après quoi le corps du vaillant découvreur fut inhumé dans une chapelle<br />
voisine <strong>de</strong> l'église.<br />
Samuel <strong>de</strong> Champlain avait 68 ans <strong>au</strong> mom<strong>en</strong>t <strong>de</strong> sa mort. Il était né <strong>en</strong> 1567, à Brouage, p<strong>et</strong>it port <strong>au</strong>jourd'hui<br />
<strong>en</strong>sablé, situé non loin <strong>de</strong> La Rochelle, d'où partir<strong>en</strong>t tant <strong>de</strong> colons <strong>de</strong>stinés à la Nouvelle-<strong>France</strong>. C'était un homme<br />
qui avait <strong>de</strong> l'instruction, car il a écrit sur ses voyages <strong>de</strong> très intéressantes relations. Il jouissait <strong>de</strong> la considération<br />
<strong>de</strong>s gouvernants qui, à plusieurs reprises, lui confièr<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s missions <strong>de</strong> la plus h<strong>au</strong>te importance, y compris<br />
l'organisation <strong>et</strong> l'administration <strong>de</strong> la colonie <strong>de</strong> Québec. Avec lui disparaissait l'une <strong>de</strong>s plus belles figures <strong>de</strong><br />
l'Histoire canadi<strong>en</strong>ne dans ses débuts. Il avait conquis à la <strong>France</strong> tout un "nouve<strong>au</strong> mon<strong>de</strong>" que celle-ci,<br />
malheureusem<strong>en</strong>t, ne sut pas gar<strong>de</strong>r.<br />
Champlain savait pratiquer la véritable fraternité humaine, non seulem<strong>en</strong>t avec ses compatriotes <strong>et</strong> ses collaborateurs,<br />
mais <strong>au</strong>ssi vis-à-vis <strong>de</strong>s indigènes, qui appréciai<strong>en</strong>t ses qualités <strong>et</strong> avai<strong>en</strong>t pour lui le plus grand respect. A lui revi<strong>en</strong>t<br />
la gloire d'avoir été dans les domaines politique, social <strong>et</strong> religieux, le vrai "père <strong>de</strong> la Nouvelle-<strong>France</strong>". Et pourtant,<br />
ses compatriotes, qui <strong>au</strong>rai<strong>en</strong>t dû avoir pour lui tant <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong>, ont laissé se perdre dans l'oubli l'<strong>en</strong>droit même où<br />
fut déposé son corps. On ignore <strong>au</strong>jourd'hui où se trouv<strong>en</strong>t ses restes mortels.<br />
Vie laborieuse <strong>et</strong> bi<strong>en</strong> remplie <strong>de</strong> maître Zacharie<br />
<strong>Les</strong> <strong>Perche</strong>rons m<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t une exist<strong>en</strong>ce laborieuse sur <strong>leurs</strong> propriétés <strong>de</strong> la seigneurie <strong>de</strong> Be<strong>au</strong>port. <strong>Les</strong> trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong> la<br />
terre pr<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t une bonne partie <strong>de</strong> leur temps <strong>et</strong> il importait <strong>de</strong> ne pas les négliger afin <strong>de</strong> pouvoir<br />
nourrir femmes <strong>et</strong> <strong>en</strong>fants. Il fallait <strong>au</strong>ssi s'assurer un bon gîte, vu les rigueurs du climat canadi<strong>en</strong>. Zacharie Cloutier <strong>et</strong><br />
son ami Jean Guyon se construisir<strong>en</strong>t d'abord une maison commune, assez spacieuse pour les <strong>de</strong>ux familles, qui<br />
avai<strong>en</strong>t toujours été très liées, même avant le départ <strong>de</strong> <strong>Mortagne</strong>. Après un certain temps, Zacharie alla se construire<br />
un logis à lui, sur son fief <strong>de</strong> la Clouterie, laissant Guyon seul occupant <strong>de</strong> la première maison. D'<strong>au</strong>tres colons avai<strong>en</strong>t<br />
<strong>au</strong>ssi construit <strong>de</strong> coqu<strong>et</strong>tes habitations à Be<strong>au</strong>port, <strong>de</strong> sorte que bi<strong>en</strong>tôt l'agglomération prit l'aspect d'un p<strong>et</strong>it village.<br />
<strong>Les</strong> premiers c<strong>en</strong>sitaires <strong>de</strong> Giffard n'étai<strong>en</strong>t pas tous <strong>de</strong> simples défricheurs. Certains, tels Cloutier <strong>et</strong> Guyon, étai<strong>en</strong>t<br />
reconnus comme <strong>de</strong>s artisans experts dans le travail du bois <strong>et</strong> <strong>de</strong> la pierre, <strong>au</strong>ssi <strong>leurs</strong> services fir<strong>en</strong>t-ils bi<strong>en</strong>tôt prime<br />
dans le domaine du bâtim<strong>en</strong>t. Il y avait tant à faire dans la colonie naissante.<br />
Après qu'il eut rempli les conditions <strong>de</strong> son, <strong>en</strong>gagem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> trois ans avec Giffard, Maître Zacharie, charp<strong>en</strong>tier <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong> réputation, fut particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pour l'exécution ou la surveillance d'importants trav<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />
construction, pour le compte <strong>de</strong> l'administration ou <strong>de</strong> particuliers. Grâce à son esprit d'initiative <strong>et</strong> à son ar<strong>de</strong>ur à la<br />
besogne, il put ainsi <strong>au</strong>gm<strong>en</strong>ter ses rev<strong>en</strong>us d'une manière appréciable. C'est ainsi qu'il travailla à la reconstruction du<br />
Châte<strong>au</strong> St-Louis, à l'érection d'un presbytère pour le compte <strong>de</strong>s Jésuites, d'une redoute avec batterie sur le quai <strong>de</strong> la<br />
basse-ville, <strong>et</strong>c.<br />
Le 23 juill<strong>et</strong> 1641, le charp<strong>en</strong>tier mortagnais passe un contrat avec les religieuses Hospitalières <strong>de</strong> Québec, par lequel<br />
il s'<strong>en</strong>gage à bâtir un comble sur la moitié du bâtim<strong>en</strong>t <strong>de</strong> la commun<strong>au</strong>té <strong>et</strong>, d'<strong>au</strong>tre part, "à y m<strong>et</strong>tre <strong>de</strong>s solive<strong>au</strong>x <strong>de</strong><br />
même grosseur que ceux <strong>de</strong> la chapelle <strong>de</strong>s Jésuites". Le contrat est signé par la Supérieure <strong>de</strong>vant le notaire Pir<strong>au</strong>be,<br />
à Québec, <strong>et</strong> Cloutier, selon son habitu<strong>de</strong>, y <strong>de</strong>ssine sa marque <strong>en</strong> forme <strong>de</strong> hache. Nos archives possè<strong>de</strong>nt l'original <strong>de</strong><br />
ce docum<strong>en</strong>t. Plus tard, <strong>en</strong> juin 1642, notre maître charp<strong>en</strong>tier se r<strong>en</strong>d à l'Ange-Gardi<strong>en</strong> <strong>et</strong> comm<strong>en</strong>ce la construction<br />
d'une maison <strong>en</strong> pin, mesurant 50 x 20 pieds pour le compte <strong>de</strong> Guill<strong>au</strong>me Couillard. Le 4 avril 1650, <strong>de</strong>vant le<br />
www.kyber.biz/download.html 27 September 2003